Congo Actualité n. 449

PAS DE CONSENSUS ENTRE LES CONFESSIONS RELIGIEUSES POUR LA DÉSIGNATION DU NOUVEAU PRÉSIDENT DE LA COMMISSION ÉLECTORALE

SOMMAIRE

1. CE QUI S’EST PASSÉ AU SEIN DE LA PLATEFORME DES CONFESSIONS RELIGIEUSES
a. Le travail du secrétariat technique
b. La séance du 27 juillet
c. La séance du 30 juillet
d. Les huit confessions religieuses signent un rapport final de non consensus
e. Six des huit confessions religieuses présentent un PV de désignation da candidat président
f. Deux conférences de presse
g. Qu’est-ce qui se passera?
2. LES AUTRES COMPOSANTES

1. CE QUI S’EST PASSÉ AU SEIN DE LA PLATEFORME DES CONFESSIONS RELIGIEUSES

a. Le travail du secrétariat technique

Le 23 juillet, les chefs des confessions religieuses ont entamé au Centre interdiocésain à Kinshasa le processus de désignation du président et d’un membre de la plénière de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
À l’issue de la réunion, le secrétaire général de la Commission Épiscopale Nationale du Congo (CENCO), l’abbé Donatien Nshole, a déclaré que «les chefs des confessions religieuses se sont convenus pour que le secrétariat technique se retrouve lundi (26 juillet) pour recevoir les derniers dossiers qui ont été traités au niveau de chaque confession religieuse. Et c’est le mardi matin (le 27 juillet) que le secrétariat technique va commencer, du point de vue technique, à éliminer ceux qui pourront être éliminés». Il a fait remarquer que, pour les chefs des confessions religieuses, l’idéal c’est de désigner un candidat par consensus. En cas d’échec, les responsables des confessions religieuses passeront au vote. Selon l’abbé Donatien Nshole, ce candidat devrait répondre à certains critères: «L’idéal est de travailler pour avoir quelqu’un qui a un leadership consensuel avéré, une éthique élevée, une maitrise de la gouvernance électorale, une loyauté sans faille au respect de la constitution et des lois de la République et un courage exceptionnel de proclamer les véritables résultats issus des urnes».
Dans un communiqué publié, les chefs des confessions religieuses dénoncent des pressions et intimidations dont ils sont victimes: «Au moment où nous nous engageons à procéder à la désignation de nos candidats à la CENI, permettez-nous de dénoncer des pressions, des intimidations et des menaces de toute sorte dont sont victimes certains membres de la plateforme, pour les empêcher à faire librement leur travail. Cette façon de faire est un manque de respect envers les chefs des confessions religieuses et un abus du pouvoir». Par conséquent, préviennent-ils, «nous mettons en garde toutes ces personnalités déjà identifiées, si jamais un malheur arrivait à l’un de nous dans ce contexte».[1]

Le 26 juillet, le secrétariat technique de la plateforme des confessions religieuses a reçu les candidatures pour la présidence et pour une place à la plénière de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et il a finalisé l’examen de tous les dossiers. La plateforme des confessions religieuses est composée de huit membres: L’Eglise Catholique en RDC, l’Eglise du Congo au Congo (ECC), l’Eglise orthodoxe au Congo, l’Eglise de Jésus Christ sur la terre par son envoyé spécial Simon Kimbangu (EJCSK), la Communauté islamique en RDC (COMICO), l’Eglise du Réveil du Congo (ERC), l’Union des églises indépendantes du Congo (UEIC) et l’Armée du Salut.
Selon certaines informations, les kimbangusites ont porté la candidature de Denis Kadima. Les musulmans ont déposé le dossier de Madjaliwa Shabani et les salutistes celui de Roger Bimwala. Les catholiques ont repris le nom de Cyrille Ebotoko. Les protestants ont déposé deux dossiers: Bernard Lututala et Daniel Kawata.
À rappeler que les PV de désignation et les dossiers complets des candidatures doivent être déposés dès le 28 juillet pour être traités par une commission paritaire majorité-opposition. Ladite commission travaillera du 30 juillet au 3 août et déposera son rapport au bureau de l’Assemblée nationale qui la soumettra à la plénière pour examen et adoption le 6 août. C’est le 17 août que sera transmise la résolution d’entérinement de 15 membres à Félix Tshisekedi pour investiture.[2]

