Congo Actualité n. 455

«L’ÉTAT DE SIÈGE EN ITURI ET AU NORD KIVU NE SERA LEVÉ QUE QUAND LES CIRCONSTANCES QUI L’ONT MOTIVÉ DISPARAITRONT» (LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE)

SOMMAIRE

1. DEUX DÉCLARATIONS
a. La déclaration du docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018
b. Le rapport du Kivu Security Tracker (KST)
c. D’autres communications
2. LA 8EME PROROGATION DE L’ÉTAT DE SIÈGE
3. QUELQUES UNES DES VIOLENCES ATTRIBUÉES AUX ADF
a. Nord Kivu
b. Ituri

1. DEUX DÉCLARATIONS

a. La déclaration du docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018

Le 9 septembre, dans une déclaration, le docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018,  a déploré la persistance des massacres des populations civiles en Ituri et au Nord-Kivu qui sont pourtant sous état de siège depuis le mois de mai dernier:
«C’est avec effroi que nous avons appris les récentes tueries commises au Nord Kivu et en Ituri.  Alors qu’au moins 19 civils ont été tués le 27 août 2021 dans le Territoire de Beni, au moins 30 civils ont été massacrés par armes blanches et armes contondantes le 3 septembre 2021 dans le Territoire d’Irumu lors attaques attribuées aux miliciens des Forces Démocratiques Alliées (ADF).
Les populations de cette région vivent dans la peur et l’horreur. Leur quotidien est caractérisé par des atrocités qui défient l’imagination et heurtent profondément la conscience humaine : des massacres à grande échelle, des incendies de villages, des pillages et des viols commis avec une extrême violence. Le nombre de civils tués par les ADF approche les 6.000 morts depuis 2013, malgré la présence de la MONUSCO et de la Brigade d’Intervention qui opèrent en appui aux Forces Armées de la RDC sur base du Chapitre VII des Nations Unies qui autorise tous les moyens d’ordre militaire nécessaires pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales.
Cette situation tragique et scandaleuse n’est plus supportable.
Malgré l’état de siège instauré dans les Kivus et en Ituri, la situation sécuritaire ne semble pas s’améliorer dans ces Provinces et la crise humanitaire dramatique que les populations civiles endurent se transforme en une véritable crise de notre humanité.
La situation qui prévaut dans cette région touchée par les conflits armés depuis des décennies est la deuxième crise humanitaire la plus grave au monde quand on prend en compte les 5,2 millions de déplacés que connaît la RDC. En outre, les conflits qui ravagent notre pays depuis 25 ans sont les plus meurtriers depuis la 2e Guerre Mondiale.
Face à l’échec des solutions politiques et sécuritaires, nous sommes convaincus que le chemin de la paix durable passera par le recours à tous les mécanismes de la justice transitionnelle. En effet, à l’instar de n’importe quel peuple, les victimes congolaises et la société congolaise dans son ensemble ont le droit à la vérité, à la justice, à des réparations et à des garanties de non-renouvellement des atrocités.
Nous exhortons le Président de la République à faire preuve de réelle volonté politique pour faire placer la lutte contre l’impunité et le recours à la justice transitionnelle au cœur de la stratégie de sortie de la MONUSCO. Nous l’invitons à solliciter l’adoption d’une résolution du Conseil de Sécurité, pour mettre en place sans tarder une équipe d’enquêteurs intégrée au Bureau Conjoint des Nations Unies pour les Droits de l’Homme, comprenant, entre autres, des experts en anthropologie médico-légale pour exhumer les nombreuses fosses communes à l’Est du pays et collecter et préserver les éléments de preuve d’actes susceptibles de constituer des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des crimes de génocide perpétrés en RDC.
En outre, le temps est venu pour le Chef de l’Etat de concrétiser son engagement à faire adopter une stratégie nationale holistique de justice transitionnelle et à demander de manière expresse aux Nations Unies l’établissement d’un Tribunal Pénal International pour la RDC et le soutien à la mise en place de chambres spécialisées mixtes pour rendre justice aux victimes des crimes les plus graves et mettre fin à la culture de l’impunité qui alimente les conflits dans notre pays depuis les années 1990».[1]

b. Le rapport du Kivu Security Tracker (KST)

