Congo Actualité n. 438

L’EST DE LA RÉP. DÉM. DU CONGO:
OTAGE DES GROUPES ARMÉS

SOMMAIRE

1. DERRIÈRE LES CHIFFRES DES RAPPORTS, DES VICTIMES INNOCENTES
2. LE MESSAGE DE LA CENCO
3. UNE COMMISSION PARLEMENTAIRE « SPÉCIALE ET TEMPORAIRE » SUR LA SITUATION D’INSÉCURITÉ DANS L’EST DU PAYS
4. UN DIALOGUE INTERCOMMUNAUTAIRE POUR LA PAIX DANS LES HAUTS ET MOYENS PLATEAUX DE FIZI, UVIRA ET MWENGA-ITOMBWE (SUD KIVU)

1. DERRIÈRE LES CHIFFRES DES RAPPORTS, DES VICTIMES INNOCENTES

Dans son rapport incluant les données recueillies entre janvier et décembre 2020, publié le 11 février 2021, le Bureau Conjoint des Nations-Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH) a affirmé que, dans les territoires de Beni (Nord-Kivu), Irumu et Mambasa (Ituri), les Forces Démocratiques Alliées (ADF), un groupe armé d’origine ougandaise, ont mené 166 attaques, au cours desquelles au moins 849 civils ont péri.
Le même rapport révèle qu’entre janvier et décembre 2020, au moins 108 civils ont été victimes d’atteintes aux droits à l’intégrité physique, dont 103 blessés par balles ou armes blanches et 5 femmes victimes des violations sexuelles. Bien plus, le BCNUDH endosse aux ADF l’enlèvement d’au moins 77 personnes, parmi lesquelles 20 femmes et 3 mineurs déjà libérés.[1]

Au cours du mois de février 2021, le Bureau Conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH) a documenté 495 violations des droits de l’homme commises sur l’ensemble du territoire congolais. 65% de ces violations ont été perpétrées par des combattants de groupes armés et 35% par des agents de l’Etat. Ces violations ont entrainé la mort d’au moins 197 civils, dont 23 femmes et 12 enfants. Les groupes armés ont été responsables de l’exécution sommaire d’au moins 175 personnes, dont 22 femmes et neuf enfants, tandis que les agents de l’Etat ont été responsables de l’exécution extrajudiciaire d’au moins 22 personnes, dont une femmes et cinq enfants.
455 violations des droits de l’homme (92% du total), ont été commises dans les provinces affectées par les conflits armés. La majorité des violations a été enregistrée dans la province Nord-Kivu (228 violations, soit 50% des violations commises dans ces provinces), de l’Ituri (103 violations), du Sud-Kivu (35 violations) et au Maniema (26 violations).
En février 2021, le BCNUDH a remarqué une baisse des violations de près de 8% par rapport au mois de janvier 2021 (539 violations). Cette diminution reflète une baisse de l’ordre de 35% du nombre de violations attribuables à des militaires des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), en particulier dans le Kasaï mais également dans le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et l’Ituri. Le nombre d’atteintes aux droits de l’homme par les groupes armés documenté par le BCNUDH au cours du mois de février a augmenté de l’ordre de 17% par rapport à janvier.[2]

Dans un rapport publié le 5 mars 2021 et couvrant la période entre le 1er et le 28 février 2021,  le Forum de Paix de Beni (FPB) a affirmé d’avoir enregistré 105 personnes massacrées et 34 cas d’enlèvement des civils, parmi lesquels 13 seulement ont jusque-là été libérés.
Cette Organisation Non Gouvernementale a également répertorié 12 cas d’incendies des maisons d’habitation ou de commerce; 12 autres cas de vols à mains armées; 8 cas d’embuscades tendues à des véhicules et des motos des passagers. Le même rapport parle de 4 cas de menaces de mort; 3 cas de violences sexuelles; 3 cas de justice populaire et 1 cas d’arrestation arbitraire. La plus part de ces crimes ont été commis en région de Beni (Nord-Kivu) et dans une partie de l’Ituri. Selon le FPB, «ces violations sont essentiellement liées aux massacres dus à l’activisme des ADF, à la minimisation des alertes par les services de sécurité, au relâchement des opérations contre les ADF et à la démotivation des militaires au front, suite au détournement de leur solde, etc.». Pour mettre fin aux violences, le FPB demande au chef d’État-major des FARDC de relever les unités engagées au front et qui ont longtemps duré sur place sans résultats.[3]

