Congo Actualité n. 393

DES RÉVÉLATIONS TROUBLANTES SUR L’IDENTITÉ DES TUEURS DE BENI (NORD KIVU)

SOMMAIRE:

1. CONFUSION TOTALE SUR LES MANDATAIRES ET LES EXÉCUTEURS DES MASSACRES
a. Des ADF d’origine ougandaise mais partiellement congolisées
b. Alerte: un risque imminent de balkanisation de l’Est de la RDC
c. En toute vérité: la situation à Béni
d. Des politiciens, des hommes d’affaires et des jeunes des mouvements citoyens parmi les commanditaires des massacres
2. BENI CONTINUE À PLEURER D’AUTRES MORTS
a. Des nouveaux massacres
b. Les opérations militaires en cours
c. Réactions et déclarations
3. LA PROROGATION DU MANDAT DE LA MONUSCO

1. CONFUSION TOTALE SUR LES MANDATAIRES ET LES EXÉCUTEURS DES MASSACRES

a. Des ADF d’origine ougandaise mais partiellement congolisées

Dans une interview, Christoph Vogel, chercheur à l’Université de Gand, a analysé les échecs de l’armée congolaise et l’impuissance de la mission de l’ONU et il a rappelé qu’il faudra «une convergence d’intérêts des acteurs clés» pour ramener la paix dans la région.
Jusqu’aux années 2000, on croyait encore les ADF capables de rentrer en Ouganda pour continuer leur lutte contre le régime ougandais. Mais depuis plus de 10 ans, l’objectif principal est devenu la survie du mouvement dans les montagnes du Ruwenzori. En effet, ils n’expriment plus clairement de causes politiques.
À propos de leur identité, on mélange souvent de nombreux termes: djihadiste, salafiste, islamiste… Mais en fait, les ADF sont un groupe qui pratique un type d’islam inspiré de l’Inde et du Pakistan, le Tabligh. Il est difficile de les qualifier de “djihadistes”. Par exemple, les ADF ne font pas de prosélytisme. Les membres des ADF et les personnes qu’ils kidnappent sont certes obligés de se convertir, mais cela ressemble davantage à un mode de gouvernance interne afin de contrôler le mouvement, plutôt qu’à une volonté de conversion massive à l’extérieur du groupe.
Il est certain que le groupe s’est partiellement “congolisé”. Le mouvement a recruté des Congolais et certains des leaders des ADF ont des origines congolaises. Majoritairement, les ADF sont composés d’Ougandais et de Congolais.
L’armée congolaise n’arrive pas à éradiquer ce groupe armé car, si on regarde le théâtre des opérations et la zone contrôlée en partie par les ADF, on voit que ce sont principalement dans les montagnes du Ruwenzori ou les forêts de la vallée du Semuliki. Ce sont des zones extrêmement difficiles d’accès et que les ADF connaissent très bien puisque c’est ici qu’ils ont opéré ces 20 dernières années en partage avec d’autres groupes armés comme les RDC-KML, ou des groupes d’autodéfense maï-maï. Les ADF semblent donc connaitre mieux la zone que l’armée congolaise. La géographie joue en leur faveur.
Ensuite, la coordination des opérations sur place est complexe. L’armée congolaise a eu recours à plusieurs reprises à l’aide de la Monusco ou de l’armée ougandaise. Et il y a eu beaucoup de tensions entre tous ces acteurs. La collaboration FARDC/Monusco a connu des succès, mais aussi beaucoup de difficultés et de frictions politiques, surtout en ce qui concerne la collaboration avec des officiers sous le coup de sanctions décrétées à leur encontre par l’ONU, les États-Unis et l’l’Union Européenne, à cause de graves violations des droits de l’homme . Il y a également des tensions internes au sein des FARDC et des problèmes hiérarchiques. C’est une armée qui a intégré de nombreux belligérants des guerres passées. On se rend également compte que, au regard du nombre d’hommes et des équipements, les unités sont rarement au complet et cela pose des problèmes d’organisations militaires et logistiques importants. Il existe aussi des tensions très fortes entre les communautés locales du “grand nord”, comme la population Nande qui s’est toujours méfiée du pouvoir central. Ce qui fait que l’armée ne peut pas toujours compter sur l’aide de la population.
Certains généraux de l’armée congolaise comme Gabriel Amisi ou John Numbi sont sous sanctions internationales pour violations des droits de l’homme. Cela pose un problème, surtout lorsqu’il faut collaborer et monter des opérations conjointes avec la Monusco. C’est évidemment délicat de retrouver à la tête d’opérations conjointes avec les Nations unies des militaires qui ont commis des abus. Cela complique les relations entre les FARDC et la Monusco et mine aussi la confiance entre l’armée et la population.
En outre, à Beni la Monusco fait montre de sa impuissance alors que, en 2013, avec l’appui de l’armée congolaise, la brigade d’intervention rapide (FIB) de l’ONU avait vaincu la rébellion du Mouvement du 23 Mars (M23). Toutefois, il faut savoir que cette brigade a été créée spécifiquement pour la campagne militaire contre le M23, dans le contexte de l’époque. Cela a très bien fonctionné parce qu’il y avait une convergence politique de tous les acteurs et une bonne structuration au niveau des effectifs militaires. Et contrairement aux ADF, le M23 se comportait plus comme une force militaire conventionnelle. A Beni, c’est un autre type de conflit et la convergence de vues des différents acteurs semble moins forte. Ensuite, si les chiffres de la mission de l’ONU au Congo sont impressionnants sur le nombre d’hommes et son coût, ils sont minimes, par exemple, si on les compare à l’ISAF en Afghanistan.
Cette mission n’apparaît pas assez robuste au vu de la taille immense du pays. Il y a enfin un manque de clarté entre les pays contributeurs de troupes. Est-on sûr qu’un ordre d’un commandant de la Monusco sera correctement exécuté sur le terrain ? Ou est-ce que chaque bataillon va devoir en référer à sa capitale pour obtenir un feu vert pour intervenir ? Je ne serai pas surpris qu’une “non réaction” d’un bataillon de la Monusco sur le terrain soit dû à un manque de réponse d’une capitale d’un pays contributeur. Mais ne généralisons pas en disant, par exemple, que tous les militaires de certain contingent de la Monusco sont inefficaces. Ce serait réducteur et faux. Certaines unités sont très engagées, et d’autres moins.
Enfin, pour ramener la paix à Béni il faut une convergence des acteurs clés : gouvernement congolais, acteurs locaux, pays de la région, grandes puissances et l’ONU. Il faut une convergence d’intérêts. Il faut que tous ces acteurs aient plus un intérêt à la paix qu’à la guerre.[1]

