Congo Actualité n. 148

SOMMAIRE:

ÉDITORIAL: La «résistance active non-violente» comme la réponse au «coup d’Etat électoral».

1. POLITIQUE INTERNE

a. Assemblée Nationale

b. Nomination du nouveau gouvernement

c. Les premières doutes

d. Investiture du nouveau gouvernement à l’Assemblée Nationale

2. PROCESSUS ELECTORAL

3. DROITS DE L’HOMME

4. LA CRISE DE LA R.D.CONGO S’INVITE AU SÉNAT ITALIEN

ÉDITORIAL: LA «RESISTANCE ACTIVE NON-VIOLENTE» COMME LA REPONSE AU «COUP D’ETAT ELECTORAL».

 

1. POLITIQUE INTERNE

 

a. Assemblée Nationale

 

Le 20 avril, au cours de la séance plénière, on a présenté les groupes parlementaires déjà formés:

1. AFDC et alliés, 33 députés nationaux, M. Kokonyange, président.

2. Les Libéraux chrétiens et socialistes, 28 députés nationaux, Antipas Mbusa Nyamwisi, président ;

3. Le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), 63 députés nationaux, Ramazani Shadari, président ;

4. Le Mouvement social pour la rénovation et alliés (MSR), 40 députés nationaux, Egide Michel Ngbokoso, président ;

5. L’Alliance des républicains démocrates (ARD), 33 députés, Christophe Lutundula Apala, président ;

6. L’Union pour la démocratie et le progrès social/Forces acquises au changement ((UDPS/FAC), 55 députés, le bureau non encore mis en place ;

7. Terre d’Avenir (TA), 29 députés, Baudouin Banza Mukalay Nsungu, président ;

8. Groupe parlementaire du renouveau (GPR), 32 députés, le bureau non constitué ;

9. Etat de droit, 28 députés, Nku Imbie, président ;

Au cours de la plénière du 25 avril, trois autres groupes parlementaires ont été adoptées:

10. Palu et alliés composés de 30 membres,

11. MLC et alliés constitué de 30 membres et

12. UNC et alliés qui compte à son sein 34 députés.

 

Le 25 avril, la Cour suprême de justice (CSJ) a invalidé les mandats de trente-deux députés déclarés élus par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Les députés invalidés sont remplacés par d’autres déclarés élus par la Cour. Dans la province de l’Equateur par exemple, la Cour suprême de justice a invalidé l’élection de près de dix députés dont Jean-Claude Baende, l’actuel gouverneur.

Parmi les invalidés, 17 appartenaient à la Majorité présidentielle (MP) et 6 à l’opposition. Mais 22 nouveaux députés de la MP ont dans le même temps été déclarés élus, contre 3 seulement de l’opposition, selon les résultats de la CSJ.

Parmi les 521 recours déposés, la CSJ en a rejeté beaucoup, car jugés « infondés » ou « irrecevables ».

La Cour suprême de justice n’a annulé les élections que dans la seule circonscription de Masisi (Nord-Kivu) où des troubles avaient été signalés pendant le vote.

La Ceni dispose de soixante jours à dater de la réception de la notification de la CSJ pour organiser les élections législatives dans cette circonscription.

 

Le 26 avril, l’ex Conseiller spécial d’Etienne Tshisekedi, le député Samy Badibanga, a été porté à la présidence du groupe parlementaire UDPS -Union pour la démocratie et le progrès social- et FAC -Forces acquises au changement. Il est secondé par deux adjoints notamment le RCDN, Roger Lumbala pour le poste du premier vice-président et l’UDPS Fabien Mutomb, pour le poste de deuxième vice-président. Les députés Puela et Ambatobe Amy sont désignés respectivement premier rapporteur et rapporteur adjoint.

 

b. Nomination du nouveau gouvernement

 

Le 28 avril, le premier ministre Augustin Matata Ponyo a publié son gouvernement composée de tente-six membres, soit deux vice-premiers ministres, un ministre délégué à la Primature chargé des Finances, vingt-cinq ministres et huit vice-ministres.

– Les deux vice-premiers ministres s’occupent l’un du Budget, Daniel Mukoko Samba, et l’autre de la Défense, Anciens combattants et Affaires coutumières, Alexandre Lubal Tamu

– Le ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des Finances est Patrick Kitebi Kibol Mvul.