Selon un rapport publié le 22 février 2021 par le Baromètre Sécuritaire du Kivu (KST), 122 groupes armés opèrent dans l’Est de la République Démocratique du Congo, précisément dans les provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri et Tanganyika. A en croire ce rapport, 64 groupes armés ont été identifiés au Sud-Kivu, 46 au Nord-Kivu, 11 dans la province de l’Ituri et 9 dans la province du Tanganyika. Certains groupes armés opèrent même dans deux ou trois provinces.
Le Baromètre Sécuritaire du Kivu précise que ces groupes armés recourent à la violence pour conserver le contrôle de leur territoire, en vue de survivre en extrayant des ressources naturelles.
Le Baromètre Sécuritaire du Kivu souligne que 4 groupes armés dominent le conflit dans l’Est: les Forces Démocratiques Alliées (ADF), les Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR), l’Alliance des Patriotes pour un Congo Libre et Souverain (APCLS) et le NDC-R . Ils sont responsables de plus d’un tiers de tous les incidents et de la moitié des civils tués. Les ADF sont une menace particulière et responsable de plus d’un tiers (37%) des meurtre des civils commis par l’ensemble des groupes armés.[4]

2. LE MESSAGE DE LA CENCO

Le 8 avril, le Comité Permanent de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) a publié un message intitulé « Arrêtez de tuer vos frères » sur la situation d’insécurité et des massacres à l’Est de la RD Congo et cela après une mission pastorale effectuée par une délégation des Evêques de l’Association des Conférences Episcopales de l’Afrique Centrale (ACEAC) et de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) à l’Est du Pays, notamment dans les diocèses de Goma, Butembo-Beni et Bunia, du 14 au 26 janvier 2021. Selon les Évêques,
«Les violences perpétrées ont endeuillé des familles, entrainé des déplacements massifs des populations et causé des pertes importantes des biens en portant un coup dur à l’économie d’une région qui sert à juste titre de grenier du pays. Les victimes se comptent par milliers: plus de 6.000 morts à Beni depuis 2013 et plus de 2.000 à Bunia pour la seule année 2020. On compte également au moins 3 millions de déplacés et environ 7.500 personnes kidnappées. À cela s’ajoutent l’incendie de plusieurs maisons et villages, la destruction et la fermeture des écoles et centres de santé, la mise à sac des bâtiments administratifs, le pillage des bêtes, champs et cultures,  etc.
La situation est très complexe. Les assaillants se servent des points faibles des Forces Armées régulières pour parvenir à leur but politique ou religieux: l’occupation des terres, l’exploitation illégale des ressources naturelles, l’enrichissement sans cause, l’islamisation de la région au mépris de la liberté religieuse etc….
Les autorités publiques sont dépassées par les évènements. Parmi les responsables politiques, certains ont tendance à couvrir les fauteurs des troubles par option ou par pression d’un leadership communautaire. D’autres sont instrumentalisés ou assistent impuissants à l’émiettement de leur pouvoir à la base.
Sur certains axes routiers, les taxes sont perçues par les groupes armés au vu et au su des autorités établies, et cela se passe à une cinquantaine de mètres des FARDC qui en font autant.
En ce qui concerne la situation dans le diocèse de Beni-Butembo (Nord Kivu), plusieurs personnes soutiennent que la nature du conflit dans cette zone n’est ni intra ni intercommunautaire, mais plutôt une stratégie d’occupation de terre ou de balkanisation du pays. Cependant, d’autres pensent qu’il y a, dans une certaine mesure, des aspects d’un conflit intercommunautaire suite  à l’arrivée brusque et massive des populations qui s’expriment en kinyarwanda appelées banyabwisha et des populations en provenance de l’Ouganda qui ne parlent aucune langue locale.
En ce qui concerne le diocèse de Bunia (Ituri), la situation est marquée par des crises récurrentes et multiformes dont la population est la principale victime. Les principaux groupes armés, dont quelques uns sont aussi présents à Beni-Butembo, sont: la Coopérative pour le Développement du Congo (CODECO), la Force de Résistance Patriotique de l’Ituri (FRPI), la Force Patriotique Intégrationniste du Congo (FPIC) dit aussi Chini ya Kilima, les Forces Démocratiques Alliées (ADF), les Madina a Tauheed Wau Mujahedeen (MTM, djihadistes associés aux mayi-mayi), les Forces Démocratique pour la Libération du Rwanda (FDLR), l’Union des Patriotes pour la Libération du Congo (UPLC), les MAYI-MAYI, l’ex Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) ou Mouvement du 23 mars (M23), l’Armée de Libération du Congo (ALC); le Front Populaire d’Auto-défense (FPAC), etc.
Les éléments de l’armée sont présents, mais l’impact de leur présence est mitigé. D’aucuns leur reconnaissent de gros efforts effectués pour endiguer les massacres et les pillages. D’autres accusent certains officiers de torpiller les avancées des hommes de rangs et des officiers subalternes. D’autre part, la multiplicité des centres de commandements FARDC et leurs faibles interventions contre les milices renforcent le pillage et l’économie criminelle.
De l’avis de plusieurs observateurs, et de façon générale, il se dégage que les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) se caractérisent dans cette zone par:
– une sédentarisation de certains officiers qui sont restés longtemps dans la région et qui s’opposent à être déployés ailleurs;
– la modicité et le détournement de la solde des militaires de rang et de leur ration, d’où l’amenuisement de leur motivation;
– une mauvaise gestion des effectifs, tantôt insuffisants, tantôt fictifs: ceux qui tombent au front ne sont ni recensés ni déclarés;
– une grande infiltration des éléments étrangers à la faveur des opérations de brassage et de mixage; – la présence des anciens rebelles du RCD, du CNDP et du M23 dans les rangs des militaires engagés dans les opérations à l’Est et soupçonnés de complicité avec l’ennemi.
– l’affairisme de certains officiers, plus soucieux du business que de la conduite des opérations militaires.
– une forte porosité des frontières qui facilite des entrées nocturnes d’hommes armés provenant des pays voisins.
La population a le sentiment d’être abandonnée. Les promesses du Gouvernement central quant au rétablissement rapide de la paix sont nombreuses, mais plusieurs sont souvent restées sans effets.
Plusieurs auteurs des crimes jouissent de la couverture de certains acteurs politiques qui continuent à attiser les conflits pour en tirer profit; ils seraient même instrumentalisés par des forces extérieures aux fins de pillage des ressources naturelles à la faveur de la persistance de la crise.
La faiblesse des institutions judiciaires et l’impunité font que les anciens prisonniers retournent dans le cycle de la violence, faute de leur réinsertion dans la vie sociale et communautaire.
La MONUSCO est accusée de passivité et même de complicité par la population. Sa présence suscite de plus en plus de suspicion et de scepticisme parce qu’elle n’a pas réussi à stopper les massacres, même quand cela se passe à quelques mètres de positions des forces onusiennes.
Parmi les recommandations:
– Régulariser la paie de la solde des militaires, surtout celle des soldats de rangs, et vérifier la meilleure utilisation des ressources allouées aux unités engagées dans les opérations, la maîtrise des effectifs et la bonne tenue de la logistique sur le théâtre des opérations. Détourner la solde et la ration des militaires au front est un acte criminel.
– Déplacer / permuter tous les officiers militaires ayant évolué dans les différentes rébellions ou groupes armés à l’Est du pays, et mettre à l’écart de la chaine du commandement et de la logistique ceux qui seraient réputés agents-relais des armées étrangères.
– Renforcer les effectifs des régiments et les doter des moyens logistiques adéquats, dont des drones de reconnaissance et d’attaques, en vue de réduire les pertes en vies humaines et en matériels.
– Plaidoyer pour une opération militaire internationale de grande envergure à l’instar de la mission « ARTEMIS » qui fut menée, du 6 juin au 6 septembre 2003 en Ituri, par l’Union Européenne, sous l’autorité du Conseil de Sécurité de l’ONU, selon sa résolution 1484 du 30 mai 2003.
– Achever le processus de désarmement et de démobilisation et la prise en charge des démobilisés cantonnés depuis 2020. Plusieurs d’entre eux sont en train de rejoindre les groupes armés ou grossir les rangs des bandits et des gangsters.
– Mettre en place un cadre permanent de concertation pour la cohésion et la paix à l’Est, piloté par un observatoire scientifique multidisciplinaire, et impliquer les leaders locaux dans la sensibilisation à la cohabitation pacifique, pour la consolidation du dialogue intra et inter communautaire».[5]

