Congo Actualité n. 347

SOMMAIRE

EDITORIAL: POUR UNE OPPOSITION PLUS VRAIE, FORTE ET EFFICACE

  1. UNE OPPOSITION EN DIFFICULTÉ
    1. Le congrès de l’UDPS – Aile Bruno Tshibala
    2. Une Opposition en ordre dispersé
    3. Les déclarations tonitruantes de l’Opposition à propos du 1er janvier 2018
    4. Qu’est-ce qui se passe au sein du Rassemblement de l’Opposition / aile Limete?
  2. LE PROCESSUS ÉLECTORAL
    1. La promulgation de la loi électorale et de la loi des finances pour l’année 2018
    2. La réception du premier lot de machines à voter

 

EDITORIAL: POUR UNE OPPOSITION PLUS VRAIE, FORTE ET EFFICACE

 

 

 

 

1. une OPPOSITION en difficultÉ

 

a. Le congrès de l’UDPS – Aile Bruno Tshibala

 

Le 1er décembre, à Kinshasa, le conclave de l’UDPS-Aile Bruno Tshibala s’est clôturé après trois jours de réflexion sur le thème: « La normalisation de la vie du parti, la réconciliation et la revitalisation de l’UDPS vers la tenue du congrès« . Les participants ont recommandé notamment la tenue du congrès dans un délai ne dépassant pas 30 jours, pour élire le nouveau président et surtout unifier le parti avec tous les membres, rapatrier le corps d’Etienne Tshisekedi pour son enterrement digne à Kinshasa, redynamiser la commission électorale du parti en vue de la victoire de l’UDPS aux élections du 23 décembre 2018. Pour le porte-parole de l’UDPS-Aile Limete, Augustin Kabuya, Bruno Tshibala s’était déjà auto-exclu de l’UDPS et il n’a donc ni qualité ni pouvoir de parler au nom du parti et de convoquer le congrès. Cette prérogative revient, selon l’article 26 de statuts du parti, au secrétaire général. Il conseille à M. Tshibala de créer carrément son propre parti politique, à l’instar d’autres dissidents de l’UDPS, tels que Bruno Mavungu.[1]

 

Le 4 décembre, le secrétaire général de l’UDPS, Jean-Marc Kabund, a signifié à Emmanuel Shadary, vice Premier Ministre et Ministre de l’Intérieur, que Bruno Tshibala et Valentin Mubake, dont l’auto-exclusion a été constatée par le parti respectivement le 4 mars et le 5 avril 2017, ne sont plus habilité ni à parler au nom de ce parti, ni à l’engager auprès des tiers. Il lui a rappelé également que le siège de l’UDPS reste situé au N° 2600, Boulevard Lumumba, Quartier Résidentiel dans la commune de Limete.[2]

 

Le 10 décembre, Bruno Tshibala a été élu par acclamation, président de l’UDPS-Aile Tshibala. C’est l’une des résolutions du congrès de ce parti qui s’est clôturé à Kinshasa. Selon le rapporteur du congrès, le nouveau président de l’UDPS est appelé à mettre en place les autres structures du parti dans un meilleur délai. «Je m’engage à aller à pieds ou à vélo rencontrer tous les enfants de l’UDPS, afin de les ramener à la maison», a-t-il dit à la clôture du congrès débuté le 7 décembre.

Tshibala s’est également engagé à offrir à Etienne Tshisekedi, décédé en février 2017, des obsèques dignes de son rang. Il a lancé un appel à tous les militants de l’UDPS à soutenir le processus électoral et les institutions de la République. Pour lui, il n’y a pas un autre schéma en dehors des élections. Il a donc encouragé l’UDPS à « se mettre en ordre de bataille en vue d’obtenir de bons résultats » lors des élections présidentielle, législatives et locales prévues le 23 décembre 2018, évoquant des éventuelles alliances avec d’autres partis. Enfin, il a promis de récupérer le siège de la 10 ème rue Limete qu’occupe actuellement l’aile Félix Tshisekedi.[3]

 

Toutefois, cette élection de Bruno Tshibala comme président de l’UDPS a été aussitôt considérée comme nulle par l’aile de l’UDPS dirigée par le duo Jean-Marc Kabund et Felix Tshisekedi et qui prépare elle aussi, de son côté, un congrès pour remplacer Etienne Tshisekedi, décédé en février 2017. Cette élection viole aussi la Constitution qui interdit au chef de l’exécutif d’exercer une telle fonction. En effet, l’article 97 al. 2 rend les fonctions du Chef de l’Exécutif incompatibles avec toute responsabilité au sein d’un parti politique:  «Les fonctions de membre du Gouvernement sont incompatibles avec l’exercice de tout mandat électif, de tout emploi public, civil ou militaire et de toute activité professionnelle à l’exception des activités agricoles, artisanales, culturelles, d’enseignement et de recherche. Elles sont également incompatibles avec toute responsabilité au sein d’un parti politique».[4]

 

Le 14 décembre, dans un document intitulé “DECISION N°002/PRES/UDPS/DU14/12/2017”, Bruno Tshibala a confié la direction du parti à un président délégué, en la personne de Tharcisse Loseke Nembalemba. “Est désigné président délégué du parti, Monsieur Tharcisse Loseke”, lit-on dans ce document. Il assumera donc désormais le rôle d’autorité morale au sein de sa formation politique. « Le président élu par le Congrès Extraordinaire devient l’Autorité Morale du parti, en conformité avec l’article 97 al 2 de la constitution« , dit la décision.