b. La séance du 27 juillet

Le 27 juillet, dans l’après-midi, les huit responsables des confessions religieuses ont débuté l’audition des candidats retenus à la Présidence de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) par les membres du secrétariat technique. Tout se déroule au siège de la CENCO au centre interdiocésain. Les candidats exposent leur vision et l’auditoire pose des questions.
Roger Bimwala est le candidat de l’Armée du salut, député provincial de Kinshasa pour le compte de la plateforme Toseka réputé proche du FCC et ancien candidat au poste de gouverneur. Il y a aussi Cyril Ebotoko, chef de la mission d’observation électorale de la Cenco aux dernières élections. Le pasteur Daniel Kawata, candidat de l’église protestante, était le Coordinateur Général de la commission de désarmement congolaise (CONADER). Denis Kadima est le candidat de l’église Kimbanguiste, soutenu par les Églises du réveil, et directeur exécutif de l’Institut électoral pour une démocratie durable en Afrique. Il est considéré par les églises protestantes et catholiques comme trop proche du président Félix Tshisekedi, ce qu’il a une nouvelle fois démenti. Il insiste pour être jugé sur son CV. C’est un expert électoral international.
Après ces auditions, les confessions religieuses ne sont pas parvenues à un accord sur le candidat Président de la CENI et selon l’abbé Donatien Nshole, de la composante CENCO, le président de la séance, Mgr Marcelin Utembi, a demandé plus de temps, afin de poursuivre les travaux. «On n’a pas conclu, le président de la séance a demandé de prendre du temps pour poursuivre les discussions demain», a expliqué l’Abbé Donatien Nshole, à l’issue de la réunion du centre interdiocésain.[3]

Après la suspension de la séance, les responsables des six confessions religieuses suivantes: l’Eglise orthodoxe au Congo, l’Eglise Kimbanguiste, la Communauté islamique, l’Eglise du Réveil, l’Union des Églises Indépendantes du Congo et l’Armée du Salut, se sont ensuite retrouvés au siège de la Commission d’Intégrité et Médiation Électorale (CIME) et, sans l’Eglise Catholique et l’Eglise Protestante, ont désigné les deux candidats de la plateforme des confessions religieuses à la présidence et à la plénière de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI).
Selon Évêque Dodo Israel Kamba Balanganay, président et représentant légal de l’Eglise du Réveil du Congo (ERC), «on est arrivé à un point où ça ne nous a pas permis de continuer à la CENCO compte tenu du temps. On a été obligé de revenir à la CIME. C’est ici qu’on est venu parachever le travail. Nous sommes au dernier jour du calendrier qui nous a été dressé. On a été obligé par rapport à nos responsabilités de pouvoir terminer le travail que nous avons commencé il y a plusieurs mois. Nous allons amener les PV à l’Assemblée nationale». Cependant, il a refusé de donner le nom du candidat proposé: «Ce n’est pas à nous de vous le dire. Vous aurez les échos au niveau de l’Assemblée nationale». C’est donc sur fond de crise que les confessions religieuses achèvent cette journée qui rappelle les péripéties autour de la candidature de Ronsard Malonda en 2020.[4]