Le député national Grégoire Kiro, élu de la ville de Beni (Nord Kivu), s’est exprimé sur les opérations militaires menées actuellement contre les Forces Démocratiques Alliés (ADF) dans la région de Beni (Nord-Kivu) et d’Ituri, sans pour autant obtenir un quelconque résultat suffisamment positif.  Il a affirmé que le problème est essentiellement militaire et que les détournements des fonds alloués à la paie des militaires engagés dans ces  opérations militaires contre les rebelles ougandais ADF demeurent l’une des principales causes de la persistance de la guerre et tueries notamment dans la région de Beni. Il argumente que ces détournements dont sont auteurs des responsables de l’armée occasionnent l’abandon et démotivent les soldats aux fronts: «tant que les détournements continueront, occasionnant l’abandon et la démotivation des hommes de troupe, et tant que les responsables ne seront pas sanctionnés, rien ne marchera». Il a aussi ajouté que les FARDC sont minées par les mêmes maux qui rongent la société congolaise: corruption et affairisme de certains responsables, impunité, etc. En plus elles manquent cruellement des moyens logistiques, sans compter qu’elles sont un amalgame de plusieurs groupuscules réunis à l’occasion des mixages et brassages. Selon lui, dans sa configuration actuelle, l’armée congolaise est malheureusement inefficace et doit être réformée.[6]

Lors d’une interview, le député Gratien Iracan, élu de Bunia (Ituri), a affirmé que l’insécurité dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) est due à l’affairisme de certains officiers supérieurs militaires et policiers qui collaborent avec les groupes armés, pour avoir des avantages financiers: «Il y a beaucoup d’informations qui révèlent la collaboration entre certains officiers militaires de l’armée et de la Police avec différents groupes armés. Il y a des échanges sur le terrain, des ventes des munitions et armes de guerre, des planifications communes des attaques, des affrontements simulés dans le but d’obtenir des frais du gouvernement. Il y a des trahisons de la part de certaines positions militaires pour permettre aux groupes armés de s’approvisionner en logistique militaire. Des opérations financières retour autour des vivres et médicaments pour les fournisseurs».[7]