L’équipe est par ailleurs composée de 25 ministres. Parmi eux:

– Lambert Mende, reconduit aux Médias. Il s’occupera également des relations avec le Parlement et à l’Initiation à la nouvelle citoyenneté ;

– Fridolin Kasweshi, reconduit aux Infrastructures et Travaux publics. Il gerera aussi l’Aménagement du territoire, Urbanisme et Habitat ;

– Martin Kabwelulu garde son ministère des Mines ;

– Maker Mwangu conserve l’Education primaire, secondaire et professionnel ;

Trois femmes à la tête de trois ministères :

– Wivine Mumba Matipa, ministre de la Justice et Droits humains ;

– Louise Munga Mesozi, ministre du Portefeuille ;

– Géneviève Inagosi, ministre du Genre, famille et Enfant,

Les autres membres de ce gouvernement sont :

– Affaires étrangères, Coopération internationale et Francophonie : Raymond Tshibanda ;

– Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières : Richard Muyej ;

– Plan et suivi de mise en œuvre de la révolution de la modernité : Célestin Vunabandi ;

– Economie et commerce : Jean-Paul Nemoyato ;

– Transport et Voies de communication : Justin Kalumba Mwana Ngongo ;

– Environnement, Conservation de la nature et Tourisme : Bavon N’sa Mputu Elima ;

– Ressources hydrauliques et électricité : Bruno Kapanji Kalala;

– Hydrocarbures : Crispin Atama Tabe ;

– Industrie, Petites et Moyennes Entreprises : Remy Musunganyi Bampale ;

– Postes, Télécommunication et Nouvelles technologies : Tryphon Kin-kiey Mulumba ;

– Emploi, Travail et Prévoyance sociale : Modeste Bahati Lukwebo ;

– Santé publique : Felix Kabange Numbi

– Enseignement supérieur et universitaire : Chelo Lotsima ;

– Agriculture et Développement rural : Jean-Chrysostome Vahamwiti ;

– Affaires foncières : Robert Mbuinga ;

– Affaires sociales, Actions humanitaire et Solidarité nationale : Charles Nawej Mundele

– Fonction publique : Jean Claude Kibala ;

– Jeunesse, Sport et Loisirs, ainsi que Culture et Arts : Banza Mukalayi Sungu

Ce gouvernement compte aussi huit vices-ministres, dont trois femmes :

  • Affaire étrangères : Tunda wa Kasende ;
  • Coopération internationale : Dismas Magbengu ;
  • Décentralisation et Affaires coutumières : Eugide Ngokoso ;
  • Droits humains : Sakina Binti ;
  • Plan : Sadok Bukanza ;
  • Finances : Roger Shulungu ;
  • Budget : Abuyuwe Lixa ;
  • EPSP : Maguy Rwakabuba.

Dans le nouveau gouvernement, plusieurs ministères de l’ancien gouvernement (46 membres) ont été regroupés. Le ministère des Infrastructures et Travaux publics est associé à celui de l’Aménagement du territoire, Urbanisme et Habitat. Le ministère des Affaires étrangères et celui de la Coopération internationale ont été regroupés. Il en est de même de l’Economie et du Commerce. Le ministère de la Jeunesse, Sport et Loisirs est couplé à celui de la Culture et Arts.

Le nouvel exécutif va devoir répondre à une forte demande sociale dans un pays aux infrastructures délabrées, doté de richesses naturelles -notamment des minerais- mais où deux tiers des 68 millions d’habitants vivent dans la pauvreté, et qui cumule les mauvaises notes pour la corruption ou le climat des affaires.

 

Répartition par partis:

  • PPRD: 9 (Kasweshi, Munga, Sadok, Mbuinga, Maker, Muyej, Atama, Mumba, Tunda wa Kasende)
  • MSR: 3 (Vahamwiti, Kibala, Ngokoso)
  • PALU: 2 (Mukoko, Kabwelulu)
  • PPPD: 0 ou 1?
  • ULDC: 1 (Tshibanda)
  • NAD: 1 (Inagosi)
  • ADH: 1 (Magbengu)
  • UNAFEC: 1 (Sakina)
  • ECT: 1 (Numbi)
  • UCP: 1 (Vunabandi)
  • UDCO: 1 (Banza Mukalay)
  • AFDC: 1 (Bahati Lukwebo)
  • PDC: (N’sa Mputu)
  • CDC: 1 (Nemoyato)
  • PR: 1 (Kalumba)
  • PA: 1 (Kin-Kiey)
  • UDCN: 1 (Rwakabuba)
  • ARC: 1 (Nawej)

