Congo Actualité n.299

SOMMAIRE

ÉDITORIAL: LE DIALOGUE COMME VERTU PERMANENTE

  1. APRÈS LA SIGNATURE DE L’ACCORD DU 18 OCTOBRE

  2. La nécessité de la poursuite d’un dialogue réellement inclusif

  3. La création du « Front pour le respect de la Constitution »

  4. LE SOMMET DE LA CIRGL À LUANDA

  5. La rencontre des Ministres des Affaires Étrangères

  6. Le discours d’ouverture et la déclaration finale

  7. Les réactions de la Majorité

  8. Les réactions de l’Opposition

  9. Les réactions de la Société Civile

  10. LE RASSEMBLEMENT DE L’OPPOSITION: « VILLES MORTES » POUR UN DEUXIÈME « CARTON JAUNE » À KABILA

  11. Nouvelles arrestations

  12. Une journée « villes mortes »

  13. L’annonce de nouvelles manifestations

 

1. APRÈS LA SIGNATURE DE L’ACCORD DU 18 OCTOBRE

 

a. La nécessité de la poursuite d’un dialogue réellement inclusif

Dans son communiqué datant du17 octobre, l’Union Européenne (UE) avait émis le vœu de voir le dialogue actuellement en cours en RDCongo ouvrir la voie à « une nouvelle phase d’un processus politique plus inclusif ».

À ce propos, le représentant de l’UE en RDC, Bertrand Soret, précise qu’il ne s’agit pas d’un appel à un deuxième dialogue mais plutôt d’un appel à la recherche d’un mécanisme qui permettrait d’assurer aux conclusions du dialogue un caractère inclusif. «Nous continuons à regretter que l’accord du 18 octobre ne soit pas inclusif et, par conséquent, que tous les problèmes ne soient pas résolus. Il faut donc que l’on trouve un processus politique pour que le plus grand nombre possible rejoigne le consensus qui a été trouvé, de manière à préserver la paix dans le pays», plaide Bertrand Soret, en soulignant que pour l’Union Européenne, la paix en RDC reste la préoccupation principale. Selon Bertrand Soret, «il ne s’agit pas de recommencer le dialogue. Il s’agit de trouver les moyens, afin que ceux qui n’ont pas participé au dialogue se retrouvent dans un compromis qui permette de maintenir la paix dans ce Pays. Cette phase de dialogue politique s’est terminée. Il y a un accord politique et il faut voir comment, à partir de là, il est possible de ramener vers la table de négociations le plus grand nombre, pour que, effectivement, on ait une chance de mettre en œuvre cet accord politique et que l’on passe les échéances du mois de décembre de manière apaisée. Nous avons félicité les résultats qui ont été obtenus, même si nous pensons que tout n’est pas encore résolu. Maintenant il faut voir comment, à partir de là, on peut encore améliorer les résultats de ce dialogue, de façon qu’il puisse être mis en œuvre».[1]

Le 20 octobre, les Evêques membres du Comité de suivi du processus électoral de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) ont publié un message dans lequel ils ont affirmé avoir pris acte des résolutions issues du dialogue de la Cité de l’Union Africaine (UA) et s’être penchés sur certaines questions urgentes d’actualité abordées soit dans l’Accord politique pour l’organisation d’élections apaisées, crédibles et transparentes en République Démocratiques du Congo (18 octobre 2016), soit dans le Rapport final des travaux du conclave du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement (4 octobre 2016).

Malgré la tenue du dialogue qui s’est achevé le 18 octobre, les Evêques constatent que, «à deux mois de la fin du mandat constitutionnel de l’actuel Président de la République, les acteurs politiques ne réussissent pas encore à se mettre d’accord pour trouver des solutions pacifiques et consensuelles à la crise socio-politique qui prend des proportions de plus en plus inquiétantes et qui risque de plonger notre pays dans le chaos».

Pourtant, selon les Evêques, «il y a des points de convergence à prendre en compte dans la recherche d’une sortie de crise de façon pacifique:

1° Aussi bien les Participants au dialogue que le Rassemblement de l’Opposition jurent pour le respect absolu de la Constitution et sont d’accord sur la nécessité d’un large consensus, afin d’aboutir à l’organisation d’élections libres, transparentes et apaisées;

2° Tous les protagonistes reconnaissent qu’il est matériellement difficile d’organiser ces élections avant la fin de l’année 2016 et, de fait, ils acceptent une période de transition».

Toutefois, ils se disent «très préoccupés pour les grandes divergences qui existent entre les différentes parties, au risque de dégénérer en une confrontation violente. Il s’agit principalement:

1° de la durée de la période transitoire;

2° de l’exercice du pouvoir pendant cette transition non prévue par la Constitution;

3° du couplage des élections (présidentielles, législatives et provinciales)».

Pour les Evêques, «il s’avère urgent et nécessaire pour toutes les parties de se retrouver dans un cadre à convenir en vue d’aplanir les divergences pour l’intérêt supérieur de la Nation.

