Congo Actualité n. 453

L’ÉTAT DE SIÈGE DANS LES TERRITOIRES DE IRUMU (ITURI) ET DE BENI (NORD KIVU):
DE MAL EN PIS,
AU MOINS JUSQU’AUJOURD’HUI!

SOMMAIRE

1. LA 7ème PROROGATION DE L’ÉTAT DE SIÈGE EN ITURI ET AU NORD KIVU
2. LA PERSISTANCE DES VIOLENCES
a. Ituri
b. Nord Kivu

1. LA 7ème PROROGATION DE L’ÉTAT DE SIÈGE EN ITURI ET AU NORD KIVU

Le 24 août, les députés provinciaux du Nord-Kivu ont proposé au Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde de bien vouloir requalifier l’état de siège en état d’urgence sécuritaire: «Nous avons émis le vœu de voir l’état de siège être recadré, en le limitant aux zones les plus meurtrières, c’est-à-dire la ville de Beni et le territoire de Beni et en décrétant l’état d’urgence sécuritaire avec la nomination d’un chargé des opérations».
A en croire Robert Seninga, président de l’assemblée provinciale du Nord-Kivu, avec l’état de siège, les autorités militaires sont partagées entre la gestion des questions sociales, économiques et militaires, alors qu’elles devraient se concentrer sur les opérations militaires uniquement, car «ce que la population attende le plus est la sécurité des personnes et de leurs biens».
Selon le député Jean Paul Lumbulumbu, «cette proposition a l’avantage de pouvoir permettre à ce que les efforts militaires puissent être focalisés essentiellement là où il y a un sérieux problème d’insécurité, car il ne faudrait pas confondre l’insécurité de Beni avec la criminalité urbaine de Goma. La manière dont on doit résoudre l’insécurité des ADF à Beni n’est pas la même pour résoudre la criminalité urbaine de Goma, Butembo et dans d’autres milieux».[1]

Alors que deux provinces de l’est de la RDC, l’Ituri et le Nord-Kivu, sont officiellement en état de siège, et qu’une troisième, le Sud-Kivu, est agitée de troubles violents, la haute hiérarchie militaire a mené une enquête sur le total des effectifs des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) dans ces trois provinces. Selon les résultats de cet audit, seuls 8.962 des 11.905 soldats officiellement déployés en Ituri sont effectivement présents sur place et engagés dans les diverses opérations contre les groupes armés actifs dans la région. Au Nord-Kivu, l’effectif annoncé de 9.393 soldats a dû, lui aussi, être nettement revu à la baisse, puisque seuls 7.873 membres des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) sont sur le terrain. Dans le Sud-Kivu, province également en proie aux actions des groupes armés, l’écart serait encore plus grand: sur 20.717 soldats officiellement déployés dans la province, seuls 16.717 ont pu être effectivement comptabilisés. On a donc remarqué que la différence entre le total des soldats officiellement déployés (42.015) et de ceux qui sont effectivement présents sur place (33.552)  est de 8.463 unités (2.943 en Ituri, 1.520 au Nord Kivu et 4.000 au Sud Kivu). Ces différences s’expliquent d’abord par les soldats décédés mais non déclarés, dont certains camarades – voire officiers – toucheraient toujours la solde (656 au Nord-Kivu, 1.142 au Sud-Kivu et 1.116 en Ituri). A ces chiffres, il faut ajouter les déserteurs, qui souvent ne sont pas comptabilisés, car leur départ n’a fait l’objet d’aucun procès-verbal.
Enfin, au niveau national, il y a aussi la question des officiers qui ont déjà dépassé l’âge de la retraite, mais qui sont toujours en poste. Il s’agirait de 19 généraux, 331 officiers supérieurs, 630 officiers subalternes et 1.817 sous-officiers. Plusieurs conseillers du Président Félix Tshisekedi considèrent qu’il est urgent que ces officiers quittent le service actif, afin de promouvoir des militaires plus jeunes, ce qui permettrait au ministère de la défense de faire des économies considérables en soldes indûment versées.[2]

Le 27 août, le Gouvernement a adopté le Projet de Loi autorisant la prorogation de l’état de siège en Ituri et au Nord-Kivu. Le gouvernement considère qu’il y a encore du chemin à parcourir pour parvenir au rétablissement total de la paix dans ces deux provinces de l’est du Pays.[3]