Le 15 septembre, dans un communiqué, le Baromètre sécuritaire du Kivu, une initiative conjointe de Human Rights Watch et du Groupe d’étude sur le Congo, a affirmé que, depuis l’entrée en vigueur de l’état de siège, le 6 mai, jusqu’au 10 septembre, divers groupes armés, dont certains restent non-identifiés, ont tué au moins 672 civils et les forces de sécurité congolaises en ont tué 67 autres, dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Ça fait un total de 739 personnes tuées. «Si le gouvernement congolais reconnaît la nécessité de sécuriser davantage les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, l’imposition de l’état de siège n’a pas permis d’y parvenir», a déclaré Thomas Fessy, chercheur principal sur la RD Congo à Human Rights Watch. «Bien que le gouvernement s’efforce de dépeindre ses actions en succès militaires, bon nombre d’habitants de l’est de la RD Congo vivent toujours dans la peur constante du prochain massacre», a-t-il poursuivi.
Nombre de tueries et enlèvements ont été imputés au groupe armé des Forces démocratiques alliées (ADF) dans le territoire de Beni au Nord-Kivu ces dernières années et, plus récemment, dans le territoire voisin d’Irumu, dans la province de l’Ituri.
– Selon des informations crédibles, les troupes congolaises ont récemment utilisé des membres de la communauté Banyabwisha du Nord-Kivu, peu après qu’ils aient déserté les ADF, comme combattants auxiliaires contre les ADF dans la région de Tchabi en Ituri. Les autorités congolaises devraient enquêter de toute urgence sur l’utilisation de forces auxiliaires et démobiliser tout ancien combattant ADF, a déclaré Human Rights Watch.
– L’un des nombreux massacres perpétrés en août met en évidence l’insuffisance de la réponse militaire. Le 2 août, les Forces démocratiques alliées (Allied Democratic Forces, ADF), un groupe armé islamiste dirigé par des Ougandais, auraient tué au moins 16 civils, dont deux femmes, dans le village d’Idohu, situé dans la province de l’Ituri. Une douzaine de soldats de l’armée congolaise se trouvaient dans le village et d’autres étaient stationnés dans un camp militaire à proximité, mais ils n’ont pas empêché l’attaque. «Nous avions eu des informations selon lesquelles ces ennemis [les ADF] étaient en route, mais les soldats du gouvernement ont fui vers leur camp, qui se trouve à environ un kilomètre et ne les ont pas poursuivis. Nous ne comprenons pas comment ils opèrent», a déclaré à Human Rights Watch un activiste basé à Idohu.
– Le gouvernement avait affirmé que l’état de siège visait l’élimination des réseaux militaires corrompus. Suite à une enquête menée par l’Inspecteur général de l’armée, le général Gabriel Amisi, également connu comme « Tango Four », on a arrêté plusieurs officiers qui auraient été impliqués dans des détournements de fonds à travers de fausses fiches de paie pour des effectifs fictifs. Le gouvernement devrait veiller à ce que les individus arrêtés bénéficient d’un jugement équitable et devrait étendre les enquêtes aux officiers supérieurs de l’armée, notamment Amisi, qui font l’objet de sanctions internationales, car impliqués dans de graves abus ou sont soupçonnés de tirer profit d’activités illégales.
– En juillet 2019, le chef des ADF, Seka Baluku, avait prêté allégeance à l’État islamique, qui a revendiqué les attaques perpétrées début août 2021 contre Idohu et Mapipa. Les États-Unis ont désigné les ADF comme étant affiliées à l’État islamique en mars dernier, sous la dénomination de «Daech Iraq et Syrie – République démocratique du Congo». Entre le 13 août et le 8 septembre, une équipe des forces spéciales américaines s’est rendue dans en RD Congo pour «réaliser une évaluation de la future Équipe congolaise de lutte contre le terrorisme dont l’objectif sera de se focaliser sur DAECH-RDC».
Cependant, des experts de l’ONU ont déclaré, en juin 2021, ne pas avoir trouvé de «preuves concluantes d’un commandement et d’un contrôle de l’EI sur les opérations des ADF, ou encore d’un appui direct de l’EI aux ADF sur les plans financier, humain ou matériel». Une approche antiterroriste contre les ADF axée sur l’État islamique risque de passer outre des facteurs à l’œuvre depuis des décennies dans les conflits qui sévissent dans l’est de la RD Congo, notamment les questions liées au pouvoir coutumier, les conflits fonciers, le soutien militaire à certains groupes armés et les guerres par procuration, l’accès aux ressources naturelles, les trafics et l’impunité généralisée pour les crimes graves.
– Alors que les responsables gouvernementaux et les médias ont tendance à attribuer aux ADF la quasi-totalité des attaques perpétrées dans le territoire de Beni, des recherches montrent que d’autres groupes armés et certains éléments de l’armée nationale pourraient avoir été impliqués.
Les autorités congolaises, avec l’assistance de la MONUSCO, devraient adopter des mesures pour rétablir la confiance avec les populations civiles en renforçant notamment les réseaux d’alerte précoce et en consultant les communautés et les organisations de la société civile sur les besoins de protection. Les autorités devraient prendre toutes les mesures possibles pour assurer une protection totale aux civils et à leurs familles, en répondant notamment rapidement à ceux qui les informent courageusement des activités et mouvements des groupes armés. Les unités de l’armée congolaise déployées en opérations devraient être soigneusement assainies pour identifier et suspendre les soldats et officiers soupçonnés d’être impliqués dans des exactions ou de collaborer avec des groupes armés. Pour Thomas Fessy, «le Président Tshisekedi devrait recentrer l’attention sur la protection des civils et une surveillance plus stricte des militaires dans l’est de la RD Congo pour épargner de nouvelles atrocités aux communautés qui souffrent depuis longtemps».[2]

