Congo Actualité n. 367

SOMMAIRE

ÉDITORIAL:  L’OPPOSITION OBLIGÉE À CHOISIR ENTRE UN CHANGEMENT DE STRATÉGIE OU UN ÉCHEC ÉLECTORAL
1. LA COMMISSION ÉLECTORALE NATIONALE INDEPENDANTE (CENI)
a. Évolution du processus électoral (machine à voter et fichier électoral)
2. L’OPPOSITION
a. Toujours NON à la machine à voter et au fichier électoral actuel
b. L’UDPS se dit prête à aller aux élections avec ou sans la machine à voter
c. La marche du 26 octobre
3. LE FRONT COMMUN POUR LE CONGO (FCC)
a. Le meeting du 27 octobre

ÉDITORIAL: L’OPPOSITION OBLIGÉE À CHOISIR ENTRE UN CHANGEMENT DE STRATÉGIE OU UN ÉCHEC ÉLECTORAL

1. LA COMMISSION ÉLECTORALE NATIONALE INDEPENDANTE (CENI)

a. Évolution du processus électoral (machine à voter et fichier électoral)

Le 17 octobre, le président de la CENI, Corneille Nangaa, a annoncé la fin de la fabrication des machines à voter: «Toute la production a pris fin. Le transport a commencé, en Corée du Sud il n’y a plus aucune machine et les arrivages sont bien programmés. Nous avons déjà réceptionné 12.415 et 23.000 sont attendues le weekend, suivies de 8.000 autres la semaine suivante. A Mombasa, au Kenya, le premier lot est attendu autour du 22 octobre».[1]

Le 19 octobre, le Président Joseph Kabila a présidé à Kinshasa une réunion interinstitutionnelle consacrée à l’évaluation du processus électoral en cours. Cette réunion a été élargie à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et à certains membres du gouvernement.
Quant au fichier électoral, le vice-Premier ministre Henri Mova a souligné qu’il comprend 40.024.897 électeurs, dont les listes sont affichées pour consultation, en vue d’éventuelles corrections. Il a aussi rappelé que 6.500.318 électeurs ont été radiés à la suite du nettoyage du fichier électoral et 337.208 à la suite de l’audit de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Le président de la CENI, Corneille Nangaa, a parlé des « velléités de glissement du calendrier » dans le chef de certains acteurs politiques qui se servent, comme paravent, du prétexte du refus de la machine à voter ainsi que de la question des électeurs sans empreintes.[2]

Le 19 octobre, dans le cadre d’une campagne de sensibilisation électorale dans la ville de Bukavu, le vice-président de la CENI, Norbert Basengezi Katintima, a réaffirmé l’irréversibilité des élections en décembre 2018. Il a dénoncé les rumeurs de contestation provenant de l’opposition autour du fichier électoral et de la machine à voter car, selon lui, l’opposition cherche une transition pour le partage du pouvoir. «Concernant les personnes qui ont été enrôlées sans empreintes digitales, l’opposition nous a dit de les radier de la liste électorale. Nous leur avons montré que, parmi ces personnes, se trouvaient aussi des candidats membres de l’opposition, dont 56 pour le MLC, 52 pour l’UNC, 12 pour la dynamique de l’opposition et 46 pour le PPRD. Alors le discours a changé, car tous ont refusé de les radier de la liste électorale. Nous avons comptabilisé 3.365 candidats qui se sont enrôlés sans empreinte digitale. Les opposants cherchent des astuces pour une autre transition. Mais nous irons aux élections ce 23 décembre 2018 avec ce fichier électoral et la machine à voter», a déclaré le vice-président de la CENI.[3]

Un mois et demi après l’affichage des listes provisoires des électeurs par la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), les organisations de la société civile estiment que, par manque de sensibilisation, cette opération n’a pas donné les résultats escomptés.
Pour l’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ), la CENI n’a pas respecté deux des méthodes prévues par la loi. «La CENI a violé la loi, parce qu’elle n’a pas publié, sur son site web, ni les listes des radiés, ni les listes provisoires des électeurs enrôlés, tel que prévu par la loi. Ceci a eu pour conséquence que les enrôlés n’ont aucune idée de la suite du processus», a affirmé Georges Kapiamba, président de  l’ACAJ. Selon lui, le manque de communication de la part de la CENI serait l’une des causes de l’absence d’engouement de la population qui ne s’est pas rendue aux centres d’inscription pour vérifier si leurs noms étaient repris dans les listes provisoires des électeurs.
Le coordonnateur adjoint de la Nouvelle Société Civile Congolaise (NSCC), Robert Kabakele, a insisté sur le fait que «certaines personnes n’ont jamais été informées de l’affichage de ces listes. Même ceux qui étaient au courant de cette opération, n’ont pas eu le temps d’aller vérifier leurs noms».
La CENI avait entamé l’affichage des listes provisoires des électeurs dans les différents centres de vote de Kinshasa le 3 septembre. Selon le calendrier électoral de la CENI, les listes définitives des électeurs doivent en principe être publiées un mois avant le début de la campagne électorale, soit le 22 octobre 2018.[4]