Le 30 août, l’Assemblée Nationale a adopté, en première lecture, le projet de loi portant prorogation de l’état de siège dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Sur 287 députés nationaux votants, 283 députés ont voté oui, 2 contre et 2 se sont abstenus. Cette prorogation sera la septième consécutive depuis la proclamation de l’état de siège dans les provinces concernées. Elle prendra effet à dater du 03 septembre prochain pour 15 jours. Ce texte adopté sera transmis au Sénat pour seconde lecture. Après, il sera transmis au président de la République pour promulgation.[4]

Le 1er septembre, au cours d’une plénière tenue par visioconférence pour des raisons de la pandémie de la Covid-19, le Sénat a adopté en seconde lecture le projet de loi portant prorogation de l’état de siège dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Sur 109 membres qui composent le Sénat, 82 membres ont pris part au vote et tous ont voté oui.[5]

Le 3 septembre, l’Association culturelle Kyaghanda Yira de Butembo s’est dite favorable à l’auto-prise en charge et à la défense populaire proposées par le regroupement d’Associations et de Mouvements citoyens des provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri en cette période de l’état de siège. Gédéon Kasereka Mwasasi, président de KYAGHANDA YIRA Butembo a appelé la population à se désolidariser d’avec l’ennemi et demandé au gouvernement de prendre ses responsabilités dans le cadre de la paix et la sécurité à l’Est du pays. Dans leur communiqué rendu public jeudi dernier, ces associations et mouvements citoyens réclament non seulement le relèvement des troupes issues du mixage et du brassage mais aussi et surtout l’identification et le rapatriement des sujets qui se réclament des Banyabwisha dans leur milieu d’origine.[6]

Le 6 septembre, l’auditorat militaire de Beni a clôturé l’instruction du dossier de six officiers de l’armée congolaise arrêtés en juillet dernier à l’issue d’une mission de contrôle de trois jours de l’inspection générale des FARDC dans la région. Ces officiers sont membres de l’Etat-major commandement du secteur opérationnel Sokola 1 Grand Nord et de la 32e brigade des unités de réaction rapide. Ils sont accusés d’avoir surfacturé l’achat des vivres destinés aux militaires déployés dans les opérations contre les ADF et d’avoir gonflé des listes de paie des militaires. Le dossier de ces officiers est déjà transmis à l’auditorat supérieur près la cour militaire du Nord-Kivu.[7]

2. LA PERSISTANCE DES VIOLENCES

a. Ituri

Le 13 août, la Police Nationale Congolaise (PNC) a présenté aux autorités provinciales de l’Ituri, 8 présumés criminels opérant en ville de Bunia et environs. Selon le commandant provincial de la PNC en Ituri, le commissaire divisionnaire adjoint Ngoy Sengelwa Séguin, ces malfrats, présumés auteurs de plusieurs exactions sur la population civile parmi lesquelles des meurtres, vols à mains armées, viols, kidnappings et autres, ont été appréhendés par les forces de défense et de sécurité. Ils sont poursuivis notamment pour le meurtre d’un conducteur de taxi-moto au quartier Hoho en ville de Bunia, dans la nuit du 02 au 03 août, mais aussi pour « l’extermination de toute une famille » dans le même quartier, la nuit du 10 août. Le vice-gouverneur de province, le commissaire divisionnaire Alonga Bony Benjamin, a appelé la population à continuer à collaborer avec les services de sécurité et de défense, pour dénicher d’autres criminels.[8]

Le 17 août, vers 4 heures du matin, des miliciens de la Coopérative pour le Développement du Congo (CODECO) ont attaqué la localité d’Itendeyi, secteur de Banyali-Kilo, territoire de Djugu, dans la province de l’Ituri. Ils ont incendié l’hôpital général de référence de Kilo, la maison des missionnaires et plusieurs maisons. Une femme a été tuée et un jeune garçon âgé de 14 ans blessé. Dans un communiqué de presse, le porte-parole des opérations militaires en Ituri, le lieutenant Jules Ngongo, a affirmé que, au cours d’une offensive menée contre ces assaillants, l’armée en a tué 10 et que 3 éléments de l’armée régulière sont morts sur le champ de bataille. Il a ajouté que des hélicoptères de l’armée ont appuyé les éléments au sol avec l’appui feu sur  Gutsi et Liseyi, zones de retranchement des ces ennemis après leur défaite de Itendey.[9]

