Congo Actualité n. 318

SOMMAIRE

ÉDITORIAL: RASSEMBLEMENT DE L’OPPOSITION → DU REFUS À LA PARTICIPATION

  1. LA MARCHE DU 10 AVRIL TRANSFORMÉE EN JOURNÉE « VILLES MORTES »
  2. LES CONSULTATIONS DU NOUVEAU PREMIER MINISTRE POUR LA FORMATION DU NOUVEAU GOUVERNEMENT
  3. UNE MISSION DE BONS OFFICES DU REPRÉSENTANT SPÉCIAL DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ONU EN RDCONGO
  4. DES NOUVELLES EXPULSIONS DU RASSEMBLEMENT DE L’OPPOSITION

 

ÉDITORIAL: RASSEMBLEMENT DE L’OPPOSITION → DU REFUS À LA PARTICIPATION

 

 

 

 

 

1. LA MARCHE DU 10 AVRIL TRANSFORMÉE EN JOURNÉE « VILLES MORTES »

 

Le 8 avril, dans une déclaration, la délégation de l’Union Européenne, au sujet de la marche de l’opposition annoncée pour le 10 avril prochain, «rappelle que le droit de manifester pacifiquement est le corollaire de tout processus politique. Elle demande à tous les acteurs politiques de tout faire pour éviter les débordements et invite les autorités à garantir le respect de l’espace public et à éviter l’utilisation disproportionnée de la force par les responsables du maintien de l’ordre. L’UE continue de suivre la situation de près, en partenariat avec les pays de la région et les autres membres de la communauté internationale. En référence à ses Conclusions du 6 mars 2016, elle rappelle à tous les responsables politiques et aux membres des forces de sécurité que de nouvelles mesures restrictives individuelles pourront être adoptées contre ceux qui seraient responsables de graves violations des Droits de l’Homme, inciteraient à la violence ou qui feraient obstacle à une sortie de crise consensuelle, pacifique et respectueuse de l’aspiration du peuple congolais à élire ses représentants».[1]

 

Le 9 avril, au cours d’une conférence de presse animée à Kinshasa par Félix Tshisekedi, le Rassemblement a renouvelé son appel à manifester ce lundi 10 avril, pour protester contre la violation de l’Accord du 31 décembre. Ce regroupement politique considère que l’Accord du 31 décembre comme la seule feuille de route devant permettre au pays d’aller aux élections. Selon cette plateforme, en nommant Bruno Tshibala comme Premier ministre, le Président Joseph Kabila n’a pas respecté l’esprit et la lettre de l’accord du 31 décembre. «Kabila s’est soustrait de l’Accord. Il s’érige actuellement en principal obstacle au processus démocratique en cours (…) La finalisation de l’Arrangement particulier est une urgence», a dit Félix Tshisekedi, qui a rejeté la nomination de Bruno Tshibala au poste de Premier ministre.[2]

 

Le 9 avril, le porte-parole de la police nationale, le colonel Pierrot Mwanamputu, a affirmé que «la police nationale congolaise (PNC) empêchera l’exercice de toute manifestation publique à caractère politique, non autorisée à travers toute l’étendue du territoire national». En se référant à la manifestation prévue à Kinshasa, il a affirmé que «dans l’itinéraire des organisateurs, il y a des germes d’insurrection et de perturbation de l’ordre publique et donc le gouverneur a le droit de décider à ce que la marche n’ai pas lieu». Selon la police, la marche prévue pour lundi 10 avril a été interdite par l’Hôtel de ville de Kinshasa. Par conséquent, la PNC a mis en place un dispositif sécuritaire renforcé dans «les points chauds de Kinshasa pour disperser tout attroupement de plus de 10 personnes». Il précise aussi que les unités des forces armées ont été appelées en renfort «pour prêter main forte à l’action de la police».[3]

 

Le 9 avril, dans la soirée, le leader du Bureau politique du Rassemblement, Félix Tshisekedi, a quitté le pays, via l’aéroport internationale de N’djili. Augustin Kabuya, porte-parole de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) confirme ce départ, annonçant que le Secrétaire général adjoint de son parti s’est rendu en urgence à Addis-Abeba, en Éthiopie, sur invitation du Conseil de l’Union Africaine.[4]

 

Le 10 avril, à Kinshasa, alors que l’on s’attendait à une grande mobilisation de la part de sympathisants du Rassemblement de l’opposition, c’est finalement une paralysie quasi-totale des activités dans toute la ville qui a été observée. Du boulevard du 30 juin, en passant par le boulevard Lumumba, l’espace triomphal, Limete, Masina, Ngaba, l’Unikin et autres coins, le constat a été le même: paralysie des activités. Boutiques, magasins, marchés et les petits commerces sont restés fermés tout l’avant midi. Les transports en commun se sont faits rares sur toutes les grandes artères de la ville de Kinshasa. Les bureaux de l’administration publique ont été désertés pour la plupart.