2. L’OPPOSITION

a. Toujours NON à la machine à voter et au fichier électoral actuel

Le 16 octobre, des partis politiques de l’opposition au Nord-Kivu (RDC/K-ML, l’UNAFEC, FCR, DCFN, UREC, MLC et PTC) se sont réunis dans la ville de Goma, pour examiner la situation  politique. Ces partis ont pris acte de l’interminable polémique autour de la machine à voter et des électeurs sans empreintes digitales (16,6% du fichier électoral). Étant donné que les élections s’approchent assez vite selon le calendrier de la CENI, la coalition des partis politiques de l’opposition au Nord-Kivu propose qu’il y ait discussion entre les opposants et la commission électorale indépendante nationale. Ces discussions devraient aboutir à un consensus rapide et permettre d’avoir des élections apaisées et crédibles, mais ces discussions devraient éviter de se transformer en une sorte de dialogue qui pourrait aboutir à une transition avec ou sans Joseph Kabila.
Les opposants nord-kivutiens rejettent aussi toute initiative qui tend vers des manifestations publiques, car souvent elles sont sans issue. Selon ces opposants, les manifestations risquent de provoquer un nouveau glissement des élections, ce qui ne répond pas aux attentes du peuple congolais qui, par contre, désire une alternance au sommet de l’Etat le 23 décembre 2018.
A défaut d’entamer une quelconque démarche de pourparlers avec la CENI en vue d’un consensus, l’opposition du Nord-Kivu exige à leur hiérarchie de se prononcer ouvertement et sans délai sur sa participation aux / son boycott de ces scrutins.[5]

À propos de ces partis politiques du Nord Kivu qui, à Goma, ont dit non à des nouvelles marches, Patrick Mundeke, chargé de la jeunesse de Ensemble pour le changement et membre du cabinet de Moïse Katumbi, a affirmé que «quelques amis ont étés induits en erreur par des politiciens en mal de positionnement qui, après une longue lutte pour l’alternance, se sont contentés de quelques miettes que le pouvoir en place leur a concédées».[6]

Le 18 octobre, dans une déclaration, onze candidats présidents de la république ont exigé la participation de leurs délégués dans la commission technique créée au sein de CENI, pour harmoniser les vues sur les questions de l’utilisation de la machine à voter et du fichier électoral.
Martin Fayulu, Freddy Matungulu, Théodore Ngoy, Marie-Josée Ifoku, Tryphon Kin-Kiey Mulumba, Sylvain Masheke, Seth Kikuni, Noel Tshiani, Radjabho Tebabho Soborabo, Philibert Mabaya et Joseph Mba Muluta rejettent toujours l’usage de la machine à voter, demandent la radiation des électeurs enregistrés sans empreintes digitales dans le fichier électoral et exigent la présence de leurs représentants, pour veiller à la dernière phase du processus électoral, depuis l’impression des bulletins de vote jusqu’au déroulement du scrutin et à la publication des résultats électoraux. Selon la déclaration, ils exigent «la mise à l’écart immédiate de la machine à voter du processus électoral en cours, parce qu’interdite par la loi électorale et non prévue dans le calendrier publié par la CENI» et «la mise en place, par la CENI, de la commission technique comprenant les délégués des candidats, pour s’assurer des garanties de transparence dans le processus d’impression de bulletin de vote papier, des procès-verbaux, des fiches des résultats de vote; du dépouillement des résultats; de leur transmission et de la proclamation des résultats des élections du 23 décembre».[7]

Le 20 octobre, au cours d’une intervention dans une radio émettant à Kinshasa, l’opposant proche de Moïse Katumbi, Francis Kalombo, a déclaré que l’opposition ne boycottera pas les élections du 23 décembre. Néanmoins, a-t-il prévenu, ce scrutin devra se tenir sans la machine à voter, car la loi interdit le vote électronique et cet outil informatique n’est pas reconnu dans la loi électorale, ni dans le calendrier du 5 novembre 2017. «Les opposants qui accepteront d’aller aux élections avec la machine à voter, seront considérés comme des traitres», a-t-il lancé.[8]

Le 23 octobre, au cours d’un point de presse, Ensemble pour le changement de Moïse Katumbi, la Dynamique de l’opposition de Martin Fayulu, l’UNC de Vital Kamerhe et le MLC de Jean-Pierre Bemba ont annoncé qu’ils ne vont pas boycotter les prochaines élections. Toutefois, ils ont rappelé les exigences de l’opposition qui restent d’actualité. D’après une déclaration commune lue par le président de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC), Vital Kamerhe, «l’opposition politique va se battre sans relâche et avec la dernière énergie, pour qu’on puisse écarter la machine à voter, une machine qui est sans une base légale. L’opposition se battra aussi pour que le fichier électoral, qui est truffé de dix millions de fictifs, soit nettoyé, pour que nous ayons des élections crédibles, libres, transparentes et écartées de toute fraude».[9]

