Congo Actualité n. 441

LE PRÉSIDENT CONGOLAIS IMPOSE L’ÉTAT DE SIÈGE AU NORD-KIVU ET EN ITURI ET LES USA RECONNAISSENT LES ADF COMME GROUPE TERRORISTE AFFILIÉ À DAECH

SOMMAIRE

1. ÉTAT DE SIÈGE AU NORD-KIVU ET EN ITURI
a. La décision du Chef de l’État annoncée en Conseil des Ministres
b. Quelques réactions
c. Les ordonnances présidentielles
2. LES USA RECONNAISSENT LES ADF COMME GROUPE TERRORISTE AFFILIÉ À DAECH
a. Le communiqué du Département d’État
b. Un rapport de l’Université George Washington
c. Le Groupe d’experts de l’ONU n’a pas pu confirmer aucun lien direct entre les ADF et l’EIIL
d. Les ADF et l’État Islamique à Beni: fantasmes ou réalité?

1. ÉTAT DE SIÈGE AU NORD-KIVU ET EN ITURI

a. La décision du Chef de l’État annoncée en Conseil des Ministres

La situation sécuritaire en Ituri et au Nord-Kivu devient de plus en plus inquiétante. L’épicentre de l’insécurité reste la région de Beni où l’armée combat les rebelles des Forces Démocratiques Alliées (ADF) accusés des massacres à grande échelle des civils depuis plus de six ans. Ces rebelles ont étendu leur violence jusqu’en Ituri où d’autres groupes armés, tel que la CODECO, écument la population. Selon un rapport de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO), pour la seule année 2020, 2000 personnes ont été tuées en Ituri, tandis qu’à Beni depuis 2013, le rapport parle de 6.000 personnes tuées. Plus d’1,2 million de congolais ont ainsi été déplacés en 2020 dans les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri.[1]

Le 30 avril, le Chef de l’État, Félix Tshisekedi, commandant suprême des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et de la Police Nationale Congolaise (PNC), a annoncé au conseil des ministres sa décision de décréter un état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Cette décision a été prise «au regard de la gravité de la situation dans ces deux provinces, conformément à l’article 85 de la constitution», a annoncé le ministre de l’Information et des Médias, Patrick Muyaya, tard dans la soirée à la télévision officielle (RTNC), lors de la lecture du compte rendu du premier conseil des ministres.
L’état de siège a été décrété après concertation entre le chef de l’Etat, le premier ministre et les deux présidents des deux chambres du parlement, après l’avis favorable du conseil supérieur de la défense. Une ordonnance présidentielle sanctionnant cette décision sera rendue publique dans les prochains jours, a précisé Patrick Muyaya. Selon lui, l’objectif poursuivi est de mettre rapidement fin à l’insécurité qui décime quotidiennement la population locale.[2]

L’article 85 de la constitution prévoit que, « lorsque des circonstances graves menacent, d’une manière immédiate, l’indépendance ou l’intégrité du territoire national ou qu’elles provoquent l’interruption du fonctionnement régulier des institutions, le Président de la République proclame l’état d’urgence ou l’état de siège, après concertation avec le Premier ministre et les Présidents des deux Chambres, conformément aux articles 144 et 145 de la présente Constitution. Il en informe la nation par un message. Les modalités d’application de l’état d’urgence et de l’état de siège sont déterminées par la loi ».
En temps de paix, l’état de siège est un régime exceptionnel et temporaire proclamé par un gouvernement pour faire face à un péril national imminent (insurrection armée ou invasion étrangère), en vue du maintien de l’ordre public. Des prérogatives exceptionnelles sont octroyées au gouvernement avec, notamment, un transfert des compétences des autorités civiles aux autorités militaires, une suspension de l’effet des lois ordinaires et une limitation des libertés individuelles.
Parmi les principales dispositions pouvant être prises sur le territoire concerné par un état de siège: remplacement de la police par l’armée, pour assurer la sécurité publique; restriction de certaines libertés (circulation, manifestation, expression); contrôle des médias; entrée en vigueur d’un couvre-feu; remplacement des tribunaux civils par des tribunaux militaires; surveillance accrue de la population.[3]

b. Quelques réactions

Des réactions fusent de partout après l’annonce de la décision du chef de l’État Félix Tshisekedi de décréter l’état de siège au Nord-Kivu et en Ituri.
L’abbé Télesphore Malonga, enseignant de Droit constitutionnel à l’Université catholique du Graben et président de la société civile de Butembo s’inquiète, par exemple, de l’absence d’une loi qui précise les modalités d’application de l’état de siège, tel que l’exige l’article 85 de la constitution: «Jusqu’à présent notre parlement n’a jamais voté une loi qui réglemente ces genres de choses. Or la constitution recommande qu’il y ait une loi qui réglemente l’état de siège et l’état d’urgence. Cette loi devrait préciser comment les libertés des gens vont être gérées pendant l’état d’urgence et l’état de siège».
À propos d’un éventuel  remplacement de l’administration civile (Gouverneurs, maires) par une administration militaire, Joseph Thata, ancien conseiller à la présidence de la république et chercheur en droit de sécurité à l’UCG-Butembo, appelle au toilettage de l’armée, avant la désignation des militaires qui vont diriger ces entités pendant l’état de siège car, selon lui, «certains officiers se retrouvent impliqués dans des sales besognes, telles que les trafics d’armes et munitions vendues à l’ennemi et le commerce illégal du cacao, du bois et des minerais qu’ils exportent frauduleusement à traverser la frontière avec l’Ouganda. Tout cela pousse l’opinion à croire que l’armée constitue plutôt un danger qu’une garantie de sécurité».[4]