Tharcisse Loseke avait été suspendu des ses fonctions de Secrétaire national aux Relations extérieures de l’UDPS pour « vagabondage politique » après avoir rencontré, le 29 novembre 2016, le Premier Ministre Samy Badibanga sans avoir été mandaté par son parti. L’UDPS lui avait également reproché des malversations financières. N’ayant pas répondu à la demande d’explication lui adressée, il est été exclu du parti. Il occupera par la suite le poste de Vice-ministre des finances dans le gouvernement Badibanga avant d’être aujourd’hui promu président délégué de la branche dissidente de l’UDPS.[5]

 

Le 15 décembre, dans une interview, le conseiller spécial et neveu du Premier ministre Bruno Tshibala, Patrick Mutombo, a confirmé que l’aile de l’UDPS désormais dirigée par Tharcisse Loseke sous l’autorité morale de Bruno Tshibala va récupérer de “gré ou de force” le siège national de L’UDPS situé à Limete/12ème rue: «L’UDPS veut récupérer son siège. C’est comme un propriétaire qui veut récupérer sa maison, parce que c’est son bien. De la même façon, l’UDPS veut récupérer son bien. On a acheté ce siège avec l’argent des contributions des membres de l’UDPS avec le soutien de ceux qui aiment l’UDPS. Ce n’est pas parce qu’aujourd’hui Tshisekedi n’est plus qu’on doit laisser cet immeuble revenir à monsieur Tshilombo. Je vous informe qu’il y a le nom de monsieur Tshilombo parmi les propriétaires de cet immeuble. Et ça c’est intolérable, inacceptable. L’UDPS est propriétaire de ce siège, c’est son patrimoine. On va le récupérer soit de gré, soit de force».[6]

 

Le 17 décembre, au cours d’une matinée politique organisée à Kinshasa, Félix Tshisekedi a déclaré que les propos de Bruno Tshibala et de son entourage au sujet du siège du parti ne sont qu’une manœuvre du pouvoir pour écarter l’UDPS des élections: «C’est une perte de temps et une tentative de distraction pour nous détourner de notre véritable problème qui est le 31 décembre. Il n’a ni poids ni influence pour changer les choses à l’UDPS. Celui qui remplacera à Etienne Tshisekedi n’est pas celui qui baisse son pantalon devant Kabila. L’UDPS n’est pas divisée. Ils veulent profiter de cette histoire de Permanence pour nous trainer en justice afin de nous écarter des élections».[7]

 

Le 20 décembre, dans une interview, Peter Kazadi, conseiller juridique de l’UDPS Tshisekedi, accuse le groupe dissident de Bruno Tshibala, parmi lesquels Ndinga, Loseke et Mukala, de vouloir légaliser de faux statuts devant le notaire au niveau de la commune de Matete, en vue de récupérer notamment le siège du parti à la 12ème rue Limete.

Selon Peter Kazadi, «ils ont créé le poste des trois vice-présidents, ce qui n’existe pas dans le parti. Ils ont remplacé notre convention démocratique en un conseil. Ils ont modifié un tas de choses. Il s’agit là d’un autre parti politique qui n’a rien à voir avec l’UDPS, mais qui reprend les emblèmes de l’UDPS et même l’adresse de l’UDPS, ce à quoi nous nous opposons énergétiquement.

C’est pourquoi, nous avons fait une opposition judiciaire au nom du secrétaire général du parti et les secrétaires généraux adjoints ont également écrit au notaire avec copie pour information au ministre de l’Intérieur, de la Justice ainsi qu’au gouverneur de la ville de Kinshasa pour les informer que Bruno Tshibala n’avait pas qualité de tenir un congrès au nom de l’UDPS et de légaliser ces actes illégaux. Même si Tshibala était encore membre du parti, il n’a pas qualité de convoquer un congrès extraordinaire. Ils ont convoqué ce congrès là non seulement pour procéder au vote de leur prétendu président, mais ils ont également modifié les statuts du parti. Or, nos statuts actuels prévoient qu’en cas du décès du président, on convoque un congrès extraordinaire avec un seul problème à l’ordre du jour, celui du remplacement du président décédé. Ce qu’ils n’ont pas fait. Donc, ils sont dans l’illégalité la plus totale tant sur la forme que sur le fond … S’ils ont besoin de créer leurs partis, ils n’ont qu’à le créer. Bruno Mavungu est parti, il a créé son parti. S’ils veulent aussi qu’ils en créent avec leurs propres dénominations».[8]

 

Le 20 décembre, dans une interview, le président délégué de l’UDPS/Tshibala, Tharcisse Loseke, a confirmé la procédure de légalisation des statuts modifiés du parti au niveau de la commune de Matete. Accusant Félix Tshisekedi et Jean Marc Kabund d’avoir vendu L’UDPS à Moïse Katumbi, Loseke soutient que l’opposition faite par ces derniers contre cette démarche est vouée à l’échec. Il appelle ces derniers à négocier.

