Congo Actualité n. 166

SOMMAIRE:

ÉDITORIAL: Si l’on veut, l’on peut

1. KIVU

a. Le calvaire des éternels déplacés de la guerre

b. Le M23 renforcé par des militaires ougandais et rwandais

c. Le débat sur les prétendus Députés élus du Masisi

d. Les groupes armés

e. Les populations civiles vivent dans la plus grande insécurité

2. LA SOCIÉTÉ CIVILE

3. LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE DE LA RÉGION DES GRANDS LACS

4. LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE

5. POUR UNE ANALYSE

 

ÉDITORIAL: Si l’on veut, l’on peut

 

1. KIVU

 

a. Le calvaire des éternels déplacés de la guerre

 

Dans l’est de la RDC, le camp de Kanyarucinya accueille des déplacés qui, avant de fuir le Mouvement du 23-Mars (M23), avaient déjà échappé en 2008 à une autre rébellion, celle du Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) qui menaçait de prendre Goma, la capitale de la province instable du Nord-Kivu. Face à son avancée, des déplacés avaient alors improvisé un camp à Kanyarucinya, à une dizaine de kilomètres de Goma.

«On a vu les rebelles venir, nous avons eu peur et nous sommes venus ici», se souvient Christophe, 17 ans. Aujourd’hui, le lycéen est revenu dans le camp avec près de 60.000 personnes, en majorité des femmes et des enfants. Tous ont fui depuis juillet les combats opposant l’armée et le M23, créé en mai par des ex-CNDP intégrés en 2009 dans les forces loyalistes.

Avant d’échapper à la progression du M23 et du CNDP, Mburano, 55 ans, avait fui le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD). «En 2008, j’étais déjà à Kanyarucinya. Je vis ici avec ma femme et mes sept enfants. L’un d’eux, je l’ai adopté quand le CNDP est arrivé dans mon village. Il était seul et, dans ces cas-là, tous les enfants sont nos enfants», raconte avec une apparente sérénité le cultivateur de légumes. Mburano vit sous l’une des 11.100 tentes montées sur des arceaux de bois, prévues pour cinq personnes mais où les ménages sont souvent plus nombreux. En cette saison des pluies, diluviennes, les bâches du Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) ne sont pas assez étanches. «Quand on dort, on est mouillés», explique en riant Mungu, 25 ans, mimant l’eau qui tombe dans les oreilles.

Mais si Mburano porte des bottes en plastique, bien d’autres, comme Christophe, sont simplement en tongs. Malgré tout, on s’attèle à survivre. Des femmes vendent des légumes, des hommes travaillent dans des champs voisins. C’est le cas de Mungu, qui a perdu son emploi de chauffeur de moto-taxi. Pour chaque journée de travail, il gagne «800 francs» congolais – à peine un dollar. Un salaire journalier qui semble la norme. Mais pas le choix.

Faute de moyens, le Programme alimentaire mondial (PAM) peine à distribuer plus de rations (farine, haricots, huile, sel), de biscuits énergétiques et de bons d’achat. Mi-septembre, les bons, d’un montant de 65 dollars par famille, avaient connu un certain succès. «Le PAM a organisé une foire et avec les coupons, on allait sur les étalages et on pouvait prendre ce qu’on voulait: du riz, des légumes… On préfère choisir ce qu’on va manger», commente Jeanine, 26 ans, qui fait vivre ses quatre enfants et son mari en vendant, difficilement, des tomates et des petits poissons.

En outre, regrette Annuarite, 25 ans, mère de trois enfants, «si on a reçu la nourriture, il n’y a pas de bois de braise pour préparer, pas de brasero… Et la nourriture doit durer un mois mais ce qu’on nous donne reste insuffisant». D’autres déplorent que les bons d’achat aient provoqué une inflation. Ils citent pour exemple que le sac de 25 kg de riz, qui vaut 22 dollars sur le marché local, en coûtait 30 à la foire. Une anomalie sur laquelle le PAM compte enquêter. Actuellement, si dans le camp des bornes-fontaines ont été installées, l’accès à l’eau est très difficile. Aussi, les déplacés sont à 17 km de la ligne de front. «Nous avons peur ! Nous pensons que le M23 peut arriver ici, ils ont assez de force», estime Christophe. Mburano, lui, garde espoir. «S’il y a la paix, je rentre chez moi, même si les maisons et les champs sont détruits. Il va falloir recommencer la vie à zéro».[1]

 

b. Le M23 renforcé par des militaires ougandais et rwandais

 

Le 15 et le 18 octobre, selon des sources proches de la Société Civile du Nord Kivu, trois bataillons ougandais et rwandais ont franchi, pendant la nuit, la frontière, en passant par NKONKWE (en Groupement de GISIGARI) et RUNYONYI (en Groupement BWEZA), dans la Chefferie de BWISHA. L’entrée de ces bataillons n’a autre objectif que de renforcer le M23 et lui permettre d’accélérer son avancée sur les Territoires de MASISI, WALIKALE, NYIRAGONGO et la Ville de GOMA, avant de commencer la 2e étape qui consistera à aller vers le Grand Nord (la zone BENI-LUBERO). La Société Civile du Nord KIVU alerte les Nations Unies sur ces nouvelles menaces de déstabilisation et demande au Conseil de Sécurité des Nations Unies d’adopter le plus urgemment possible des sanctions contre les Gouvernements, les Responsables politiques et militaires RWANDAIS et OUGANDAIS pour leur agression du Congo, sous étiquète M23. Ces sanctions peuvent consister notamment à des embargos aux Gouvernements Ougandais et Rwandais, au gel des avoirs, à l’interdiction de voyager dans d’autres Etats et au déferrement devant la CPI de ces hauts responsables rwandais et ougandais soutenant et entretenant le M23.[2]

