Congo Actualité n° 81

SOMMAIRE: ÉDITORIAL, NEWS, KIVU, ÉCONOMIE
ÉDITORIAL
La paix demeure toujours fragile en République démocratique du Congo. La reprise des combats au Kivu, entre les Fardc et le CNDP de Nkunda, atteste que le Congo n’est pas encore sorti de l’auberge. Malgré toutes les initiatives de paix, rien n’ y fait. C’est dire que le problème est profond. Il repose sur des enjeux beaucoup plus géostratégiques qu’un simple fait divers national et sous-régional. Il y a l’ombre des multinationales enclines à ne pas tolérer que la Rdc dispose d’un leadership fort.

Dans son dernier point de presse, le gouverneur de la province du Sud Kivu, Louis Léonce Mudehrwa, a porté une grave accusation sur la place publique en recevant 13 groupes armés de sa province. Le gouverneur dénonce que « leurs éléments sont entretenus par des personnalités politiques tapies dans la capitale». «Ces gens sont à Kinshasa, ont des voitures, des cravates et voyagent avec l’argent du gouvernement. Il suffit qu’une personnalité ne trouve pas son compte dans un partage quelconque des postes à Kinshasa, le lendemain tel groupe tire, tue et viole », a-t-il précisé. Cette accusation du gouverneur du Sud-Kivu, confirme, si besoin en est encore, la présence des «loups» dans la bergerie.

Si cette thèse s’affirme, il revient à dire que ces personnes poursuivent un but précis: le fonds du commerce. Ou dans le cas contraire, elles sont manipulées par des forces occultes qui ont d’autres objectifs à atteindre. Tout est possible dans la mesure où lors de l’évaluation des causes principales de l’insécurité à l’Est, ou des guerres d’agression subies par la RDC, ces manoeuvres de déstabilisation dignes du terrorisme international s’inscrivent dans un contexte d’un vaste complot, planifié depuis de longues années.

La situation dramatique au Kivu qui menace manifestement l’intégrité territoriale de la RDC doit être vue sous cet angle. Les commanditaires de ce complot international continueront à fabriquer des « ennemis » au Congo pour que les Congolais s’entretuent. Les tireurs de ficelle agissent par des groupes armés interposés, congolais et étrangers, pour déstabiliser le Congo. Son malheur? Son étendue géographique. Son péché mortel? Toutes ses richesses naturelles incommensurables: eau, minerais, pétrole, gaz, forêt…

Si autrefois, la région de prédilection était le Katanga avec le cuivre et l’uranium, cette fois, c’est le Kivu avec le coltan et le nobium. Toute cette insécurité n’est que mise en scène pour maquiller toutes ces initiatives funestes.

Certes, les forces négatives, particulièrement les ex-Far ou Interahamwe, sont une réalité, mais aussi un beau prétexte pour noyauter davantage la RDCongo. Les Interahamwe constituent certes un problème pour les Congolais, car ce sont les Congolais qui sont victimes de leurs tracasseries, mais il s’agit d’un problème d’origine rwandaise et sa solution définitive ne peut venir que du Rwanda. Tout le monde le sait, communauté internationale et pouvoir de Kigali y compris.

Que dire du CNDP de Laurent Nkunda? Ce groupe armé joue le même rôle auquel s’adonnent toutes les forces négatives. Ses «actions» sont bien planifiées, donc calculées. Les derniers combats qui ont mis à mal le Programme Amani se sont déroulés à la veille du IIIème sommet de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs prévu à Kinshasa. Mais surtout au moment où le Programme Amani s’apprête à entamer l’étape cruciale de désarmement, de démobilisation des groupes armés. Plus grave, Nkunda qui a justifié l’existence de son groupe armé pour traquer les «Interahamwe», fait plutôt la guerre à l’armée régulière de la République démocratique du Congo au vu et au su de la MONUC, pour ne pas dire de la Communauté internationale.

Il s’agit d’un travail de sape, des coups de boutoir pour fragiliser le pouvoir de Kinshasa, affecter son autorité afin de l’opposer aux populations locales avant de s’engager lentement mais sûrement dans le schéma du Kosovo, de l’ Ossétie du sud et de l’ Abkhazie. Sur internet circule déjà un message qui distille ce venin de la « sécession ». Et toute riposte musclée serait assimilée à un «autre génocide»: carte rouge que l’on brandirait au pouvoir de Kinshasa.

Et le tour est joué pour créer de nouvelles frontières d’un nouvel Etat. Fini le règne de l’Etat-Nation. Il y a effectivement péril en la demeure: la République démocratique du Congo est au centre des enjeux géostratégiques. Comme aux temps forts de la guerre froide. Pour écarter cette menace de consacrer l’inexistence de l’Etat et de la Nation au Congo, l’«élite qui nous gouverne» devrait faire preuve de haute responsabilité politique et de nationalisme éprouvé.

