Congo Actualité n. 422

L’INSTALLATION DU BOURGMESTRE DE LA COMMUNE RURALE DE MINEMBWE AU SUD KIVU (2)

SOMMAIRE

1. LES CLÉS POUR COMPRENDRE LA CONTROVERSE DE MINEMBWE
2. LE MINISTRE AZARIAS RUBERWA RÉPOND AUX QUESTIONS DES DÉPUTÉS NATIONAUX
3. LA DÉCLARATION DE L’ÉVÊQUE DU DIOCÈSE D’UVIRA
4. LES RÉACTIONS DE DEUX NOTABLES DU SUD KIVU

1. LES CLÉS POUR COMPRENDRE LA CONTROVERSE DE MINEMBWE

Depuis ces dernières semaines, Minembwe, une commune du Sud-Kivu, dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), est au cœur d’une controverse. L’installation de son nouveau bourgmestre le 28 septembre dernier a ravivé les craintes d’une «balkanisation» de la région par le Rwanda, et a divisé la classe politique congolaise. Au centre de la polémique, on trouve la communauté rwandophone Banyamulenge, majoritaire à Minembwe, accusée de vouloir créer un territoire autonome. La création de cette commune rurale et l’installation d’un maire Banyamulenge par un ministre, lui-même issu de cette communauté, a mis le feu au poudre. D’autant que depuis plusieurs mois, les violences redoublent dans la région entre milices Banyamulenge et groupes armés d’autres communautés.
Face au tollé suscité, le président Félix Tshisekedi a décidé d’annuler l’installation de la commune de Minembwe et de nommer une commission d’experts pour trancher.
Le coordonateur du Baromètre sécuritaire du Kivu, Pierre Boisselet, analyse cette polémique.
– Qui sont les Banyamulenge présents au Sud-Kivu?
C’est une communauté tutsie installée sur les hauts plateaux du Sud-Kivu et dont l’activité principale était traditionnellement l’élevage. Le nom de Banyamulenge a été forgé dans les années 1970, notamment pour les différencier d’autres communautés rwandophones vivant en RDC. Elle fait référence à un des lieux où elle était implantées: la colline de Mulenge. Ils parlent une langue, le Kinyamulenge, très proche des langues parlées au Rwanda et au Burundi. Il est difficile d’en estimer le nombre, mais les derniers chiffres qui datent des années 2000, parlent d’une fourchette assez large de 50.000 à 400.000 personnes. C’est une petite minorité à l’échelle du Sud-Kivu.
Il y a un consensus scientifique pour dire que cette communauté était déjà présente au moment de l’arrivée des colons au XIXe siècle. Mais si on remontait leur histoire, c’est une communauté qui venait très probablement du Rwanda et du Burundi. Ce ne sont pas du tout des immigrés de date récente comme on le suggère parfois.
Lors de l’indépendance, ils sont devenus «automatiquement» Congolais. Mais dans les années 1980, sous Mobutu, des lois ont remis en cause leur «congolité». L’actuelle Constitution de 2006 est ambigüe puisqu’elle dispose que: «est Congolais d’origine, toute personne appartenant aux groupes ethniques dont les personnes et le territoire constituaient ce qui est devenu le Congo (présentement la République Démocratique du Congo) à l’indépendance». La plupart d’entre eux a donc la nationalité congolaise. Si certains membres de la communauté se sont réfugiés au Rwanda, au Burundi ou même aux Etats-Unis, ils y ont obtenu le statut de réfugiés en tant que Congolais.
– Certains Congolais soupçonnent les Banyamulenge d’être une sorte de «cinquième colonne» au service du Rwanda pour «balkaniser» l’Est de la RDC au profit de son voisin. Est-ce une réalité ou un fantasme?
Le qualificatif de «cinquième colonne», quand il est appliqué à une communauté entière, est forcément problématique. Il aboutit à jeter le soupçon sur ces personnes en fonction de leur origine. Comme tout groupe humain, les Banyamulenge ont des opinions ou des engagements très différents. Il y a de profondes divisions qui traversent cette communauté. Et parmi ces divisions, il y a justement l’attitude vis à vis du Rwanda.
Dans les années 1980-1990, il y a eu une forme de solidarité entre certains Banyamulenge et des réfugiés rwandais qui étaient présents un peu partout dans la région à l’époque. Et notamment parce qu’ils avaient des adversaires communs: Juvénal Habyarimana au Rwanda et puis, dans une certaine mesure, Mobutu au Zaïre, à cause des lois sur la nationalité. Pendant les premières années 1990, des combattants Banyamulenge sont allés au Rwanda se battre à côté du Front Patriotique Rwandais (FPR).  À la fin des années 1990 et au début des années 2000, ils ont combattu au sein de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) et du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD), des rébellions soutenues par le Rwanda présentes en RDC.
Mais il y a rapidement eu des divisions qui se sont exprimées. Certains combattants Banyamulenge se sont rebellés, estimant qu’on ne leur faisait pas assez de place au sein de ces mouvements.