b. Alerte: un risque imminent de balkanisation de l’Est de la RDC

Le 19 décembre, dans une note intitulée « Alerte: un risque imminent de balkanisation de l’Est de la RDC », la Commission Diocésaine Justice et Paix (CDJP) de Butembo – Béni a exprimé sa profonde inquiétude face à la persistance des massacres dans la région de Beni d’abord, puis de l’insécurité dans les provinces de l’Ituri et du Sud-Kivu. La Commission dénonce l’existence d’un projet maffieux destiné à concocter des stratégies, pour céder la partie Est de la RDC à des populations non originaires.
Au sujet de la situation à Beni, l’église catholique soutient que les vagues des mouvements des populations du petit Nord vers le grand Nord de la province aux moments forts des massacres, sous prétexte de recherche des terres arables, laisse entrevoir un programme d’occupation des terres des autochtones par un groupe d’allochtones aux intentions diverses.
Bien plus, elle dénonce les complicités aussi internes au sein de l’armée congolaise ou de la classe politique, qu’externes, entretenues par les pays voisins de la RDC.
Pour la CDJP, les hypothèses avancées sur l’identité des auteurs des massacres de Beni font état des certains officiers infiltrés au sein de l’armée nationale qui travaillent au compte de l’ennemi. Elle fait savoir que des rapports sur cette situation ont indiqué quelques noms des officiers qui seraient de mèche avec ceux qui tuent à Beni. Pour elle, l’ennemi profiterait de cette collaboration pour rendre la situation plus complexe. Par exemple, lorsque l’ennemi connait une défaite en brousse, celui qui se trouve en ville ou dans les villages le venge, en massacrant la population civile.
Pour la CDJP, l’infiltration de l’armée loyaliste par l’armée rwandaise, et les intégrés venus du RCD, CNDP, M23 ne facilitent pas les opérations militaires.
Selon la CDJP de Béni, «il s’agit à ce niveau des officiers militaires venus des mouvements politico-militaires tels que le RCD de Mr Ruberwa, le CNDP, M23, etc. intégrés dans l’armée sous l’ancien régime politique, apparemment complice qui, depuis longtemps brillait dans l’inaction et l’insouciance devant ces massacres jusqu’à leur fin mandat. Ce sont des officiers supérieurs militaires congolais bien connus … Nous pensons que le grand groupe des auteurs des massacres se cacherait dans l’armée Congolaise. Ce seraient précisément des éléments de la RDF ( armée rwandaise) infiltrés dans l’armée Congolaise (FARDC) pour exécuter le plan d’installation des Hutu chassés de la Tanzanie dans une bonne partie du Grand Nord-Kivu».
La CDJP de Butembo-Beni invite la justice Nationale et internationale à se servir des nombreux rapports qui existent et qui incriminent plusieurs officiers congolais impliqués dans les massacres, faisant du business la priorité à la place de la protection des civils: «De nombreux rapports nationaux et internationaux publiés ont toujours soutenu que ces officiers supérieurs militaires congolais ont contribué aux massacres des Congolaises et Congolais. Ils sont dans la vente des matières premières congolaises extraites depuis l’Est du pays. La Justice Congolaise, la CPI et la communauté internationale doivent se servir de ces rapports pour mettre la main sur tous ces officiers supérieurs militaires congolais et leurs complices pour les mettre à la disposition de la justice».
La CDJP Butembo – Béni déplore aussi la passivité de la MONUSCO qui est en train d’être perçue comme une grande complice dans les massacres des civils: «La plupart des attaques meurtrières à Beni ville et territoire ont été menées en face des bases de la MONUSCO qui est restée inoffensive. Celle-ci a brillé par une passivité suspecte qui n’exclut pas la complicité au plus haut niveau de ses animateurs». Revenant sur les propos de Leila Zerrougui, représentante spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies en RDC qui a déclaré qu’il fallait trouver une solution négociée à la question des massacres de BENI, la CDJP y voit un scandale et pense d’ailleurs que la Monusco connait ces auteurs, mais préfère “sacrifier” la population locale: «Ceci signifie que les auteurs des massacres sont bien connus et que la MONUSCO les connait également mais sacrifierait la population pour des raisons qu’elle seule connait».
La CDJP Butembo – Béni prévient que si les autorités congolaises ne prennent pas la question au sérieux, elles « risquent d’être surprises quand la balkanisation aura déjà commencée ».
La CDJP formule enfin des recommandations:
* Dénoncer ce plan de balkanisation de l’Est de la RD Congo auprès des autorités congolaises, notamment l’ancien régime et informer le nouveau en même temps que la communauté internationale.
* Permuter les militaires issus des branches armées (RCD, CNDP, M23, etc.) de l’est vers l’ouest.
* Changer tous les militaires soupçonnés dans la complicité avec les forces rwandaises, ougandaises, burundaises ou ceux tirant profit économiquement des opérations militaires au détriment de leur mission républicaine.
* Revoir la planification, la stratégie et la communication des opérations actuelles (sécuriser les populations en même temps qu’on attaque l’ennemi en profondeur).
* Diligenter une enquête internationale indépendante sur la situation de Beni afin d’identifier les auteurs des massacres et les déférer devant la justice.
* Exiger une opération du genre « arthemis » qui avait fait ses preuves dans l’Ituri, afin de répondre à l’inefficacité actuelle des FARDC et éviter le génocide à Beni et la balkanisation à l’Est, etc.
* Résoudre la question des FDLR qui s’apparentent étrangement à certaines ethnies implantées en RD Congo.[2]

