Congo Actualité n. 250

SOMMAIRE:

ÉDITORIAL: LES NON DITS DU PRÉ-DIALOGUE MP / UDPS

  1. PRÉ-DIALOGUE UDPS – MP
    1. Un antécédent: la feuille de route de l’UDPS publiée le 14 février 2015
    2. La rencontre de Rome
    3. La rencontre de Ibiza et l’échec du pré-dialogue
    4. Une correspondance entre l’ASADHO et l’UDPS
  2. NE MUANDA NSEMI RENONCE AU DIALOGUE POLITIQUE
  3. À PROPOS DU DIALOGUE POLITIQUE NATIONAL
    1. Des voix critiques
    2. Des voix favorables

ÉDITORIAL: LES NON DITS DU PRÉ-DIALOGUE MP / UDPS

 

1. PRÉ-DIALOGUE UDPS – MP

Des délégués de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) et ceux du pouvoir de Kinshasa sont en pourparlers depuis plusieurs mois. D’après des sources, leurs entretiens tournent autour du dialogue que les deux parties appellent de tous leurs vœux. Mais les deux parties ne voient pas les choses de la même manière.

Officiellement, le chef de l’Etat, Joseph Kabila, voudrait que les Congolais se mettent autour d’une même table, pour dialoguer dans le seul but d’avoir des élections apaisées en 2016.

Etienne Tshisekedi, le leader de l’UDPS, lui s’accroche à l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et souhaite que lesdites assises soient conduites par une personnalité étrangère. En plus, pour Etienne Tshisekedi et son parti, le dialogue politique, s’il a lieu, ne doit pas aboutir au partage du pouvoir ou à la formation d’un gouvernement d’union nationale.

Malgré cette prise de position de l’UDPS, l’autre camp, la MP, serait en train de convaincre le sphinx de Limete d’accepter que quelqu’un de son parti conduise le gouvernement qui devrait «naître» après la tenue dudit dialogue.[1]

a. Un antécédent: la feuille de route de l’UDPS publiée le 14 février 2015

Selon la feuille de route de l’UDPS publiée le 14 février 2015, le contentieux électoral de 2011 se trouve être la cause essentielle de la crise politique actuelle en République Démocratique du Congo.

Toutefois, les élections de 2011 ont eu le mérite de reconfigurer politiquement la classe politique congolaise et de recadrer la ligne de démarcation claire entre ceux qui soutiennent le système en place et leurs alliés, d’un côté, et ceux qui réclament la vérité des urnes de l’autre. Deux tendances se dessinent clairement entre les tenants du statu quo et ceux qui militent pour le changement.

Par conséquent, il va sans dire que un dialogue politique au niveau national pourra mettre autour d’une table:

– Le président Etienne Tshisekedi et ses alliés pour le camp du changement

– Monsieur Joseph Kabila et les siens pour le camp du statu quo

– La Modération sera assurée par l’Envoyé Spécial du Secrétariat Général des Nations Unies en RDC et Chef de la Monusco, conformément à la résolution 2147 du Conseil de Sécurité de l’ONU.

Le lieu de la tenue du dialogue sera la ville de Kinshasa, capitale de la RDCongo.

Au dialogue seront conviés 40 participants, répartis équitablement entre les deux tendances politiques en présence et leurs alliés respectifs, soit 20 membres par délégation.

La durée des travaux sera de dix jours maximum, dont 3 réservés aux travaux de la facilitation de la Monusco.

En ce qui concerne l’ordre du jour, il y aura deux volets.

*Premier volet: Règlement du contentieux électoral de novembre 2011 et son corollaire qui est la crise de légitimité.

  • Ceci implique d’identifier les responsables de la fraude électorale des élections de 2011.
  • Il faudra que les responsables à l’origine de la fraude électorale soient écartés de la gestion du pays à tous les niveaux et du déroulement du processus électoral en cours.

*Deuxième volet: définir un processus électoral consensuel

1) Sur le calendrier électoral

  • Il convient de rappeler que nous avons eu deux cycles électoraux incomplets et entachés d’irrégularités manifestes
  • Définir un nouveau cycle électoral de manière consensuelle
  • Nous préconisons l’organisation premièrement de l’élection présidentielle qui pourra être couplée aux élections législatives dans le délai constitutionnel, soit, conformément à l’article 73 de la Constitution, au plus tard avant le 19 septembre 2016.
  • Les autres scrutins devront être organisés après les élections présidentielle et législatives.

2) Sur la restructuration de la CENI

  • Eu égard aux expériences passées, les cycles électoraux 2006 et 2011 où les membres de la CENI ont été instrumentalisés, il convient de mettre en place une CENI dont les membres sont constitués de manière paritaire, à savoir 12 membres dont 6 sont désignés par le camp du système KABILA et 6 autres désignés par le camp du changement; mais tous devront être choisis uniquement au sein de la société civile.
  • Cette CENI doit avoir une présidence ‘collégiale (2 présidents, représentant chaque camp). A défaut de cette formule, tous les membres doivent être désignés par consensus.