Le 19 août, le porte-parole de l’armée dans la province de Ituri, le lieutenant Jules Ngongo, a annoncé que, vers 5:00 du matin, des miliciens ADF ont attaqué une position des FARDC à Malaya, une localité située près de Boga, dans le territoire d’Irumu, en province de l’Ituri. Dans leur riposte, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont tué 8 miliciens ADF, mais un des leurs soldats aussi a perdu sa vie.[10]

Le 20 août, le porte-parole de l’armée en Ituri a annoncé que l’armée a récupéré sept villages des mains des miliciens de la CODECO dans le secteur de Banyali-Kilo en territoire de Djugu. Les villages passés sous le contrôle des FARDC sont Itendey, Gbado, Mayolo, Lisey, Libéria, Sakoko et Samangoli. Il a aussi précisé que cinq miliciens ont été tués et une arme de type AK47 abandonnée par les miliciens a été récupérée.[11]

Le 22 août, pendant la nuit, des hommes armés non autrement identifiés ont tué 5 civils à Balingina-Fichama, une localité du groupement Bokutso, dans la chefferie de Walese-Vonkutu, en territoire d’Irumu, province de l’Ituri.[12]

Le 29 août,  des présumés miliciens des Forces Démocratiques Alliées (ADF) ont attaqué le village de Ndimo, dans la chefferie de Walese Vonkutu du territoire d’Irumu (Ituri). Les assaillants ont pris en otage plusieurs personnes, dont des hommes, des femmes et des enfants. Arrivés en brousse, à plus de 3 km du village, les miliciens ont libéré les hommes, les femmes et quelques petits enfants, mais ont retenu 11 enfants de 9 à 17 ans, dont cinq filles. Cette fois, ces présumés ADF n’ont pas fait de victimes mais, selon certaines sources, ils ont enlevé ces enfants pour les former à devenir des combattants.[13]

Le 31 août, la Convention pour les Respect des Droits Humains (CRDH), antenne d’Irumu, a annoncé que des hommes armés assimilés aux rebelles ADF ont installé de nouvelles positions dans 3 villages abandonnés par les civils, Il s’agit de Masangalo, Mapipa et Belu, situés dans le groupement Badibongo-Siya, en territoire d’Irumu, dans la province de l’Ituri.[14]

Le 1er septembre, vers 10H00 du matin, des présumés combattants des Forces Démocratiques Alliées (ADF) ont attaqué un convoi de véhicules de commerçants à Ofaye, un village situé entre Komanda et Luna, sur la RN 27 en territoire d’Irumu (Ituri). Plusieurs sources parlent de 13 passagers tués, 10 blessés et 80 portés disparus. Au moins 16 véhicules (14 voitures et 2 camions) ont été incendiés. Ces véhicules faisaient partie d’un convoi sécurisé par l’armée congolaise et la Mission de l’ONU (MONUSCO). Une mesure instaurée il y a peu, en vue d’éviter les attaques armées des ADF contre les usagers de la RN27. Selon certaines sources, il s’agissait d’un convoi long d’environ deux kilomètres et composé de voitures, camions et motos, mais il n’était escorté que par trois véhicules de la MONUSCO et un de l’Armée.
Le président de la société civile de Komanda, Daniel Herabo, a précisé que «le convoi avait quitté Komanda pour se rendre au Nord-Kivu. Les militaires étaient derrière les véhicules, mais malheureusement au niveau de Ofaye, les ADF ont attaqué».
Le porte-parole de l’armée en Ituri, le Lieutenant Jules Ngongo, a avancé un bilan provisoire de 4 morts parmi les passagers, un militaire porté disparu et 16 véhicules brûlés. Il a affirmé que 80 passagers étaient portés disparus ou pris en otage et que 60 d’entre eux ont été retrouvés. grâce aux efforts des militaire des FARDC et de la MONUSCO qui ont poursuivi les assaillants. D’après le lieutenant Jules Ngongo Tshikudi, le mauvais état de la route et le non respect des consignes (la sortie du convoi avant l’heure fixée par les autorités), sont à la base de cette attaque.
Le président de la société civile de l’Ituri, Dieudonné Lossa, a appelé les autorités à prendre au sérieux les questions sécuritaires de l’Ituri: «La situation ici sur place est différente de ce qui se dit à Kinshasa dans les bureaux. Nous avons toujours dit que ces groupes armés sont bien localisés et nous avons toujours recommandé qu’on puisse les traquer. C’est depuis quatre mois que nous sommes sous l’état de siège, mais la population de l’Ituri se voit encore une fois abandonnée et sacrifiée. Si on ne parvient pas à frapper ces groupes armés et si on continue à les dorloter, nous ne voyons pas la raison d’être de l’état de siège».
Cette nouvelle violence intervient alors que les autorités rapportent une amélioration de la situation sécuritaire dans la région, fruit d’après elles, de l’état de siège en vigueur au Nord-Kivu et en Ituri depuis mai dernier.[15]