c. En toute vérité: la situation à Béni

Dans une interview récente, à propos des massacres commis à Béni (Nord Kivu), Boniface Musavuli, politologue, écrivain et spécialisé dans les questions sécuritaires du Kivu et de la région des Grands Lacs, a affirmé que les assaillants arrivent dans les villages en uniformes des FARDC et avec les armes de l’armée. Ils tuent toujours à proximité des positions de l’armée et de la Monusco, souvent à une petite distance de 200- 300 mètres.
Les massacres se déroulent en une manière décontractée : les tueurs arrivent dans une localité, ils prennent le temps de boire, ils prennent même le temps de discuter avec leurs prochaines victimes et après ils se mettent à ligoter les hommes, les mains derrière le dos, ils appellent par téléphone et, après avoir reçu le feu vert, ils commencent à tuer les enfants et les femmes, pour terminer ensuite avec les hommes. Après avoir tué, ils entrent dans les maisons et il mangent tranquillement le repas du soir. Quand ils ont terminé de manger, ils prennent les choses de valeurs, ils attrapent quelques otages pour les utiliser comme transporteurs des biens pillés. Enfin, ils partent aussi tranquillement comme ils étaient arrivés. La question qu’on se pose est de savoir pourquoi l’armée et la Monusco n’interviennent pas.
Ce qui étonne le plus c’est que, après les massacres, lorsque la population manifeste son mécontentement, on voit l’armée, la police et la Monusco déployer des gros moyens militaires et orienter les armes et les canons contre la population et arrêter les manifestants. Dans les prisons de Beni il y a de manifestants, de défenseurs des droits de l’homme et de journalistes, mais aucun tueur. Il s’agit donc d’une sorte de guerre qui est menée contre la population.
Il y a une version officielles selon laquelle les massacres sont perpétrés par les ADF islamistes. Cette version ne tient pas la route. Elles est utilisée uniquement pour cache l’identité réelle des tueurs. Ces tueurs n’ont rien à voir avec les ADF, l’Islam, une quelconque rébellion ougandaise.
Alors qui sont les tueurs ?
Pour comprendre ce qui se passe à Beni, il faut se situer sur le plan historique et sur le plan régional. Sur le plan historique, l’armée congolaise est une armée qui a été constituée en 2002 – 2003, dans la foulé des accords de Sun City, par intégration des forces belligérantes de la deuxième guerre du Congo. Cette intégration a amené dans l’armée congolaise des éléments qui ne sont pas fiables, car il poursuivaient des agendas des Pays qui ont agressé et occupé le Congo. Il y a eu ensuite les deux guerres du CNDP et du M23 qui se sont soldées par l’intégration dans l’armée congolaise d’éléments étrangers et de troupes étrangères. L’armée congolaise le vêtement est congolais, mais à l’intérieur l’homme est un militaire étranger qui poursuit sur le sol congolais les objectifs stratégiques de son Pays.
En deuxième lieu, il y a eu une crise entre le Rwanda et la Tanzanie, ce qui a poussé la Tanzanie à chasser une partie des réfugiés rwandais qui habitaient en Tanzanie. Ces populations sont arrivées au Rwanda mais on leur a fait comprendre que, au Rwanda, il n’y a pas assez d’espaces pour elles.
C’est ainsi que, en 2012 – 2013, on les a poussées vers les territoires qui étaient contrôlés par le M23. Ces populations avaient reçu une formation militaire au Rwanda, avant d’être envoyées au Congo. Dans les zones contrôlées par le M23, ces populations avaient aussi suivi une formation militaire pour servir de combattants pour le M23.
