SOMMAIRE
ÉDITORIAL: MANIFESTATIONS DE L’OPPOSITION → STOP AUX ÉCHECS
- SELON L’OPPOSITION, L’ACCORD DE LA SAINT SYLVESTRE 2016 ARRIVERA À SON TERME LE 31 DECEMBRE 2017
- LES MANIFESTATIONS DU 19 DECEMBRE
- Avant la manifestation
- Le jour de la manifestation
- Les premières évaluations
- D’AUTRES MANIFESTATIONS PRÉVUES POUR LA FIN DE L’ANNÉE
- La LUCHA: Appel pour des manifestations populaires ininterrompues à partir du 29 décembre 2017
- Le Comité Laïc de Coordination (CLC) de l’Église catholique: appel pour une marche de libération du pays, le dimanche 31 décembre
- Le collège des curés doyens de l’Archidiocèse de Kinshasa: opération son des cloches tous les jeudis, à 21h00
ÉDITORIAL: MANIFESTATIONS DE L’OPPOSITION → STOP AUX ÉCHECS
1. SELON L’OPPOSITION, L’ACCORD DE LA SAINT SYLVESTRE 2016 ARRIVERA À SON TERME LE 31 DECEMBRE 2017
Le 17 décembre, lors de la clôture du Conseil national de l’Ecide, Martin Fayulu, a affirmé que le seul moyen de sortir de la crise c’est d’écarter le chef de l’État de toute gestion du pays au lendemain du 31 décembre 2017. Pour Martin Fayulu, au 1er janvier 2018, toutes les institutions à mandat électif perdront leur légitimité car, selon lui, l’accord de la Saint Sylvestre arrive à son terme le 31 décembre 2017 et «il n’y a aucun mécanisme prévu pour sa prorogation».
Selon l’Ecide, qui accuse le chef de l’État d’être à l’origine de la crise, «si à la fin de cette année, la situation de la RDC reste en l’état, le pays sera exposé à un chaos indescriptible. Pour l’éviter, la seule solution viable sera la mise en place d’une transition de 12 à 18 mois sans Kabila».
L’objectif de ce gouvernement de transition version Écidé est de travailler au retour à l’ordre constitutionnel. Mais aussi procéder à la redynamisation de la Ceni, accusée de collusion patente avec le PPRD, le parti présidentiel. «Ce n’est qu’à ce prix que nous pourrons éviter le chaos qui se dessine en RDC». Martin Fayulu a insisté sur le fait que, «si Kabila ne quitte pas le pouvoir à la fin de cette année, le pays sera plongé dans le chaos, puisque le peuple ne se soumettra pas à son autorité». Il a précisé que «il y aura forcément une résistance. Le peuple congolais va se mobiliser pour se réapproprier sa souveraineté confisquée, en s’appuyant sur l’article 64 de la constitution, afin de rendre possible la mise en place d’un gouvernement de transition sans Kabila et ainsi permettre l’organisation des élections crédibles et transparentes avec le concours des Nations Unies».[1]
Le député Claudel Lubaya, président de l’UDA Originelle et cadre du Rassemblement fait, lui aussi, une autopsie de l’application de l’Accord de la Saint-Sylvestre.
Le 31 décembre prochain, l’année 2017 va s’achever et, avec elle, la période de transition en cours, régie par l’Accord de la CENCO, qui n’a pas prévu de mécanisme de sa prorogation. La cessation le 31 décembre 2017 des effets de l’Accord aura pour conséquence logique, la perte irrévocable de la maigre légitimité dont jouissent les institutions à mandat électif à savoir: le Président de la République (sans mandat depuis le 19 décembre 2016), le Sénat (sans mandat depuis 2012), l’Assemblée nationale (sans mandat depuis le 17 février 2017) et les Assemblées provinciales (sans mandat depuis 2012) ainsi que les gouvernements provinciaux qui en sont l’émanation. Le pays s’en trouvera, au 1er janvier prochain, plongé dans une incontestable crise de légitimité et donc, dans un vide juridique transversal au cœur de l’État: pas de cadre légal, pas de constitution, pas d’institutions légitimes non plus!
Comment et dans quelles conditions le pays va-t-il être gouverné à partir du 1er janvier 2018, sachant que l’actuel Président de la République, bien que disposant de l’impérium, n’aura pas de légitimité nécessaire pour régenter les affaires? A cause de l’ambition démesurée d’un seul homme, le président Joseph Kabila, le pays va entamer l’année 2018 avec une profonde incertitude car, même avec un calendrier bricolé et une loi électorale critiquée, il n’y a aucun signal sérieux ni engagement sincère de sa part quant à la tenue des élections.