Tharcisse Loseke s’est ainsi expliqué: «Nous sommes tous membres de l’UDPS. Nous avons tous été derrière le président Tshisekedi. Donc personne ne peut nous accuser d’être en dehors de cette UDPS. Nous avons d’ailleurs tenu un congrès au courant duquel nous avons repris les statuts tels que modifiés par la commission préparatoire, instituée à l’époque par le président Tshisekedi et c’est le projet des statuts qui devrait être présenté au deuxième congrès ordinaire qui devait se tenir en 2015. C’est donc ce projet là que nous avons adopté au congrès pour doter le parti de nouvelles structures et de la nouvelle direction. Donc on ne falsifie rien.

C’est un document légal qu’on a utilisé, que nous avons adopté à l’unanimité et présenté au notaire pour authentification. Nous avons suivi une procédure normale. Nous sommes passés par le notaire après le congrès, avant d’aller chez le ministère de l’Intérieur. Et c’est une démarche normale qui ne pourra pas être arrêtée par une quelconque décision judiciaire. L’opposition de Félix Tshisekedi et de Jean Marc Kabund est une opposition illégale. Si vous lisez la loi 04002 portant organisation et fonctionnement des partis politiques, il est dit à l’article 32 que tous les conflits internes doivent au préalable trouver une solution à l’amiable avant d’aller devant les cours et tribunaux. Par conséquent, nous devons trouver une solution en interne».[9]

 

Le 28 décembre, devant la presse, Tharcisse Loseke, président délégué de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) / aile Bruno Tshibala, a annoncé la légalisation des «statuts actualisés» de leur formation politique au niveau de la maison communale de Matete. Il a donc affirmé: «Nous sommes actuellement dépositaires de tous les actes officiels et légaux qui indiquent que nous sommes UDPS/Tshisekedi. Il n’y aura plus qu’une seule UDPS/Tshisekedi. Celle que nous incarnons. Nous en avons désormais la légalité et la légitimité. Personne ne va se prévaloir de cette UDPS. Désormais, nous sommes les seuls à pouvoir engager l’Udps-Tshisekedi».

Tharcisse Loseke a appelé tous les Congolais à «ne pas tergiverser et à aller directement aux élections»: «Le calendrier électoral est déjà publié et accepté par notre peuple, la communauté internationale et particulièrement les Nations unies. La loi électorale est promulguée. Nous pensons en ce qui nous concerne qu’il est temps d’aller aux élections, plutôt que de tergiverser». Au sujet de la récupération du siège de la 11ème rue Limete, le président délégué de l’Udps aile Tshibala a affirmé que le plus important, c’est poursuivre d’abord le processus de réconciliation des cadres du parti. En attendant, le parti va s’installer avec les nouvelles structures dans un siège provisoire.[10]

 

b. Une Opposition en ordre dispersé

 

Le 9 décembre, dans une interview, le secrétaire général de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), Jean-Marc Kabund, a affirmé que son parti aura bel et bien un candidat à la prochaine élection présidentielle. Il a expliqué que la coalition du Rassemblement, formée avec notamment l’opposant Moïse Katumbi, qui est candidat au même scrutin, n’a pas encore débattu sur la question d’une candidature unique de l’opposition. Toutefois, Jean-Marc Kabund n’écarte pas une telle hypothèse, et laisse même entendre un soutien de son mouvement à la candidature de l’opposant Moïse Katumbi: «Je ne peux pas vous dire si nous soutiendrons une candidature unique de Moïse Katumbi car, en tant que parti, l’UDPS aussi aurait le droit di présenter son candidat président de la République».[11]

 

Le 13 décembre, le coordonnateur du Rassemblement dans le Grand Katanga, Kyungu wa Kumwanza, a affirmé que le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement dans le grand Katanga prend acte de la publication du calendrier électoral, tel que proposé par la Commission électorale nationale électorale (CENI): «Le Rassemblement a constaté que la communauté internationale a accepté cette date du 23 décembre 2018. Notre problème ne se pose plus à partir du moment où il y a au moins une date. Nous en avons pris acte. Nous aurions voulu que ça soit avant le 23 décembre 2018, mais nous ne pouvons plus continuer à nous bagarrer sur la date, étant donné que la date est là. D’ailleurs, la CENCO parle même d’une « date acceptable« ». Cependant, Kyungu wa Kumwanza demande à la communauté internationale de surveiller les opérations électorales et rejette aussi l’idée d’une transition sans Joseph Kabila: «Nous posons une condition: que les opérations électorales soient surveillées par la communauté internationale. Transition sans Kabila, ce n’est pas notre problème. Nous, c’est élection sans Kabila. Il y a une nuance: Kabila ne peut plus briguer un troisième mandat».[12]

 

Le 20 décembre, au cours d’une réunion de restitution d’une rencontre organisée à Bruxelles aux cadres de son parti et à ceux du MLC, le président de l’Union pour la nation congolaise (UNC), Vital Kamerhe, a annoncé que les leaders de l’opposition ont décidé «d’agir désormais ensemble».