Mais après la défaite du M23, il fallait trouver un endroit pour y acheminer ces populations.
On a donc commencé à assister à une vague de migration de populations rwandaises vers le nord, vers Beni, vers Boga et Tchabi en Ituri, Ces populations rwandaises étaient accompagnées par leurs compatriotes, les militaires rwandais qui avaient été déversés dans l’armée congolaise.
Ce phénomène migratoire explique l’essentiel de la crise de Beni: chercher au Congo un espace pour y installer cette population rwandaise passe par l’élimination de la population autochtone.
Une fois arrivées dans ce qu’on appelle le triangle de la mort, entre Mbau et Eringeti, en passant par Oicha, ces populations disparaissaient dans la brousse. Quelque temps après, on apprenait qu’il y avait eu un massacre quelque part. Ce qui se passe à Beni c’est un phénomène de dépeuplement des populations autochtones pour les remplacer par des populations allogènes qui viennent s’installer dans cette région, parfois sous vêtement de renforts des FARDC après les massacres. C’est comme ça que le territoire de Beni est en train de se vider de ses populations autochtones. Il s’agit d’une campagne de dépeuplement et de remplacement de la population.
Par ailleurs, les vrais responsables des massacres de Béni ne sont pas les dénommés « terroristes islamistes ougandais des ADF » de la version officielle. Les vrais mandataires et exécuteurs des massacre ne sont ni islamiste, ni ougandais, ni ADF.
Pour mettre fin aux massacres, il faut que les auteurs des attaques soient identifiés, traduits en justice et punis. Il faut le faire systématiquement. Il faut attraper les suspects, les présenter à la télé. Il faut organiser des procès publiques, pour que ces suspects disent d’où ils viennent, qui leur fournit les uniformes des FARDC, qui leur fournit les armes, qui leur fournit des renseignements, à qui ils téléphonent avant de commencer à tuer. Toutes ces informations doivent être mises à disposition de l’opinion nationale et internationale il faut une reforme structurelle de l’armée en écartant les éléments problématiques, mais la solution n’est pas seulement militaire, il faut la chercher aussi au niveau géopolitique.
Les vagues migratoire qui arrivent au Congo doivent être gérées, soit en contrôlant de façon ferme les frontières, soit en expulsant certaines personnes qui ne doivent pas vivre sur le territoire national, soit en négociant au niveau du HCR pour que certaines personnes, certains réfugiés puissent être installés dans d’autres Pays où ils ne poseraient pas des problèmes comme au Congo, mais aussi au niveau du contrôle des ressources. Toutes ces ressources du Congo qui sont volées alimentent une économie de guerre. Il faut contrôler ces ressources, car il y a un lien entre la poursuite de la violence et l’exploitation illicite des ressources. Il faut donc ouvrir des enquêtes pour dénicher ces trafiques dans lesquels tel général ou tel homme politique est impliqué et pour, enfin, sanctionner les bénéficiaires de cette économie de guerre.
Sur le plan militaire, il faut d’abord bien identifier l’ennemi qui se trouve surtout à l’intérieur de l’armée et ça demande des renseignements pour savoir qui sont les responsables militaires des FARDC qui entretiennent le chaos à Béni.[3]

d. Des politiciens, des hommes d’affaires et des jeunes des mouvements citoyens parmi les commanditaires des massacres

