A LA RECHERCHE DE LA VERITE DES URNES

A LA RECHERCHE DE LA VERITE DES URNES

Congo Actualité n. 137Editorial par la Réseau « Paix pour le Congo »

 

L’arrivée d’un groupe d’experts électoraux étrangers.

La Commission électorale congolaise (CENI) continue la publication des résultats partiels des élections législatives. Mais de nombreux candidats perdants dénoncent des irrégularités et des fraudes partout. La commission électorale avait même suspendu la compilation des résultats, en attendant l’arrivée d’un groupe d’experts internationaux qui pourraient l’aider à rendre les résultats plus crédibles.

Le 4 Janvier, un groupe d’experts électoraux américains est arrivée à Kinshasa, bien que la CENI ait déjà repris le travail de compilation des résultats des élections législatives. Selon une première intention, ils auraient dû accompagner la Ceni dans les opérations de compilation des résultats, afin d’identifier plus facilement les cas de fraudes et d’irrégularités et de proposer les corrections nécessaires. Mais maintenant que le travail de compilation est presque terminé, quelle sera leur mission?

Certains membres de l’opposition ont exprimé leurs préoccupations à ce sujet car, selon eux, de nombreux documents ont été falsifiés ou portés disparus. Par ailleurs, puisque les élections législatives ont eu lieu le même jour que les présidentielles, dans les mêmes sièges et avec le même nombre d’électeurs, ils se demandent: «Pourquoi limiter le travail du groupe des experts internationaux aux seuls résultats de la législative? On pourrait bien l’étendre aussi aux résultats de l’élection présidentielle ».

Certes, la mission du groupe d’experts pourrait aider la Ceni à apporter plus de transparence au processus électoral tout entier dans ses différentes étapes. Si au début, la mission du groupe d’experts avait été conçue comme une présence de soutien et de collaboration, maintenant que le travail est presque terminé, elle devrait se muer dans une mission de contrôle et de vérification, notamment en ce qui concerne les cas d’irrégularités et de fraudes électorales signalés.

 

Le peuple congolais a le droit de connaître la vérité des urnes.

En effet, le peuple congolais a le droit inaliénable de connaître la vérité qui est sortie des urnes.

Le président de la commission électorale et le même président de la République ont reconnu les irrégularités et les limites des élections du 28 novembre. Toutefois, il ne suffit pas de les reconnaître, on devrait également y apporter les remèdes nécessaires.

Les irrégularités constatées au niveau de l’organisation et les fraudes électorales commises sous les yeux de tout le monde devront être sanctionnées comme prévu par la loi électorale.

Les résultats finaux devront être corrigés en fonction de la vérité des urnes, recherchée par un « recomptage des voix », au moins dans les cas litigieux. On pourrait procéder par une comparaison rigoureuse des résultats figurant dans les procès-verbaux affichés dans les bureaux de vote immédiatement après le dépouillement des bulletins de vote, dont les témoins des partis politiques ont une copie, ceux recueillis par les observateurs (nationaux et internationaux) et ceux fournis par la commission électorale. C’est seulement la vérité des urnes qui détermine la légitimité ou l’illégitimité de celui qui est élu à la Présidence de la République et de ceux qui sont élus à la Députation Nationale.

Les actes de violence, dont les violations des droits humains, qui ont été commis pour réprimer les manifestations populaires pendant la période électorale devront être jugés et punis conformément à la loi.

 

La vérité sur les élections comme chemin vers la démocratie et la paix.

Le peuple congolais a déjà trop souffert. Il suffit de rappeler les cinq ans des premières rébellions tout juste après l’indépendance, les trente ans de dictature, les huit ans de guerre avec plus de six millions de morts, les cinq dernières années avec des politiciens irresponsables (voire la corruption, l’enrichissement personnel illicite, les violations des droits humains et des principes constitutionnels, …), mais toujours protégés par l’impunité.

Le peuple congolais ne supporte plus de voir ses femmes violées chaque jour, il ne peut plus payer la prime mensuelle des enseignants, il ne tolère plus qu’il y ait des criminels de guerre parmi les chefs de l’armée nationale, il n’accepte plus que les richesses minérales du Pays soient exploitées illégalement par des sociétés minières internationales, sans aucun avantage économique pour les populations locales. Finalement, il n’accepte absolument pas de se voir ravir sa propre volonté exprimée par les urnes.

Le peuple congolais exige la vérité des urnes, afin de pouvoir continuer sur le chemin de la démocratie, de la justice, du respect des droits humains, de la paix et du développement.