Le 24 et 25 octobre, dans un rencontre à Johannesburg, en Afrique du Sud, les leaders de l’opposition politique congolaise ont réaffirmé leur position de ne pas boycotter les élections le 23 décembre 2018 et ont exigé l’abandon de l’usage de la machine à voter et le retrait, du fichier électoral, de toutes personnes enrôlées sans empreinte digitale. D’après certaines sources sur place, aucun compromis n’a été trouvé sur la désignation d’un candidat commun à la présidentielle du 23 décembre. Toutefois, ils se sont convenus d’arrondir les angles pour parvenir à un consensus sur le candidat au plus tard le 15 novembre 2018, une semaine avant le début de la campagne électorale. Martin Fayulu a rassuré que le candidat commun sortira du groupe des 4 candidats restés en lice, notamment Félix Tshisekedi, Vital Kamhere, Martin Fayulu et Freddy Matungulu. Il a souligné que ce candidat commun aura la bénédiction des trois autres candidats de l’opposition invalidés dans la course à la présidentielle, notamment Jean-Pierre Bemba, Moise Katumbi et Adolphe Muzito.
À cette réunion ont participé Vital Kamerhe, de l’UNC; Martin Fayulu, de l’ECIDE; Eve Bazaiba, du MLC; Adolphe Muzito, du Nouvel Élan; Freddy Matungulu, de Congo na Biso; les délégués de l’UDPS (Gilbert Kakonde, secrétaire général adjoint en charge des relations extérieures de l’UDPS, et Claude Ibalanki, Conseiller Spécial de Félix Tshisekedi), et ceux d’Ensemble pour le changement, de Moise Katumbi.[10]

b. L’UDPS se dit prête à aller aux élections avec ou sans la machine à voter

Le 19 octobre, le directeur de cabinet adjoint du président de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), Peter Kazadi, a déclaré que «la machine à voter est un piège et un prétexte pour ne pas aller aux élections. Pour l’UDPS, il n’est pas question d’envisager un quelconque boycott des élections ou un leur éventuel report. Les élections doivent se tenir à la date prévue, le 23 décembre 2018. La réussite des élections est fonction de la surveillance, avec ou sans machine à voter». Il a ajouté que l’heure est à la préparation des élections et non au boycott: «Au lieu de rester toujours dans le refus, dans le négativisme, il faut plutôt nous préparer à aller aux élections et à les surveiller pour les remporter. Sensibilisons donc le peuple à surveiller le processus, pour que le vote du peuple soit respecté».[11]

L’UDPS, parti politique de l’opposition, pose des conditions avant de prendre part à la marche de l’opposition prévue le vendredi 26 octobre à travers la République. Selon le secrétaire général de l’UDPS, Jean-Marc Kabund, il y a des divergences majeures au sein de l’opposition qu’il faut aplanir. «Le fait que nous n’avons pas signé la lettre annonçant cette marche prouve à suffisance qu’il y a des divergences majeures qu’il faut vider avant que nous ne puissions nous engager dans quoi que ce soit. Avant d’avancer sur ce schéma, nous devons nous mettre d’accord sur bon nombre de questions, notamment sur le boycott ou la participation aux élections. Nous devons nous rassurer tous que nous allons aux élections ou nous les boycottons. Nous ne pouvons pas être embarqués dans une logique de boycott tout en se présentant à l’opinion comme si nous étions d’accord pour les élections. Par ailleurs, Je ne vois pas les choses avancer dans le sens de la désignation d’un candidat commun, ce qui est déplorable», a dénoncé Jean-Marc Kabund.[12]

Le secrétaire général adjoint chargé de la communication et mobilisation de l’UDPS, Augustin Kabuya, a affirmé que son parti est prêt pour aller aux élections le 23 décembre, avec ou sans la machine à voter. Selon lui, l’UDPS a levé cette option pour ne pas permettre le report des élections.
Cependant, ce rétropédalage ne balaye pas les reproches formulés au sujet de la machine à voter, note M. Kabuya, qui parle d’une décision responsable de l’UDPS, car elle contraint le pouvoir et la CENI à organiser les élections dans les délais. À propos de la machine à voter, il a ajouté que «on ne peut pas organiser la fraude électorale seulement avec la machine. Même avec les bulletins de vote papier on peut l’organiser».[13]

La déclaration d’Augustin Kabuya a suscité une polémique, car on sait que toute l’opposition se bat pour obtenir l’organisation des scrutins du 23 décembre prochain sans cette technologie.
Le porte-parole de l’UDPS, Paul Tshilumbu, a tenu à clarifier la situation. Selon lui, l’UDPS n’a pas accepté la machine à voter. En revanche, elle est prête à aller aux élections avec cette technologie si la CENI ne ravisait pas. D’après lui, le pouvoir en place se sert de la machine à voter comme prétexte pour pousser l’opposition à boycotter les élections, ce qui lui permettrait de les gagner. C’est pour cela que, dans le cas où les élections soient organisées avec la machine à voter, l’UDPS ne les boycottera pas et acceptera d’y participer, même si elles devaient se dérouler avec la machine à voter. Par ailleurs, l’UDPS dit soutenir toute action visant à obtenir des élections transparentes et crédibles.[14]