 

Depuis le 24 octobre, deux bataillons de militaires ougandais sont entrés par BUNAGANA pour RUTSHURU-CENTRE. Ils circulent à coeur-joie au chef-lieu du Territoire de RUTSHURU, munis d’armes lourdes, vêtis en uniformes et bottes militaires neuves de l’UPDF. Deux autres bataillons sont à KISORO, chef-lieu de la Province du même nom (en Ouganda), à la frontière congolo-ougandaise, non loin de BUNAGANA. Ils devront entrés incessamment pour rejoindre leurs paires. Ces militaires ougandais viennent s’ajouter à leurs homologues RWANDAIS qui se sont cantonnés à KALENGERA (à environs 10km, sur la route Goma).

La Société Civile du Nord KIVU alerte de nouveau l’opinion sur le danger que courent de nouveau les populations de cette Province face à ce déploiement d’hommes de troupes des Etats agresseurs.[3]

 

Le 27 octobre, pendant que des milliers de militaires Rwandais traversaient la douane de BUNAGANA, une délégation de Rwandais conseillers en Administration territoriale se rendaient aussi à Rutshuru pour conseiller le M23. Dans le Territoire de Rutshuru, le M23 progresse dans son projet de balkanisation de la RDC.

1) Ainsi, le nom de la chefferie de BWISA a été sous l’obligation du Rwanda changé par le M23 en «chefferie YIRA».

2) Groupement de BINZA, après que l’ancien chef monsieur BANYENZAKI soit enlevé, tué et porté disparu, depuis le 27 Octobre 2012, le CNDP/M23 appuyé par la délégation Rwandaise en présence du chef Kadogo et le colonel Shetani Muhima (mai-mai Shetani), le M23 a procédé à l’installation des nouvelles autorités coutumières. Ainsi le nouveau chef de groupement de BINZA s’appelle BATWARE ISA BIKAMIRO, son second ou vice s’appelle MUMBERE MULAIRI, le secrétaire s’appelle SIWANGU MATAGI et les chefs de localités leurs noms suivront.

3) Il y a un mois, une autre délégation du Rwanda était venue à Rutshuru aider le M23 à faire rapidement un recensement de la population qu’ils contrôlent dans ce territoire. Ils ont en ce temps dit que sans exception, chaque famille devait avoir seulement 3 enfants. La famille dont les enfants dépassaient le nombre de 3, le quatrième enfant et au-delà, devait chaque semaine payer une taxe équivalente de un dollar. La punition pour ceux qui ont beaucoup d’enfants et n’ont pas de l’argent à payer est terrible. Les enfants en présence de leurs parents sont tués par machette ou par les petites houes usagées appelées «Agafuni».

4) Un laissez-passer est déjà établi et opérationnel dans le territoire de Rutshuru. Ceux qui sont concernés, sont tous les villageois ou paysans. Quand ils veulent se rendre au marché dans les différents centres du territoire de Rutshuru, il leur faut un laissez-passer payable. Sinon, ils doivent rester au village. La population qui vit dans des centres ou cités est exemptée de ce laissez-passer de peur qu’elle ne crie à haute-voix pour alerter le monde.[4]

 

Le 14 novembre, les autorités ougandaises ont décidé de fermer le poste frontière de Bunagana, son principal point de passage avec la RDCongo. Elles n’ont pas indiqué à quel moment elles comptaient le rouvrir. Selon ces autorités citées par la chaine britannique BBC, l’Ouganda a pris cette décision pour manifester son mécontentement d’avoir été accusé par un rapport des experts des Nations Unies de soutenir la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23) en utilisant ce poste frontalier. En juillet dernier, le ministre congolais de l’Intérieur avait annoncé la fermeture de la douane de Bunagana sous contrôle des rebelles du M23. Des responsables de la Direction générale des impôts avaient indiqué au début de la rébellion que ce poste frontière génère entre 400.000 et 600.000 dollars américains par mois.[5]

 

c. Le débat sur les prétendus Députés élus du Masisi

 

Le 9 novembre, à l’Assemblée Nationale, la validation des mandats des sept députés nationaux, élus de la circonscription de Masisi dans le Nord-Kivu, n’a pas eu lieu comme prévu. Le député national José Makila a déposé une motion incidentielle demandant de surseoir à cette validation. Il a évoqué les irrégularités qui ont entaché les élections législatives dans cette circonscription ainsi que les liens qui existeraient entre ces députés et la rébellion du M23. Le bureau de l’Assemblée nationale a renvoyé le dossier à la commission Politique administrative et judiciaire qui dispose de sept jours pour étudier le dossier. Même si la Cour suprême de justice a validé ces résultats, l’auteur de la motion s’oppose à la validation des mandats de ces députés. Il affirme que ces élus font parti du bureau politique du M23. José Makila a estimé que la validation des mandats de ces députés «consistera à consacrer la balkanisation du pays». «Ce que la Cour suprême vient de faire n’est pas correcte. C’est pourquoi nous appliquons l’article 28 de la Constitution qui demande de ne pas céder à des instructions illégales», a-t-il déclaré. L’article 28 de la constitution de la RDC stipule: «Nul n’est tenu d’exécuter un ordre manifestement illégal. Tout individu, tout agent de l’Etat est délié du devoir d’obéissance, lorsque l’ordre reçu constitue une atteinte manifeste au respect des droits de l’homme, des libertés publiques et des bonnes mœurs».

