Congo Actualité n. 467

LES VIOLENCES DES GROUPES ARMÉS (ADF, CODECO ET M23) NE CESSENT PAS ET LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE RECOURE À LA COMMUNAUTÉ DE L’AFRIQUE DE L’EST (EAC)

SOMMAIRE

1. INTRODUCTION
a. Le nombre des morts a doublé en un an d’état de siège
b. La reprise des hostilités entre l’Armée et le Mouvement du 23 mars (M23)
c. Le Président Tshisekedi joue la carte de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC)
2. L’ÉTAT DE SIÈGE
a. L’adoption de la 22ème prorogation en absence des députés du Nord-Kivu et de l’Ituri
b. Une proposition de loi pour mettre fin à une mesure exceptionnelle
3. LES AFFRONTEMENTS ENTRE L’ARMÉE ET LE MOUVEMENT DU 23 MARS (M23)
4. LE DIALOGUE CONSULTATIF AVEC LES GROUPES ARMÉS
a. Le sommet de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC)
b. Le dialogue consultatif entre la présidence de la République et les groupes armés

1. INTRODUCTION

a. Le nombre des morts a doublé en un an d’état de siège

Le Nord-Kivu et l’Ituri sont placés sous état de siège depuis le 6 mai 2021, une mesure qui a donné les pleins pouvoirs aux officiers de l’armée et de la police, pour gérer l’administration et mener la guerre contre la centaine de groupes armés qui sévissent dans l’est congolais depuis plus d’un quart de siècle.
Sous le régime de l’état de siège, selon des statistiques des experts du Baromètre sécuritaire du Kivu (KST), l’armée a multiplié les offensives contre les groupes armés: environ 600 affrontements répertoriés entre mai 2021 et avril 2022, après quelque 400 entre avril 2020 et mai 2021.
«Les rebelles ADF ont été chassés de nombreux bastions où ils organisaient des entraînements, l’endoctrinement et des attaques contre des positions de l’armée et des civils», note le capitaine Anthony Mualushayi, porte-parole de l’armée dans la région de Beni (Nord-Kivu).
Mais cet optimisme n’est pas partagé par tout le monde.
Selon des experts du Baromètre sécuritaire du Kivu (KST), dans les deux provinces de l’est de la RDCongo placées sous état de siège, au cours de la dernière année  on a enregistré près du double des tueries perpétrées un an avant, quand il n’y avait pas encore d’état de siège.
Entre avril 2020 et mai 2021, 1.374 civils avaient été tués dans des attaques attribuées principalement aux groupes armés Forces démocratiques alliées (ADF) et Coopérative pour le développement du Congo (Codeco), actifs dans le Nord-Kivu et en Ituri, indique Reagan Miviri, du Baromètre sécuritaire du Kivu (KST).
De mai 2021 à avril 2022, au moins 2.563 civils sont morts dans les deux provinces, selon le KST, un groupe de chercheurs présents dans les zones de conflit de l’est de la RDC.
Fin novembre 2021, l’armée ougandaise est entrée en RDC pour participer à la traque des ADF.
Toutefois, « au lieu de contenir les violences, les frappes des armées congolaise et ougandaise ont eu comme effet l’élargissement du périmètre d’action des ADF, qui part désormais de la frontière ougandaise jusqu’à l’ouest de la route nationale 4 », analyse M. Miviri du KST. En effet, en plus de la région de Beni, leur zone habituelle d’exactions, les ADF ont massacré des civils dans les territoires de Djugu et Irumu aussi, en Ituri.
« Cela fait trois mois que les frappes des armées ougandaise (UPDF) et congolaise (FARDC) contre les positions des ADF ont cessé », s’étonne Jules Masumbuko, un habitant de Beni.
Face à ce tableau, « Il n’est pas nécessaire qu’on garde les militaires à la tête de nos provinces, avec ce résultat mitigé au bout d’une année », tempête de son côté le député Grégoire Kiro, un élu de Beni, reprochant aux chefs militaires de privilégier la collecte des impôts et taxes au détriment des questions de sécurité.[1]

b. La reprise des hostilités entre l’Armée et le Mouvement du 23 mars (M23)