3. UNE COMMISSION PARLEMENTAIRE « SPÉCIALE ET TEMPORAIRE » SUR LA SITUATION D’INSÉCURITÉ DANS L’EST DU PAYS

Le 29 mars, lors de l’ouverture de la séance plénière de l’Assemblée nationale, quelques députés du Grand Kivu (Nord-Kivu, Sud-Kivu et Ituri) ont manifesté pour exiger la paix dans leurs provinces d’origine. Ces députés ont demandé que la question de l’insécurité permanente dans l’Est du pays soit traitée en priorité lors cette reprise de la session parlementaire du mois de mars.
En réaction, le président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso, leur a répondu: «Je vais parler de ça. Je vais vous demander de quitter les groupes armés. Certains d’entre vous sont à la base des conflits communautaires par leurs discours. Vous les collègues du Grand Kivu, quittez les groupes armés, je vais le dire».
Face à cette réaction du président Christophe Mboso, les députés de l’Est ont intensifié leur contestation, ce qui a poussé le premier vice président de l’Assemblée nationale, Jean-Marc Kabund, à intervenir, en confirmant que, si un député était interpellé par la justice pour des questions relatives à l’insécurité du Pays, le Bureau de l’Assemblée nationale ne pourrait pas le protéger. Quant à la toute dernière déclaration du président, Christophe Mboso, il a indiqué qu’il s’agissait d’une interpellation qui va au-delà de l’indexation d’un groupe d’individus:  «tout congolais doit s’intéresser à cette question, car on ne peut pas être congolais et participer à la destruction de son propre pays ou s’adonner à des actes de criminalité comme ça se passe à l’Est».
Dans son discours d’ouverture de la session parlementaire, Christophe Mboso avait déjà dit: «Nous exhortons tous nos compatriotes congolais qui collaborent, de près ou de loin, avec les groupes armés et les groupes terroristes toujours actifs à l’est de notre pays, de les quitter définitivement, pour prouver leur attachement à la patrie et leur amour pour notre peuple. Il ne faut pas que les Congolais se montrent complices de ceux qui tuent et massacrent à longueur des journées nos sœurs et nos frères», Dans ce même ordre d’idées, il avait indiqué que l’Assemblée nationale s’emploierait  à demander au gouvernement d’accélérer le programme de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR) et d’aider les compatriotes qui vont quitter les groupes armés ou arrêter leur complicité avec eux, afin qu’ils aient une occupation digne pour nourrir leurs familles et participer au progrès et au développement du Pays.
Mi-avril 2019, lors d’une visite à Goma, dans le Nord-Kivu, le président Félix Tshisekedi avait lui aussi déjà déclaré que «il n’y aura pas d’immunité à l’endroit de tous les élus qui vont faire en sorte que l’insécurité perdure … Les parlementaires ont un pouvoir d’influence. Par leurs discours et attitudes, ils peuvent contribuer à restaurer la paix».[8]

En réaction à la déclaration du Président de l’Assemblée nationale appelant les députés nationaux du Grand Kivu à « quitter les groupes armés », ces derniers se sont dits non concernés par les propos de Mboso. Ils ont rappelé qu’ils ont toujours participé aux différentes campagnes pour le retour de la paix dans la partie Est de la RDC. Ils ont souligné qu’ils ont toujours joué leurs rôles, mais que les autorités compétentes à leur tour ne s’impliquent pas suffisamment, notamment pour l’arrestation et les poursuites à l’encontre des auteurs de l’insécurité. Ils ont ajouté que «les résultats des opérations militaires menées contre les groupes armés sont peu probants à cause notamment des détournements des fonds destinées aux opérations, des trafics d’armes et haute trahison de la part quelques officiers» et ils ont souligné «l’implication de certains officiers des forces de sécurité dans le ravitaillement des forces négatives en armes et munitions. C’est ce qui constitue une preuve suffisante de leur implication avérée dans les massacres de la population. Malgré les dénonciations des élus, les auteurs n’ont jamais été inquiétés. Entre temps les militaires sont en total abandon, ce qui impacte négativement sur leurs prestations».
Enfin, ils ont formulé 5 propositions pour rétablir urgemment la paix et la sécurité dans l’est du pays:
«– Inscription de la situation sécuritaire de l’Est plus précisément du Nord Kivu et de l’Ituri dans le calendrier de la session de mars comme priorité des priorités (mais le calendrier a été adopté sans cette proposition);
– Mise sur pied d’un audit dans le but de retracer la destination des fonds mis à la disposition des FARDC depuis le début des opérations militaires à Beni;
– L’organisation active des procès en flagrance des personnes appréhendées dans les opérations de ravitaillement des ADF;
– Développement d’autres mécanismes de prise en charge des militaires engagés au front;
– Accélération du programme DDR-C afin de permettre une meilleure prise en charge de ceux qui ont l’intention de déposer des armes».[9]