Au Rwanda voisin, la situation n’est certainement pas meilleure. Ce Pays constitue le camp de base et le tremplin pour les puissances occidentales, en vue de la déstabilisation du Congo, c’est le Pays par où transite le commerce illégal des ressources naturelles du Congo. Mais pour exister, le marché de la mort a besoin de s’imposer avec la duperie et de rester occulte. C’est ainsi que la manipulation de l’information, l’apparence, le mensonge et le chantage sont devenus des éléments constitutifs du régime actuel rwandais. Les prochaines élections législatives du 15,16 et 17 septembre ne pourront que être une énième mise en scène et la publication du rapport de la commission chargée de trouver les preuves sur la participation de la France au génocide de 1994 semble être une réponse vindicative à l’enquête du juge français Jean Louis Bruguière sur les auteurs présumés de l’attentat contre l’avion présidentiel rwandais, le 6 avril 1994, attentat considéré unanimement comme l’élément déclenchant le génocide.

NEWS

Le 10 juillet, au terme de son Assemblée plénière, la Conférence épiscopale du Congo a publié le message « Il est temps de nous réveiller ». Les Evêques ont dénoncé les « 5 fléaux » qui rongent la République démocratique du Congo : la corruption, la misère sociale, la faiblesse de l’autorité de l’Etat, l’insécurité, l’exploitation irrégulière des ressources naturelles. La crise alimentaire trouve elle aussi sa place au sein du message. « C’est scandaleux et inacceptable » que les habitants d’un pays qui « dispose de tant de potentialités agricoles, forestières, lacustres, fluviales, doivent continuer à se nourrir grâce à des programmes d’aide humanitaire », écrivent les prélats. « Au Congo – continuent-ils – des personnes meurent de faim. À travers tout le pays des familles entières sont frappées par la crise alimentaire et sont laissées sans assistance conséquente de l’État ». La Cenco demande au gouvernement de promouvoir le droit à l’alimentation, en ayant soin de verser les salaires et en mettant urgemment en place un programme de production agropastorale de base, de manière à relancer les industries de production et de transformation.

La Conférence épiscopale du Congo appelle le gouvernement et le peuple congolais à prendre urgemment et à bras le corps le problème de l’exploitation irrégulière, illégale, massive et abusive des ressources minières et forestières. Pour les évêques catholiques, les richesses de la RDC (minerais, pétrole et forêts) sont devenues les causes du malheur des Congolais. Ces derniers s’appauvrissent alors que le bénéfice des investisseurs croît sensiblement. Ils appellent le gouvernement à s’engager vite et de manière transparente pour renégocier les contrats miniers.

Au sujet de l’insécurité qui reste, surtout aux frontières orientales du pays, un grave problème pour des centaines de milliers de civils déplacés, la Cenco rappelle avec amertume que l’accord de cessation des hostilités signé par les groupes armés à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, a été souvent violé et que les milices « continuent à mener une vie autonome et nocive, et recrutent même à nouveau des enfants ».

Conscients de la gravité de la situation, les évêques interpellent tout le monde: «Il est temps de nous réveiller pour ne pas brader notre souveraineté nationale et trahir notre nation. Nous redisons avec force: le Congo n’est pas à vendre. L’avenir du Congo appartient aux Congolais».

Le 12 juillet, l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo (RDC) a adopté un projet de loi accordant à tous les Congolais résidant au Congo ou à l’étranger une amnistie pour des faits de guerre et insurrectionnels commis dans les deux provinces du Kivu.

Le texte a été adopté par 257 voix (49 contre et 30 abstentions) par les 336 députés présents dans l’hémicycle. Cette loi « exclut de son champ d’application le crime de génocide, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité », mais « n’empêche pas les réparations et restitutions consécutives aux faits infractionnels amnistiés ». « Les fait amnistiés sont ceux commis pendant la période allant du mois de juin 2003 à la date de la promulgation de cette loi », précise le texte.

Le vote de la loi d’amnistie était une des conditions posées par le mouvement du chef rebelle tutsi congolais Laurent Nkunda, acteur majeur de la crise, pour maintenir sa participation au processus de paix. Ce projet de loi sur l’amnistie pour faits de guerre et faits insurrectionnels dans les deux Kivu sera examiné au Sénat en septembre prochain.

Le 1er août, le président Joseph Kabila a promulgué la loi sur la décentralisation entérinant la création de 26 provinces dotées d’une large autonomie politique, juridique et financière.

Conformément à la Constitution adoptée en 2006, le pays sera divisé en 26 provinces, dont la ville-province et capitale du pays, Kinshasa, au lieu des onze actuelles. Ce découpage devra être effectif dans les 36 mois suivant la promulgation de cette loi au 1er août 2008.

Cette loi organique qui définit la province comme « une composante politique et administrative du territoire de la RDC, dotée d’une personnalité juridique et gérée par les organes locaux » en fixe aussi les règles de l’autonomie de gestion des ressources humaines, économiques, financières et techniques.