Dans un contexte de tensions entre l’Ouganda et le Rwanda pour le contrôle de l’est de la RDCongo, les anciens rebelles du Mouvement du 23-Mars (M23) sont repassés ces derniers jours à l’attaque contre l’armée congolaise. Kinshasa accuse Kigali d’être derrière ce retour en scène des insurgés – ce que le Rwanda dément –, alors que l’armée ougandaise intervient depuis novembre 2021 à ses côtés dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri pour combattre les ADF.
Le Coordonnateur des recherches sur la violence à l’institut Ebuteli, Pierre Boisselet décrypte le contexte dans lequel s’inscrivent les attaques des rebelles du M23 contre l’armée congolaise.
Le Mouvement du 23 Mars (M23) avait été battu militairement en 2013. Ses combattants avaient fui en Ouganda et au Rwanda mais, à partir de 2017, certains d’entre eux, dont leur chef, Sultani Makenga, ont repris position dans la zone des Virunga. Leur présence est d’abord restée discrète. Mais tout a changé le 7 novembre dernier. Ce jour-là, le M23 a attaqué trois positions des FARDC. Depuis, neuf autres affrontements impliquant ce groupe ont été recensés par le Baromètre sécuritaire du Kivu, faisant plusieurs dizaines de morts chez les FARDC et le M23 et de nombreux déplacés.
Alors, pourquoi assiste-t-on à cette résurgence? Il y a d’abord la situation des combattants du M23 eux-mêmes. Après leur défaite de 2013, ils se sont réfugiés plusieurs années au Rwanda et en Ouganda. Mais une grande partie d’entre eux n’a pas pu rentrer en RDC dans des conditions négociées, comme cela leur avait été promis, notamment en 2013 et en 2019. Il est possible qu’ils aient repris les affrontements pour faire pression afin de l’obtenir. Mais le contexte régional semble avoir aussi contribué à envenimer la situation. La RDC est au centre d’une guerre d’influence que se livrent le Rwanda et l’Ouganda depuis des années. Après avoir fait une série de gestes de bonne volonté envers le Rwanda, en début de mandat, le président congolais Félix Tshisekedi s’est sensiblement rapproché de l’Ouganda en 2021.
La réhabilitation de certaines routes congolaises a été confiée à ce pays, dont l’axe Goma-Bunagana. Ce dernier pourrait détourner vers l’Ouganda une partie des routes commerciales qui contribuent aujourd’hui à l’économie rwandaise.
Surtout, en novembre dernier, le président Tshisekedi a accepté le déploiement de l’armée ougandaise dans l’Est du Congo pour qu’elle participe à la traque du très meurtrier groupe ADF. La première attaque du M23, le 7 novembre, a eu lieu alors que cette opération était en discussion. En réalité, à mesure que Félix Tshisekedi se rapprochait de l’Ougandais Yoweri Museveni, ses relations ont semblé se tendre avec le Rwandais Paul Kagamé.
Le 8 février, le président rwandais a affirmé que différents groupes rebelles hostiles à Kigali s’étaient associés sur le territoire congolais et qu’il serait prêt à agir sans concertation si nécessaire. Le 24 février, contrairement à six de ses homologues de la région, il n’est pas allé à Kinshasa pour le sommet de l’accord cadre d’Addis-Abeba, censé favoriser la coopération régionale.
Le 28 février, de son côté, Félix Tshisekedi a semblé accuser le Rwanda de vouloir déstabiliser son pays, lors d’une conférence diplomatique à Kinshasa: [«Il est irréaliste et improductif, voire suicidaire pour un pays de notre sous région de penser qu’il tirerait toujours des dividendes en entretenant des conflits ou des tensions avec ses voisins»].
De nombreux responsables sécuritaires congolais affirment aujourd’hui que le Rwanda est derrière la réapparition du M23 observée depuis novembre. C’est  possible, même si cela n’est pas attesté par des preuves à ce jour. Que cette accusation s’avère ou non, cette nouvelle crise a d’ores et déjà pris une dimension régionale. Le président Tshisekedi a d’ailleurs demandé et obtenu que le contingent kényan de la Brigade d’intervention de la Monusco soit affecté à la lutte contre le M23.[2]

Le premier facteur de la reprise du conflit entre le M23 et l’armée congolaise est que les combattants de l’ancienne rébellion du M23, défaits militairement en 2013, n’ont jamais été capturés ou réinsérés dans la société congolaise. A cette époque-là, ils avaient fui pour partie en Ouganda et pour partie au Rwanda. Le processus politique qui devait leur permettre de revenir au Congo n’a pas fonctionné. Dès 2017, une partie d’entre eux ont donc commencé à reprendre les armes et à retourner dans l’est de la RDC. En parallèle de combats sporadiques avec l’armée, ils ont en vain tenté de négocier avec le gouvernement congolais. A partir de novembre 2021, les affrontements ont repris bien plus violemment, avec de premières attaques contre les FARDC [Forces armées de la RDC] et les gardes du parc national des Virunga, ce qui manifeste leur volonté de s’emparer de stocks d’armes et de ravitaillements et d’intensifier la pression sur le gouvernement congolais.
Un deuxième facteur explicatif se trouve dans les tensions entre l’Ouganda et le Rwanda. Les deux pays sont en compétition pour exercer une influence sur l’est de la RDC. Depuis 2021, le pouvoir congolais de Félix Tshisekedi s’est beaucoup rapproché du président ougandais, Yoweri Museveni, lui accordant notamment un droit d’intervention dans l’est du pays pour traquer un autre groupe rebelle, les islamistes des ADF [Forces démocratiques alliées].Ce développement a certainement beaucoup irrité le gouvernement rwandais. En tout cas, une partie des autorités congolaises est convaincue que cette résurgence du M23 est poussée par Kigali. Il n’existe pas de preuves de ce soutien, cependant l’hypothèse de facilités offertes par le Rwanda au M23 ne peut pas être écartée, tant on connaît les liens forts qui ont pu exister entre eux par le passé.
Le troisième facteur est essentiellement la maîtrise des routes commerciales, légales ou illégales. L’est de la RDC regorge de ressources, notamment minérales. Malgré l’instabilité, c’est aussi un marché de consommateurs. Ces régions font partie des zones les plus peuplées du Congo et leur enclavement oblige à passer par les pays voisins pour accéder aux ports de l’océan Indien. Pour comprendre la crise actuelle, il est  utile de préciser que l’un des éléments de rapprochement entre les présidents congolais et ougandais a été la réhabilitation de routes reliant l’est de la RDC à l’Ouganda contournant le Rwanda. Un enjeu actuel concerne notamment la voie entre Bunagana et Goma. Sa réhabilitation devrait avoir un impact sur la maîtrise des routes commerciales par Kampala, au détriment du Rwanda.[3]

c. Le Président Tshisekedi joue la carte de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC)