c. D’autres communications

Le 7 septembre, dans une lettre au gouverneur militaire du Nord Kivu, une quarantaine d’associations environnementales et de défense des droits humains ont affirmé que « la majorité des groupes armés actifs dans le Nord-Kivu ont installé leurs bases arrières dans et autour du parc national des Virunga ». Selon ces organisations, braconnage, pêche illicite et exploitation illégale du bois dans et autour de ce parc national rapportent chaque mois des centaines de milliers de dollars aux groupes armés qui sévissent dans la région, Les groupes armés y « exploitent illégalement diverses ressources naturelles pour s’autofinancer ». Il s’agit notamment du braconnage, avec le trafic illicite de l’ivoire, de la fabrication clandestine du charbon de bois et de la pêche illicite, en particulier sur le lac Edouard, Rien que la pêche sur ce lac leur procure au moins 100.000 dollars mensuels, en taxes illégales prélevées sur l’activité des pirogues. En ce qui concerne le commerce du charbon de bois, « en moyenne 40 camions chargés chacun de 150 sacs de charbon de bois entrent dans la ville de Goma chaque jour ». Au prix unitaire de 10 dollars le sac, les sommes perçues atteignent 1,68 million de dollars par mois, Les kidnappings et autres forfaits génèrent des fonds colossaux. Cet argent sert à l’approvisionnement en armes, mais aussi à « corrompre certaines autorités civiles et militaires ». Dans leur lettre, les associations demandent au gouverneur « le démantèlement de ce réseau mafieux hétéroclite, l’interdiction de toute activité commerciale ou trafic illicite impliquant les militaires, les gardes de parcs ou les membres de leurs familles et l’arrêt de tous les intermédiaires ».[3]

Le 10 septembre, lors d’un point de presse à Genève, le porte-parole du Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR), Boris Cheshirkov, a déclaré que, cette année, dans l’est du Pays, surtout dans le Nord-Kivu et l’Ituri, on a enregistré « plus de 1.200 morts parmi les civils, 1.100 viols, 25.000 violations des droits humains et plus d’un million de Congolais déplacés ».
L’HCR appelle donc à des mesures urgentes pour protéger les civils et à davantage de soutien de la communauté internationale: «À moins de quatre mois de la fin de l’année, nous n’avons reçu que 51% des 205 millions de dollars nécessaires en 2021 pour l’opération en RDC».
D’après le dernier décompte du Baromètre sécuritaire du Kivu (KST), depuis janvier, 642 personnes ont été tuées par les Forces Démocratiques Alliées (ADF) au Nord-Kivu et en Ituri.[4]

2. LA 8EME PROROGATION DE L’ÉTAT DE SIÈGE

Le 6 septembre, l’Auditorat militaire de Beni (Nord Kivu) a clôturé l’instruction du dossier de six officiers de l’armée congolaise, arrêtés en juillet dernier à l’issue d’une mission de contrôle de trois jours de l’inspection générale des Forces Armées de la RDCongo (FARDC) dans la région. Ces officiers sont membres de l’Etat-major commandement du secteur opérationnel Sokola 1 Grand Nord et de la 32e brigade des unités de réaction rapide. Ils sont accusés d’avoir surfacturé l’achat des vivres destinés aux militaires déployés dans les opérations contre les Forces Démocratiques Alliées (ADF) et d’avoir gonflé des listes de paie des militaires. Selon des sources judiciaires, le dossier de ces officiers est déjà transmis à l’auditorat supérieur près la cour militaire du Nord-Kivu.[5]

Le 9 septembre, le député Jean-Baptiste Kasekwa a déposé, auprès du président de l’Assemblée nationale, un rapport sur la situation sécuritaire au Nord-Kivu et en Ituri, 4 mois après l’instauration de l’état de siège par le gouvernement congolais. Dans son rapport, il a affirmé que «596 civils ont été tués pendant cette période, soit une moyenne de 5 personnes par jour, avec un pic de 7 personnes tuées par jour au cours du premier mois de l’état de siège. Malheureusement, nous assistons à nouveau à une montée vertigineuse de massacres avec un nombre de 74 civils tués en 10 jours, soit du 27 août au 5 septembre 2021. Comparé à 2018 (914 tués, soit un taux de 3 civils tués par jour), 2019 (1070 civils tués, soit un taux de 3 civils tués par jour), 2020 (1569 civils tués, soit 4 personnes tuées par jour), l’état de siège apparaît paradoxalement comme la période la plus meurtrière du calvaire de Beni, Irumu et Mambasa». Au regard de ce décompte macabre, ce député de l’ECIDé de Martin Fayulu a recommandé que l’état de siège soit recadré et que des stratégies plus efficaces soient appliquées, pour résoudre la question de l’insécurité dans la région.[6]