Les provinces conserveront désormais 40% des recettes qu’elles génèrent, alors que jusqu’à présent ces revenus partaient directement à l’Etat qui les redistribuait. Une caisse de péréquation est prévue pour maintenir un équilibre entre les régions pauvres et les autres.

Les provinces sont chargées notamment de « la fonction publique provinciale et locale », de « l’élaboration des programmes miniers (…) et forestiers », et de la construction et l’entretien d’une partie des routes, tandis que l’Etat conserve les compétences régaliennes (Affaires étrangères, armée, monnaie, budget national).

Cette loi est la première promulguée des trois dispositions sur la décentralisation adoptées par le Parlement en juillet 2008. Les deux autres portent sur la création d’entités territoriales à l’intérieur des provinces, et sur la Conférence des Gouverneurs, un organe destiné à faciliter la concertation entre provinces et pouvoir central.

Le gouvernement vient de porter le salaire minimum de un à trois dollars avec application au plus tard au 1er septembre 2009. Le plus bas salaire dans l’administration publique est actuellement d’environ 20 dollars par mois. Plus de 75% des 60 millions d’habitants de RDC vivent avec moins de un dollar par jour, dans un pays à la terre riche et dont le sous-sol regorge de minerais.

Selon la Banque centrale du Congo (BCC), l’inflation, qui frôlait les 10% fin 2007, a grimpé à 15% en taux annualisé en mars 2008. Cela a entraîné la hausse des prix. Le pain et les céréales ont augmenté de 27,6% et le prix de l’huile a bondi de 32% en six mois (de septembre 2007 à février 2008), selon la Direction des statistiques générales.

Face à la hausse des prix, les vendeurs congolais ont inventé la « miniaturisation »: concentré de tomate, oignons, légumes, lait en poudre, savon se retrouvent débités en petits volumes sur les marchés de Kinshasa. Cette réponse obligée à la flambée des prix est devenue monnaie courante à Kinshasa. Elle permet à de nombreuses familles congolaises de subsister.

« Je ne parviens plus à vendre mes boites de tomates, ni mes légumes. Cela coûte cher maintenant et les gens n’ont pas les moyens de les acheter. Alors je les coupe en petit morceaux pour les écouler », explique Wivine, une vendeuse au marché de Livulu, un quartier de Kinshasa.

Nzumba, 18 ans et mère de quatre enfants, affirme qu’elle a besoin d’environ 500 FC (0,90 USD) pour les courses de chaque jour. « Aujourd’hui, j’ai acheté une petite botte de +matembele+ (légume local), des courges, de la farine de maïs, de l’huile de palme et un morceau de concombre pour un coût total de 450 francs congolais (0,80 USD) », indique amèrement la jeune femme.

« C’est malheureusement ce que nous allons manger, mes enfants et moi », dit-elle. Elle se réveille tous les jours à 5 heures du matin pour puiser de l’eau, faute d’arrivée d’eau chez elle, puis part vendre des oranges. Elle gagne 600 FC soit un peu plus de 1 dollar US par jour: Pour elle, la miniaturisation est une « bouée de sauvetage ». « Avec le maigre salaire de mon mari (20 USD/mois), nous n’arrivons pas à acheter un poulet entier. J’ai juste pris deux morceaux pour moi et les petits », explique Nlandu, à quelques pas de la maison de Nzumba.

Le 18 août, les médecins des hôpitaux publics ont lancé une « grève générale » pour dénoncer « l’indifférence » du gouvernement à leurs revendications salariales. Après la grève des médecins de Kinshasa en décembre 2007, élargie en janvier 2008 aux médecins de l’ensemble du pays, le gouvernement s’était engagé à répondre, à partir de juillet, aux revendications salariales des médecins. Rien n’a été fait depuis. Au cours de négociations conclues en janvier, le gouvernement s’était engagé à chercher un « crédit supplémentaire » de 2 milliards de francs congolais (3,6 millions de dollars) pour augmenter les salaires des médecins « à partir de juillet ». Ce qui avait permis de mettre fin au mouvement de grève. Les médecins exigent l’octroi d’un « salaire décent », de l’ordre de 320.000 francs congolais (580 USD), le paiement d’une prime « de risque », l’apurement d’arriérés et la régularisation du statut de médecins vacataires. Actuellement, un médecin congolais touche un salaire mensuel de 119.000 francs congolais (216 USD), prime de risque comprise.

Le 21 août, un accord a été signé entre le gouvernement et le principal syndicat des médecins pour mettre fin à la grève générale. Ce protocole d’accord prévoit l’octroi d’un crédit supplémentaire de 2 milliards de francs congolais (3,6 millions USD) pour augmenter les salaires des médecins. Selon cet accord, une première tranche devrait être libérée dès la fin août. Le Synamed a aussi obtenu la régularisation du statut de 3.500 médecins vacataires.