Avec un état de  siège qui ne porte pas les fruits attendus et la résurgence de la rébellion du M23, le président Félix Tshisekedi ne semble avoir d’autres choix que de s’en remettre à ses voisins pour ramener la sécurité à l’Est du pays.
Après une année d’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri pour lutter contre les groupes armés, le bilan est bien mince. Signe de l’échec de l’état de siège, le président Tshisekedi a fait appel à l’armée ougandaise fin 2021 pour participer à la traque contre les Allied Democratic Forces (ADF). Après une première offensive d’artillerie tonitruante, l’armée ougandaise se fait aujourd’hui très discrète dans sa lutte anti-ADF. Des organisations de la société civile accusent aujourd’hui l’Ouganda de revenir en RDC pour s’emparer des richesses de son sous-sol. Au moment de son entrée au Congo, l’armée ougandaise s’était, en effet, empressée de construire des infrastructures routières, officiellement pour faciliter l’accès à ses troupes. La société civile la soupçonne d’utiliser ces routes pour toutes sortes de trafics.
En outre, fin mars 2022, les rebelles du M23, accusés d’être soutenus par le Rwanda, sortent de leur léthargie et passent à l’offensive contre l’armée congolaise. Ce nouveau front, déclenché en plein état de siège, oblige le président congolais à faire appel à ses voisins de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est (EAC).
L’insécurité à l’Est du Congo a rapidement été au menu à Nairobi, où les membres de l’EAC s’étaient réunis. Autour de Félix Tshisekedi, les présidents kényan et ougandais, ainsi que le ministre des Affaires étrangères rwandais ont décidé de lancer un processus politique de consultations entre les groupes armés locaux et les autorités congolaises. En ce qui concerne une leur éventuelle implication militaire, les Etats de la région ont promis «la création d’une force régionale, pour aider la RDCongo à contenir et, le cas échéant, à combattre les forces négatives».
Impuissant face à l’insécurité endémique à l’Est du Congo, Félix Tshisekedi s’en remet donc à ses voisins avec une stratégie élaborée en deux temps. Premier temps, des consultations avec les groupes armés, et dans un deuxième temps, la menace d’une offensive militaire coordonnée avec les pays de la région. Sur le papier, tout semble clair, mais sur le terrain, la réalité est plus mouvante.
Une bonne douzaine de groupes armés ont participé aux consultations qui ont eu lieu à Nairobi: les deux ailes du M23 de Jean-Marie Runiga et Sultani Makenga, le FPDC, le FPRI venu d’Ituri, les Maï-Maï rené, l’UCL Kinjangala, les Raïa Mutomboki, les Nyatura ou le NDC-Rénové…
Mais très vite, la principale formation du M23 de Sultani Makenga a été exclue des consultations, après la reprise des combats avec l’armée congolaises, malgré la trêve. D’autres groupes armés manquaient à l’appel: la Codeco qui sévit en Ituri, les ADF, les Maï-Maï Yukutumba, les burundais Red Tabara. Les principaux fauteurs de troubles de la région semblent bel et bien absents de ce dialogue avec Kinshasa. Il est donc peu probable que les consultations de Nairobi puissent ramener durablement la sécurité à l’Est. Quelques groupes déposeront les armes, mais l’éradication totale des «forces négatives» risque de reposer une fois de plus sur des opérations militaires.
Une fois de plus, les autorités congolaises s’en remettent aux militaires pour régler l’insécurité à l’Est, en y impliquant des troupes africaines fournies par les pays de l’EAC, parmi lesquels le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi, dont on connaît déjà leurs méfaits en territoire congolais.
L’improvisation du processus de Nairobi ressemble à l’instauration de l’état de siège: mal planifié, mal financé et sans accompagnement politique. Mais sans dialogue politique avec le M23, la Codeco ou les ADF, accompagné certes d’actions militaires, il semble très difficile d’arriver à un quelconque résultat.[4]

2. L’ÉTAT DE SIÈGE

a. L’adoption de la 22ème prorogation en absence des députés du Nord-Kivu et de l’Ituri

Le 18 avril, les députés nationaux ont adopté en plénière le projet de loi portant prorogation de l’état de siège en Ituri et au Nord-Kivu. Cette 22e prorogation prend effet à partir de ce mardi 21 avril 2022 pour une durée de 15 jours. Sur 317 votants, 314 ont voté pour, 2  ont voté contre  et 1 élu national s’est abstenu. Les députés  du Nord-Kivu et de l’Ituri n’ont pas pris part à ce vote. Ils ont décidé de suspendre leur participation à toutes les plénières relatives à la prorogation de l’état de siège. Ils ont pris cette décision au motif qu’en dépit de l’état de siège proclamé de puis bientôt 1 an, il n’y a toujours pas amélioration de la situation sur terrain. Ils estiment qu’il faut penser à d’autres mécanismes pour rétablir la sécurité à l’est de la RDC.
Les sénateurs aussi ont adopté en seconde lecture le projet de loi portant prorogation de l’état de siège dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Sur 109 sénateurs qui composent la chambre haute du parlement, 89 ont pris part au vote. 81 sénateurs ont voté oui, 2 sénateurs ont voté non et 6 sénateurs se sont abstenus. Après son adoption par les deux chambres du parlement, ce texte sera envoyé au Chef de l’État, en vue de sa promulgation.
Toutefois, le Sénat a décidé de conditionner la prochaine prolongation de l’état de siège par son évaluation avec les membres du Gouvernement  qui sont concernés.[5]

