EN DIALOGUE POUR UNE SOLUTION PARTAGEE

Congo Actualité n. 138Editorial par la Réseau « Paix pour le Congo »

Pendant les élections et même dans la compilation finale des résultats électoraux, on a pu constater de nombreuses irrégularités et tricheries.

Les observateurs électoraux, tant nationaux qu’internationaux, les représentants des partis politiques et même l’église catholique l’ont dénoncé à maintes reprises. Tous les observateurs ont dit que, en général, les résultats publiés par la Commission électorale ne sont pas crédibles, car ils ne sont pas conformes à la vérité des urnes.

Même le président de la Commission électorale et le Président de la République ont reconnu des irrégularités et les erreurs commis.

Mais rien n’a été fait pour les corriger. Les résultats de l’élection présidentielle, par exemple, sont restés inchangés, malgré les erreurs … avouées. On s’est justifié en disant que «tout considéré, les irrégularités constatées ne sont pas susceptibles de modifier l’ordre d’arrivée des candidats».

Quelle aberration! Quelle mauvaise foi! Dans une démocratie, chaque vote a son poids et chaque personne a le droit inaliénable de voir son vote respecté.

Les évêques catholiques ont demandé à la commission électorale « le courage de se mettre en question, de corriger impérativement les graves erreurs signalées et, si non, de démissionner« . Apparemment, ils n’ont pas été entendus. En effet, même les experts en matière électorale arrivés au Congo des États-Unis pour aider la commission électorale à apporter plus de transparence dans la compilation des résultats des législatives, ont interrompu leur mission et sont rentrés chez eux pour ne pas avoir eu la possibilité d’accéder à toutes les données dont ils avaient besoin pour mener à bon terme leur mission.

Si jusqu’à maintenant on pouvait encore espérer de se rapprocher «un peu plus» à la vérité des urnes, il semble devenu, aujourd’hui, presque impossible. À cause d’erreurs techniques, des irrégularités et de la fraude, il est actuellement presqu’impossible de savoir combien de voix chaque candidat a effectivement obtenues, tant au niveau de la présidentielle que des législatives.

Cette situation soulève la grave question de la légitimité: est-il possible d’être élu «représentant du peuple» sur la base de résultats erronés qui ne correspondent pas à la réalité? Au nom de qui va-t-on se prononcer et prendre des décisions au sein du Parlement et du gouvernement? Dans ces conditions, sera-t-on légitimés de présenter, approuver et promulguer des lois au nom du peuple? La démocratie, c.à.d. «le pouvoir du peuple, pour le peuple et par le peuple» est en danger et le peuple lui même est menacé, méprisé et privé de sa dignité.

Plusieurs personnes se demandent s’il est encore possible de faire quelque chose. Il ya beaucoup de propositions qui peuvent être prises en considération.

Il ya ceux qui demandent un recomptage des voix pour faire ressortir la vérité des urnes, il ya ceux qui demandent l’annulation pure et simple des élections (présidentielles et législatives), en vue de nouvelles élections, d’autres exigent les démissions de la Commission électorale, d’autres encore proposent un gouvernement de coalition.

C’est évident que l’on ne peut pas légiférer ni gouverner sans le clair consensus de la population. C’est dans ce sens que les évêques congolais rappellent que «l’on ne peut pas construire un Etat de droit dans une culture de la tricherie, du mensonge, de la terreur, de la militarisation du Pays et de la violation flagrante de la liberté d’expression« . Pour cette raison, tout d’abord, il serait peut-être nécessaire d’arrêter le train, avant qu’il ne s’écrase contre la montagne. Il serait donc souhaitable que la classe politique congolaise (en l’absence de résultats fiables, il est désormais difficile de parler de majorité et opposition), en collaboration avec les forces vives de la société civile, puisse se mettre d’accord pour une période de «trêve» et de réflexion, afin d’entamer, dans une attitude de responsabilité vers la nation et d’honnêteté vers les citoyens, un dialogue qui puisse permettre une solution partagée de l’actuelle crise politique post-électorale.