D’autres se sont rendus compte que cela dégradait les relations qu’ils avaient avec les autres communautés des hauts plateaux. Cette dégradation des relations entre les combattants banyamulenge et le gouvernement de Kigali a été visible particulièrement au moment de la rébellion du M23, elle aussi soutenue par le Rwanda. Quasiment aucun Banyamulenge n’a rejoint cette rébellion. Et parmi les officiers de l’armée congolaise qui combattaient le M23, on a même observé un nombre important de Banyamulenge, comme le général Jonas Padiri. On voit donc que cette relation est beaucoup plus complexe que certains ne le disent.
– Depuis 2019, la région des hauts plateaux a connu un regain de violence entre les différentes communautés du Sud-Kivu. Qui sont les différents acteurs de ce conflit?
Concernant les belligérants, on peut distinguer quatre groupes principaux:  les Gumino et les Twirwaneho, de la communauté Banyamulenge, les Maï-Maï Ebu-Ela, de la communauté Bembe et les Maï-Maï Biloze Bishambuke, de la communauté Fuliru.
– Quelles sont les causes du conflit?
Comme tous les groupes armés de l’Est du Congo, ce sont des gens qui prennent les armes en prétendant d’abord défendre leur communauté. Mais une fois qu’ils sont armés, ils ont tendance à utiliser ce pouvoir pour leurs propres intérêts: en taxant les populations pour leur assurer une «protection», mais aussi en pillant, en provoquant des kidnappings ou en vendant leur influence à une autorité locale. Ces groupes commettent des exactions et renforcent ainsi le sentiment d’insécurité des habitants qui sont incités en retour à soutenir les milices qui sont censées les défendre. On rentre alors dans un cercle de violence qui s’auto-entretient. Et ce sont bien évidemment les civils les premières victimes de ces violences.
A cela, il faut ajouter la dimension régionale du conflit. Les hauts-plateaux sont une zone stratégique que le Burundi et le Rwanda essaient de contrôler, notamment en s’alliant et en soutenant des groupes armés, congolais ou étrangers (burundais et rwandais).
– Comment comprendre la controverse sur la création de la commune rurale de Minembwe?
D’un point de vue juridique c’est tout simplement une entité administrative locale de la RDC, rien de plus. C’est n’est pas un «Etat indépendant». Pour revenir à la source de ces problèmes de territoire et d’entité administrative, il faut dire que les Banyamulenge sont grosso modo majoritaires dans la zone de Minembwe et aux alentours. Mais c’est une zone qui est divisée en trois territoires: Mwenga, Fizi et Uvira. Et si dans certaines zones les Banyamulenge sont majoritaires, ils ne le sont dans aucun territoire. Ce qui aboutit à les marginaliser dans toutes les représentations administratives et politiques locales. De ce fait, il y a une revendication de longue date de la communauté Banyamulenge qui souhaite avoir une entité territoriale propre où ils seraient majoritaires. Pendant que le RCD, soutenu par le Rwanda, contrôlait la zone à la fin des années 1990 et au début des années 2000, le mouvement a accédé à cette revendication en créant le territoire de Minembwe. Des terres ont été prises sur des territoires voisins.
Et cela a été vécu comme une grande injustice par les autres communautés, comme un vol de leurs terres imposé par la force. La création du territoire de Minembwe a été vécu localement comme une traumatisme, même si le territoire a été dissout après les accords de Sun City. A la faveur de la polémique récente, on a d’ailleurs vu resurgir des cartes de cet ancien territoire de Minembwe, beaucoup plus grand que la simple commune de Minembwe. Voilà ce qui provoque le sentiment de rejet actuel. La commune rurale de Minembwe qui fait polémique aujourd’hui a été créée en 2013 sous Joseph Kabila. Dans ce même décret de 2013, quinze communes rurales ont été créées au Sud-Kivu et dix autres décrets ont également créés des communes dans tout le reste du pays, donc on était dans un processus de décentralisation qui concernait l’ensemble du territoire. La commune de Minembwe était une commune rurale parmi plus d’une centaine nouvellement créées. C’est pour cela qu’à l’époque, le décret est passé relativement inaperçu.
Le problème, c’est que la plupart des communes créées à cette époque ne sont toujours pas en fonctionnement aujourd’hui. Là où on peut voir une forme de maladresse politique, c’est que l’on a installé en septembre le bourgmestre de Minembwe alors que les autres communes du Sud-Kivu n’ont toujours été installées. On peut se poser la question: pourquoi la commune de Minembwe et pas les autres? C’est ça qui a installé une forme de soupçon. La manière dont cela a été fait a été maladroite. Il y a eu aussi la visite de l’ambassadeur américain à Minembwe, très peu de temps après, qui a encore alimenté les spéculations. C’est malheureux qu’une revendication locale et déjà octroyée par le gouvernement congolais soit interprétée et instrumentalisée comme étant une atteinte à l’intégrité territoriale de la RDC. Cela aurait pu être une occasion d’apaisement des actuelles tensions intercommunautaires. En tout cas, la polémique qu’il y a eu et la rhétorique de la «balkanisation» n’aident malheureusement pas à trouver sereinement des solutions pour une coexistence pacifique.[1]