Le 22 octobre, au cours d’une interview, le secrétaire général de l’UDPS, Jean-Marc Kabund, a affirmé que «pour l’UDPS, la priorité n’est pas l’abandon de la machine à voter, mais le départ de Kabila». Pour lui, seules les élections feront partir le président actuel: «Nous n’avons pas réussi à faire partir monsieur Kabila avec des marches, maintenant l’UDPS dit non à toute manœuvre, à part les élections. Il n’y a pas d’autres mécanismes pour faire partir Kabila, à part le mécanisme pacifique des élections du 23 décembre 2018». Pour Jean-Marc Kabund, avec un candidat commun et des témoins déployés dans tous les centres de vote, «nous pourrons contrecarrer tous les effets négatifs de la machine à voter et de l’actuel fichier électoral» et, par conséquent, gagner les élections.
Selon Jean-Marc Kabund, l’UDPS a choisit d’aller aux élections, avec ou sans la machine à voter, pour ne pas permettre au Président Kabila de s’éterniser au pouvoir: «aujourd’hui nous avons un choix entre rejeter la machine à voter et aller aux élections avec ou sans machine. Rejeter la machine à voter nous plongera dans un glissement des élections qui permettra à Joseph Kabila de rester encore au pouvoir. Nous avons choisit le moindre mal: aller aux élections le 23 décembre 2018, avec ou sans la machine à voter, pour ne pas donner le prétexte à Kabila de s’éterniser au pouvoir, prétextant que c’est l’opposition qui a refusé les élections. Nous ne voulons pas lui donner l’occasion de glisser pour la nième fois».[15]

Le 23 octobre, au cours d’un point de presse organisé par Ensemble pour le changement de Moïse Katumbi, la Dynamique de l’opposition de Martin Fayulu, l’UNC de Vital Kamerhe et le MLC de Jean-Pierre Bemba et répondant à la question sur les divergences d’idées entre l’UDPS et d’autres partis de l’opposition, Patrick Mundeke, chargé de la jeunesse et membre du cabinet de Moïse Katumbi, a indiqué que Jean-Marc Kabund n’est pas le répondant numéro un de ce parti: «Nous n’allons pas chaque fois suivre ceux qui se distinguent de la discipline de leurs partis politiques. Nous tenons compte du discours du président Félix Tshisekedi qui a condamné formellement la machine à voter».[16]

La nouvelle position de l’UDPS tranche avec ses autres partenaires de l’opposition, notamment Ensemble de Katumbi et le MLC de Bemba, et probablement pourra faire bouger les lignes dans l’opposition. Pour rappel, l’UDPS n’a pas signé ni la déclaration de 11 candidats président de la République, appelant au rejet de la machine à voter, ni la correspondance de l’opposition adressée au gouverneur de Kinshasa pour l’informer de la marche prévue le 26 octobre 2018.[17]

c. La marche du 26 octobre

– Avant la manifestation

Le 18 octobre, l’Opposition a officiellement saisi le gouverneur de la ville de Kinshasa, André Kimbuta, au sujet de la marche programmée le 26 octobre prochain, de 9h00 à 15h00. Cette marche aura pour objectif de contester la volonté manifestement illégale de la CENI d’utiliser le vote électronique (machine à voter), en se servant d’un fichier électoral non nettoyé pour les élections en cours. Dans cette correspondance, l’opposition précise que «la marche partira de l’échangeur de Limete, en passant par le Boulevard Lumumba, Boulevard Sendwe, Boulevard Triomphal, Avenue de Libération ex 24 novembre, Boulevard du 30 juin, jusqu’au siège national de la CENI où un mémorandum sera déposé». Cette correspondance a été signée par la plupart de principaux leaders de l’opposition (ou leurs représentants) à savoir, Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba, Moïse Katumbi, Adolphe Muzito, Martin Fayulu et Freddy Matungulu. L’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) n’a pas apposé sa signature. Pourtant, le nom de son délégué, Jean-Marc Kabund, secrétaire général du parti, figure sur le bas de la correspondance, mais sans que ce dernier n’ait apposé sa signature sur le document. Selon certains observateurs, cette marche ne sera vraisemblablement pas autorisée, car l’hôtel de ville va mettre en avant le caractère inviolable du siège de la CENI.[18]

Cette marche de l’opposition, si elle est autorisée, interviendra un jour avant le grand meeting, au Stade Tata Raphaël, de la coalition politique et électorale de la majorité, le Front Commun pour le Congo (FCC). La marche de l’opposition a pour revendication, entre autre, le rejet de la machine à voter (un dispositif d’impression instantanée des bulletins de vote) et de l’actuel fichier électoral contenant des électeurs enrôlés sans empreintes digitales.
L’UDPS, un des principaux partis de l’opposition, a déclaré qu’elle ne participera pas à cette marche. Pour elle, machine à voter ou pas, elle ira aux élections le 23 décembre prochain.
Un coup dur pour l’unité d’actions prônée par les leaders de l’opposition.
Deux fractures s’observent désormais dans l’opposition: une ligne pour le boycott et l’autre pour la participation aux élections. Les candidats validés par la CENI sont prêts à aller aux élections même avec les imperfections du processus électoral. Les autres opposants invalidé ou exclu, sont favorables à une requalification du processus électoral pour qu’il soit inclusif.[19]

Étant donné que l’UDPS a décidé d’aller aux élections avec ou sans machine à voter, elle ne participera pas aux manifestations prévues le vendredi 26 octobre dans plusieurs villes du pays, dont Kinshasa. Le secrétaire général adjoint chargé de la communication et mobilisation de l’UDPS, Augustin Kabuya, a affirmé: «On dit pas question de la machine à voter et, entretemps, on exclue le boycott des élections. Est-ce qu’on est vraiment sincères? Si, en date du 23 décembre, dans les bureaux de vote on va trouver la machine à voter, qu’est-ce qu’on va faire? On doit se dire la vérité au lieu d’être hypocrites. Ce n’est pas responsable. Si nous sommes sur le schéma du boycott, il faut le dire. Il faut avoir le courage de dire la vérité».[20]