Le 10 septembre, dans un message transmis à la presse, le vice-président de l’Assemblée Provinciale du Nord-Kivu, en veilleuse, le député provincial Jean-Paul Lumbulumbu, s’est opposé à une huitième prorogation de l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri sans une requalification préalable. Il estime qu’une 8ème prorogation qui ne tient pas compte de la réalité sur terrain, sera perçue comme un «acte de trahison, d’irresponsabilité et de lâcheté» envers les habitants victimes des exactions des groupes armés, qui se sont accentuées pendant l’état de siège.
Le vice-président de l’Assemblée Provinciale du Nord-Kivu, épingle le fait que des civils continuent à être de plus en plus tués dans plusieurs territoires de deux provinces concernées et pense que l’état de siège devrait se limiter seulement dans les territoires de Beni au Nord-Kivu et Irumu en Ituri, où les violences armées perpétrées par les ADF se sont accentuées ces derniers mois. Cette proposition avait été soumise au Premier Ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, lors de l’audience qu’il avait accordé aux députés provinciaux du Nord-Kivu le 24 août dernier pendant son séjour à Beni.[7]

Le 10 septembre, le Gouvernement a adopté le Projet de loi portant autorisation de la 8ème prorogation de l’état de siège en Ituri et au Nord Kivu. Ce projet de loi a été présenté au conseil des ministres par la ministre de la justice et garde des sceaux, Rose Mutombo.[8]

Le 16 septembre, l’Assemblée nationale a adopté le projet de loi portant la huitième autorisation de la prorogation de l’état de siège dans le Nord-Kivu et l’Ituri. 280 sur 281 députés ont voté pour et un seul a voté contre.
Dans l’exposé des motifs, la Ministre d’État en charge de la Justice, Rose Mutumbo, a présenté la situation au 13 septembre dans les termes suivants:
– en Ituri: 26 localités conquises des mains des groupes armés, 21 miliciens rendus, 152 personnes libérées sur les 189 kidnappées, 49 armes récupérées et de nombreux bastions et sanctuaires des forces ennemies démantelés.
– au Nord-Kivu: 37 localités conquises, 2 447 miliciens rendus aux forces loyalistes et 428 armes récupérées, dont 178 lors des opérations militaires.
Le bilan total pour les deux provinces serait de 63 localités reconquises, plus de 2.460 miliciens rendus, près de 450 armes récupérées et plus de 150 personnes libérées.
Selon la ministre Rose Mutumbo, «la prorogation de l’état de siège s’avère nécessaire pour permettre aux forces de défense et de sécurité de parvenir au rétablissement de l’autorité de l’État pour qu’enfin les deux provinces retrouvent la paix et la sécurité».
Toutefois, le député national Jean Baptiste Mohindo s’est opposé à toute prochaine prorogation de l’état de siège, en vigueur depuis le 6 mai dernier, au regard notamment de la paralysie prolongée des institutions provinciales. Pour lui, les opérations militaires peuvent se poursuivre en dehors de l’état de siège. Jean Baptiste Mohindo a affirmé qu’il est inacceptable et contraire à l’article 220 de la Constitution que les institutions provinciales soient paralysées pendant plus de 120 jours. Pour l’élu du Nord-Kivu, l’armée et la MONUSCO peuvent poursuivre les opérations et obtenir la victoire sans forcément être dans l’état de siège.
Par ailleurs, la commission défense et sécurité de l’Assemblée nationale a déjà déposé son rapport des auditions relatives à l’évaluation de l’état de siège en Ituri et au Nord-Kivu. Le président de l’Assemblée nationale a promis que ledit rapport sera soumis au débat lors de l’une des prochaines plénières.[9]

Le 17 septembre, le Sénat a adopté en seconde lecture et unanimement (88/88 sénateurs qui ont participé au vote) le projet de loi portant prorogation de l’état de siège dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu.[10]

Le 18 septembre, le député national Jean-Baptiste Kasekwa a accusé le bureau de l’Assemblée nationale de retarder l’examen du rapport de la commission défense et sécurité sur l’évaluation à mi-parcours de l’état de siège proclamé dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Pour l’élu de Goma, Christophe Mboso ne veut pas que les députés entrent en possession des informations détenue par la Commission Défense et Sécurité sur l’état de siège. Cet élu estime que M. Mboso et le gouvernement travaillent pour que l’état de siège dure le plus longtemps possible.[11]

Le 18 septembre, le Président de la République, Félix Tshisekedi, a promulgué la loi qui prolonge de 15 jours l’état de siège en vigueur depuis le 6 mai dernier dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu.[12]