Le 30 mars, lors de l’ouverture de la session parlementaire du mois de mars, le président de l’Assemblée provinciale du Nord-Kivu, Robert Seninga, a tenu à préciser que «il n’y a pas de députés dans les groupes armés actifs dans l’Est du pays. Le président de l’Assemblée Nationale a appelé à la conscience de tout un chacun. Comme vous le savez, ce sont les enfants de la province qui se sont égarés qui commettent ces bavures et nous en tant que leaders d’opinion nous devons fournir des efforts pour les sensibiliser à quitter ces sales besognes, à quitter les groupes armés et à répondre à l’appel du chef de l’État, de déposer les armes et venir contribuer au développement de notre province».[10]

Selon l’analyste Boniface Musavuli, en accusant ses propres collègues parlementaires du Kivu d’être membres des groupes armés de l’est, le président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso, a dans une certaine mesure indexé la population du Nord Kivu d’être responsable des tueries dont elle-même est victime. Acculé par les parlementaires incriminés qui lui demandaient de publier les noms des parlementaires qui patronneraient les groupes armés, Christophe Mboso a juré qu’il ne citera jamais de nom. En réalité, il n’a aucun nom dans ses papiers. Bien plus, en lisant les rapports de l’ONU, il sait que les groupes armés sont plutôt patronnés par des officiers FARDC et PNC qui leur fournissent armes, munitions, renseignements, uniformes. Mboso savait qu’il balançait une accusation sans fondement, mais il devait le faire. Et c’est mission accomplie.
Sans preuve ni initiative auprès de la justice, il devait tout simplement balancer dans l’opinion l’idée que, au Kivu, ce sont les populations victimes qui sont les coupables des massacres qu’elles mêmes subissent. Pourquoi? Pour masquer les échecs et les complicités internes avec l’ennemi.
Il s’agit du mode de fonctionnement du régime rwandais de Paul Kagame, qui parraine le pouvoir de Félix Tshisekedi, dans la continuité de l’alliance Kabila-Kagame. Pour le FPR, la meilleure façon de massacrer un peuple sans être tenu pour responsable consiste à présenter ce peuple massacré comme “coupable” de ses propres souffrances. C’est grâce à cette stratégie de communication que Kagame et ses fidèles ont massacré un nombre incalculable de Hutu, au Rwanda et au Congo, depuis 1994, sans être considérés comme des criminels. Le pouvoir tutsi rwandais ne lésine pas ses efforts, pour que les crimes de ses armées et milices soient systématiquement mis sur le dos de leurs victimes. Le Président Félix Tshisekedi et ses fidèles sont devenus sûrement les perles rares de Kagame parce que, désormais, tous les crimes que ses armées et milices ont commis, commettent et commettront sur le sol congolais seront mis, par les déclarations des autorités congolaises elles-mêmes, sur le dos des populations massacrées.[11]

Suite à la polémique créée par les propos du président de l’assemblée nationale à l’endroit des élus de l’espace Grand Kivu, au sujet des groupes armés, un communiqué signé par Maître Samuel Mbemba, chef de cabinet du président de l’Assemblée nationale, précise que les propos tenus par Christophe Mboso doivent être compris dans un sens général: «Il y a lieu de préciser que les propos qu’il a prononcés devant ces derniers doivent être compris comme un appel général à plus d’éveil de conscience et de patriotisme adressé au peuple Congolais. Il ne s’agit donc pas des accusations portées contre les élus du Grand Kivu».[12]

Le 7 avril, le bureau de l’Assemblée nationale a présenté un projet de résolution portant création d’une commission parlementaire « spéciale et temporaire » sur la situation d’insécurité dans l’est du pays. La résolution a été adoptée, mais elle devra encore subir des amendements.
Les provinces concernées par les enquêtes sont l’Ituri, le Nord-Kivu, le Sud-Kivu, le Maniema, le Haut-Uele, le Bas-Uele, le Haut-Katanga et le Haut-Lomami. La commission va travailler pendant un mois et sera composée de 15 députés non originaires des provinces sous examen. La commission a trois missions principales: a. identifier les groupes armés terroristes étrangers et locaux et leurs commanditaires; b. inventorier tous les moyens mis à la disposition des services de sécurité et de défense pour mener la lutte contre ces groupes armés étrangers et locaux et c. dégager les responsabilités de tous les acteurs impliqués. Le début de la mission reste à déterminer.[13]