Pour le président de l’UNC, la rencontre de Bruxelles qui a mis sur une même table Félix Tshisekedi, Moise Katumbi, Mbusa Nyamwisi, Jean-Jacques Mbungani (MLC), Olivier Kamitatu et lui-même a permis de décider de «l’unité d’action» pour l’échéance du 31 décembre 2017: «Nous sommes unis et c’est l’unité d’action. Désormais nous allons réfléchir ensemble, nous allons agir ensemble. Et ensemble, nous allons mettre la dictature K.O.». Selon Vital Kamerhe, les leaders de l’opposition ont résolu de ne plus s’attaquer entre eux et de mener leur combat contre l’adversaire de tous: Kabila et sa Majorité Présidentielle.[13]

 

Le 21 décembre, dans une interview, le secrétaire général de l’UDPS, Jean-Marc Kabund, a déclaré de ne pas appuyer cette unité de l’opposition prônée par certaines personnalités politiques: «C’est une vieille expérience malheureuse qui n’a jamais donné de résultats. Nous l’avons expérimenté beaucoup de fois, en commençant par l’Union Sacrée, etc… Le peuple congolais aujourd’hui n’a pas besoin de cette unité de façade, moi je ne peux pas me laisser berné par qui que ce soit, je ne tomberai dans le piège de qui que ce soit. Je connais comment cette classe politique fonctionne: à la veille de chaque donne politique, les gens cherchent à se positionner». Kabund justifie sa position par le fait que certains opposants veulent l’unité, alors qu’ils n’émettent pas sur la même longueur d’onde avec le Rassemblement, notamment concernant l’idée d’une transition sans Kabila.[14]

 

Le 29 décembre, affaibli par la maladie, Gabriel Kyungu s’est vu dans l’obligation de passer la main à un autre membre, pour prendre la direction du Rassemblement de l’Opposition / Grand Katanga. Ce sera désormais Christian Mwando qui en assurera la coordination. Toutefois, le président de l’UNAFEC a catégoriquement affirmé qu’il ne s’agit pas d’une «démission», mais plutôt d’un repos. Vu son âge, il ne peut plus «exercer» de lourdes responsabilités, souligne Christian Mwando. «C’est moi qui fais l’intérim. Régulièrement, nous lui rendrons compte», a-t-il dit.[15]

 

Le 13 janvier, devant les militants et cadres de son parti, le président de l’UDPS/Kibassa a annoncé son adhésion au calendrier électoral qui prévoit la présidentielle, les législatives nationales et provinciales au 23 décembre 2018. Tout en affirmant que la machine à voter est une machine à tricher, Kibassa Maliba a déclaré que l’opposition ne peut plus rester à l’écart du processus électoral et il a expliqué qu’il est important que toutes les forces politiques puissent adhérer et être présentes dans toutes les démarches électorales pour ne pas laisser la place à la Majorité Présidentielle qui, selon lui, risquerait de revenir aux commandes demain si les autres restent campés sur leurs positions.[16]

 

c. Les déclarations tonitruantes de l’Opposition à propos du 1er janvier 2018

 

Le 29 décembre, dans un communiqué publié à Kinshasa, la Dynamique de l’Opposition a affirmé que «la non application de l’Accord du 31 décembre 2016, signé sous l’égide des Évêques de la CENCO, a de manière irréversible placé le pays dans une insécurité juridique car, au 01 janvier 2018, toutes les institutions de la République à mandat électif seront totalement illégitimes, étant donné que l’Accord qui a suppléé à la Constitution en cette manière arrive à son terme le 31 décembre prochain, sans qu’un mécanisme de sa prorogation n’ait été prévu». Pour la dynamique de l’opposition, face au manque de volonté d’organiser les élections, «Kabila doit simplement quitter le pouvoir, afin de permettre la mise en place d’une transition sans lui».[17]

 

Le 31 décembre, le président du parti Engagement pour la citoyenneté et le développement (Ecidé), Martin Fayulu, a déclaré que désormais, à partir de ce 1er janvier 2018, toutes les institutions de la RDC ont perdu toute légitimité et légalité, conséquence du non-respect de l’accord de la Saint-Sylvestre. Dans une interview, Martin Fayulu soutient que l’accord avait suppléé à l’entorse à la constitution que constituait la non organisation des élections en décembre 2016. Aussi, selon lui, après la prolongation d’1 an accordée par l’accord, plus aucune institution à mandat électif ne peut prétendre agir au nom du peuple congolais: «Le 31 décembre, le peuple congolais a démontré à la  face du monde qu’il ne veut pas de monsieur Kabila et qu’il doit partir. Plus personne ne reconnaitra l’autorité de ce monsieur qui n’a aucun support légal pour prétendre aujourd’hui diriger le Congo. L’Accord nous donnait 1 an et ceci parce que dans cet accord, il a été reconnu que le second et dernier mandat de monsieur Kabila était terminé le 19 décembre 2016. C’est l’accord qui a suppléé le dysfonctionnement de la constitution, c’est-à-dire de l’organisation des élections et du pouvoir au niveau du président de la république, le parlement et du gouvernement. Cet accord est terminée. Donc, ces institutions seront toutes à partir de demain lundi 1er janvier 2018 illégitimes».[18]

 

Le 1er janvier, dans un point de presse organisé à Kinshasa, le président du Rassemblement de l’opposition, Felix Tshisekedi, a affirmé que le président de la RDC, Joseph Kabila, n’a plus qualité d’engager le pays, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Il a réaffirmé la position de sa plateforme d’avoir une transition sans le président Kabila.