Le 21 septembre, dans son discours prononcé à la 76e Assemblée générale de l’ONU à New-York, le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi, a indiqué que l’état de siège instauré depuis mai dernier dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu ne sera levé que «quand les circonstances qui l’ont motivé disparaîtront». Il a dressé un bilan largement positif des activités militaires de l’armée congolaise dans le cadre de l’état de siège. Selon lui, il s’agit notamment de:
la neutralisation de plusieurs centaines de miliciens,
la reddition de nombreux éléments de ces groupes armés,
la récupération d’armes et des munitions par les forces armées de la République,
le démantèlement de plusieurs réseaux de trafics illicites d’armes, munitions et minerais,
le démantèlement de plusieurs chaines de ravitaillement des groupes armés dans divers produits,
la récupération de nombreuses localités de l’Est du pays qui étaient jadis coupées par des rebelles,
la libération de nombreux otages autrefois détenus par les groupes armés. dont les ADF,
la réouverture de certaines routes importantes qui était jadis sous le contrôle des forces négatives,
la réduction sensible des incursions contre la population civile.[13]

Le 22 septembre, le député de l’opposition Jean-Baptiste Mohindo a réagi au discours du chef de l’Etat, selon lequel l’état de siège dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu ne sera levé que «quand les circonstances qui l’ont motivé disparaîtront».  Pour cet élu, «aucune disposition constitutionnelle n’autorise au Président de la République de proroger indéfiniment l’état de siège». Il a souligné que, dès l’instauration de l’état de siège, les membres des institutions politiques et administratives provinciales (Gouverneur, députés provinciaux et maires) ont été remplacés par des officiers de l’armée et de la police et que, de cette façon, ilsont été suspendus de leurs fonctions et responsabilités. Pour Jean-Baptiste Mohindo, cette suspension provisoire est semblable au cas de vacance à la Présidence de la République et à celui de  la dissolution de l’assemblée, déjà réglés par la Constitution:  «Les prorogations perpétuelles de l’état de siège entrent en conflits avec l’article 76 de la Constitution, relatif au cas de vacance à la Présidence de la République et avec l’article 197, relatif au cas de la dissolution de l’assemblée. Dans ces deux cas, la Cour constitutionnelle ne peut accorder à la Commission Électorale qu’un délai maximum de 120 jours. En vertu de quoi le Président de la République va-t-il accorder à l’état de siège un délai au-delà de 120 jours?».
L’élu de l’Ituri plaide plutôt pour la mise en place urgente des mécanismes DDRC-S pour encourager les groupes armés congolais à se rendre, ainsi que pour l’intensification des opérations militaires contre les groupes armés étrangers.
Par contre, pour les députés de l’Union sacrée, la prorogation de l’état de siège doit se poursuivre tant que l’insécurité va continuer à prévaloir dans cette partie du pays. Pour le député Jackson Ausse, «il n’y a pas de raison de lever l’état de siège, étant donné que les causes qui ont motivé cette proclamation existent encore. Malheureusement, nous sommes obligés de maintenir la population dans une mesure exceptionnelle, même si la constitution a voulu que les mesures exceptionnelles ne durent pas longtemps».[14]

3. QUELQUES UNES DES VIOLENCES ATTRIBUÉES AUX ADF

a. Nord Kivu

Le 5 septembre, une nouvelle attaque attribuée aux ADF a couté la vie à deux personnes dans le village de Musamambu, situé dans la vallée de Mwalika, en chefferie de Bashu du territoire de Beni. Dans cette attaque, les assaillants ont pris en otage plusieurs autres civils.[15]

Le 10 septembre, au moins quatre personnes ont été tuées à la machette au cours d’une nouvelle attaque des rebelles des Forces Démocratiques Alliées (ADF) à Kitchimba, village situé dans la localité de Kainama, au nord du territoire de Beni. Trois autres personnes ont été grièvement blessées. Les sources locales expliquent que les victimes sont des femmes. Elles ont été surprises et décapitées lorsque elles faisaient la lessive à la rivière Vubake, à un kilomètre d’une position de l’armée. Le responsable de la société civile locale, Jonas Bin Kasumba, a indiqué que l’incident a eu lieu à 10 heures (heure locale), en déplorant que, «malgré les alertes que nous sommes en train de lancer sur le mouvement des rebelles dans la contrée, nous constatons que le gouvernement fait la sourde oreille».[16]

Le 12 septembre, pendant la nuit, des miliciens des Forces Démocratiques Alliées (ADF) ont tué 3 personnes lors d’une attaque menée dans l’agglomération de Kyakolwa, près de Muthendero, en chefferie des Bashu, dans le territoire de Beni.[17]

Le 13 septembre, au moins quatre personnes ont été tuées au cours d’une attaque armée des combattants des Forces démocratiques alliées (ADF) dans le village Nzaka du groupement Isale Kasongwere, en chefferie de Bashu dans le territoire de Beni, au Nord-Kivu.[18]