Cette paralysie des activités a aussi pour cause le renforcement du dispositif sécuritaire dans tous les coins saillants de Kinshasa. Les éléments de la police nationale congolaise et les FARDC ont été stationnés dans les ronds-points et les arrêts de bus, pour dissuader tout regroupement de personnes. La population s’est retranchée chez elle et les forces de sécurité sont restées maitresses des rues. Aucun incident majeur n’a été déclaré à travers la ville de Kinshasa. A la place d’une marche pacifique comme prévue par le Rassemblement, les habitants de Kinshasa ont finalement observé une ville morte comme celle du 3 avril dernier.[5]

 

Une situation similaire a été constatée dans d’autres villes du Pays où la police a dispersé tout tentative de marche, comme à Mbuji-Mayi (Kasaï-Oriental), à Lubumbashi (Haut-Katanga), à Bukavu (Sud-Kivu), Goma (Nord Kivu), Beni (Nord-Kivu), Mbandaka (Equateur). La marche a par contre été annulée par les organisateurs mêmes à Butembo (Nord-Kivu), suite aux rumeurs faisant état de l’imminence d’une attaque des Maï-Maï dans la ville et à la très forte militarisation du territoire, et à Kananga (Kasaï-Central), à cause la situation sécuritaire de la ville marquée par l’activisme des miliciens Kamuina Nsapu.

À Kisangani (Tshopo), par contre, la marche pacifique du Rassemblement n’a pas eu lieu. Les activités commerciales se sont déroulées normalement, rapportent des sources concordantes, signalant cependant un déploiement important des forces de l’ordre dans des carrefours et «places stratégiques» de la ville. Même situation dans les provinces du Kwango, Kwilu et Maïndombe, où des sources sur place disent avoir noté «un déploiement inhabituelle des policiers», notamment dans les villes de Bandundu, Inongo, Kenge, et Kikwit.[6]

 

L’organisation internationale de défense de droit de l’homme, Human Right Watch (HRW) a fait état de plus de 80 personnes arrêtées lors des manifestations lundi 10 avril dernier sur toute l’étendue de la RDC. Au moins 40 personnes, dont 4 femmes et 9 mineurs, ont été arrêtées dans tout Kinshasa; une douzaine d’entre elles ont été libérées avant la fin de la journée», dit HRW, qui signale également des arrestations dans divers villes du pays: 12 à Bukavu; 10 à Kindu; 10 à Lubumbashi; sept à Kongolo; 5 à Mbuji-Mayi et 4 à Kamina.

Le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme (BCNDH) donne, lui aussi, des chiffres similaires.

La marche pacifique initiée par le Rassemblement pour réclamer l’application de l’accord politique du 31 décembre n’a pas eu l’effet escompté et s’est plutôt muée en une journée ville-morte, notamment à cause d’un dispositif de sécurité renforcé qui a vu la présence des militaires de la garde républicaine aux côtés des policiers.[7]

 

Du coté de la Majorité Présidentielle, Aubin Minaku a déclaré devant la presse que «l’appel à la marche pacifique a été un échec cuisant». Du coté du Rassemblement l’on entrevoit les choses d’une autre manière. D’après Martin Fayulu, cette paralysie des activités prouve à suffisance la force de mobilisation de la part du Rassemblement. Dans une interview, Martin Fayulu a avoué que la stratégie a été revue pour éviter un bain de sang à Kinshasa: «Après avoir vu, dès la veille, un déploiement important de forces de l’ordre, nous avons changé de stratégie, ca on n’a pas voulu livrer notre population aux carnassiers. Nous n’avons pas voulu mettre les gens en route pour que les forces de l’ordre viennent les tuer». Le président du conseil des sages du Rassemblement et chef de file du G7 (plateforme de ceux qui ont quitté la majorité présidentielle), Pierre Lumbi, a déclaré: «On a eu une nouvelle journée ville morte, telle que nous l’avons voulue». Selon Pierre Lumbi aussi, les organisateurs ont voulu éviter la collision frontale avec les forces de l’ordre.[8]

 

Divisée et écrasée sous le poids d’un dispositif policier impressionnant, l’opposition congolaise a semblé morde la poussière, alors que la mobilisation ultime dont l’épilogue devait être la «prise» du Palais de la Nation, n’a pas vraiment eu lieu. Les explications de Martin Fayulu, président de l’Ecidé et cadre du Rassemblement, cache à peine l’échec constaté dans la capitale congolaise où l’opposition promettait pourtant du soufre à un Pouvoir qui avait, selon elle, osé violer l’accord du 31 décembre.[9]

 