Toutefois, le peuple congolais ne baissera pas les bras et se mobilisera comme un seul homme, pour prendre, en cette année 2018, son destin en main. Il sait désormais qu’il ne peut pas compter sur l’actuel pouvoir pour voir le bout du tunnel. Ce serait une illusion lyrique celle de croire que ce régime partira de lui-même, à l’issue des élections qu’il n’a aucune intention d’organiser. Seule sa lutte implacable contre ce régime dictatorial le libérera.[2]
2. LES MANIFESTATIONS DU 19 DECEMBRE
a. Avant la manifestation
Le 6 décembre, le président du Rassemblement-Katanga, Antoine Gabriel Kyungu wa Ku-Mwanza a officiellement saisi le maire de la ville de Lubumbashi pour l’informer de l’organisation d’une marche pacifique le 19 décembre. Celle-ci, d’après ses initiateurs, est une mise en garde contre toute tentative du régime en place à se maintenir à la tête du pays au-delà du 31 décembre 2017. Cependant, tout en indiquant l’itinéraire à suivre pour cette marche (points de départ: les différentes maisons communales – points de chute: gare centrale de la SNCC), Kyungu wa Ku-Mwanza promet de décréter 2 journées « ville-morte » en cas d’empêchement.[3]
Le 13 décembre, le secrétaire général de l’UDPS, Jean-Marc Kabund, a saisi officiellement l’Hôtel de ville de Kinshasa au sujet de la marche du 19 décembre 2017. Initiée par le Rassemblement et portée par l’UDPS, cette manifestation a pour but, d’après ses initiateurs, de réclamer la tenue des élections conformément à l’Accord du 31 décembre 2016. Le point de rencontre est fixé à l’échangeur de Limete à 9h00, en suivant le boulevard Lumumba, l’Avenue Sendwe jusqu’au point de chute: le Boulevard Triomphal à 15H00. Précédemment, Jean-Marc Kabund avait signifié que son parti ne se positionne pas pour les élections à organiser en 2018 selon le calendrier de la CENI, mais pour une transition sans Kabila au cas où les élections n’étaient pas organisées en 2017.[4]
Le 17 décembre, au cours d’une matinée politique organisée par l’UDPS, Félix Tshisekedi a confirmé la tenue de la marche à Kinshasa: «Prenez au sérieux cette marche de sommation. Sortez massivement! Je serai avec vous. Ils ont peur. C’est une question des quelques jours. Mardi 19 décembre. Notre point de ralliement, c’est l’échangeur de Lemba. N’ayez pas peur. C’est le peuple qui est souverain. Ceux qui disent que Kabila ne partira pas par des marches mentent. En Egypte, le peuple avait marché. Il n’était pas question d’utiliser les armes (…). Nous sommes prêts à mourir pour notre pays».[5]
Le 18 décembre, le Gouverneur de la ville-province de Kinshasa, André Kimbuta, a déclaré n’avoir pas pris acte de la marche prévue par le Rassemblement le 19 décembre 2017. En réponse à la correspondance lui adressée par Jean-Marc Kabund, secrétaire général de l’UDPS, André Kimbuta lui a écrit: «J’attire votre attention sur le fait que la Commission Electorale Nationale Indépendante a déjà fixé l’opinion (nationale et internationale) sur la date de la tenue des élections par la publication du calendrier électoral. Je constate donc que la préoccupation de la manifestation a été rencontrée. Ce faisant, je ne saurai en prendre acte». Kimbuta a, par la même occasion, instruit le Commissaire Provincial de la Police et les Bourgmestres de veiller à l’exécution de sa décision. Pour Kimbuta la marche du Rassop est donc sans objet, car sa revendication principale, la tenue des élections selon l’Accord de la Saint-Sylvestre, a déjà trouvé une réponse satisfaisante avec la publication du calendrier électoral par la CENI.[6]
Le 18 décembre, le porte-parole de la PNC, le colonel Pierrot-Rombeau Mwana Mputu, a indiqué que les autorités urbaines n’ont pas pris acte de la lettre d’information du Rassemblement pour l’organisation de cette marche. «Nous n’avons pas reçu instruction d’encadrer cette manifestation […] Ce qui sous-entend qu’il n’y aura pas de manifestation», a-t-il affirmé.[7]
Le 18 décembre, le secrétaire général de l’UDPS, Jean Marc Kabund, a confirmé la manifestation du Rassemble prévue ce 19 décembre 2017. «L’objectif de la marche est de chasser le président Kabila du pouvoir d’ici le 31 décembre prochain», a-t-il affirmé.
Pour le secrétaire général de l’UDPS, «il n’y aura pas de fête aussi longtemps que le pays sera sous l’occupation du régime Kabila». Il a invité par ailleurs la population à préparer une seule fête du nouvel an par le départ évident et sans atermoiement de Joseph Kabila pour non respect de l’accord politique de la saint sylvestre de 2016.[8]
b. Le jour de la manifestation
L’appel de l’opposition à manifester, rejeté par les autorités, a rencontré un écho très limité, avec par endroits quelques dizaines de personnes dispersées et des villes au ralenti. L’appel de l’opposition s’est généralement traduit par un ralentissement de l’activité et une circulation bien plus fluide que d’habitude. Sans être massive, la présence policière était plus importante qu’un jour ordinaire.