Le 25 août, le Syndicat des enseignants du Congo (Syeco) et le Syndicat national des enseignants des écoles conventionnées catholiques (Synecat), les deux principaux syndicats d’enseignants du secteur public, « décident la non reprise du travail (…) le 1er septembre sur toute l’étendue du territoire national jusqu’à la satisfaction totale des revendications des enseignants ».

Syeco et Synecat justifient leur décision par « la mauvaise foi, l’indifférence manifeste et la non tenue des engagements par le gouvernement quant à la satisfaction des revendications légitimes des enseignants et le personnel de l’éducation ».

Les enseignants réclament notamment une revalorisation des salaires conformément à un accord conclu en février 2004 avec le gouvernement, une harmonisation des traitements au niveau national et la régularisation du statut des vacataires. Ils exigent en outre la suppression de la contribution financière des parents, initiée en 1994 pour pallier le déficit de l’Etat dans la rémunération des enseignants. Les enseignants congolais ne bénéficient pas d’avantages sociaux (logement, transport et prime). Selon l’accord de 2004, les salaires mensuels dans l’administration publique congolaise devraient être compris dans une fourchette allant de 208 à 2.080 dollars. Le plus bas salaire dans l’Education nationale est actuellement d’environ 80 USD à Kinshasa et 63 USD en province.

KIVU

Le 21 juillet, l’organisation Human Right Watch (HRW), affirme dans un communiqué que, six mois après l’accord de paix de Goma, les meurtres de civils, les viols et les pillages se poursuivent dans la province du Nord-Kivu. Les chercheurs de HRW « ont recueilli des informations sur plus de 200 meurtres de civils et le viol de centaines de femmes et de filles commis depuis janvier par tous les groupes armés (Cndp, Maï-Maï, Fdlr y compris les soldats de l’armée congolaise) ». « Six mois après la signature de l’accord de paix, la situation des droits humains n’a connu aucune amélioration et en fait dans certaines zones, elle s’est détériorée… Alors que les parties à l’accord de paix assistent aux négociations, leurs troupes continuent de tuer, de violer et de piller les civils », indique Anneke Van Woudenberg, chercheuse principale à la division Afrique de HRW.

 

Le 23 juillet, la Mission de l’ONU en Rdcongo (Monuc) a lancé un « appel pressant » à tous les groupes armés signataires de l’accord de paix de Goma (janvier 2008) pour qu’ils mettent fin aux graves exactions dont souffrent les civils dans l’est du pays et pour qu’ils cessent une fois pour toutes « de paralyser le processus de paix, de suspendre leur participation aux travaux des organes de suivi de la conférence et de s’engager dans des affrontements armés ». L’accord de paix signé à Goma le 23 janvier n’a pas mis fin aux combats.

« Une tension persiste entre les forces en présence, ce qui entretient un climat de peur permanente au sein des populations civiles et empêche le retour de plus d’un million de personnes vulnérables dans leur foyer », a déclaré la porte-parole de la Monuc à Kinshasa, Sylvie Van Den Wildenberg.

Au Nord-Kivu, près de 100 000 personnes ont été forcées de fuir leurs villages depuis la signature de l’accord de paix, s’ajoutant aux 750 000 déplacés des combats antérieurs. L’ONU estime à 1,1 million le nombre de personnes actuellement déplacées pour les deux provinces réunies, incluant ceux qui ont fui les conflits précédents.

Les fonctionnaires des Nations Unies ont relevé quelques 200 violations du cessez-le-feu depuis le 23 janvier. Il s’agit en majorité d’incidents opposant les forces du Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) du général rebelle Laurent Nkunda à une coalition informelle de combattants provenant des Mai Mai Mongols, des Patriotes résistants congolais (PARECO) et des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et à l’Armée régulière (Fardc).

Les violences sexuelles sur les femmes et les filles restent une préoccupation majeure et aucune amélioration de la situation n’a été notée depuis la signature de l’accord de paix. Femmes et filles ont été violées autant par des combattants de groupes armés que par l’armée congolaise, ou même des civils. Plus de 2.200 cas ont été enregistrés en juin 2008 dans la province du Nord-Kivu. Une communauté située à Rutshuru a rapporté plus de 150 cas de viol pour le seul mois d’avril.

Le recrutement de combattants dans les rangs des groupes armés au Nord et au Sud Kivu, qu’ils soient volontaires ou non, n’ont pas cessé malgré le cessez-le-feu et se sont même intensifiés durant ces trois derniers mois. D’anciens soldats et combattants démobilisés ont été à nouveau enrôlés.

Selon le coordonnateur du Programme Amani, l’abbé Apollinaire Malu Malu, les troubles armés sont alimentés surtout par la prédation des minerais (coltan, or) et des ressources naturelles dont regorge le Kivu.

Le 7 août, s’est conclue à Goma la réunion du Comité de pilotage du Programme Amani. Le Comité se réjouit du retour dans le processus de paix du Congrès National pour la Défense du Peuple et des Forces Républicaines Fédéralistes qui avaient suspendu toute participation aux travaux.