De nombreux députés soupçonnent le gouvernement de négocier secrètement avec le M23 et, pour eux, on ne peut pas prendre le risque de cautionner ces éventuelles négociations secrètes.

Mais certains députés ont soutenu que l’Assemblée Nationale ne doit pas statuer sur un arrêt de la Cour suprême de justice, indiquant que la chambre basse du Parlement n’a qu’à remplir la formalité qui consiste à valider les mandats. «Il y a eu des irrégularités et des désordres partout. Mais si la Cour suprême de justice accepte ces résultats, l’Assemblée nationale n’a aucun droit de refuser d’exécuter ses arrêts», s’est plaint Jules Mugiraneza, un des députés de Masisi.

Les résultats des législatives dans la circonscription de Masisi avaient été annulés par la Cour suprême de justice le 25 avril dernier, à cause des irrégularités qui avaient entaché le scrutin dans ce territoire. La Ceni s’étant déclarée incapable de réorganiser ces élections, comme le lui avait recommandé la CSJ, à cause de l’insécurité qui prévaut dans le coin, les mêmes résultats ont finalement été publiés sur recommandation de la même Cour suprême de justice.[6]

 

c. Les groupes armés

 

Depuis la création de la rébellion du M23 et le retour de la guerre à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDCongo), de nouveaux groupes armés ont fait leur apparition. On compte actuellement une trentaine de mouvements rebelles dans la région, allant de quelques centaines d’hommes à quelques milliers. Les alliances varient avec le temps et les circonstances. La majorité de ces mouvements ont pourtant un «ennemi» en commun: les FARDC, l’armée régulière congolaise. Les victimes de ces groupes sont toujours les mêmes: la population civile, prise entre deux feux. Pillages, vols, viols, les exactions de ces milices ont jeté sur les routes et dans les camps, des milliers de réfugiés. Depuis le mois de mai et la création du M23, les combats ont fait plus de 300.000 déplacés dans l’Est du pays.

La focalisation de la communauté internationale et des médias sur la rébellion du M23, cache une réalité plus complexe sur le terrain. La prolifération de ces mouvements révèle avant tout les carences de l’Etat dans les provinces et particulièrement l’absence d’une armée digne de ce nom. Faute de moyens, de paie et d’un véritable commandement, les FARDC, sont toujours incapables d’assurer la sécurité de la population. Pire, l’armée régulière se rend également coupable de nombreuses exactions sur les civils.

Le retour de la guerre a favorisé la création de nouvelles rébellions qui profitent du chaos ambiant pour régner en maître sur les territoires… et leurs richesses. Le contrôle des ressources naturelles du sous-sol congolais constitue l’une des causes du conflit au Nord et Sud-Kivu. S’il ne constitue pas le moteur de la guerre, il en est assurément le principal carburant.

Le dernier né de ces groupes s’appelle l’URDC, l’Union pour la Réhabilitation de la Démocratie au Congo et se dit «en contact» avec le M23. Un autre groupe armé a vu le jour dans le territoire de Shabunda au Sud-Kivu: les Raïa Mukombozi, un groupe d’auto-défense Maï-Maï issu des Raïa Mutomboki, qui contrôlent de nombreux sites miniers.

Des alliances se sont créées entre ces mouvements, souvent contre-nature. Le M23, dont le nombre d’hommes oscillerait entre 1.000 et 2.000 hommes a été rejoint par plusieurs groupes d’auto-défense, comme les Pareco, les Maï-Maï Kifuafua, les Maï-Maï La Fontaine ou les Raïa Mutomboki. Au Sud-Kivu, on trouve les Maï-Maï Yakutumba, les Maï-Maï Nyatura et les Mudundu 40. En Ituri, il y a les FRPI, du chef milicien Cobra Matata. Au Kasaï-Oriental, le colonel Tshibangu a fait défection de l’armée régulière pour revendiquer la vérité des urnes et a tenté une offensive début octobre. Face à ces multiples rébellions hostiles à Kinshasa, on trouve d’autres rebelles: les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR). Le plus grand groupe armé présent à l’Est, est composé aujourd’hui d’environ 3.000 hommes (contre 7.000 il y a encore quelques années). Ce mouvement rassemble des Hutus rwandais et des Congolais, opposés au régime rwandais de Paul Kagame.

Dans ce chaos permanent depuis presque 20 ans, les deux Kivus restent le «terrain de jeu» idéal des «aventuriers» divers et des «apprentis rebelles». Etant donné que la majorité des nouveaux groupes armés se sont rapprochés du Mouvement du 23 mars (M23), celui-ci peut désormais compter sur ces alliés (certes de circonstances) pour gagner des régions, les placer sous contrôle et fragiliser ainsi l’autorité de Kinshasa. Car cet assemblage hétéroclite de rébellions partage au moins un objectif commun: le départ du président Joseph Kabila.[7]

 

Le 9 novembre, le conseil de sécurité du Nord-Kivu a lancé un ultimatum de quinze jours à tous les groupes armés actifs dans le territoire de Masisi, pour déposer les armes et intégrer les Forces armées de la RDC (FARDC). Le chef d’Etat major des forces terrestres, le commandant de brigade de la 8e région militaire, les chefs provinciaux de la police et de l’Agence nationale de renseignements (ANR) ont assisté à ce conseil présidé par le gouverneur de la province, Julien Paluku. Au terme de l’ultimatum, ces miliciens disposeront de cinq jours supplémentaires pour déposer leurs armes. Le conseil provincial de sécurité a décidé que, dépassé le 30 novembre, les militaires congolais vont traquer les groupes armés actifs dans le territoire de Masisi.