Le 28 juillet, le président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso, a reçu séparément une première délégation composée par les représentants de l’Eglise orthodoxe, de l’Eglise Kimbanguiste, de la Communauté islamique, de l’Eglise du Réveil, de l’Union des églises indépendantes et de l’Armée du Salut et une deuxième délégation composée par les représentants des Églises Catholique et Protestante.
Selon certaines sources, la première délégation a apporté les dossiers des deux candidats retenus la veille mais, sans le consensus des catholiques et des protestants et suite à la jurisprudence Malonda, il n’a pas été possible pour le président de l’Assemblée nationale de prendre en considération les dossiers présentés.
Christophe Mboso a donc accordé deux jours de plus aux confessions religieuses pour s’accorder et transmettre à l’Assemblée nationale les dossiers complets de leurs candidats pour le poste de président et de membre de la plénière de la future Commission Electorale Nationale Indépendante. Ce nouveau délai expire le vendredi 30 juillet à minuit.[5]

c. La séance du 30 juillet

Le 29 juillet, Mgr Marcel Utembi, président de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et de la plateforme des confessions religieuses, a convoqué une nouvelle assemblée pour ce vendredi 30 juillet, au centre interdiocésain, siège de la CENCO. Les chefs religieux vont poursuivre le processus de désignation de leurs délégués, notamment le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Les travaux avaient été suspendus le 27 juillet, car les chefs des confessions religieuses n’avaient pas trouvé de consensus pour désigner le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).[6]

Dans un interview, le porte-parole de l’Église du Christ au Congo (ECC), le pasteur Éric Nsenga, a fait savoir que les travaux ont été suspendus à cause des suspicions qui pèsent sur certains candidats: «Il est important de savoir que les travaux ont été suspendus. Il faut déjà corriger la perception au niveau de l’opinion qui pense que ce serait l’ECC et la CENCO qui avaient suspendu leurs participations. Il n’était pas question d’une suspension de la participation de l’ECC et de la CENCO. Il a plutôt été question de la suspension des travaux parce qu’il y avait des difficultés au niveau de l’examen des candidatures. Il faut donner une précision, il n’y a pas une seule candidature qui a posé problème. Il n’y en a deux sur lesquelles l’examen de fond n’était pas vidé. Parce qu’il y a des griefs qui ont été retenus à la lumière des dénonciations, des témoignages, des aveux de certains membres de la plateforme».
Le pasteur Nsenga a mis un accent particulier sur l’indépendance, l’éthique et la moralité que doit porter le président de la CENI: «Notre responsabilité à la CENI, c’est de trouver un candidat qui va assurer la sincérité, la vérité, la justice, l’unité et l’apaisement. On ne peut pas porter quelqu’un à la tête d’une institution censée trancher un arbitrage de justice et de sincérité par des méthodes ou des mécanismes qui sont déjà dans la fausseté. C’est comme ça que nous sommes rigoureux dans l’examen de dossiers sur la question de l’indépendance des candidats, de leur impartialité, leur éthique et leur moralité. Ce n’est qu’à ces conditions qu’on peut garantir une CENI entièrement indépendante». Il a enfin déclaré que les confessions religieuses ont relancé les discussions, pour harmoniser leurs vues sur le choix d’un candidat consensuel.[7]

Le porte-parole de l’ECC, le pasteur Éric Nsenga, a déclaré que l’Église du Christ au Congo (ECC) et l’Église catholique, qui tiennent à tout prix au consensus, sont prêtes à retirer leurs candidats: «L’ECC et la CENCO ne font pas l’apologie de leurs candidats. S’il s’agit de retirer nos candidats au nom du consensus, nous sommes prêts. Nous n’avons pas un candidat de vie ou de mort. Qu’on arrête de tromper l’opinion en disant que l’ECC et la CENCO sont contre telle personne parce qu’elle est de telle appartenance tribale ou en faisant croire qu’elles veulent imposer leur candidat». Le pasteur Éric Nsenga a invité les parties prenantes à ne pas considérer la désignation du président de la centrale électorale comme une compétition: «la désignation du futur président de la CENI ne doit pas avoir l’image d’une compétition. Ce n’est pas un combat de boxe où les gens viennent montrer des muscles ou leurs influences politiques». Pour lui, c’est plutôt une responsabilité commune: «À la fin, lorsqu’on évaluera la responsabilité des confessions religieuses dans le choix du candidat, on ne dira pas que ce candidat a été voté par telle confession contre telle autre. On dira le candidat des confessions religieuses. Ça sera une responsabilité commune. À la fin même s’il y aurait des failles, nous allons assumer ensemble».
À en croire le pasteur Nsenga, le moment n’est pas opportun pour évoquer un quelconque vote dans la mesure où l’examen dans le fond des candidatures n’est pas vidé: «On ne peut pas évoquer le vote au moment où nous sommes bloqués dans l’examen des candidatures sur la question de fond. Pour nous, l’indépendance, la moralité et l’éthique ne peuvent pas être subsidiaires. Le problème ne se pose pas au niveau de la technicité des candidats. Si nous voulons aujourd’hui changer les choses c’est parce que le problème c’est souvent au niveau de l’influence politique».[8]