Le Rassemblement de l’Opposition s’était montré plus que déterminé à en finir avec les embûches qui, selon son point de vue, freinent la mise en œuvre de l’accord du 31 décembre 2016. Le lundi 10 avril 2017 était donc retenu comme une date décisive pour passer à l’action. Et le mot d’ordre n’était qu’un : descendre dans la rue pour revendiquer l’application de l’accord de la Saint-Sylvestre. À travers ce rendez-vous, le Rassemblement pro Felix Tshisekedi était censé prouver sa capacité de mobiliser après le décès de son leader Etienne Tshisekedi. Seulement, face à une impressionnante présence militaire déployée notamment dans plusieurs points chauds de la ville de Kinshasa, les initiateurs de ladite marche ont dû battre en retraite, justifiant ce recul par le souci de protéger la population contre la brutalité policière. Même si l’opposition n’admet pas avoir échoué dans sa démarche, ce qui est sûr c’est que l’objectif principal de cette marche, qui était de déposer un mémorandum au palais de la nation, n’a pas été atteint. Néanmoins, le Rassemblement initiateur de la marche n’a pas tort de crier victoire après avoir ralenti certaines villes, bien que cela n’ait pas été l’objectif visé. “A défaut de la lune, on se contente des étoiles”, dit-on![10]

 

 

2. LES CONSULTATIONS DU NOUVEAU PREMIER MINISTRE POUR LA FORMATION DU NOUVEAU GOUVERNEMENT

 

Le 11 avril, dans un communiqué de presse, l’ambassade des États-Unis en RDC «a réaffirmé sa déception que les signataires de l’accord du 31 décembre n’aient pas été en mesure de parvenir à un accord sur le choix d’un nouveau Premier ministre conformément à l’accord» du 31 décembre 2016. L’ambassade américaine a estimé que «la mise en œuvre complète et rapide par le gouvernement de la RDC de l’accord du 31 décembre, conformément à la résolution 2348 du Conseil de sécurité de l’ONU, est essentielle pour assurer le premier transfert démocratique et pacifique du pouvoir». Le gouvernement américain a aussi déploré « l’incertitude » quant à l’engagement du gouvernement congolais à mettre en œuvre cet accord de la Saint Sylvestre qui programme les élections d’ici la fin de 2017. Washington a encouragé dès lors les dirigeants de la coalition du Rassemblement de l’opposition à travailler avec la CENCO et d’autres signataires de l’accord du 31 décembre «dans l’objectif des élections et un transfert pacifique et démocratique du pouvoir». Dans cette optique, le gouvernement américain a exhorté à la fois les autorités congolaises et les dirigeants de l’opposition à «s’abstenir de toute déclaration ou action susceptible d’inciter à la violence», menaçant d’imposer des restrictions à tout acteur politique, tant du pouvoir que de l’opposition, qui va saper les institutions démocratiques du Pays.[11]

 

Le 11 avril, dans une interview, le nouveau Premier Ministre, Bruno Tshibala, a déclaré que les élections sont la priorité des priorités du nouveau gouvernement. «En ce qui concerne les ressources nécessaires à l’organisation des élections, nous allons d’abord compter sur nous même. S’il y a un appui extérieur, nous n’hésiterons pas à l’accepter. Les élections sont la priorité des priorités et tout sera mis en œuvre pour qu’il n’y ait pas la moindre excuse à ce que les élections ne soient pas organisées. Nous allons mettre tout en œuvre pour réunir les ressources, en vue de financer ces élections selon le calendrier qui nous sera présenté par la Commission électorale. Ces élections doivent être apaisées et transparentes, c’est-à-dire des élections totalement différentes de ce que nous avons connu antérieurement», a dit le nouveau Premier ministre.

Dans sa dernière adresse à la nation devant les deux chambres parlementaires réunies en congrès, Joseph Kabila avait affirmé la volonté d’organiser ces élections avec principalement les moyens gouvernementaux, afin d’éviter ce qu’il a qualifié l’ingérence extérieure.[12]

 

Le 11 avril, le nouveau Premier ministre, Bruno Tshibala, a entamé des consultations pour la formation du nouveau gouvernement. Ces consultations se déroulent à la Cité de l’Union africaine. Le programme prévoit pour ce mardi des échanges avec des plateformes composant le Rassemblement (UDPS, Dynamique, G7, AR, FDP/CAD, G14, MPP, CR, Société civile non signataire de l’Accord du 18 octobre). Ces consultations devront se poursuivre le mercredi 12 avril avec la MP, l’Opposition signataire de l’Accord du 18 octobre, l’Opposition Républicaine, la Société civile signataire de l’Accord du 18 octobre.

Dans ce contexte, le nouveau Premier ministre a reçu les délégations du Rassemblement / aile Joseph Olenghankoy, de la Majorité Présidentielle Populaire (MPP), de la Convention républicaine, deux plateformes de l’opposition, et des chefs coutumiers.

Reçu par Bruno Tshibala, Joseph Olenghankoy a déclaré que sa plateforme allait soutenir le nouveau Premier ministre.

Freddy Kita, secrétaire général de la Démocratie Chrétienne (DC, parti dirigé par Eugène Diomi Ndongala), co-fondateur de la Majorité présidentielle populaire (MPP) et signataire de l’acte de Genval, a affirmé que la décision de participer ou non au gouvernement Tshibala sera connue dans les prochaines heures. Selon ces déclarations, il ne fait aucun doute que la MPP pourrait décider de participer au nouveau gouvernement. La langue de bois dont a usé Freddy Kita n’a trompé personne. Freddy Kita a laissé entendre que, par cet acte de légitimation de Bruno Tshibala comme leader du Rassemblement et l’éventuelle option de participer au gouvernement Tshibala, Eugène Diomi Ndongala pourrait lâcher définitivement Félix Tshisekedi.