Le Comité a appelé les participants à l’accélération du processus du Programme Amani, à la finalisation et l’adoption du plan de désengagement des combattants des groupes armés dans le plus bref délai et a proposé le lancement immédiat du programme de Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR). Le Comité recommande également le rétablissement de l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue des provinces du Nord et Sud Kivu ainsi que le démantèlement de toutes les barrières irrégulières et la libre circulation des personnes et des biens. Il a souligné l’importance d’engager des poursuites judiciaires de façon systématique et de renforcer la lutte contre l’impunité, en particulier pour les violences sexuelles.

Le 13 août, le comité territorial de sécurité à Rutshuru accuse le Congrès national pour la défense du peuple, CNDP, de Laurent Nkunda, d’avoir établi une administration parallèle dans la partie Est territoire de Rutshuru.

Les membres du comité territorial de sécurité constatent qu’on parle maintenant de deux territoires et de deux administrations dans le Rutshuru. Selon eux, le CNDP a un administrateur installé à Tshengerero, à une vingtaine de kilomètres à l’Est de Rutshuru centre, et un administrateur assistant résident à Karambi, à environ 30 kilomètres au Nord-Est de Rutshuru centre. Ces administrateurs seraient assistés de tous les cadres de base, membres du CNDP.

L’Administrateur Dominique Bofondo affirme qu’il n’a plus d’accès dans toute la zone sous contrôle du CNDP. Ce qui, pour lui, réduit encore plus la capacité de gestion de l’entité sous son contrôle.

Le ministre provincial en charge de l’administration du territoire confirme l’information et affirme que cette situation a été examinée et déplorée lors de la récente réunion du comité de pilotage du programme Amani à Goma. Charles Kasereka Kawaghe espère trouver une solution à travers le projet de restauration de l’autorité de l’Etat du programme Amani. Le projet est encore en phase de conception.

Le 18 août, le coordonnateur du Programme Amani, l’abbé Apollinaire Malumalu, a mis en garde, les signataires de l’Acte d’engagement de Goma qui, selon lui, cherchent à saper le processus de paix et de réconciliation au Nord-Kivu. Pour lui, le constat est amer, car de nouveaux groupes armés sont en gestation et le cessez-le feu est violé… Le coordonnateur du Programme Amani reconnaît lui-même que l’Acte d’engagement issu de la Conférence de Goma n’est pas respecté par ses signataires. Certains parmi eux recrutent en vue d’augmenter leurs effectifs, et d’autres se battent encore pour la conquête de nouveaux espaces.

Le 28 août, des affrontements à l’arme lourde ont éclaté à Kanombe, dans le territoire de Rutshuru, entre les troupes du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda et les Forces armées congolaises (FARDC). Les deux camps, signataires de l’accord de paix de Goma en janvier 2008, se rejettent la responsabilité de l’ouverture des hostilités. Chaque camp accuse l’autre d’avoir attaqué le premier si ce n’est pas suite à un simple mouvement des troupes observé en face.

Selon le porte-parole militaire de la Monuc, le Lieutenant-Colonel Jean- Paul Dietrich, le CNDP, accusé par ses détracteurs de recevoir ses ordres de Kigali, « tente d’élargir sa zone d’influence ». « Il y a eu des épisodes de pure provocation: les Fardc ne peuvent pas accepter qu’une milice impose son contrôle sur une localité ou une portion du territoire », a-t-il affirmé.

En effet, la semaine antérieure, le CNDP de Nkunda avait hissé son drapeau à Masisi et dans des localités de Rutshuru. Au point de presse hebdomadaire de la Monuc, mercredi 27 août, il a été porté à la connaissance des journalistes que le CNDP a recommencé à percevoir des taxes et lever des impôts. Une nouvelle administration a même été mise en place dans le territoire sous son contrôle. La Police du CNDP s’est déployée pour, justifie-t-on, sécuriser les personnes et leurs biens. Les derniers jours, l’ex-général Nkunda avait envoyé une lettre à Alan Doss, représentant spécial du Secrétaire général de l’Onu dans le pays, annonçant une possible reprise des opérations armées contre les Fardc, accusées d’avoir violé le cessez-le-feu. Il ne reste plus au CNDP, si besoin en était, de battre sa monnaie. Et qui sait, peut-être un jour, proclamer l’indépendance du morceau de terre congolaise qu’il contrôle. Les circonstances sur le plan international sont favorables à ce genre de folie. Soutenus par la Russie, l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie ont proclamé leur indépendance face à la Georgie. Le Kosovo s’est coupé de la Serbie avec la totale bénédiction de l’Occident. Le Rwanda ne serait-il tenté, un jour, de pousser le CNDP à en faire autant?

