Congo Actualité n. 473

LES DEUX BEQUILLES DU MOUVEMENT DU 23 MARS (M23): LE RWANDA ET L’OUGANDA

SOMMAIRE

1. INTRODUCTION
2. L’APPUI INCONTESTABLE DU RWANDA AU M23
3. LA RÉSURGENCE DU M23: L’OUGANDA, CE VRAI-FAUX ALLIÉ DE LA RDC
4. LE MINI SOMMET DE LUANDA (ANGOLA)

1. INTRODUCTION

Le 14 juillet. la directrice de la division Crises et conflits à Human Rights Watch (HRW), Ida Sawyer, a déclaré devant la Commission des droits de l’homme du congrès américain que, depuis mi-juin dernier, dans les zones placées sous son contrôle, le Mouvement du 23 Mars (M23) a tué au moins 30 civils. Elle a indiqué que le M23 a abattu au moins 20 civils, le 21 juin dernier, au village de Kavumu. Parmi ces victimes, il y a deux adolescents, accusés d’avoir informé l’armée congolaise de leurs positions. Selon Ida Sawyer, «certains ont été tués alors qu’ils tentaient de fuir, d’autres exécutés à bout portant. Deux garçons, âgés de 6 et 7 ans, ont été tués par un obus du M23 qui a atteint une aire de jeux à Biruma. Une femme et un enfant ont été tués par des tirs de mortier du M23 à Kisiza et à Katwa». Selon Ida Sawyer estime que le M23 commet ces exactions aujourd’hui, car ses commandants n’ont jamais été traduits en justice pour leurs crimes de guerre passés. Elle regrette que les dirigeants du M23 soient restés en liberté et protégés par les gouvernements rwandais et ougandais, bien que nombre parmi eux figurent sur les listes de sanctions des États-Unis et de l’ONU et sont visés par des mandats d’arrêt congolais pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Enfin, Human Rights Watch a déclaré que «les pays donateurs devraient suspendre l’assistance militaire aux gouvernements qui soutiennent le M23 et d’autres groupes armés abusifs».[1]

Le 22 juillet. quarante jours après la prise de la cité frontalière de Bunagana (territoire de Rutshuru) au Nord-Kivu, le Mouvement du 23 Mars (M23) contrôle une grande partie du groupement Jomba, une petite partie des groupements Bweza, Kisigari et quelques localités dans le groupement Busanza le long de la frontière Rwando-ougando-Congolaise. Jusqu’à présent, les éléments du M23 sont visibles à Bunagana, Tchengerero, Kinyangurube, Bugusa, Chanzy, Runyoni, Gitovu et Rutsiro. Jackson Gachuki, chef du groupement de Jomba, actuellement en fuite a Goma, a déclaré que le M23 a instauré son administration à la tête du groupement de Jomba et de six des huit villages qui le composent.
L’ONG pour les droits de l’homme la Voix des Sans Voix (VSV) a exprimé ses inquiétudes à la suite de l’occupation prolongée de la cité de Bunagana par le M23. «Depuis l’occupation de la cité de Bunagana par les rebelles du M23, la population fait face à une situation dramatique sur le plan sécuritaire, économique et humanitaire se traduisant par des tueries, la multiplication des exactions et autres exigences des taxes contre les populations civiles», a souligné la VSV dans un communiqué.[2]