Depuis plus de vingt ans, la région des Haut Plateaux qui domine le lac Tanganyika représente l’un des points les plus chauds de la RDC. Malgré la présence de la Monusco et de l’armée congolaise, les affrontements sont quotidiens et la région compte des milliers de déplacés. Située en face du Burundi et du Rwanda, cette région de montagnes accueille en effet divers mouvements armés opérant dans les pays voisins: le Congrès National Rwandais (RNC) du général Kayumba Nyamwasa, ainsi que les troupes du Front National de Libération (FNL), un mouvement hutu burundais.
Si l’ensemble du Sud Kivu est un « terrain de jeu » pour les pays voisins, y compris l’Ouganda et si les affrontements avec divers groupes congolais Mai Mai qui assurent défendre leurs terroirs et leurs communautés sont quotidiens, les Banyamulenge sont eux aussi à la fois acteurs et victimes. Au Congo, nul n’ignore que ces pasteurs sont d’origine rwandaise et qu’arrivés sur les plateaux d’altitude à la fin du 19 e siècle à la suite d’un litige avec le Mwami du Rwanda, ils ont formé des communautés homogènes vivant essentiellement de l’élevage. Le colonisateur belge ne les ayant pas répertoriés parmi les tribus congolaises d’origine, les Banyamulenge ont été régulièrement qualifiés d’étrangers.
Les sentiments d’hostilité à leur égard ont été exacerbés par le fait que des jeunes gens de leur communauté ont été recrutés par le Rwanda pour faire partie des troupes qui, à l’issue de la guerre de 1996-97 chassèrent le président Mobutu et installèrent au pouvoir Laurent Désiré Kabila. Durant la deuxième guerre du Congo, les Banyamulenge, enrôlés dans le mouvement rebelle RCD, (Rassemblement congolais pour la démocratie) se retrouvèrent aux côtés des troupes rwandaises et participèrent à de nombreux massacres. A cette époque, Azarias Ruberwa, un avocat formé à Lubumbashi et l’un des leaders de la communauté banyamulenge, se trouvait à la tête du RCD et avait déjà créé le «territoire» de Minembwe incluant plusieurs entités des territoires de Fizi, Mwenga et Uvira. A la suite des accords de paix qui en 2002 permirent la réunification du pays, Ruberwa devint un ministre influent à Kinshasa, proche de Joseph Kabila, mais au Sud Kivu, il était toujours considéré comme un « agent » de Paul Kagame.
Dans la région des Haut plateaux, la paix n’est jamais réellement revenue et les pasteurs Banyamulenge ont été régulièrement accusés d’être la « cinquième colonne » du Rwanda sinon des agents de la «balkanisation» du Congo opérant avec le soutien des Etats Unis. Les campagnes de haine ethnique à leur encontre ont été régulièrement accompagnées du vol de leur bétail et de l’incendie de leurs villages. Ces méfaits commis par les bandes armées locales ont entraîné d’ inévitables représailles et des opérations militaires.
Dans ce contexte explosif, la création, ex abrupto, de la commune rurale de Minembwe, sur une superficie de 10 Km2 selon le ministre régional de l’intérieur, réjouit les Tutsis congolais. Mais elle suscite aussi un tollé de protestations, dont celle du Comité laïc de concertation qui, embrayant sur les propos de l’évèque d’Uvira, dénonce le « fait accompli » au détriment des limites des chefferies et territoires déjà existants. En clair, une certaine opinion congolaise, déjà très « chauffée » contre le Rwanda par le rappel incessant des crimes de guerre commis dans les années de fin 1990 et début de 2000, craint que la nouvelle commune rurale, en plus des conflits fonciers à redouter, devienne une tête de pont du pays voisin.[2]