Le 23 octobre, à Goma (Nord-Kivu), huit formations politiques de l’opposition ont lancé une campagne de sensibilisation en faveur de la marche prévue le 26 octobre prochain. Il s’agit de l’UNC, du MLC, de la Dynamique de l’Opposition, du Mouvement social, du G7, de Congo Na Biso, de l’AR et de l’AMK. Ces organisations de l’opposition disent avoir déjà saisi le maire de la ville de Goma pour manifester, vendredi prochain, contre la machine à voter et le fichier électoral maintenus par la CENI. Selon l’itinéraire donné, la marche partira du rond-point Signers, continuera sur rond point Tshukudu et rond-point BEDGL, en passant devant le quartier général de la MONUSCO  et aura comme point de chute le bureau de la CENI, où un mémorandum sera déposé.[21]

Le 23 octobre, dans une correspondance, les dirigeants des partis politiques de l’opposition ont annoncé, au maire de Kisangani (Tshopo), l’organisation d’une marche pacifique. Le 23 octobre, vers 19 h00, le maire de la ville les a appelés dans son bureau pour leur signifier l’interdiction de cette marche. Motif évoqué par l’autorité urbaine: un autre parti politique avait sollicité l’organisation d’une marche pacifique pour soutenir l’utilisation de la machine à voter. «Des raisons qui ne tiennent pas débout», selon l’opposition.[22]

Le 25 octobre, le gouverneur de la ville de Kinshasa, André Kimbuta, a pris acte de la tenue de la marche prévue, le 26 octobre 2018, par l’opposition sur toute l’étendue de la république.
Jean-Bertrand Ewanga, membre de la plateforme Ensemble de Moïse Katumbi, a affirmé que «le gouverneur a pris acte de la marche de l’opposition. Le problème, c’est l’itinéraire. Le gouverneur a dit que la commune de la Gombe, où toutes les activités politico-économiques sont concentrées, est inviolable et que ce n’était pas prudent qu’on arrive jusqu’au siège de la CENI. Nous avons échangé et on a compris. L’essentiel pour nous c’est la tenue de la marche». Pour ne pas paralyser l’ensemble de la ville, cette marche commencera à l’Echangeur de Limete et, en passant par les boulevards Lumumba et Sendwe, connaitra sa chute à l’esplanade qui se trouve entre le boulevard Triomphal et l’avenue Enseignement, en face du Stade des Martyrs. Une délégation, encadrée par la police, ira déposer le mémorandum au niveau de la CENI.[23]

Le 25 octobre, le maire de la ville de Bukavu (Sud-Kivu), Meschak Bilubi, a autorisé la tenue de la marche des partis de l’opposition prévue le 26 octobre 2018. Il a par ailleurs invité les organisateurs de ladite marche à éviter toute violence lors de la manifestation: «C’est une marche qui ira de la place major Vangu vers le bureau de la CENI. Mais nous avons pris soin de protéger la CENI, puisqu’il y a un principe d’inviolabilité de la CENI. Nous avons demandé aux partis politiques de constituer une délégation de 4 personnes pour déposer leur mémorandum au bureau de la CENI».
Onze partis d’opposition ont organisé cette marche pour dire non à la machine à voter et à l’actuel fichier électoral non-nettoyé.[24]

– Le jour de la manifestation

Le 26 octobre, à Kinshasa la marche s’est déroulée dans le calme avant de se terminer sur la place Triomphale. La police a encadré le cortège à distance et sur le boulevard Lumumba, où la circulation n’a pas été interrompue et les voitures ont continué de circuler en marge du cortège. Parmi les leaders, en tête de la marche, il y avait Martin Fayulu, Vital Kamerhe, Jean-Baudouin Mayo, Adolphe Muzito, Pierre Lumbi, Fidèle Babala, Christophe Lutundula, Jean-Bertrand Ewanga, Claudel Lubaya, Théodore Ngoy. De nombreux mouvements citoyens étaient également présents, dont la Lutte pour le Changement (LUCHA) et Débout Congolais. Commencée à 10h20 à l’Echangeur de Lemba, cette marche est arrivée à 12h50 au boulevard Triomphal, son point de chute. Selon la Police Nationale Congolaise (PNC), environ 4.000 personnes ont pris part à cette marche de l’opposition à Kinshasa.[25]

À Goma (Nord Kivu), c’est à partir de 10 heures que des centaines des manifestants réunis au rond point Seigners ont démarré la marche. Sifflets à la bouche, c’est les militants de la Lucha qui ont occupé la tête du peloton avec des affiches sur lesquelles ils avaient écrit un seul message: non à la machine à voter et à la politique de Corneille Nangaa. Arrivés devant le siège de la CENI et après la lecture du mémorandum, les manifestants ont brûlé une machine imprimante, pour dire à la CENI que les élections de décembre se feront sans machine à voter. La manifestation a été sérieusement encadrée par la police nationale congolaise et aucun incident n’a été signalé. Dans le mémorandum déposé à la Commission Électorale Nationale Indépendante, le point focal de la plateforme « Ensemble pour le changement » a présenté les caractères nuisibles de la machine à voter. «La machine à voter sert au bourrage des urnes et au trucage. Elle est inconstitutionnelle et inadaptée aux réalités du pays, difficile à utiliser par une certaine catégorie de Congolais», a dit Saa Sita juste après la marche.[26]