[Munga et Mumba sont perçus comme PPRD, bien que leur appartenance soit incertaine. De même, Tshibanda est perçu comme PPPD. NdlR]

 

Distribution par Provinces:

  • Katanga: 9
  • Province Orientale: 4
  • Kasai-Oriental: 3
  • Sud Kivu: 3
  • Nord Kivu: 2
  • Bas-Congo: 2
  • Kasai-Occidental: 2
  • Bandundu: 1
  • Maniema: 1
  • Equateur: 1

[Appartenance ethnique des originaires de l’Est: Celestin Vunabandi est Hutu de Rutshuru et proche d’Eugene Serufuli, Sadok Biganza est Munyamulenge du Sud Kivu, et Maguy Rwakabuba, Tutsi de Rutshuru. NdlR]

 

Dans la nouvelle équipe gouvernementale, le Premier ministre, Augustin Matata Ponyo, garde la haute main sur l’Economie et les Finances avec l’aide d’un ministre délégué, Patrice Kitebi.

Six ministres sortants restent tout de même dans la nouvelle équipe: Lambert Mende (Médias), Martin Kabwelulu (Mines), Raymond Tshibanda, (Affaires étrangères), Richard Muyej (Intérieur), Fridolin Kasweshi (Aménagement du territoire) et Justin Kalumba (Transports).

Les grands absents du nouveau gouvernement sont « les ténors » et « les barons » du PPRD, priés de se faire discrets. L’autre surprise est celle de l’absence de certains cadres de la Majorité Présidentielle. C’est notamment le cas d’Olivier Kamitatu (dont le parti a gagné plusieurs sièges à l’Assemblée nationale) et de José Endundo.

Certes, le nouveau locataire de la Primature n’aurait pas souhaité avoir les chefs des partis au sein de son cabinet, mais quelques-uns sont bien-là, à l’instar de Modeste Bahati (AFDC), Tryphon Kin-Kiey (Parti pour l’Action – PA), Lambert Mende (CCU), Félix Kabange Numbi (ECT), Raymond Tshibanda (ULDC), Banza Mukalayi (UDCO).

 

Dans ce gouvernement, la part belle a été faite au Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD). En plus de sa suprématie sur les finances, le PPRD contrôle aussi certains ministères de souveraineté, notamment l’Intérieur. Ainsi, la «fille ainée de la majorité » s’est taillé la part du lion avec douze postes. En plus de la primature, le PPRD compte en effet huit ministres, un ministre délégué à la primature et deux vice-ministres.

Le Mouvement social pour le renouveau (MSR), deuxième parti de par son poids politique au sein de la majorité, a bénéficié de quatre postes: un vice-premier ministre en charge de la Défense, deux ministres et un vice ministre.

Le Palu, après avoir trôné pendant la première législature à la primature, s’est vu attribuer la vice-primature en charge du budget. Il conserve en outre le ministère des Mines.

L’ARC, malgré ses seize députés et l’AFDC, avec au moins quinze députés, n’ont obtenu qu’un seul ministère chacun. D’autres partis ont également obtenu chacun un ministère. Il s’agit de :

l’ULDC, la CCU, le PA, l’Udeco, le Panu, le PDC, le CAAC, l’ECT, l’UCP et le Nad.

L’ADH et UDCN sont casés aux vice-ministères de la Coopération internationale et de l’EPSP.

Par ailleurs, le ministre de l’Economie et Commerce, Jean Paul Nemoyato, est un membre de la de la Coalition des Démocrates Chrétiens (CDC), un parti de l’opposition piloté par Kiakwama Kia Kiziki. Mais il n’a pas été mandaté par sa hiérarchie pour intégrer le gouvernement Matata. Rémy Musungayi Bampale, ministre de l’Industrie, des Petites et Moyennes entreprises, milite au sein d’un autre parti de l’opposition, l’Alliance pour le développement et la République (ADR) de François Mwamba, ancien secrétaire général du MLC.

 

Dans l’opposition, les critiques commencent à se faire entendre.