2. LE MINISTRE AZARIAS RUBERWA RÉPOND AUX QUESTIONS DES DÉPUTÉS NATIONAUX

Le 27 octobre, le ministre de la décentralisation, Azarias Ruberwa, a répondu aux questions lui posées lors de la plénière du 19 octobre dernier par les députés nationaux. Il a regroupé la vingtaine de questions par thématiques. Il a d’abord expliqué qu’il s’est retrouvé à Minembwe avec un ordre de mission issu du Conseil des ministres sur demande de son collègue de la Défense, le ministre Aimé Ngoy Mukena, dans le cadre d’une mission de paix et sécurité menée dans certaines provinces du pays: «C’est au cours d’un conseil des ministres que le ministre de la défense a exprimé la demande de me voir l’accompagner, en tant que notable et membre du gouvernement, dans la mission de caravane sécuritaire qu’il avait initiée, en particulier à Minembwe, dans le territoire de Fizi, au Sud-Kivu. Je n’étais donc nullement demandeur de cette mission».
Il a précisé qu’il n’a nullement été impliqué dans la création de la commune de Minembwe, dont l’origine remonte à plusieurs années depuis. Au sujet des limites de cette commune, il est resté formel: cette entité se situe uniquement dans le territoire de Fizi, sans empiéter sur les trois autres territoires de Mwenga, Uvira et Walungu.
Azarias Ruberwa a démontré que ce n’est pas lui qui a  installé le bourgmestre de la commune de Minembwe, mais le ministre provincial de l’intérieur. Il a expliqué que cette tache revient au ministre provincial de l’intérieur du Sud-Kivu, sur base de la loi régissant les entités territoriales décentralisées en son article 56. Il a ainsi qualifié de « menteur » le ministre provincial de l’intérieur du Sud-Kivu qui, dans une mise au point, avait déclaré d’avoir installé le bourgmestre de Minembwe sur demande du ministre Ruberwa. Il a fait remarquer que «le 12 octobre, le ministre provincial a fait une conférence de presse où il a dit qu’il s’étonnait que les gens soient en train de s’émouvoir par rapport à ces faits bénins, selon lui, qu’il a posés dans le cadre de ses compétences».
Azarias Ruberwa s’est dit contraire à la demande des députés nationaux d’annuler le décret créant la commune de Minembwe. Pour lui, une telle démarche serait précoce et discriminatoire: «Les propositions des députés tendant à obtenir un décret du premier ministre annulant purement simplement la commune de Minembwe et la saisie du Conseil d’Etat, en vue d’annuler le décret ayant créé la commune de Minembwe, me paraissent précoces et de nature discriminatoire. Il faut vérifier sur le terrain, au sein des archives de l’administration et du gouvernement, le cas échéant interroger les acteurs qui ont posé ces actes relevant de leurs compétences. De toute évidence, globalement, il y a eu des entités proposées par des provinces, mais non retenues par Kinshasa; il y a eu des entités proposées par Kinshasa qui n’ont pas été retenues par les provinces. Tout cela nécessite des approfondissements». Le ministre s’est exprimé aussi sur la commission d’enquête en gestation pour tirer les affaires au clair au sujet de Minembwe, la commune controversée dans le territoire de Fizi (Sud-Kivu). Pour Ruberwa, la commission d’enquête devrait s’intéresser à toutes les entités territoriales décentralisées, dont 77 villes et 506 communes, créées par le décret de 2015. Selon lui, le contraire serait un acte discriminatoire.[3]

Le 27 octobre, dans sa réplique après les réponses données par le ministre de la décentralisation, Azarias Ruberwa, le député national Muhindo Nzangi a affirmé de n’avoir pas été convaincu par les réponses données par le ministre. Il a même insinué que, pendant ses deux interventions, le ministre a menti sur plusieurs questions. «Le ministre qui présente des réponses erronées ou incomplètes peut être accusé d’outrage au parlement», a t-il dit.
Il a estimé que ses réponses par rapport à sa présence à Minembwe pendant l’installation du bourgmestre de la commune rurale de Minembwe, Gad Mukiza, n’étaient pas convaincantes. Muhindo Nzangi persiste et signe que c’est le ministre Azarias Ruberwa qui a été l’acteur principal de l’installation du bourgmestre de la commune rurale de Minembwe: «Il l’a planifiée, il l’a programmée, il a tout fait pour intimider les communautés locales en venant avec des diplomates, des militaires et des députés. J’ai démontré à suffisance qu’il y a eu conflit de compétences».
En dépit des explications du Ruberwa, le député a confirmé que la commune de Minembwe empiète sur le territoire de Mwenga et qu’elle ne respecte pas les critères requis pour la création d’une commune. Il a insisté sur ce qu’il a appelé le caractère frauduleux de la création de cette commune, en ce qui concerne la superficie, le nombre d’habitants et la procédure administrative et politique ayant conduit à cet état des choses.
Le député Muhindo Nzangi a démontré que Minembwe ne remplit pas les conditions prévues par l’article 46 de la loi organique pour devenir une commune: «La commune est une agglomération, un lieu où se masse les habitations. La commune n’est pas un ensemble de fermes ou d’endroits où les gens habitent de manière dispersée sur une longue étendue. Minembwe n’est pas une agglomération. C’est un regroupement de plusieurs villages. Si on veut faire des regroupements de plusieurs villages des communes, alors tout le Congo serait des communes. Ensuite, parmi les critères qui peuvent faire en sorte que Minembwe soit une commune, il y a notamment le nombre des habitants: au moins 20.000. Le ministre d’État Ruberwa parle de 36.000 habitants, mais les enquêtes ont démontré que c’est 7.000 habitants. Donc, avec ce chiffre, Minembwe ne peut pas devenir une commune. En ce qui concerne la procédure à suivre, elle est la suivante: la proposition du décret par le ministre de l’intérieur, l’avis conforme de l’Assemblée provinciale et puis la signature du décret par le premier ministre. Concernant Minembwe, l’Assemblée provinciale du Sud-Kivu, saisie par le ministre de l’intérieur, avait constaté que Minembwe ne remplissait pas les conditions prévues par l’article 46 de la loi pour être érigée en commune».
L’élu de Beni a estimé que le ministre de la Décentralisation, Azarias Ruberwa est tombé dans un conflit d’intérêt, en utilisant l’affaire Minembwe pour les intérêts de son ethnie: «Lorsque le ministre dit que les Belges leurs avaient donné une chefferie qui leurs avait été ravie, il veut insinuer qu’il leur faut récupérer ces terres. Quelles seraient les réactions de la population locales?». C’est ainsi que cet élu du peuple a appelé le ministre précité à démissionner de lui-même du gouvernement. Il a aussi demandé que l’acte d’installation du bourgmestre de la commune de Minembwe au Sud-Kivu soit annulé et que le décret n°13/030 du 30 juillet 2013 portant création des nouvelles communes soit carrément rapporté et corrigé.
Les propositions du député Muhindo Nzangi seront mises en formes de recommandations au cours des séances prochaines. La présidente de l’Assemblée nationale, Jeannine Mabunda, envisage mettre en place une commission pour approfondir les différentes recommandations.[4]

