Congo Actualité n. 477

LE MOUVEMENT DU 23 MARS (M23) VIOLE LE CESSEZ-LE-FEU: LES MASSACRES DE KISHISHE (NORD KIVU)

SOMMAIRE

1. ILS ONT ECHAPPÉ AU MASSACRE DE KISHISHE ET S’ENTASSENT DANS UN CAMP DE DÉPLACÉS
2. LE MESSAGE DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
3. LE DÉBUT DU DÉPLOYEMENT DE LA FORCE REGIONALE EAC EN RDC
4. LE MINI SOMMET DE LUANDA (ANGOLA)
5. LES CONSULTATIONS DE NAIROBI III (KENYA)
6. LES DÉCLARATIONS DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE
7. LES MASSACRES DE KISHISHE

1. ILS ONT ECHAPPÉ AU MASSACRE DE KISHISHE ET S’ENTASSENT DANS UN CAMP DE DÉPLACÉS

Ils ont vu des horreurs dans leur village de Kishishe, dans l’est de la République démocratique du Congo, se sont enfuis et ont marché, dans la peur et le froid, sur des dizaines de km, pour échapper aux violences du Mouvement du 23 mars (M23).
Selon le chemin emprunté, Samuel, Tuyisenge, Eric, Florence et d’autres ont parcouru 40 ou 60 km entre les collines, pour arriver dans un camp de déplacés appelé Mungote et situé près de Kitshanga, dans le territoire de Masisi après avoir fui les tueries du 29 novembre.
«Les rebelles du M23 ont commencé à tirer partout», raconte Samuel, un tout jeune homme, qui dit avoir vu de ses yeux six morts – trois membres de sa famille, dont son grand frère James, et trois autres habitants de Kishishe. «J’ai pris la décision de m’enfuir et j’ai mis une semaine pour arriver, à pied, à Kitshanga», déclare-t-il.
Tuyisenge, elle, est une mère de famille de 30 ans. «J’étais à l’église et j’ai pu m’échapper. Certains ont résisté et ont été tués. J’ai vu neuf morts», confie-t-elle, les larmes aux yeux. «J’ai sept enfants, mais je suis arrivée ici avec trois. Les quatre autres ont disparu et mon mari, je n’ai pas de nouvelles», ajoute-t-elle, entourée d’autres femmes qui elles aussi veulent raconter la terreur qu’elles ont vécue.  Elles n’ont rien, juste les habits qu’elles portaient quand elles se sont enfuies.
Un peu plus loin, au milieu des huttes des déplacés, Florence, 45 ans, explique avoir marché plusieurs jours pour arriver ici. Elle n’a pas de nouvelles elle non plus de son mari, ni de deux de ses enfants. «Au camp, celui qui a pitié de moi me donne des patates douces», souffle-t-elle tristement.
Eric est hanté par l’image des deux enfants de son grand frère qui «sont sortis de la maison en criant « il y a des tirs ». Ils ont reçu des balles juste à la porte et sont morts sur le coup, ils s’appelaient Jacques et Musayi».
Selon ses responsables, le camp de Mungote abritait déjà plus de 40.000 ménages et environ 4.000 de plus sont arrivés tout récemment. «Jusqu’à quatre familles dorment dans une hutte, des hommes, femmes et enfants. Les gens sont en train de mourir», déclare Vumilia Peruse, vice-présidente du camp. «Ils arrivent sans rien… Les autorités doivent intervenir au plus vite pour éviter une catastrophe», s’alarme-t-elle.
«Nous pensions que cette guerre était entre militaires et que nous serions épargnés», commente Toby Kahunga, président de la société civile de la chefferie (regroupement de villages) de Bashali. «Mais ils tuent les gens!», s’indigne-t-il, en demandant que «le président rwandais Paul Kagame retire ses troupes».[1]

2. LE MESSAGE DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

Le 3 novembre, face à la détérioration de la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC, notamment au Nord-Kivu, où le Mouvement du 23 mars (M23) appuyé par le Rwanda occupe plusieurs localités du territoire de Rutchuru, le Chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a appelé à la mobilisation générale, au de-là de tout clivage politique, idéologique, religieux et tribal:
«Le contexte d’agression et d’occupation des territoires dans le Nord-Kivu est perpétré par le groupe terroriste dit du M23, avec l’appui avéré en hommes et en logistique du Rwanda, occasionnant ainsi un drame humanitaire avec plus de 200 000 compatriotes forcés d’abandonner les zones de combats. Certes, cette situation n’est pas nouvelle. En effet, depuis plusieurs décennies des groupes armés nationaux et étrangers écument l’Est de notre pays, en y commettant des atrocités innommables sur fond d’exploitation illégale de nos ressources naturelles.
En effet, sous la fallacieuse accusation de soutien des FARDC aux FDLR, le Rwanda a en réalité des velléités expansionnistes avec comme intérêt principal l’appropriation de nos minerais et pour ce faire, il s’active à déstabiliser l’Est du Congo pour créer une zone de non droit en vue d’assouvir ses appétits criminels.
Au de-là de tout clivage politique, idéologique, religieux et tribal, la défense de la Mère-Patrie est le seul objectif qui doit nous unir en ce moment. Le pays nous appelle, la Nation a besoin de l’engagement de toutes ses filles et de tous ses fils.
J’invite ici nos vaillants soldats au sens élevé du patriotisme en ce temps particulièrement exceptionnel de notre histoire, pour défendre notre pays, protéger l’intégrité de son territoire et d’assurer la sécurité des Congolais contre toute agression ou attaque d’où qu’elle vienne.
J’appelle tous les compatriotes à ne pas céder aux propos xénophobes et autres discours de haine ou de stigmatisation des communautés rwandophones, dont l’asservisseur se sert pour faire du chantage. J’invite la jeunesse à s’organiser en groupe de vigilance, en vue d’appuyer, d’accompagner et de soutenir nos forces de défense et de sécurité dans l’accomplissement de leur noble mission.
En outre, tout en renouvelant mon appel lancé à nos jeunes qui en ont la vocation de s’enrôler massivement dans nos Forces armées, je réitère l’instruction faite au Chef d’Etat Major Général d’accélérer à cet effet la mise en place des centres de recrutement à travers les vingt-six provinces que compte notre pays.
Nous devons ensemble avoir conscience que nul autre que nous-mêmes ne viendra sauver notre nation et que cela exige de chacun de nous une mobilisation tous azimuts»[2].