Dans l’opposition parlementaire, certains préfèrent voir le programme avant de juger. «Nous les attendons de pied ferme, dit le député Clément Kanku. On a un paquet de questions à poser au Premier ministre». Selon Martin Fayulu, «ce gouvernement est composé de gens dociles qui permettront à Kabila de continuer à faire ce qu’il veut ».

Dans l’opposition extra-parlementaire, l’Union pour la démocratie et le Progrès social (UDPS) a réaffirmé sa volonté de ne pas reconnaître ce gouvernement qu’il qualifie de structure issue des élections marquées par la tricherie, des fraudes massives et beaucoup d’ autres irrégularités.

«Les Congolais ne peuvent rien attendre de ce gouvernement composé de personnes qui n’ont aucune légitimité du fait qu’ils sont issue d’un simulacre d’élections. Un gouvernement qui va encore renforcer la misère du peuple », a déclaré M. Jaquemin Shabani, secrétaire général de l’UDPS. Il a souligné que l’UDPS ne lésinera pas sur les moyens et mènera une série d’actions interne et à l’étranger pour que la vérité des urnes soit finalement connue et que les vrais vainqueurs des ces élections soient rétablis dans leur droit afin qu’ils prennent la gestion des institutions du pays. Le secrétaire général de l’UDPS a souligné la volonté de l’UDPS de ne pas participer aux institutions issues des élections de 2011. « Tous ceux qui se disent de l’UDPS et qui siègent à l’Assemblée nationale sont déjà exclus du parti. Car l’UDPS ne peut en aucun cas cautionner la grande tricherie qui a été organisée par la commission électorale nationale indépendante (CENI) lors des élections de novembre 2011 », a-t-il expliqué.

 

c. Les premières doutes

 

Selon Le Potentiel, un journal publié à Kinshasa, la surprise a été réellement au rendez-vous. Pas d’ouverture à l’Opposition. Même sort aussi pour la plupart des chefs des partis qui n’ont pas su s’imposer. Le Premier ministre s’est finalement entouré de ses hommes, choisis selon ses critères. Ce qui le met sous pression, obligé de gagner le pari pour ne pas donner raison aux exclus qui sont aux aguets.

Matata Ponyo est donc un homme placé sous haute surveillance de tous côtés. D’un côté, les chefs des partis «exclus» l’attendent au tournant pour juger de l’efficacité de ses méthodes et surtout de ses choix. De l’autre, il y a l’Opposition qui n’entend pas baisser les bras. Elle aurait pu calmer le jeu si l’ouverture promise avait été effective. Or, ce n’est pas le cas. Par conséquent, le chef du gouvernement aura toute l’Opposition sur le dos. Matata Ponyo est donc un homme sous pression. En cas d’échec, on pourrait assister au «grand retour» des chefs des partis et des caciques de la Majorité présidentielle. Tous, assoiffés de «revanche».

 

Présenté lui-même comme un technocrate, Augustin Matata avait promis de conduire une équipe composée des hommes et femmes compétents, crédibles, mais surtout présentant un crédit sur le plan moral. En clair, les membres devraient répondre à un critère majeur: la technocratie. Un coup d’oeil sur la liste des membres du nouveau gouvernement, on se rend vite compte que le cabinet Matata est composé, en grande partie, des acteurs politiques qui ont déjà mouillé leurs chemises, soit sous Mobutu, soit sous Laurent-Désiré Kabila, ou encore dans d’autres conditions, comme leur participation au RCD, ancien mouvement politico militaire proche de l’actuel régime rwandais. D’aucuns aimeraient ainsi entendre le Premier ministre définir le qualificatif technocrate selon son entendement.

 

Une autre question était de savoir ce qu’il en serait du «gouvernement parallèle», dit aussi «cercle katangais», après la mort de Katumba Mwanke. Le gouvernement récupèrerait-il le contrôle auparavant perdu au profit d’instances sinon occultes, du moins non officielles? Il semblerait que Matata récupèrera les clés de la caisse, mais son gouvernement est régionalement déséquilibré en faveur du Katanga – 9 sur 36, soit un quart – et, pour l’Est, des « congwandais » – 3 sur 36, soit la moitié des Kivutiens. Cela pourrait faire penser que peut-être c’est le gouvernement « parallèle » qui a avalé le gouvernement «officiel».