Le professeur Chober Agenonga, expert en sociologie militaire et enseignant à l’Université de Kisangani, dans le Nord-est de la RDC, a déclaré que l’état de siège décrété par le chef de l’État Félix Tshisekedi dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri est «une argutie juridique et une rhétorique creuse», car il s’agit d’une approche qui n’est pas adaptée à la crise sécuritaire de l’est:
«L’état de siège qui consiste au transfert de pouvoir des autorités civiles aux militaires, ne constitue qu’une approche minimaliste qui voit les menaces sous le seul angle militaire, alors qu’il y a d’autres implications qui requièrent d’autres approches, notamment des approches sociales, communautaires, politiques, judiciaires, etc. Voilà pourquoi je dis que l’état de siège ne constitue pas une riposte adaptée à la situation sécuritaire actuelle de l’est».
Et de poursuivre: «Au sein même de l’armée, il y a un dysfonctionnement qui constitue une entrave au professionnalisme et à l’efficacité de cette armée. Il s’agit, entre autre, du sous-équipement des militaires et du détournement de la solde des militaires. Dans certains milieux, on peut constater que les miliciens bénéficient de la complicité de certains membres de leurs communautés. Il y a aussi la question liée au faible encadrement des jeunes qui les prédispose à s’enrôler au sein des groupes armés. Autant de questions qui expliquent, de manière tout à fait claire, le fait que l’état de siège décrété ne va pas apporter des solutions durables au problème sécuritaire de l’est. Par conséquent, il serait de notoriété publique que le chef de l’État revienne sur ses mesures, qu’il pose d’abord un diagnostic exact des racines et des causes profondes de cette insécurité, avant de prendre un train de mesures adaptées aux dynamiques sécuritaires du terrain».
Enfin, Chober Agenonga propose entre-temps un plan de sortie de crise articulé autour de 9 propositions :
1. La restructuration de l’armée autour d’une chaîne de commandement professionnel et patriote.
2. L’allocation des moyens logistiques et financiers conséquents aux militaires, tout en instaurant la transparence dans la gestion de ces moyens et les contrôles efficaces, en vue d’éviter le détournement par les officiers et le transfert des armes et munitions vers les groupes armés.
3. Le renforcement de la collaboration et de la confiance entre civils et militaires, car aucune guerre ne peut se gagner sans la confiance de la population.
4.L’accélération du DDR volontaire et forcé pour contraindre les groupes armés à la reddition.
5. La reconstruction des zones affectées par les violences et la mise en place des projets durables, susceptibles de procurer de l’emploi aux jeunes qui, faute d’encadrement, sont devenus une main-d’œuvre aux mouvements subversifs.
6. La restauration et le renforcement de l’autorité de l’Etat, pour éviter que de nouveaux groupes armés se forment du fait de la vacuité et de la déshérence du pouvoir.
7. Le rétablissement de la cohésion intercommunautaire rompue à cause de l’instrumentalisation des milices à connotation tribale responsables des massacres des membres d’autres communautés.
8. La mise en place d’une justice transitionnelle chargée de réprimer tous les responsables des crimes durant ces conflits.
9. Une diplomatie à la fois agissante et proactive pour contrôler et dissuader les réseaux extérieurs qui soutiennent les groupes armés en RDC.[5]

Dans un communiqué de presse, le mouvement citoyen Lutte pour le Changement (LUCHA) a dit redouter que l’état de siège ne soit que «une mesure cosmétique destinée à donner l’impression qu’on agit pour mettre fin aux massacres alors que, en réalité, on maintient le statu quo» et a demandé au Chef de l’État, Félix Tshisekedi, de surseoir l’état de siège décrété dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. À la place, Lucha invite le Président de la République à considérer plutôt la convocation urgente d’un dialogue tripartite Gouvernement-MONUSCO-Société civile de la région. Selon ce document, la LUCHA justifie la raison de cette demande dans le but d’entamer une procédure d’évaluation sans plaisanterie de la situation d’insécurité, y compris des causes et des facteurs des massacres, ainsi que des raisons de l’échec des opérations militaires successives. Elle a également suggéré de: «formuler des pistes de solution et adopter une feuille de route pour le rétablissement de la paix et la protection effective des civils dans la région, avec des indicateurs claires et des mécanismes de suivi adéquats».[6]