Les députés nationaux de l’Ituri et du Nord-Kivu ont décidé de quitter la plénière consacrée à la prorogation de l’état de siège en vigueur dans ces deux provinces. Ils ont également résolu de ne plus participer à toute plénière relative à la prorogation de cette mesure d’exception.
Au nom des députés de ces deux provinces, le député Singoma Mwanza justifie cette décision par le fait que sur terrain, la situation sécuritaire ne s’améliore pas: «Depuis plusieurs années, nous avons ce problème très grave que nous vivons au Nord-Kivu et en Ituri. Chaque jour nous voyons nos populations tuées, nous voyons nos mamans, nos sœurs et nos enfants assassinés brutalement par des groupes armés. Nous avons tous salué la décision du Chef de l’État de mettre en place l’état de siège qui avait comme objectif de ramener la sécurité et la paix au Nord-Kivu et en Ituri, malheureusement il est constaté que malgré l’état de siège nous continuons à déplorer chaque jour des morts dans tous les territoires de nos deux provinces respectives. Nous nous posons la question, est-ce que réellement l’état de siège pourra mettre fin à cette situation des massacres? … On continue à insister que l’état de siège est la seule solution mais, malheureusement, nous constatons aussi qu’il a basculé plus vers une mobilisation des recettes et une pression fiscale, au lieu de se concentrer sur la sécurité et la paix. À cause de cette situation là, nous avons pris cette décision de ne pas participer à une énième prorogation de l’état de siège, nous n’allons pas participer tant que nos cris ne sont pas entendus et les cris ne sont pas les nôtres, c’est les cris de nos populations qui sont tuées».[6]

b. Une proposition de loi pour mettre fin à une mesure exceptionnelle

Le 19 avril, 24 heures après la énième prorogation de l’état de siège par l’Assemblée nationale et le Sénateur, cinq députés nationaux ont saisi Christophe Mboso avec une proposition de loi pour mettre fin à cette mesure sécuritaire particulière.
Les députés nationaux Mumbere Mukweso Rémy, Kambale Musemo Daniel, Kambale Muhasa Alexandre, Katembo Kambere Thadée et Jackson Ausse, respectivement élus de Butembo, Beni, Lubero et Irumu, s’appuient sur l’article 163 du règlement intérieur de la chambre basse du parlement et l’article 144 de la constitution qui stipule que «l’Assemblée nationale et le sénat peuvent, par une loi mettre fin à l’état de siège à tout moment, comme il s’agit d’une situation exceptionnelle».
Ces parlementaires rappellent que l’état de siège est une situation exceptionnelle et non un mode de gouverner d’une manière permanente et qu’il ne peut pas continuer à être le seul moyen de gérer les opérations, d’autant plus que l’armée a comme rôle régalien la défense de l’intégrité du territoire national, même en dehors de l’état de siège. Au nom de son groupe, le député Katembo Thadée a déclaré: «À la proclamation de l’état de siège, on n’avait pas encore mis en place d’autres stratégies. Aujourd’hui nous avons la mutualisation des forces qui est gérée par la coordination de commandement conjoint entre les FARDC et l’UPDF. Ça signifie qu’il y a lieu aujourd’hui de continuer à gérer les opérations sans un régime d’état de siège».[7]

3. LES AFFRONTEMENTS ENTRE L’ARMÉE ET LE MOUVEMENT DU 23 MARS (M23)

Le 21 mars, le porte-parole des opérations Sokola 2, le colonel Njike Kaiko, a affirmé que les Forces armées de la RDC mènent, depuis le 19 mars, des opérations militaires «ciblées», contre les positions de l’Armée Révolutionnaire du Congo ARC), branche militaire du Mouvement du 23 mars (M23), dans le groupement Jomba, en territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu. Il a précisé que le M 23 tentait de se réorganiser sur le sol congolais, en plein parc des Virunga et que l’armée a repris toutes ses positions dans le territoire de Rutshuru. Il s’agit notamment des positions situées sur les Monts Sabinyo, Visoke, Mikeno et d’autres positions dans la région. Huit combattants du M23 et quatre soldats des FARDC sont tombés sur le champ de bataille.[8]

Le 25 mars, le M23 a publié un communiqué dans lequel il nie toute offensive et rejette la responsabilité aux autorités nationales. Le mouvement affirme avoir adressé plusieurs correspondances au Président de la République et au Coordonnateur du Mécanisme National de Suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba «pour offrir sa reddition sans condition et se mettre aux ordres du Chef de l’Etat». En plus de ces correspondances, ses délégués ont été envoyés à Kinshasa pour « pour accélérer la matérialisation de notre reddition sans condition». Ses délégués ont séjourné à Kinshasa 14 mois pendant lesquels ils ont eu plusieurs séances de travail avec les autorités du pays «avant qu’il ne leur soit demandé de retourner à la base pour y attendre le début des opérations de reddition conformément aux conclusions de Kinshasa».
Ils accusent aussi les FARDC des actes de provocation: «A notre grande surprise, deux semaines plus tard, les FARDC prendront l’initiative de la guerre pour contraindre nos combattants à la défensive (…). Ces opérations militaires que les Forces Armées de la République assument officiellement jusqu’à ce jour contre nos combattants traduisent, sans doute, le choix définitif du Gouvernement de la République d’en découdre avec le M23 en lieu et place d’accepter la reddition sans condition de ses combattants. Notre Organisation, qui a su patienter sans relâche neuf ans durant la mise œuvre du processus de paix, déplore cette option de la violence dont l’objectif inavoué est le maintien de l’instabilité et du sous-développement dans l’Est du pays».[9]