Le 23 décembre, à Beni, le porte-parole des FARDC, le général Léon-Richard Kasonga, a annoncé que, depuis le lancement des opérations militaires fin octobre, l’armée a capturé environ 521 combattants des Forces Démocratiques Alliées (ADF), issus de différentes nationalités, dont des Ougandais, des Burundais, des Tanzaniens, des Rwandais, des Centrafricains et des RDCongolais.
Il en a présenté à la presse trente-sept, parmi lesquels une femme. Parmi les Congolais, il y aurait surtout des miliciens Maï- Maï locaux.
Selon le porte-parole de l’armée, ces assaillants ont révélé avoir comme mission principale de créer une nouvelle entité administrative politique qui partirait de Beni jusque dans la province voisine de l’ituri: «Ils ont pour mission de créer la terreur, pousser la population à abandonner ses habitations en perspective de laisser ces terres vides pour qu’elles soient occupées par d’autres personnes à leur solde, Ils ont aussi en perspective l’assassinat des notables. Il y en a ceux qui nous ont dit que leur objectif était d’assassiner le maire de la ville. L’effet final recherché par les crimes commis est de créer une nouvelle entité qui partirait de Beni jusqu’en Ituri qui serait une nouvelle entité administrative politique».
A en croire le général Richard Kasonga, les capturés ont livré des révélations accablantes sur l’identité des tueurs et des commanditaires des tueries de Beni: «Parmi les tueurs et les commanditaires des tueries il y a des politiciens, des hommes d’affaires, des jeunes des mouvements citoyens et des collaborateurs». Le général Richard Kasonga a ajouté que «les capturés ont également fait des révélations sur les sources de financement locales et externes, mais aussi sur la localisation des auteurs, co-auteurs et complices, à Beni, Butembo, Lubero, Kinshasa et à l’extérieur du pays».[4]

2. BENI CONTINUE À PLEURER D’AUTRES MORTS

a. Des nouveaux massacres

Le 5 décembre, quatorze civils ont été tués à Kalikoko et dix autres à Mantumbi, deux localités du secteur de Beni-Mbau. La première incursion a été celle de Kolikoko, au quartier Mabasele, dans la commune rurale d’Oicha aux environs de 4heures du matin. Selon la société civile locale, trois hommes ont été tués à l’arme blanche sur l’axe Oicha -Maleki, juste devant les dispositifs mis en place pour le lavage des mains dans le cadre de la lutte contre Ebola. A ce niveau, selon des sources locales, ces rebelles ont coupé la tête d’une victime et les mains des autres. Et une Bible a été trempée dans le sang d’une autre victime. C’est vers 6 heures du matin que les premiers éléments des FARDC ont pu intervenir sur le lieu. Un peu plus loin, vers l’ouest dans le village de Mantumbi, ces miliciens des Forces Démocratiques Alliées (ADF) ont fait leur deuxième raid vers 14 heures. Dix civils ont été tués, dont quatre à l’arme blanche. C’est la troisième attaque contre les civils attribuée à des présumés rebelles ADF à Beni, depuis le début du mois de décembre. Le 4 décembre, 3 civils ont été tués à Mabasele, dans la cité d’Oicha, après que 14 autres l’ont été la veille, à Orototo, dans la localité de Ndama, toujours à la frontière avec l’Ouganda.[5]

Le 13 décembre, vers 20 heures locales, cinq civils ont été tués par des présumés combattants des Forces Démocratiques Alliées (ADF), dans la chefferie des Watalinga, en territoire de Beni (Nord-Kivu). Plusieurs personnes ont été aussi blessées. L’attaque a eu lieu dans la localité de Matolu, située à 10 kilomètres au sud de Kamango, à la frontière avec l’Ouganda. Parmi les victimes, il y a trois femmes et deux hommes. Les assaillants ont aussi emporté le bétail. C’est la deuxième attaque des combattants ADF, survenue dans la chefferie des Watalinga, depuis le début du mois de décembre.[6]

Le 13 décembre, dans la soirée, six civils ont été tués par des présumés rebelles d’Allied democratic forces (ADF) au quartier Rwangoma, dans la commune de Beu, au sud-est de la ville de Beni (Nord-Kivu). Parmi les victimes figure deux hommes, un nourrisson et trois femmes dont une enceinte. Bien que l’attaque ait été commise dans la périphérie de la ville, le lieu est tout de même situé à plus au moins 5 kilomètres du centre-ville de Beni et à moins d’un kilomètre de l’état major des opérations Sokola 1.  Au moins 39 personnes sont déjà tuées en ce mois de décembre en cours dans la région de Beni. Au moins 107 l’ont été en novembre dernier toujours dans diverses attaques armées attribuées aux combattants ADF.[7]

Le 14 décembre, dans la soirée, au moins 22 civils ont été tués par des présumés combattants d’Allied democratic forces (ADF) à Ndombi, village situé à 13 kilomètres, à l’ouest de la localité de Mayimoya,en territoire de Beni (Nord-Kivu). Parmi les victimes il y a 15 hommes et 7 femmes, selon la société civile locale. Ce massacre de Ndombi porte à 198 le nombre des civils tués par les terroristes des ADF, en représailles aux offensives de grande envergure lancées contre eux par les FARDC depuis le 30 octobre 2019.[8]