Depuis un an et demi, on a l’habitude de voir les tentatives de manifestation étouffées. Cette fois, on a plutôt le sentiment que la population a boudé l’appel à manifester. La symbolique de la date n’a pas suffi. Il y a un an, jour pour jour, le 19 décembre 2016, prenait fin, selon la Constitution, le second et dernier mandat présidentiel de Joseph Kabila.[9]
À Kinshasa, les policiers étaient nombreux aux principaux carrefours de la capitale depuis le soir précédent. Mais ils étaient plus discrets que lors des dernières manifestations. À l’échangeur de Limete, point de départ de la manifestation, il n’y avait que très peu de militants et, pourtant, ce carrefour est situé au croisement des quartiers les plus populaires de la capitale. Il y avait seulement des policiers et des militaires. Dans la ville, la circulation a été quasi normale, les mototaxis, les bus publics ont circulé, le marché de la liberté a fonctionné normalement. On peut seulement noter que certaines écoles avaient décidé de se mettre en vacances anticipées.[10]
À Kananga (Kasaï-Central), alors que l’opposition avait appelé à des manifestations pour exiger l’organisation des élections sans le président Kabila, la police s’était déployée par petits groupes dans les principaux carrefours et points chauds de la ville. On n’a donc aperçu aucune manifestation ou mouvement de marche. La ville était plus calme que d’habitude. Les activités ont tourné au ralenti. Banques, commerces et marchés n’ont pas ouvert leurs portes. Les motos étaient moins présentes sur les principales artères de la ville que d’ordinaire. Peu de personnes se sont présentées dans les principaux marchés. Dans les écoles, peu d’élèves se sont présentés.
À Mbuji-Mayi (Kasaï-Oriental), la marche du Rassemblement de l’Opposition a été étouffée. Un important dispositif policier et militaire déployé à travers toute la ville a empêché le déroulement de cette manifestation. Toutefois, les activités ont tourné au ralenti. On a signalé des interpellations, dont celle de Denis Kalombo, président de l’UDPS, fédération de Mbuji-Mayi, et coordonnateur du Rassemblement, fédération du Kasaï Oriental.[11]
À Goma (Nord Kivu), la ville était quadrillée depuis lundi par les forces de l’ordre, en raison d’une conférence des 26 gouverneurs provinciaux, en présence du président Kabila.
À Bukavu (Sud Kivu), un groupe d’une centaine de personnes a été dispersé à la place Nyawera où ils étaient en train de se rassembler.
À Uvira (Sud Kivu), jusqu’à 9h, la circulation était encore rare sur les artères principales de la ville.
Quelques boutiques, magasins, bistrots, ainsi que les agences de voyage ont ouvert leurs portes autour de 10 heures. Les banques, les services de l’Etat, comme l’OCC, la division des titres immobiliers, la SONAS, le palais de la justice, la DGM ainsi que tous les services de l’administration territoriale ont fonctionné normalement. Toutefois, aucune école n’a ouvert ses portes. Les habitants, dont la majorité est restée terrée le matin à la maison, expliquent qu’ils sont restés hésitants à cause de la confusion semée par l’opposition qui voulait transformer la manifestation interdite par les autorités en une ville morte non programmée. Pour sa part, le porte-parole du Rassemblement, François Tuye, a dénoncé les intimidations provenant des forces de l’ordre pourtant censées protéger la loi.[12]
À Kimpese, Matadi, Boma et Muanda (Kongo-Central), la marche prévue par le Rassemblement de l’opposition n’a pas eu lieu. La police et les Forces armées de la RDC ont été déployées dans toutes les agglomérations pour empêcher cette manifestation de l’opposition qui exigeait la tenue des élections d’ici le 31 décembre 2017.
À Matadi, certains commerces et autres bureaux ont ouvert légèrement en retard. La circulation n’a pas été si intense comme d’habitude.
À Boma, à 100 km à l’Ouest de Matadi, la marche s’est transformée en ville morte. La société civile locale parle d’un déploiement des éléments de la police et des FARDC «jamais vu à Boma». Toutes les activités ont été paralysées.
À Kimpese, les activités ont tourné au ralenti cet avant-midi. La marche prévue n’a pas eu lieu, à cause du déploiement de la police.