Le 27 septembre dernier, à Goma, trois groupes armés de Masisi avaient manifesté leur volonté d’intégrer l’armée congolaise. Il s’agissait de l’Alliance des Patriotes pour un Congo Libre et Souverain (APCLS) du Colonel Janvier, de la milice hutu Nyatura et des Forces de Défense du Congo (FDC). Au mois d’octobre, les combattants du groupe Nyatuta qui avaient accepté de déposer les armes ont été regroupés dans un centre à Mushaki avant d’intégrer l’armée. Ceux de l’APCL qui sont regroupés à Nyabondo au sud de Masisi-centre attendent encore leur intégration.[8]

 

Le 10 novembre, le Mouvement du 23 mars (M23) a accusé l’armée d’attaquer depuis le 8 novembre ses positions et menace de «riposter» si l’offensive se poursuit. «Depuis deux jours, l’armée congolaise nous attaque. Vendredi, elle a tué dix civils et des policiers du M23 sur l’axe de Kitagoma, à 90 kilomètres de Goma, à la frontière avec l’Ouganda», a déclaré le lieutenant-colonel Vianney Kazarama, porte-parole de la rébellion. Une version démentie par l’armée régulière. «Ce sont eux qui ont tué ces gens, plus de sept personnes, vers Kitagoma, en direction de Bunagana, une zone sous leur contrôle», a affirmé un officier supérieur d’Ishasa, un important poste-frontière avec l’Ouganda.[9]

 

 

 

e. Les populations civiles vivent dans la plus grande insécurité

 

Le 29 octobre, l’administrateur de territoire de Beni, Amisi Kalonda, a affirmé avoir été contacté par des hommes qui prétendent détenir les trois prêtres de la paroisse catholique de Mbau kidnappés par des hommes armés le 19 octobre dernier. Interrogé, il a déclaré que les supposés ravisseurs réclament le paiement d’une rançon dont il n’a pas révélé le montant. Les responsables de la société civile du Nord-Kivu affirment avoir été contactés par les mêmes personnes qui auraient exigé le paiement de 50.000 dollars américains avant de libérer les trois religieux.

De son côté, l’évêque du diocèse de Butembo-Beni, Monseigneur Sikuly Melchisédech, appelle les ravisseurs au respect de l’intégrité physique des prêtres. Par ailleurs, il exclut de répondre à toute demande des ravisseurs pour libérer leurs otages. L’identité des preneurs d’otages et leurs mobiles demeurent inconnus à ce jour. Mais certaines sources à Beni attribuent cet enlèvement aux rebelles ougandais de l’ADF/Nalu, actifs dans cette zone.[10]

 

Le 3 novembre, une équipe de policiers et de jeunes du village Shoa ont retrouvé les corps d’un bébé et de cinq femmes tuées à coups de machettes. Selon des témoins, les victimes, d’ethnie hunde, étaient à la recherche de nourriture pour leurs familles dans les champs situés sur la colline Bushuhi, située à 7 kilomètres du chef-lieu du territoire de Masisi dans la Province du Nord-Kivu. Les policiers et les jeunes du village Shoa s’étaient lancés à la recherche des victimes, après avoir constaté qu’elles tardaient à revenir des champs. Les témoins indiquent que tous les corps portent des traces d’armes blanches. Jusque-là, trois autres femmes sont portées disparues. La milice Nyatura, composée de personnes d’ethnie Hutu, est pointés du doigt dans ce massacre, mais elle n’aurait pas agi seule. Certains évoquent une alliance avec la milice hutu rwandaise des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR). D’autres évoquent une alliance contre nature avec le Mouvement du 23 mars (M23).

La société civile exige que les auteurs de ce massacre soient retrouvés afin qu’ils répondent de ces crimes devant la justice. Selon le communiqué de la société civile, ces meurtres de femmes et d’enfants relèvent de «la stratégie d’épuration ethnique» et constitue un «message éloquent des agresseurs et leurs alliés, cherchant par tous les moyens à détourner l’attention du monde, en créant de nouveaux conflits à caractère identitaires». «Cela n’a d’autre objectif que de rendre le Nord-Kivu ingouvernable pour procéder à sa balkanisation», selon ce texte.[11]

 

Le 10 novembre, dix personnes ont été tuées à Ruvumbura, dans le territoire de Rutshuru. Plusieurs personnes ont également été blessées et six filles violées. Des sources locales attribuent cette attaque à des combattants de la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23). D’autres sources parlent plutôt d’une incursion des rebelles rwandais des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR). Les assaillants auraient investi la localité à 5 heures locales et pillé plusieurs habitations avant de se retirer.[12]

 

 

2. LA SOCIÉTÉ CIVILE

 

Le 8 novembre, lors d’un point de presse organisé à Kinshasa par le Président et Vice-président, Thomas d’Aquin Muiti Luanda et Omar Kavota, la Société Civile du Nord-Kivu a dénoncé, avec la dernière énergie, tous les actes des viols, vols, tueries et assassinats perpétrés, au quotidien, dans sa province. Ce, suite à une guerre que les membres de cette association qualifient d’agression injuste imposée à la nation congolaise.