Le 15 décembre, dans la nuit, au moins douze personnes, dont six femmes, ont été tuées lors d’une nouvelle attaque des rebelles ougandais des ADF dans la localité de Kamango, en chefferie de Watalinga, frontalière avec l’Ouganda, dans le territoire de Béni (Nord-Kivu). Selon la société civile locale de Kamango, les rebelles ont fait incursion dans le quartier Majengo, autour de 22 heures. Alertés, les FARDC et les Casques bleus de la MONUSCO ont poursuivi les assaillants, qui se seraient retranchés vers la localité de Bundekelia, à l’ouest de Kamango, d’où ils seraient venus. Selon la société civile, ce dernier massacre de Kamango, porte à 213, le nombre de civils tués par les rebelles ougandais des ADF, en représailles aux offensives lancées par les FARDC depuis le 30 octobre 2019.[9]

Le 16 décembre, pendant la nuit, un groupe d’hommes lourdement armés non encore identifiés vêtus en tenue militaire similaire à celle de l’armée ougandaise a traversé la frontière entre la RDC et l’Ouganda, en provenance de l’Ouganda. D’après la société civile de la chefferie de Watalinga qui a donné l’alerte, ces hommes auraient traversé la frontière vers 22heures, à travers le groupement Bahumu, en chefferie de Watalinga à Beni. La société civile qui a dit ne pas connaître l’objectif poursuivi par ces hommes, s’est inquiétée de leur présence et a appelé à une enquête nationale et internationale pour élucider les circonstances de leur entrée ainsi que leur mission. Selon Baraka Basweki, porte-parole de la société civile locale, «cette situation porte à croire que les pays étrangers, surtout l’Ouganda voisin, seraient complices des massacres perpétrées par des rebelles ADF, à Beni depuis des années». Cette présence militaire est aussi confirmée par le député national Baliesima Kadokima, selon qui ces hommes non identifiés seraient une centaine.[10]

Le 19 décembre, dans la nuit deux femmes, dont une enceinte, et un homme ont été tués au cours d’une attaque armée à Rwangoma, un quartier de la Commune de Beu, de la ville de Beni. Selon des sources locales et de la société civile, cette attaque est attribuée aux ADF qui ont fait incursion dans ce quartier aux environs de 20h30, heure locale. Bien que l’attaque ait été perpétrée dans la périphérie de la ville, le lieu est tout de même situé à moins de 700 mètres entre deux positions de l’armée congolaise. C’est la troisième incursion des présumés combattants ADF au quartier Rwangoma, en intervalle d’une semaine.
Cette énième attaque des ADF intervient au moment où jeudi 19 décembre le conseil de sécurité de l’Onu a prorogé à travers la résolution 2502, le mandat de la MONUSCO et à titre exceptionnel celui de sa brigade d’intervention, jusqu’au 20 décembre 2020. Le nouveau mandat a pour priorités de contribuer à assurer la protection des civils, à appuyer la stabilisation et le renforcement des institutions de 1’Etat en RD Congo ainsi que les principales réformes de la gouvernance et de la sécurité.
Depuis novembre dernier, ce sont près de 200 civils qui ont perdu la vie à Beni.
Suite à cette résurgence des tueries des civils, la société civile locale de Beni a initiée une pétition pour demander à ce que le président de la République déclare la région de Beni une zone sinistrée.[11]

Le 22 décembre, trois civils ont été tués dans une embuscade tendue par des présumés combattants des Forces Démocratiques Alliées (ADF), à Nyaleke-Riserie, sur la route Beni-Kasindi.
Les victimes étaient sur une moto, elles provenaient de la localité de Bulongo pour la ville de Beni.
Les combattants ADF ont multiplié les attaques contre la population civile en représailles aux offensives de « grande envergure » lancées par l’armée fin octobre dernier. Plus de 200 civils ont péri dans différentes attaques sanglantes dans la région de Beni, depuis cette date.[12]

b. Les opérations militaires en cours

Le 6 décembre, le Ministre de la Défense, Aimé Ngoy Mukena, a annoncé que «quatre grands commandants ADF sur dix ont été neutralisés, de même que cinquante cinq combattants et nonante trois de leurs collabos ont été capturés». Il a également annoncé que les FARDC ont conquis quelques bastions des ADF, comme Mapobu (Nord de Beni), Mayangose (Centre de Beni) et Mwalika (Sud de Beni).[13]

Le 9 décembre, plus de 300 éléments de la Police nationale Congolaise (PNC) sont arrivés à Beni (Nord-kivu) en provenance de Kinshasa. Il s’agit d’un bataillon de la Légion Nationale d’Intervention (LNI) qui vient apporter son appui aux Forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC) dans la traque des combattants ADF.[14]