2. L’APPUI INCONTESTABLE DU RWANDA AU M23

Décryptant, sur France 24, les raisons historiques et économiques liées à l’instabilité dans la région des Grands Lacs, et plus particulièrement entre Kigali et Kinshasa, le Professeur Filip Reyntjens, enseignant à l’Université d’Anvers, a révélé que le Rwanda qui, considère sans doute  le Nord-Kivu comme une partie de sa « zone d’influence naturelle »,  n’a pas vu de bon œil le récent déploiement de l’armée ougandaise (UPDF) dans l’Est de la RDC. «Le retour du M23 date de la fin novembre 2021 et se situe dans un contexte complexe, notamment l’implication, avec l’autorisation du gouvernement de Kinshasa, de l’armée ougandaise en Ituri et au Nord-Kivu», a indiqué Filip  Reyntjens, en ajoutant que «le déploiement des Forces de défense du peuple ougandais a irrité le Rwanda, qui considère le Nord-Kivu comme une partie de sa zone d’influence naturelle».
Le Rwanda a déjà, à maintes reprises, envahi la République Démocratique du Congo.
Dans plusieurs guerres de haute intensité en RDC, le Rwanda a été présente sous plusieurs formes. «Le Rwanda post-génocide a envahi le Zaïre (devenu la République Démocratique du Congo) à deux reprises, en 1996 et 1998. Cette deuxième guerre a pris officiellement fin en 2003 mais, depuis lors, l’armée rwandaise a été présente sur le territoire congolais par des mouvements rebelles interposés (le CNDP, puis le M23 depuis 2012)», explique cet expert de la région des Grands Lacs.
Selon le Professeur Filip Reyntjens, «aujourd’hui, le soutien politique et diplomatique du régime rwandais au M23 ne fait aucun doute, mais son appui militaire n’est pas établi, car il n’y a pas encore de preuve confirmée par des sources indépendantes».[3]

Le retour sur scène du Mouvement du 23 mars (M23) n’étonne pas Jason Stearns, chercheur et fondateur du Groupe de recherche sur le Congo de l’Université de New York car, selon lui, «le problème du M23 n’a jamais été vraiment résolu depuis sa défaite en 2013. Ses membres n’ont été ni arrêtés, ni traduits devant la justice, ni réintégrés au sein de la société».
Selon Thierry Vircoulon, chercheur de l’Institut français des relations internationales (IFRI), le véritable objectif du M23 est de «se faire une place au soleil, c’est à dire au sein de l’armée et de la politique au Nord Kivu. Ces rebelles veulent pouvoir tacitement contrôler un certain territoire, comment cela se passe pour beaucoup de groupes armés dans cette région».
La résurgence du M23 dans l’est de la RDC a ravivé la tension entre le Rwanda et la République Démocratique du Congo. Le Congo accuse le Rwanda de soutenir le M23. De son côté, Kigali dément tout soutien au M23 et affirme qu’il s’agit-là d’un « conflit intra-congolais ».
En réalité, le vrai enjeu pour Kigali, c’est de garder la main mise sur le Nord Kivu, un grand territoire voisin que les Rwandais exploitent depuis des années, en profitant de la contre-bande minière et de celle du bois.  Le pays  exporte plus de matières premières et notamment de minerai que ce qu’il produit.  Comme le rappelle un autre spécialiste de la région, Pierre Boisselet, chercheur au Groupe d’Études sur le Congo (GEC), «des réseaux échappent à l’État congolais. Des minerais en provenance du Congo passent au Rwanda au moyen de la contrebande. Il s’agit de taxes qui échappent à l’état congolais. Souvent, cela se fait en complicité avec des membres des autorités de la RDC elle-même».
Pour dissimuler sa main mise sur le Nord Kivu, le régime rwandais essaie de distraire l’opinion internationale, en accusant l’armée congolaise de se servir des FDLR comme une de ses forces supplétives. Selon Kigali, parmi les FDLR il y a des Hutus rwandais arrivés dans l’est congolais en juillet 1994, accusés d’être les auteurs du génocide de Tutsi rwandais et toujours considérés comme une menace.
Selon Jason Stearns, «même s’il s’agit d’une menace minime pour le Rwanda, le pouvoir en place à Kigali continue à insister là-dessus, car c’est cette menace qui fonde la « légitimité » de l’actuel régime ayant mis fin à ce génocide, dont certains responsables se trouvent toujours en RDC».
«Cela, c’est le discours officiel», estime de son côté Thierry Vircoulon. Mais, selon lui, «les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) ne représentent plus grand-chose et, actuellement, ne constituent plus une menace sérieuse pour le Rwanda, comme Kigali voudrait faire croire».[4]