Le 15 septembre, dans la nuit, au moins cinq personnes, dont un chef coutumier, ont été tuées et plusieurs maisons incendiées, lors d’une incursion attribuée à des présumés miliciens des Forces Démocratiques Alliées (ADF) à Muthendero, situé dans le groupement Isale, chefferie de Bashu, à une vingtaine de kilomètres à l’est de Butembo (Nord-Kivu). D’autres sources parlent de 8 personnes tuées. Selon Timothée Kombi, responsable de la société civile à Isale, l’attaque a débuté autour de 22 heures locales. Les assaillants ont visé deux endroits, notamment Muvuhombwe et Kilahu. Ils ont tué au moins cinq personnes, dont trois surprises à un lieu de deuil, parmi lesquelles Katembo Kamali, le gardien de coutume de la chefferie de Bashu. Dans la foulée, ils ont aussi incendié au moins sept maisons.
«Muthendero est un site important dans la culture locale. D’abord, c’est là où réside le gardien de coutume du clan Basukali (l’un des clans Nande). C’est aussi un site rituel important pour les Yira, c’est-à-dire les Nande de RD Congo et les Konzo de l’Ouganda où l’on pratique des rites pour la fertilité et l’abondance. C’est donc la culture qui est touchée», a expliqué le journaliste-écrivain Christian Muke, auteur du livre «La Nation Yira».
Les attaques rebelles ont pris de l’ampleur dans la chefferie de Bashu. La notabilité locale a fait un décompte de 24 personnes tuées en l’intervalle d’un mois. Depuis le 12 septembre, des milliers de personnes vident plusieurs villages de la chefferie de Bashu suite à la répétition des attaques des rebelles ADF. Il s’agit notamment des villageois de Kilahu, Vuhombe, Muthethero, Kathikali, Shahuma, Kalambi et Vulambo qui se dirigent les uns dans la ville de Butembo et les autres à Kyondo. Ces villages sont peuplés et  peuvent contenir chacun 5000 personnes.[19]

Le 20 septembre, lors d’un point de presse à Beni, Le porte-parole du gouverneur du Nord-Kivu, le général Sylvain Ekenge, a affirmé que l’attaque qui a fait plusieurs morts la semaine dernière au village Mutehendero dans la chefferie de Bashu est l’œuvre des miliciens Maï-Maï. «Cette tuerie serait l’œuvre de combattants Maï-Maï très actifs dans la région et très souvent utilisés comme supplétifs des ADF. L’assaillant neutralisé par les Forces armées de la RDC à Makungwe est reconnu par la population en est une preuve éloquente. Nous croyons à un règlement de compte entre deux familles de la lignée de la famille royale au tour de la gestion et de l’occupation de la colline sacrée de Muthendero. L’assassinat du gardien de la colline, juste avant la rencontre de réconciliation convoquée par le mwami, pose beaucoup d’interrogations. Il en est de même d’autres personnes tuées et des maisons incendiées, qui ont tout simplement été ciblées puisque qu’ils ont un lien direct avec ce conflit. C’est comme si il y a eu recours à un groupe armé pour régler le compte à l’autre partie», a affirmé le général Ekenge.
En effet, deux familles, à savoir la famille Siriwayo et Abdoul, tous descendants de Kalemire, sont en opposition frontale. Le récent différend opposant les deux familles a eu comme pomme de discorde le décès, le 30 juillet dernier, de monsieur Valentin Kasumbakali, de la famille Siriwayo.
Le camp Abdoul Kalemire 3, actuel chef de la chefferie des Bashu, avait interdit l’inhumation du corps de Kasumbakali au cimetière ancestral de Muthendero. En dépit de ce refus, le corps du défunt était mis en terre sur le lieu coutumier, avant de constater les indices de profanation de la tombe au lendemain de l’enterrement.[20]

Le 22 septembre, vers 22 heures, six personnes ont été tuées et plusieurs autres disparues dans une attaque attribuable à des miliciens des Forces Démocratiques Alliées (ADF) à Kamaghando et Kyarutavira, deux villages situés dans les environs de Kabasewa, de la chefferie de Bashu, en territoire de Beni, au Nord Kivu. Quant à lui, le porte-parole des opérations Sokola 1, le capitaine Anthony Mwalushayi, a déclaré que cette attaque des villages Kamaghando et Kyarutavira est l’œuvre de combattants Maï-Maï, mais il n’a pas souhaité donner d’autres détails.[21]

Le 24 septembre, dans la soirée, au moins deux personnes ont été tuées par des hommes armés i dans le village de Kavasewa, dans la chefferie des Bashu, au sud du territoire de Beni (Nord-Kivu). Les victimes revenaient du champ. Le forfait s’est perpétré à moins d’un kilomètre d’une position de l’armée. L’identité des auteurs n’est pas encore connue, mais dans la zone opèrent les miliciens Maï-Maï et les combattants des Forces Démocratiques Alliées (ADF).[22]