La réunion du 30 juillet est celle de la dernière chance. La proposition des catholiques et des protestants est déjà sur la table, contenue dans une lettre accompagnant l’invitation à ce nouveau round de négociations. La Cenco et l’ECC proposent aux six autres confessions religieuses de renoncer à Denis Kadima, leur candidat, tandis qu’eux renonceront à soutenir le président de la mission d’observation électorale de la Conférence épiscopale, Cyrille Ebotoko. Sur ces deux candidats, une liste de griefs est énumérée, griefs parmi lesquels des pressions, des menaces et même des tentatives de corruption à l’égard de religieux de tous bords parmi ceux appelés à désigner le président de la Céni. La solution proposée par le président de la plateforme, Monseigneur Utembi, ce serait de trouver ensemble un candidat consensuel qui, du point de vue de la moralité plus que de la technicité, soit capable de rassurer tous les acteurs politiques.
«Est-ce que c’est une proposition ou une décision?», rétorque-t-on dans l’entourage du chef des églises du Réveil, ajoutant: «On ne peut plus se soumettre au diktat des catholiques».[9]

Dans sa lettre-invitation, Monseigneur Marcel Utembi Tapa, archevêque de Kisangani et président de la Conférence épiscopale du Congo (CENCO), a fait savoir que les chefs religieuses subissent des pressions au profit de deux candidats. Il ne les cite pas, mais il les désignent comme candidat X et candidat Y. Il a rappelé, dans sa correspondance, les témoignages de ceux parmi les chefs religieux qui ont «personnellement été intimidés, pour ne pas dire menacés, par certains agents du pouvoir, voire certaines autorités, qui les ont enjoints de voter pour X». Il a souligné aussi que certains candidats ont subi des pressions pour retirer leurs candidatures, afin que «les confessions qui les présentent votent ce même candidat». Monseigneur Marcel Utembi Tapa a rappelé qu’un chef religieux a déclaré qu’il a été approché «par un autre membre de la plateforme lui proposant de voter pour le même candidat présenté comme candidat du pouvoir en contrepartie d’une jeep».
Toujours selon cette correspondance, un autre chef religieux a également dit à ses collègues qu’il a été approché «à l’hôtel Béatrice par un quidam qui est bien cité dans le compte rendu de la plénière du 13 mai 2021 avec une somme colossale pour voter pour le même candidat». Bien plus, le président de la Conférence épiscopale du Congo a rappelé les affirmations d’un membre de la plateforme qui a dit qu’un des chefs lui a confié que le candidat Y l’a approché avec de l’argent à distribuer à six confessions religieuses.
Il a donc proposé à ses collègues de laisser tomber ces deux candidats X et Y et de proposer d’autres compétences en la matière, «ce qui paraît la meilleure solution, pour sortir honorablement de cette situation qui risque de se transformer en crise qui ne fera pas du bien au pays».
Enfin, il a proposé que, en plus de deux candidats restants sur le quatre retenus, chaque confession religieuse puisse apporter le dossier d’un candidat au secrétariat technique de la plateforme.[10]