Selon le Prof Ntumba Luaba Lumu, la question des FDLR est bel et bien une question rwando-rwandaise qui exige une réponse appropriée du Gouvernement rwandais qui élude sa responsabilité depuis des décennies, la renvoyant paradoxalement au Gouvernement de la RDC. Faut-il rappeler, aussi douloureux soit-il, que le génocide de 1994 au Rwanda s’est passé entre Rwandais, sans aucune implication des Congolais?
Qu’on le veuille ou non, les FDLR sont des citoyens rwandais et c’est le Gouvernement du Rwanda qui en a la responsabilité première. A cet égard, la première voie et la solution majeure demeurent l’ouverture d’un dialogue inter-rwandais entre le Gouvernement du Rwanda et ses citoyens vivant sur le territoire congolais, ce qui contribuerait à l’apaisement et à la stabilisation de la région des Grands Lacs. Pour cela, il faudrait:
1. Poursuivre le processus de désarmement des FDLR et leur rapatriement au Rwanda.
Beaucoup a été fait dans ce secteur, bien que le Rwanda s’obstine à ne pas reconnaître les efforts fournis et la progressivité dans la diminution des effectifs. En effet, comme d’ailleurs rapporté, début juin, par Vincent Karega, ambassadeur rwandais en poste à Kinshasa, plus de 12.000 combattants FDLR ont déjà été rapatriés et réintégrés dans la société rwandaise depuis 2001.
2. Favoriser le retour des réfugiés et autres volontaires au Rwanda.
Il convient de se poser la question pertinente et courageuse de savoir si les enfants et petits-enfants des génocidaires sont tous génocidaires et d’y donner une suite appropriée. C’est un principe fondamental que la responsabilité pénale est individuelle. La culpabilité du crime de génocide ne peut se transmettre par hérédité. Les enfants des Nazis n’ont jamais été poursuivis. L’Allemagne s’est reconstruite avec eux. Le Rwanda devra s’inspirer de ce modèle.
3. Le Gouvernement du Rwanda doit transmettre la liste formelle, complète et consolidée, crédible et vérifiable, de ceux qui sont poursuivis pour génocide au Rwanda et qui se trouveraient sur le territoire congolais. De même, il doit extrader en RDC les auteurs des crimes de génocide, crimes de guerre et contre l’humanité commis en RDC et se trouvant au Rwanda. Ceux des Rwandais qui souhaitent vivre paisiblement sur le sol congolais, dans le respect de notre Constitution et des lois de la RDC, pourront faire l’objet d’un traitement spécifique et soumis à des conditions particulières.[5]

3. LA RÉSURGENCE DU M23: L’OUGANDA, CE VRAI-FAUX ALLIÉ DE LA RDC

Si les autorités congolaises accusent le Rwanda pour son appui à l’M23, le Rwanda ne serait pas seul derrière ce groupe armé qui, d’après, la mission onusienne en RDC (Monusco), ressemble à une « armée conventionnelle » avec une puissance de feu exceptionnelle. L’Ouganda aussi serait pointé du doigt. Par ailleurs, en mi-juin, des éléments armés ougandais avaient été soupçonnés d’avoir collaboré sur la ligne de front, notamment lors de la chute de Bunagana et ses environs. Des sources militaires congolaises avaient affirmé que les forces loyalistes avaient subi des frappes par des éléments ougandais au côté du M23. À propos de cet éventuel soutien de l’Ouganda au M23, Filip Reyntjens estime que la République Démocratique du Congo qui mène une opération militaire conjointe avec l’armée ougandaise contre les Forces Démocratique Alliées (ADF) ne peut présentement pointer du doigt l’Ouganda qui a pourtant servi de refuge à certains dirigeants du M23 après leur défaite en 2013.[6]