Concernant la problématique de la Force Internationale Neutre, la société civile du Nord-Kivu reste sceptique quant à la réussite de sa mission. Cette position se traduit par le fait que l’Ouganda, qui assure la Présidence de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) et qui est, en même temps, promoteur majeure de cette force, reste en réalité impliqué comme déstabilisateur de la partie orientale du Congo-Kinshasa. De l’avis de la Société Civile du Nord- Kivu, cette force n’est qu’une manœuvre dilatoire du Président ougandais, Yoweri Museveni.

Le Président de la société civile a, en effet, confirmé la présence des troupes ougandaises dans le Nord-Kivu. A en croire ses paroles, comme le Rwanda et l’Ouganda sont dans la danse, la force internationale neutre, avec la modération de l’Ouganda, ne donnera rien comme résultats. «S’il faut compter avec le Rwanda et l’Ouganda, le M23 va continuer à conquérir les territoires congolais».

Selon le Président Thomas d’Aquin Luanda, les autorités militaires congolaises ont demandé au Rwanda de leur laisser le passage, que les militaires congolais passent sur le territoire rwandais avec objectif de frapper les M23 de l’extérieur. Mais le Rwanda a refusé. Il a, enfin, déclaré que les revendications du M23, disant qu’il est marginalisé, sont fausses, en précisant que la communauté tutsi congolaise a plus d’officiers et généraux dans les Fardc.[13]

 

Le 11 novembre, à l’issu d’un atelier de deux jours organisé à Goma au Nord-Kivu sur la situation sécuritaire en RDCongo, les coordinations de la société civile des provinces du Maniema, de la Province Orientale, du Katanga, du Nord-Kivu et du Sud- Kivu ont exigé au comité des sanctions de l’ONU de punir le Rwanda, accusé d’agresser et d’occuper une portion du territoire congolais. «Le comité des sanctions doit adopter des sanctions conséquentes à l’endroit des autorités rwandaises impliquées dans l’agression de la RDCongo, obliger l’armée rwandaise de se retirer sans délais du sol congolais sans conditions et voter une résolution demandant la CPI à poursuivre les responsables des graves violations des droits de l’homme et des crimes de guerre», a déclaré John Masimango de la société civile du Maniema. Il a ajouté que le Conseil de Sécurité de l’ONU devra également élargir le mandat de la MONUSCO, en faisant de sa mission celle d’imposition de la paix, en vue d’éradiquer dans un bref délai le groupes armés opérant en RDCongo, comme le Mouvement du 23 mars, (M23), les rebelles rwandais des FDLR, les ADF/NALU et autres milices locales assimilées aux forces négatives. Parlant des rebelles du M23, John Masimango, propose qu’ils soient traduits à la Cour Pénale Internationale (CPI) et jugés pour «des graves violations de droits de l’homme et des crimes contre l’humanité».[14]

 

 

3. LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE DE LA RÉGION DES GRANDS LACS

 

Le 30 octobre, à Kinshasa, le secrétaire général du forum des parlements de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), Higiro Prosper, a déclaré que la solution de la crise en République Démocratique du Congo (RDCongo) passe uniquement par la voie diplomatique et politique.[15]

 

Le 2 novembre, le secrétaire d’Etat ougandais à la coopération régionale, Asuman Kiyingi, a déclaré que l’Ouganda pourrait décider de retirer ses troupes de Somalie, où elles forment l’ossature de la force de l’Union Africaine, et des autres opérations de paix auxquelles elles participent, si l’ONU ne revient pas sur ses accusations concernant son rôle dans l’est de la RDCongo. Kampala a été accusé dans un rapport d’experts de l’ONU ayant fuité mi-octobre de soutenir – de même que le Rwanda, déjà mis en cause auparavant – la rébellion du M23.[16]

 

A l’étape de Bruxelles, le Premier ministre congolais, Matata Ponyo Mapon, avait jugé «presqu’hypothétique» une solution régionale dans le cadre de la CIRGL.

En mettant clairement en cause le Rwanda et l’Ouganda dans l’insécurité qui sévit dans l’Est, la RDCongo ne croit plus à une solution diplomatique dans le cadre de la CIRGL où se côtoient pyromanes et sapeurs-pompiers.

Le Premier ministre Matata Ponyo a été le premier à donner le ton lors de son dernier séjour européen. Son attitude était dictée par l’enlisement constaté sur le terrain. De profondes divergences entre les protagonistes de la crise dans l’Est retardent la poursuite de ce processus. D’un côté, la RDCongo soutient l’option de renforcer le mandat de la Monusco (Mission des Nations Unies pour la stabilisation de la RDCongo) pour en faire une force internationale neutre dans les termes convenus dans le cadre de la CIRGL. Ce que rejette catégoriquement le Rwanda qui digère très mal la présence des troupes de la Monusco à ses frontières avec la RDCongo. Le Rwanda retarde aussi toute évolution dans le déploiement de la Force internationale neutre, préférant se limiter à la mise en œuvre du mécanisme conjoint de vérification prévu dans le pacte qui lie les pays de la CIRGL.

Le projet de déploiement de la Force internationale neutre convenu en juillet dernier à Addis-Abeba tarde donc à se concrétiser. On ne le dit pas tout haut, mais au sein de la CIRGL, c’est déjà l’impasse.

A cette impasse se sont ajoutées les révélations reprises dans le rapport que les Nations Unies s’apprêtent à publier en ce mois de novembre en rapport avec la rébellion menée dans l’Est de la RDCongo par les troupes du M23. Jusqu’à une date récente, seul le Rwanda était pointé comme principal soutien au M23. Mais dans leur rapport, les experts des Nations Unies ont chargé également l’Ouganda, celui-là même qui pilote, en sa qualité de président en exercice de la CIRGL, les négociations menées dans ce cadre pour la sécurisation de l’Est de la RDCongo. L’Ouganda semble donc jouer un double jeu: se proposer comme médiateur et continuer, entre-temps, à appuyer dans l’ombre les rebelles du M23.