«Pour le Rassemblement, les élections n’ayant pas été organisées, conformément à l’accord du 31 décembre 2016, Joseph Kabila et toutes les institutions à mandat électif ont perdu toute légalité et toute légitimité. Par conséquent, Joseph Kabila n’a plus qualité d’engager la RDC tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays», a déclaré Félix Tshisekedi.

Il a ainsi demandé au peuple congolais et à la communauté internationale de ne plus reconnaitre Joseph Kabila comme président de la République démocratique du Congo.

Félix Tshisekedi a aussi annoncé que, suite à l’expiration de la période transitoire décidée dans l’Accord de la Saint Sylvestre, sa plateforme n’avisera plus les autorités pour ses prochaines manifestations: «Le droit à manifester étant constitutionnel, le Rassemblement se délie du devoir d’informer qui que ce soit pour ces prochaines manifestations».[19]

 

Le 9 janvier, dans son rapport présenté au Conseil de sécurité, le Secrétaire Général de l’ONU, António Guterres, s’est inquiété du fait que certains opposants se soient écartés du processus électoral en cours et les a invité à participer à la résolution de la crise conformément à l’accord du 31 décembre 2016: «Je m’inquiète de voir des figures clefs de l’opposition continuer d’écarter toute participation au processus électoral. S’ils veulent faire entendre les voix de ceux qu’ils prétendent représenter, ces dirigeants doivent participer au règlement de la crise. Je les invite donc à renouer avec l’esprit de dialogue et de compromis qui avait présidé à la signature de l’accord du 31 décembre 2016. Le moment est venu de répondre favorablement à l’appel de leur peuple en faveur de la tenue d’élections pacifiques, libres, équitables et crédibles».

Pour rappel, au cours de l’émission Top Presse de la Radio Top Congo, Jean-Marc Kabund, Secrétaire Général de l’UDPS, avait exclu toute participation aux élections aussi longtemps que Joseph Kabila sera président de la République et Corneille Nangaa, président de la CENI: «Nous croyons à des élections sans Kabila, à une transition sans Kabila. Nous ne prêchons pas au peuple les élections. Ici, nous prêchons une transition sans Kabila. Comment les choses se passeront après le 31 décembre ? Ce n’est pas à moi de répondre maintenant. Nous sommes suffisamment matures pour prendre la relève et organiser les choses».[20]

 

d. Qu’est-ce qui se passe au sein du Rassemblement de l’Opposition / aile Limete?

 

Les premiers jours du mois de janvier ont été enflammés par les bruits d’une prétendue brouille au sein du Rassemblement de l’Opposition / aile Limete. Certains médias ont même fait état d’une possible création par l’ancien gouverneur du Katanga d’une nouvelle plateforme politique. Les deux opposants congolais les plus en vue.

Dans un communiqué du Rassemblement co-signé par Félix Tshisekedi et Moïse Katumbi, ont fermement démenti ces informations en les qualifiant de rumeurs «non fondées et fallacieuses»: «Nous invitons notre peuple à ne pas prêter une oreille attentive et surtout à rejeter cette campagne de calomnies et de médisance par quelques officines d’un pouvoir décadent et qui n’a pour finalité que de diviser le leadership de l’opposition et ainsi planter le décor de discorde entre les deux personnalités politiques. La division au sein du Rassop ne trouve aucun fondement, étant donné que les causes que nous défendons transcendent nos propres personnes».

Dans un contexte d’un après 31 décembre marqué par la répression de la marche des chrétiens catholiques, les deux leaders de l’opposition n’ont pas loupé l’occasion de cibler le régime de Joseph Kabila en le qualifiant de «dictature décadente et illégitime».

Selon le communiqué, conscients de la stratégie de division et de débauchage à laquelle ils affirment faire face, «Félix Tshisekedi et Moïse Katumbi poursuivent sans relâche le même combat, celui de l’instauration d’un État de droit en RDC».[21]

 

Le 9 janvier, le Groupe des 7 (G7), les sept partis politiques qui soutient la candidatures de Moïse Katumbi à la présidentielle, a adressé une correspondance à Félix Tshisekedi, président du Rassemblement, afin de lui demander de convoquer une réunion, en vue d’adopter des stratégies communes vis-à-vis d’une «transition sans Kabila».

Selon le document signé par Pierre Lumbi, président du G7, il s’agira aussi de s’accorder sur le mode de communication pour pérenniser «l’unité et l’efficacité» du Rassemblement. Selon la correspondance du G7, «à cette étape très importante de notre lutte commune pour la démocratie et l’Etat de droit dans notre pays, il est fondamental que nos points de vue soient toujours harmonisés sur les questions essentielles notamment la stratégie de communication, de manière à renforcer notre unité et l’efficacité de notre action. Dans ce cas, le G7 estime notamment qu’il convient que nous ayons le même entendement sur le sort de l’Accord politique global et inclusif du 31 décembre 2016 à la date de ce jour, ainsi que sur les voies et moyens d’atteindre l’objectif stratégique de la transition sans Kabila. Nous devrions convenir des éléments de langage à tenir quant à ce».[22]

 

Le courrier du G7 vient de rappeler les divergences qui existent au sein du Rassemblement de l’Opposition / aile Limete.