À Muanda, à plus de 200 Km à l’Ouest de Matadi, les activités ont tourné normalement. Les marchés, boutiques, et commerces ont ouvert.[13]
Le 20 décembre, dans un communiqué, l’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ) de Me Georges Kapiamba déplore et condamne fermement la répression de la manifestation pacifique du 19 décembre, organisée par le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, sur l’ensemble du territoire national. Selon cette Ongdh, le bilan provisoire fait état de 64 arrestations dont 28 à Kindu, 17 à Kinshasa, 9 à Mbuji-Mayi, 8 à Lubumbashi, 1 à Kolwezi et 1 à Likasi. Me Georges Kapiamba précise que 62 sont libérés, tandis que 2 sont toujours en détention. Parmi les manifestants, 7 sont blessés par balles dont 5 graves. A cela, il faut ajouter 50 cas d’allégations de tortures.[14]
c. Les premières évaluations
À Kinshasa, la marche de l’opposition n’a pas eu lieu. Pluie, dispositif policier et manque de coordination sont les trois raisons présentées par l’opposition. Selon un cadre de l’UDPS, «le mot d’ordre n’a pas été totalement respecté à cause d’un problème de coordination, le fort déploiement de la police et de l’armée ainsi que la pluie qui s’est abattue sur Kinshasa». La même ligne a été défendue par Félix Tshisekedi devant les rares médias qui étaient au siège de l’UDPS au moment où il était arrivé: «Nous n’avons pas marché. La journée a commencé par la pluie. Les mobilisateurs n’ont pas pu se déployer. Les policiers ont également empêché aux combattants de se réunir par leur déploiement. Quand nous sommes sortis pour l’échangeur, certains combattants nous ont dit qu’ils s’étaient cachés. Il y a eu peut être un manque de coordination. L’essentiel est que notre peuple est acquis au changement».[15]
L’UDPS a estimé que son appel à la marche a été entendu, expliquant que le déploiement de la police sur la voie publique partout dans le pays constitue une «forme de terrorisme». Le secrétaire général de l’UDPS, Jean-Marc Kabund-a-Kabund, soutient que le pouvoir a peur de voir la population manifester: «C’est un résultat qui nous satisfait, dans la mesure où le pouvoir a démontré une fois de plus qu’il a peur du peuple. Aujourd’hui, on sait situer dans quel camp est la peur… Parce que le fort déploiement des services de sécurité et de l’ordre, dans la ville de Kinshasa et partout ailleurs à l’intérieur du pays, prouve à suffisance que non seulement le régime de Kabila n’offre pas la possibilité d’une expression démocratique, mais aussi, il a peur de l’expression du peuple, qui ne veut plus le voir diriger le pays après le 31 décembre 2017».[16]
Un an jour pour jour après la fin du mandat de Joseph Kabila, l’opposition n’a pas réussi à mobiliser pour exiger le départ du président congolais. Un échec qui intervient après plusieurs manifestations ratées.
Le fiasco de l’opposition dans la rue
L’opposition a manqué une fois de plus son rendez-vous avec la rue. Il y a encore quelques semaines, les mobilisations populaires, toutes interdites par les autorités, étaient étouffée par une forte présence policière, une violente répression et se transformaient en opérations villes mortes. Ce mardi, l’appel à manifester a tout simplement été ignoré. Pourtant, la date du 19 décembre était symbolique et les Congolais avaient toutes les raisons d’afficher leur mécontentement. Il y a tout juste un an, le président Kabila achevait son dernier mandat sans avoir pu organiser les élections. Une année après, les élections, qui devaient se tenir en décembre 2017, ont été une nouvelle fois repoussées en décembre 2018… une date sujette à caution. De « glissement » en report, le processus électoral s’enlise, et au président Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir sans organiser de scrutin.
Manque de coordination?
Ce mardi, l’appel de l’opposition à descendre dans la rue pour faire respecter l’accord politique de la Saint-Sylvestre qui actait la tenue d’une élection présidentielle fin 2017, n’a tout simplement pas été suivi. La seule présence policière (par ailleurs assez faible) dans la capitale congolaise a visiblement découragé les plus téméraires des opposants. Les leaders de l’opposition sont restés à la maison, ont été retenus à l’étranger, où ont été empêchés de manifester, à l’image du président du Rassemblement de l’opposition, Félix Tshisekedi, qui a fini par avouer son impuissance. Face aux caméras, le patron du Rassemblement a eu toutes les peines du monde à justifier l’échec de la mobilisation : « La journée a commencé par la pluie. Les mobilisateurs n’ont pas pu se déployer. Les policiers ont également empêché aux combattants de se réunir par leur déploiement… », avant de reconnaître qu’il y avait peut être eu « un manque de coordination». Car si la principale cause du peu de mobilisation populaire de l’opposition s’explique par la répression sanglante de la police congolaise, il faut également en chercher les causes au sein de l’opposition.