Pierre Boisselet, coordonateur du Baromètre sécuritaire du Kivu, un projet du Groupe d’études sur le Congo (GEC), s’est dit dubitatif de l’opportunité de la mise en place de cet état de siège et il a affirmé que l’état de siège ne va pas résoudre la problématique de l’insécurité dans l’Est du pays.
Il a rappelé que, en 2019, plusieurs opérations militaires ont été lancées en Ituri et dans le territoire de Beni et que “les massacres des civils se sont multipliés” après le lancement de ces opérations: «En juin 2019, on a lancé l’opération « zaruba ya Ituri » en Ituri et, en octobre de la même année, on a lancé l’offensive « de grande envergure » contre les ADF, sur le territoire de Beni au Nord-Kivu. A Beni, les massacres des civils se sont multipliés après le lancement de ces opérations. Chasser un groupe d’une zone ne change pas fondamentalement le problème s’il se déplace un peu plus loin, ou si un autre vient prendre sa place immédiatement après. Je constate en tout cas que, moins de deux ans après le lancement de ces opérations, le Président semble lui-même considérer que la situation s’est aggravée, puisqu’il proclame l’état de siège. A-t-on fait le bilan de ces opérations passées, pour espérer faire mieux cette fois?».
Pierre Boisselet a déclaré ne pas être persuadé que c’est l’état de siège qui manquait pour que l’Est soit pacifié. Il a regretté que, «dans le programme du gouvernement, on semble envisager les problèmes de l’Est essentiellement sous l’angle militaire, et la décision sur l’Etat de siège semble confirmer cela. Il sera difficile d’y parvenir sans une stratégie globale». Pour ce faire, Pierre  Boisselet a proposé la mise en place d’une stratégie globale capable de faire intervenir les différents  services de l’État: «Une telle stratégie devra faire intervenir des services très divers de l’Etat: les services de renseignement, la police, la justice, la diplomatie, les services du programmes de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR), etc. Il faut pouvoir identifier les soutiens que les groupes armés reçoivent et les empêcher. Et aussi identifier les causes profondes des conflits, pour les résoudre. Les FARDC font partie de la solution, c’est certain. Mais elles ont besoin d’être réformées pour agir efficacement. Elles ont besoin de plus de moyens, d’une meilleure organisation, d’un meilleur contrôle, et d’une meilleure discipline, de la base jusqu’au sommet».[7]

Le député national élu à Goma (Nord-Kivu), Jean-Baptiste Muhindo Kasekwa, juge inefficace la décision du Président de la République décrétant l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. À l’en croire, «c’est un faux remède qui démontre que le diagnostic que nous avons toujours présenté à la haute hiérarchie militaire n’est pas pris en compte. L’échec des différentes opérations militaires qui ont été lancées depuis les années 1990 dans l’Est du Pays, n’est pas dû au fait que les militaires n’exerçaient pas les pouvoirs politiques et administratives. L’échec est dû au fait de la complicité de certains militaires avec les groupes armés dans des économies criminelles, notamment l’exploitation des minerais, du bois, du cacao et autres. L’échec est dû à la complicité entre certains officiers FARDC et les groupes armés qui achètent auprès d’eux d’importantes quantités d’armes, de munitions et de tenues militaires. L’échec des opérations est dû au détournement des fonds alloués aux opérations militaires à partir de Kinshasa. On peut débloquer 2 millions USD, mais à Beni on ne recevra que 5.000 USD ou 50.000 USD. L’échec est dû au détournement de la solde des militaires, de la ration des militaires. L’échec des opérations est dû à des effectifs fictifs; on va présenter un effectif de régiment de plus de 1700 éléments alors qu’en réalité il ne contient que 300. Il s’ensuit que la paie des autres 1400 est détournée au profit de quelques officiers. Est-ce que c’est l’état de siège qui va corriger toutes ces bavures? En tout cas, la nomination d’un un militaire comme gouverneur, administrateur de territoire, chef de collectivité ou de groupement n’est probablement pas la réponse la plus adéquate pour remédier aux échecs des opérations militaires jusqu’ici menées».[8]