3. LA DÉCLARATION DE L’ÉVÊQUE DU DIOCÈSE D’UVIRA

Le 1er octobre, dans une « déclaration sur la commune de Minembwe et l’installation de ses animateurs »,  l’évêque d’Uvira, Mgr Sébastien Muyengo, a abordé l’épineuse question de l’installation officielle des autorités administratives de la commune rurale de Minembwe.
Selon lui, «loin d’être de nature à faciliter la paix, cet acte d’installation du bourgmestre a suscité beaucoup d’animosités et il risque de semer des troubles dans la région des Haut Plateaux, à cause notamment du traitement spécial réservé à la commune de Minembwe, par rapport aux autres disséminées dans la région, à savoir Sange, Luvungi et Kiliba dans le territoire d’Uvira; Fizi, Misisi, Lulimba et Swima dans le territoire de Fizi; et Kamanyola dans le territoire de Walungu, alors que le territoire de Mwenga n’en a aucune. Alors que la plus part des communes rurales sont érigées au sein d’un seul territoire, la nouvelle commune de Minembwe s’étend sur les trois territoires, en intégrant une bonne partie de la réserve d’Itombwe, à cheval sur Fizi et Mwenga, et une bonne partie de la chefferie de Bavira, vers Bijombo, Kagogo et Kishebwe, ect.».
Selon Mgr. Sébastien Muyengo, parmi les 250 communes rurales éparpillées sur le territoire national, seule Minembwe pose problème». Pour lui, l’érection de Minembwe en commune rurale est une tentative de créer tout un territoire pour les membres de la communauté Banyamulenge, identifiés comme des Congolais d’origine rwandaise et d’ethnie tutsi: «Pour nos populations, la commune de Minembwe est le dernier coup de maître après l’échec du pouvoir du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD), d’obédience rwandaise à l’époque, de créer tout un territoire dans la province pour nos frères Banyamulenge, identifiés comme des Congolais d’origine rwandaise et d’ethnie tutsi. Hier, c’était la question de la nationalité, aujourd’hui, c’est celle de la terre. Mais si on peut attribuer la nationalité à qui la demande et la mérite, on ne distribue pas la terre sous n’importe quelle condition. Aussi, plutôt que parler de commune rurale, nos populations considèrent qu’il s’agit de « terres ou territoires occupés », par défi. Ce qui constitue une humiliation pour elles».
L’évêque d’Uvira a invité le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi à prendre ses responsabilités, afin de réglementer cette affaire:  «Avec nos populations, nous nous posons dès lors ces questions: Que dit le président de la République, Monsieur Félix Antoine Tshisekedi, à ce sujet? Va-t-il continuer à affirmer qu’il n’y est pour rien dans cette situation parce qu’elle date d’avant son arrivée au pouvoir? Lorsqu’on devient président de la République, on prend en charge le destin du pays avec aussi bien son passé, son présent et son futur. Concernant la commune de Minembwe, on ne cessera pas de s’interroger sur la responsabilité du Président Félix Tshisekedi, quand on sait que le maître d’œuvre de l’entreprise est celui-là même qui est à la tête du ministère de la décentralisation et de réforme institutionnelle depuis le règne de son prédécesseur jusqu’au sien. Plus que le programme de 100 jours, le problème de la commune de Minembwe constitue un test pour le Chef de l’Etat: Pour qui roule-t-il finalement? Pour le « peuple d’abord », comme le jurait son père, ou pour ceux qui, comme on l’entend, l’ont placé au trône, afin de se servir de lui pour en arriver là? Nous craignons que s’il laisse faire le cas de Minembwe, le processus de démembrement du pays, ou de ce que l’on appelle « balkanisation », soit amorcé avec sa complicité. Ce qui en droit constitutionnel constitue une « haute trahison »».
L’évêque d’Uvira a précisé que «en Afrique, et particulièrement en RD Congo, la terre étant sacrée et ses propriétaires étant les chefs coutumiers» et il a posé deux questions: «au-delà de la loi Bakajika attribuant à l’Etat le pouvoir de la gérer, ont-ils été consultés concernant le morcellement de ces territoires? Que reste-t-il encore de leur pouvoir de « gardiens de nos terres » si les choses doivent se passer de cette façon?».
Après avoir rappelé que, dans sa dernière encyclique intitulée Fratelli Tutti (tous frères), le Pape François nous appelle tous à la fraternité et à l’amitié sociale qui passent par l’accueil des uns et des autres et par le refus de l’exclusion des autres, Mgr. Sébastien Muyengo a affirmé que «Nous pouvons vivre dans la paix les uns aux côtés des autres dans ce grand et beau pays que Dieu nous a donné, sans nécessairement marquer chacun son territoire».
Enfin, il a appelé au dialogue et au règlement pacifique du conflit interethnique à Minembwe (Sud-Kivu): «Ayant choisi dans notre diocèse comme thème pastoral de cette année 2020-2021, « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix (Jn 14, 27) », nous en appelons à la responsabilité des uns et des autres quant à ce qui peut surgir comme troubles, violences, voire guerres dans la région. Pour ce qui concerne nos populations de base, nous les appelons au calme et à renoncer à toute voie de la violence pour privilégier davantage celle du dialogue, qui reste un processus toujours lent et difficile, mais dont les fruits sont la paix, le pardon et la réconciliation».[5]