3) Sur le contentieux électoral:

Nous prenons note de la promulgation de la loi organique portant organisation et fonctionnement de la Cour Constitutionnelle (du 15 octobre 2013). Néanmoins, le choix de ses animateurs pose également un problème en raison de l’intervention directe de Monsieur Kabila dans leur désignation. Ceci aura des conséquences inéluctables quant à leur indépendance et autonomie.

Ceci implique également que les 9 membres de la Cour Constitutionnelle soient désignés par consensus.

4) Sur le fichier électoral

*Sur la fiabilisation du fichier électoral, il faut un audit externe du fichier électoral pour garantir la transparence et la crédibilité du processus électoral. En conséquence, un consensus doit être dégagé quant aux modalités de cet audit (choix du prestataire, date…)

*Sur la révision du fichier électoral: il faut un fichier électoral inclusif et nettoyé, en tenant compte des nouveaux majeurs, des Congolais de l’étranger, des non-inscrits et des doublons.

5) Sur la traçabilité des résultats

*La problématique des témoins dans les bureaux de vote : présence obligatoire des témoins dans les bureaux de vote, mention de leurs observations sur les PV et remise obligatoire, à chaque témoin, des copies des PV signés par tous.

  • La problématique liée à la compilation des résultats : une solution consensuelle s’impose pour éviter les contestations futures et la fraude électorale.[2]

b. La rencontre de Rome

Entre le 11 et le 17 août, selon des sources concordantes, des émissaires de la Majorité Présidentielle (MP) et de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), parti d’opposition, se sont rencontrés à Rome, en Italie. La délégation de l’Udps était composée par Yoseph Mukendi wa Mulumba, Norbert Yamba Yamba, Claude Mamba et Rubens Mikindu. Celle du pouvoir était composée par Kalev Mutond, patron de l’Agence nationale des renseignements, Néhémie Mwilanya, directeur de cabinet du chef de l’état, François Mwamba, coordonnateur du Mécanisme National de Suivi de la mise en œuvre des Accords de Addis Abeba, et Nkulu Kilombo.

Pour Bruno Tshibala, porte parole de l’UDPS, ces discussions doivent servir à se mettre d’accord sur les modalités du dialogue politique initié par Joseph Kabila en juin. Et notamment résoudre le point de divergence entre les deux camps: la présence ou non d’un médiateur international à ce dialogue. Joseph Kabila s’y est déjà officiellement opposé, mais selon Bruno Thsibala «les différences» seraient «sur le point d’être élaguées». Pas question par contre, à en croire le porte-parole, «de parler de la participation de l’UDPS à un gouvernement d’union nationale». «Nous faisons du respect du délai constitutionnel et des élections une question de vie ou de mort», insiste-t-il.[3]

Toutefois, certaines sources indiquent que l’UDPS ne serait pas contre la proposition lui faite par le camp de la Majorité Présidentielle pour diriger un probable Gouvernement de Transition.

Selon d’autres sources aussi, Felix Tshisekedi, le fils du numéro 1 du parti, pourrait bien être intéressé par un poste gouvernemental. Une position difficile à assumer publiquement au sein du parti d’opposition historique. La possibilité d’une participation de l’UDPS aux affaires intéresserait aussi le pouvoir en place, car un gouvernement d’union nationale avec le parti d’opposition pourrait faciliter à Joseph Kabila la gestion du pays jusqu’à la tenue des élections.[4]

Selon Joseph Mukendi wa Mulumba, au cours des entretiens de Rome, auxquels il a participé, plusieurs points de convergence ont apparu entre les deux parties, notamment au sujet de la nécessité de revisiter le calendrier électoral, d’auditer le fichier électoral, d’enrôler les nouveaux majeurs, de libérer les prisonniers politiques et d’opinion, de rouvrir les médias fermes, de respecter les droits de l’homme, de refonder l’Etat de droit, etc.