Le 28 mars, vers 1h du matin, les éléments du M23 ont attaqué les positions des FARDC basées à Chanzu et Runyonyi dans le groupement Djomba, chefferie de Bwisha dans le territoire de Rutshuru (Nord-Kivu). Le chef de groupement de Djomba, Katchuki Jackson, a affirmé que, après d’intenses combats,  les deux collines de Chanzu et Runyonyi, ainsi que plusieurs villages, tels que Mugingo, Gasiza, Chengerero, Rugamba, Kibote, Baseke, Kabindi étaient passés sous occupation du M23. Selon la société civile, plusieurs familles ont traversé la frontière pour trouver refuge en Ouganda et d’autres habitants vivant autour de Tchanzu et Runyonyi sont arrivés au chef-lieu du territoire de Rutshuru. Les collines de Chanzu et Runyonyi avaient été brièvement occupées par les M23 en novembre dernier avant d’être reprises par l’armée congolaise. Cette dernière avait accusé les combattants M23 en provenance du Rwanda d’être à la base de l’attaque. Les FARDC avaient indiqué que ces combattants attaquaient à partir du sol rwandais, ce qu’avait démenti le Rwanda.[10]

Le 28 mars, les FARDC ont accusé l’Armée rwandaise d’avoir appuyé le M 23 dans l’attaque contre ses positions à Tchanzu et à Runyoni. Dans un communiqué de presse publié à Goma, le général de  brigade Sylvain Ekenge, porte-parole adjoint de l’armée congolaise, a signalé que les FARDC ont arrêté deux militaires rwandais. Il s’agirait de l’adjudant Habyarimana Jean-Pierre, matricule AP 27779, et du soldat de rang Uwajeneza Muhindi John, alias ZAJE, tous les deux membres du  65eme bataillon de la 402eme brigade des Forces de défense du Rwanda. Dans le communiqué, le général de brigade Sylvain Ekenge, a précisé que le 65eme bataillon et la 402eme brigade commandés respectivement par le lieutenant-colonel Rurindo Joseph et le général Nkubito Eugène sont basés à Jarama au camp militaire Kibungo au Rwanda.[11]

Le 29 mars, le Rwanda a «catégoriquement» réfuté les accusations selon lesquelles ses troupes soutiennent le M23, comme l’affirme l’Armée congolaise. D’après les autorités rwandaises ces affirmations sont  «sans fondement». Le gouverneur de la province de l’Ouest, François Habitegeko, a signé un communiqué dans lequel il évoque les deux personnes présentées par les FARDC comme ayant été capturées dans les combats. Selon lui, les deux noms cités avaient été déjà présentés par la délégation congolaise le 25 février 2022 à Kigali, lors de la réunion bilatérale entre les services des renseignements de deux pays. Selon lui, «les RDF ne comptent aucun membre aux noms présentés dans le communiqué des FARDC. C’est une tentative de manipulation de l’opinion en présentant deux individus arrêtés dans des circonstances obscures il y a plus d’un mois comme des éléments capturés lors des combats du 28 mars 2022».[12]

Le 29 mars, huit Casques bleus ont été tués dans le crash d’un hélicoptère de la MONUSCO, alors qu’ils étaient en mission de reconnaissance dans la zone de Tshanzu et Runyoni. Il s’agit de six membres d’équipage Pakistanais et de deux autres militaires, dont l’un originaire de la Russie et l’autre de la Serbie. Les FARDC et le M23 s’accusent mutuellement d’être responsables de cet attaque.[13]

Le 1er avril, dans un communiqué signé par son porte-parole, le M 23 a déclaré que «la tension militaire observée ces derniers jours dans le territoire de Rutshuru relève de l’initiative offensive des FARDC à laquelle l’armée révolutionnaire congolaise (ARC) a opposé une stratégie défensive appropriée». Le M 23 a également annoncé qu’il a pris l’engagement d’un cessez-le-feu unilatéral, «pour permettre aux autorités du pays d’amorcer un dialogue pour un règlement pacifique de la crise qui les opposent depuis plus d’une décennie». Cependant, il reste menaçant et promet de répliquer en cas d’attaques contre ses positions.[14]

Le 5 avril, dans une déclaration faite à Goma, la société civile du Nord-Kivu a dressé un bilan de 14 civils tués, 37.789 déplacés internes et 13.000 réfugiés ayant pris la direction de l’Ouganda en district de Kisoro.[15]

Le 6 avril, les FARDC ont lancé de nouvelles offensives contre les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23). Le colonel Muhindo Lwanzo, membre de cabinet de l’administrateur du territoire militaire de Rutshuru, a déclaré que l’armée a récupéré l’hôpital de Bugusa, la paroisse catholique de Kinyamahura, les collines de Tchengerero, Cheya et Mbuzi, qui étaient assiégés par les rebelles.[16]

Le 8 avril, les affrontements se sont poursuivis entre le M23 et les FARDC aux alentours des collines de Tchanzu et Runyoni, en territoire de Rutshuru. Ces accrochages sont notamment signalés à Gasiza, Bugusa, Bikenke et Rwambeho.[17]