Pour une stratégie concertée
L’échec de l’opposition dans rue ne date pas d’hier. Après les manifestations de la fin 2016, la signature de l’accord politique de la Saint-Sylvestre, la mort du leader historique Etienne Tshisekedi et les divisions de l’opposition, rien ne va plus dans le camp anti-Kabila. Les manifestations, toutes interdites tournent désormais à l’opération ville… faute de mobilisation. Les débauchages de personnalités de l’opposition, comme Samy Badibanga et Bruno Tshibala, par le pouvoir ont réussi à perturber le semblant d’unité au sein de l’UDPS et du Rassemblement. Enfin, les positions plus conciliantes avec le pouvoir de l’UNC de Vital Kamerhe, l’exil forcé de Moïse Katumbi, et le manque de leadership de Félix Tshisekedi, n’ont pas permis à l’opposition d’afficher une stratégie claire face à Joseph Kabila. Ce manque de stratégie concertée, où les différents leaders de l’opposition tirent à hue et à dia au gré d’alliances politiques de circonstances a, semble-t-il, fini par lasser une population, beaucoup plus préoccupée par la dégradation économique et sécuritaire du pays, que par les petits arrangements entre opposants. « On peut perdre la bataille mais la guerre continue », a reconnu le président du Rassemblement de l’opposition, Félix Tshisekedi. Mais pour gagner la guerre, l’opposition doit à tout prix se ressaisir et se concerter, si elle veut un jour offrir une alternative crédible à l’actuel président congolais.[17]
3. D’AUTRES MANIFESTATIONS PRÉVUES POUR LA FIN DE L’ANNÉE
a. La LUCHA: Appel pour des manifestations populaires ininterrompues à partir du 29 décembre 2017
Membre du mouvement citoyen Lutte pour le Changement (LUCHA), Fred Bauma a affirmé que, «même si la Lucha a participé ici et là à des manifestations, elle n’avait pas prévu aujourd’hui de mobilisation au niveau national. Des actions vont être annoncées pour la fin décembre 2017».[18]
Après la marche empêchée du Rassop du 19 décembre, le mouvement citoyen Lutte pour le Changement (Lucha) annonce des manifestations pacifiques ininterrompues à partir de ce vendredi 29 décembre. Ce, « jusqu’au départ de Joseph Kabila et ses complices », tel que précisé dans ce communiqué dont voici l’intégralité:
«En cette date symbolique du 19 décembre 2017 qui marque une année jour pour jour depuis l’expiration du second et dernier mandat constitutionnel de Joseph Kabila, et à dix jours à peine de la fin du « bonus » lui consenti à la faveur de l’Accord de la Saint Sylvestre pour organiser les élections au 31 décembre 2017 au plus tard,
La LUCHA réitère ce constat: tant que Joseph Kabila sera aux commandes, il n’y aura jamais des élections libres, inclusives et apaisées, susceptibles de permettre aux Congolais de prendre véritablement en mains leur destinée en élisant un nouveau président de la République et d’autres dirigeants de leur choix.
Les manœuvres en cours au niveau de la CENI et du parlement pour tailler une loi électorale sur mesure et imposer une machine à voler les votes, ne sont que les dernières illustrations de cette évidence. Quant au calendrier électoral de la CENI, comme nous l’avons dénoncé dès sa publication, ce n’est rien d’autre que la continuation de la stratégie du glissement mise en œuvre depuis que le peuple Congolais a fait échec aux tentatives de Kabila et son régime de réviser ou modifier sa constitution pour formaliser leur maintien au pouvoir.
La LUCHA rappelle que la seule source de légitimité des institutions de la RDC c’est la constitution de la République. Après l’avoir violée, Joseph Kabila a piétiné l’accord de la Saint Sylvestre qui lui accordait un semblant de légitimité politique pour organiser des élections au cours des 12 derniers mois. Passé le 31 décembre 2017 à minuit, même ce semblant de légitimité politique aura cessé d’exister et Joseph Kabila et son gouvernement, que la LUCHA a depuis longtemps appelé les Congolais à cesser de reconnaître comme autorités légitimes, ne seront plus que des occupants et des envahisseurs, devant être traités comme tels par notre peuple et par la communauté internationale.
La LUCHA rappelle que l’unique issue raisonnable à l’impasse actuelle et l’unique garantie pour des élections véritablement libres, inclusives et apaisées, c’est le départ de Kabila et de tous les membres des institutions à mandat électif de son régime, suivi de la mise en place rapide d’une transition neutre, dirigée par des personnalités dignes et compétentes issues de la société civile, pour organiser les élections, stabiliser le pays et fortifier nos acquis démocratiques, dans un délai raisonnable à fixer de commun accord.
La LUCHA salue la bravoure des Congolaises et des Congolais qui ont compris que Kabila n’est pas prêt à partir de lui-même et qui, ces derniers mois, ont participé massivement à des mobilisations citoyennes à travers le pays, pour exiger son départ, en bravant la peur et la répression de ce régime sanguinaire. Ceux qui ont perdu leur vie, ceux qui ont versé leur sang, ou qui sont toujours détenus dans les geôles du régime, pour avoir résisté, méritent la reconnaissance de la Nation toute entière. Surtout, ils méritent que nous finissions le travail en chassant ce régime et en décrochant la liberté pour laquelle ils se sont sacrifiés.
Dans cet esprit, et en guise d’épilogue à la série de mobilisations citoyennes de ces derniers mois, la LUCHA appelle les Congolaises et les Congolais à manifester massivement et pacifiquement sur l’ensemble du pays et de manière ininterrompue à compter de vendredi 29 décembre 2017, jusqu’au départ effectif de Joseph Kabila et de ses complices à tous les niveaux.