La divergence majeure est apparue, a-t-il fait savoir, lorsque les émissaires de Joseph Kabila ont proposé à ceux de l’UDPS la participation de leur parti à un gouvernement de large union nationale, compte tenu de l’impossibilité technique, matérielle et financière, pour la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante), d’exécuter le calendrier électoral global tel que prévu. Les délégués de l’UDPS ont fait savoir à ceux du PPRD qu’ils n’avaient pas reçu mandat de leur président national, Etienne Tshisekedi, de parler de partage de postes en vue de la mise sur pied d’un gouvernement de large union nationale. Compte tenu de la position du parti de ne pas cautionner une nouvelle transition ni une quelconque prolongation du mandat de Joseph Kabila, ils ont sollicité la suspension des travaux, le temps pour eux de faire rapport à Etienne Tshisekedi de l’état d’avancement des convergences et de la situation des divergences. Joseph Mukendi a soutenu que la délégation de l’UDPS présente en Italie n’a pris aucun engagement avec celle du PPRD. Le dernier mot revient donc à la haute direction du parti pour la poursuite ou non des échanges. Il a tenu à démentir, de la manière la plus formelle, les rumeurs faisant état de sa candidature ou de celle de Félix Tshisekedi pour la Primature.[5]

Selon le Secrétaire général de l’UDPS, Bruno Mavungu, jusqu’à preuve du contraire, Etienne Tshisekedi n’a mandaté personne pour l’engager, en quoi que ce soit, au sujet du projet du Dialogue politique au niveau national.

Tout en reconnaissant avoir appris qu’il y aurait des contacts informels entre représentants de Kabila et ceux de Tshisekedi, il a tenu à préciser qu’au niveau du staff de l’UDPS, aucune initiative n’a été prise dans ce sens-là. En termes clairs, l’UDPS n’est pas dans le schéma du glissement, de la formation d’un gouvernement de large union nationale, ni d’une nouvelle transition, comme le laissent entendre certaines mauvaises langues.

Selon le Secrétaire général Mavungu, les «contacts» entre Joseph Kabila et Etienne Tshisekedi s’étaient limités, au mois de mai, à la visite de l’Administrateur général de l’ANR (Agence Nationale de Renseignements), Kalev Mutond au siège de l’UDPS, à Limete, où il était venu informer le staff de ce parti des consultations qu’allait amorcer le Chef de l’Etat. A la suite de cette démarche, il était revenu 48 heures plus tard se faire remettre la «feuille de route» de l’UDPS en rapport avec le Dialogue, telle que publiée le 14 février 2015, sous la signature du chef du parti, avec la promesse ferme de l’amener au Palais de la Nation, en vue de la remettre au Président Joseph Kabila.

Dans l’entendement de la haute direction de l’UDPS, a indiqué son Secrétaire général, il n’est pas possible d’engager un quelconque pré-dialogue entre les deux parties tant que le Président de la République n’aura pas répondu au mémorandum. Bruno Mavungu estime que tant que Joseph Kabila n’aura pas donné de réponses à l’UDPS, par retour de courrier, à ses préoccupations concernant le format du Dialogue, sa durée, le lieu de sa tenue, la nature de la médiation (nationale, internationale ou encore co-médiation), son ordre du jour (contentieux électoral de 2011, restructuration de la CENI, calendrier électoral consensuel, audit externe du fichier électoral, tenue des élections présidentielle et législatives nationales dans les délais constitutionnels, libération des prisonniers politiques et d’opinions, réouverture des médias fermés, etc.), il n’y aura pas d’avancée dans la voie du Dialogue.

S’agissant de l’organisation de ce forum, l’UDPS se dit prête à y participer, à condition que soient élaguées toutes les zones d’ombres de nature à favoriser un glissement du mandat du Chef de l’Etat en fonction.[6]

Le président du Mouvement Lumumbiste Progressiste et président du Front Anti-dialogue (FAD), Franck Diongo, indique que, à Rome, les deux parties, la MP et l’UDPS, ont abordé tous les aspects majeurs du dialogue, mais qu’elles ne se sont mises d’accord que sur deux points. Le format de quinze participants dans chaque groupe et la co-médiation interne et internationale avec des acteurs à désigner consensuellement. Mais d’autres points, tel que la cohabitation dans un gouvernement de large union nationale, les a divisés et les deux parties ont promis de poursuivre les discussions pour arriver au compromis.[7]

Etienne Tshisekedi et son parti n’entendent prendre part au dialogue national que sous l’empire de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba et de la Résolution 2098 du Conseil de Sécurité des Nations Unies.

A ce sujet, la position de l’UDPS pour son éventuelle participation à un Dialogue avec le pouvoir en place se trouve consignée dans sa « feuille de route » rendue publique le 14 février 2015, sous la signature de son président national, Etienne Tshisekedi.