Signataire de l’Acte de Genval et membre du Rassemblement de l’Opposition, la Convention des Républicains (CR) a répondu positivement à l’invitation du Premier ministre Bruno Tshibala.

Pour cette plateforme du Rassop, la priorité doit être accordée à l’amélioration des conditions sociales de la population sans pour autant  perdre de vue la nécessité de l’organisation des élections, qui selon Simon Bolenge est dépendante des supports économiques pour relever le défi de les financer. Quant à la participation au gouvernement Tshibala, la CR dit être prête à épauler le premier ministre Tshibala et s’en remet au nouveau chef de l’Exécutif national.

De leur côté, les chefs coutumiers ont indiqué leur choix quant à la répartition des postes dans le futur gouvernement. Le ministère de la Décentralisation et des Affaires coutumières les intéresse particulièrement. Les chefs coutumiers espèrent en effet pouvoir contribuer à la résolution de la multitude des problèmes qui sont observés depuis des années dans ce secteur.

Comme on s’y attendait, le Rassemblement de l’Opposition / aile Félix Tshisekedi – Pierre Lumbi a été invisible à la Cité de l’Union africaine. Cette frange la plus radicale de l’opposition a rejeté la main tendue du Premier ministre Bruno Tshibala qui a invité ses collègues des deux tendances à rejoindre son gouvernement pour travailler ensemble. Ce groupe déclare ne pas se reconnaître en Bruno Tshibala et promet en outre d’accentuer la pression pour dénoncer le choix du président Kabila.[13]

 

Le 12 avril, le nouveau Premier ministre, Bruno Tshibala, a reçu des représentants de la Majorité Présidentielle (MP) qui ont déclaré être disposés à déposer dans 48 heures la liste et les dossiers des candidats ministrables. La délégation de la MP était notamment composée de Aubin Minaku,  Mova Henri, Bahati Modeste et Shadary Ramazani.

Bruno Tshibala a également consulté des membres de l’Opposition signataire de l’accord du 18 octobre. L’un d’eux, Vital Kamerhe, a fait savoir que sa composante n’entendait pas faire de la figuration dans le nouveau gouvernement qui, selon lui, doit être d’union nationale, avec comme objectif d’organiser les élections. José Makila, Steve Mbikayi et Azarias Ruberwa accompagnaient Vital Kamerhe.

Reçue par Bruno Tshibala, l’Opposition Républicaine (OR), plateforme dirigée par Léon Kengo Wa Donfo, a dit espérer que le nouveau gouvernement sera plus inclusif. Michel Bongongo, qui a conduit la délégation de cette partie de l’Opposition, a déclaré que «le prochain gouvernement sera plus inclusif …  Le premier ministre a donné, sur instruction du chef de l’Etat, les trois axes prioritaires de son gouvernement: les élections, le social et le sécuritaire».[14]

 

Le 13 avril, dans un communiqué de presse, le Rassemblement de l’Opposition / aile Félix Tshisekedi et Pierre Lumbi, a réitéré sa désapprobation vis-à-vis de la nomination de Bruno Tshibala comme Premier ministre et il annonce de ne pas participer pas aux consultations menées actuellement par le nouveau Premier ministre pour former le nouveau gouvernement. Selon le communiqué, «le Rassemblement appelle une fois de plus monsieur Joseph Kabila au respect de l’Accord du 31 décembre, sans délai et dans son intégralité. Le Rassemblement invite la population à rester mobilisée et vigilante, pour poursuivre sans relâche les pressions sur le pouvoir, jusqu’à ce que l’Accord du 31 décembre soit intégralement mis en œuvre et les élections libres, crédibles et pacifiques soient organisées au plus tard le 31 décembre 2017».[15]

 

 

3. UNE MISSION DE BONS OFFICES DU REPRÉSENTANT SPÉCIAL DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ONU EN RDCONGO

 

Le 12 avril, le Président de l’Union pour la Nation Congolaise (UN), Vital Kamerhe, a souligné la nécessité de signer l’Arrangement particulier de l’Accord du 31 décembre. Après la rencontre avec le nouveau Premier Ministre, Vital Kamerhe a affirmé de lui avoir dit que «l’arrangement particulier fait partie intégrante de l’Accord du 31 décembre et qu’il faut absolument le finaliser. Autrement, on aura un Accord inachevé. Il n’y a plus rien qui empêche la signature de  l’arrangement particulier. On est des personnes adultes. On n’est pas obligés de passer par les Évêques de la CENCO». Parmi les points qui achoppent il y a notamment la présidence du Comité de suivi de l’Accord et du processus électoral (CNSA). Pour rappel, l’Opposition signataire de l’Accord du 18 octobre soutient que la Présidence du CNSA devra faire l’objet d’un nouveau consensus après l’empêchement définitif d’Etienne Tshisekedi.[16]

 

Le 15 avril, le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU, Maman Sidikou, a débuté une série d’entretiens avec les acteurs politiques congolais. Il a déjà rencontré Bruno Tshibala, le nouveau Premier ministre et il a annoncé que, dans le cadre de ses bons offices, il rencontrera aussi Jean-Marc Kabund, secrétaire général de l’UDPS et Aubin Minaku, Président de l’Assemblée nationale et Coordonnateur de la Majorité Présidentielle.