a. Les réactions de la Société Civile

Le 4 novembre, le mouvement Citoyen la Lutte pour le Changement (LUCHA) a exprimé sa désapprobation du discours tenu par Félix Tshisekedi. En effet, dans une série de tweets, ce mouvement citoyen a affirmé que «le Chef de l’État a tenu la nation toute entière en haleine pour n’exprimer que ses lamentations et incantations absurdes», au moment où sur les différents fronts de guerre les terroristes du M23, bénéficiant du soutien rwandais et ougandais, continuent leur expansion et occupent une partie du territoire de Rutshuru.
La LUCHA a réitéré ses différentes propositions formulées pour arrêter le développement de la violence dans l’Est du pays. Parmi ces propositions, la LUCHA a appelé les autorités de la République, entre autre à la rupture des relations diplomatiques avec le Rwanda et l’Ouganda, accusés de soutenir les terroristes du M23, à l’arrêt des opérations conjointes avec toutes les armées étrangères, y comprise celle de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), au renforcement des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), à la levée imminente de l’État de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, à la réduction sensible du train de vie des institutions de la République tout en affectant les moyens économisés à l’effort de guerre dans l’Est, mais également à saisir immédiatement les Nations unies pour demander la création d’un tribunal pénal spécial pour la RDC afin de juger les auteurs des crimes commis sur le sol congolais depuis 1990.[3]

Le 7 novembre, la population d’Uvira au Sud-Kivu a demandé au Gouvernement de suspendre tout trafic frontalier entre la RDC et le Rwanda. «Nous demandons au gouvernement de suspendre jusqu’à nouvel ordre toutes les transactions frontalières et le transit avec les pays agresseurs», a déclaré un militant du mouvement citoyen Lutte pour le changement (LUCHA), François Igilima, lors d’une marche pacifique de protestation de la population contre l’agression de la RDC par le Rwanda. Parmi les propositions formulées à l’endroit des autorités du pays, les organisations de la société civile ont préconisé l’amélioration des conditions de vie et de travail des FARDC et l’instauration d’un service militaire obligatoire pour tous les jeunes sur toute l’étendue du territoire national. Selon la Société Civile ceci permettra de mobiliser, de cantonner, de préparer les activités des groupes de conscrits existants dans chaque province et d’apprêter la logistique nécessaire pour toute éventualité d’agression par les pays voisins.[4]

b. Les répercussions sur le Parlement et le Gouvernement

Le 8 novembre, les députés nationaux ont adopté une recommandation portant interdiction d’intégrer, de mixer et de brasser des éléments des groupes armés au sein des forces armées, de la police nationale et des services de sécurité de la République Démocratique du Congo. Cette recommandation sera adressée au gouvernement, afin de préserver les forces armées congolaises, la police nationale et autres services de sécurité de l’infiltration et autres conséquences néfastes (indiscipline, corruption, chaînes de commandement parallèles, nouvelles désertions et apparition de nouveaux groupes armés), comme cela s’est produit par le passé, lorsque la procédure d’intégration des groupes armés dans les services de défense et de sécurité de l’État semblait être la solution aux conflits et le moyen pour parvenir à la paix, sans toutefois tenir compte du fait que, normalement, les groupes armés sont responsables de se sont livrés à des massacres, aux kidnapping, aux pillages, à l’exploitation illicite des ressources naturelles, se rendant coupables de violations massives de droits de l’homme, de crimes sexuels, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, au préjudice des populations congolaises.[5]

Le 11 novembre, le ministre congolais des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, a déclaré que le gouvernement pourrait ouvrir la porte à une reprise des négociations avec le M23, mais pas à n’importe quel prix. «Nous pouvons avoir un dialogue avec le M23, mais nous ne négocierons jamais sur l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance de notre pays», a-t-il déclarer, avant d’énumérer une liste de conditions auxquelles doit se plier le M23: cesser ses activités criminelles, se retirer des localités occupées, autoriser les déplacés à revenir à leurs domiciles et que cesse tout soutien à tous groupes armés et dans le cas d’espèces le M23. «Si cela est fait, nous sommes ouverts à des discussions», a-t-il conclu.[6]