Au regard des solutions préconisées par les différentes parties, ils tiennent à attirer l’attention de l’opinion tant nationale qu’internationale sur les points suivants:

«1. Mettre en œuvre tous les moyens afin de réduire la période transitoire, pour qu’elle ne dépasse pas l’année 2017;

  1. Les recommandations visant les attributions du Parlement, du Gouvernement et de la CENI dans le processus électoral devront être formulées en termes précis, contraignants et péremptoires;
  2. Le Gouvernement de transition à constituer devra avoir comme priorité: organiser les élections, garantir le respect des libertés fondamentales, dont la liberté d’expression, rétablir l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national et améliorer la vie sociale de la population.
  3. Dans le consensus à trouver, il est impérieux qu’il soit clairement mentionné que l’actuel Président de la République ne se représentera pas pour un troisième mandat, conformément à l’Article 220 de la Constitution;
  4. Pour plus de garantie et de crédibilité de la mise en œuvre des recommandations du consensus à trouver, il est nécessaire que le Comité de suivi soit renforcé par une présence active des Nations Unies».[2]

Le 20 octobre, dans un communiqué de presse, le Rassemblement des Forces politiques et sociales acquises au changement a

«1. Dénoncé l’intensification, par le régime de Joseph Kabila, des actes de provocation, d’intimidation, de restriction de l’espace politique, des atteintes graves aux droits de l’homme et aux libertés publiques, le tout aggravé par l’instrumentalisation à outrance de la Justice, de la CENI et de la Cour Constitutionnelle;

  1. Exigé que cessent ces actes inacceptables qui se traduisent notamment par des rafles nocturnes tant des dirigeants du Rassemblement que des centaines de jeunes innocents, jetés arbitrairement dans les cachots de la police politique de Joseph Kabila;
  2. Exigé la libération sans conditions de tous les prisonniers politiques, parmi lesquels Eugène Diomi Ndongala, Jean-Claude Muyambo, Huit Mulongo, Moïse Moni Della, Bruno Tshibala et tous les jeunes et activistes de la Société Civile condamnés injustement par des procédures expéditives:
  3. Exigé l’arrêt des poursuites intempestives contre les opposants motivées par des considérations politiques;
  4. Rappelé son appel à la tenue d’un véritable dialogue qui soit réellement inclusif entre les deux camps à savoir: celui de Monsieur Joseph Kabila et ses partisans réunis au Camp Tshatshi d’une part, et celui du Rassemblement et tous ceux avec qui il partage les positions d’autre part;
  5. Relevé que l’Accord issu du Dialogue non inclusif du Camp Tshatshi viole la Constitution de la République et n’apporte aucune solution à la crise politique qui déchire la République Démocratique du Congo. Au contraire, il exacerbe davantage les tensions délibérément créées et entretenues dans le pays par Joseph Kabila qui tient à se maintenir au pouvoir alors que son second et dernier mandat constitutionnel expire le 19 décembre 2016 à 23 heures 59’.

De ce qui précède, le Rassemblement des Forces Politiques et Sociales Acquises au Changement a (i) Rejeté catégoriquement l’Accord du Camp Tshatshi qui n’est qu’un simulacre de solution à la crise et dont l’unique finalité est le partage et la confiscation du pouvoir par ses signataires;

(ii) Appelé le Peuple Congolais à ne pas reconnaître le Gouvernement qui en sera issu parce que illégitime; (iii) Invité la Communauté Internationale à ne pas cautionner l’Accord du Camp Tshatshi qui sans aucun doute conduira la République Démocratique du Congo au chaos;

(iv) Réaffirmé sa disponibilité à participer activement à un Dialogue inclusif conforme à la résolution 2277 du Conseil de Sécurité et réitéré son appel aux Nations Unies ainsi qu’à l’Union Africaine de prendre toutes les dispositions requises en vue de sa convocation».[3]

Le 24 octobre, en prenant acte du dialogue national ayant abouti à la signature d’un accord politique, grâce entre autres à la facilitation de l’Union Africaine, le représentants spécial adjoint du Secrétaire général de l’ONU, Mamadou Diallo, a exprimé l’espoir que la mise en œuvre de cet accord puisse contribuer à l’établissement d’un climat plus propice au respect des libertés et des droits de l’homme, au débat politique et à des élections crédibles, transparentes et apaisées. D’après Mamadou Diallo, il est nécessaire que, après la première étape de ce dialogue ayant débouché sur la signature d’un accord politique, les parties prenantes, notamment celles n’y ayant pas pris part, se retrouvent autour d’une table avec les signataires dudit document, afin d’aplanir les divergences et de se mettre d’accord.[4]