Le 24 septembre, le maire intérimaire de la ville de Butembo, le commissaire supérieur Mowa Baeki-Telly Roger, a attesté que «certaines boutiques et taxis-motos des quartiers Wayene, Kamesi Mbonzo et Kimbulu, dans la commune de Bulengera, appartiennent aux ADF». C’était lors d’une rencontre de sensibilisation de la population, dont l’objectif était celui de l’appeler à la vigilance, au regard de sa proximité avec la chefferie de Bashu, où des attaques armées ont été enregistrées ces derniers jours. Il en a profité pour appeler la population à se désolidariser d’avec les ADF.[23]

b. Ituri

Le 7 septembre, au moins 7 personnes ont été tuées dans une attaque attribuée aux combattants des Forces Démocratiques Alliées (ADF) survenue dans le village de Mambumembume, situé dans territoire d’Irumu, à la limite avec la province du Nord-Kivu. Kinos Katuho, responsable de la société civile de Mamove, un village voisin, a affirmé que les assaillants ont fait incursion au marché de ce village à 10 heures, ils ont pillé des biens de la population, exécuté les 7 civils et incendié plusieurs maisons, Il a précisé que les victimes tuées sont originaires du Nord-Kivu.[24]

Le 10 septembre, dans la matinée, on a ouvert de nouveau l’axe routier Komanda – Luna dans le territoire d’Irumu. Une soixantaine de véhicules ont été escortés entre Komanda et Luna par la MONUSCO et les FARDC, signant ainsi la reprise des convois sur ce tronçon routier long d’environ 70 km. Au retour, ce sont 60 gros camions de marchandises et de biens divers que les deux forces ont également escorté entre Luna et Komanda. Les deux convois ont pu parcourir ce trajet sans incident. Le trafic sur ce tronçon avait été suspendu la semaine précédente par les autorités militaires du territoire d’Irumu, à la suite de l’attaque d’un convoi composé de plusieurs centaines de véhicules par des présumés rebelles des ADF. La route nationale numéro 4 (RN4) relie l’Ituri et le  Nord-Kivu. Elle est d’une importance sociale et économique capitales, parce que c’est par là que transitent les marchandises en provenance du Nord-Kivu ou de l’Ituri, notamment des produits de première nécessité tels que du savon, des ustensiles de cuisine, des chaussures, des habits,… et même de la nourriture. Depuis la suspension du trafic sur cet axe par l’administrateur du territoire d’Irumu, des centaines de véhicules étaient bloqués de part et d’autre des deux provinces, sans possibilité de se déplacer. Une situation qui a eu de graves conséquences sur le plan économique, avec rareté et hausse des prix de certains biens et denrées alimentaires.[25]

Le 10 septembre, trois véhicules, 34 maisons et une dizaine de taxi-motos ont été incendiés par des présumés miliciens des ADF à Ndimo, un village situé sur la route nationale numéro 4 (RN4), dans le territoire d’Irumu, en Ituri. Des témoins affirment que c’est vers 17 heures, heure locale que ces présumés ADF ont attaqué le village de Ndimo. Cet incident est survenu après le passage d’un convoi de véhicules en provenance de Luna et escorté par des Casques bleus de la MONUSCO et des militaires congolais. Des sources de la société civile locale indiquent que ces rebelles sont subitement sortis de la forêt, puis ont stoppé des véhicules qu’ils pensaient faire partie du convoi officiel. Ils ont ensuite mis le feu sur trois véhicules, dont un gros camion qui transportait des braises et qui se rendait à Beni au Nord-Kivu. Le porte-parole de l’armée en Ituri, le lieutenant Jules Ngongo. a indiqué que six personnes, dont quatre présumé miliciens ADF, ont été tuées au cours d’affrontements entre l’armée et les assaillants après l’attaque.[26]

Le 13 septembre, dans l’après-midi, une nouvelle attaque de miliciens des ADF a été signalée dans la localité de Mahala, sur le tronçon Komanda-Luna, dans le territoire d’Irumu, en Ituri. Selon la société civile locale, deux véhicules sont tombés dans une embuscade tendue par ce groupe armé après le départ du convoi escorté par la MONUSCO et les FARDC. Le bilan provisoire fait état de deux véhicules incendiés et tous les passagers portés disparus. Selon certaines sources, trois personnes ont été tuées. Plusieurs véhicules qui étaient stationnés à Komanda avaient quitté cette localité le matin dans un convoi escorté par la MONUSCO et des FARDC à destination de Luna. D’autres véhicules, en retard, sont arrivés après le départ du convoi. Parmi eux, se trouvaient une voiture et un camion, qui se sont engagés l’après-midi sur cette route et sans escorte, rapporte la société civile d’Irumu, qui demande aux conducteurs de ne pas s’engager sur cette route sans escorte.[27]

Le 13 septembre, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont annoncé la libération de 8 personnes (7 Congolais et 1 étranger) récemment prises en otage par les miliciens des Forces Démocratiques Alliées (ADF) sur l’axe routier Luna-Komanda. Leur libération a eu lieu dans l’agglomération de Otomabere, en territoire d’Irumu.[28]