4. LES RÉACTIONS DE DEUX NOTABLES DU SUD KIVU

Le 7 octobre, Jacques Rukeba, notable du Sud-Kivu, a réagi à la déclaration de l’évêque du diocèse d’Uvira, Mgr Sébastien-Joseph Muyengo qui, dernièrement, a dénoncé le traitement «spécial» réservé à la seule commune de Minembwe, au détriment de plusieurs autres dans la région. Jacques Rukeba affirme que la commune de Minembwe ne s’étend que sur 10 km carrés et ne s’étend que sur le seul territoire de Fizi. Il précise que, en 2013, par son décret N0 13/029 du 13 juin 2013, le Premier Ministre Augustin Matata Ponyo Mapon avait érigé en communes et villes, 310 agglomérations qui remplissaient les conditions requises en la matière. Le 22 juillet par le décret N0 15/013 du 22 juillet, la même autorité signa un décret portant surséance de certaines dispositions du décret susvisé ayant créé ces villes et communes. En 2018, le Premier Ministre Bruno Tshibala signa le décret N0 18/020 du 30 mai portant levée de ladite surséance, en vue de permettre le fonctionnement de ces Entités administratives crées par le décret de son prédécesseur. En novembre 2018, le vice premier Ministre, Ministre de l’intérieur signa l’arrêté ministériel 25/CAB/VPM/MINITERSEC/HMS/075/2018 qui nommait Mukiza Nzabinesha Gad et Esumbicho Sadiki respectivement bourgmestre et bourgmestre adjoint de cette commune. Il ne restait donc que la tâche d’installer ces animateurs, ce qui a été fait, le 28 septembre dernier, par le ministre Provincial de l’intérieur Lwabanji Lwasingabo, autorité compétente en la matière.[6]