Face à ce tableau qui frise carrément la compromission, Kinshasa a préféré explorer d’autres pistes.

Tout dernièrement, une délégation de Kinshasa est allée au Congo-Brazzaville solliciter la médiation du président Denis Sassou Nguesso dans la crise qui sévit dans l’Est de la RDCongo.

Les pays de la Communauté internationale de l’Afrique australe (SADC) se sont dits prêts à faire partie de la force internationale neutre à déployer dans l’Est de la RDCongo.

Après la SADC, le Marché commun de l’Afrique de l’Est et australe (COMESA) s’est dit également disposé à accompagner la RDCongo dans les efforts de sécurisation de sa partie Est.

A Kinshasa, l’on hésite encore à afficher clairement ses couleurs, alors que dans les coulisses, tous reconnaissent l’impuissance de la CIRGL à apporter une solution durable dans la crise de l’Est.

Sans le dire ouvertement, la RDCongo multiplie des gestes qui témoignent de son intention de se passer du schéma tracé au sein de la CIRGL.

Sans quitter l’organisation sous-régionale, elle explore ailleurs les meilleures voies de sortie de crise. Aussi Kinshasa garde-t-il un pied dedans et un autre dehors.

Kinshasa préfère jouer à la prudence. Il ne voudrait pas gêner la communauté internationale, encore moins ses partenaires de la CIRGL. Raison pour laquelle il continue à participer à toutes les initiatives. C’est ce qui justifie la récente sortie publique du ministre des Affaires étrangères Raymond Tshibanda qui a déclaré avoir la conviction que la Force internationale neutre sera opérationnelle «dans les prochaines semaines». Or, l’énigme reste entière autour de sa composition et, surtout, de son financement.[17]

 

 

4. LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE

 

Le 31 octobre, au cours d’une conférence de presse tenue à Goma, le président de l’Assemblée nationale belge, André Flahaut, a demandé à la Belgique et à tous les pays occidentaux de s’engager pour mettre fin à l’activisme des groupes armés dans l’Est de la RDCongo. Il a également demandé aux Etats concernés par l’insécurité dans cette partie de l’Afrique de «s’engager pour mettre en œuvre tout ce qui est nécessaire pour faire cesser les actes de rébellions et de mutineries». Il a estimé que la stabilité dans la sous-région passerait par le respect de la souveraineté et de l’intégrité des ces Etats. «C’est un préalable. On ne peut pas envisager de dialogue si on n’est pas en face des Etats qui sont pleinement souverains», a-t-il poursuivi.[18]

 

Le 6 novembre, lors d’un point de presse à Kinshasa, la sous- secrétaire d’Etat américaine chargée des affaires politiques, Wendy Sherman, a réitéré la position de son pays condamnant la déstabilisation de la RDC. Washington fait toujours pression sur Kigali pour l’obliger à couper son soutien à la rébellion du M23 dans l’Est de la RDC, a-t-elle indiqué. Wendy Sherman a aussi rejeté l’opinion selon laquelle les Etats-Unis font semblant de punir le Rwanda alors qu’ils le protègent toujours.[19]

 

Le 11 novembre, le ministre belge des Affaire Étrangères, Didier Reynders, a annoncé que la Belgique a virtuellement suspendu sa coopération militaire avec le Rwanda, mis en cause par des experts de l’ONU pour son soutien à l’M23. Le ministre a confirmé que la suspension de la coopération militaire avec le Rwanda résultait d’une concertation avec son collègue de la Défense, Pieter De Crem. «On ne va pas former des militaires qui pourraient contribuer à la déstabilisation» de la RDC, a-t-il affirmé, ajoutant que la question des sanctions envers Kigali serait examinée le 19 novembre par les ministres européens des Affaires étrangères. M. De Crem a assuré ne plus avoir eu de contact avec son homologue rwandais (le général James Kabarebe) depuis la publication du rapport des Nations unies. Le ministre rwandais de la Défense est directement mis en cause dans le dernier rapport d’experts de l’ONU, qui va jusqu’à affirmer qu’il commande «de facto» la rébellion du M23 au Congo.[20]

 

Le 13 novembre, les Etats-Unis et l’Onu ont annoncé des sanctions contre Sultani Makenga, chef des rebelles du M23, accusé d’être à l’origine des violations des droits de l’homme et de violer l’embargo sur les armes en RDC. Le département du Trésor américain a notamment décidé de geler les avoirs dont pourrait posséder le chef rebelle aux Etats-Unis. Il a également indiqué que les ressortissants américains qui commerceraient avec Sultani Makenga seront désormais passibles des poursuites judiciaires. De leur côté, les Nations unies ont émis à l’encontre de Sultani Makenga une interdiction de voyager et un gel de ses avoirs, l’accusant notamment de meurtres, d’exactions et de violences sexuelles.

Le gouvernement congolais a jugé mercredi « insuffisantes » les sanctions prises contre le colonel Makenga, selon le porte-parole du gouvernement Lambert Mende, qui a incriminé le Rwanda.