3. LE DÉBUT DU DÉPLOYEMENT DE LA FORCE REGIONALE EAC EN RDC

Début novembre, le Parlement kényan a approuvé le déploiement de 904 soldats dans le cadre de la force régionale de la communauté des Pays de l’Afrique de l’Est,  pour aider le gouvernement de la République démocratique du Congo à réprimer la violence dans l’est du pays riche en minerais.
Le président de la commission de la défense et des relations extérieures de l’Assemblée nationale, Nelson Koech, a déclaré que la contribution du Kenya à la force régionale de maintien de la paix aidera le pays à sécuriser ses intérêts, y compris un marché pour les marchandises à destination et en provenance de son port de l’océan Indien, et des entreprises telles que les banques kenyanes opérant au Congo, Le Kenya a prévu un budget de 4,45 milliards de shillings (36,6 millions de dollars) pour financer la mission de maintien de la paix pendant six mois. Si les troupes prolongent leur séjour, les coûts augmenteront à environ 6 milliards de shillings par an, a-t-il déclaré.
Le Kenya assurera le commandement de cette mission militaire qui, voulue par la CAE, comprend également des soldats du Burundi, de l’Ouganda et du Soudan du Sud.
Les soldats kényans et ougandais doivent se déployer aux côtés des militaires congolais dans le Nord-Kivu et en Ituri, l’armée sud-soudanaise dans le Haut-Uélé et les Burundais dans le Sud-Kivu. Un contingent rwandais sera déployé le long de la frontière, après que Kinshasa s’est opposé à la participation de Kigali à toute opération sur son sol.[7]

Le 12 novembre, un premier groupe des militaires Kenyans est arrivé à Goma (Nord-Kivu). Il s’agit d’une centaine de militaires sur un total des 900 prévus par le parlement kenyan.
Le déploiement d’une force militaire régionale pour «imposer» la paix dans l’Est de la RDC avait été décidé le 20 juin dernier, à l’issue du 3eme conclave des dirigeants des pays membres de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), à Nairobi au Kenya.[8]

Le 16 novembre, un deuxième contingent de l’armée Kényane composé d’environ une centaine d’hommes est arrivé dans la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.
Au cours d’une une conférence de presse, le général Jeff Nyagah, commandant de la force de l’Afrique de l’Est, a affirmé que, à ce stade, «on va d’abord privilégier le dialogue et la diplomatie car, dans plusieurs cas, la guerre n’a jamais ramené la paix». Il a ajouté que l’option militaire suivra en cas d’échec des négociations. Pour justifier ces affirmations, il a cité les processus de Luanda et de Nairobi qui sont en cours en vue d’une désescalade. Cette position contredit sur toute la ligne les déclarations faites par le Général-Major Jérôme Shiko Tshitambwe, chef d’état-major adjoint, chargé des opérations des FARDC qui, dans la même conférence de presse a déclaré: «J’espère que, avec votre arrivée, beaucoup de choses vont changer, en évoluant dans une mission offensive contre le M23, les FDLR et les forces de l’armée rwandaise, afin de ramener la paix dans notre pays la RDC».[9]

Le 21 novembre, l’armée ougandaise a annoncé qu’elle s’apprête à déployer un contingent de mille hommes dans l’Est de la RDC dans le cadre de la force régionale de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est. Cette annonce a eu lieu dans un contexte de méfiance entre Kinshasa et Kampala, car certains officiels congolais sont convaincus que,  comme le Rwanda, l’Ouganda aussi apporte son appui au M23. Plusieurs centaines de militaires ougandais sont déjà sur le sol congolais depuis plusieurs mois, dans le cadre de Shujaa, l’opération conjointe lancée depuis le 1er décembre 2021 contre les Forces Démocratiques Alliées (ADF) dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.[10]