Dans sa «feuille de route» du 14 février 2015, l’UDPS se déclarait partisane d’un Dialogue entre Congolais, sous la médiation de la communauté internationale, en vue de résoudre la crise de légitimité au sommet de l’Etat, née à la suite des fraudes électorales constatées au cours des élections présidentielles et législatives de 2011. Cette «feuille de route» suggérait que ce forum puisse se dérouler, sous un format réduit, avec d’un côté les délégués de Kabila (Majorité) et de l’autre ceux d’Etienne Tshisekedi (Opposition) et sa durée devrait être la plus courte possible. Kinshasa serait la ville d’accueil. Comme points à l’ordre du jour, elle proposait l’examen du contentieux électoral de 2011, l’audit externe du fichier électoral, l’élaboration d’un calendrier électoral consensuel, la neutralité de la CENI, l’enrôlement de nouveaux majeurs, le respect des délais constitutionnels pour l’organisation des élections présidentielle et législatives nationales, la libération des prisonniers politiques et d’opinion, la réouverture des médias de l’opposition fermés, etc. Nulle part, la «feuille de route» de l’UDPS ne faisait état d’une nouvelle transition ou de la mise en place d’un nouveau gouvernement. Autrement dit, tout ce qui se raconte au sujet d’un présumé deal entre Limete et le Palais de la Nation en vue du « partage des postes » ministériels ou autres est à ranger dans le panier des ragots.[8]

S’agissant de l’engagement de l’UDPS et de son président Etienne Tshisekedi au dialogue, l’ancien directeur de cabinet (dircab) d’Etienne Tshisekedi et actuel vice-président de l’UDPS aile Kibasa, Albert Moleka, craint le déphasage entre le sphinx et l’opinion, du reste, opposée à cette démarche. «L’opinion décèle dans ce dialogue des intérêts partisans qui n’ont rien à voir avec les intérêts de la nation. Personnellement, je doute l’implication réelle et consciente d’Etienne Tshisekedi dans toutes les démarches concernant ce dialogue. Une partie de moi-même ose croire qu’on ne lui dit pas tout, concernant tous les sujets et les dessous des tables autour de ce dialogue. C’est mon avis personnel. Mais en tout état de cause, les documents qui engagent l’UDPS sur ce dialogue sont signés par M. Etienne Tshisekedi, d’où il est impliqué politiquement … », a-t-il indiqué.[9]

c. La rencontre de Ibiza et l’échec du pré-dialogue

Le 9 septembre, après la rencontre de Rome entre le 11 et le 17 août, les émissaires du PPRD se sont retrouvés, à Madrid, avec ceux de l’UDPS pour poursuivre les pourparlers dans la cadre d’un pré-dialogue. Selon les dernières nouvelles, les deux parties ne sont parvenues à aucun accord.

Selon certaines sources, les émissaires d’Etienne Tshisekedi ont rejeté la proposition d’intégrer l’UDPS dans un futur gouvernement d’union nationale. En outre, les émissaires du PPRD se sont opposés à la présence d’un médiateur international à ce dialogue comme soutenu par l’UDPS.

L’étape de Madrid est intervenue après que les délégués de l’UDPS se soient rencontrés avec Étienne Tshisekedi à Bruxelles. Le président du parti leur aurait donné des injonctions claires de n’accepter en aucun cas l’entrée dans un quelconque gouvernement et de s’en tenir à la feuille de route. L’UDPS a ainsi réaffirmé qu’il ne cédera à une quelconque tentative de glissement avant de préciser qu’il s’en tient à l’organisation des élections présidentielles et législatives dans les délais, à savoir au mois de septembre 2016.[10]

Le 13 septembre, dans un communiqué, signé par Etienne Tshisekedi, président du parti et « Président élu de la RDCongo », l’UDPS dit avoir «pris acte de l’échec des entretiens de Venise (Italie) et d’Ibiza (Espagne), ayant mis aux prises ses représentants à ceux du camp Kabila, et demandé à ses délégués de se retirer dès cet instant, de la table des négociations».

Selon ce document, «ces entretiens avaient pour but de prédéfinir le format, la thématique et de régler tous les problèmes liés à l’organisation d’un dialogue devant se dérouler à Kinshasa entre les acteur politiques congolais, sous la facilitation de la communauté internationale, en vue de préparer, pour la première fois dans l’histoire de notre Pays, une alternance politique et asseoir ainsi les bases d’un état de droit et de démocratie».

Sans grande surprise, les négociations politiques, d’abord sécrètes puis officielles, entamées quelques mois plus tôt, entre l’UDPS et le Pouvoir, viennent d’échouer. Curieusement ce document reste muet sur les raisons de ce revirement de l’UDPS qui soutenait, contre vents et marées, que la seule issue à la crise politique rd-congolaise c’est négocier avec la Majorité présidentielle.

Néanmoins, dans le communiqué de l’UDPS, ce parti dit redouter de voir «les acquis de ses longues années de lutte pour le changement démocratique» partir en fumée.

Culottée et bien isolée dans l’opinion dans sa démarche, l’Udps, demande, de manière solennelle, aux autres forces politiques et sociales de se rejoindre à lui pour 3 choses: l’élaboration d’un calendrier consensuel et constitutionnel, l’organisation d’un processus électoral crédible et apaisé ainsi que le transfert pacifique du pouvoir.[11]

A en croire des analystes, c’est le refus des autres forces politiques de l’Opposition qui refroidit les « ambitions » politiques d’Etienne Tshisekedi et de son parti pour prendre la perche lui tendue par le camp présidentiel. «Si les dirigeants du Mouvement de Libération du Congo (MLC) et de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) avaient pris position pour la tenue du dialogue politique proposé par le chef de l’Etat, l’UDPS aurait pu accepter les postes lui proposés par le camp en face», a affirmé un cadre de la Majorité Présidentielle.