c. Les ordonnances présidentielles

Le 3 mars, à la Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC), le porte-parole du chef de l’État, Kasongo Mwema Yamba Yamba, a procédé à la lecture des deux ordonnances signées par le Président de la République Félix Tshisekedi sur les conditions de mise en œuvre de l’état de siège dans le Nord-Kivu et l’Ituri, à partir du 6 mai 2021. Selon ces ordonnances:
«Pendant l’état de siège, les Gouvernements provinciaux de l’Ituri et du Nord-Kivu sont composés respectivement d’un gouverneur militaire et d’un vice-gouverneur policier.
Les gouvernements provinciaux ainsi que les assemblées provinciales desdites provinces, tels que définis dans l’article 188 de la constitution, sont suspendus et leurs prérogatives sont transférées aux autorités militaires provinciales visées à l’alinéa précédent. Toutefois, les membres des gouvernements provinciaux et Assemblées provinciales suspendues continuent à jouir de leurs avantages sociaux.
Les gouverneurs relèvent du ministre ayant la Défense nationale dans ses attributions. Le cabinet du gouverneur de province est composé de 5 collaborateurs nommés et le cas échéant relevés de leurs fonctions par arrêté du gouverneur de province. Les autorités provinciales disposent de l’administration publique de la province, de la police nationale congolaise et de tous les services nationaux en province.
Les autorités des entités territoriales décentralisées et déconcentrées de ces provinces sont nommées et le cas échéant relever de leurs fonctions par ordonnance présidentielle sur proposition du gouvernement, le conseil supérieur de la défense entendu.
Les fonctions du gouverneur et vice-gouverneur et des autres autorités des entités territoriales décentralisées et déconcentrées prennent fin à l’expiration du délai prévu pour l’état de siège sauf en cas de prorogation conformément à la constitution. Toutefois, il peut être mis fin aux fonctions des gouverneurs et vice-gouverneurs militaires par ordonnance présidentielle avant la fin de l’état de siège en cas de nécessité.
Dans l’accomplissement de leurs missions, les autorités provinciales militaires sont investies des prérogatives exorbitantes de la légalité normale, dans la limite du respect de la dignité humaine, du respect de la vie et de la propriété privée. Ils ont notamment les pouvoirs de
– Faire des perquisitions de jours et de nuits dans les domiciles;
– Éloigner les repris de justice et les individus qui n’ont pas leurs domiciles dans les lieux soumis à l’état de siège;
– Rechercher et ordonner la remise des armes et munitions;
– Interdire les publications et les réunions qu’elles jugent de nature à exciter ou à porter atteinte à l’ordre public;
– Interdire la circulation des personnes ou des véhicules dans les lieux et heures qu’elles fixent;
– Instituer des zones de protection ou de sécurité où le séjour des personnes est réglementé;
– Interdire le séjour, dans toute ou partie de la province, à toutes personnes cherchant à entraver de quelque manière que ce soit l’action du pouvoir public;
– Interpeller toute personne impliquée dans les troubles de la paix et de l’ordre public et la déférer devant les juridictions militaires compétentes;
– Prendre toute décision qu’elles jugent utile dans l’accomplissement de leurs missions.
Pendant toute la durée de l’état de siège, le gouverneur militaire à la conduite des opérations. En outre, il a le plein pouvoir de gestion de police et de maintien de l’ordre dans la province désignée, il décide sur toutes les questions, sauf celle qui relève de la compétence des autorités nationales.
Pour toute la durée de l’état de siège, la compétence pénale des juridictions civiles est dévolue aux juridictions militaires».[9]

L’état de siège devrait durer un mois et être renouvelé tous les 15 jours. Pendant cette période, en aucun cas il ne sera dérogé aux droits et principes fondamentaux ci-après:
– Le droit à la vie,
– L’interdiction de la torture et des peines ou traitement cruel, inhumain ou dégradant,
– L’interdiction de l’esclavage et de la servitude,
– Le principe de la légalité des infractions et des peines,
– Le droit de défense et le droit de recours,
– L’interdiction de l’emprisonnement pour dettes,
– La liberté de pensée, de conscience et de religion.
D’après l’ordonnance présidentielle, les immunités et autres privilèges ne sont pas d’application pendant l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.
Dans un discours enregistré, le Président Félix Tshisekedi a demandé:
– Au gouvernement, de ne ménager aucun effort pour assurer la logistique nécessaire aux forces armées déployées au front.
– À la classe politique toute entière, de ne mener aucune action de nature à saboter ni à décourager les forces armées.
– Aux médias et à la Société Civile, d’appuyer l’action des forces armées.
– Aux populations locales, de coopérer étroitement avec les autorités militaires déployées, en dénonçant les ennemis du peuple et toute complicité.[10]