Le 24 octobre, au cours d’un point de presse organisé à Kinshasa, la Nouvelle Société Civile Congolaise (NSCC) s’est dite préoccupée par les risques de tension que court le pays, à la suite de la non organisation des élections présidentielle et législatives, conformément aux prescrits de la Constitution et a affirmé avoir opté pour une transition, pourvu qu’elle soit la plus courte possible. Elle préconise ainsi l’organisation des élections présidentielle et législatives couplée à la fin de 2017. Quant aux élections provinciales, sénatoriales et celle des Gouverneurs et vice gouverneurs, la NSCC estime qu’elles pourront intervenir 60 jours plus tard. Elle demande aussi au gouvernement congolais et aux partenaires techniques et financiers d’accélérer l’opération de la révision du fichier électoral, en accordant à la CENI les moyens financiers, techniques et logistiques conséquents, en vue d’assurer sa mission en toute transparence et régularité. Elle réitère son souci de la tenue d’une deuxième phase du dialogue inclusif (à défaut de négociations directes) bénéficiant de l’implication de toutes les forces politiques et sociales du pays, en vue de la relance du processus électoral en cours et de la gestion pacifique de la période allant du 19 décembre 2016 au 19 décembre 2017. Enfin, la NSCC exhorte le chef de l’Etat Joseph Kabila à rompre avec son silence en dissipant les spéculations autour de la fin de son dernier mandat et sa possible candidature à la présidentielle.[5]

b. La création du « Front pour le respect de la Constitution »

Le 29 octobre, le Mouvement de libération du Congo (MLC) et ses alliés ont lancé une nouvelle plateforme politique dénommée « Le Front pour le Respect de la Constitution« . Une quarantaine de partis politiques et une cinquantaine d’organisations de la société civile ont signé le protocole d’accord pour adhérer à cette plateforme. Parmi les adhérents, on compte les mouvements citoyens Lutte pour le changement (LUCHA) et Filimbi. La secrétaire générale du MLC, Eve Bazaiba, explique que l’importance de la création du Front pour le respect de la Constitution est de «conserver la loi fondamentale, parce que c’est le pacte républicain». «Ce combat de la protection de la constitution se fera par tous les moyens légaux et pacifiques et conformément aux lois et règlements de la république. La constitution symbolise la cohésion nationale et le peuple congolais doit nous accompagner dans nos actions pour la protéger», a déclaré Eve Bazaiba.

Le Front pour le respect de la Constitution rejette l’accord issu du dialogue national. Pour Eve Bazaiba, il n’y a que deux possibilités: «Soit nous optons pour cet accord qui viole la Constitution, qui nous amène dans une dérive dictatoriale, ou alors nous optons pour la Constitution qui amène à la paix, à la stabilité de notre pays», a déclaré la secrétaire générale du MLC, qui estime il faut un nouveau président de la République après le 19 décembre 2016. «Nous avons opté pour le respect de la Constitution et tous les mécanismes de l’organisation de l’exercice du pouvoir contenus dans cette Constitution pour sauver notre pays, pour la paix et la stabilité», a poursuivi la député nationale. Au lieu du dialogue, le Front pour le respect de la Constitution propose une réunion technique pour relire la Constitution telle qu’elle devrait être comprise. «Nous avons aussi des experts qui savent lire la Constitution, qui savent planifier toutes les questions techniques et logistiques de cette Constitution, pour que l’aspiration profonde des Congolais soit mise en exergue, et que le président de la République, Joseph Kabila, quitte son poste à la fin de son mandat, c’est-à-dire le 19 décembre 2016 et pas au-delà», a expliqué Eve Bazaiba.

Parmi ceux qui rejettent les conclusions du dialogue national, certains estiment que le président du Sénat, Léon Kengo Wa Dondo, devrait diriger la transition après le 19 décembre 2016 et organiser une élection présidentielle à laquelle il ne devrait pas pouvoir être candidat.[6]

2. LE SOMMET DE LA CIRGL À LUANDA

a. La rencontre des Ministres des Affaires Étrangères

Le 24 octobre, les ministres des Affaires étrangères des Grands Lacs se sont réunis à Luanda (Angola), pour préparer le sommet de chefs d’Etat qui s’ouvrira le 26 octobre dans la capitale angolaise et qui doit se pencher sur le cas de la République démocratique du Congo (RDC). Cette réunion est organisée conjointement par la Conférence internationale sur la région des Grands lacs (CIRGL), les Nations unies, la SADC et l’Union africaine.

Le ministre des Affaires Étrangères angolais, George Chicoti, a affirmé que le sommet va prendre acte des conclusions du dialogue facilité par le diplomate togolais Edem Kodjo et formuler des recommandations encourageant toutes les parties à intégrer ces résolutions en vue de la préservation de la paix en RDC. Pour le ministre des Affaires étrangères angolais, George Chicoti, ce sommet ne servira pas à remettre en question le contenu de l’accord politique, tel qu’il a été conclu à Kinshasa le 18 octobre. Selon lui, il n’y aura pas de nouveau dialogue, ni de nouvelle date des élections, comme le demandent le Rassemblement de l’opposition. Le ministre angolais a affirmé que «le dialogue a été assez ouvert. Tous les partis ont été conviés. Naturellement, il y a des rassemblements qui n’y étaient pas. Donc je crois que l’accord reste ouvert et que toutes les autres parties de l’opposition qui n’y ont pas participé peuvent ensuite se joindre à ce dialogue. Mais je crois que ce qui a été signé, on est obligé de l’accepter». Pour le chef de la diplomatie angolaise, pas question non plus d’évoquer les positions de la conférence épiscopale et de la communauté internationale qui demandent des élections en 201: «Je ne crois pas qu’on puisse aller dans ce sens-là, sinon tout le monde fait son propre calendrier. Il y en a qui veulent trois ans, d’autres veulent six mois, d’autres veulent une année, mais je crois que l’essentiel c’est que les Congolais s’entendent sur une date».[7]