Le 23 juin, en intervenant à l’émission « Appel sur l’actualité » sur les antennes de la Radio France Internationale (RFI), le porte-parole adjoint du gouvernement rwandais, Alain Mukuralinda, avait accusé l’Ouganda d’avoir servi de base arrière au M23, lorsqu’il a refait surface vers la fin 2021: «Le M23 avait été défait en 2013. Une partie d’entre eux s’était réfugiée au Rwanda et une autre partie en Ouganda. Ceux qui sont venus au Rwanda ont été désarmés et placés à plus de 200 km de la frontière congolaise. Aujourd’hui, ceux qui ont repris les armes sont ceux qui  avaient cherché refuge en Ouganda. Pourquoi on n’en parle pas? On est en train de dire qu’ils sont soutenus par le Rwanda parce qu’ils parlent le Kinyarwanda. En réalité, ceux du M23 qui ont repris les armes sont venus de l’Ouganda qui leur donne la logistique et les matériels».
En plus des affirmations rwandaises, dans leur rapport du 10 juin 2022, les membres du groupe d’experts de l’ONU sur la République démocratique du Congo ont affirmé que, en janvier 2017, «le M23/ARC a commencé à se reconstruire, lorsque des combattants dirigés par le « général » Sultani Makenga ont quitté le camp de Bihanga, en Ouganda, pour établir une base sur le mont Sabinyo, dans le parc national des Virunga, en République démocratique du Congo».[7]

Si la résurgence du M23 et l’intensification des combats, ces dernières semaines, ont d’abord ravivé les tensions entre la RDC et le Rwanda, accusé ouvertement par Kinshasa de soutenir les rebelles, la prise de Bunagana interroge aussi sur le rôle joué par l’Ouganda dans le conflit.
Des voix congolaises s’élèvent pour dénoncer l’implication de Kampala dans l’attaque du M23, dans la nuit du 12 au 13 juin,  à Bunagana, une ville à la frontière entre les deux pays. la République Démocratique du Congo (RDC) et l’Ouganda. Un étudiant congolais qui se trouvait dans la zone neutre de la frontière, a déclaré d’avoir vu une cinquantaine de soldats de la Force de défense du peuple ougandais (UPDF) qui «ont traversé la frontière aux côtés des rebelles».
Réfugié lui aussi à la douane – zone neutre entre les deux pays – pendant l’offensive, un habitant de Bunagana a dit avoir aperçu des hommes en uniforme qui portaient des bottes estampillées « UPDF » et qui «échangeaient avec le M23 grâce à des radios talkie-walkie». Pendant plusieurs heures, l’électricité a été coupée côté ougandais, rapportent deux autre témoins, pour faciliter l’attaque su Bunagana.
Le M23 convoitait depuis plusieurs semaines ce carrefour commercial stratégique. Les 28 et 29 mars, un premier assaut avait déjà été lancé sur Bunagana, que les Forces armées de la RDC (FARDC) avaient repoussé avec «le soutien de l’UPDF», précise un rapport du Groupe d’experts de l’ONU publié le 14 juin. Mais «lors de la seconde attaque, ils collaboraient avec le M23; nous n’avons pas compris ce changement de stratégie», a affirmé un représentant de la Société civile de Bunagana, qui regroupe des associations citoyennes.
Le 16 juin sur NBS, une chaîne de télévision ougandaise, le porte-parole de l’armée ougandaise, Felix Kulayigye, a rapidement nié l’implication de l’UPDF dans l’attaque du M23 sur Bunagana.
Ces démentis n’ont pas convaincu à Kinshasa. Le 21 juin, lors d’un colloque entre les présidents des assemblées d’Afrique australe, Christophe Mboso, le président de l’Assemblée nationale congolaise, a dénoncé l’occupation «illégale» de Bunagana avec la «complicité de l’Ouganda».
«Les soupçons sur l’Ouganda remontent à quelques semaines auparavant. Tout est parti de l’activisme sur Twitter du fils du président ougandais, Muhoozi Kainerugaba, influent parce qu’il est le commandant en chef de l’armée de terre. Il y affichait son soutien au président rwandais, Paul Kagame.
Ces derniers mois, le fils du président Museveni a multiplié les voyages à Kigali. La frontière de Gatuna entre les deux pays, fermée depuis février 2019, a rouvert en janvier 2022. Ce poste frontalier avait été fermé à l’initiative de Kigali, suite à des vagues soupçons de soutien de Kampala aux mouvements armés hostiles au régime de Paul Kagame, entre autres le parti d’opposition Rwanda National Congress (RNC), des rebelles hutus rwandais. «Le rapprochement de l’Ouganda avec le Rwanda expliquerait, en partie, pourquoi les autorités de Kampala laissent faire. Le M23 s’approvisionne en Ouganda et passe la frontière sans être inquiété», analyse Reagan Miviri, de l’institut congolais Ebuteli. Selon ce chercheur, le chef de l’Etat ougandais a apporté «un soutien diplomatique clair en faveur du M23», en conseillant à une délégation congolaise, en visite à Kampala mi-juillet, de dialoguer avec les rebelles. Ce que Kinshasa continue de refuser, car il le considère comme un groupe armé terroriste.[8]