Le 30 juillet, les chefs des confessions religieuses ont clôturé les consultations pour la désignation du président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Les 8 confessions religieuses vont remettre un rapport conjoint à l’Assemblée nationale conformément au calendrier.
«Nous venons d’achever le travail.  La primeur des conclusions est réservée à l’Assemblée nationale. Nous allons déposer aujourd’hui même ce rapport», a indiqué Mgr Marcel Utembi, président de la CENCO et de la plateforme des conférences religieuses.[11]

d. Les huit confessions religieuses signent un rapport final de non consensus

La plateforme des confessions religieuses n’a pas pu désigner son délégué pour le poste du président de la CENI, en dépit de 48 heures lui accordées par le bureau de l’Assemblée nationale pour aplanir  les divergences. Le rapport déposé ce vendredi 30 juillet à la chambre basse du parlement à l’issue des travaux indique qu’au aucun consensus n’a été trouvé entre les membres.
Selon le rapport final signé par les huit confessions religieuses, «aux termes des discussions tenues au sein de la plateforme des Confessions religieuses le mardi 27 juillet 2021 et le vendredi 30 juillet 2021, après examen des dossiers des candidats, si un consensus a été trouvé sur les aspects techniques de quatre candidats, il a été évoqué deux points de vue divergents sur le plan éthique, indépendance et réputation de chaque candidat … Deux Confessions religieuses considèrent que, sur le plan éthique et de l’indépendance, les griefs (informations et allégations) contre deux candidats de la liste (les meilleurs sur le plan technique), griefs qui affectent leur indépendance et leur crédibilité, ne permettent pas d’évoluer avec eux jusqu’au vote conformément à l’article 17 de la charte en vigueur. Elles demandent de les mettre de côté et d’évoluer avec d’autres candidats. Six Confessions religieuses, trouvent que les griefs relevés contre les 2 candidats soit ne sont pas prouvés soit ne concernent pas directement les candidats, il convient de passer directement au vote. Le président de la plateforme n’a pas voulu organiser le vote dans ces conditions».[12]

e. Six des huit confessions religieuses présentent un PV de désignation da candidat président

Le 30 juillet, six confessions religieuses ont déposé au Bureau de l’Assemblée la liste de deux candidats pour la présidence et l’assemblée plénière de la commission électorale nationale indépendante (CENI) et ce en dépit du fait qu’ils ont également signés le rapport de la réunion établissant l’absence du consensus et la non organisation du vote. Aucune information sur les deux candidats n’a été révélé à la presse. «Nous avons déposé aux bureaux de l’Assemblée le PV de désignation de deux membres. Permettez-moi de vous dire qu’il n’y a pas eu de contradiction. Le rapport c’était une affaire de cuisine interne», a déclaré Dodo Kamba, représentant des églises de réveil du Congo. Pour ces six confessions, l’important, c’est d’éviter un report des élections et de ne pas violer les délais constitutionnels. Selon certaines informations, la candidature de Denis Kadima a été maintenue en dépit de l’opposition des catholiques et des protestants. Toujours selon les mêmes sources, c’est Roger Bimwala, le candidat porté par l’Armée du Salut, qui est présenté par les six, pour occuper une place de membre à la plénière de la CENI. Là encore, catholiques et protestants rappellent l’activisme politique de ce dernier. La balle se trouve dans le camp du bureau de Christophe Mboso qui décidera de considérer ou pas les PV déposés par les six.[13]