Dans un communiqué, une coalition de 33 ONG congolaises a appelé à ce que les chefs d’Etat à Luanda soutiennent l’ouverture d’un deuxième dialogue plus inclusif et respectueux de la Constitution. C’est aussi l’avis de tous ceux – société civile et membres de l’opposition confondus – qui rejettent l’accord politique signé la semaine dernière. Un texte qui entérine l’extension du mandat de Joseph Kabila au-delà de 2016 et l’organisation d’élections en 2018 seulement.

Les pays occidentaux de leur côté poussent pour l’organisation d’élections en 2017 plutôt qu’en 2018. Toutefois, selon les déclarations du ministre des Affaires étrangères angolais, George Chicoti, l’accord politique est une bonne solution et il faut encourager les Congolais à l’appliquer. Le sommet d’aujourd’hui pourrait donc se limiter à condamner les violences du 19 septembre et à entériner l’accord politique signé à Kinshasa.[8]

b. Le discours d’ouverture et la déclaration finale

Le 26 octobre, dans un discours prononcé à l’ouverture de la réunion du Mécanisme régional de supervision de l’accord cadre pour la paix, la sécurité et la coopération en RDC et dans les régions des Grands Lacs, organisée à Luanda, le président angolais Edouardo Dos Santos a estimé que, «en République Démocratique du Congo (RDC), la création d’un gouvernement d’unité nationale et de transition permettra de mettre fin au climat de contestation et de déstabilisation et de préserver la paix et la stabilité».

«(…) La paix et la stabilité sont des conditions essentielles pour le fonctionnement normal du pays et de ses institutions, et permettent la participation active et consensuelle de nouveaux acteurs politiques au processus en cours», a souligné le président Angolais.

Edouardo Dos Santos a invité «ceux qui veulent prendre le pouvoir à cultiver l’esprit de paix qui doit caractériser le processus électoral, à respecter les lois de la République et à faire preuve de patience jusqu’à l’organisation effective des prochaines élections».

«Il est important de savoir qu’ils [ceux qui veulent prendre le pouvoir] peuvent le faire démocratiquement, en respectant les lois et la volonté souveraine des électeurs», a-t-il ajouté.

Le président angolais a conseillé qu’il vaudra mieux la peine «d’attendre quelques mois de plus, pour le faire [prendre le pouvoir] en toute sécurité et tranquillité, que de suivre les voies incertaines de la violence, où l’on sait toujours comment et pourquoi elles commencent, mais jamais quand elles finiront. Pour ceux qui aspirent gouverner, il est important de savoir qu’il est toujours préférable et plus facile de le faire dans un climat de paix et d’ordre, que de prendre le pouvoir dans les conditions d’un pays dévasté», a suggéré Edouardo Dos Santos.

Le président angolais s’est réjoui de la signature de l’accord politique signé à l’issue du dialogue organisé à Kinshasa et a invité les acteurs politiques et de la société civile congolaise au consensus et au respect de la loi et de l’ordre constitutionnel établi. Pour lui, l’accord intervenu récemment prouve que le dialogue reste le seul moyen valable de régler les contradictions et de surmonter les crises et les conflits afin de garantir la paix des esprits et du point de vue politique et social en conformité avec les lois applicables. Il a noté que c’est seulement dans un climat de paix et de stabilité, qu’il est possible de «réaliser un processus électoral sérieux, honnête et crédible», tant pour les personnes qui vont voter comme pour la communauté internationale qui en sera témoin.[9]

Le 26 octobre, le sommet sur la RDC s’est achevé à Luanda. Les chefs d’Etat africains de la sous-région des Grands Lacs et de la SADC ont apporté leur soutien à l’accord qui entérine le report des élections à 2018 au lieu de 2016 et qui maintient Joseph Kabila au pouvoir au-delà de son mandat jusqu’au prochain scrutin.