Bien avant, il y avait déjà eu des travaux menés au sein de la commission défense et sécurité de la chambre basse du Parlement. C’était au deuxième trimestre de 2020 avec l’audition du Vice-premier ministre de l’intérieur et sécurité Gilbert Kankonde et du ministre de la défense Aimé Ngoy Mukena. Ces derniers étaient auditionnés à deux reprises. En juin de la même année, la commission défense et sécurité avait présenté des recommandations, dont:
– Organisation d’une Concertation regroupant l’Assemblée nationale et le Gouvernement pour réfléchir sur les voies et moyens de mobilisation des « ressources financières  extrabudgétaires » en faveur de l’Armée et de la Police, en vue d’en assurer le fonctionnement et les achats des équipements et d’améliorer la solde des militaires;
– Constitution d’une commission d’enquête parlementaire au sujet des allégations de détournement des fonds alloués au fonctionnement de l’Armée, à la ration militaire, à la solde des veuves et orphelins ainsi qu’au sujet de la complicité de certains leaders politiques et notables locaux dans la persistance de l’insécurité;
– Réhabilitation et la construction des casernes militaires sur toute l’étendue de la République;
– Invitation au gouvernement à transmettre le projet de loi de programmation militaire, afin d’appliquer la trilogie « Formation-Equipement-Casernement  » selon le plan des réformes militaires;
– Renforcement de la coopération judiciaire entre la RDC et les pays voisins notamment en signant les conventions d’extradition.
Ces recommandations avaient été adoptées par la plénière de l’Assemblée nationale le 19 juin 2020, mais elles n’ont jamais été appliquées.[14]

4. UN DIALOGUE INTERCOMMUNAUTAIRE POUR LA PAIX DANS LES HAUTS ET MOYENS PLATEAUX DE FIZI, UVIRA ET MWENGA-ITOMBWE (SUD KIVU)

Le 29 mars, un dialogue intercommunautaire pour la paix dans les Hauts et Moyens plateaux de Fizi, d’Uvira et de Mwenga-Itombwe (Sud Kivu) s’est ouvert à Kinshasa, en présence de plusieurs personnalités, dont le président du Sénat Modeste Bahati Lukwebo, lui aussi originaire de la province du Sud-Kivu. Les travaux se poursuivront jusqu’au 31 mars.
Entre février et décembre 2020, on avait amorcé des échanges préalables entre les représentants des différentes communautés, dont les  Babembe, les Babuyu, les Bafuliiru, les Banyamulenge, les Banyindu, les Barundi et les Bavira. Le Sud-Kivu est la 3e province la plus dangereuse du pays en terme des violations des droits de l’homme, selon les chiffres publiés par le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH) dans son dernier rapport mensuel.
Dans son mot de circonstance, le président du Sénat, Modeste Bahati Lukwebo, a reconnu que plusieurs conférences se sont tenues dans le passé sur la même thématique, sans produire les résultats escomptés: «Malgré tout, la paix n’est jamais revenue. Il y a des morts, des destructions massives, des pillages et des incendies. Les groupes armés continuent à faire des ravages et ces groupes armés, malheureusement, ont des affinités avec les communautés … Ceci démontre à suffisance que nous n’avons jamais été sincères dans ce que nous disons et ce que nous faisons … Nous souhaitons que cette fois-ci cette rencontre soit celle de la vérité. Nous souhaitons qu’à l’issue de cette rencontre, les recommandations soient intériorisées et mises en pratique par tous les participants».[15]

Dans une interview, le délégué de la communauté Bafuliro, Kimweta Kangeta, a affirmé que, «pour qu’il y ait la paix chez nous, il faut que ceux qui se disent Banyamulenge puissent quitter ce nom, car c’est un nom qui fait problème. Il y a usurpation d’identité culturelle, car ce nom, Mulenge, indique l’une des localités de notre chefferie des Bafuliro. Il n’y a pas de tribu Banyamulenge au Congo. Quand ils usurpent ce nom là, en d’autres termes, cela signifie qu’ils veulent s’approprier de nos terres coutumières et ancestrales … Quand ils s’appellent Banyamulenge, ils se disent qu’ils sont prioritaires de Mulenge, alors que c’est nous qui sommes les propriétaires de Mulenge et c’est ça le conflit. Quand je suis né, je les ai trouvés là-bas, on vivait ensemble. On les connaissaient comme des Banyarwanda. Mais pourquoi ont-ils créé un nom différents pour se déguiser? C’est un pseudonyme et vous savez que tout pseudonyme cache quelque chose, Donc il y a des agendas cachés. On leur a donné la nationalité, ils étaient vice-présidents de la République, ils étaient ministres, ils étaient des gouverneurs etc. Avec le nom Banyamulenge, qu’est-ce qu’ils cherchent? Ils ne peuvent pas être Congolais sans ce nom-là? S’ils quittent ce nom, le problème se termine et nous continuerons à vivre ensemble».[16]

Le député provincial du Sud-Kivu, président de la commission environnement, ressources naturelles et mines et représentant des Babembe, Alimasi Malumbi Matthieu, a affirmé que «le problème, c’est la terre. La création d’entités territoriales d’une manière cavalière, c’est ça la cause des problèmes dans nos milieux, dans nos villages respectifs. Une commune, (comme celle de Minembwe) par exemple, on ne peut pas la créer de n’importe quelle façon. La commune commence par la base et puis ça va remonter. On ne peut pas la créer dans un bureau. On doit respecter la loi sur la création des entités territoriales. Il faut que ça passe par l’Assemblée provinciale. On ne peut pas accepter que l’on fasse des choses par fraude, sans consulter l’Assemblée provinciale».[17]