4. LE MINI SOMMET DE LUANDA (ANGOLA)

Le 6 juillet, dans le cadre d’un mini-sommet qui s’est déroulé à Luanda, capitale angolaise, sous la médiation du président João Lourenço, les Présidents congolais et rwandais, Félix Tshisekedi et Paul Kagame, se sont accordés sur:
– la cessation immédiate des hostilités dans l’Est de la RDC,
– le retrait immédiat et sans conditions du M23 de ses positions en RDC,
– la « neutralisation » définitive des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR ), un mouvement de rebelles hutu rwandais, dont certains sont accusés d’avoir pris part au génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda,
– la normalisation des relations diplomatiques entre Kinshasa et Kigali,
– le retour des réfugiés dans leur pays d’origine,
– la réactivation de la commission mixte RDC et Rwanda, qui devra se réunir à Luanda le 12 juillet,
– le principe selon lequel toute exploitation des ressources naturelles, sujet très sensible dans l’est du pays très riche en minerais, « doit se faire dans le strict respect de la souveraineté des États »,
– la création d’un mécanisme « ad-hoc » de vérification des accusations réciproques qui, ayant à sa tête un officier général angolais, sera en vigueur simultanément avec un autre existant au niveau de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL).
Si selon Kinshasa le mini sommet de Luanda a prévu la cessation immédiate des hostilités et le retrait immédiat et sans condition du M23 de ses positions en RDC, du côté rwandais on explique que la cessation des hostilités comprend aussi la résolution de la question des FDLR et que la question du M23 doit être traitée au niveau national dans le cadre du processus de Nairobi. Cela reviendrait à dire que, selon Kigali, Kinshasa devrait accepter de négocier avec le M23, ce qu’il a exclu jusqu’ici. Tout comme Kinshasa reproche à Kigali de soutenir le M23, ce que Kigali continue à nier, le Rwanda accuse régulièrement la RDC de complicité avec les FDLR, ce que la RDC dément. Il s’agit d’une lecture très différente de part et d’autre, ce qui laisse augurer des lendemains bien compliqués.[9]

Le 7 juillet, le porte-parole du M23, Willy Ngoma, a déclaré que les conclusions annoncées à Luanda à l’issue du sommet entre les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame « n’engagent pas le M23 ». «Nous ne sommes pas des rwandais ni des angolais. Nous sommes des congolais, ayant des accords dûment signés avec le gouvernement congolais. S’il y a un cessez-le-feu, cela ne peut être qu’entre nous et le gouvernement congolais», a-t-il indiqué.[10]