Pour le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, le Cndp sait qu’il va perdre le contrôle du territoire qui est  » le sien  » aujourd’hui, à la faveur des activités du programme Amani. Avec la restauration de l’autorité de l’Etat dans cette partie du pays, le Cndp va effectivement perdre toutes ses zones d’influence d’où il tire de substantiels subsides. L’administration parallèle qu’il a instaurée à Bunangana et partout ailleurs disparaîtra et tous les avantages qui lui reviennent. C’est pour cela que le Cndp évite de s’engager dans le processus du programme Amani.

Les militaires de Laurent Nkunda se sont emparés des pâturages et du bétail du Masisi et en assurent eux-mêmes la garde. Travailleurs et propriétaires n’y ont plus accès et se retrouvent au chômage.

« Les hommes de Nkunda se sont emparés de tous les animaux. Vaches, chèvres, moutons, porcs… tous ont été emportés », explique Wetemwami Mwamba, activiste de la société civile à Sake. Aucun pâturage n’a été épargné, excepté ceux des proches du mouvement de Laurent Nkunda.

Aujourd’hui, un grand nombre de troupeaux sont concentrés dans les localités de Kirolirwe et Kichanga, contrôlées par le CNDP, à plus de 40 km de Goma. Les quelques rares fermiers locaux qui demeurent sur leurs terres ont été contraints de confier le reste de leur troupeau à Laurent Nkunda pour que ses hommes en assurent la sécurité. En échange, ils doivent payer cette garde chaque semaine en nature et en argent à des coûts qui varient selon les besoins de ce mouvement.

Depuis les affrontements du mois de décembre, produits laitiers et viande deviennent de plus en plus rares et chers sur les marchés de Sake et de Mushake, à environ 40 km de Goma. Le prix de 5 litres de lait frais est passé de 400 à 1 000 FC (de 0,72 à 1,82 $) et un kilo de viande de 1 200 à 2 200 FC (de 2,2 à 4 $). « Les hommes de Nkunda contrôlent et réglementent tout, jusqu’à la commercialisation de la viande et des produits laitiers. Très peu de bouchers ont accès à cette zone pour y acheter de la viande et seuls des vendeurs favorables au CNDP peuvent y acheter du lait et le revendre à Sake et à Goma », explique Wetemwami Mwamba. A la Société d’abattage de Goma Sabago, « les vaches se font rares ». « L’an dernier, on en abattait près d’un millier par semaine. Aujourd’hui, trois fois moins », précise une bouchère au marché de Goma.

La paix à l’Est de la Rdc n’est même pas à l’horizon. La situation au Kivu est complexe. Il s’agit d’une affaire de gros sous où plusieurs intérêts et enjeux s’entrecroisent. La plupart des groupes armés, nationaux et étrangers, exploitent illégalement des minerais pour constituer des «économies de guerre» et administrent des grands espaces qui leur permettent de mettre sur pied des «administrations parallèles». À cela s’ajoutent des causes exogènes qui profitent aux Sociétés minières internationales et à certains Etats limitrophes.

Les deux provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu sont dans une situation de partition non déclarée. Des zones entières continuent à échapper au contrôle du pouvoir central installé à Kinshasa. L’autorité de l’Etat n’y est pas seulement absente, mais aussi, tout semble être mis en oeuvre pour qu’elle n’y soit jamais instaurée. Tout est fait et dit, sauf la nécessité urgente de restaurer l’autorité de l’Etat. L’Union européenne, la Monuc et les autres partenaires, tous semblent travailler pour la pérennité de cette situation. Aujourd’hui, tous ces organismes prennent langue autant avec le gouvernement qu’avec les groupes armés. Diplomatiquement, ces derniers se sentent légitimés par cette même communauté internationale qui s’est mobilisée pour soi-disant aider cette partie de la Rdc à retrouver la paix. Hier, la communauté internationale expliquait sa compréhension vis-à-vis des groupes armés par le fait qu’il n’y avait pas de légitimité du pouvoir à Kinshasa. Par conséquent, on comprenait que tout le monde se fasse entendre, même les armes à la main, en vue des négociations pour un nouvel ordre politique dans le pays. Mais les choses ont changé depuis 2006 à l’issue des élections, car des institutions démocratiques sont en place et fonctionnent. Il n’y a apparemment plus de raisons pour que des groupes de citoyens congolais cherchent à recourir aux armes ou à toute autre force pour se faire entendre. Ce qui est inquiétant, ce n’est pas l’existence de ces groupes, mais le mouvement de solidarité et de compréhension que la communauté internationale fait montre vis-à-vis de ces marginaux. Tout se passe comme si on n’avait rien à reprocher à ces groupes armés. Lorsqu’on les rencontre, on se met en position de quémandeur de la paix, tout en leur laissant la liberté de dire oui ou non. Dans cette situation, il faut que le gouvernement congolais commence à mettre en œuvre sans tarder les principales actions visant la restauration de la sécurité et de l’autorité de l’Etat dans les deux Kivu.

Il est difficile de s’imaginer que le phénomène de l’insécurité devienne chronique et croissant et qu’une structure supranationale permanente dénommée «Task force», réunissant en son sein les plénipotentiaires de plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Belgique, Canada, Afrique du Sud, la SADC, l’UA, l’Onu) et ayant mission de l’éradiquer y soit impuissante.