Selon la déclaration finale, les Chefs d’Etat de la CIRGL «ont félicité le Président Joseph Kabila Kabange d’avoir convoqué le dialogue national; ont remercié toutes les parties prenantes qui y ont pris part; se sont félicités de la signature, le 18 octobre 2016, de l’Accord politique global relatif à l’organisation d’élections apaisées, crédibles et transparentes en République démocratique du Congo; ont pris note avec satisfaction des mesures prises jusqu’à présent par le Gouvernement pour renforcer la confiance; et ont engagé ce dernier, ainsi que les autres parties prenantes, à prendre de nouvelles mesures en ce sens. Ils ont condamné les violences intervenues les 19 et 20 septembre 2016 en RDC et demandé à toutes les parties de ne chercher des solutions à la crise politique que par des moyens pacifiques, qui soient conformes à la Constitution de la RDC et à la résolution 2277 (2016) du Conseil de sécurité. Ils ont engagé toutes les parties prenantes à participer au dialogue national et à arrêter une feuille de route assortie de mesures concrètes, destinées à garantir la tenue d’élections; et ont demandé à nouveau à toutes les parties prenantes de respecter les principes, idéaux et aspirations du peuple congolais, qui sont consacrés dans la Constitution, ainsi que les principes et lignes directrices de la SADC et de l’Union africaine régissant les élections démocratiques, conformément à la résolution 2277 (2016) du Conseil de sécurité de l’Onu».[10]

Au final Joseph Kabila a obtenu à Luanda le soutien sans faille qu’il attendait. Il a été félicité pour avoir organisé un dialogue avec l’opposition et pour avoir obtenu la signature d’un accord politique. L’unique demande qui était faite au pouvoir, celle de prendre de nouvelles mesures pour que le dialogue soit plus inclusif, a même été retirée du communiqué final. Une exigence martelée par la communauté internationale mais aussi l’Eglise catholique. Elle a donc disparu de la déclaration finale. Pas de critique sur le report d’un an et demi des élections, ni sur le fait que Joseph Kabila reste au pouvoir jusqu’à la prochaine élection. On est donc bien loin de la position de l’Union européenne. Bien loin aussi des demandes des poids lourds de l’opposition congolaise d’ouvrir un nouveau dialogue et d’une transition sans Joseph Kabila.[11]

Les réactions ont été nombreuses suite au sommet de Luanda qui a consacré l’accord politique signé entre la majorité et une frange de l’opposition, et félicité Joseph Kabila pour la convocation du dialogue national. Si le gouvernement congolais salue ce soutien, une partie de l’opposition rejette fermement les conclusions des chefs de l’Etat réunis en Angola. La Majorité présidentielle(MP) et l’opposition ont donc des vues différentes sur la déclaration finale du sommet.[12]

c. Les réactions de la Majorité

Pour la majorité, ce n’est que justice après les efforts déployés par le chef de l’Etat. André-Alain Atundu, porte-parole de la majorité, a ainsi réagi: «Ce n’est qu’une juste récompense aux efforts persévérants et souvent injustement critiqués du président Kabila pour consolider la démocratie dans notre pays et favoriser la cohésion nationale (…) Il mérite vraiment cette reconnaissance de la part de ses pairs. L’Union Africaine a reconnu la qualité du travail abattu par le dialogue, une initiative qui a abouti à un consensus avantageux sur le processus électoral, notamment sur la refonte du fichier électoral, sur la séquence des scrutins et sur le calendrier électoral. J’espère que le Rassemblement de l’opposition saura revenir à la raison et revoir sa position».[13]

Le porte-parole du gouvernement de la RDC, Lambert Mende, a affirmé que «nous sommes satisfaits de ce que les initiatives qui ont été prises par le président Kabila aient été soutenues de manière claire par la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et qu’un appel à la raison ait été lancé à tous nos compatriotes, pour qu’ils puissent se joindre aux résolutions que nous avons prises et éviter une gestion plus ou moins chaotique ou violente de cette étape assez délicate, que nous allons connaître entre la fin du mandat du président, de son deuxième mandat, et l’organisation effective des élections à venir».[14]

Le 29 octobre, le député national de la MP, Henri Thomas Lokondo, a affirmé que, «à lire les conclusions du sommet de Luanda, il faut dire que le sommet de Luanda a joué à l’équilibriste, pour ne pas dire au funambule». Dans une interview, l’élu de Mbandaka a indiqué que le sommet de Luanda salue l’accord issu du dialogue. Ce sommet demande aussi aux acteurs politiques et sociaux congolais de respecter les principes, les idéaux et les aspirations du peuple congolais consacré dans notre constitution. «En d’autres termes, le sommet dit Oui à l’accord, mais propose qu’il faille continuer à dialoguer. Comme vous le savez, le dialogue est une vertu permanente. Donc, il faut ratisser large pour que le dialogue soit plus inclusif comme l’exige d’ailleurs la résolution 2277 que le sommet lui-même a évoquée», a analysé le député Lokondo selon qui la position des chefs d’Etats africains s’inscrit dans le cadre de l’intérêt supérieur de la nation et du peuple Congolais. «C’est comme pour dire que le travail n’est pas encore fini et que tout peut à tout moment être requalifié pour le seul intérêt supérieur de la nation», poursuit-il. Henri Lokondo souligne à ce sujet que le président de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso, qui a participé au sommet et le président Kagame qui a été représenté par un plénipotentiaire, ont insisté pour que le dialogue puisse continuer.[15]

d. Les réactions de l’Opposition

Si pour la Majorité présidentielle le sommet de Luanda représente un soutien sans faille au président Kabila, pour Christophe Lutundula, vice-président du mouvement d’opposition G7, c’est loin d’être aussi clair: «Nous aurions souhaité que ce communiqué soit plus clair. Néanmoins, je ne vois nulle part la mention faite aux élections en 2018, aux mandats… Toutes ces questions ne sont pas abordées. Ça signifie qu’il n’y a pas un appui explicite et que dans tous les cas le dernier mot revient au peuple congolais».