Le 12 juillet, la cellule de communication de la Présidence de la République a annoncé que la première réunion de la Commission mixte RDC-Rwanda,  initialement prévue pour cette date à Luanda, est reportée à la dernière semaine du mois de juillet. Le deuil national décrété en Angola à la suite du décès, le 8 juillet dernier, de l’ancien Chef d’Etat Eduardo Dos Santos justifie ce report, selon la délégation congolaise.[11]

Le 21 juillet, les deux ministres des affaires étrangères du Rwanda et de la RDCongo, Vincent Biruta et Christophe Lutundula, ont participé à la première réunion de la Commission mixte RDC-Rwanda à Luanda, en Angola. Les travaux ont été facilités par le chef de la diplomatie angolaise. Tete Antonio. La RDC et le Rwanda se sont convenus de se pencher  sur le rétablissement d’un climat de confiance entre les deux pays et sur la création de conditions optimales de dialogue et de consultations politiques, pour résoudre la crise sécuritaire à l’Est de la RDC. Ils ont décidé de travailler au rétablissement de la confiance mutuelle.
L’objectif de cette réunion était de définir les conditions de mise en œuvre des activités prévues pour le réchauffement  des relations bilatérales à la suite de leur détérioration émanant de la crise dans la partie Est de la RDC et, d’autre part, résoudre cette crise.
Les deux parties ont recommandé la cessation des hostilités par le M23, son retrait immédiat de l’Est de la RDCongo et l’éradication des FDLR / FOCA. Pour cela, elles ont appelé au  déploiement rapide de la force régionale dans le cadre du processus de Nairobi.
Sur les questions de commerce et de partenariat économique, «les deux parties se sont engagées à poursuivre les efforts de rétablissement de la paix, afin de faciliter la continuation des échanges commerciaux ainsi que la gestion des frontière communes».
Kinshasa et Kigali ont également traité de la question du retour en RDCongo des réfugiés congolais établis sur le territoire rwandais et ont convenu de réactualiser l’accord tripartite entre le Rwanda, République Démocratique du Congo et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) du 17 février 2010 signé à Kigali, en prenant en compte l’évolution du contexte et les réalités du terrain. Cette question relative au retour des réfugiés congolais faisait partie de l’accord signé entre le gouvernement congolais et le Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) le 23 mars 2009 avait été reprise dans les accords de paix signés en novembre 2013 par la RDCongo et le M23.
La réunion de la Commission mixte RDC-Rwanda s’est déroulée après près de deux semaines d’accalmie relative observée sur les lignes de front dans les groupements de Bweza et Jomba, dans le territoire de Rutshuru (Nord-Kivu).[12]

[1] Cf Radio Okapi, 17.07.’22
[2] Cf Patrick Maki – Actualité.cd, 23.07.’22
[3] Cf Serge Sindani – Politico.cd, 04.07.’22
[4] Cf Mersiha Nezic – information.tv5monde.com, 13.06.’22   https://information.tv5monde.com/info/le-m23-au-coeur-des-tensions-entre-la-rdc-et-le-rwanda-460283
[5] Cf Ntumba Luaba Lumu – Congovirtuel.com, 06.07.’22; Ivan Kasongo – Actualité.cd, 07.07.’22
[6] Cf Serge Sindani – Politico.cd, 04.07.’22
[7] Cf Carmel Ndeo – Politico.cd, 16.07.’22
[8] Cf Coralie Pierret – Le Monde, 21.07.’22   https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/07/21/ils-echangeaient-par-talkie-walkie-en-rdc-les-liens-entre-l-ouganda-et-la-rebellion-du-m23-interrogent_6135632_3212.html
[9] Cf Radio Okapi, 06.07.’22; AFP – Actualité.cd, 07.07.’22; Jephté Kitsita – 7sur7.cd, 06.07.’22
[10] Cf AFP – Actualité.cd, 07.07.’22
[11] Cf Radio Okapi, 12.07.’22
[12] Cf Actualité.cd, 21 et 22.07.’22; Radio Okapi, 22.07.’22