Le 2 septembre, dans une interview, le gouverneur de l’Ituri, le lieutenant général Johny Nkashama Luboya, a affirmé que le non-respect de l’alignement des véhicules dans le convoi par les chauffeurs est l’une des causes de l’attaque des ADF à Ofaye, sur l’axe Komanda-Luna de la route nationale numéro 4, dans le territoire d’Irumu. Pour le gouverneur militaire, certains conducteurs profitent du départ de l’escorte pour s’aligner derrière le convoi, sans tenir compte du fait que l’escorte a été préalablement organisée sur la base d’un nombre déterminé de véhicules retenus avant le départ du convoi. Ce comportement des conducteurs facilite les attaques des assaillants: «Lorsque les chauffeurs des véhicules voient les militaires des FARDC avec les Casques bleus de la MONUSCO, ils suivent derrières, de sorte que la colonne devient vulnérable parce qu’elle est sur 4 à 5 kilomètres et les assaillants peuvent attaquer au milieu et c’est ce qui s’est passé à Ofaye». Il a par conséquent demandé aux conducteurs de «patienter, car l’escorte comporte un nombre bien fixe à respecter».[16]

Le 2 septembre, dans l’après midi, des milicien des Forces Démocratiques Alliées (ADF) ont tendu une autre embuscade aux usagers de la route Luna-Komanda, à Ndalya, une entité située dans le territoire d’Irumu, en Ituri. Selon Christophe Munyanderu, coordonnateur de l’ONG-DH Convention pour le Respect des Droits Humains (CRDH) antenne d’Irumu, les assaillants ont tué deux personnes et incendié deux motos. Ces deux personnes provenaient du marché d’Otomaber en Ituri en direction de Beni, au Nord Kivu.[17]

Le 3 septembre, pendant l’après-midi, au moins 33 personnes ont été tuées par des présumés miliciens ADF, sur les collines de Tsani-Tsani et Mapasana, dans la localité Luna-Samboko, en territoire d’Irumu, dans la province de l’Ituri, à proximité de la province du Nord-Kivu. Parmi les victimes tuées, on a trouvé des déplacés venus de Eringeti et d’Oicha (Territoire de Beni / Nord Kivu) qui effectuaient des activités champêtres dans ce village. Le chef de la localité Luna-Samboko, Adidas Mupika, a appelé les autorités de l’état de siège à aller en offensive contre l’ennemi qui a installé des bâches dans l’agglomération.[18]

Le 4 septembre, pendant la nuit, 4 civils ont été tués à Ndalya, un village se trouvant sur l’axe routier Beni-Bunia, en chefferie de Walese Vonkutu, en territoire d’Irumu, dans la province de l’Ituri. D’après la Convention pour le Respect des Droits Humains (CRDH), il s’agit de personnes abattues lors d’un déplacement de miliciens ADF dans cette contrée.[19]

Le 4 septembre, dans un communiqué de presse, l’administrateur militaire du territoire d’Irumu, le colonel Jean Siro Simba, a annoncé que le trafic entre Komanda et Luna, dans le sud du territoire d’Irumu (Ituri), sur la route nationale numéro 4, est officiellement suspendu. La décision a été prise par le comité territorial de sécurité tenu le jour antérieur, le 3 septembre, à Komanda, à 75 km de Bunia. Les autorités locales justifient cette décision par la dégradation de la situation sécuritaire sur ce tronçon où des ADF ont multiplié les attaques contre les civils et l’armée. Des opérations militaires sont planifiées dans la zone pour rétablir l’autorité de l’État, souligne l’administrateur militaire du territoire d’Irumu. Pour lui, la neutralisation des ADF et de leurs collaborateurs reste la priorité.[20]

– Deux rapports.