4. LE MINI SOMMET DE LUANDA (ANGOLA)

Le 23 novembre, à l’invitation de João Manuel Gonçalves Lourenço, président de la République d’Angola et Médiateur désigné pour maintenir le dialogue entre la RDC et le Rwanda, un Mini Sommet sur la Paix et la Sécurité à l’Est de RDCongo s’est tenu à Luanda (République d’Angola). Ont participé à ce mini-sommet, Evariste Ndayishimiye, président de la République du Burundi er président en exercice de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, président de la République démocratique du Congo, Vincent Biruta, ministre des Affaires Etrangères et Coopération Internationale de la République du Rwanda, représentant de Paul Kagame et Uhuru Muigai Kenyatta, ancien président de la République du Kenya et Facilitateur désigné par la CAE pour la mise en œuvre du processus de paix de Nairobi.
Les chefs d’État ont d’abord constaté la détérioration de la situation sécuritaire et la poursuite des actions militaires du M23. Ils ont aussi mis en exergue l’armement de plus en plus sophistiqué dont dispose le M23 pour mener ses actions contre les forces armées de la RDC et souligné la persistance des forces négatives et terroristes dans l’est de la RDC, qui constituent une menace pour la paix, la sécurité et la stabilité dans la sous-région. À l’issue de ce Sommet, les chefs d’États ont décidé de la cessation des hostilités en général, et en particulier des attaques du M23 contre les FARDC et la MONUSCO à compter de ce vendredi, 25 novembre 2022 à 18h00.
Ils ont également décidé de la poursuite du déploiement intégral de la Force Régionale de l’EAC.
En outre, ils ont exigé le retrait du M23 des zones occupées et son repli dans ses positions initiales, vers les monts Sabyinyo, à l’Est de Rutshuru (côté RDC). Ils ont ainsi demandé le désarmement et le cantonnement du M23 en territoire congolais, sous le contrôle des FARDC, de la Force Régionale de l’EAC et du Mécanisme de Vérification, avec la collaboration de la MONUSCO, conformément aux conclusions de la Réunion extraordinaire des chefs d’Etat-Major Généraux des Forces Armées de l’EAC du 8 novembre 2022, tenue à Bujumbura (République du Burundi).
Ils ont décidé de l’intervention de la force régionale de l’EAC contre les M23, en cas de refus du M23 de cesser les hostilités et de se retirer des territoires occupés et cela conformément aux prescrits du Processus de Nairobi et au rapport de la réunion des Chefs d’Etat-Major de la CAE, qui s’est tenue à Bujumbura, le 8 novembre 2022.
Les participants à ce mini sommet ont aussi exigé la cessation de tout soutien politico-militaire au M23 et à tous les autres groupes armés locaux et étrangers opérant dans l’Est de la RDC et la Région. Ils ont aussi insisté sur la reprise et la poursuite des consultations entre le gouvernement de la RDC et les groupes armés locaux, y compris le M23 et ils ont recommandé l’accélération de la réalisation du Programme de Désarmement, Démobilisation, Réintégration Communautaire pour la Stabilisation (P-DDRCS), en cours en RDC. Ils ont enfin exprimé leurs vives préoccupations quant aux conditions dans lesquelles vivent des centaines des milliers de personnes déplacées dans les zones affectées par la guerre dans la province du Nord-Kivu et lancé un appel à la Communauté Internationale pour une assistance humanitaire en faveur de ces populations.[11]

Le 24 novembre, le porte-parole politique du Mouvement du 23 mars (M23), Lawrence Kanyuka, a déclaré que «le M23 a pris connaissance de ce document dans les réseaux sociaux. Normalement, quand il y a un cessez-le-feu, c’est entre les deux parties en guerre. Il n’y avait personne du M23 dans ce sommet, donc ça ne nous concerne pas vraiment». Le porte-parole du M23 a aussi affirmé que «le mouvement est toujours prêt à un dialogue direct avec le gouvernement congolais, pour résoudre les causes profondes du conflit».[12]

Le 25 novembre, selon un communiqué signé par Bertrand Bisimwa, président du M23, «la Direction du Mouvement du 23 mars a pris note du communiqué final de Luanda et remercie les dirigeants régionaux pour leurs inlassables efforts à trouver une solution pacifique au conflit en cours. Le M23 accepte le cessez-le-feu tel que recommandé par les chefs d’État. Cependant, il demande au gouvernement de Kinshasa de le respecter à son tour, faute de quoi le M23 se réserve le droit de se défendre. Le M23 sollicite une rencontre avec le médiateur du processus de paix de Luanda, le président João Lourenço de l’Angola et avec le facilitateur du processus de Nairobi, Uhuru Kenyata, ancien président kenyan, afin de discuter des points qui le concernent dans le communiqué final du mini-sommet du 23 novembre. en vue de rétablir une paix durable». Comme on peut constater, le M23 n’a exprimé aucune volonté de se replier vers leurs anciennes positions, tel que recommandé par les chefs d’États réunis à Luanda. D’autre part, le gouvernement congolais s’est dit catégoriquement opposé à des pourparlers avec le M23, qu’il qualifie de terroriste.[13]

Le 6 décembre, dans un communiqué signé à partir de Bunagana, le Mouvement du 23 mars (M23), alors qu’il est objet de plusieurs messages de désapprobation sur le plan national et international et qu’il est sous pression militaire sur le terrain, a annoncé pour la première fois être «prêt à se désengager et à se retirer» des territoires occupés, même s’il n’était pas représenté au mini-sommet de Luanda. Selon le communiqué, «le mouvement M23 demande une réunion avec la Force régionale d’Afrique de l’Est et le mécanisme de vérification, pour discuter des modalités de mise en œuvre des résolutions de Luanda. Il renouvelle sa demande de rencontrer le médiateur du processus de Nairobi et le facilitateur du processus de Luanda, pour discuter de la question de ses préoccupations. Il réitère sa volonté de dialoguer directement avec le gouvernement de la RDC, afin de trouver une solution aux causes profondes du conflit dans la RDC». Ce communiqué du M23 sort un jour après un nouvel entretien du secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, avec le Président rwandais Paul Kagame, sur la situation sécuritaire qui prédomine dans la partie orientale de la RDC, marquée par le soutien de Kigali au M23 qui occupe plusieurs agglomérations du Nord-Kivu, y commettant aussi des exactions, notamment le carnage d’une centaine de civils à Kishishe en date du 29 novembre dernier.[14]