Après son entretien avec le nouveau Premier ministre, il a indiqué qu’il n’a jamais été question dans le communiqué de son institution de remettre en cause la nomination de Bruno Tshibala: «Le communiqué de la Monusco ne dit pas que la nomination de Bruno Tshibala n’est pas conforme à l’accord du 31 décembre. La Monusco prend acte de la nomination du premier ministre. Maintenant, ce sont les institutions qui doivent entériner tout cela. Je crois que le premier ministre nommé devrait passer devant l’Assemblée nationale. Cela va de soi».

À propos du gouvernement Tshibala en gestation, il a déclaré que  «il est indispensable qu’il n’y ait pas d’exclusion. Il faut un gouvernement inclusif, un consensus plus large. Bruno Tshibala m’a dit que c’est sa priorité aussi. Il faut que personne ne se sente exclu».

Maman Sidikou, a rappelé «la nécessité impérieuse d’aller vers les élections». Selon ses déclarations, «c’est cela qui est urgent et important». Un avis partagé par Bruno Tshibala qui, rapporte-t-il, lui a dit «de façon sans équivoque que cela reste la priorité». Maman Sidikou a affirmé que les Nations unies vont accompagner et soutenir la RDC dans l’organisation de ces élections.[17]

 

Le secrétaire général de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), Jean-Marc Kabund, est formel: il ne veut pas discuter avec Maman Sidikou, Représentant Spécial du Secrétaire Général de l’ONU en RDC, d’une éventuelle participation du Rassemblement ou de l’UDPS au Gouvernement Tshibala. Dans une interview, il a affirmé que «si Maman Sidikou fait des bons offices pour un éventuel gouvernement formé par Tshibala, il ne pourra pas compter sur nous, car non seulement nous contestons Tshibala, nous contestons aussi sa nomination en dehors de l’accord du 31 décembre. Nous l’avons déjà dit que c’est un non-évènement pour nous. Donc si nous pouvons rencontrer Sidikou, c’est pour lui demander d’activer le mécanisme des bons offices auquel la résolution 2348 du Conseil de Sécurité de l’Onu fait allusion. Cela doit absolument déboucher sur la finalisation de l’arrangement particulier et la mise en œuvre intégrale de l’accord du 31 décembre. Maman veut parler d’un gouvernement formé par Tshibala, alors que la communauté internationale ne le reconnait pas».[18]

 

Le 15 avril, dans un communiqué de presse signé par Pierre Lumbi, le Rassemblement / aile Félix Tshisekedi – Pierre Lumbi a désapprouvé la déclaration faite par Maman Sidikou, selon laquelle la Monusco «a pris acte» de la nomination de Bruno Tshibala.

Selon le communiqué, «le Rassemblement a noté que Monsieur Maman Sidikou a affirmé notamment que la MONUSCO a pris acte de la nomination de Monsieur Bruno Tshibala au poste de Premier Ministre, nomination qui serait, d’après lui, conforme à l’Accord politique du 31 décembre 2016. Par ailleurs, Maman Sidikou a laissé croire que la MONUSCO soutiendrait et accompagnerait ce Gouvernement dirigé par Bruno TshibalaLe Rassemblement relève que cette position personnelle de Monsieur Maman Sidikou est contraire, non seulement à la résolution 2348 (2017) du Conseil de Sécurité de l’ONU, mais aussi aux déclarations de l’Union Africaine et de l’Union Européenne qui soutiennent l’Accord du 31 décembre 2016 et appellent à son application intégrale, selon sa lettre et son espritLe Rassemblement prend acte que par cette position partiale, Monsieur Maman Sidikou s’est écarté de la lettre et de l’esprit de l’Accord du 31 décembre 2016, foulant ainsi aux pieds la résolution 2348 du Conseil de Sécurité».

Néanmoins, le Rassemblement dit renouveler sa confiance au Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, pour son offre de bons offices. Par ailleurs, le Rassemblement dirigé par Félix Tshisekedi affirme toujours désapprouver la nomination du Premier ministre Bruno Tshibala, qui, selon lui viole l’accord signé le 31 décembre dernier.[19]

 

Le 15 avril, après une rencontre avec le Premier Ministre Bruno Tshibala, le représentant spécial du président de la Commission de l’Union africaine en RDC, Abdou Abarry, a exprimé l’intention de l’Union africaine de travailler ensemble avec le gouvernement qui sera formé autour de Bruno Tshibala et qui devra conduire la RDC aux élections prévues en décembre de cette année.