À Bukavu (Sud Kivu), partie de la place Major-Vangu, la marche s’est achevée au secrétariat exécutif de la CENI, où un mémorandum a été déposé. Autorisée par la mairie, la manifestation a été encadrée par la police et aucun incident n’a été enregistré.[27]

À Lubumbashi (Haut Katanga), l’opposition a maintenu la marche sans avoir, pour autant, rencontré la mairie qui, d’ailleurs, n’avait pas autorisé son organisation. Les activités économiques ont été paralysées dans plusieurs coins de la ville, suite à l’appel lancé la veille par Gabriel Kyungu wa Kumwanza, coordonnateur de la plateforme « Ensemble pour le changement » de Moïse Katumbi, de ne pas se rendre au travail. Des accrochages ont eu lieu entre la police et les jeunes de l’opposition qui tentaient de manifester.[28]

A Kisangani (Tshopo) par contre, la marche pacifique projetée par le collectif des partis politiques de l’opposition n’a pas eu lieu, parce qu’interdite par le maire de la ville. Cette décision a provoqué la protestation des dirigeants et militants des partis politiques, membres de l’opposition.
Les militants de l’opposition se sont rassemblés à la hauteur de la maison colorée non loin du marché central, point de départ de la marche annoncée par leurs partis. Mais la police ne les a pas laissés lancer la marche.[29]

À Bunia (Ituri), les partis politiques de l’opposition ont tenu un meeting, dans l’après midi, au stade Amani. Dans leur message: le refus de la machine à voter ainsi que l’extirpation du fichier électoral des électeurs sans empreintes digitales.[30]

À Mbuji-Mayi (Kasaï-Oriental), la marche initialement annoncée par l’opposition devait se muer en meeting populaire sur demande de la mairie mais, depuis le matin, l’esplanade de la Poste, lieu prévu pour le rassemblement, a été inaccessible, la police ayant été la première à prendre possession de l’endroit. Finalement, dans cette ville, il n’y a eu ni marche, ni meeting.[31]

À Kananga (Kasaï), la marche contre la machine à voter prévue par l’opposition politique n’a pas eu lieu, car interdite par le maire de la ville, pour des raisons d’ordre organisationnel. Dans une lettre adressée la veille aux organisateurs de la marche, le maire leur avait rappelé que «notre province est dans les conditions de zone opérationnelle, ce qui ne peut pas permettre des attroupements susceptibles de créer des troubles sur la ville».[32]

– Quelques considérations

La marche de l’Opposition n’a pas été un succès. C’est loin de la mobilisation observée lors du retour de Jean-Pierre Bemba en août 2018. C’est encore très loin du triomphe réservé à feu Étienne Tshisekedi en juin 2016.
Alors, quelles sont les leçons à tirer de cette marche?
1. Les opposants congolais ont démontré à la face du monde que leurs égos et leurs intérêts personnels sont toujours au-dessus de toute autre considération, malgré leurs multiples déclarations publiques, selon lesquelles ils resteront unis pour concrétiser la première alternance pacifique au pouvoir. Il est très difficile de comprendre que ceux-là qui ont affirmé travailler à la première alternance historique du pouvoir en RDC, soient arrivé à se quereller pour une divergence avec l’un d’entre eux, l’UDPS. Tous sont d’accord que la machine à voter n’est pas bonne. Mais ils divergent sur la forme que doit prendre cette contestation. Pour les uns marche, pour les autres pas marche. Et là, on assiste à une guerre fratricide, même si Félix Tshisekedi a félicité ses « partenaires » au sujet de la marche et leur a même demandé de rester unis. L’unité si difficilement acquise, semble désormais appartenir au passé.
2. La marche n’aura aucune incidence sur la machine à voter. Elle sera maintenue ! Ça ne fait l’ombre d’aucun doute. L’engouement observé lors de cette marche, n’a pas bouleversé les rapports de force politiques, pour que le pouvoir renonce à utiliser la machine à voter.
3. Il n’y aura probablement pas de candidat commun de l’Opposition, malgré la promesse d’en désigner un au plus tard le 15 novembre, faite par les principaux leaders de l’Opposition.
Les intérêts divergent entre les validés (Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe), les invalidés (Jean Pierre Bemba et Adolphe Muzito) et les exclus ( Moïse Katumbi).
Entre Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe, c’est de la concurrence légitime. C’est une question de gestion des ambitions. Les deux ont des prétentions politiques fondées d’accéder à la magistrature suprême. Pour que l’un s’efface au profit de l’autre, c’est quasiment impossible.
Que dira Félix Tshisekedi à sa base, réputée bouillante et bruyante, en cas de son désistement en faveur de l’ancien speaker de la chambre basse? Sa position sera intenable.
Pour Vital Kamerhe, pareil presque. L’expérience (ancien président de l’assemblée nationale et ancien ministre) parle pour lui, pour occuper le fauteuil présidentiel. Ses partisans également verraient d’un très mauvais œil qu’il se désistât en faveur d’un autre candidat. Ça risque de démobiliser les troupes et partant, avoir des conséquences fâcheuses sur les autres scrutins. Donc attention à l’effet domino du désistement.
Les invalidés et les exclus ont un autre agenda que celui des validés. Ils veulent coûte que coûte revenir dans le jeu politique, dont ils ont été arbitrairement écartés. Pour eux, tous les prétextes sont bons pour bloquer le processus électoral, pourvu qu’ils y rentrent, afin de briguer la présidentielle. Ils sont donc prêts à tout pour empêcher la tenue des élections sans eux.
En cela, leurs intérêts ne concordent pas avec ceux des validés qui bénéficient objectivement de leur exclusion, dont par ailleurs, ils (validés) n’en sont responsables.
4. Dans cette situation, il y a le risque de provoquer une augmentation du taux d’abstention des partisans de l’Opposition, blasés par les bisbilles entre opposants. Plusieurs se disent dégoûtés par le spectacle qu’offre les différentes factions de l’Opposition.
5. Les divisions dans l’Opposition ont donné à la Majorité Présidentielle un peu de répit. Pendant que les opposants sont occupés à se canarder, la MP poursuit son bonhomme de chemin.
6. Le rejet de l’UDPS par une certaine frange de l’Opposition, offre une nouvelle opportunité à la Majorité de se rapprocher de Limete après les élections.
Les conséquences négatives de la marche sur l’Opposition sont de loin plus importantes que les dividendes engrangés. Mieux aurait fallu que l’Opposition n’organise cette marche, pour garder son unité de façade. C’est trop tard hélas. Le mal est déjà fait.[33]