Le 4 mai, le Président Félix Tshisekedi a nommé par ordonnance le lieutenant général Luboya Nkashama Johnny, gouverneur militaire du Nord-Kivu et le commissionnaire divisionnaire Alonga Boni Benjamin, vice-gouverneur de la même province. Le lieutenant général Ndima Konguba est nommé gouverneur militaire de la province de l’Ituri. Il est secondé par le commissaire divisionnaire Ekuka Lipopo, désigné vice-gouverneur.
Originaire de l’espace Kasaï, le général Luboya Nkashama est un ancien de la rébellion du RCD – Goma, proche du Rwanda, qui a déjà administré cette province dans le passé, Cette nomination est déjà contestée par certaines organisations de la société civile.
Le général Constant Ndima Kongba provient de la rébellion du MLC, considéré comme proche de l’Ouganda. Il est cité dans un rapport d’enquête de l’ONU comme l’un des commandants de l’opération appelée « Effacer le tableau » en Ituri. Des combattants dont ceux du MLC avaient été accusés d’avoir massacré et violé des Nandés et des Pygmées, suspectés d’être proches d’une autre rébellion. C’était entre 2002 et 2003. De sa part, le MLC dément la participation du général Ndima dans une quelconque exaction en Ituri, il n’était pas sur place. L’ancienne rébellion devenue parti politique rappelle avoir tenu un procès sur l’opération « Effacer le tableau » à Gbadolite en février 2003. Constant Ndima ne faisait pas partie des 19 condamnés.
Le commissaire divisionnaire Benjamin Alonga Boni est un ancien du MLC, il était l’adjoint du général Numbi pendant l’assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, il avait témoigné au procès comme simple renseignant, c’est l’un des derniers officiers à avoir quitté l’inspection générale de la police le jour de l’assassinat.
Pour David Ung’Yertho, un notable de l’Ituri, les craintes portent sur le comportement des militaires. «Tous ces militaires et ces officiers étaient dans des bandes criminelles… que l’on suspecte d’avoir eu des contacts avec les pays voisins. Il fallait d’abord commencer par identifier et extraire les infiltrés», regrette David Ung’Yertho.
Une autre frange de la population pense qu’il s’agit là des fondements de la balkanisation du pays, comme Gilbert Kambale de la société civile de Beni. Ceux qui sont sceptiques quant au succès de cette opération pensent qu’elle «prépare le lit de la balkanisation», selon lui.[11]

Le 6 mai, la présidence de la République a annoncé une inversion des nominations des gouverneurs militaires des deux provinces. Le lieutenant-général Lubaya N’Kashama Johny et le commissaire divisionnaire Alonga Bony Bangadiso Benjamin, sont respectivement nommés gouverneur et vice-gouverneur militaires de l’Ituri, tandis que le lieutenant-général Constant Ndima Kongba et le commissaire divisionnaire Ekuka Lipopo sont respectivement nommés gouverneur et vice gouverneur militaires du Nord-Kivu.[12]

2. LES USA RECONNAISSENT LES ADF COMME GROUPE TERRORISTE AFFILIÉ À DAECH

a. Le communiqué du Département d’État

Dans un communiqué publié le 10 mars, les Etats-Unis ont reconnu le groupe armé dénommé Forces Démocratiques alliés (ADF), responsable des massacres dans la région de Beni dans l’Est de la RDC, comme un groupe terroriste affilié à l’Etat Islamique, DAECH.
Le Département d’État américain a désigné l’État islamique d’Irak et de Syrie – République démocratique du Congo (ISIS-RDC) et l’État islamique d’Irak et de Syrie – Mozambique (ISIS-Mozambique) comme des organisations terroristes étrangères (FTO), en vertu de l’article 219 de la Loi sur l’Immigration et la nationalité. Le Département d’État américain a aussi indiqué leurs dirigeants respectifs: Seka Musa Baluku et Abu Yasir Hassan.
Selon le communiqué, «du fait de ces désignations, tous les biens des personnes désignées soumis à la juridiction des États-Unis sont bloqués, et il est interdit aux ressortissants américains de participer à des opérations avec celles-ci.
Les institutions financières étrangères qui effectuent ou facilitent sciemment toute transaction significative pour le compte de ces groupes ou personnes s’exposent elles aussi à des sanctions sur leurs comptes correspondants». Par ailleurs, note le communiqué, «il est criminel de fournir sciemment un soutien matériel ou des ressources à Daech-RDC et à Daech-Mozambique, ou d’essayer de le faire ou de conspirer à cet effet».
Selon le Département d’Etat, Daech a annoncé le lancement de la province de l’État Islamique en Afrique Centrale (ISCAP) en avril 2019, pour promouvoir la présence d’éléments associés à Daech en Afrique centrale, orientale et australe.
Bien que les médias associés à Daech présentent ISCAP comme une structure unifiée, Daech-RDC et Daech-Mozambique sont des groupes distincts avec des origines différentes.
Selon le Département d’Etat américain, Daech-RDC correspondérait aux Forces Démocratiques Alliées (ADF), ou Madina a Tauheed Wau Mujahedeen (MTM), responsables de plus de 849 victimes civiles en 2020, selon un rapport des Nations unies sur les ADF.
Le département du Trésor des États-Unis et les Nations unies avaient déjà sanctionné les ADF en 2014, dans le cadre du régime de sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies en RDC.
Par ailleurs, les «Shebabs» du Mozambique, appelés aussi Ansar al-Sunna, ont fait allégeance à l’Etat islamique en avril 2018, qui les a reconnus en août 2019. Depuis octobre 2017, le groupe dirigé par Abu Yasir Hassan a tué plus de 1300 civils.[13]