Le 13 octobre, dans une lettre, le député honoraire et notable du Sud-Kivu, Enock Ruberangabo Sebineza, a réagi à la déclaration de Mgr Sebastien-Joseph  Muyengo Mulombe, Evêque du Diocèse d’Uvira sur la Commune de Minembwe et l’installation de ses animateurs.
La région des hauts plateaux d’Itombwe est une  bande de terres étirées du nord au sud à cheval de quatre territoires administratifs d’Uvira, de Mwenga/Itombwe, de Fizi et de Walungu ( Kahya) sur au moins 200 km. Ses crêtes constituent la ligne de partage de plusieurs cours d’eau des bassins de la plaine de la Ruzizi à l’Est, d’une part et de ceux du bassin des rivières Elila et Ulindi vers l’ouest, d’autre part. Certains de ses sommets culminent parfois à près de 3.500 m d’altitude et les températures nocturnes en saison sèche atteignent parfois -5°C. La population est formée des Banyamulenge, éleveurs pratiquant une agriculture complémentaire à l’élevage; des Babembe, essentiellement agriculteurs et chasseurs; des Bafulero et, dans une certaine mesure, des Banyindu.
Il s’agit d’une terre hostile à l’agriculture, mais avec une savane propice à l’élevage, ce qui explique l’arrivée tardive des agriculteurs. En 2011, selon des sources du service vétérinaire local, 170.000 doses destinées à la  campagne de vaccination des vaches par  la FAO n’ont pas suffi pour un cheptel estimé à 210.000 têtes. De ceci on peut déduire que, endéans 10 ans, le cheptel auraient dépassé le double et estimé à plus de 500.000 vaches. Ces bêtes appartenaient, en majorité, aux Banyamulenge et, dans une moindre mesure, aux Bafulero. Plus de la moitié aujourd’hui est décimée par une cruauté inouïes de groupes armés.
La commune de Minembwe, objet de polémiques, est l’une des communes et villes créées par le décret du 13 juin 2013, dont une surséance avait été décidée plus tard, faute de moyens pour leur mise en exécution et à cause de quelques difficultés techniques, au niveau national, liées aux limites qui devaient être corrigées par les services compétents de l’Etat congolais.
Il sied de rappeler que Minembwe, comme agglomération à hisser en commune, avait été unanimement proposée à l’Assemblée provinciale du Sud-Kivu par les députés de la circonscription électorale de Fizi, tous issus de la Communauté babembe. Le document existe.
Par la suite, en 2018, le pouvoir de l’époque décida une levée de cette surséance pour quelques entités du Sud-Kivu par le décret Tshibala n° 18/020 du 30 mai 2018. Quatre entités du Sud-Kivu, en l’occurrence les villes d’Uvira, Kamituga et Baraka et la commune de Minembwe sont rendues effectives dans ce décret. Seulement les Maires de villes seront installés et non le bourgmestre de la commune. Une démarche déjà suspecte qui frise un traitement non-équitable de ces quatre entités.
Si un traitement spécial devait être évoqué comme un pêché pour Minembwe, il devait l’être autant  pour les trois autres entités. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Seul Minembwe est livré à la vindicte populaire, « crucifie-le, crucifie-le », au point d’être qualifié de cancer à éradiquer de la RDC, selon Valentin Mubake dans son communiqué du 05 octobre 2020, propos graves passibles de poursuites judiciaires. Et Martin Fayulu de renchérir: «si nous laissons Minembwe entre les mains de ces occupants, demain, nous n’aurons plus de pays. Nous serons le 1er peuple d’Afrique à être colonisé par un autre peuple d’Afrique». En claire, par Valentin Mubake et Martin Fayulu, le ton est donné pour en chasser les occupants. Désormais la commune de Minembwe est considérée comme une terre donnée aux étrangers que sont les Banyamulenge.
En ce qui concerne les limites de la commune de Minembwe: de 10 km à vol d’oiseau, elle est établie dans les limites d’une partie du Territoire de Fizi. Il s’agit des indications correctes et précises se trouvant dans le Décret numéro 13/029 du 13  juin 2013 conférant le statut de ville et commune à certaines agglomérations de la Province du Sud-Kivu, Journal Officiel de RDC, service de la Présidence de la République du 20 juin 2013, col.198.
Annexe 3: les limites des communes énumérées a l’article 8 (page 103 dudit décret)
Commune de Minembwe:
Au NORD: Le ruisseau Kalungi et la rivière Minembwe,
Au SUD: Le ruisseau Sara et la rivère Kabanja,
À l’EST: La chaîne de Mukoko et la Forêt de Rugmero,
À l’OUEST: La rivière Mateganya.
Le contexte est celui de certaines théories autour de la question de la nationalité des Tutsis congolais. Les candidatures des Banyarwanda en général et des Banyamulenge en particulier furent refusées aux élections de 1982, 1987 et à la Conférence Nationale Souveraine (CNS), pour motif qu’ils étaient des étrangers. La conséquence logique de cette exclusion fut leur non-participation au Parlement issu de ces assises, le HCR-PT (Haut Conseil de la République – Parlement de Transition). L’artisan de cette politique fut un fils du coin, l’honorable Anzuluni Bembe Isilonyonyo, originaire de Fizi, ancien Président de cette institution, avec le soutien total des élus du Kivu, comme il en est encore aujourd’hui, autour de la question Minembwe, 38 ans après.
A cette époque-là, une commission d’enquête appelée « Vangu Mambweni » est instituée et les conclusions ne devaient pas être différentes de l’objectif de départ, celui de dénationaliser les Banyamulenge. Votre prédécesseur, Mgr Jérome Gapangwa en a payé les frais, ayant été pris pour cible par cette commission qui, composée essentiellement d’extrémistes sélectionnés à cette fin, aboutit à une parodie de Résolution, où l’Evêque issu de la Communauté Banyamulenge est déclaré étranger, pour motif de vouloir créer l’imaginaire « Empire Hima-Tutsi ». Celui-ci fut l’argument de l’époque pour traquer politiquement sa communauté. Par la suite une machine de diabolisation était mise en marche par la société civile, au point que le Saint Siège tomba dans le piège et le retira.