f. Deux conférences de presse

Le 2 août, la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et l’Eglise du Christ au Congo (ECC) ont animé une conférence de presse, afin de clarifier sur les discordances autour de la désignation des délégués de la plateforme des confessions religieuses à la CENI.
L’abbé Donatien Nshole a évoqué les raisons pour lesquelles l’Église catholique et l’Église du Christ au Congo (ECC) se sont prononcées contre la candidature de Denis Kadima. D’après le secrétaire général de la Commission Épiscopale Nationale du Congo (CENCO), il y a des témoignages de personnes qui ont dit avoir subi des pressions de certaines autorités ou personnalités, les enjoignant de voter en faveur de cette candidature. Il a précisé: «Tous les membres de la plateforme des confessions religieuses ont signé la déclaration dénonçant les intimidations et menaces, qui affectent l’indépendance de la CENI. Il y en a aussi qui ont témoigné dans une plénière qu’ils ont été approchés par x personne citée, pour voter ce candidat moyennant une somme colossale. Nous ne l’avons pas entendu dans le rue, mais dans une plénière et c’est noté dans un rapport».
Pour le Révérend Eric Nsenga, porte-porte de l’ECC, il ne pouvait y avoir vote aussi longtemps qu’il y avait un problème de fond à régler pour certains candidats: «Le vote est un mode qui intervient après avoir vidé le fond dans le traitement de dossiers. On ne peut pas évoquer le vote comme un contour pour éviter le problème de fond. On en vient au vote lorsqu’on veut départager les candidats qui ont satisfait aux critères de l’éligibilité». Selon Eric Nsenga, «même si la majorité s’exprime, si ça se fait dans un cadre illégal, ça reste illégal». Pour lui, le P,V, des six confessions religieuses est illégal à plusieurs titres: elles l’ont rédigé alors que la séance avait été suspendue et il ne porte pas la signature du président de la plateforme qui est le seul, selon la charte, à pouvoir l’engager.[14]

Le 3 août, les 6 confessions religieuses ont tenu une conférence de presse au siège de la commission d’intégrité et médiation électorale (CIME) située dans la commune de Ngaliema à Kinshasa.
Dans ses propos, le pasteur Dodo Kamba, porte-parole de cette partie majoritaire des membres de la plateforme des confessions religieuses, a notamment contesté les affirmations reconnaissant aux seuls président et vice-président de leur plateforme les prérogatives de convoquer la plénière ou de déposer le Procès verbal (PV) de désignation des membres délégués à la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI): «Dans notre charte, il n’est pas dit que c’est telle personne ou telle autre qui est censée d’aller déposer le procès-verbal à l’Assemblée nationale. D’ailleurs, ce n’est ni le président, ni le vice-président, ni encore le secrétaire général qui est allé déposer le rapport de notre dernière réunion (du 30 juillet ndlr) ! …C’est l’un des techniciens».
En outre, le pasteur Dodo Kamba a affirmé que la majorité de membres peuvent convoquer une plénière et décider du dépôt du procès verbal qui en résulte: «Dans notre charte l’article 16, alinéa 2 stipule que la réunion plénière de la plateforme des confessions religieuses est convoquée par le Président. S’il n’est pas là, c’est le vice-président qui doit convoquer la réunion. Au cas où celui-ci n’est pas là, la majorité de ses membres peut aussi convoquer des réunions de la plénière. Si la majorité des chefs des confessions religieuses convoque une réunion et prend une décision, qui va signer? C’est clair, les signatures du président ou du vice-président ne sont pas une condition pour aller déposer les PV».
Dodo Kamba rappelle également que si la charte établit le siège de la conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), cette même charte prévoit que ce siège peut être transféré sur décision des membres et non sur décision du président ou du vice-président.[15]

Le 3 août, dans une interview, l’Évêque Dodo Israel Kamba Balanganay, président et représentant légal de l’Eglise du Réveil du Congo (ERC), a affirmé que, à ce stade, il n’est plus possible que les chefs religieux se retrouvent pour aplanir leurs divergences: «Cela a été déjà fait. Nous sommes en train de courir après le temps. Nous avons des choses à faire dans ce pays. Nous n’avons pas que ça à faire. Nous avons compris que nous ne pouvons pas regarder dans la même direction sur ce sujet».[16]

g. Qu’est-ce qui se passera?