Le 13 décembre, lors de son discours prononcé devant les deux chambres du Parlement réunies en Congrès, le Chef de l’État, Félix Tshisekedi, a affirmé qu’il a décidé d’installer un État – Major avancé à Beni avec les meilleurs officiers, pour combattre les rebelles ougandais des ADF.
«J’ai aussi procédé au changement de tous les commandements de la zone opérationnelle et relevé tous les militaires, comme n’a cessé de réclamer la population», a-t-il déclaré. Il a aussi souligné avoir permuté les 11.000 militaires qui étaient présents dans la zone de conflits armés, pour les remplacer par 21.000 hommes. «Nous avons formé une brigade d’intervention rapide et des forces spéciales qui se trouvent déployés dans cette partie du territoire pour garantir la victoire à nos forces armées. Nous avons déployé des unités supplémentaires de la Police nationale congolaise dans de grandes agglomérations de Beni pour la sécurité de nos populations», a assuré Félix Tshisekedi.[15]

Le 14 décembre, selon des sorces militaires, le camp Kazaroho jadis occupé par les ADF est tombé entre les mains des FARDC. Kazaroho se situe à 8 km du Point Kilométrique 20, en secteur de Beni-Mbau. Lors de cette conquête, une rebelle ADF de nationalité ougandaise a été capturée. Certaines sources ajoutent que ce camp constituait un des greniers alimentaires de ces rebelles, car  il y a des champs de maïs, banane, manioc et même de chanvres.[16]

c. Réactions et déclarations

Le 9 décembre, dans une rencontre extraordinaire, les Directeurs et Rédacteurs en chef des médias locaux de Beni ont décidé de mettre sous embargo certains mouvements « subversifs » et groupes de pression fonctionnant à Beni-ville (Nord-Kivu). Ils justifient cette mesure par le soucis d’accompagner les efforts des autorités dans la restauration de la paix et la sécurité dans la région qui, depuis plus de 5 ans, fait face aux tueries des civils par les rebelles des Forces Démocratiques Alliées (ADF). Les professionnels des médias de Beni estiment par ailleurs que certains messages des groupes de pression et/ou mouvements subversifs cultivent la haine, se soldant le plus souvent par des soulèvements populaires. Les groupes de pression interdits d’intervenir dans les médias de Beni-ville sont notamment, la Véranda Mutsanga (VM), le parlement debout, le mouvement Je suis Beni, la Lutte pour le Changement (LUCHA), les faux notables de Beni.[17]

Le 9 décembre, le coordonnateur de Lamuka, Adolphe Muzito Fumutshi, a échangé avec Leila Zerrougui, Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en République démocratique du Congo et Cheffe de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en RDC, autour de la situation sécuritaire dans l’Est du pays. Il s’est dit convaincu que les pays voisins de la RDC financent les violences dans la partie orientale du pays. «Notre pays est en guerre, il est sous occupation et il est balkanisé de facto par les pays voisins à travers les milices qu’ils équipent, financent et qui viennent piller nos ressources, violer et tuer nos sœurs, nos femmes et nos mères», a-t-il déclaré au sortir de la rencontre avec la cheffe de la Monusco, en ajoutant: «Nous lui avons dit de travailler de manière qu’on améliore et qu’on augmente la capacité d’intervention rapide de la brigade de la Monusco. Et que, de manière urgente, on lui donne le maximum de moyens. La MONUSCO doit continuer sa mission au Congo car, si elle part, ce sera la catastrophe et ceux qui aujourd’hui prennent prétexte pour manipuler la population, même si la colère est réelle et légitime, ceux-là voudront en profiter pour créer le chaos».[18]

Le 16 décembre, dans un communiqué, la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations unies en RDC, Leila Zerrougui a condamné les nouvelles attaques attribuées aux rebelles des ADF dans la région de Beni (Nord-Kivu). «Ces attaques barbares sont orchestrées dans le but de briser la confiance de la population et de discréditer aussi bien les troupes des Forces Armées de la RD Congo engagées dans la lutte contre les ADF que la MONUSCO», a souligné Mme Zerrougui, en annonçant que, ces dernières semaines, la MONUSCO a intensifié ses activités conjointes avec les FARDC. Elle a aussi déployé un peloton supplémentaire de police des Nations unies à Beni, en appui du deuxième renfort de deux cents policiers congolais arrivés récemment sur place pour sécuriser la ville et ses alentours.[19]

Le 24 décembre, dans un meeting tenu à Béni, se référant aux violences qui endeuillent la population, l’ancien candidat à la présidentielle qui revendique toujours sa victoire et qui se considère toujours comme le président élu, mais pas investi, Martin Fayulu, a dit: «Je suis triste d’apprendre qu’on tue ici. Vous avez dit que ce sont des militaires qui vous tuent. Cela veut dire que ces militaires ne sont pas des Congolais. Vous avez dit que les gens qu’ils ont envoyés ici sont des combattants M23 et vous savez qu’ils ne sont pas des Congolais. Ntaganda, Kunda ne sont pas Congolais. On les avait emmenés ici en les présentant comme des Congolais … Tout ce qui se passe ici, c’est parce que ne nous n’avons pas des dirigeants légitimes. Nous n’allons pas laisser le pays mourir. Ceux qui veulent balkaniser le pays n’arriveront pas à leur fin. Nous savons que le mal vient d’un homme, Kabila. Il n’y a qu’une seule solution. Que le président que vous avez élu soit installé. Il faut des institutions légitimes, des députés légitimes, etc. Qu’on ne vous piège pas comme Kabila a piégé Tshisekedi. La solution, c’est le départ de Kabila».[20]