– D’un côté, il y a Félix Tshisekedi, leader de l’UDPS, président du Rassemblement, ainsi que Martin Fayulu. Tous deux continuent de réclamer une « transition sans Kabila », estimant qu’il serait «absurde» de faire encore confiance à un président qui, selon eux, a déjà «trahi tous ses engagements».

– De l’autre, la position du G7, plus proche de celle du Comité laïc et des chancelleries occidentales. Pour Pierre Lumbi, le président du G7, réclamer ainsi une «transition sans Kabila» est non seulement «peu réaliste», mais reviendrait à disqualifier l’accord de la Saint-Sylvestre. Selon le G7, ce qu’il faudrait faire c’est au contraire redoubler la pression pour que cet accord soit appliqué, non seulement parce qu’il prévoit le retour d’exil du candidat soutenu par le G7 pour la présidentielle Moïse Katumbi, mais surtout parce qu’il reste la seule feuille de route pouvant mener à des élections crédibles et, donc, in fine au départ du président Kabila. Autant de questions qui doivent être débattues au cours d’une réunion de toutes les composantes du Rassemblent.[23]

 

Depuis quelques jours, les rumeurs d’un malaise entre l’Udps et le G7 faisaient bon train. Le flop de l’appel à manifester du 19 décembre 2017 avait enfoncé le clou. A l’heure actuelle, les divergences au sein de la principale plateforme de l’opposition en RDC sont confirmées.

«Une évaluation rapide s’impose», précise un haut cadre du Rassemblement sidéré parfois par les sorties médiatiques ratées de Félix Tshisekedi, président du Rassemblement de l’Opposition / aile Limete, après les échecs des manifestations de rue.

Tantôt, Félix Tshisekedi parle de «manque de coordination, tantôt d’erreur de stratégie».

Aux yeux de certains de ses partenaires, cet agissement du chef du Rassemblement, est considéré comme une sorte d’amateurisme politique.

Difficile de savoir pour l’instant ce que mijote la formation de Pierre Lumbi. Cette réunion sur « l’essentiel des sujets de la stratégie de l’opposition » devra-t-elle aborder la question relative au maintien ou non du chef de l’État à son poste au-delà du 31 décembre 2017? L’échéance vient tout juste de passer et Joseph Kabila est toujours Président. À ce propos, les différentes composantes du RASSOPP ont sans aucun doute beaucoup de choses à se dire.[24]

 

 

2. LE PROCESSUS ÉLECTORAL

 

a. La promulgation de la loi électorale et de la loi des finances pour l’année 2018

 

Le 24 décembre, à Lubumbashi (Haut-Katanga), le Président de la République, Joseph Kabila, a promulgué la nouvelle loi électorale et la loi des finances pour l’exercice 2018.

En ce qui concerne la loi électorale, trois points divisaient la classe politique congolaise, les députés nationaux et les sénateurs. Il s’agit du seuil d’éligibilité, de la machine à voter et de la caution à payer par les candidats. Après débats au niveau des deux chambres, le texte a été voté en des termes divergents à l’Assemblée nationale et au Sénat. Le seuil de représentativité est maintenu à 1% au niveau national, comme l’ont proposé les députés nationaux, contrairement au Sénateurs qui avaient voté pour le seuil à 1% au niveau des circonscriptions électorales. Pour la caution, elle est de 1.000 USD pour les législatives nationales. Cependant, le document final n’a pas traité de la question de la machine à voter. Face à ces divergences, l’Assemblée nationale a bénéficié de la préséance de décisions, conformément à l’article 135 de la Constitution.

En ce qui concerne le budget 2018, il a été voté à hauteur d’environ cinq milliards de dollars américains.[25]

 

L’hebdomadaire Jeune Afrique a eu accès au budget détaillé mais encore «confidentiel» des opérations électorales et livre toutes les sommes à prévoir pour chaque dépense liée à l’organisation des élections présidentielle, législatives et provinciales prévues le 23 décembre 2018. Élaboré par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), ce document a été transmis début décembre au gouvernement congolais et aux partenaires internationaux du pays. Ce jour-là, seul le coût global de l’organisation de ces trois scrutins a été rendu public: 432 642 693 dollars américains, soit environ 365 millions d’euros.

Le prix de chaque «machine à voter» est de 1.500 USD la pièce! Il en faut 105.149 exemplaires, ce qui porte leur coût total à 157.723.500 dollars. À cela il faut rajouter tous les accessoires nécessaire au bon fonctionnement de la machine et à sa communication (Panneau Solaire, Kit Vsat,…) ainsi que les salaires des techniciens et informaticiens.

À côté de ces machines à voter, il est prévu 2,6 millions de dollars pour des pagnes, 400.000 pour des t-shirts, 350.000 pour des jackets, 100.000 pour des képis, 75.000 pour des parapluies, 50.000 pour des porte-clés, 75.000 pour des drapeaux. Tous estampillés «Ceni», bien entendu.