Le bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) a dressé un bilan catastrophique de la situation humanitaire dans la province de l’Ituri entre janvier et juillet 2021. OCHA indique que cette entité comprend 2,8 millions de personnes affectées par l’insécurité alimentaire aiguë et plus de 1,7 millions de déplacés internes, dont 14% dans les sites et 86% en famille d’accueil dans les territoires de Djugu, Irumu, Mahagi, Mambasa et Aru. Ceci se justifie notamment par la recrudescence de l’insécurité dans les territoires de Djugu et Irumu depuis le mois de mai. Dans son rapport chiffré, OCHA notifie plus de 100.000 cas de malnutrition aiguë sévère chez les enfants de moins de 5 ans.  OCHA affirme qu’au moins 48.000 femmes enceintes risquent d’accoucher en situation de déplacement, Le document mentionne également que 28 structures de santé ont été détruites ou endommagées et que 265 écoles ont subi le même sort affectant près de 70.000 élèves. OCHA épingle que des infrastructures citées, 65%  sont totalement détruites, 27% partiellement détruites, 6% mobilier et matériel pillés et 2% sont sous occupations des groupes armés et ce, à Djugu (47%), Irumu (28%), Mahagi (22%) et Mambasa (4%).
Ce département du secrétariat général de l’ONU a documenté 13.509 cas de violation des droits humains (droits à la vie, à la propriété, à l’intégrité physique, à la liberté) et de violences sexuelles.
Selon OCHA, 1,2 millions de personnes ont besoin d’une prise en charge sanitaire, 1,1 millions de personnes ont besoin d’eau, hygiène et assainissement, 1,1 millions de personnes sont sans abris, 746.000 personnes manquent des articles ménagers essentiels, 590.000 sont malnutris et 565.000 personnes ont besoin d’éducation.[21]

Le 23 août, à Bunia (Ituri), la société civile d’Irumu a publié un rapport selon lequel, dans la province de l’Ituri, quatre cent cinquante (450) civils ont été tués et plusieurs maisons incendiées, entre janvier et juillet 2021. Environ trois cents personnes ont été tuées par les Forces Démocratiques alliées (ADF) dans les chefferies de Tchabi, Boga et Walese Vonkutu, sur la route nationale numéro 4 (RN4), au Sud du territoire d’Irumu. La plupart des victimes ont été massacrées dans leurs champs alors que d’autres l’ont été, à leurs domiciles. Selon ce même rapport, d’autres civils encore, ont été exécutés dans la brousse par leurs ravisseurs sur la RN 4 pendant leur déplacement. Selon le rapport, les autres cent cinquante (150) civils tués, l’ont été par des combattants des groupes armés nationaux.[22]

b. Nord Kivu

Le 14 août, quatre personnes ont été tuées, une blessée et trois autres portées disparues lors d’une nouvelle attaque des rebelles ADF à Kaumo, une localité du groupement Banande-Kainama, en territoire de Beni, au Nord-Kivu.[23]

Le 16 août, le porte-parole du gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu, le général de brigade Sylvain Ekenge, a révélé que «à Kangbayi, la prison centrale de Beni, sur 72 miliciens ADF qui s’y trouvent, 59 sont originaires de Beni et de Butembo. Il y en a d’autres qu’on a déjà envoyés à Kinshasa, il y en a d’autres que nous gardons encore pour des raisons d’investigation. Aujourd’hui, nous avons entre nos mains 100 ADF. Parmi les 100, 90% sont originaires du territoire de Beni et de la ville de Butembo».[24]

Le 16 août, le porte-parole du secteur opérationnel Sokola 1 Grand Nord-Kivu, le major Guillaume Njike Kaiko, a révélé que, depuis l’instauration de l’état de siège en mai dernier, dans le territoire de Masisi (Nord Kivu), plus de 600 miliciens Maï-Maï se sont rendus et que près de 400 armes ont été déjà été récupérées par l’armée.[25]

Le 19 août, le porte-parole des opérations Sokola 1 à Beni, le lieutenant Anthony Mualushayi, a annoncé que, avec l’appui des troupes de la MONUSCO, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont conquis mercredi 18 août un bastion stratégique des combattants des Forces Démocratiques Alliées (ADF), situé à proximité du confluent des rivières Semuliki et Talya, en territoire de Beni (Nord-Kivu). Selon l’armée, c’est à partir de ce bastion que les ADF lançaient des embuscades contre les véhicules des commerçants sur la route Beni-Kasindi.[26]