Le 18 septembre, au cours d’une mission effectuée dans le territoire d’Irumu, une délégation de la MONUSCO a pu constater que environ quinze localités situées sur le tronçon Loya-Mambelenga, sont vidées de leurs habitants. Seuls les militaires des Forces armées de la RDC (FARDC) sont visibles dans cette région. Tous les habitants des localités de Loya, Sokotano, Mafifi, Sesa,Ofay, Idohu, Ndimo jusqu’à Membelenga ont abandonné leurs maisons et activités à la suite des exactions des rebelles des ADF. La délégation a pu constater que, lors des incursions de ces miliciens, des maisons et des véhicules ont été incendiés et plusieurs boutiques pillées. Les usagers de cette route craignent désormais de s’engager sur ce tronçon routier d’environ 50 km, sans escorte des Forces congolaises et de la MONUSCO.[29]

Le 23 septembre, pendant la nuit, au-moins 5 personnes ont été tuées par des présumés miliciens des Forces Démocratiques Alliées (ADF). Ces nouvelles violences ont eu lieu dans les quartier Bogi et Kipe Yayo, en pleine cité de Komanda, située dans le territoire d’Irumu en province de l’Ituri.
L’attaque a débuté peu avant 19h00 locales et il s’est prolongé jusqu’à 3h00 du matin, Selon la Croix Rouge, parmi les victimes il y a quatre civils (trois femmes et un homme) ainsi qu’un miliciens des ADF. Une autre personne a été grièvement blessée à la machette. Cinq autres personnes, dont un secouriste, ont été enlevées et emmenées dans la brousse.
Selon le président de la société civile de Komanda, Daniel Herabo, «l’alerte avait été donnée à partir de 15H00 par un otage qui s’était échappé des mains des ADF. Il avait bien dit que ces derniers étaient dans la chefferie, mais aucune mesures n’a été prise».
Le coordonnateur de l’ONG Convention pour le Respect des Droits Humains (CRDH), Christophe Munyanderu, a déploré lui aussi la négligence des autorités militaires face aux alertes de la population avant cette incursion: «Nous trouvons que les autorités nous ont abandonné, parce que nous alertons sur la présence de l’ennemi, mais il n y a pas de réaction immédiate».
Selon le Gouverneur militaire de l’Ituri, le Général Luboya N’kashama, «les assaillants ADF, malheureusement associés à des nationaux, voulaient s’attaquer à des véhicules bloqués à Komanda, à cause du mauvais état de la route et de l’insécurité».
Une grande partie de la population de Komanda centre a vidé le lieu pour se diriger les uns vers Mambasa et les autres vers Bunia.[30]

[1] Cf https://panzifoundation.org/declaration-du-dr-mukwege-sur-les-recents-massacres-en-ituri-et-au-nord-kivu-09-08-2021/
[2] Cf Radio Okapi, 16.09.’21; Lire le rapport ici: https://www.hrw.org/fr/news/2021/09/15/rd-congo-les-massacres-se-poursuivent-en-depit-de-letat-de-siege#
[3] Cf AFP – Actualité.cd, 07.09.’21
[4] Cf AFP – Radio Okapi, 10.09.’21
[5] Cf Radio Okapi, 06.09.’21
[6] Cf Isaac Kisatiro – 7sur7.cd, 09.09.’21
[7] Cf Glody Murhabazi – 7sur7.cd, 12.09.’21
[8] Cf Moise Dianyishayi – 7sur7.cd, 11.09.’21
[9] Cf Radio Okapi, 17.09.’21; Christian Okende – Politico.cd, 16.09.’21
[10] Cf Clément Muamba – Actualité.cd, 17.09.’21
[11] Cf Clément Muamba – Actualité.cd, 17.09.’21
[12] Cf Clément Muamba – Actualité.cd, 18.09.’21
[13] Cf Radio Okapi, 21.09.’21
[14] Cf Radio Okapi, 22.09.’21
[15] Cf Radio Okapi, 06.09.’21
[16] Cf Yassin Kombi – Actualité.cd, 10.09.’21
[17] Cf Joël Kaseso – 7su7.cd, 13.09.’21
[18] Cf Actualité.cd, 13.09.’21
[19] Cf Yassin Kombi et Claude Sengenya – Actualité.cd, 16.09.’21
[20] Cf Radio Okapi, 20.09.’21; Yassin Kombi – Actualité.cd, 20.09.’21
[21] Cf Radio Okapi, 24.09’21
[22] Cf Yassin Kombi – Actualité.cd, 25.09.’21
[23] Cf Radio Okapi, 26.09.’21
[24] Cf Yassin Kombi – Actualité.cd, 08.09.’21
[25] Cf Radio Okapi, 10.09.’21
[26] Cf Radio Okapi, 11 et 12.09.’21
[27] Cf Radio Okapi, 14.09.’21
[28] Cf Joël Kaseso – 7sur7.cd, 13,09.’21
[29] Cf Radio Okapi, 20.09.’21
[30] Cf Radio Okapi, 24.09.’21; Patrick Maki – Actualité.cd, 24.09.’21; Azarias Mokonzi – Politico.cd, 24.09.’21