3. LE FRONT COMMUN POUR LE CONGO (FCC)

a. Le meeting du 27 octobre

Le 20 octobre, à propos de la polémique sur la machine à voter, le président national de la Ligue des jeunes du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), Papy Pungu, a affirmé que «refuser aujourd’hui la machine à voter et prétendre concomitamment s’en tenir à la date du 23 décembre prochain pour la tenue des élections, c’est une folie, une aberration, une absurdité notoire et nocive. La réalité, est que les opposants ont peur des élections car, n’y ayant jamais cru, ils ne s’y sont pas préparés et le peuple congolais l’a bien compris».[34]

Le 21 octobre, dans une conférence de presse, le directeur de cabinet de Joseph Kabila et membre du comité stratégique du FCC, Néhémie Mwilanya, a annoncé l’organisation d’un meeting du Front Commun pour le Congo (FCC) pour le samedi 27 octobre prochain au stade Tata Raphaël dans la capitale Kinshasa.
«Le FCC va lancer une série d’actions de grande envergure pour sensibiliser en faveur du processus électoral, et notre première activité ça sera déjà pour ce samedi 27 octobre au stade Tata Raphaël», a dit Néhémie Mwilanya, en réaffirmant la détermination du FCC à participer aux prochaines élections présidentielles et législatives prévues le 23 décembre.
Selon Néhémie Mwilanya, au cours de ce meeting, le FCC va présenter son candidat à la présidentielle, Emmanuel Ramazani Shadary. Quant aux questions électorales qui divisent la classe politique congolaise, il a assuré que le FCC tient à aller aux élections fixées au 23 décembre avec ou sans la machine à voter et les enrôlés sans empreintes digitales
Ce grand meeting du FCC interviendra un jour après une marche organisée par l’opposition, pour protester contre la machine à voter. Il s’agit d’une marche prévue le 26 octobre et à laquelle l’UDPS ne va pas participer, car elle vient de lever l’option de participer aux élections, avec ou sans la machine à voter.[35]

Le 21 octobre, toujours dans la même conférence de presse, Néhémie Mwilanya a donné la position du Front Commun pour le Congo (FCC) au sujet de la polémique sur l’usage de la machine à voter. «Le FCC note que la loi électorale oppose le vote électronique au vote par bulletin papier. La présence du bulletin papier dans la procédure de vote de la machine à voter et le recours au comptage manuel rassurent pleinement le FCC quant à la légalité et à la transparence de ce mode de vote», a dit Néhémie Mwilanya, coordonnateur du comité stratégique du FCC.
Il a également dévoilé la position de cette plateforme concernant le débat sur les électeurs sans empreintes. «La question des électeurs à empreintes digitales illisibles ne saurait ébranler la crédibilité du fichier électoral dès lors que, d’une part, l’empreinte digitale n’est qu’un mode parmi tant d’autres d’identification des électeurs (identité complète, photo,…) et que, d’autre part, le palliatif à ce désagrément est suppléé par l’affichage des listes des électeurs qui permet d’identifier ceux fictifs», a ajouté Néhémie Mwilanya.
En conséquence, «le FCC estime que les questions soulevées trouvent des réponses techniques crédibles et les acteurs de bonne foi devraient en prendre acte». Ainsi, le FCC a annoncé sa décision de poursuivre son soutien au processus électoral en cours, et sa décision « définitive et irrévocable » de participer aux scrutins prévus le dimanche 23 décembre 2018.[36]

Le 25 octobre, le gouverneur de la ville de Kinshasa, André Kimbuta, a pris acte de l’organisation par le Front Commun pour le Congo (FCC) d’un meeting au stade Père Raphael, dans la commune de Kalamu, à Kinshasa, le samedi 27 octobre 2018 à partir de 10h00′.[37]