Le 19 août, pendant la nuit, au moins dix personnes ont été tuées dans une nouvelle attaque attribuée au combattants des Forces Démocratiques Alliées (ADF) à Katanda, un village de la chefferie des Bashu, en territoire de Beni (Nord-Kivu). Ils ont attaqué le village de 22h à 3h, enlevé plusieurs personnes et incendié plusieurs maisons. 15 personnes qui avaient été kidnappées, ont été relâchées par les assaillants, suite à l’offensive lancée par l’armée dans la région aux heures matinales du 20 août. Selon le député  provincial Saidi Balikwisha, cette attaque constitue une des représailles des ADF après qu’elles ont été délogées de la vallée de Mwalika, un de leurs bastions conquis par l’armée.[27]

Le 18 août, des habitants de Beni (Nord Kivu) ont affirmé que, dans cette ville, la criminalité urbaine a refait surface ces dernières semaines. Selon eux, la commune la plus touchée par cette insécurité est celle de Mulekera. Des bandits, munis d’armes blanches et à feu s’introduisent souvent dans des maisons pour cambrioler les biens (argent et biens de valeur) des paisibles citoyens, malgré le couvre-feu. Comme auteurs de ces actes délictueux, les victimes ont cité certains hommes en tenue militaire et porteurs d’armes.[28]

Le 18 août, un membre de la société civile locale, Emile Muhombo, a indiqué que, dans la région de Nyabiondo dans le territoire de Masisi dans le Nord-Kivu, la situation sécuritaire continue à se détériorer. Il a affirmé que, dans les localités de Loashi, Bukombo, Nyabiondo et dans le groupement Bashali Mokoto, il y a six sites de déplacés qui abritent environ cinq mille personnes, qui vivent dans des conditions inhumaines. Il a rapporté que des pillages, des tracasseries aux barrières, des arrestations arbitraires et des détentions illégales commises par les groupes armés contre la population locale, ont contraint celle-ci à l’errance et empêche le déroulement de ses activités. Les groupes armés Nyatura et APCLS, actifs dans la région, mais aussi certains éléments incontrôlés des forces de sécurité sont pointes du doigt pour ces bavures.
Le député Kihangi Prince, élu de Walikale, avait déjà alerté sur ces tracasseries et l’existence de plusieurs barrières érigées illégalement par les groupes armés et quelques éléments incontrôlés de l’armée. Selon ce député, sur l’axe Masisi – Walikale, tout passant est obligé de débourser un total de 6.000 francs congolais (3 USD) à cause des différentes barrières érigées par les groupes armés NDC-R de Bwira, l’APCLS de Janvier Kalahiri et par quelques militaires incontrôlés des FARDC. Ces derniers opèrent sur deux axes principaux : Nyabiondo – Mutongo et Nyabiondo – Kashebere.[29]

Le 27 août, 19 personnes ont été tuées dans une attaque de présumés combattants des Forces Démocratiques Alliées (ADF)  au village de Kasanzi. en secteur de Ruwenzori, au sud du territoire de Beni (Nord-Kivu). Certaines victimes ont été tuées dans leurs champs et d’autres sur le chemin de retour. Une dizaine de maisons a été incendiée [30]

Le 28 août, dans la soirée, des hommes armés non identifiés ont attaqué et incendié une position de la police dans le village de Kekelibo, localité située à 2 kilomètres au Nord-ouest de la cité d’Oicha (territoire de Beni) dans la province du Nord-Kivu. Trois personne ont été tuées lors des accrochages entre les assaillants et les policiers. Le porte-parole militaire dans la région attribue cette attaque aux miliciens Maï-Maï Kyandenga actifs à l’ouest d’Oicha.[31]

Le 31 août, dans l’après-midi, au moins trois civils, tous des hommes, ont été tués à coup de machette par des présumés combattants des Forces Démocratiques Alliées (ADF), dans le village de Makulu, à 3 kilomètres, au sud-ouest de la localité de Mayimoya (territoire de Beni) au Nord-Kivu. Une personne est portée disparue. Patrick Musubao, président de la société civile de Mayimoya, a indiqué que, «vers 9H00, nous avons alerté l’armée sur la présence des assaillants à l’ouest de Mayimoya et les militaires nous ont dit qu’il y avait leurs éléments dans cette partie. Malheureusement dans l’après-midi on a rapporté les morts là-bas. Nous regrettons le fait que l’armée n’ait pas pris en compte notre alerte».[32]