Comme déjà expérimenté, pour réussir et perdurer autant que nécessaire, la LUCHA rappelle que tout le monde doit manifester dans son quartier et son avenue, le but étant d’asphyxier totalement le régime et de neutraliser ses moyens de répression, y compris en barricadant les routes principales et les routes de quartier pour empêcher ou limiter au maximum leurs mouvements.
La LUCHA insiste sur le fait que cette mobilisation sans précédent doit demeurer pacifique.
Laissons Kabila et ses sbires continuer à sceller leur sort en répandant la violence; n’y répondons sous aucun prétexte. La justice se chargera d’eux une fois que le peuple se sera libéré. La LUCHA rappelle instamment les vrais patriotes Congolais au sein l’armée, la police et les services de renseignement à prendre parti pour le peuple et à s’abstenir de tirer ou faire tirer sur ce dernier, car cette lutte pour libération est aussi la leur et celle de leurs enfants.
Enfin, la LUCHA exprime son soutien à l’Eglise catholique encore victime ces derniers jours d’attaques lâches en raison de ses prises de position et ses actions courageuses, notamment à Kinshasa, autant qu’elle salue le rapprochement des principaux leaders de l’opposition politique pour parler d’une seule voix et coordonner enfin les actions sur le terrain. La LUCHA appelle toutes les forces sociales et politiques, y compris les laïcs catholiques, les autres confessions religieuses et l’opposition politique à:
Cesser les tergiversations et avoir un seul message cohérent, à savoir exiger le départ de Kabila et la mise en place, dès le 1er janvier 2018, d’une transition neutre, unique garantie pour avoir des élections véritablement démocratiques;
Appeler, mobiliser et surtout, pour les leaders de la société civile et de l’opposition, participer personnellement aux manifestations ininterrompues à partir de vendredi 29 décembre 2017 jusqu’au départ effectif de Kabila et de ses complices à tous les niveaux;
S’apprêter à mettre en place la transition neutre et à soutenir la mission de ses futurs animateurs.
Comme Thomas Sankara le disait, «on ne libère pas un peuple, un peuple se libère lui-même!» Pour le Congo et pour notre peuple, la résistance n’est plus une option; c’est une nécessité et une urgence absolues. Notre peuple a une occasion unique d’écrire enfin sa propre histoire. La LUCHA joue et continuera de jouer son rôle, quoiqu’il arrive.
Fait à Kinshasa, le 19 décembre 2017
Pour la LUCHA
La Cellule de Communication».[19]
b. Le Comité Laïc de Coordination (CLC) de l’Église catholique: appel pour une marche de libération du pays, le dimanche 31 décembre
Le 2 décembre, lors d’un point presse, les représentants du Comité Laïc de Coordination (CLC), une structure de l’église catholique en RD Congo, ont rendu public le suivant message intitulé « Peuple Congolais: Prenons notre destin en mains« :
«Le Congo, notre beau pays va mal. Notre rêve de bâtir au cœur de l’Afrique une démocratie respectueuse des hommes et femmes de ce pays est devenu un cauchemar.
Les conditions de vie de nos populations sont plus que précaires alors qu’une minorité de citoyens continue à s’enrichir de manière insolente et avec arrogance. Le seuil du tolérable est dépassé. Le peuple est désemparé. Les restrictions du droit à la liberté d’expression, l’interdiction des manifestations publiques pacifiques, les répressions des mouvements de contestation politique et de défense des droits de l’homme sont plus qu’insupportables. Plus grave, à l’approche des élections tant attendues par notre peuple, plusieurs leaders de l’opposition croupissent en prison ou sont condamnés à l’exil.
Mais tout notre peuple refuse que, chaque jour et sans raison valable, notre espérance de construire un Congo plus beau qu’avant nous soit confisquée. Notre peuple refuse que le Congo, notre pays, devienne la propriété privée de quelques privilégiés.
Aujourd’hui, comme hier, lors de la marche du 16 février 1992, et répondant à l’appel des évêques du 23 juin 2017 solennellement répété le 24 novembre de la même année, les laïcs chrétiens réunis au sein du CLC affirment leur ferme volonté de soutenir le processus de mise en œuvre de l’Accord de la Saint Sylvestre.