b. Un rapport de l’Université George Washington

Pour les Etats-Unis, il y a une connexion entre l’Etat islamique et les ADF, un groupe armé d’origine ougandaise et d’inspiration islamique installé en RDC depuis 1995, mais qui s’est largement «congolisé» avec le temps. Les ADF sont tenus pour responsables de nombreux  massacres au Nord-Kivu depuis 2014, avec plus d’un milliers de morts dans la seule zone de Beni.
Selon quelques observateurs, l’arrivée de l’Etat islamique en Afrique centrale coïncide avec ses défaites en Syrie et en Irak. Pour assurer sa survie et son extension, le groupe terroriste a créé des branches extérieures au Sahel, en Somalie, mais aussi en Afrique centrale. Un partenariat qui s’avère médiatiquement gagnant-gagnant: l’EI prouve qu’il n’est pas mort et qu’il s’est internationalisé et, en RDC, les ADF pourraient avoir trouvé «un amplificateur et un bienfaiteur». Un rapport de l’Université George Washington s’inquiète de l’influence que peut avoir, à terme, l’Etat islamique sur les ADF, car la RDC pourrait devenir un lieu de plus en plus attrayant pour les combattants de toute l’Afrique orientale et centrale.
Le rapport met en évidence «plusieurs cas de combattants étrangers qui ont participé aux opérations des ADF. La RDC pourrait devenir la prochaine plaque tournante des combattants étrangers djihadistes du monde entier». En cause, «ses frontières poreuses et son instabilité générale qui en font une destination relativement facile à atteindre pour les futurs djihadistes». Une situation préoccupante pour la RDC, ses voisins, mais aussi pour la communauté internationale.
Le rapport de l’Université George Washington aurait remonté la piste des premiers contacts entre l’Etat islamique et les ADF. La branche de la Province de l’Afrique centrale de l’État islamique (ISCAP) en République démocratique du Congo «a été reconnue comme membre officiel de l’État islamique en 2018  et certaines attaques de l’ISCAP en RDC ont été officiellement revendiquées par les unités médiatiques centrales de l’État islamique à partir de avril 2019».
En effet, depuis 2019, l’intérêt de l’EI vis-à-vis des ADF a été réel, notamment dans la communication. À partir de 2019, l’État islamique a assuré une couverture régulière des opérations des ADF en RDC, notamment grâce à l’agence Amaq News, le canal officiel de Daesh en ligne. Dans le rapport des chercheurs de l’Université George Washington, les liens établis entre les ADF et l’EI se concentrent essentiellement sur la propagande et la communication. Aucun appui opérationnel, financier ou logistique important n’a pu être prouvé.
Selon le même rapport, si les relations entre l’Etat islamique et les ADF ne sont pas encore claires, il ne faut cependant pas écarter l’éventualité d’une collusion plus étroite entre les deux organisations. Grâce à Daesh, les ADF pourraient se structurer davantage, recevoir de l’argent, des combattants et des conseils stratégiques. Pour le moment de manière limitée. Mais l’absence de réponse pourrait se révéler fatale pour la RDCongo.[14]

c. Le Groupe d’experts de l’ONU pour la RDCongo n’a pas pu confirmer aucun lien direct entre les ADF et l’EIIL

Selon un rapport du Groupe d’Experts des Nations Unies sur la RDC publié en décembre 2020, le nombre de revendications de l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) concernant des attaques commises en RDC est passé de 29, en 2019 à 46, au 19 novembre 2020.
Toutefois, les experts onusiens ignorent toujours pourquoi l’EIIL a revendiqué la responsabilité de certaines attaques perpétrées en République démocratique du Congo et pas d’autres, toujours attribuées aux ADF par la société civile et les autorités administratives et militaires congolaises.
«Toutes les revendications de l’EIIL publiées avant le 13 mai 2020 concernaient exclusivement des attaques visant les FARDC et la MONUSCO. Depuis cette date, 9 des 37 cas revendiqués par l’EIIL concernaient des attaques contre des civils, en particulier des chrétiens», affirment les experts de l’ONU, qui notent que le modus operandi et les tactiques des ADF n’ont toutefois pas changé de manière significative depuis mai 2020, ni depuis que l’EIIL a commencé de revendiquer la responsabilité de certaines attaques.
Selon le rapport de décembre 2020, «bien que l’EIIL ait continué de revendiquer la responsabilité de plusieurs attaques commises en République démocratique du Congo, le Groupe d’experts n’a pas pu confirmer aucun lien ou soutien direct entre l’EIIL et les ADF … Alors que l’EIIL continue de revendiquer la responsabilité d’attaques généralement attribuées aux ADF, des informations donnent à penser que certaines d’entre elles pourraient avoir été menées par d’autres acteurs. Ces incohérences montrent que l’EIIL a une connaissance limitée des opérations menées en République démocratique du Congo et qu’il exerce sur celles-ci un contrôle restreint, ou qu’il existe des difficultés de communication entre l’EIIL et les ADF, à supposer qu’une telle communication existe».[15]

d. Les ADF et l’État Islamique à Beni: fantasmes ou réalité?