En outre, rien n’a été oublié: de la formation des journalistes aux forfaits de crédits GSM pour les chefs de centre, en passant par les déjeuners de travail avec les médias, les sketchs ou autres spots dans le cadre de l’éducation civique, la sensibilisation ou la communication, les per diem, la collation pour travaux intensifs, jour férié ou dimanche, l’achat des cartes SIM Thuraya, des véhicules, des motos, du carburant pour hors-bords…

De son coté, dans la loi des finances 2018, le Gouvernement congolais a alloué 912,2 milliards de franc congolais (environ 500 millions de dollars) aux opérations électorales à venir mais, seul, pourra-t-il financer les trois scrutins prévus en 2018? Beaucoup d’observateurs avisés n’y croient pas…[26]

 

Le 31 décembre, au cours de son message de vœux à la nation, le Président de la République Joseph Kabila a rappelé le caractère irréversible du processus électoral et a appelé le peuple congolais dans son ensemble à se l’approprier.

Dans son message préenregistré, le chef de l’Etat congolais a réaffirmé la mise en œuvre déjà en cours de l’accord de la Saint-Sylvestre, avec notamment la mise en place, depuis le mois de mars 2017, d’un gouvernement d’union nationale, suivie de l’installation du Conseil National de Suivi de l’Accord (CNSA). Le président congolais a également rendu hommage à la Commission électorale  pour le travail abattu dans les opérations de révision du fichier électoral: «L’année qui s’achève a aussi été celle de la mise en œuvre du consensus politique obtenu au terme de l’accord du 31 décembre 2016 en vue de l’organisation d’un nouveau cycle électoral dans notre pays. Outre la formation convenue d’un gouvernement d’union nationale le mois de mars dernier et par la suite la mise en place du Conseil National de suivi de l’accord et du processus électoral, je voudrais saluer le travail de titan abattu par la Commission électorale nationale indépendante dans la révision du fichier électoral. L’adoption et la promulgation de la loi électorale aujourd’hui acquises, l’établissement des listes électorales, la répartition des sièges et la convocations des scrutins qui s’en suivront, conforment au calendrier électoral publié par la Ceni, nous conduisent de manière irréversible vers l’organisation des élections».

Joseph Kabila a rappelé que le processus électoral relève de la souveraineté de la RDC et est totalement financé par le gouvernement. Il a donc demandé au peuple congolais de rester vigilant pour barrer la route à ceux qui veulent amener le pays dans la voie de la violence: «Ce processus relevant de la souveraineté nationale et son financement étant totalement pris en charge par le gouvernement de la république, je vous invite à vous en approprier et à assumer ainsi, à travers cet acte, l’exercice de votre droit à l’autodétermination. J’en appelle à cet effet à la vigilance de tous et à l’engagement de chacun afin de barrer la route à tous ceux qui, sans y croire, s’étant servis du prétexte des élections depuis quelques années, seraient tentés aujourd’hui de recourir à la violence pour interrompre le processus démocratiques en cours et plonger le pays dans l’inconnu».[27]

 

Le 1er janvier, le vice-président et porte-parole de la plate-forme G7, Christophe Lutundula, a estimé qu’il n’y a aucune garantie qu’il y aura des élections en République démocratique du Congo. Il réagissait au discours de message de vœux du président Joseph Kabila, prononcé la veille.

«Joseph Kabila a évité d’aborder les questions cruciales liées à l’organisation des élections, à savoir la réforme de la CENI [Commission électorale nationale indépendante], la décrispation politique et l’épineuse question du financement des élections», a indiqué Christophe Lutundula qui

reste sceptique et soutient qu’il n’y a rien de nouveau dans le discours du président Kabila. Il a affirme que ce sont les mêmes phrases stéréotypées qui sont répétées chaque année avec un ton moqueur et un ton de défis: «Pour que nous soyons sûrs qu’il y aura élection, il doit clarifier sa position vis-à-vis du respect de la Constitution, rassurer et opérer la décrispation politique tel que convenue, son gouvernement doit nous présenter un plan de décaissement des ressources en faveur de la CENI, environ 72 millions USD par mois». Christophe Lutundula a enfin appelé à ce que tout le monde œuvre à «la crédibilisation de la CENI qui n’a pas la confiance des Congolais et des partenaires extérieurs».[28]

 

b. La réception du premier lot de machines à voter

 

Le 30 décembre, dans une rencontre avec les responsables des médias à Kinshasa, le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Corneille Nangaa, s’est félicité de l’adoption de la loi électorale ayant validé la machine à voter pour les prochaines échéances électorales: «La loi électorale a été adoptée. Nous allons voter avec la machine à voter. Aujourd’hui, nous n’avons qu’une seule machine à voter à Kinshasa. Les huit premières machines arriveront à Kinshasa le 8 janvier. C’est aussi au mois de janvier qu’on aura environ 250 autres machines. Avant le mois de juin, il y aura déjà un millier de machines. Avant le 23 décembre, plus de 80% auront expérimenté cette machine à voter».[29]

 

Le 9 janvier, la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) a réceptionné à l’aéroport international de N’djili (Kinshasa) le premier lot de huit kits de la machine à voter. Selon une dépêche de la CENI, Ce premier lot «est prévu pour la sensibilisation, l’éducation civique et électorale de la population congolaise».