Selon des analystes politiques avisés, l’accord de Nairobi et le programme Amani ont été conçus pour la sécurisation des Tutsis congolais vivant au Kivu et pour celle du régime de Paul Kagamé à Kigali, contre les forces négatives des FDLR/Interhamwe opérant à partir de l’est de la RDC.

L’insécurité à l’Est, tout comme à Kinshasa et dans l’ensemble du pays, n’est pas nécessairement une équation difficile, mais un cercle vicieux sciemment créé et habilement entretenu pour atteindre un but inavoué, celui de la balkanisation du Pays. L’impuissance à affirmer l’autorité de l’Etat et à empêcher l’occupation d’entières zone du territoire national par des voisins annexionnistes est un facteur interne utilisé pour conduire au pourrissement de la situation et faciliter ainsi la balkanisation du Pays. Misant sur les déficiences manifestes du pouvoir, les meneurs de jeu de la balkanisation multiplient et accélèrent ce processus enrobé de gestes flatteurs, douteux et endormants, de coopération pour le développement et la lutte contre l’insécurité. Tout cela pour ne pas éveiller l’attention de l’opinion et susciter les soupçons sur ce qui se trame sourdement contre le pays.

ÉCONOMIE

Le 22 juillet, Godefroid Mayobo, ministre près le Premier ministre, a rendu publics les premiers résultats de l’audit réalisé, d’un côté, par la Commission interministérielle d’éthique et de bonne gouvernance et, de l’autre, par la Commission de récupération des immeubles et terrains de l’Etat.

Cet audit a porté sur trois régies financières et six entreprises publiques. Il s’agit de la Direction générale des Impôts (DGI), de la Direction générale des recettes administratives et domaniales (DGRAD), de l’ Office des Douanes et accises (OFIDA), de l’Office national de transport (ONATRA), de l’Office Congolais de contrôle (OCC), de la Régie des eaux (Régideso), de la Société nationale de l’électricité (SNEL), de la Société nationale des Assurances (SONAS) et de la Régie des Voies aériennes (RVA).

Il ressort de ce constat d’une année de travail qu’un détournement monstre de l’ordre de 1 milliard 300 millions de dollars US a été opéré au sein des entreprises précitées. Les audits concernent toute l’année 2006, c’est-à-dire, de janvier à décembre, sans compter les six premiers mois de l’année 2007.

Selon Godefroid Mayobo, des actions disciplinaires et de remboursement ont été ouvertes à l’endroit de 53 personnes concernées par ce détournement. Les dossiers de 27 personnes physiques et morales ont été transmis au parquet général de la République par le ministre congolais de la Justice « pour instruction ou inculpation, le cas échéant ». Par ailleurs, 153 dossiers concernant la spoliation d’immeubles et terrains de l’Etat ont été ouverts par les enquêteurs dans les provinces de Kinshasa, Katanga et Sud-Kivu.

Les observateurs sont convaincus que ce montant colossal n’est que la pointe visible de l’iceberg et que ce scandale est susceptible d’éclabousser plusieurs personnalités.

Selon une synthèse du «Rapport de mission» qui circule sous le manteau, le scandale est plus profond. La synthèse des audits dans les trois régies financières, à savoir Direction générale des Impôts (DGI), la Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participations (DGRAD) et l’Office des Douanes et Accises, (OFIDA) indique un manque à gagner de l’ordre de 1.821.614.866,16 USD au détriment du Trésor public. Et ce, sans compter l’ONATRA, OCC, RVA, SNEL, REGIDESO et SONAS.

Un rapport accablant qui suscite déjà plusieurs interrogations. Le ministre accuse ces entreprises de détournement pendant que dans le rapport, il est question de manque à gagner. Pourquoi cette contradiction des chiffres et de concepts? Le ministre Mayobo s’est-il contenté de demi-révélations? Existerait-il plusieurs rapports de mission de contrôle? Pourquoi cette controverse autour des concepts? S’agit-il d’un «manque à gagner» ou réellement d’un scandaleux «détournement de fonds»? Dans l’opinion, on souhaiterait que la présente «Opération mains propres» aille jusqu’à son terme pour débusquer les détourneurs des deniers publics et leurs commanditaires. En clair, l’opération ne devrait pas se limiter au simple effet d’annonce, destiné à la consommation extérieure. Le gouvernement devra montrer sa capacité à juguler la mauvaise gouvernance en matière des finances publiques et à imprimer une nouvelle mentalité aux fonctionnaires de l’Etat. Dénoncer, c’est bien, mais il faudrait que les auteurs soient réellement sanctionnés.

Le 30 juillet, l’organisation écologiste Greenpeace affirme que les grands groupes forestiers opérant en RDCongo ont mis en place un système d’évasion et de fraude fiscale grâce à la sous-facturation du bois qu’ils exportent, « pillant ainsi la région et ses populations ».