«Bruno Tshibala est un Congolais qui a été choisi à la primature et nous nous soumettons à ce choix souverain du président de la République. Et en tant qu’Union africaine, nous allons travailler au côté de Bruno Tshibala pour faire aboutir à des objectifs cardinaux, notamment les élections», a dit Abdou Abarry. L’ambassadeur de l’Union africaine a également évoqué le souci de son organisation qui souhaite plus d’inclusivité dans le nouveau gouvernement que va conduire le Premier ministre Bruno Tshibala.[20]

 

Le 16 avril, Maman Sidikou a reçu une délégation du Rassemblement de l’Opposition / aile Tshisekedi-Lumbi, composée par Pierre Lumbi, François Mwamba, Martin Fayulu, Christophe Lutundula, Gilbert Kiakwama, Laurent Batumona, Jean Bertrand Ewanga et Docteur Bwassa.

Après cette rencontre, le Directeur de l’information publique de la MONUSCO, Charles Antoine Bambara, a confirmé que, «pour la MONUSCO, il n’y a pas d’alternative à la mise en œuvre complète de l’accord du 31 décembre 2016 tel que stipulé par la résolution 2348 du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Nous devons tous travailler ensemble pour surmonter les obstacles à la tenue d’élections crédibles d’ici à la fin de cette année 2017».

Pierre Lumbi, président du Comité des sages du Rassemblement a fait remarquer que l’incident né de la déclaration du chef de la MONUSCO après sa rencontre avec le premier ministre Bruno Tshibala était clos: «Nous avons parlé de l’accord et ce qu’on peut considérer comme incident, un malentendu sur sa communication. Aujourd’hui nous en avons parlé avec beaucoup de franchise, de sincérité et surtout beaucoup d’humilité. Je peux vous dire que l’incident est clos. Nous nous sommes mis d’accord sur la compréhension de l’accord de la Saint Sylvestre mais aussi de la résolution 2348. Ce que l’accord doit être appliqué dans son intégralité et tout le monde doit respecter la résolution 2348».[21]

 

Le 17 avril, le Représentant spécial de l’ONU en RDC, Maman Sidikou s’est entretenu avec le Secrétaire général de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), principal parti de l’opposition et membre de la coalition du Rassemblement qui boude toujours la nomination de Bruno Tshibala au poste du Premier Ministre.

Le secrétaire général de l’UDPS, Jean-Marc Kabund, a dit avoir trouvé le patron de la MONUSCO, Maman Sidikou « très réceptif » au message de son parti pour la suite des négociations directes, en vue de la signature de l’arrangement particulier. Sans donner le contenu de ce message, il souligne la nécessité des bons offices des Nations unies, en vue de la signature de l’arrangement particulier de l’accord de la Saint Sylvestre. «M. Maman nous a rassuré de s’engager, selon la résolution 2348 et dans le cadre des bons offices, à rencontrer la CENCO et les parties prenantes, afin que les discussions reprennent et qu’on signe l’arrangement particulier», a déclaré Jean-Marc Kabund, à l’issue de sa rencontre avec le chef de la Mission onusienne en RDC.

Jean-Marc Kabund pense que, «conformément à la résolution 2348, on pourra enfin aboutir à la nomination du premier ministre présenté par le Rassemblement, à l’installation du président du Conseil national de suivi de l’accord et à la mise en œuvre des mesures de décrispation politique et de libération de l’espace politique, en vue de l’organisation des élections apaisées».[22]

 

Le Premier ministre nommé par le président Joseph Kabila et qui est toujours boudé par le Rassemblement aile Félix Tshisekedi, reçoit néanmoins du soutien.

Le camp des protestations perd un peu de son éclat. Le nouveau Premier ministre Bruno Tshibala semble enregistrer de plus en plus d’adhésions autour de sa personne, tant du côté de l’opposition que des institutions régionales. Alors que des pays de la Communauté Internationale ont vite annoncé leur désapprobation à ce qu’ils ont qualifié de violation de l’accord du 31 décembre dernier, Kinshasa a fini par hausser le ton, jusqu’à arrêter la coopération militaire avec son ancienne puissance coloniale, la Belgique, fustigeant certaines tentatives qualifiées d’ingérences. Déjà devant le Congrès, le 5 avril dernier, Joseph Kabila mettait une énième fois en garde les «puissances occidentales» qu’il ne tolérait pas «d’ingérence», brandissant la souveraineté nationale.

De son côté, la Monusco semble avoir préféré se lancer dans une diplomatie qui pourrait aboutir à la signature de l’arrangement particulier, tout en gardant Bruno Tshibala à la Primature. «Je crois qu’il est trop tard pour que l’opposition puisse encore obtenir la Primature. S’ils sont raisonnables, ils doivent seulement se battre pour contrôler le CNSA [Conseil national de suivi de l’accord] et conduire le pays aux élections», a confié un responsable de la Monusco.