5. LES CONSULTATIONS DE NAIROBI III (KENYA)

Le 18 novembre, dans un communiqué de presse publié à l’issue d’un appel téléphonique, le facilitateur de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) pour la paix en RDC, Uhuru Kenyatta, a déclaré que «le Président rwandais Paul Kagame a lui aussi reconnu la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat entre le M23 et les FARDC et que le président Kagame a également accepté d’aider le facilitateur de l’EAC à exhorter le M23 à se retirer des territoires conquis, conformément à la proposition faite par les chefs de défense régionaux lors de leur réunion à Bujumbura».[15]

Le 28 novembre, à Nairobi au Kenya, la troisième phase du processus de Nairobi pour la paix dans l’Est de la RDC s’est ouverte en présence du président du Burundi et président des États de l’Afrique de l’Est, Evariste Ndayishimiye, le président du Kenya, William Ruto, le facilitateur du processus Uhuru Kenyatta, le mandataire spécial du président de la République pour le processus de Nairobi, Serge Tshibangu. L’Union africaine et l’envoyé spécial des Nations unies pour la Région des Grands Lacs participent comme observateurs. Plusieurs représentants des groupes armés opérant dans l’Est de la RDC, des leaders communautaires, des organisations de la société civile participent à ces pourparlers de Nairobi. Le grand absent à ces assisses est le M23 qui n’a pas été invité. Ce mouvement rebelle poursuit sa conquête des espaces dans les territoires de Rutshuru et Masisi malgré l’appel au cessez-le-feu lancé par les chefs d’Etat à l’issu du mini-sommet de Luanda, consacré à la paix et la sécurité dans la partie Est de la RDC, tenu mercredi 23 novembre.
Au cours de la cérémonie d’ouverture des assises, les présidents congolais, ougandais et rwandais, Felix Tshisekedi, Yoweri Museveni et Paul Kagame, sont intervenus par visio-conférence.
Le Président congolais Félix-Antoine TShisekedi a appelé tous les groupes armés à déposer les armes et à intégrer le Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (DDRC-S). Le Président ougandais Yoweri Museveni a prévenu que les groupes armés congolais vont faire face à la force militaire de l’EAC, s’ils n’écoutent pas les appels lancés lors des processus de Luanda et Nairobi. De son côté, le Président Rwandais Paul Kagame a promis son soutien pour la réussite de ce troisième round du processus de Nairobi.
Une première consultation avait lieu en mai 2022 à Nairobi et une deuxième s’était tenue au mois d’aout à Goma en RDC.[16]

Le 30 novembre, le facilitateur de l’EAC pour ce processus de paix, Uhuru Kenyatta, a reçu les délégués des groupes armés  actifs dans les provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri, Maniema et Tanganyika. Au terme de ces consultations, il a affirmé que tous les groupes armés ont accepté de déposer les armes. Cependant, ces groupes armés ont fait des propositions pour sortir de la crise sécuritaire qui sévit dans l’Est de la RDC.
Le groupe armé «CODECO» de l’Ituri a demandé au gouvernement congolais d’exiger au groupe armé d’auto-défense «Zaïre» de déposer lui aussi les armes et de cesser d’attaquer ses positions. Le groupe armé «Zaïre» n’est pourtant pas représenté à Nairobi. Les groupes armés du Maniema souhaitent, quant à eux, le respect effectif des accords signés entre les groupes armés, les communautés, le gouvernement et l’entreprise «Banro» sur l’exploitation minière dans cette province. Ceux du Tanganyika sollicitent la sécurité de la communauté «TWA». Les groupes armés du Sud-Kivu ont exprimé, eux aussi, leur volonté de mettre fin aux combats. Certains ont proposé la reprise des pourparlers entre les communautés «Bembe» et «Banyamulenge»; d’autres le désarmement de tous les groupes armés étrangers dans la province. Les groupes armés du Nord-Kivu, ont demandé au facilitateur que soient désarmés les FDLR, les ADF et le M23.
Enfin, les différents groupes armés ont sollicité leur intégration au sein des services de sécurité, la libération de leurs compagnons faits prisonniers par l’armée et l’amnistie de leurs membres recherchés par la justice.[17]

