Le 19 et le 20 septembre, Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo (RDCongo), a été le théâtre de violences à caractère politique ayant fait plus de cinquante morts.
Trois choses à retenir
Selon l’Agence France Presse (AFP), il y a trois choses à savoir pour comprendre la crise politique congolaise.
– Quelle est l’origine de la crise?
La RDCongo traverse une période d’incertitude politique depuis la réélection contestée du président Joseph Kabila en novembre 2011, à l’issue d’un scrutin entaché de fraudes massives. Arrivé deuxième selon les résultats officiels, l’opposant Étienne Tshisekedi, fondateur de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), n’a cessé de rejeter la réélection de M. Kabila. Il se considère comme le « président élu » du pays et dénie toute légitimité au président Kabila et au Parlement. Le blocage institutionnel est tel qu’aucune élection directe n’a eu lieu depuis novembre 2011. Hormis le président, dont le mandat s’achèvera en décembre, et les députés nationaux, tous les élus qui étaient en fonctions en 2011 (députés provinciaux, sénateurs, gouverneurs) siègent toujours bien que leur mandat a expiré. Les gouverneurs des nouvelles provinces élus début 2016 l’ont été au scrutin indirect par des députés provinciaux hors mandat.
– Pourquoi ces violences, à Kinshasa?
Les Kinois n’ont jamais aimé Joseph Kabila qu’ils ont toujours considéré comme un « étranger » venu de l’est du pays. Lors des scrutins de 2006 et 2011, marqués par des violences électorales, la population avait voté à une très large majorité pour les concurrents les plus sérieux de M. Kabila : Jean-Pierre Bemba (2006) et M. Tshisekedi (2011). La crise économique que traverse le pays depuis bientôt un an contribue à aggraver les conditions de vie des Kinois (quelque 10 millions d’habitants dont la quasi-totalité se débat dans la misère) et à entraîner un sentiment de frustration et de rejet du pouvoir de M. Kabila.
– Pourquoi le 19 septembre?
La date du 19 septembre est symbolique. C’est à cette date que la Commission électorale aurait dû convoquer les élections présidentielles. En effet, selon la Constitution, les élections présidentielle sont convoquées par la Commission électoral 90 jours avant la fin du mandat du Président de la République en exercices. Il se fait que le deuxième et dernier mandat de l’actuel Président arriverà à sa fin le 19 décembre 2016. Le « Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement », une plateforme politique créée en juin dernier autour de Étienne Tshisekedi, avait appelé à manifester en ce jour dans tout le pays, à trois mois du terme du mandat de M. Kabila, pour lui signaler un « préavis » de trois mois, afin qu’il quitte le pouvoir le 20 décembre et que la Commission électorale organise d’ici-là la présidentielle.
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