Pour les mouvements citoyens, en revanche, ces félicitations adressées au président Kabila sont une déception. Ils avaient demandé aux chefs d’Etat réunis à Luanda de rejeter cet accord qui prolonge le mandat du président Kabila au-delà des délais constitutionnels et qui surtout reporte les élections au plus tôt à avril 2018. Pour autant ils ne sont pas vraiment surpris du message de ce sommet. Godefroy Mwanabwato, militant de la Lucha, s’est interrogé: «Quelles sont les personnes qui sont autour de la table ? C’est des chefs d’Etat qui ont soit modifié les Constitutions dans leurs pays respectifs, soit c’est des chefs d’Etat qui sont là au pouvoir depuis 25, depuis 30 ans, depuis 32 ans pour certains. Alors il n’y a rien de bon qui pouvait sortir de ces chefs d’Etat là».[16]

De son côté, l’opposition ne cache pas sa déception même si certains de ses ténors disent ne pas être surpris de la déclaration du sommet de Luanda. Le secrétaire de l’Union démocratique africaine (UDA) originelle, parti politique membre du Rassemblement, estime que cette position des chefs d’Etats africains ne reflète que leur propre réalité. Martin Mukonkole fait remarquer: «C’est une grande déception de notre part. Nous ne pouvons pas être surpris, parce que nous savons que tous ces chefs africains ce sont des gens qui sont assis, soit sur la violation de leur propre constitution, ou qui sont là par une certaine imposition au détriment du principe démocratique», en ajoutant: «Ils disent qu’ils sont là parce qu’ils ont été élus et ils oublient que, en étant élus, on leur a donné un timing dans lequel ils doivent exercer le pouvoir. Moi j’avais cru que les chefs de l’Etat allaient réellement écouter la voix de la raison, en admettant qu’on a besoin d’une alternance démocratique au sommet du pouvoir et en acceptant qu’il est tout à fait nécessaire qu’il y ait inclusivité de tout le monde [dans le dialogue]».[17]

L’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), le principal parti de l’opposition congolaise, dénonce le soutien apporté par les chefs d’Etat membres de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) à l’accord politique conclu entre la majorité présidentielle et une partie de l’opposition.

Selon le secrétaire général de l’UDPS, Jean-Marc Kabund wa Kabund, «l’Union africaine de manière générale, la CIRGL (…) en particulier, ont encore failli à leur mission. Aujourd’hui, le peuple congolais aspire à la démocratie, à l’alternance. Il faut souligner que c’est la première alternance que les Congolais attendaient il y a de cela 56 ans, depuis son accession à l’Indépendance». Et de poursuivre: «Malheureusement, ce sommet a assassiné la démocratie dans notre pays. Ça ne peut qu’exacerber la tension dans notre pays, dans la mesure où le peuple congolais est déterminé à faire respecter la Constitution, à faire réellement que ce pays puisse vivre son alternance. C’est le peuple congolais qui doit avoir le dernier mot, car c’est lui qui a son destin en mains et c’est à lui de décider sur son avenir».[18]

L’Union Démocratique Africaine Originelle (UDA Originelle) a balayé d’un revers de main les résolutions issues du sommet de Luanda sur la crise congolaise. Pour ce parti politique, les conclusions du sommet de Luanda ne concernent en aucun cas la vie nationale du pays. «La vie nationale congolaise est régie par la Constitution du pays et non par un agenda privé du pouvoir de Kinshasa avec ses soutiens africains qui partagent avec lui les mêmes velléités de rester au pouvoir sans aucune limite, contre la position de leurs populations et en violation de la constitution et des lois», peut-on lire dans le communiqué signé par Jean Martin Mukonkole Kibonge, secrétaire général de ce parti. Cette formation politique, dirigée par Claudel Lubaya, estime, en outre, que le pouvoir en place ne bénéficie plus de la confiance, ni du soutien encore moins de la légitimité du peuple congolais. Ce parti, allié du Rassemblement, annonce par conséquent au peuple congolais que le vrai sommet sur la RDC se tiendra le 19 décembre 2016. «Contrairement au sommet de la honte qui s’est tenu à Luanda, le vrai sommet sur la RDC se tiendra bel et bien le 19 décembre 2016, date à laquelle le peuple souverain prendra ses responsabilités et annoncera ses résolutions en conformité avec l’article 64 de notre Constitution», déclare-il dans le même communiqué.[19]

e. Les réactions de la Société Civile

Le coordinateur du CEPADHO, une ONG de défense des Droits de l’homme basée à Beni, s’est dit choqué de l’entérinement de l’accord politique issu du dialogue par les chefs d’Etat africains de la sous-région des Grands Lacs au sommet de Luanda (Angola). Omar Kavota appelle les chefs d’Etat africains de la sous-région des Grands Lacs et de la SADC à œuvrer plutôt au côté du gouvernement congolais, pour faire en sorte que les forces politiques qui ont boycotté le dialogue adhèrent néanmoins aux conclusions de ce forum de la cité de l’Union Africaine. Et cela passe, selon lui, par la prise en compte de leurs revendications. Pour lui, c’est seulement par la prise en compte des revendications de ces forces politiques que le pays pourra être épargné du chaos et connaitre une alternance pacifique.[20]