Les massacres commis dans le Territoire de Beni (Nord Kivu) sont généralement attribués aux combattants du groupe armé d’origine ougandaise dénommé Forces Démocratiques Alliées (ADF). Dans un communiqué, le Département d’État désigne les (ADF) sous le nom de «Daech RDC».
Cette analyste tente de décrypter la logique qui a poussé les Américains à qualifier l’ADF/MTM de mouvement islamiste comme seul responsable de tous les massacres commis dans la région de Beni et des environs.
Un document confidentiel américain.
Sans fournir des preuves matérielles suffisantes pour démontrer le lien entre les Forces Démocratiques Alliées (ADF) et l’Etat islamique, un document confidentiel américain s’est limité à s’appuyer sur les supports vidéo publiés sur les réseaux sociaux en 2017, pour illustrer les connexions internationales des ADF avec les groupes islamiques de la région.
Selon ce document rédigé par un analyste américain, ancien coopérant militaire en RDC, à l’attention des autorités américaines sur la problématique des ADF, «il y a de plus en plus d’indices de contact entre l’ADF et la Province de l’État islamique d’Afrique centrale (IS-CAP). Une vidéo d’octobre 2017 présentait la « Cité du monothéisme et des monothéistes » ou Madina à Tauheed Wau Mujahedeen (MTM). L’orateur était le ressortissant tanzanien Ahmad Jundi Mahamood, qui a rejoint le groupe extrémiste en 2017, après avoir étudié en Afrique du Sud. Dans la vidéo, Jundi affirme que MTM est un surnom de l’ADF et qu’il est aligné sur l’État islamique. Al-Baghdadi, le premier calife de l’État Islamique de Irak et Syrie, a mentionné pour la première fois la «province de l’État Islamique en Afrique centrale» en août 2018. On pense que l’IS-CAP englobe les opérations extrémistes perpétrées à la fois dans le nord du Mozambique et dans l’est de la RDC».
Dans le vocable générique de Islamic State’s Central Africa Province (ISCAP), on a inclus aussi les ADF / NTM opérant en RDC du fait qu’elles sont situées en Afrique centrale, même si on n’a apporté aucune preuve de connexion avérée entre les combattants qui massacrent en RDC et l’EI.
Selon le document, «il est probable que les ADF/MTM aient invoqué le nom d’État islamique comme technique de recrutement, ou que ce changement de marque ait été fait pour attirer l’attention et le soutien de l’État islamique. Il y a eu depuis des rapports confirmés de communication entre l’ADF et l’État islamique, bien que les détails de ces échanges ne soient pas connus».
Des islamistes sans ancrage sociologique local.
Contrairement aux mouvements islamistes de l’Afrique de l’ouest et du Mozambique greffés sur des communautés ethniques musulmanes implantées localement, rien n’atteste aujourd’hui l’ancrage musulman communautaire local de l’ADF à Beni.
Beaucoup se posent la question de savoir quel serait l’objectif réel de Daech/Etat islamique de venir s’installer dans une zone à très faible proportion de la population musulmane, contrairement à ce qui se passe au Sahel ou au Mozambique à Cabo Delgado, où Ansar-al-Sunnah, allié à l’EI s’appuie sur la forte communauté musulmane locale (près de 50 % de la population), pour revendiquer ses attaques. Au Sahel, à la corne de l’Afrique comme au Mozambique, c’est le pouvoir qui est principalement pris pour cible et non uniquement les populations civiles, comme en RDC, où les Nande sont les principales victimes. Aussi, en RDC, les massacres qui ont débuté depuis octobre 2014, sont rarement revendiqués directement par les assaillants. Enfin, pourquoi l’EI attaquerait-il un pays qui ne participe pas aux opérations dans les zones où sévissent les islamistes?
Selon plusieurs observateurs, il n’existe aucun continuum spatial, géographique, sociologique, humain, religieux voire idéologique entre l’Etat Islamique et la région de Beni en RDC.
Bien que les activités de l’ADF présentent un facteur d’insécurité majeur pour les populations de l’est du pays, l’ADF ne se situe pas dans la mouvance du terrorisme islamiste et ne participe pas à la «djihadosphère». Aucune information ne permet, à ce jour, de confirmer que celle-ci aurait des liens financiers et opérationnels avec les réseaux terroristes internationaux. Selon de nombreux observateurs, jouer la carte du radicalisme islamique lui a plutôt permis de recruter des combattants et d’obtenir des soutiens financiers conséquents en provenance des pays musulmans, comme le Soudan.
Conclusion.
Selon le professeur Rui Verde, spécialiste de l’Angola, dans la région de la SADC il y a une  dynamique de propagation des menaces terroristes inspirées par l’Etat islamique et, par conséquent, «les Américains considèrent les activités en RDC et au Mozambique comme étant complémentaires».
Sceptique sur l’approche américaine, Jason Stearns estime que le fait que les Etats-Unis perçoivent les ADF comme ayant des liens avec l’EI pourrait avoir des inconvénients. Plus on perçoit Daech comme l’ennemi dans l’est du Congo, plus on délaisse les autres facteurs qui contribuent au conflit.
C’est ce que d’autres observateurs aussi constatent, car l’erreur que tout le monde commet aujourd’hui, notamment les Américains, est d’attribuer tous les massacres aux fameux ADF/MTM. Pourtant il y a plusieurs groupes/réseaux actifs dans la région: les FARDC issues des précédentes rebellions, les ADF/Baluku, les Mai-Mai locaux, les Pays voisins et les «retournés rwandophones».
Malgré les allégations du professeur Rui Verde, épousant la thèse américaine, Jason Stearns et d’autres observateurs estiment que les contours des liens qui unissent les ADF à l’EI restent largement flous, d’autant plus que, dans son rapport de décembre 2020, le groupe d’experts de l’ONU sur la RDC assure qu’il n’a pas pu confirmer aucun lien ou soutien direct entre les deux organisations. L’on peut donc estimer que, à ce jour, aucun indice sérieux ni aucune preuve matérielle suffisante ne justifient le lien direct entre les tueurs de Beni et l’EI. Ce, du fait de la multiplicité des acteurs criminels qui interagissent, parfois aux objectifs convergents, dans cette partie du pays. La désignation par les Etats-Unis des «ADF/MTM» comme groupe allié à l’EI souffre des lacunes méthodologiques qui jettent le doute sur la crédibilité de cette position.
D’autre part, la persistance des massacres à Beni et dans la région souffre de plusieurs lacunes.
On peut citer notamment:
– La méconnaissance de l’ennemi qui est mal identifié ou dont on refuse de donner l’identité réelle: on attribue systématiquement les massacres/violences qui se commettent à Beni aux ADF, sans aucune forme d’identification précise des auteurs et sans preuves matérielles irréfutables. L’objectif est de brouiller sciemment les pistes sur la véritable identité des tueurs de Beni.
– L’ignorance des dynamiques internes au sein de l’armée congolaise: la désorganisation et la superposition des structures de commandement; le déploiement, dans les zones d’opération, d’unités complices avec les assaillants; les complicités intéressées avec différents groupes armés; les situations de rivalités entre chefs d’unités différentes, etc. constituent autant de causes qui sont à la base du dysfonctionnement des FARDC.
– La sous-estimation des enjeux géopolitiques de la région: trop souvent, on a tendance à réduire l’insécurité à l’est du Congo à sa dimension interne congolaise et on exclue les causes exogènes de ces conflits qui impliquent activement les États limitrophes de la région.
– Le manque de volonté politique pour réformer l’armée et s’attaquer correctement à l’insécurité à l’est de la RDC: cela s’illustre par l’indifférence ahurissante des acteurs politiques face au drame de Beni. Ça se matérialise par l’abandon des processus de réforme de l’armée et l’absence d’un programme de DDR pragmatique. On préfère recycler dans l’armée des miliciens qui ont tué, violé et massacré leurs compatriotes. On note aussi l’absence d’une stratégie nationale de lutte contre l’insécurité et l’abandon de l’armée dans un état de clochardisation, sans loi de programmation militaire censée financer sa modernisation.
– La faible implication de la justice pour lutter efficacement contre l’impunité, en vue de sanctionner vigoureusement les auteurs (militaires/miliciens) de graves violations des droits humains: les autorités congolaises semblent oublier le plaidoyer entrepris par le Dr Denis Mukwege en faveur du rapport sur le Projet Mapping des Nations unies, tandis que le Parlement européen «demande, une nouvelle fois, que les recommandations du rapport sur le Projet Mapping des Nations unies soient suivies d’effets, notamment la recommandation relative à la création de chambres mixtes spécialisées au sein des tribunaux de RDC».[16]