Le professeur Sadiki Byombuka, un des délégués de la communauté bembe, a salué la tenue de ces assises qui, d’après lui, ont permis d’échanger sur les problèmes qui rongent la région. Il est revenu sur l’épineuse question de la commune de Minembwe qu’il souhaite voir être supprimée: «Globalement, je suis satisfait du fait que le dialogue nous a permis d’échanger avec les autres communautés paisiblement, calmement et sans pression. Entre nous et les Banyamulenge nous pouvons toujours continuer à accélérer le processus de cohésion mais nous avons une grande divergence qui est celle de la création frauduleuse de la commune de Minembwe. Nous les Babembe attendons que l’on supprime cette commune, car c’est le début de la balkanisation. Par contre, les Banyamulenge, qui trouvent un intérêt dans ce début de balkanisation, veulent que ça reste. Nous les Babembe, nous attendons que l’État évite de créer des entités problématiques qui empiètent le pouvoir local et qui ouvrent la voie à des infiltrations en provenance du Rwanda et du Burundi».
La communauté babembe exprime aussi sa crainte face aux désertions d’officiers de l’armée membres de la communauté banyamulenge qui ont rejoint le maquis dans les hauts et moyens plateaux: «Les tensions intercommunautaires persistent et vont toujours persister. Pourquoi ? Parce que des officiers de l’armée congolaise sont en train de déserter. Il s’agit du colonel Makanika de la communauté des Banyamulenges et du colonel commandant régiment Charles Sematama. Ce dernier a déserté il y a un mois avec armes et munitions. Le fond du problème est là, c’est le mouvement de désertion des officiers Banyamulenge en connivence avec le Rwanda et le Burundi. Quand des officiers d’une tribu ou d’une communauté qui a des origines rwandaises quittent l’armée nationale et rejoignent un mouvement rebelle, les tensions ne vont pas baisser. La désertion continue des officiers banyamulenge, c’est un danger national et donc ça va encore alimenter les tensions … Il y a un langage diplomatique officiel où il y a des choses intercommunautaires qu’on ne se dit pas clairement. On privilégie le discours de la cohabitation entre communautés et on évite de dire qu’il y a un mouvement de rébellion en cours».[18]

L’un des représentants de la communauté de Banyindu, Willy Bush, a souligné que, «chez nous au Kivu, il n’y a pas de communauté, il y a des tribus. Le terme communauté est employé pour insérer les autres. Entre nos tribus il n’y a jamais eu des problèmes, mais on a un problème avec les Banyamulenge. S’ils veulent respecter les lois de la RDC, qu’ils se comportent comme des réfugiés qui sont venus ici en RDC. Alors ils n’auront jamais de problèmes. Mais tant qu’ils se comporteront comme des conquérants, nous n’allons pas rester mains croisées».[19]

Selon le chef de la délégation de la communauté de Bavira, Virgile Suhamili, le dialogue intercommunautaire censé apporté de solution aux problèmes sécuritaires dans les hauts et moyens plateaux de Fizi, Uvira et Mwenga n’a pas atteint son objectif. Il déplore par exemple le fait qu’il n’y ait pas eu des débats clairs avec la communauté banyamulenge au sujet du groupement de Bijombo où, selon lui, il existe un parallélisme des pouvoirs, bien qu’il appartienne à la communauté des Bavira.[20]

Le président des sages des Bafuiliro, Kimwanga Kangela, a indiqué que des avancées ont été enregistrées dans la recherche des solutions aux problèmes qui déchirent la région. Mais, selon lui, la question qui n’a pas trouvé de réponse au dialogue intercommunautaire est celle liée à l’identité culturelle de Tutsi congolais qui s’appellent Banyamulenge: «c’est notre propre identité qu’ils ont pris comme leur identité d’adoption».[21]

À propos de l’identité des Banyamulenge, le député national Moïse Nyarugabo, membre de la communauté Banyamulenge et présent aux assises, a affirmé qu’elle est non négociable: «Pour la communauté Banyamulenge, son identité, son nom, sa citoyenneté sont des choses qui ne peuvent pas se négocier. Ni hier, ni aujourd’hui. C’est comme si on demandait à cette communauté de négocier son humanité».[22]

Le président de la société civile d’Itombwe, Andréa Amongu, a déclaré que ce dialogue est un autre dialogue de trop qui ne peut pas produire un résultat positif, car les belligérants qui sont sur le terrain n’y sont pas parties prenantes. Il propose donc que l’armée mène des opérations d’envergure dans les hauts et moyens plateaux de Fizi, Uvira et Mwenga contre les forces négatives: «Nous n’avons aucun espoir par rapport à ce dialogue. Nous avons déjà organisé plusieurs dialogues sur cette situation. Nous étions à Uvira, à Muresa, mais pas de solution. C’est pourquoi nous disons que même ce qui est organisé à Kinshasa n’apportera rien. Le grand problème est que les vrais acteurs ne sont pas visés. Vous vous réunissez à Kinshasa, est-ce que Kibukila, Yakotumba et Makanika sont d’accord avec ce que vous faites? Aussi longtemps qu’on ne va pas convaincre ces trois messieurs, rien ne marchera. C’est pourquoi, l’État doit utiliser la force contre eux, c’est la seule solution».[23]