Le 9 avril, les affrontements entre les FARDC et le M23 ont repris le matin, au niveau du pont Rwanguba, à une quinzaine de kilomètres de Rutshuru-centre.
Selon Nestor Bazirake, rapporteur des organisations de la société civile du groupement (un groupe de villages) de Jomba, «le M23 occupe désormais Gisiza, Gasiza, Bugusa, Bikende-Bugusa, Kinyamahura, Rwambeho, Tshengerero, Rubavu et Basare. Il contrôle toujours Runyoni et Tchanzu». L’armée contrôle la cité de Bunagana et le pont Rwanguba, Selon plusieurs sources, l’objectif de l’armée est celui de repousser les rebelles qui,  la veille, ont réoccupé plusieurs localités du groupement de Jomba.
Cette reprise des hostilités a une fois de plus provoqué les déplacements massifs des populations qui, pourtant venaient de regagner leurs milieux respectifs, croyant au retour de la paix après l’annonce par les FARDC de la reconquête des zones anciennement sous contrôle du M23.[18]

Le 10 avril, le M23 a rejeté la responsabilité de derniers combats aux FARDC, qui selon lui, ont violé le cessez-le-feu unilatéral par lui décrété. Il a aussi dit qu’il n’a jamais eu l’intention de faire des conquêtes des espaces pour les administrer. Le M23 a aussi annoncé sa décision de «se retirer, une fois de plus, sur ses positions défensives d’avant le 6 avril 2022», pour «permettre au Gouvernement Congolais de prendre en compte leurs revendications, notamment à travers de l’organisation d’un dialogue franc et fructueux». En effet, des sources concordantes de la société civile ont constaté le retrait du M23, pendant la nuit du 9 au 10 avril, de quelques positions où il se trouvait lors des combats avec l’armée. C’est notamment le cas de Kabindi, Chengero, Mungo et Cheya, dans la zone de Kabindi vers Bugusa. Les rebelles se sont retirés nuitamment sans un seul coup de feu, indiquent les mêmes sources. Toutefois, selon les mêmes sources, ces rebelles ont pillé systématiquement des boutiques et des maisons d’habitation avant de se diriger vers la région de Bugusa, environnant les collines de Runyoni et Chanzu, dans le groupement Jomba.[19]

Le 22 avril, lors de la 50e réunion du conseil des ministres, le ministre de la défense nationale Gilbert Kabanda a indiqué que l’hélicoptère de la Monusco abattu en mars dernier est l’œuvre d’un garde du corps de Sultani Makenga, chef militaire du M23: «trois éléments du M23 qui ont été capturés par les forces loyalistes ont confirmé que l’hélicoptère de la Monusco était abattu par le combattant Mujambere, un des gardes rapprochés de Monsieur Makenga».[20]

Le 23 avril, dans l’après-midi, après près de deux semaines d’accalmie, les combattants du M23 ont affronté les militaires des FARDC dans certains villages du groupement Jomba (territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu). Selon des sources locales, les combats étaient localisés vers la colline Bugusa. Les FARDC accusent le M23 d’avoir attaqué ses positions. Le mouvement rebelle dément cette version et affirme se comporter en légitime défense. Selon lui, ses combattants «ne font que sécuriser leurs lignes après l’assaut de l’armée». Le président de la société civile du groupement Jomba à Rutshuru, Damien Sebuzanane, a signalé que les FARDC (Forces armées de la RDC) ont réussi, le soir, à prendre le contrôle de la colline de Bugusa, tenue par les rebelles du M23.
Ces combats ont éclaté quelques heures après l’ouverture à Nairobi des consultations des groupes armés par des délégués du président Félix Tshisekedi avec la médiation du président kényan Uhuru Kenyatta.[21]

Le 25 avril, une accalmie s’observe dans la région de Jomba (Nord-Kivu). Aucun coup de feu n’a été entendu sur les lignes de fronts.[22]

4. LE DIALOGUE CONSULTATIF AVEC LES GROUPES ARMÉS

a. Le sommet de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC)

Le 20 avril, le ministère des Affaires Étrangères du Kenya a confirmé la tenue d’un sommet de haut niveau de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) le 21 avril à Nairobi. Ce sommet va traiter essentiellement de la question sécuritaire, précisément celle de la rébellion du M23 réactivée dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu. C’est la deuxième fois que la problématique du M23 est formellement évoquée au sein de l’EAC. Lors du sommet du 7 avril dernier à Nairobi consacré à la signature, par la RDC, du traité instituant l’EAC, Félix Tshisekedi, Paul Kagame, Yoweri Museveni et Uhuru Kenyatta avaient déjà évoqué la nécessité de trouver une solution aux revendications du M23.
De son côté, l’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ) a rappelé au chef de l’Etat congolais de ne signer aucun accord pouvant assurer l’intégration de membres du M23 au sein des forces de défense et sécurité et lui a demandé d’obtenir de l’Ouganda et du Rwanda la remise immédiate de responsables M23, auteurs de crimes graves.
L’organisation sous régionale regroupe sept pays dont le Burundi, le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda, le Soudan du Sud, la Tanzanie, et la RDC qui vient de faire officiellement son entrée cette année.
Félix Tshisekedi espère que l’adhésion de la RDC à l’EAC constitue une opportunité à la fois pour renforcer la paix et la sécurité dans la sous région et particulièrement dans l’Est de la RDC.[23]