Au Rassemblement, Bruno Tshibala peut à présent compter sur le soutien de Freddy Kita, de la Démocratie Chrétienne et de Jean-Pierre Lisanga Bonganga, à la tête d’une véritable fronde contre « les Katumbistes » au sein du Rassemblement / aile Félix Tshsiekedi. Ils s’ajoutent à la longue liste des dissidents que cette coalition connaît depuis mars dernier.[23]

 

 

4. DES NOUVELLES EXPULSIONS DU RASSEMBLEMENT DE L’OPPOSITION

 

a. Le cas de Freddy Kita

 

Le 13 avril, le secrétaire général de la Démocratie Chrétienne (DC), Freddy Kita, a été suspendu de ses fonctions, après avoir rencontré le nouveau Premier ministre Bruno Tshibala, le jour précédent, le12 avril, dans le cadre des consultations pour la formation du nouveau gouvernement. Dans un communiqué signé par Eugène Diomi Ndongala, président du parti, Freddy Kita est accusé d’insubordination et de vagabondage politique. Selon la teneur de ce communiqué, Freddy Kita n’est plus autorisé à engager ni son parti, la Démocratie chrétienne, ni la MPP, plateforme à laquelle il appartient. Le président de la DC, Eugène Diomi Ndongala, semble plutôt proche de l’aile Félix Tshisekedi – Pierre Lumbi du Rassemblement de l’Opposition.[24]

 

Le 15 avril, Freddy Kita a rejeté son exclusion de la Démocratie Chrétienne (DC) et de la Majorité présidentielle populaire (MPP), l’estimant comme une «décision illégale, irrégulière et infondée».

Il a affirmé que le motif évoqué est un non sens, car c’est sur base d’une décision concertée avec son président Eugène Diomi Ndongala qu’il est parti rencontrer le premier ministre Bruno Tshibala.

Freddy Kita a déclaré que le communiqué le suspendant de ses fonctions de Secrétaire Général de la Démocratie Chrétienne, DC, a été signé par Jean-Pierre Boka qui est son subalterne et qui donc n’a pas qualité pour le suspendre. Il a ajouté que la charte de la MPP ne prévoit pas l’exclusion d’un fondateur. «Personne ne peut donc m’exclure», a-t-il dit, en confirmant qu’il est encore et demeure toujours le Secrétaire général de la Démocratie Chrétienne.

Freddy Kita a laissé entendre que Bruno Tshibala avait été désigné pour occuper le poste de premier ministre par feu Étienne Tshisekedi. Il va plus loin en disant que la désignation de Pierre Lumbi à la présidence du Conseil de sages du Rassemblement a été faite sur demande de Moïse Katumbi. «Le Rassemblement ne sera jamais un bureau électoral pour KATUMBI», a-t-il lâché.

Il avait déjà dénoncé la restructuration du Rassemblement et refusé que Pierre Lumbi soit le candidat de la plateforme à la présidence du Conseil Nationale de Suivi de l’Accord du 31 décembre (CNSA).[25]

 

b. Le cas de Jean-Pierre Lisanga Bonganga

 

Le 13 avril, au cours d’un point de presse, Jean-Pierre Lisanga Bonganga, coordonnateur de la « Coalition des Alliés de Tshisekedi »(CAT), membre du Rassemblement de l’opposition, a annoncé la création du courant dénommé «Tshisekediste» au sein de ce même Regroupement. En précisant que ce courant n’était nullement une scission au sein du Rassemblement, il a affirmé que la création de ce courant s’inscrit dans le souci de «perpétuer la vision et les valeurs incarnées par feu Etienne Tshisekedi» et de faire le contrepoids à la «tendance hégémoniste des Katumbistes» au sein de ce méga-regroupement politique. Lisanga Bonganga a annoncé que pour la « Coalition des Alliés de Tshisekedi », c’est Felix Antoine Tshisekedi qui est désigné candidat du Rassemblement pour la prochaine présidentielle. Après avoir reconnu l’existence de deux courants au sein du Rassemblement: le courant « Katumbiste », dirigé par le G7 qui, selon lui, a choisi Moïse Katumbi comme le candidat du Rassemblement à la prochaine présidentielle et celui « Tshisekediste » qu’il pilote, Lisanga Bonganga a cependant déclaré que les deux tendances vont cohabiter au sein du Rassemblement de l’opposition.[26]

 

Le 14 avril, dans un communiqué de presse, la député Henriette Wamu a annoncé «l’auto-exclusion» de Jean-Pierre Lisanga Bonganga de la Coalition des Alliés de Tshisekedi (CAT) et de fait du Rassemblement. Selon le communiqué, «la CAT dénonce avec poigne les déclarations perfides de Monsieur Lisanga Bonganga faisant croire qu’il existerait au sein du Rassemblement deux courants … La CAT prend acte du nouveau choix politique fait par Monsieur Lisanga Bonganga, constatant de ce fait son auto-exclusion de la CAT et donc du Rassemblement. A cet effet, il ne peut plus engage et parler au nom de la Coalition des Alliés de Tshisekedi». Les Alliés d’Étienne Tshisekedi qui considèrent l’Accord de la Saint-Sylvestre comme l’unique solution de la légitimité, en ce jour, de toutes les institutions de la République, rejettent la nomination de Bruno Tshibala au poste de Premier Ministre, la qualifiant de non conforme aux prescrits de l’Accord du 31 décembre 2016.[27]