Le 27 octobre, à Kinshasa, des dizaines de milliers de personnes (60.000 selon les organisateurs, 180.000 selon la Police) ont pris part au meeting du Front Commun pour le Congo (FCC) qui s’est tenu au stade Tata Raphaël. Certains militants des partis politiques membres de FCC n’ont pas pu accéder au stade, faute de place. Les alentours du ont été envahis par les militants du FCC venus des 24 communes de la ville. Les militants les plus en vue étaient ceux du PPRD, AFDC de Bahati Lukwebo, PT de Steve Mbikayi, FCD de Pierre Kangudia, Palu de Gizenga, UDPS de Bruno Tshibala et ARC de Minembwe Élysée. Présenté à la population de Kinshasa comme candidat commun du FCC à la présidentielle du 23 décembre, Emmanuel Ramazani Shadary a demandé à la population de faire confiance à la machine à voter et a aussi promis de présenter son programme de gouvernance la semaine suivante.[38]

L’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ) s’interroge sur l’origine des fonds ayant servi à financer le meeting du FCC. Elle soupçonne les organisateurs d’avoir utilisé l’argent du Trésor public et demande des clarifications aux autorités. Par le biais de ses agents sur le terrain, l’ACAJ dit avoir recueilli des informations selon lesquelles de nombreux bus de la compagnie publique Transco ont été réquisitionnés illégalement pour l’occasion. D’après l’ONG, des représentants des forces de sécurités, en civil, étaient également présents dans les gradins. Et plusieurs participants se seraient vu remettre ou promettre des sommes d’argent. Sous couvert d’anonymat, un fonctionnaire contacté par RFI raconte avoir été enjoint de participer au meeting, sans quoi «il aurait des problèmes». 17.000 francs congolais lui auraient été promis en échange. Il affirme n’en avoir touché que 2.000.
Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, dément catégoriquement: «Il n’y a jamais eu d’ordres donnés pour forcer les gens à venir ou des menaces contre les gens qui ne sont pas venus. Ca c’est complètement faux» Le ministre dément également les accusations de réquisition illégales de bus Transco. Il assure que ceux-ci ont été loués grâce aux cotisations de chaque regroupement politique.[39]

[1] Cf Actualité.cd, 18.10.’18
[2] Cf Radio Okapi, 20.10.’18
[3] Cf Thomas Uzima – mediacongo .net, 20.10.’18
[4] Cf Lokale, Ntumba, Kabwatila (IFASIC) – Actualité.cd, 20.10.’18
[5] Cf Roger Mulyata – CongoForum, 16.10.18
[6] Cf Valéry Mukosasenge – 7sur7.cd, 23.10.’18
[7] Cf Auguy Mudiayi – Actualité.cd, 18.10.’18
[8] Cf mediacongo.net, 20.10.’18
[9] Cf Stanis Bujakera Tshiamala – Actualité.cd, 23.10.’18
[10] Cf Radio Okapi, 25.10.’18; Mediacongo.net, 25.10.’18
[11] Cf Stany Bujakera Tshiamala – Actualité.cd, 19.10.’18
[12] Cf Radio Okapi, 21.10.’18
[13] Cf Radio Okapi, 22.10.’18
[14] Cf Chris Elongo – Cas-info.ca, 22.10.’18
[15] Cf Dieumerci Thuambe – 7sur7.cd, 23.10.’18; P. Ndongo – Cas-info.ca, 23.10.’18
[16] Cf Valéry Mukosasenge – 7sur7.cd, 23.10.’18
[17] Cf Jeff Kaleb Hobiang – 7sur7.cd, 20.10.’18
[18] Cf Jephté Kitsita – 7sur7.cd, 18.10.’18 ; 7sur7.cd, 18.10.’18  http://7sur7.cd/new/marche-du-26-octobre-ludps-na-pas-signe-la-correspondance-de-lopposition-adressee-a-kimbuta/
[19] Cf 7sur7.cd, 23.10.’18
[20] Cf Actualité.cd, 25.10.’18
[21] Cf Jonathan Kombi – Actualité.cd, 23.10.’18
[22] Cf Radio Okapi, 26.10.’18
[23] Cf Actualité.cd, 25.10.’18; Radio Okapi, 25.10.’18
[24] Cf Justin Mwamba – Actualité.cd, 25.10.’18
[25] Cf RFI, 26.10.’18
[26] Cf Valéry Mukosasenge – 7sur7.cd, 26.10.’18
[27] Cf Justin Mwamba – Actualité.cd, 26.10.’18
[28] Cf José Mukendi – Actualité.cd, 26.10.’18
[29] Cf Radio Okapi, 26.10.’18
[30] Cf Dieumerci Thuambe – 7sur7.cd, 26.10.’18
[31] Cf Radio Okapi, 26.10.’18
[32] Cf Sosthène Kambidi – Actualité.cd, 26.10.’18
[33] Cf Zabulon Kafubu – 7sur7.cd, 27.10.’18
[34] Cf Jephté Kitsita – 7sur7.cd, 21.10.’18
[35] Cf Radio Okapi, 21.10.18; P. Ndongo – Cas-info.ca, 22.10.’18
[36] Cf Stanis Bujakera Tshiamala – Actualité.cd, 22.10.’18
[37] Cf Actualité.cd, 25.10.’18
[38] Cf Radio Okapi, 27 et 28.10.’18; Will Cleas Nlemvo – Actualité.cd, 27.10.’18
[39] Cf RFI, 29.10.’18