Aujourd’hui, la balkanisation est  mise à la sellette  pour justifier la guerre qui sévit autour de Minembwe.
C’est dans ce contexte que la guerre de 1996 éclata par une quadruple convergence d’intérêts:
i. d’abord, tous les Congolais étaient indistinctement fatigués des 32 ans de règne Mobutu
ii. ensuite, les Banyamulenge, déclarés étrangers dans leur propre pays, étaient menacés d’expulsion,
iii. encore, le Rwanda voulait régler les problèmes de sécurité des génocidaires qui campaient à ses frontières dans un état désorganisé,
iv. enfin, les puissances occidentales voulaient un autre leadership à la tête du Zaïre.
Rappelons que le détonateur de la guerre de 1996 fut la malheureuse décision du HCR-PT d’expulser les Banyamulenge de la RDC.
Après 1996, les rebellions successives, manipulées par les puissances militaires régionales, ont continué à porter un coup fatal  à la cohabitation, en exacerbant les conflits ethniques par leur instrumentalisation contre les Banyamulenge.
Le ressentiment contre les Banyamulenge s’est basé sur ce qui est considéré comme un échec des extrémistes, suite au retour des banyamulenge dans le giron national, après l’accord global et inclusif, issu des négociations de Sun City et de Pretoria (Afrique du Sud) en 2002. Ceci réveillant les démons en hibernage des années mulelistes, l’esprit mayi mayi, des milices issues des communautés voisines qui prônent l’exclusion voire l’expulsion des banyamulenge de la RDC, prennent le poil de la bête.
L’histoire se répète. Le fils de Anzuluni Bembe, Floribert Anzuluni, membre du mouvement citoyen Filimbi, paravent de politiciens kivutiens, héritier  fidèle  de l’idéologie du projet de son père pour parachever l’œuvre que la famille a commencé au début des années 1990, n’a cessé de tenir de propos en appui des mayi mayi contre la Commune de Minembwe. Tel père tel fils, dit-on!
Dernièrement, la guerre qui sévit dans les hauts plateaux depuis avril  2017, a vu naître une alliance contre nature des milices maï-maï avec des rebelles burundais soutenus par le Rwanda, pour déraciner les banyamulenge. Plusieurs dizaines de milliers de vaches systématiquement pillées sont vendues sur toute l’étendue de la province et mêmes les services de l’Etat en perçoivent les taxes.
Des officiers des FARDC ont été arrêtés, pour avoir distribué de munitions aux mayi mayi, en vue de s’attaquer aux villages banyamulenge.
Dans le paragraphe 2 de votre déclaration, Vous avez dit des choses qui ne sont pas vraies. En effet, une commune qui s’étend sur les localités citées dans votre message n’existe pas dans le Décret Matata du 13 juin 2013. Donc, c’est une confusion totale de votre part.
Dans le 3ème point  de votre message, vous ouvrez toute une longue  page tragique de la contestation de la citoyenneté de banyamulenge. Vous parlez de deux sortes de populations. Celle-là que vous considérez comme la votre, ( nos) populations humiliées et les autres identifiés comme de congolais d’origine ‘’rwandaise’’ et d’ethnie tutsi. Une deuxième catégorie à la recherche de terres et à la quête d’une nationalité en distribution, précisant que, si l’on attribue la nationalité aux demandeurs méritant, qu’il serait inconcevable de distribuer les terres. Ces propos sont gravissimes, inacceptables et de nature à opposer davantage nos communautés.
Je voudrais vous dire que, comme représentant attitré de ma base aux assises de Sun City et du Parlement de Transition, j’avais voté sans ambages contre l’article 10 de la Constitution de notre pays, lors de son adoption au parlement de transition, puisque j’exigeais de rester à la date fétiche de 1885 au partage de l’Afrique à Berlin. Ceci pour prévenir les manipulateurs qui feraient croire dans l’avenir qu’à la date de 1960 on distribua la nationalité aux Banyamulenge. Mon propos ce jour-là: «les banyamulenge n’ont jamais demandé une nationalité, ils ne la demandent pas et ne la demanderont jamais, puisqu’ils sont là où ils sont depuis qu’on avait fixé les frontières de ce qui est devenu le Congo en 1885», avait reçu les applaudissements frénétiques des collègues honorables députés dans l’hémicycle du Palais du Peuple.
Les insinuations de votre paragraphe sont de nature à semer le trouble et le pire ne pourrait pas se faire attendre. Ces genres de discours ont pour conséquence de mobiliser toutes les autres communautés de la province contre les incriminés, en créant ainsi une minorité de fait à traquer par tous. Les mayi mayi et leurs alliés burundais de Red Tabara qui mènent une guerre sans merci de déracinement contre les banyamulenge depuis bientôt 4  ans n’attendent que ces genres de discours pour les mobiliser et  intensifier les massacres et les pillages.
En conclusion, Excellence Mgr l’Evêque, je pense qu’il est encore possible de réparer les dégâts qu’a occasionnés votre déclaration, pour marcher ensemble et contribuer à la paix dans les terroirs de Fizi, Uvira et Mwenga.[7]

[1] Cf Christophe Rigaud – Afrikarabia, 20.10.’20
[2] Cf Colette Braekcman – lesoir.be, 07.10.’20
[3] Cf Berith Yakitenge – Actualité.cd, 27.10.’20; Radio Okapi, 28.10.’20; Merveil Molo – 7sur7.cd, 28.10.’20
[4] Cf Actualité.cd, 27.10.’20; Elysée Odia – 7sur7.cd, 27.10.’20
[5] Cf Bertin Bulonza – Laprunellerdc.info, 05.10.’20 ; Jordan Mayenikini – Actualité.cd, 05.10.’20; Afriwave.com, 07.10.’20  https://www.afriwave.com/2020/10/07/rdc-affaire-minembwe-mgr-sebastien-joseph-muyengo-interpelle-felix-tshisekedi-et-les-politiques-du-kivu/
[6] Cf Laprunellerdc.info, 08.10.’20
[7] Cf Laprospériteonline.com, 16.10.20   https://laprosperiteonline.net/2020/10/16/top/minembwe-enock-ruberangabo-sebineza-ecrit-a-mgr-sebastien-joseph-muyengo/