Le 30 octobre, le professeur Alphonse Ntumba Luaba a affirmé que le soutien apporté par les chefs d’Etat de la CIRGL, réunis récemment à Luanda (Angola) n’est pas conforme au protocole de cette organisation sur la démocratie et la bonne gouvernance. «Je peux me demander pourquoi la CIRGL n’a pas voulu se référer au protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance qui parle des périodes d’organisation des élections et qui demande à ces Etats-membres de faire en sorte que les élections respectent les périodes telles que fixées par la constitution, de façon à ce que le chef de l’Etat soit élu pendant ces périodes-là et mêmes les contentieux électoral soit vidé à temps pour que le nouveau président élu s’installe dans le délai constitutionnellement fixé», a déclaré l’ancien secrétaire général de la CIRGL. Il estime que le sommet de Luanda, tenu le 26 octobre dernier, a tout simplement choisi d’ignorer le protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance de la CIRGL, dont quelques chapitres traitent de l’organisation des élections dans les délais constitutionnels. Alphonse Ntumba Luaba attribue l’attitude des chefs d’Etats de la CIRGL au manque de culture des textes. «Nous n’avons pas la culture de textes au niveau des Etats comme au niveau des organisations régionales. Que puis-je faire? Je constate», a-t-il conclu.[21]

3. LE RASSEMBLEMENT: « VILLES MORTES » POUR UN DEUXIÈME « CARTON JAUNE » À KABILA

a. Nouvelles arrestations

Le 6 octobre, Léopold Watshera, secrétaire général du Mouvement Lumumbiste Progressiste (MLP), un parti membre du Rassemblement de l’opposition, a été arrêté dans l’après-midi, en plein centre de Kinshasa, par des hommes armés en civil. Ces derniers lui auraient reproché de détenir des photos des victimes de la répression des 19 et 20 septembre dernier. C’est ce qu’affirme le président du MLP, Franck Diongo, qui explique que son parti tente de recenser les victimes des manifestations du mois dernier, morts et blessés. Selon Franck Diongo, c’est cette activité qui pourrait expliquer l’arrestation de Léopold Watshera, en guise de représailles contre les membres de son parti.[22]

Le 9 octobre, le secrétaire général de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), Bruno Tshibala, a été interpellé par les forces de sécurité alors qu’il s’apprêtait à prendre son vol pour Bruxelles (Belgique) à l’aéroport international de N’Djili. Outre ses fonctions au sein de l’UDPS, M. Tshibala est porte-parole du « Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement » constitué en juin dernier autour de la figure du fondateur de l’UDPS, Étienne Tshisekedi. L’UDPS condamne avec fermeté ce qu’elle qualifie de «provocation de la mouvance kabiliste qui pense que la République est sa propriété privée».

D’après une source de la Direction générale des Migrations (DGM), l’interpellation de Bruno Tshibala fait suite «à la réquisition du procureur général de la République (PGR)».

Selon une source au sein de la magistrature, son nom figure sur une liste d’une dizaine de dirigeants du « Rassemblement » transmise par le procureur général de la République aux services aux frontières, avec ordre d’arrêter ces personnes dans le cas où elles viendraient à quitter le territoire.

Sur la liste attachée à la réquisition du PGR émise le 21 septembre dernier il y a: Joseph Olenga Nkoy, Kitenge Yesu, Franck Diongo, Lisanga Bonganga, Ingele Ifoto, Jean Marc Kabund, Willy Mishiki, Martin Mukonkole, Sama Lukonde Kyenge et Bruno Tshibala. Le PGR avait émis cette réquisition suite aux violences éclatées lors des manifestations du 19 et 20 septembre. Selon l’ONU, ces violences ont coûté la vie à 53 personnes au moins (49 civils et quatre policiers). Les troubles avaient commencé à l’occasion d’une manifestation du « Rassemblement » à trois mois de la fin du mandat de M. Kabila (au pouvoir depuis 2001), pour exiger la tenue de la présidentielle dans les temps et le départ du président de son poste le 20 décembre, date qui marque la fin de son deuxième et dernier mandat. « Rassemblement » et autorités se sont mutuellement renvoyé la responsabilité de ces violences qui ont rapidement dégénéré en émeutes. L’exécutif a accusé le « Rassemblement » d’avoir tenté une « insurrection ». Bruno Tshibala avait pour sa part accusé les forces de l’ordre d’avoir ouvert le feu sur les manifestants dès le début de la marche et avait qualifié le gouvernement de « pouvoir sanguinaire ».[23]

b. Une journée « villes mortes »