Le 21 avril, à Nairoby (Kenya), les présidents Félix Tshisekedi (RDC), Yoweri Museveni (Ouganda), Uhuru Kenyatta (Kenya) Evariste Ndayishimiye (Burundi) ont participé à la réunion de haut niveau sur la sécurité en RDC à Nairobi dans le cadre de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC). Paul Kagame du Rwanda s’est fait représenter pas son ministre des affaires étrangères, Vincent Biruta.
Selon la présidence kenyane, les discussions se sont déroulées dans un environnement franc et cordial. Le communiqué final évoque des discussions fructueuses.
Les chefs d’États ont approuvé la mise en œuvre d’un processus visant la renonciation à la lutte armée, afin que les groupes armés locaux s’engagent dans le Programme de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion Communautaire et Stabilisation P-DDRCS et les groupes armés étrangers acceptent le retour dans leurs États respectifs. Au cas contraire, la conséquence sera leur éradication par une force militaire régionale qui sera mise en place.
Dans ce cadre, les dirigeants présents à Nairobi se sont convenus du lancement d’un processus politique (ou dialogue consultatif) censé faciliter les consultations à entreprendre entre la Présidence de la RDC et les groupes armés locaux qui écument l’Est du pays. Ce processus sera particulièrement suivi par le Président du Kenya, Uhuru Kenyatta. Une première réunion consultative avec des délégués de plusieurs groupes armés aura lieu le vendredi 22 avril 2022 à Nairobi (Kenya). Le Président kenyan a accepté de fournir le cadre et un soutien logistique. Les Chefs d’État membres de l’EAC ont aussi décidé de la constitution d’une force régionale pour aider à contenir et, si nécessaire, combattre les forces négatives dans l’est de la RDCongo. Cette force régionale sera conduite par la RDC. A ce stade, ce projet n’est qu’aux premiers balbutiements.[24]

b. Le dialogue consultatif entre la présidence de la République et les groupes armés

Le 22 avril, contrairement à ce qui avait été annoncé, le chef de l’État Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo n’a pas pu rencontrer les représentants des groupes armés actifs dans l’Est de la RDCongo, à Nairobi au Kenya. La principale raison reste la difficulté logistique pour le déplacement de la plupart des concernés à joindre Nairobi. De son côté, le président Tshisekedi a réaffirmé la matérialisation de ce processus de reddition inconditionnelle qu’il considère comme une dernière chance donnée à ces groupes armés locaux à déposer immédiatement les armes et à s’engager dans le processus  de réinsertion sociale faute de quoi, l’option militaire régionale soutenue par tous va les y contraindre. Pour Félix Tshisekedi, la main tendue envers ces Congolais engagés dans une lutte armée contre leur pays n’est pas une table ronde de négociations ni de compromissions, mais un processus inscrit dans la droite ligne du Programme DDR-CS.[25]

Le 23 avril, le dialogue consultatif entre la présidence de la République et les groupes armés a finalement débuté à Nairobi. Parmi les groupes armés présents, il y a le M23/Makenga et le M23/Runiga. On attend encore l’arrivée des représentants d’autres groupes armés venant de l’Ituri et des deux Kivu. À l’ouverture de la conférence, le représentant de la facilitation kenyane a rappelé la volonté du président Tshisekedi, soutenu par les cinq chefs d’Etat de l’EAC, de trouver une solution définitive à l’insécurité dans la partie Est de la RDC.
La partie gouvernementale est conduite par un trio d’experts mis en place par Félix Tshisekedi: Serge Tshibangu, mandataire spécial du chef de l’Etat, Claude Ibalanky du mécanisme national de suivi de l’accord de Nairobi, et le Général François Kabamba, conseiller militaire du président de la République. Les travaux se déroulent en présence de deux délégués de chaque pays signataire du communiqué final du deuxième conclave sur la sécurité en RDC. Il y a également l’EAC et l’ONU qui participent à ces discussions comme observateurs dans ces échanges.
A peine lancé, ce dialogue consultatif connaît déjà quelques couacs. La partie gouvernementale a annoncé que, en pleines consultations, les participants ont été surpris de la reprise des hostilités par les M23/Makenga dans l’Est de la RDC. Elle a ainsi exigé et obtenu de la facilitation kényane l’expulsion de ladite aile. Les travaux vont se poursuivre avec l’aile Runiga basée au Rwanda.
Selon certaines informations, l’aile Bisimwa/Makenga était représentée par deux délégués, Benjamin Mbonimpa, secrétaire exécutif du mouvement et Lawrence Kaniyuka, chargé des affaires étrangères au sein du mouvement, qui ne pourront reprendre les travaux qu’après la cessation des hostilités et le retour de leurs combattants dans leur position d’avant dialogue.[26]