 

d. Investiture du nouveau gouvernement à l’Assemblée Nationale

 

Le 7 mai, le Premier ministre Matata Ponyo a présenté le programme de son gouvernement à l’Assemblée nationale. Pour Matata Ponyo, il s’agit d’un programme quinquennal aux fortes orientations économiques et sociales, dont les quatre principaux axes sont:

– La nécessité de construire un Etat efficace

– L’impératif de développer les infrastructures de base

– La redynamisation des principaux secteurs de production

– Le renforcement du capital humain ainsi que l’amélioration des conditions sociales de la population

Pour matérialiser son programme, Matata Ponyo a déclaré: «Je m’engagerai dans la création des emplois décents, la réinsertion socio-économique des jeunes défavorisés, l’amélioration de la desserte en eau potable et l’assainissement, l’accès à l’éducation, l’habitat, la culture ainsi que le sport». Le Premier ministre a aussi indiqué que son équipe œuvrerait pour instaurer une justice efficace en luttant contre la corruption.

Décrivant la situation économique du pays, le Premier ministre a déclaré que plusieurs indicateurs étaient au rouge. Il s’est notamment demandé pourquoi 71% de la population vit avec moins de 1 000 francs (1 USD) par jour, malgré les immenses ressources dont regorge le pays.

Il a aussi regretté que le climat des affaires demeure caractérisé par divers obstacles d’ordre administratif, légal et réglementaire. Evoquant le classement Doing Business sur le climat des affaires, il a déclaré que «la RDC occupe la 178eposition [sur 183 pays] notamment à cause de sa faible capacité à attirer les investissements privés».

Pour le Premier ministre, le secteur privé demeure le moteur de la croissance. Mais il conditionne le soutien de son gouvernement aux opérateurs économiques par «le respect scrupuleux des lois et règlements du pays».

 

Le 9 mai, l’Assemblée Nationale a approuvé le programma de gouvernement présenté par le Premier ministre Augustin Matata Ponyo. Sur 388 députés qui ont pris part au vote, 324 députés ont voté pour, 53 députés ont voté contre, 11 députés ont voté abstention. Certains députés de l’opposition notamment ceux du groupe parlementaire Union pour la Démocratie et le Progrès Social /Forces Acquises au Changement (UDPS/FAC) ont quitté la salle au moment du vote.

 

 

2. PROCESSUS ELECTORAL

 

Le 8 mai, l’ambassadeur de l’Union Européenne en RDC, Jean-Michel Dumond, a exhorté la République démocratique du Congo (RDC) à poursuivre le processus électoral avec l’organisation des élections provinciales et locales. Il a également recommandé la restructuration de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Il a toutefois précisé que la restructuration de la CENI dépend des membres de l’Assemblée nationale.

L’appel au réaménagement et al la restructuration de la Ceni avait aussi été lancé par la société civile de la RDC. Dans une pétition initiée le 18 mars, la coalition de la société civile de la RDC a déjà pu collecter neuf mille signatures à soumettre à l’Assemblée nationale, pour demander la démission des membres du bureau de la Ceni.

 

 

3. DROITS DE L’HOMME

 

Le 2 mai, dans un communiqué publié à l’occasion de la journée internationale de la liberté de la presse célébrée le 3 mai, l’Ong Journaliste En Danger (JED) indique que 64 cas d’atteinte à la liberté de la presse ont été enregistrés sur toute l’étendue de la République démocratique du Congo (RDC) depuis la fin des élections du 28 novembre 2011.

D’après le communiqué de JED, les journalistes et les medias en RDC ont été la cible de plusieurs attaques et autres menaces des agents de l’ordre et des autorités administratives dans l’intention de restreindre la liberté d’expression des professionnels des médias. Parmi les cas avérés des violations de la liberté de la presse, JED cite notamment: l’emprisonnement d’un journaliste au Bas-Congo, l’interpellation de 21 journalistes par divers services de sécurité, cinq cas d’agression des journalistes pendant leur travail et des coupures du signal des radios et chaînes de télévisions.