Le 6 décembre, à Nairobi, la troisième session des consultations pour la paix est arrivée à sa conclusion. Selon le communiqué final, parmi les dix principales résolutions on peut citer:
Les signataires du communiqué de Nairobi III ont accepté d’adhérer au Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et réinsertion (PDDRC-S), bien qu’ils aient désavoué de manière unanime son principal animateur national au regard de son passé accablant. Le facilitateur s’est engagé à discuter de la question avec le Président de la République.
Des discussions auront lieu à ce sujet entre les représentants du gouvernement de la RDC et les communautés concernées. Le Président Félix Tshisekedi fera une déclaration publique à cet effet.
Les participants ont décidé de la mise en place d’un groupe de travail devant examiner et traiter la question des détenus et prisonniers des groupes armés et faire rapport aux instances judiciaires spécialisées, en vue d’une solution idoine, y compris la libération de tous ceux qui ne sont pas accusés d’avor commis des atrocités ou qui ne sont pas objet d’une condamnation pénale.
Le Facilitateur de Nairobi III, Uhuru Kenyata, s’est engagé à porter à l’attention du Chef de l’Etat congolais, les revendications d’intégration des membres des groupes armés dans l’armée régulière congolaise, bien qu’elles soient contraire à l’esprit du PDDRC-S.
Plusieurs groupes armés ont rappelé qu’ils ne déposeront pas les armes tant que les groupes armés étrangers continueront à opérer. Par conséquent, Uhuru Kenyatta, facilitateur de la Communauté est-africaine (EAC), a appelé tous les groupes armés étrangers à quitter la RDC: «Pour entrer en RDC, il faut passer par la porte, et pas par la fenêtre. Que tous les groupes armés étrangers rentrent chez eux, en laissant le Congo en paix». Pour que cela soit possible, il a recommandé aux gouvernement des leurs Pays d’origine (Rwanda Ouganda et Burundi) d’organiser des échanges avec eux, en vue de leur rapatriement, ce qui contribuerait au retour de la paix dans l’est de la RDC.
Les participants ont, en outre, demandé que le programme de développement des 145 territoires travaille en étroite collaboration avec le PDDRC-S afin de permettre l’intégration des membres des communautés en vue de créer des opportunités d’emploi, de commerce et d’entreprenariat au niveau local.
Concernant les communautés résidentes dans ou autours des parcs nationaux, le président Tshisekedi a accepté de les faciliter et les engager dans des projets écologiques et de les maintenir au cœur des efforts de conservation.
Sous les auspices du président Tshisekedi, une réunion sera organisée entre les représentants du gouvernement et les communautés locales du Maniema, afin de discuter de la manière dont la communauté peut être impliquée dans l’industrie minière de la Région et en bénéficier.
Enfin, une série de rencontres est prévue au mois de janvier 2023 dans les villes de Goma, Bukavu et Bunia pour évaluer les progrès réalisés.[18]

6. LES DÉCLARATIONS DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE

Le 18 novembre, dans un communiqué, les Envoyés Spéciaux des Etats-Unis, de la Belgique, de la France et du Royaume-Uni pour la région des Grands Lacs ont «condamné dans les termes les plus vifs l’avancée continue en République démocratique du Congo (RDC) du groupe armé illégal et sanctionné par les Nations Unies intitulé Mouvement du 23 mars (M23)». Ils ont noté que «la reprise des violences depuis le 20 octobre, notamment dans les villes de Rutshuru, Kiwanja, Rumangabo et Kibumba et leurs alentours, a sapé les efforts de paix et entraîné un accroissement de l’insécurité ainsi que de grandes souffrances humaines».
Ils ont appelé le M23 à se retirer immédiatement, à mettre fin à tout activité violant le droit international et à cesser les hostilités. «Nous réaffirmons notre soutien en faveur des efforts diplomatiques régionaux, notamment des processus de Nairobi et de Luanda, qui promeuvent la désescalade et créent les conditions d’une paix durable en RDC. Nous encourageons la reprise du dialogue à travers ces mécanismes et incitons les groupes armés non étatiques congolais à participer au processus de Nairobi. Tout soutien à des acteurs armés non étatiques doit cesser, y compris le soutien extérieur au M23», ont-ils dit dans leur communiqué. Et d’ajouter:  «Nous appelons les pays de la région à faire tout ce qui est en leur pouvoir, pour demander une cessation immédiate des hostilités et une reprise immédiate des consultations sur des étapes concrètes permettant de faire baisser les tensions actuelles. Nous réaffirmons notre attachement à la souveraineté et à l’intégrité territoriale des pays de la région des Grands Lacs».[19]

Le 24 novembre, soulignant le lien du M23 avec le Rwanda, le Parlement Éuropéen «a demandé au Rwanda de ne pas soutenir les rebelles du M23; a invité le Conseil de l’Union et ses États membres à imposer des sanctions à l’encontre des auteurs de violations des droits de l’homme dans l’est de la RDC au moyen du mécanisme mondial de sanctions en matière de droits de l’homme».
Le Parlement européen «a demandé que les sanctions à l’encontre des hauts commandants du M23 soient maintenues et étendues, afin d’inclure les responsables récemment reconnus responsables de graves exactions, ainsi que les hauts fonctionnaires de toute la région complices des exactions du groupe armé». demande au groupe armé du M23 de se retirer de ses positions, de se désarmer et demande à tous les groupes armés de la région de rejoindre à nouveau le dialogue intercongolais (processus de Nairobi) en vue d’un désarmement, d’une démobilisation et d’une réintégration dans les communautés; invite tous les acteurs étatiques de la région à cesser toute coopération avec le M23 et d’autres groupes armés dans la région; prie instamment tous les gouvernements concernés de veiller à ce que tout règlement politique ne comporte pas d’amnistie pour les responsables de crimes internationaux graves et à ce que les commandants du M23 qui ont commis des exactions ne soient pas autorisés à intégrer les forces armées de la République démocratique du Congo».[20]