«Il est bon qu’on aille jusqu’aux sources, c’est-à-dire au Rwanda. Il y a des noms qui sont autrement plus importants, beaucoup plus décisifs, beaucoup plus dangereux pour les populations du Kivu que Sultani Makenga. Je pense par exemple au ministre rwandais de la Défense» (James Kabarebe NDLR), a déclaré M. Mende.[21]

 

 

5. POUR UNE ANALYSE

 

Depuis six mois, les relations entre le Congo-Kinshasa et le Rwanda se sont détériorées suite aux révélations faites par des experts onusiens sur l’implication des officiels rwandais dans la rébellion du M23. Le rapport envoyé le 12 octobre dernier au Conseil de sécurité serait «accablant» pour le Rwanda et l’Ouganda. Les rédacteurs accusent les régimes de Paul Kagame et de Joweri Museveni de diriger en sous main les insurgés et de les appuyer militairement et logistiquement.

Chaque jour qui passe, les Congolais éparpillés aux quatre coins du monde clament leur opposition à toute idée de «balkanisation» de leur pays. Toutefois, c’est bien dommage qu’ils ne s’efforcent guère de se poser une question basique: Comment est-on arrivé là? Il s’agit d’analyser froidement la part de responsabilité des filles et fils du Congo dans le déclin actuel de leur mère-patrie.

Les ex-Zaïrois feignent d’oublier que l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo-Zaïre (AFDL) a été mise sur pied le 18 octobre 1996 à l’initiative des dirigeants ougandais et rwandais. Ce sont ces derniers qui ont fait appel à André Kisase Ngandu (Conseil national de résistance de la démocratie), à Anselme Masasu (Mouvement révolutionnaire pour la libération du Zaïre), Laurent-Désiré Kabila (Parti de la révolution populaire) et Déogratias Bugera (Alliance démocratiques des peuples) pour camoufler l’agression du Zaïre en une « rébellion interne ». Les Ougandais et les Rwandais ont bénéficié de l’aide de certains milieux anglo-américains. Pour la petite histoire, le président ougandais Yoweri Museveni n’a jamais caché que c’est lui qui avait introduit LD Kabila auprès de Kagame alors vice-président et ministre de la Défense du Rwanda.
Le 17 mai 1997, les Kinois sont descendus dans la rue pour célébrer l’entrée des «libérateurs» dans la capitale. «Vive les libérateurs», «vive les libérateurs», criaient les Kinois réputés pour leur  enthousiasme débordant. Mais, en réalité, il ne s’agissait pas de troupes congolaises, il s’agissait plutôt de troupes rwandaises et ougandaises réunies sous la bannière de l’AFDL.

Quelques semaines après, les activités des partis politiques ont été suspendues par les nouveaux maîtres du pays. Le racket, les arrestations et détentions arbitraires se multiplient. Sans oublier des exécutions extrajudiciaires. Les ex-Zaïrois, redevenus Congolais, assistaient à une sorte de restauration de l’ordre politique qu’ils avaient dénoncé et rejeté lors des consultations nationales organisées par le président Mobutu Sese Seko avant son discours du 24 avril 1990. Le même rejet a été renouvelé lors des travaux de la Conférence nationale souveraine (1991-1992). Lassés par sept longues années de transition, les ex-Zaïrois ont levé l’option de «pactiser avec le diable». Pourvu qu’il y ait changement.

La «libération» du 17 mai 1997 n’a pas engendré la «rupture» escomptée. Pourquoi? Simplement parce que cette «libération» n’a été qu’une vaste escroquerie. Les tentacules de l’AFDL continuent à s’étendre dans le pays à travers le RCD, le CNDP et le M-23. Les institutions provinciales et nationales sont infiltrées. L’AFDL n’est pas morte. « Joseph Kabila » en est un pur produit. L’AFDL continue à régenter les affaires congolaises. Depuis la «libération» du 17 mai 1997 à ce jour, le Congo est dirigé par «procuration». En fait, le pays est occupé. Que faire? Les Congolais ont le devoir de chasser les occupants et leurs agents.

Un lecteur laisse son commentaire: «la solution qui consiste à chasser les étrangers est connue par tous les Congolais. Le problème c’est  comment le faire quand certains de nos propres frères tirent profit de cette situation et contribuent à la faire durer. Comment libérer un pays qui compte parmi ses traîtres, ses propres citoyens qui se retrouvent au parlement avec la possibilité de manier la loi à leur guise?».

A Kinshasa, des sources bien informées rapportent que «Joseph Kabila» se comporterait de plus en plus comme un «homme traqué». Traqué par certains «radicaux» du régime rwandais. Ceux-ci lui reprocheraient son «arrogance» et surtout d’avoir oublié «qui l’a fait roi». Certaines de ces sources indiquent que Paul Kagame, soutenu par certains lobbyies anglo-saxons, serait à la recherche d’une personnalité congolaise pour… remplacer « Joseph Kabila ». Plusieurs noms sont cités. Depuis 1997, Kagame ne s’est jamais départi de l’idée d’installer un «régime ami» à Kinshasa, un régime qui ne présente aucune menace pour la «sécurité nationale» du Rwanda.

L’ironie de l’histoire serait que les Congolais laissent encore une fois Kagame et Museveni rééditer, en 2012 ou 2013, leur «exploit» du 17 mai 1997, en jouant les «faiseurs des rois» à Kinshasa.[22]

 

Dans une interview accordée au quotidien Le Potentiel, Charles Onana, journaliste d’enquête français, affirme avoir constaté qu’il est difficile de parler des victimes congolaises et du pillage de la RDC en Europe, malgré les multiples rapports de l’ONU sur ces sujets. Selon Onana, les médias et même les hauts responsables politiques européens traitent la RDC simplement à travers le prisme des FDLR, des Maï-Maï et en ignorant les véritables forces d’occupation. Parler par exemple, en détail, du rôle du Rwanda et de son action en RDC est manifestement tabou dans les institutions européennes, y compris pour les organisations chargées des droits humains. Il y a là une forme de censure qui ne se justifie pas. Il faut donc briser cette loi du silence.