 

 

4. LA CRISE DE LA R.D.CONGO S’INVITE AU SÉNAT ITALIEN

 

Le 16 mai, une délégation de la communauté congolaise en Italie a été reçue au Sénat pour une audition parlementaire devant la Commission des Droits de l’Homme au Sénat italien. Au cours d’une conférence de presse, M. Pietro Marcenaro, président de la Commission des droits humains, a déclaré que «la question de la République démocratique du Congo (RDCongo), avec ses longues années de violence et ses millions de victimes devrait peser sur la conscience de l’Europe », ajoutant que «malheureusement, il est difficile de construire une opinion publique et un intérêt politique autour du Congo ». Se référant à la situation congolaise, la sénatrice Mme Barbara Contini a souligné que l’Italie et la Communauté Internationale doivent répondre d’une «négligence coupable» qui menace d’altérer l’équilibre de toute la région des Grands Lacs.

C’est une triste situation qui a été exposée devant la commission sénatoriale, une situation caractérisée par un processus électoral marqué par la fraude et les irrégularités et perturbée par de fortes tensions politiques, sociales et militaires. « Dans tout le pays on constate une situation d’insécurité générale. Au Kivu, à l’Est du pays, on continue à tirer et à mourir », a déclaré le porte-parole de la communauté congolaise en Italie, se référant à la nouvelle vague de violence enregistrée depuis début avril, avec la mutinerie du général Bosco Ntaganda et les attaques commises par des d’autres groupes armés.

La cause de ces conflits n’est pas tribale, mais économique. La communauté congolaise en Italie a d’abord rappelé que «la principale cause de la guerre qui, depuis 1996, continue de déchirer le pays, est l’exploitation illégale des matières premières du Congo (or, coltan, cuivre, diamants, tungstène, bois, pour en nommer quelques-unes)» . La RDCongo a le potentiel pour être l’un des pays les plus riches de la planète, et pourtant, aujourd’hui, se classe en 187ème place sur 187 pays dans l’indice de développement humain établi par l’Organisation des Nations Unies.

Nombreuses sont les questions posées par la société civile congolaise au gouvernement italien et à la communauté internationale: pourquoi une vie tuée au Congo ne suscite pas la même indignation et la même condamnation qu’ailleurs? Pourquoi, malgré les rapports de l’ONU qui dénoncent les crimes commis au Congo, la communauté internationale n’a pas encore pris aucune mesure concrète pour traduire en justice les responsables de ces crimes? Que pensent les autorités italiennes et européennes à propos du massacre de 5 à 6 millions de Congolais depuis 1996? Que pensent-elles du principe de responsabilité partagée, selon lequel un pays comme l’Italie ne pourrait pas vendre des armes, ni soutenir financièrement et politiquement, un régime sans se rendre compte de sa coresponsabilité dans les dommages que cette aide pourrait créer? À ces questions et à beaucoup d’autres, la société civile congolaise attend des réponses et des actions concrètes.

 

 

La situation humanitaire s’est détériorée à la suite des affrontements militaires au Kivu.
En trois mois – de janvier à mars 2012 – ce sont 241 000 déplacés qui ont quitté leurs maisons et leurs terres à la recherche d’un refuge. Ils le font pour échapper à la violence qui ravage leurs villages.
Selon le Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies, aujourd’hui les Congolais déplacés dépassent les 2 millions.
Les prix des denrées alimentaires ont doublé: un sac (100 kg) de pommes de terre a augmenté de 30 $ à 50 $, un sac de haricots de 50 à 90 $, un sac de manioc de 30 à 50 $.
Et les salaires sont de 50 à 130 $ par mois … la vie devient trop difficile!
Ceux d’entre nous qui ont eu la possibilité de partager, dans une certaine mesure, les angoisses et les espoirs du peuple congolais, perçoivent la nécessité d’être aujourd’hui proches des amis, des communautés et des populations innocentes et sans défense.

Par conséquent, nous proposons de renouveler notre solidarité et notre engagement pour que les droits fondamentaux de l’homme soient respectés dans le Nord et le Sud-Kivu et que la violence sur les personnes, en particulier sur les enfants et les femmes, cesse définitivement.

À ceux qui croient, nous leur proposons de prier pour ce peuple meurtri par la souffrance.
Au Congo et en Italie, beaucoup de personnes prient le chapelet, en invoquant la Vierge Marie, femme courageuse . Nous pouvons nous unir à eux!
Nous sommes reconnaissants à ceux qui notifient leur adhésion à info@paceperilcongo.it.
Les amis du «Réseau pour la paix au Congo»