Le 2 août, dans une interview, le député national Garry Sakata a précisé que le procès-verbal déposé par les six confessions religieuses au bureau de l’Assemblée nationale va être “retourné”, car il n’y a pas eu de “consensus”, selon la procédure exigée par la nouvelle loi sur la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI). À en croire G.Sakata, la loi prévoit également que, en cas de rejet par l’Assemblée nationale, les confessions religieuses doivent choisir un autre candidat en lieu et place de ceux qui ont été présentés. L’élu de Bagata a expliqué que pour arriver à ce stade-là, le bureau de la chambre basse du parlement va présenter ce PV à la plénière, qui ensuite va constituer une commission paritaire majorité / opposition, pour vérifier si les candidats présentés remplissent ou non les conditions définies par la loi.[17]

2. LES AUTRES COMPOSANTES

Le 27 juillet, les organisations de la société civile spécialisées sur les questions électorales ont déposé au bureau de l’Assemblée nationale les noms de leurs candidats pour le ticket d’un délégué qui siégera à la plénière de la nouvelle Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). La Synergie des missions d’observation citoyenne des élections (SYMOCEL) et la Commission éducation civique et observation électorale (EDUCIEL) sont les deux structures qui avaient été saisies à cette fin. La SYMOCEL a envoyé une liste de deux candidats tandis que l’EDUCIEL a déposé une liste de trois candidats. Une source proche de la SYMOCEL a précisé: «Nous avons une place. Chaque structure devrait envoyer une liste de trois personnes. Un candidat de la liste du SYMOCEL s’est désisté pendant que nos PV étaient élaborés parce qu’il soutient un candidat président du bureau qui serait de la même province que lui, donc avec la spécificité de la nouvelle loi qui dit qu’aucune province ne devrait être représentée par plus d’un membre à la CENI, il a préféré donner plus de chances à ce candidat là. Ça répond en même temps à la question pourquoi on a un seul quota mais on envoi trois, c’est justement quand le rééquilibrage pour la représentativité des provinces va se faire, si ça ne marche pas pour l’un, ça peut marcher pour l’autre, c’est ça l’idée», Les organisations de défense des droits des femmes ont également déposé au bureau de l’Assemblée nationale les noms de leurs trois candidates pour le poste de membre de la plénière de la nouvelle Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI).[18]

Le 30 juillet, constatant l’absence du consensus au sein des confessions religieuses, Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) de Vital Kamerhe, la plateforme Lamuka de Martin Fayulu et le Front Commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila, qui plaident pour un consensus national en vue d’un processus électoral apaisé, transparent, inclusif et dans le délai constitutionnel, ont refusé de designer leurs candidats à la CENI.[19]

[1] Cf Radio Okapi, 23.07.’21
[2] Cf Actualité.cd, 27.07.’21
[3] Cf Sonia Rolley – RFI, 27.07.’21; Clément Mwamba – Actualité.cd, 27.07.’21
[4] Cf Clément Muamba – Actualité.cd, 27.07.’21
[5] Cf Actualité.cd, 29.07.’21
[6] Cf Actualité.cd, 29.07.’21; Radio Okapi, 29.07.’21
[7] Cf Merveil Molo – 7sur7.cd, 29.07.’21
[8] Cf Merveil Molo – 7sur7.cd, 29.07.’21
[9] Cf Sonia Rolley – RFI, 30.07.’21
[10] Cf Actualité.cd, 30.07.’21; Merveil Molo – 7sur7.cd, 30.07.’21
[11] Cf Radio Okapi, 30.07.’21
[12] Cf Fonseca Mansianga – Actualité.cd, 30.07.’21
[13] Cf Clément Muamba – Actualité.cd, 30.07.’21; Actualité.cd, 31.07.’21
[14] Cf Prince Mayiro – 7sur7.cd, 02.08.’21; Ivan Kasongo – Actualité.cd, 02.08.’21
[15] Cf Moise Dianyishayi – 7sur7.cd, 03.08.’21; Clément Muamba – Actualité.cd, 04.08.’21
[16] Cf Clément Muamba – Actualité.cd, 03.08.’21
[17] Cf Roberto Tshahe – 7sur7.cd, 03.08.’21
[18] Cf Fonseca Mansianga – Actualité.cd, 30.07.’21
[19] Cf Radio Okapi, 31,07.’21