 

Le 15 avril, Jean-Pierre Lisanga Bonganga a dénoncé cette exclusion qu’il estime nulle et sans effet. «Ce qui s’est passé hier n’a rien à avoir avec la CAT. En premier lieu, la décision a été prise au siège de l’UDPS qui n’est pas celui de la CAT. Deuxièmement, la réunion n’a pas été présidée par des membres de la CAT. C’est Monsieur Pierre Lumbi, le président du Conseils de sages contesté, avec le Secrétaire général de l’UDPS, Jean-Marc Kabund, qui ont présidé cette réunion. En troisième lieu, la réunion d’hier n’a pas eu lieu en présence des présidents des partis politiques membres de la CAT. Donc, on ne pouvait pas arriver à une exclusion sans la présence de tous les chefs de partis».[28]

 

Le 15 avril, au cours d’une conférence de presse organisée à Kinshasa, des partis membres de la Coalition des Alliés d’Étienne Tshisekedi (CAT) ont annoncé apporter leur soutien à Jean-Pierre Lisanga et ils ont protesté contre son «auto-exclusion» décidée, le jour précédent, par une frange de ce mouvement qui semble être une dissidence. Les responsables de ces partis de la CAT, qui affirment être majoritaires au sein de cette coalition membre du Rassemblement, ont décidé:

« – La confirmation de la naissance du courant Tshisekediste au sein du Rassemblement avec comme objectif de contrecarrer certaines tendances hégémoniques.

– Le rejet de l’exclusion de Jean-Pierre Lisanga de la CAT, pour la simple et bonne raison que la CAT est composée d’organisations et de personnalités dont le mode de décision est collégial et qui n’ont jamais traité de la question.

– La dénonciation de la tentative de dédoublement de la CAT au niveau du Rassemblement. Depuis sa naissance, le Rassemblement est une méga structure qui réuni des plateformes totalement autonomes et qui ne possède pas de textes pouvant autoriser des sanctions de certains contre d’autres».[29]

[1] Cf https://eeas.europa.eu/delegations/dr-congo-kinshasa/24444/declaration-locale-de-la-delegation-de-lunion-europeenne_fr

[2] Cf Jacques Kini – Actualité.cd, 09.04.’17

[3] Cf Radio Okapi, 09.04.’17; Politico.cd, 09.04.’17

[4] Cf Politico.cd, 09.04.’17

[5] Cf Franck Ngonga – Actualité.cd, 10.04.’17

[6] Cf Radio Okapi, 10.04.’17

[7] Cf Jacques Kini – Actualité.cd, 11.04.’17; Actualité.cd, 11.04.’17

[8] Cf Franck Ngonga – Actualité.cd, 10.04.’17; RFI, 10.04.’17

[9] Cf Politico.cd, 10.04.’17

[10] Cf Will Cleas Nlemvo – Actualité.cd, 11.04.’17

[11] Cf Radio Okapi, 11.04.’17

[12] Cf Rachel Kitsita – Actualité.cd, 11.04.’17

[13] Cf Radio Okapi, 11.04.’17; Actualité.cd, 11.04.’17; Alphonse Muderhwa – 7sur7.cd, 11.04.’17; Élysée Odia – 7sur7.cd, 11.04.’17; RFI, 12.04.’17

[14] Cf Radio Okapi, 12.04.’17; Actualité.cd, 12.04.’17

[15] Cf Stanys Bujakera – Actualité.cd, 13.04.’17; Radio Okapi, 13.04.’17

[16] Cf Actualité.cd, 12.04.’17

[17] Cf Rachel Kitsita – Actualité.cd, 15.04.’17; Radio Okapi, 15.04.’17; Politico.cd, 16.04.’17

[18] Cf Stanys Bujakera – Actualité.cd, 15.04.’17

[19] Cf Politico.cd, 16.04.’17; Actualité.cd, 16.04.’17

[20] Cf Will Cleas Nlemvo – Actualité.cd, 16.04.’17

[21] Cf Radio Okapi, 17.04.’17

[22] Cf Radio Okapi, 17.04.’17

[23] Cf Politico.cd, 16.04.’17

[24] Cf Jacques Kini – Actualité.cd, 13.04.’17; Radio Okapi, 13.03.’17

[25] Cf Alphonse Muderhwa – 7sur7.cd, 15.04.’17; Jeff Kaleb Hobiang – 7sur7.cd, 15.04.’17

[26] Cf Radio Okapi, 14.04.’17

[27] Cf Politico.cd, 14.04.’17; Jeff Kaleb Hobiang – 7sur7.cd, 14.04.’17

[28] Cf Politico.cd, 15.04.’17

[29] Cf Politico.cd, 15.04.’17