Les participants au dialogue intercommunautaire tenu à Kinshasa du 29 au 31 mars 2021 ont conclu les travaux en formulant les recommandations suivantes:
I. Par rapport à l’amélioration de la gouvernance locale:
– Organiser les élections locales
– Parachever les réformes liées aux entités territoriales décentralisées, en précisant les limites entre les ETD     et les entités territoriales déconcentrées
– Appliquer la loi portant statut des chefs coutumiers
– Rendre opérationnels les comités consultatifs de règlement et résolution des conflits coutumiers
– Assurer l’inclusivité communautaire dans la désignation des animateurs des entités
– Mettre en contribution l’Institut Géopolitique National pour résoudre les conflits entre les ETD
– Recruter les administrateurs de territoire dans le respect des normes (Appel d’offre)
– Désenclaver la région
– Appliquer la justice pour tous
– Rendre effective la mise en place de la commission paix et reconstitution de l’histoire de la zone annoncée       par le Chef de l’État Félix Tshisekedi
– Organiser des espaces pour chaque secteur d’activités (transhumance, agriculture et habitat)
– Assurer l’application de l’accord sur la transhumance en province du Sud-Kivu et le transformer en arrêté         provincial sur la transhumance.
II. Par rapport à l’amélioration de la qualité des rapports entre les communautés:
– Bannir les discours d’incitation à la haine
– Respecter les accords de paix et les engagements entre les communautés et en éviter la violation
– Promouvoir le respect mutuel
– Respecter les identités culturelles et les us et coutumes des uns et des autres
– Respecter les autorités coutumières et locales légalement établies
– Promouvoir l’esprit de tolérance
– Faciliter le retour des réfugiés.
– Mettre en œuvre des projets intégrateurs pour le désenclavement et la réhabilitation et/ou la construction     des infrastructures
III. En vue de réduire l’activisme des groupes armés et de s’accorder sur le traitement à leur réserver relativement aux pillages et atrocités commis par eux, il a notamment été recommandé:
– Identifier les tireurs de ficelles, pour qu’ils répondent de leurs actes
– Identifier les auteurs des violences et les remettre à la justice
– Appliquer la justice transitionnelle
– Mener des enquêtes objectives pour inventorier les dégâts commis
– Mettre en place un processus DDR adapté au contexte et réalités locales
– Envisager une stratégie nationale de prévention et de gestion des conflits.[24]

[1] Cf Isaac Kisatiro – 7sur7.cd, 12.02.’21
[2] Cf Actualité.cd, 26.03.’21
[3] Cf Isaac Kisatiro – 7sur7.cd, 06.03.’21
[4] Cf Déogratias Cubaka – 7sur7.cd, 24.02.’21
[5] Cf http://www.cenco.org/arretez-de-tuer-vos-freres/
[6] Cf Yassine Kombi – Actualité.cd, 15.07.’20; Ivan Kasongo – Actualité.cd, 09.01.’21
[7] Cf Radio Okapi, 12.01.’21
[8] Cf Jephté Kitsita – 7sur7.cd, 29.03.’21; AFP – Lalibre.be/Afrique, 30.03.’21; Prince Mayiro – 7sur7.cd, 30.03.’21
[9] Cf Berith Yakitenge – Actualité.cd, 30.03.’21
[10] Cf Glody Murhabazi – 7sur7.cd, 30.03.’21
[11] Cf Boniface Musavuli – Benilubero.com, 06.04.’21
[12] Cf Jephté Kitsita – 7sur7.cd, 30.03.’21
[13] Cf Berith Yakitenge – Actualité.cd, 07.04.’21
[14] Cf Actualité.cd, 07.04.’21
[15] Cf Ivan Kasongo – Actualité.cd, 29.03.’21; Jephté Kitsita – 7sur7.cd, 29.03.’21
[16] Cf Actualité.cd, 31.03.’21
[17] Cf Actualité.cd, 31,03.’21
[18] Cf Clément Muamba – Actualité,cd, 01.04.’21
[19] Cf Clément Muamba – Actualité.cd, 01.04.’21
[20] Cf Clément Muamba – Actualité.cd, 01.04.’21
[21] Cf Clément Muamba – Actualité.cd, 01.04.’21
[22] Cf Jephté Kitsita – 7sur7.cd, 01.04.’21
[23] Cf Lubunga Lavoix – Actualité.cd, 31.03.’21
[24] Cf Clément Muamba – Actualité.cd, 02.04.’21