3. LA PROROGATION DU MANDAT DE LA MONUSCO

Le 19 décembre, le Conseil de Sécurité de l’ONU a prorogé à travers la résolution 2502, le mandat de la MONUSCO et, à titre exceptionnel, celui de sa brigade d’intervention, jusqu’au 20 décembre 2020. La MONUSCO  maintiendra un effectif maximum autorisé de 14 000 militaires, 660 observateurs militaires et officiers d’état-major, 591 policiers et 1050 membres d’unités de police constituées.
Le Conseil de sécurité approuve aussi le déploiement, à titre temporaire, de 360 membres supplémentaires d’unités de police constituées, à condition qu’ils soient déployés en remplacement du personnel militaire.
Il invite le Secrétariat à envisager de réduire encore les effectifs militaires et la zone d’opérations de la MONUSCO, compte tenu de l’évolution positive de la situation sur le terrain, en particulier dans les régions où les groupes armés ne posent plus de réelle menace.
Le Conseil de sécurité décide que les priorités stratégiques de la MONUSCO sont de contribuer à assurer la protection des civils, à appuyer la stabilisation et le renforcement des institutions de 1’Etat en RDC ainsi que les principales réformes de la gouvernance et de la sécurité.
En ce qui concerne la protection des civils, la résolution 2502 indique notamment que la MONUSCO doit prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer une protection efficace, rapide, dynamique et intégrée des civils se trouvant sous la menace de violences physiques dans les provinces où la Mission est actuellement déployée, et en particulier dans l’Est de la République démocratique du Congo.
La résolution 2502 du Conseil de sécurité autorise la Brigade d’intervention de la MONUSCO à mener les opérations de manière unilatérale ou conjointe avec les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) contre les forces négatives. Cette Brigade est composée des contingents tanzanien, malawite et sud-africain.
Ainsi, les casques bleus sont appelés à «mener, à l’appui des autorités de la République démocratique du Congo et sur la base des informations recueillies et analysées, de façon unilatérale ou conjointement avec les FARDC, des offensives ciblées et énergiques en République démocratique du Congo en vue de neutraliser les groupes armés et de contribuer à réduire la menace qu’ils constituent pour l’autorité de l’Etat et la sécurité des civils dans le pays et à préparer le terrain pour les activités de stabilisation, par l’intermédiaire de la Brigade d’intervention élargie, dont l’efficacité aura été renforcée par le commandant de la force dans l’objectif de la rendre apte à remplir son mandat».[21]

[1] Cf Christophe Rigaud – Afrikarabia.com, 13.12.’19
[2] Cf Jean-Luc M. – Laprunellerdc.info, 20.12.’19 ; Muhindo Kisatiro – 7sur7.cd, 20.12.’19
[3] Cf vidéo « En toute vérité – Situation à Béni / Avec les Nande de l’Europe »
https://www.youtube.com/embed/8kNeVk942So
[4] Cf Yassin Kombi – Actualité.cd, 23.12.’19; Roger Kakulirahi – 7sur7.cd, 23.12.’19
[5] Cf Radio Okapi, 06.12.’19; Yassin Kombi – Actualité.cd, 05.12.’19
[6] Cf Yassin Kombi – Actualité.cd, 13.12.’19
[7] Cf Yassin Kombi – Actualité.cd, 14.12.’19
[8] Cf Yassin Kombi – Actualité.cd, 15.12.’19; Radio Okapi, 15.12.’19
[9] Cf Radio Okapi, 16.12.’19
[10] Cf Roger Kakulirahi – 7sur7.cd, 18.12.’19; Siméon Isako – Cas-info.ca, 18.12.’19
[11] Cf Radio Okapi, 20.12.’19; Yassin Kombi – Actualité.cd, 20.12.’19
[12] Cf Yassin Kombi – Actualité.cd, 22.12.’19
[13] Cf Actualité.cd, 07.12.’19
[14] Cf Yassin Kombi – Actualité.cd, 10.12.’19
[15] Cf Radio Okapi, 13.12.’19
[16] Cf Radio Okapi, 15.12.’19
[17] Cf Roger Kakulirahi – 7sur7.cd, 09.12.’19
[18] Cf Christine Tshibuyi – Actualité.cd, 09 et 10.12.’19
[19] Cf Radio Okapi, 16.12.’19
[20] Cf Yassin Kombi – Actualité.cd, 24.12.’19
[21] Cf Radio Okapi, 19.12.’19; Actualité.cd, 19.12.’19