Dans son rapport rendu public à Zurich, l’organisation affirme que ces sociétés fixent des prix de vente – vers d’autres entités du groupe – artificiellement bas, réduisant ainsi le niveau de leurs taxes à l’exportation ainsi que la taxation sur les bénéfices dans le pays d’origine du bois.

« Ce comportement peu scrupuleux, s’il n’est pas maîtrisé, continuera à rendre dérisoires les efforts de la communauté internationale et des bailleurs de fonds en faveur de la réduction de la pauvreté », affirme Greenpeace.

L’organisation écologiste met directement en cause le groupe allemand Danzer, dont le siège social est en Suisse, dénonçant la façon dont il opère en RDC, via sa filiale Siforco, mais également au Congo voisin, via une autre filiale, IFO.

Le rapport détaille comment la Siforco et l’IFO vendent le bois congolais en Suisse à Interholco AG, le bras commercial de Danzer, à un prix officiel inférieur à la valeur réelle du marché La marge est compensée par des paiements non-officiels sur des comptes offshore d’un paradis fiscal, contrôlés par Interholco. Le bois est ensuite revendu par Interholco selon le principe de pleine concurrence, soit à sa valeur réelle.

Cette sous-facturation systématique permet à Danzer d’échapper à la taxation (40 pc en RDC, 38 pc au Congo) de ses bénéfices réels et de réduire sa taxe à l’exportation (basée sur la valeur déclarée du produit). Pour les mêmes raisons, Siforco sous-facture les services (transports, usinage de grumes – les pièces de bois non équarries) aux autres filiales de Danzer. Et s’organise pour que les salaires des travailleurs expatriés soient soldés par un compte à l’étranger, de manière à éviter de payer à la RDC l’impôt exceptionnel des rémunérations des expatriés – 25 pc du salaire en monnaie locale. Sur la période 2002-2006, on estime que les deux pays aient été privés de 7,8 millions d’euros, soit 50 fois le budget du ministère congolais de l’Environnement.

Le 30 juillet, le gouvernement de la Rdcongo a entamé la revue de tous les anciens titres forestiers attribués à des sociétés pour une meilleure gestion des ressources naturelles du pays. Au total, 156 titres forestiers couvrant plus de 20 millions d’hectares (soit le tiers de la surface exploitable de RDC), devront être examinés par une commission interministérielle à laquelle participent des représentants d’ONG et des communautés locales.

Les titres, obtenus entre 1980 et 2005, seront soit validés et convertis en concessions forestières, soit annulés s’ils sont jugés illégaux. La RDC, dont la forêt constitue le deuxième poumon de la planète après l’Amazonie, exporte environ 200.000 m3 de bois, essentiellement brut, par an. Cette exploitation génère 49 millions de dollars, mais l’Etat congolais ne perçoit que 1,8 million USD de taxes et impôts.

Le 28 août, le Point de contact national britannique (PCN) a indiqué que la société minière britannique Afrimex a indirectement aidé au financement de la rébellion en République démocratique du Congo (RDC) en ne respectant pas les règles internationales du commerce de minerais. « Des soldats rebelles ont soutiré de l’argent de la chaîne d’approvisionnement de la société, facilitant ainsi le financement de leur campagne », a déclaré le Point de contact national britannique (PCN), l’organe gouvernemental chargé d’étudier les plaintes déposées au titre des Principes directeurs de l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) à l’intention des entreprises multinationales. L’enquête du PCN avait été lancée à la suite d’une plainte déposée en 2007 par Global Witness, une organisation britannique qui se fixe pour but de « mettre un terme aux liens entre ressources naturelles et conflits armés ». Global Witness accusait Afrimex d’avoir « versé de l’argent au Rassemblement congolais pour la démocratie-Goma (RCD-Goma), un groupe rebelle qui contrôlait la zone et perpétrait de graves atteintes aux droits de l’Homme ». Global Witness affirmait également que la société aurait « acheté des minerais produits dans des conditions extrêmement dures avec notamment une main-d’oeuvre forcée et infantile ».

PCN enjoint Afrimex à prendre des mesures « crédibles » pour veiller à ce que les forces militaires ne puissent pas extorquer de l’argent tout au long de la chaîne d’approvisionnement et exiger un engagement envers l’adoption de mesures adaptées pour s’assurer que les minerais ne proviennent pas de mines où travaille une main-d’oeuvre forcée et infantile.

Afrimex est l’une des entreprises britanniques citées en 2002 par le Panel d’experts des Nations Unies sur l’exploitation illégale des ressources naturelles en RDC comme ayant enfreint les Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales.

Lors d’une mission d’enquête dans l’est de la Rdc le mois de juillet dernier, Global Witness a découvert que les statistiques officielles de la division des mines de la province du Nord-Kivu pour l’année 2007 répertoriaient toujours Afrimex en tant qu’importateur de cassitérite (minerai d’étain) de Goma.