[1] Cf Clément Muamba – Actualité.cd, 05.05.’21
[2] Cf Radio Okapi, 01.05.’21
[3] Cf Stéphie Mukinzi – Politico.cd, 01.05.’21
[4] Cf Claude Sengenya – Actualité.cd, 02.05.’21
[5] Cf Claude Sengenya – Actualité.cd, 02.05.’21
[6] Cf Christian Kamba – Politico.cd, 02.05.’21
[7] Cf Stéphie Mukinzi – Politico.cd, 02.05.’21
[8] Cf Clément Muamba – Actualité.cd, 05.05.’21
[9] Cf Actualité.cd, 04.05.’21   https://actualite.cd/index.php/2021/05/04/rdc-pendant-letat-de-siege-au-nord-kivu-et-en-ituri-les-gouverneurs-militaires-seront
[10] Cf Radio Okapi, 04.05.’21; Clément Muamba – Actualité.cd, 04.05.’21
[11] Cf Radio Okapi, 05.05.’21; Sonia Rolley – RFI, 05.05.’21
[12] Cf Actualité.cd, 06.05.’21
[13] Cf Radio Okapi, 11.03.’21
[14] Cf Christophe Rigaud – Afrikarabia, 14.03.’21  http://afrikarabia.com/wordpress/les-contours-incertains-de-letat-islamique-en-rdc/
[15] Cf Actualité.cd, 01.01.’21; Actualité.cd, 15.03.’21
[16] Cf Desk-Wondo.org, 07.04.’21   https://desc-wondo.org/ladf-et-letat-islamique-a-beni-fantasmes-ou-realite/