Avec la réception de ces kits de la machine à voter, le rapporteur de la CENI, Jean-Pierre Kalamba, a indiqué que «le chemin des élections est irréversible», en ajoutant que «la CENI travaille ainsi d’arrache-pied pour atteindre ses promesses: organiser les élections combinées présidentielle, législatives nationales et provinciales le 23 décembre 2018 comme publié dans le calendrier du 05 novembre 2017». Il a ainsi invité toute la population congolaise à se préparer aux élections dans les mois à venir. «Le premier lot de machine à voter réceptionné ce jour tient compte de toutes les préoccupations soulevées précédemment par les différentes parties prenantes au processus électoral dans la phase expérimentale de cet important outil de vote», a déclaré Jean-Pierre Kalamba, selon qui le recours à la machine à voter offre plusieurs avantages, notamment la réduction du temps de vote et de la période d’attente de l’annonce des résultats, la réduction de la fraude électorale sinon sa suppression, la réduction du coût global des élections. Le rapporteur de la CENI a confirmé, pour les prochains jours, le début effectif d’une forte campagne de sensibilisation de la population sur la machine à voter.[30]

 

Ces machines à voter seront censées imprimer les bulletins des trois élections prévues le 23 décembre 2018, compiler les résultats dans chaque bureau de vote et surtout faire des économies.

Et pourtant ces machines provoquent une levée de boucliers de l’opposition, la société civile et même des principaux partenaires du Congo.

La commission électorale le confirme: il n’y aura qu’une seule machine par bureau de vote. Si l’on considère que les Congolais voteront de 6h du matin à 20h le soir et si l’on prend le taux moyen de participation aux dernières élections, cela signifie que chaque électeur aura tout au plus 1 à 2 minutes maximum pour faire trois choix, présidentielle, législatives et provinciales, sur une machine qu’à ce jour, personne ne sait manipuler. En outre, on ne prévoit pas d’isoloirs, avec le risque que l’électeur fasse appel à un tiers pour l’aider. Dans ce cas, c’est le secret du vote qui est aujourd’hui menacé, selon des experts nationaux comme étrangers.

«Et si ces machines tombent en panne dans le Congo profond, ce serait quoi l’alternative?», avancent encore ces experts, rappelant que pour les élections en Côte d’Ivoire et au Nigeria, en moyenne, un tiers des machines utilisées uniquement pour l’identification des électeurs dans ces pays était tombé en panne. La commission électorale balaie l’argument du revers de la main, assurant qu’un stock de machines sera pré positionné pour remplacer au pied levé ces machines dans les bureaux les plus reculés le jour du vote. Pour un diplomate occidental, «la décision d’utiliser plus de 100.000 machines de vote électronique pour la première fois, le jour du vote, sans test, sans études de faisabilité, sans avis juridique, consensus national ou transparence pourrait saper l’élection la plus importante de l’histoire du Congo».[31]

[1] Cf Radio Okapi, 02.12.’17

[2] Cf Actualité.cd, 11.12.’17

[3] Cf Radio Okapi, 10.12.’17; Actualité.cd, 10.12.’17; AFP – VOA – Mediacongo.net, 11.’12.’17; Alphonse Muderhwa – 7sur7.cd, 11.12.’17

[4] Cf Politico.cd, 14.12.’17

[5] Cf Jacques Kini – Actualité.cd, 15.12.’17

[6] Cf Stanys Bujakera – Actualité.cd, 15.12.’17

[7] Cf Actualité.cd, 17.12.’17

[8] Cf Stanys Bujakera – Actualité.cd, 20.12.’17

[9] Cf Stanys Bujakera – Actualité.cd, 21.12.’17

[10] Cf Radio Okapi, 29.12.’17; Alphonse Muderwa – 7sur7.cd, 28.12.’17

[11] Cf Politico.cd, 09.12.’17

[12] Cf Radio Okapi, 14.12.’17

[13] Cf Stanys Bujakera – Actualité.cd, 21.12.’17

[14] Cf Jeff Kaleb Hobiang7sur7.cd, 22.12.’17

[15] Cf Grevisse Tekilazaya – Cas-info.cd, 29.12.’17

[16] Cf Jeff Kaleb – 7sur7.cd, 13.01.’18

[17] Cf Dieumerci Matondo – Cas.info.ca, 29.12.’17

[18] Cf Actualité.cd, 01.01.’18

[19] Cf Radio Okapi, 02.01.’18

[20] Cf Actualité.cd, 10.01.’18

[21] Cf Cas-info / via mediacongo.net, 06.01.’18

[22] Cf Patrick Maki – Actualité.cd, 09.01.’18  https://actualite.cd/2018/01/09/g7-suggere-reunion-rassop-harmoniser-vues-lobjectif-dune-transition-kabila/

Mediacongo.net, 10.01.’18  http://www.mediacongo.net/article-actualite-34175.html

[23] Cf RFI, 11.01.’18

[24] Cf Alphonse Muderhwa – 7sur7.cd, 10.01.’18 ; Mediacongo.net, 10.01.’18

[25] Cf Radio Okapi, 26.12.’17

[26] Cf Trésor Kibangula – Jeune Afrique, 21.12.’17  http://www.jeuneafrique.com/504312/politique/exclusif-machines-a-voter-parapluies-vehicules-les-details-du-budget-electoral-en-rdc/

[27] Cf Actualité.cd, 01.01.18

[28] Cf Radio Okapi, 01.01.’18

[29] Cf Actualité.cd, 30.12.’17

[30] Cf Radio Okapi, 09.01.’18

[31] Cf RFI, 25.12.’17