À propos de l’Est de la RDC, le journaliste affirme que cette partie est devenu une zone de non droit, où seuls les «rebelles» et divers groupes armés font la loi. C’est aussi le point d’entrée du démembrement du Congo. Personne ne veut admettre que la tragédie que vit le peuple congolais à l’Est est le fait d’une politique délibérée de prédation et d’asservissement dans laquelle des grandes puissances, des multinationales et des groupes mafieux jouent un rôle majeur. Il faut dire que ceux que l’on appelle les «sponsors de l’agression du Congo», le Rwanda et l’Ouganda en particulier, sont plutôt des serviteurs d’intérêts occidentaux très importants.

Selon Onana, il est aussi plus que probable que certaines autorités politiques, civiles et militaires de la RDCongo soient, elles aussi, de mèche avec celles du Rwanda et de l’Ouganda dans ce dossier de la guerre à l’Est. En effet, il y a d’une part l’agressivité du Rwanda qui cherche à contrôler les richesses et la démographie de l’Est de la RDC et, d’autre part, le silence troublant des autorités congolaises devant le calvaire des populations de cette région. Il semble bien qu’un consensus a été organisé pour entériner la violation de la souveraineté du Congo et taire la terreur infligée à ses populations. Ceci est très inquiétant pour l’avenir, car les Congolais ne pourront pas continuer à supporter indéfiniment la façon dont ils sont traités et finiront par se révolter contre l’injustice dont ils sont victimes. Un jour, il faudra bien les écouter. Je crains qu’il soit déjà tard.

Pour l’instant, les grandes puissances et les acteurs qui tirent les ficelles dans cette région en maintenant cette instabilité au Congo ont gagné beaucoup d’argent. Ils ne voient pas pourquoi il faudrait réfléchir à sortir du statu quo puisqu’il est bien «rentable» pour eux. Il faut aussi savoir que ceux qui font des affaires en période de guerre et d’instabilité ne rêvent que d’une perpétuation du conflit en RDC. Ils doivent cependant compter avec la volonté de changement au Rwanda et au Congo. Après avoir soutenu des élections truquées dans les deux pays et encouragé la censure et la criminalisation du pouvoir, trouver une autre «recette» ne sera pas chose facile. Pourtant, les Rwandais comme les Congolais n’ont jamais cessé de proposer des solutions raisonnables pour un retour à la paix, à la stabilité et à la prospérité. Il s’agit donc d’une bataille féroce entre les partisans du respect du droit international et les tenants de la politique du chaos.[23]

 

 

 

 

 

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Haut représentant de l’UE pour les Affaires Étrangères et la politique de sécurité

 

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[2] Cf  Bulletin d’information de la Société Civile du Nod Kivu

[3] Cf  Bulletin d’information de la Société Civile du Nod Kivu

[4] Cf Kivu-Avenir, email 31.10.’12

[5] Cf Radio Okapi, 14.11.’12

[6] Cf Radio Okapi, 10.11.’12

[8] Cf Radio Okapi, 10.11.’12

[9] Cf AFP – Goma, 10.11.’12

[10] Cf Radio Okapi, 29.10.’12

[11] Cf Radio Okapi, 04.11.’12; AFP – Kinshasa, 05.11.’12

[12] Cf Radio Okapi, 10.11.’12

[13] Cf La Prospérité – Kinshasa – Africatime, 10.11.’12

[14] Cf Radio Okapi, 11.11.’12

[15] Cf Radio Okapi, 30.10.’12

[16] Cf AFP – Kampala, 02.11.’12. Environ 6.500 soldats ougandais sont déployés en Somalie au sein de la Force de l’Union africaine (Amisom), dont les quelque 17.000 hommes épaulent le faible embryon d’armée nationale somalienne contre les insurgés islamistes shebab. L’armée ougandaise commande et constitue également le gros du contingent de la force d’intervention régionale mise sur pied par l’UA et chargée de traquer l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), une rébellion initialement basée dans le nord ougandais, mais qui a désormais essaimé dans les pays voisins. Une centaine de policiers ougandais participent également à diverses missions de paix de l’ONU au Darfour (ouest du Soudan), au Soudan du Sud, au Liberia et au Timor Oriental. Des experts ougandais sont également présents au sein de l’Onuci, la mission de l’ONU en Côte d’Ivoire. En occupant la présidence des Pays membres de la CIRGL, l’Ouganda coordonne aussi les efforts des dirigeants de la région des Grands Lacs qui tentent de mettre sur pied une « force internationale neutre » chargée de lutter contre les divers groupes armés actifs dans l’est de la RDC. L’Ouganda assure enfin une médiation indirecte entre Kinshasa et les rebelles du M23.

[18] Cf Radio Okapi, 01.11.’12

[19] Cf Radio Okapi, 07.11.’12

[20] Cf Belga – La Libre Belgique, 11.11.’12

[21] Cf Radio Okapi, 14.11.’12; AFP – Kinshasa, 14.11.’12

[22] Cf Baudouin Amba Wetshi – Congo Indépendant, 07.11.’12

http://www.congoindependant.com/article.php?articleid=7633