Le 5 décembre, le secrétaire d’Etat américain, Antony J. Blinken, a discuté avec le Président rwandais de l’importance de la paix et de la stabilité dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Il a appelé le Président rwandais Paul Kagame à cesser toute assistance à la rébellion du M23: «Tout soutien extérieur à des groupes armés non étatiques en RDC doit cesser, y compris l’assistance du Rwanda au M23». En ce qui concerne la RDC, Antony J. Blinken a en outre condamné «la résurgence du discours de haine et de l’incitation publique à la haine à l’encontre des communautés rwandophones» et a rappelé les conséquences réelles et horribles de ce type de rhétorique par le passé.[21]

7. LES MASSACRES DE KISHISHE

Malgré l’appel de cessez-le-feu lancé par les Chefs d’Etat de l’EAC pour le processus de paix en cours à Luanda (Angola), une dizaine de groupes armés est impliquée dans les affrontements contre les rebelles du M23. Cela, pendant que les délégués desdits groupes armés participent actuellement aux consultations de Nairobi 3. Ces combats qui se poursuivent occasionnent, entre autres, plusieurs cas de représailles contre les civils.
Les  principaux groupes armés impliqués dans ces combats sont notamment le NDC-Rénové de Guidon Shimwerayi, l’APCLS de Janvier Karairi, le CMC-Nyatura de Domi, le FPP/AP de Kabidon, le NDC-Rénové de Fidèle Mapenzi, l’AFRC de Kakule Je t’aime et … les FDLR.
Des affrontements entre le M23 et ces groupes sont notamment signalés dans les groupements de Bishusha et Bambo, chefferie de Bwito, mais aussi à Kisigari, Rugari et Binza, chefferie de Bwisha. dans le territoire de Rutshuru.
Si certains activistes et mouvements citoyens encouragent le fait que cette intervention des miliciens locaux retarde l’avancée des M23 vers les grandes agglomérations du Nord-Kivu, comme Kitshanga, Kibirizi, ou Nyamilima, elle ouvre, cependant, des voies à plusieurs actes de représailles. Dans les villages où le M23 essuie des attaques de la part de ces miliciens et des FDLR, des civils qui sont considérés comme Maï-Maï ou complices des FDLR sont tués ou pris en otage par le M23. De tels cas sont déjà décriés à Kishishe, Kisharu et Rugari.[22]

Le 29 novembre, des combats ont opposés le M23 aux combattants des groupes armés de FDLR et de Maï-Maï Nyatura au village Kishishe, dans le groupement Bambo, territoire de Rusthuru (Nord-Kivu). À l’issue de ces affrontements, le M23 a repris le contrôle de Kishishe qu’il avait perdu la semaine antérieure, à l’issue des accrochages avec les FARDC, les miliciens et les FDLR. Lors de ces affrontements, le M23 a effectué des représailles à la fois contre certains civils qui étaient encore sur place, ou contre les miliciens locaux capturés.  Des sources diversifiées dans la zone ont précisé que les combats entre le M23 et certains groupes armés locaux et étrangers (dont les FDLR) ont commencé une dizaine de jours auparavant, surtout entre Kitshanga et Chumba, groupement de Bishusha, entre Katale et Biruma, dans le territoire de Rutshuru et entre Nkwenda et Kisharu, dans le groupement Binza.[23]

Dans la période comprise entre le 15 et le 30 novembre, la société civile de Rutshuru a enregistré environs 250 personnes tuées par le M23 dans les 3 groupement suivants:
– Groupement de Binza: à Kisharo, 29 corps ont étés enterrés et jusqu’à présent la fouille continue.
– Groupement de Bambu: 150 personnes, dont 60 femmes et enfants, ont étés tuées dans l’église adventiste de Kishishe. Les 90 autre personnes ont étés tuées dans plusieurs localités du groupement, dont: Kirumba, Kapopi, Bambu centre et même Kishishe.
– Groupement de Tongo: 64 personnes ont étés tués à Rusekera, Muhindo et Bugina.[24]

Le 5 décembre, dans un point de presse, Julien Paluku, ministre congolais de l’Industrie et ancien gouverneur du Nord-Kivu  de 2007 à 2019, a révélé que le bilan du massacre commis à Kishishe est passé d’une centaine de morts à 272 civils tués. Il a démenti les affirmations du gouvernement de Kigali et du Président rwandais Paul Kagame, selon lesquels les gens qui ont été tuées à Kishishe sont des FDLR et des membres des groupes armés qui ont attaqué le M23. Selon le ministre Julien Paluku, les victimes sont des civils. La preuve c’est le fait que plusieurs victimes ont été tuées dans une église adventiste. Le ministre de l’industrie a évoqué une guerre liée à des motifs économiques pour accéder aux mines de la région: À Kishishe, l’armée rwandaise poursuit la mine de SOMIKIVU qui détient un minerai nécessaire pour la fabrication des fusées. À Masisi, c’est le coltan que le Rwanda veut piller.[25]

Le 7 décembre, lors de la 21ème session de l’Assemblée annuelle des Etats parties au Statut de Rome en cours à La Haye (Pays-Bas), la ministre de la Justice, Rose Mutombo, a appelé la Cour pénale internationale (CPI) à ouvrir une enquêtes judiciaire internationale, afin que les auteurs et co-auteurs des massacres à l’Est de la RDC, y compris ceux de Kishishe, répondent de leurs actes devant la justice. Avant son départ pour La Haye, la ministre de la justice avait reçu des instructions du Chef de l’Etat pour l’ouverture, sans délai, d’une enquête au niveau interne et, en même temps, d’œuvrer pour une enquête au niveau international, afin de faire la lumière sur ce massacre de Kishishe.[26]