Seule à soutenir la convocation du dialogue, l’UDPS semble voir son périmètre des manœuvres réduit quant à son «plan» par rapport à ces assises. Car, malgré la volonté manifeste affichée du lider maximo et de son parti de ne pas négocier le partage du pouvoir, l’histoire nous renseigne que toutes les négociations politiques entre le Pouvoir et l’Opposition ont toujours «accouché » des Gouvernements dits d’union nationale en RDC. Certains acteurs politiques qui soutiennent la démarche d’Etienne Tshisekedi ne crient pour rien. Car, beaucoup parmi eux se voient déjà dans des fauteuils ministériels.[12]

À propos des contacts entre la Présidence de la République et l’UDPS, dans une sorte de pré-dialogique, le député national Samy Badibanga, président du Groupe parlementaire « UDPS et Alliés » a recommandé aux deux parties de ne pas verser dans l’exclusion des autres forces politiques et sociales, notamment les autres partis de l’Opposition et les organisations de la Société Civile. Il souhaiterait même, pour besoin de transparence et de légalité, que le Dialogue soit avalisé par le Parlement.[13]

d. Une correspondance entre l’ASADHO et l’UDPS

Dans une lettre publiée le 9 septembre et adressée à Étienne Tshisekedi, président de l’UDPS, l’Asadho lui demande de dire au peuple la vérité sur le pré-dialogue entamé avec la Majorité Présidentielle (MP). En voici quelques extraits:

La lettre de ASADHO à l’UDPS

Monsieur le Président,

Notre organisation, ASADHO, a toujours soutenu l’idée d’un dialogue entre la Majorité Présidentielle, l’opposition politique et la société civile pour régler certains problèmes politiques qui se posent dans notre pays avant l’organisation de l’élection présidentielle et l’avènement de l’alternance politique de 2016.

Nous savons aussi que votre parti politique est pour le dialogue, malgré la divergence de vue qui existe entre l’UDPS et la Majorité Présidentielle en ce qui concerne le cadre et les modalités pratiques de mise en place dudit dialogue.

Nous nous sommes félicités des contacts que l’UDPS a eus avec la Majorité Présidentielle au pays comme à l’extérieur pour aplanir les vues sur les points de divergence en ce qui concerne l’organisation du dialogue. Nous pensons que ces contacts prennent en compte les aspirations du peuple congolais.

Pour nous, ces rencontres entre la Majorité Présidentielle et l’UDPS sont utiles pour faire fonctionner la démocratie, car il n’est pas possible de régler les problèmes politiques liés aux élections si les différents acteurs politiques et sociaux ne se rencontrent pas pour échanger et trouver des solutions qui feraient avancer notre jeune démocratie.

Nous attirons seulement votre attention sur le fait que ces rencontres ne devront pas vous faire ignorer qu’il y a dans ce pays d’autres forces politiques et sociales démocratiques incontournables, qui devront être associées aux dites rencontres pour que l’alternance politique de 2016 se fasse sans atermoiements ni heurts. Un accord qui serait trouvé uniquement entre l’UDPS et la Majorité Présidentielle ne pourrait pas résoudre les problèmes politiques qui sont engendrés par le refus de la Majorité Présidentielle de préparer de bonne foi l’alternance politique de 2016.

Le fait que l’UDPS et la Majorité Présidentielle soient les grandes forces politiques de notre pays ne peut les amener à penser qu’elles peuvent régler toutes seules les problèmes politiques actuels.

Monsieur le Président,

En ce moment où nous vous écrivons, l’aspiration du peuple congolais est qu’au mois de décembre 2016 , le Président de la République, Son excellence Joseph KABILA, respecte les termes des articles 70 et 220 de la Constitution de la République Démocratique du Congo, qu’il passe le pouvoir à un(e) autre Congolaise ou Congolais à l’issue d’une élection présidentielle libre, transparente et démocratique organisée dans le délai constitutionnel.

Le peuple refuse un troisième mandat pour le Président de la République ou la prolongation de son mandat actuel. Plus les jours passent et plus ce refus d’un troisième mandat ou de prolongation du mandat actuel du Président de la République devient croissant à travers tout le pays.

Monsieur le Président,

Nous apprenons que l’UDPS aurait accepté lors de ces rencontres avec la Majorité Présidentielle la mise en place d’un gouvernement de transition pour régler les questions techniques liées à l’organisation des élections. Vu les discours contradictoires tenus par les uns et par les autres à ce sujet, il est important que vous-même interveniez pour fixer le peuple sur les conclusions des rencontres entre l’UDPS et la Majorité Présidentielle. Le peuple a le droit de le savoir, car tout ceci aura un impact positif ou négatif sur son quotidien.