Dans cette perspective, d’ici le 15 décembre 2017, le CLC exige outre une déclaration publique du Président de la République qu’il ne sera pas candidat à sa propre succession, la mise en application effective de toutes les mesures de décrispation de l’Accord de la Saint Sylvestre, notamment:
(1) la libération, sans conditions, de tous les prisonniers politiques;
(2) la fin de l’exil des opposants menacés d’arrestation à leur retour au pays;
(3) la fin du dédoublement des partis politiques;
(4) la libéralisation des espaces médiatiques et particulièrement de la RTNC;
(5) la réouverture des médias injustement fermés;
(6) la restructuration de la CENI afin de recréer la confiance entre l’électorat et l’institution organisatrice des élections;
(7) l’utilisation du calendrier récemment proposé par la CENI comme outil de travail pour l’élaboration d’un calendrier consensuel».[20]
Le 17 décembre, après l’expiration de l’ultimatum donné au Président Kabila, pour qu’il fixe l’opinion avant le 15 décembre, sur sa non-représentation aux prochaines élections de décembre 2018 et faute d’une réponse de la part du président de la République, le Comité Laïc de Coordination (CLC) a appelé à une marche dite de libération du pays, le dimanche 31 décembre 2017. L’exhortation est faite aussi bien aux Kinois, aux Congolais des provinces ainsi qu’à leurs compatriotes vivant à l’étranger:
«Le 2 décembre 2017, le Comité laïc de Coordination a pris la communauté nationale et internationale à témoin, invitant nos gouvernants à respecter les mesures de décrispation de la scène politique, tel que décidées par l’Accord de la Saint-Sylvestre. Il ne s’agissait que de remplir des conditions préalables pour des élections réellement crédibles, notamment: la libération sans conditions des prisonniers politiques; la fin de l’exil des opposants menacés d’arrestation à leur retour au pays; la libéralisation des espaces médiatiques; la fin du dédoublement des partis politiques; la restructuration de la CENI, afin de recréer la confiance entre l’électorat et l’institution organisatrice des élections; la confirmation de la volonté du Chef de l’Etat de ne pas briguer un troisième mandat, comme l’exige la Constitution, pour rassurer l’opinion. Cet appel est resté lettre morte. La volonté politique d’agir dans le sens de la paix et du service à la communauté est totalement absente. La mauvaise foi de nos dirigeants est plus qu’évidente dans la gestion de l’alternance politique …
– Puisque l’Accord politique global et inclusif du 3l décembre 2016, unique feuille de route solidement fondée sur la Constitution de la République, est vidé chaque jour davantage, comme l’illustre l’imposition d’une loi électorale scélérate non fondée sur le consensus national;
– vu que, à travers le pays, des millions de Congolais, victimes des violences d’une ampleur sans précédant, disparaissent ou sont obligés de quitter leurs logis et leurs terres, pour chercher refuge dans l’inconnu;
– parce que les libertés les plus fondamentales continuent à être foulées au pied par un pouvoir qui n’hésite pas à tirer sur des manifestants sans armes;
– constatant que les opposants, les journalistes et les leaders syndicaux indépendants ainsi que les activistes de défense des droits de l’homme sont injustement emprisonnés et condamnés à l’exil; – sachant que les richesses nationales, du sol et du sous-sol, demeurent confisquées par une poignée d’individus qui ont privatisé l’ensemble des services de l’Etat;
– ensemble, comme le 16 février 1992, unissons nos efforts et nos forces pour dire NON à cet esclavagisme imposé par l’oligarchie au pouvoir. Nous disons NON à la situation actuelle, en attendant de le faire de manière plus décisive dans les urnes en 2018.
Nous disons NON à la confiscation de la démocratie par une poignée d’individus;
NON au silence coupable et cynique des dirigeants, face à la misère généralisée de la population, alors que les richesses nationales continuent à être pillées et dilapidées;
NON aux massacres des compatriotes du Kivu, du Kasaï et du Tanganyika;
NON aux viols de nos mères, de nos sœurs et de nos filles;
NON à l’utilisation des groupes armés pour terroriser et massacrer les populations;
NON à la répression aveugle des manifestations pacifiques.
Puisque nous voulons des élections crédibles, condition indispensable pour mettre fin à la crise actuelle de légitimité; puisque nous voulons d’un Congo libéré de la dictature de la corruption, de l’impunité, de l’injustice et de la confiscation des institutions publiques et judiciaires, libérons-nous de la peur, de la résignation et de l’inertie coupable.
LEVONS-NOUS ET MARCHONS, dans la capitale, en province ou à l’étranger.
LEVONS-NOUS et MARCHONS pour libérer l’avenir, et faire de notre pays une terre de paix, de dignité, d’hospitalité et de progrès pour tous.
Ce dimanche 31 décembre 2017, main dans la main, nous marcherons pour sauver le Congo, notre patrimoine commun, dans le respect sacré des personnes et des biens».[21]
c. Le collège des curés doyens de l’Archidiocèse de Kinshasa: opération son des cloches tous les jeudis, à 21h00
Le 13 décembre, dans un message publié sur la page Facebook de la Cenco Rdc, les curés de Kinshasa ont appelé à des manifestations pacifiques à partir du jeudi 14 décembre 2017:
«Le collège des curés de l’Archidiocèse de Kinshasa appelle à des manifestations pacifiques.