Le 2 septembre, dans la soirée, deux civils, un père de famille et son fils, ont été tués par des hommes armés non identifiés dans le village de Mangazi, à 7 kilomètres de la localité de Mamove (territoire de Beni), au Nord-Kivu. Les victimes ont été tuées par balles dans leur maison. «L’incident a eu lieu à moins d’un kilomètre d’une position de l’armée, malheureusement les militaires ne sont pas intervenus», a déploré Kinos Katuho, responsable de la société civile de Mamove.[33]

Le 3 septembre, deux corps sans vie et en état très avancé de putréfaction ont été découverts dans le village de Mulobya, situé à l’ouest de la localité de Mayimoya, dans le territoire de Beni (Nord-Kivu). Il s’agit de deux hommes partis exercer leurs activités champêtres. Selon la société civile locale, les victimes ont été tuées à coups de machette par des milicien des Forces Démocratiques Alliées (ADF), le 30 août, lors du passage de ces combattants dans cette zone. Un autre corps sans vie d’un conducteur de moto-taxi a été retrouvé jeudi dernier dans le village de Baoba.[34]

[1] Cf Radio Okapi, 25.08.’21; Jonathan Kombi – Actualité.cd, 25.08.’21
[2] Cf Africa Intelligence – Congovirtuel.com, 29.08.’21
[3] Cf Actualité.cd, 28.08.’21
[4] Cf Clément Muamba – Actualité.cd, 30.08.’21
[5] Cf Moise Dianyishayi – 7sur7.cd, 01.09.’21
[6] Cf Ismaël Kabuyaya – Politico.cd, 03.09.’21
[7] Cf Radio Okapi, 06.09.’21
[8] Cf Séraphin Banangana – 7sur7.cd, 13.08.’21
[9] Cf Freddy Upar – Actualité.cd, 18 et 19.08.’21
[10] Cf Radio Okapi, 19.08.’21; Bantou Kapanza Son – 7sur7.cd, 19.08.’21
[11] Cf Radio Okapi, 20.08.’21
[12] Cf Séraphin Banangana – 7sur7.cd, 24.08.’21
[13] Cf Radio Okapi, 30.08.’21; AFP – Actualité.cd, 31.08.’21
[14] Cf Bantou Kapanza Son – 7sur7.cd, 31.08.’21
[15] Cf Actualité.cd, 01.09.’21; Patrick Maki – Actualité.cd, 01.09.’21; Christian Okende – Politico.cd, 01.09.’21; Radio Okapi, 01 et 02.09.’21
[16] Cf Radio Okapi, 03.09.’21
[17] Cf Politico.cd, 03.09.’21
[18] Cf Bantou Kapanza Son – 7sur7.cd, 05.09.’21
[19] Cf Bantou Kapanza Son – 7sur7.cd, 05.09.’21
[20] Cf Radio Okapi, 04.09.’21
[21] Cf Fonseca Mansianga – Actualité.cd, 18.08.’21
[22] Cf Radio Okapi, 23.08.’21
[23] Cf Bantou Kapanza Son – 7sur7.cd, 15.08.’21
[24] Cf Joël Kaseso – 7sur7.cd, 16.08.’21
[25] Cf Joël Kaseso – 7sur7.cd, 17.08.’21
[26] Cf Yassin Kombi – Actualité.cd, 19.08.’21
[27] Cf Bantou Kapanza Son – 7sur7.cd, 20.08.’21
[28] Cf Radio Okapi, 18.08.’21
[29] Cf Radio Okapi, 19.08.’21; Radio Okapi, 01.08.’21
[30] Cf Yassin Kombi – Actualité.cd, 28.08.’21
[31] Cf Yassin Kombi – Actualité.cd, 30.08.’21
[32] Cf Yassin Kombi – Actualité.cd, 01.09.’21
[33] Cf Yassin Kombi – Actualité.cd, 04.09.’21
[34] Cf Yassin Kombi – Actualité.cd, 04.09.’21