Tout accord entre l’UDPS et la Majorité Présidentielle qui conduirait à la prolongation du mandat du Président de la République serait considéré comme une trahison du peuple par vous-même et par l’UDPS.

Il serait inconcevable que l’UDPS cautionne la violation de la Constitution en acceptant un accord qui renverrait l’alternance politique de au-delà de 2016.

Monsieur le Président,

Un tel comportement de la part de l’UDPS sera considéré comme une bouée de sauvetage offerte à la Majorité Présidentielle qui est à quelques mois de la fin de son pouvoir et qui ne veut pas respecter les termes de notre Constitution.

Monsieur le Président,

Nous rappelons à l’UDPS que tout accord avec la Majorité Présidentielle qui ne prendrait pas en compte les aspirations du peuple de voir le Président de la République partir à la fin de son second mandat serait une trahison, une violation de la Constitution et une atteinte à la démocratie.

Nous appelons l’UDPS à poursuivre, avec les autres forces politiques et sociales démocratiques, le combat pour le respect de la Constitution et l’alternance politique en 2016 et à refuser tout compromis qui retarderait cet objectif.

En ce moment particulier, aucun intérêt personnel financier ou politique ne peut être mis au-dessus des aspirations du peuple congolais.[14]

Voici aussi quelques extraits de la réponse du porte-parole de l’UDPS Bruno Tshibala Nzenzhe:

La réponse de l’UDPS à l’ASADHO

L’Union pour la Démocratie et le Progrès Social « UDPS en sigle, a pris connaissance de la lettre que vous avez adressée au Président élu et Président de l’UDPS, Monsieur Etienne Tshisekedi wa Mulumba, au sujet des contacts entre l’UDPS et la Majorité présidentielle en rapport avec le dialogue politique.

Dans cette lettre, vous vous demandez si le Président Tshisekedi tiendra compte de la volonté du peuple congolais de voir l’alternance politique se réaliser en décembre 2016 avec le départ de Monsieur Kabila lequel, affirmez vous, vient d’achever un deuxième mandat et que le peuple ne veut pas qu’il en ait un troisième voire la prolongation de son mandat actuel.

Vous ne manquez pas d’attirer l’attention du Président Tshisekedi sur le fait que d’autres forces politiques et sociales devraient être associées à ces rencontres pour que l’alternance politique de 2016 se fasse sans atermoiements ni heurts.

Vous rappelez que tout accord qui ne tiendrait pas compte des aspirations du peuple de voir le Président de la République partir à la fin de son second mandat serait une trahison, une violation de la Constitution et une atteinte à la démocratie.

Vous vous demandez également si, au cours de ces rencontres, l’UDPS aurait accepté la mise en place d’un gouvernement de transition. Vous invitez in fine le Président Tshisekedi à édifier le peuple sur toutes ces préoccupations.

En vue d’éclairer et d’édifier encore une fois notre peuple, nous tenons à apporter, au nom du Président élu et sous sa propre dictée, les éclaircissements que voici:

– L’UDPS dit et répète que la crise politique actuelle est la conséquence du hold up électoral de 2011. Cette crise met ainsi face à face le Président élu, mais empêché d’exercer ses fonctions, et le Président qui a l’effectivité du pouvoir.

L’identification des protagonistes et donc des interlocuteurs étant ainsi définie, les forces politiques et sociales du pays dont il faut effectivement tenir compte se recrutent dans l’un ou l’autre camp.

– L’UDPS est ahurie de voir le président de l’ASADHO affirmer que Monsieur Joseph Kabila est en train d’achever son deuxième mandat alors que le 28 Novembre 2011, le peuple congolais avait accordé la majorité de ses voix à Etienne Tshisekedi, plébiscité ainsi Président de la République Démocratique du Congo.

Nul n’ignore que le coup de force de 2011 est à la base de la crise politique et de légitimité pour laquelle il faut dialoguer en vue de créer les conditions de relance du processus démocratique et d’un processus électoral apaisé et sécurisé, au terme duquel Monsieur Kabila, qui n’est pas candidat, devra procéder à la passation civilisée du pouvoir avec le Président élu et ce, dans les délais prescrits par la Constitution.

– Dans la «Feuille de route» du 18 février 2015 rendue publique par le Président Etienne Tshisekedi wa Mulumba et qui résume superbement les causes de la crise actuelle et les termes de référence du dialogue politique à tenir conformément à l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et aux Résolutions subséquentes du Conseil de Sécurité des Nations Unies, il n’y est fait nulle part mention d’une quelconque mise en place d’un gouvernement de transition

C’est dire que dans l’entendement de l’UDPS et de son Président, le dialogue politique n’a pas mission de créer des transitions mais plutôt les conditions d’un processus électoral transparent et crédible, dans le strict respect de la Constitution.