Pour répondre à l’appel des évêques de la CENCO qui avaient demandé aux fidèles et à la population de se prendre en charge, le collège des curés doyens de l’Archidiocèse de Kinshasa appelle à des manifestations pacifiques à partir de jeudi 14 décembre 2017. Chaque jour, après la messe du matin, il est prévu la récitation de la « Prière pour la nation », précédée de la lecture de l’extrait du message de la CENCO et tous les jeudis à 21 heures, les cloches des églises vont sonner. Pour la journée de jeudi 14 décembre 2017, le collège de curés doyens de l’Archidiocèse de Kinshasa a recommandé aux curés des paroisses de sonner les cloches à 21h pendant une quinzaine de minutes. Le collège des curés doyens invite les fidèles et la population en général, à accompagner les cloches par toute sorte de clameur et de vacarme: taper sur les casseroles, des coups de sifflets et de vuvuzela, des klaxons, etc.».[22]
Le 14 décembre, les chrétiens catholiques ont suivi différemment les recommandations des curés doyens de l’Archidiocèse de Kinshasa. Dans certaines paroisses, les cloches ont sonné à 21h comme prévu. «Je suis à Bandalungwa. Je ne suis pas loin de l’église catholique Saint Michel. La cloche a sonné à 21 h. J’ai entendu les gens siffler. Moi aussi je me suis livré à l’exercice, pendant plus au moins quinze minutes», témoigne un habitant de Bandalungwa. Cependant, dans d’autres paroisses, les choses n’ont pas marché comme prévu. C’est le cas de la paroisse Saint Joseph dans la commune de Kalamu. Plusieurs personnes venues avec des sifflets pour manifester pacifiquement, ont été déçues, parce qu’à l’heure indiquée, la cloche n’a pas sonné.
En fait, un autre message est venu perturber les dispositions prises précédemment. «Contrairement aux dispositions que nous vous avons communiquées dans notre lettre du 5 décembre 2017 portant sur les manifestations pacifiques pour l’application de l’accord de la Saint-Sylvestre, après des fructueux échanges avec nos Pères les évêques, et dans le souci de tenir aux dispositions de la loi, l’heure de la sonnerie des cloches est ramenée à 18 heures », indique un communiqué du Collège des curés doyens de l’archidiocèse de Kinshasa. Pour les curés des paroisses, le plus important c’est la prière et le travail de sensibilisation pour un éveil de conscience de la population, afin de s’assurer de l’application de l’accord de la Saint Sylvestre et le respect du calendrier électoral qui prévoit la présidentielle, les législatives nationales et les législatives provinciales en décembre 2018.[23]
Le 21 décembre, dès 21:00 heures, à Kinshasa, les bruits ont retenti dans la partie ouest de la ville, provocant des scènes de fraternisation des habitants. Sons de cloches, ustensiles de cuisine et sifflets associés au bruit de coup de feu d’artifice et de pétards ont rythmée pendant quelques minutes cette soirée de «résistance», comme l’ont nommé ces courageux manifestant nocturnes. Selon des sources ecclésiastiques, une vingtaine de paroisses des différentes communes de la Lukunga ont suivi le mot d’ordre. Parmi elles, les paroisses Saint Luc, Saint Albert, Saint Léopold, Saint François de sales, Notre dame de grâce, saint Michel, mais aussi leurs fidèles et sympathisants. Par cette action, l’église réclame les élections en 2018 et continue d’implorer la volonté politique des acteurs politiques au pouvoir à respecter l’accord de la saint sylvestre, «gage d’une paix durable».[24]
[1] Cf Cas-info.ca, 17.12.’17; Christine Tshibuyi – Actualité.cd, 18.12.’17
[2] Cf Actualité.cd, 27.12.’17
[3] Cf Joseph Kazadi – 7sur7.cd, 14.12.’17
[4] Cf Actualité.cd, 13.12.’17
[5] Cf Actualité.cd, 17.12.’17
[6] Cf Actualité.cd, 18.12.’17
[7] Cf Radio Okapi, 19.12.’17
[8] Cf Edmond Izuba – Cas-info.ca, 18.12.’17
[9] Cf AFP – Africatime, 19.12.’17; RFI, 19.12.’17
[10] Cf RFI, 19.12.’17
[11] Cf Radio Okapi, 19.12.’17
[12] Cf AFP – Africatime, 19.12.’17; Actualité.cd, 19.12.’17; Radio Okapi, 19.12.’17
[13] Cf Radio Okapi, 19.12.’17
[14] Cf Mediacongo.net, 20.12.’17
[15] Cf Actualité.cd, 19.12.’17
[16] Cf Radio Okapi, 19.12.’17
[17] Cf Christophe Rigaud – Afrikarabia, 19.12.’17
[18] Cf Olivier Liffran – Jeune Afrique, 19.12.’17
[19] Cf Mediacongo.net, 20.12.’17 http://www.mediacongo.net/article-actualite-33547.html
[20] Cf Le Potentiel – Kinshasa, 04.12.’17
[21] Cf Forum des As – Kinshasa, 22.12.’17 http://www.forumdesas.org/spip.php?article14176
[22] Cf Cas-info.ca, 14.12.’17
[23] Cf Radio Okapi, 15.12.’17
[24] Cf Edmond Izuba – Cas-info.ca, 22.12.’17