Parmi les représentants des groupes armés du Nord-Kivu attendus Nairobi l’on peut citer:
Désiré Ngabo Kisuba et Fidèle Mapenzi Mike, pour le compte du mouvement armé Nduma Defense of Congo-Rénové (NDC/R) de Guidon Shimirayi Mwissa. Ce groupe armé est basé dans les territoires de Walikale, Masisi, Lubero et dans une partie du territoire de Masisi.
Une autre présence signalée est celle de Janvier Kalahiri, chef de l’Alliance des Patriotes pour un Congo Libre et Souverain (APCLS), venu de l’ouest de Masisi-centre, accompagné de Eliya Mwango et Mapenzi Léonard.
Kakule Masivi alias « Je t’aime », chef du groupe armé, Alliance des Forces de Résistance Congolaise (AFRC) et Kambale Sikuli Luther ainsi que Kasereka Syaghalira Levis pour le compte du Front des Patriotes pour la Paix / Armée du Peuple (FPP/AP) du général auto-proclamé Kasereka Kabido, basé au Sud du territoire de Lubero.
Les délégués de l’Union des Patriotes pour la Défense du Congo (UPDC) de Maachano et Bilikoliko; ceux des Forces de Défense des Droits Humains (FDDH/Nyatura) de Dusabe Gashamira et ceux du Groupe Armé des volontaires (GAV) de Matata Suleiman.
Parmi les délégués des groupes armés du Sud-Kivu, l’on retrouve:
le colonel auto-proclamé Olivier Murindangabo du groupe Ngumino;
M’munga M’shaleke Justin, membre du groupe Ebwela Mtetezi et coordonnateur de la coalition des Forces des Patriotes pour la Défense du Congo (FPDC). Une coalition de plus de 65 groupes armés autochtones.
Matendo Bushiri de UPSP du groupe René Itongwa et Alida,
Lewis Kibuki, membre de UCL du groupe Kijangala,
Kamasa Ndakize Welcome, coordonnateur du groupe Twirwaneho de Makanika.
Les délégués du groupe Android/Twirwaneho de Gakunzi.
Yakutumba a désisté à la dernière minute. Il avait reçu l’invitation et avait exigé et obtenu le versement des frais de voyage pour un jet privé au lieu de prendre le vol collectif avec les autres délégués des groupes armés. Son porte-parole a notamment fait savoir que Yakutumba ne peut pas se mettre aux côtés de M23 qu’il considère comme un groupe étranger, mais qui négocie avec Kinshasa.
Les leaders des groupes armés de l’Ituri se disent prêts à participer aux consultations de Nairobi, mais ils déplorent le silence du gouvernement qui n’a rien dit jusqu’ici pour faciliter leur déplacement en vue de prendre part à ces assises. Parmi les groupes armés actifs en Ituri, il y a l’Union des Révolutionnaires pour la Défense du Peuple Congolais / Coopérative pour le Développement du Congo (URDPC/CODECO), la Force Patriotique et Intégrationniste du Congo (FPIC) et la Force de Résistance Patriotique de l’Ituri (FRPI).[27]

Le 27 avril, la première phase des consultations entre les groupes armés locaux et le Gouvernement se sont clôturées à Nairobi (Kenya).  Selon une dépêche du service de communication de la Présidence de la RDC émise à l’issue des travaux, les Présidents Kenyan et Congolais ont exhorté les groupes armés de l’Ituri, du Nord Kivu et du Sud-Kivu à privilégier la voie de la paix en déposant les armes. Près de 30 délégués représentants les groupes armés de l’Ituri, Nord-Kivu et Sud-Kivu ont pris part aux travaux des consultations de paix qui se sont déroulés en présence des observateurs du Rwanda, de l’Ouganda, du Burundi, des Nations-Unies, de la CIRGL, des États Unis et de la France. Chacun des groupes armés de l’Ituri, Nord-Kivu et Sud-Kivu ont remis à la facilitation leurs mémorandums, dans lesquels ils proposent des voies de sortie des violences perpétrées dans l’est de la RDC. Les délégués des groupes armés qui n’ont pas rallié Nairobi pourront rejoindre le processus lors de la prochaine rencontre annoncée pour bien avant le prochain conclave d’évaluation des Chefs d’Etat de la communauté de l’Afrique de l’Est programmé vers la fin du mois de mai.[28]

[1] Cf AFP – Actualité.cd, 28.04.’22
[2] Cf Pierre Boisselet – 7sur7.cd, 26.03.’22
[3] Cf Cyril Bensimon – Le Monde – Congovirtuel.com, 03.04.’22
[4] Cf Christophe Rigaud – Afrikarabia.com, 29.04.’22
[5] Cf Actualité.cd, 18.04.’22
[6] Cf Berith Yakitenge et Clément Muamba – Actualité.cd, 18.04.’22
[7] Cf Carmel Ndeo – Politico.cd, 19.04.’22; Radio Okapi, 20.04.’22
[8] Cf Radio Okapi, 22.03.’22
[9] Cf Actualité.cd, 26.03.’22; Carmel Ndeo – Politico.cd, 27.03.’22
[10] Cf Jonathan Kombi – Actualité.cd, 28.03.’22; Radio Okapi, 28.03.’22
[11] Cf Claude Sengenya – Actualité.cd, 28.03.’22
[12] Cf Actualité.cd, 29.03.’22
[13] Cf Radio Okapi, 30.03.’22
[14] Cf Isaac Kisatiro – 7sur7.cd, 01.04.’22
[15] Cf Alphonse Muderwa – 7sur7.cd, 06.04’22
[16] Cf Alphonse Muderwa – 7sur7.cd, 06.04.’22; Radio Okapi, 06.04.’22
[17] Cf Radio Okapi, 08.04.’22
[18] Cf Jonathan Kombi – Actualité.cd, 09.04.’22; AFP – Actualité.cd, 10.04.’22
[19] Cf Actualité.cd, 10.04.’22; Radio Okapi, 10.04.’22
[20] Cf Clément Muamba – Actualité.cd, 23,04.’22
[21] Cf Actualité.cd, 23.04.’22; AFP – Actualité.cd, 24.04.’22
[22] Cf Radio Okapi, 25.04.’22
[23] Cf Actualité.cd, 20.04.’22; Carmel Ndeo – Politico.cd, 20.04.’22
[24] Cf Actualité.cd, 21.04.’22; Jephté Kitsita – 7sur7.cd, 21.04.’22
[25] Cf Radio Okapi, 22 et 23.04.’22; Jephté Kitsita – 7sur7.cd, 22.04.’22
[26] Cf Actualité.cd, 23.04.’22
[27] Cf Radio Okapi, 25.04.’22
[28] Cf Radio Okapi, 28.04.’22