Ainsi, Etienne Tshisekedi wa Mulumba et l’UDPS ne trouveront jamais avec le pouvoir un quelconque accommodement qui irait dans le sens de priver à ce peuple le changement attendu impérativement par l’alternance en 2016.

Les contacts et le dialogue proprement dit sont destinés, comme on l’aura compris, à éviter, qu’encore une fois, il y ait un processus électoral non crédible sur fond de tripatouillage des résultats avec déferlement de violences comme en 2006 et 2011.[15]

2. NE MUANDA NSEMI RENONCE AU DIALOGUE POLITIQUE

Le 5 juillet, le député national Ne Muanda Nsemi, membre d’un mouvement politico-religieux dénommé Bundu dia Mayala, a proposé un « glissement collectif » et une période de transition de trois ans afin d’organiser des bonnes élections. «Sans le recensement et un fichier électoral crédible, il est impossible d’avoir des élections sérieuses (…). Par conséquent, un glissement collectif s’impose», a déclaré le député lors d’un point de presse tenu à Kinshasa. «Comme les conditions pour des élections crédibles ne sont pas réunies, nous allons aller dans une transition de trois ans maximum», a-t-il affirmé. Pour la période de transition, il a préconisé le format d’un président issu de la majorité, un vice-président de l’opposition et un Premier ministre de la société civile.

«Des bonnes élections s’organisent avec un fichier électoral crédible, ce qui n’est pas le cas, Jusqu’à présent, on ne connaît pas le nombre des Congolais, ni les vrais Congolais. Et tout ça ne fera pas avant 2016, année prévue pour les élections présidentielle et nationale», a souligné Muanda Nsemi. Selon le calendrier publié en février dernier par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), les élections locales, provinciales et sénatoriales doivent être organisées en octobre prochain, tandis que la présidentielle et les législatives auront lieu en novembre 2016.[16]

Le 5 septembre, le député Ne Muanda Nsemi, leader du parti Bundu dia Mayala (BDM), a déclaré qu’il ne participera plus au dialogue politique national envisagé par le président Joseph Kabila.

Il l’a annoncé dans un message diffusé à travers « Kongo Dieto », le bulletin de son parti.

Dans son message articulé en treize points, Ne Muanda Nsemi justifie sa décision par le fait que le pouvoir en place a laissé détruire sa popularité depuis sa rencontre en juin avec Joseph Kabila, dans le cadre des consultations présidentielles pré-dialogue. Il fustige ainsi le fait que le président Kabila est resté silencieux face aux accusations selon lesquelles ce dernier lui aurait donné deux millions de dollars américains.

Dans ce document, Ne Muanda Nsemi annonce aussi son retrait de la scène politique, car le régime en place, qu’il dit avoir sauvé du désastre, «n’a rien fait» pour lui:

– son politico-spirituel Bundu dia Kongo est toujours fermé

– les dommages et intérêts envers ce mouvement n’ont jamais étés payés

– ses adeptes croupissent dans la prison de Makala depuis cinq ans.

Face à ce tableau, Ne Muanda Nsemi décide de quitter la scène politique et de ne pas aller au dialogue en gestation. Il laisse la charge du parti Bundu dia Mayala au député Mantezolo, qui en devient le président national.[17]

3. À PROPOS DU DIALOGUE POLITIQUE NATIONAL

a. Des voix critiques

Le 22 août, lors d’un point de presse à Kinshasa, le président du Front Anti-dialogue (FAD), Franck Diongo, a affirmé que le dialogue politique national que l’on envisage est une arnaque, une supercherie politique, bref un piège pour obtenir par des stratagèmes le troisième mandat pour le Président de la République en fonctions, Joseph Kabila. A son avis, le dialogue vise à consacrer un coup d’Etat Constitutionnel.

Il s’est dit convaincu que les raisons avancées pour justifier l’urgence de ce dialogue, notamment le manque de moyens matériels et financiers pour organiser les élections, le souci d’obtenir un apaisement général…ne sont que des arbres qui cachent la forêt.

«Obtenir un virage en 2016 sans casse est la vraie motivation de ce dialogue», a fait savoir Franck Diongo, avant de souligner que ledit dialogue vise la mise en œuvre d’une nouvelle transition, qui serait régie par un « Acte de Transition », comme au lendemain de la Conférence Nationale Souveraine, en remplacement de la Constitution du 18 février 2006, qui deviendrait de ce fait caduque. Il a ajouté qu’à l’issue de cette transition, le pays serait doté d’une nouvelle Constitution, avec un régime présidentiel reposant sur un mandat présidentiel de 7 ans, dont le nombre serait illimité. Quant au Président de la République, son élection se ferait au suffrage universel indirect.