Le 7 décembre, la Mission de l’ONU en RDCongo (MONUSCO) a confirmé que les rebelles du M23 ont tué environ 131 civils à Kishishe et environs, dans le groupement Bambo, territoire de Rutshuru (Nord-Kivu): «Une enquête préliminaire du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) et de la MONUSCO a permis de confirmer que les rebelles du M23 ont tué au moins 131 civils (102 hommes, 17 femmes et 12 enfants) au cours d’actes de représailles contre les populations civiles perpétrés les 29 et 30 novembre, à Kishishe». La MONUSCO a ajouté que, à Kishishe et ses environs, les rebelles du M23 ont aussi blessé huit personnes, kidnappé 60 autres, violé au moins 22 femmes et cinq filles.
Les enquêtes ont eu lieu à Rwindi (20 km de Kishishe), où se trouve une base de la MONUSCO, et où des victimes et témoins ont trouvé refuge après les incidents. En raison des contraintes de sécurité dues au fait que Kishishe est pour le moment contrôlée par le M23 et du risque élevé de représailles contre les victimes et les témoins encore présents dans la zone, l’équipe n’a pas pu se rendre à Kishishe. Cependant, les enquêteurs de la MONUSCO et du BCNUDH souhaitent se rendre dans les plus brefs délais à Kishishe, pour poursuivre les investigations. Le bilan de l’enquête préliminaire pourrait donc évoluer.
Selon la MONUSCO, ces violences ont été commises dans le cadre d’une campagne de meurtres, de viols, d’enlèvements et de pillages contre ces deux villages du territoire de Rutshuru, en représailles à des affrontements entre le M23 et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR-FOCA) et des groupes armés Mai-Mai Mazembe et Nyatura, Coalition des Mouvements pour le Changement (CMC). La mission onusienne condamne la violence innommable contre les civils et appelle à un accès sans restriction aux lieux des faits et aux victimes pour une assistance humanitaire d’urgence. Elle salue la décision des autorités congolaises d’ouvrir une procédure judiciaire contre les auteurs de ces violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire. La MONUSCO affirme être prête à contribuer à ces efforts et appelle à une cessation immédiate des violences contre les civils. La mission de l’ONU réitère également l’appel de son Secrétaire général pour que les groupes armés congolais et étrangers déposent immédiatement les armes et s’engagent dans les processus de paix.[27]

[1] Cf AFP – Actualité.cd, 11.12.’22
[2] Texte complet: https://actualite.cd/2022/11/04/avancee-du-m23-discours-de-felix-tshisekedi-integralite
https://congovirtuel.com/information/rdc-discours-de-felix-antoine-tshisekedi-tshilombo-a-la-nation-du-03-novembre/
[3] Cf Monge Junior Diama – Politico.cd,04.11.’22
[4] Cf ACP – Politico.cd, 09.11.’22
[5] Cf Christian Okende – Politico.cd, 08.11.’22
[6] Cf Hubert Leclercq – Lalibre.be/Afrique, 13.11.’22
[7] Cf Stéphie Mukinzi – Politico.cd, 10.11.’22
[8] Cf Radio Okapi, 12.11.’22
[9] Cf Glody Murhabazi – 7sur7.cd, 16.11.’22; Actualité.cd, 16.11.’22
[10] Cf Actualité.cd, 21.11.’22
[11] Cf Jephté Kitsita – 7sur7.cd, 23.11.’22; Radio Okapi, 24.11.’22; Monge Junior Diama – Politico.cd, 23.11.’22
[12] Cf AFP – Actualité.cd, 25.11.’22
[13] Cf Isaac Kisatiro – 7sur7.cd, 26.11.’22; Radio Okapi, 26.11.’22
[14] Cf Stéphie Mukinzi – Politico.cd, 06.12.’22
[15] Cf Radio Okapi, 19.11.’22
[16] Cf Radio Okapi, 28.11.’22
[17] Cf Radio Okapi, 01.12.’22
[18] Cf Radio Okapi, 06.12.’22; Jephté Kitsita – 7sur7.cd, 06.12.’22; Siméon Isako Cas.info.ca, 06.12.’22; Monge Junior Diama – Politico.cd, 07.12.’22
[19] Cf Actualité.cd, 18.11.’22; Radio Okapi, 19.11.’22
[20] Cf Actualité.cd, 25.11.’22; Radio Okapi, 25.11.’22
[21] Cf Radio Okapi, 06.12.’22; AFP – Lalibre.be, 06.12.’22
[22] Cf Radio Okapi, 30.11.’22
[23] Cf Radio Okapi, 29 et 30.11.’22
[24] Cf Aimé Mukanda Mbusa – Congovirtuel.com, 03.12.’22
[25] Cf Clément Muamba – Actualité.cd, 06.12.’22 ; David Mukendi – Politico.cd, 06.12.’22
[26] Cf Radio Okapi, 08.12.’22; Odon Bakumba – Politico.cd, 07.12.’22
[27] Cf Radio Okapi, 08.12.’22