Tout ceci permettrait à l’actuel locataire du Palais de la Nation de se présenter, autant de fois qu’il le voudrait, aux élections présidentielles.[18]

Le 7 septembre, au cours d’un entretien exclusif accordé au journal Le Potentiel, l’actuel vice-président de l’UDPS aile Kibasa, Albert Moleka, s’est opposé à l’organisation d’un dialogue politique, en le considérant d’inopportun. Il en donne les raisons en ces termes: «Ce serait un dialogue inutile parce qu’il n’apportera strictement rien aux Congolais. Toutes les matières reprises dans les différentes feuilles de route présentées sont des matières déjà réglementées par la Constitution et les lois de la République». Pour l’ancien directeur de cabinet (dircab) d’Etienne Tshisekedi, la nécessité d’un accord concerne le calendrier électoral. «C’est ce que l’Opposition politique demande depuis l’année dernière et cela, à travers la tripartite Ceni-Opposition-Majorité. Mais pourquoi sabote-t-on cette tripartie? Cet accord est tout à fait indispensable pour voir la présidentielle et les législatives nationales être organisées en novembre 2016», a-t-il déclaré.[19]

b. Des voix favorables

Le 4 septembre, le Front Populaire contre la révision de la constitution a réitéré son appel pour la tenue d’un dialogue politique sous l’égide de la communauté internationale. Son coordonnateur, Jean-Pierre Lisanga Bonganga, a livré cette position au cours d’une conférence de presse, à Kinshasa. Il est persuadé que seul le dialogue, sous l’égide de la communauté internationale, peut amener les Congolais à trouver des conditions pour un processus électoral crédible. A l’occasion, Jean-Pierre Lisanga a salué la déclaration des envoyés spéciaux qui, depuis Genève (Suisse), ont invité les acteurs politiques congolais à aller au dialogue.

En juin dernier, Jean-Pierre Lisanga, avait proposé que ce dialogue soit organisé par le représentant spécial du secrétaire général de l’Onu en RDC, Martin Kobler et qu’il soit basé sur les textes de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et des résolutions 2098 et 2211 du conseil de sécurité des Nations Unies. Au mois d’avril dernier, la Monusco s’était, en effet, dite disposée à apporter ses bons offices pour un dialogue dans le cadre du processus électoral en RDC avec la coopération de la Majorité présidentielle et de l’opposition.[20]

[1] Cf Congo Nouveau – 7sur7.cd, 27.08.’15

[2] Cf Le Potentiel – Kinshasa, 07.09.’15

http://www.lepotentielonline.com/index.php?option=com_content&view=article&id=13117:rdc-etienne-tshisekedi-face-a-joseph-kabila-au-dialogue-sous-la-casquette-de-president-elu-ou-d-opposant&catid=90:online-depeches

[3] Cf RFI, 23.08.’15; 7sur7.cd – Kinshasa, 22.08.’15

[4] Cf Congo Nouveau – 7sur7.cd, 02.09.’15; RFI, 23.08.’15; 7sur7.cd – Kinshasa, 22.08.’15

[5] Cf Le Phare – Kinshasa, 01.09.’15

[6] Cf Kimp – Le Phare – Kinshasa, 11.09.’15

[7] Cf RFI, 23.08.’15; 7sur7.cd – Kinshasa, 22.08.’15

[8] Cf Kimp – Le Phare – Kinshasa, 28.08.’15

[9] Cf Pitshou Mulumba – Le Potentiel – 7sur7.cd – Kinshasa, 08.09.’15

[10] Cf L.P. – 7sur7.cd – Kinshasa, 12.09.’15

[11] Cf 7sur7.cd – Kinshasa, 14.09.’15; La Prospérité – Kinshasa, 14.09.’15

http://www.laprosperiteonline.com/images/laprosperite/a_chaud/UDPS_DIALOGUE_.jpg

[12] Cf Congo Nouveau – 7sur7.cd, 02.09.’15

[13] Cf Kimp – Le Phare – Kinshasa, 11.09.’15

[14] Cf Le Phare – Kinshasa, 09.09.’15 http://www.lephareonline.net/dialogue-lasadho-demande-a-tshisekedi-de-dire-la-verite-au-peuple/

[15] Cf Le Phare – Kinshasa, 14.09.’15 http://www.lephareonline.net/dialogue-tshisekedi-repond-a-lasadho/

[16] Cf Xinua, 06.07.’15

[17] Cf Radio Okapi, 06.09.’15

[18] Cf Eric Wemba – Le Phare – Congoforum, 24.08.’15

[19] Cf Pitshou Mulumba – Le Potentiel – 7sur7.cd – Kinshasa, 08.09.’15

[20] Cf Radio Okapi, 05.09.’15