Le 15 octobre, le « Rassemblement » de l’opposition congolaise a appelé le peuple congolais à observer une « journée ville morte » le 19 octobre, en guise de carton jaune adressé à Monsieur Joseph Kabila, pour le pousser à partir à la fin de son mandat le 19 décembre, avant qu’on lui brandisse un carton rouge.[24]

Le 19 octobre, l’appel de l’opposition à une journée « villes mortes » pour exiger le départ du président Joseph Kabila le 19 décembre a été très fortement suivi à Kinshasa, mais un peu ignoré dans les autres grandes villes du Pays. L’opération « carton jaune » organisée par le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement a paralysé la capitale, dont les rues sont restées pratiquement désertes et la quasi-totalité des magasins fermés toute la journée. Plusieurs groupes de jeunes ont occupé la rue en divers endroits en arborant des cartons jaunes. Aucun incident majeur n’a été signalé même si la police a tiré en l’air à Mombele (centre) pour disperser un groupe de 200 jeunes, dont certains étaient armés de machettes. Le mot d’ordre a été largement observé à Mbuji-Mayi aussi, fief de Étienne Tshisekedi.

Toutefois, l’opération n’a pas reçu le même accueille à Lubumbashi ou à Kisangani. Dans la plus part de ces villes, l’activité a tourné au ralenti toute la matinée, mais est revenue à la normale à la mi-journée. A Matadi, l’activité du seul port en eau profonde du pays a été normale, tandis qu’à Mbandaka (nord-ouest), la ville a pris une coloration jaune, les gens allant travailler, mais majoritairement vêtus de cette couleur en signe de contestation.

Dans l’Est, la ville de Bukavu, fief de Vital Kamerhe, a totalement ignoré l’appel du Rassemblement. A Goma, capitale du Nord-Kivu, l’appel de l’opposition a été diversement suivi. La circulation a été normale mais la majorité des boutiques est restée fermée. En fin de matinée, 200 personnes ont manifesté sans incident majeur, carton jaune à la main, aux cris de « Le mandat est terminé! Tu dois partir! ». Dans le nord du Nord-Kivu, des manifestations similaires ont rassemblé une cinquantaine de personnes à Beni et autant à Butembo.[25]

Dans une interview, Jean-Marc Kabund a affirmé que «au niveau du Rassemblement, on estime que c’est Etienne Tshisekedi, président du comité des sages, qui devrait être le remplaçant valable de Kabila après le 19 décembre», jusqu’à la période des élections.[26]

c. L’annonce de nouvelles manifestations

Le 25 octobre, le président du Conseil des Sages du Rassemblement des Forces politiques et sociales acquises au changement, Étienne Tshisekedi wa Mulumba, a annoncé, dans un communiqué, qu’il tiendra un meeting populaire, le samedi 5 novembre 2016 à 11 heures sur la place du boulevard Triomphal à Kinshasa, pour fixer l’opinion nationale et internationale sur les enjeux politiques de l’heure. À ce propos, il faut rappeler que, suite aux troubles meurtriers des 19 et 20 septembre derniers, le Gouvernement provincial interdit toute manifestation publique jusqu’à nouvel ordre.[27]

Le 28 octobre, le Rassemblement de l’opposition a annoncé une marche pacifique suivie d’un sit-in devant le palais du peuple le samedi 19 novembre 2016. C’est dans une lettre transmise à l’Hôtel de Ville de Kinshasa que les Forces Novatrices pour l’Union et la Solidarité, au nom du Rassemblement, ont tenu à informer le gouverneur de la ville sur cette manifestation qu’elles organisent pour exiger, disent-elles, le respect strict de la Constitution, la tenue d’un dialogue inclusif, la libération des prisonniers politiques et l’ouverture d’une enquête internationale sur les évènements du 19 et 20 septembre derniers. Sachant que toute manifestation politique publique est interdite jusqu’à nouvel ordre par le gouverneur de la ville, cette coalition politique insiste sur le droit de liberté de manifester qui est garantie par la Constitution.[28]

Le 31 octobre, dans un communiqué de presse, le vice-gouverneur de la ville de Kinshasa, Clément Bafiba Zomba, a réitéré l’interdiction, jusqu’à nouvel ordre, de toutes les manifestations à caractère politique à Kinshasa. Cette décision avait été prise par l’autorité urbaine après les troubles meurtriers des 19 et 20 septembre, étant donné que, selon le communiqué, «les organisateurs ne donnent aucune garantie quant à leur capacité de conduire sans débordement, une manifestation sur la place publique».[29]

[1] Cf Radio Okapi, 27.10.’16

[2] Cf Le Congolais.cd, 21.10.’16  http://www.lecongolais.cd/message-de-la-cenco-sur-le-dialogue-national-et-la-situation-securitaire-en-rdc/

[3] Cf Forum des As – Kinshasa, 21.10.’16  Texte complet: http://www.forumdesas.org/spip.php?article9169

[4] Cf Le Phare – Kinshasa, 25.10.’16

[5] Cf Orly-Darel Ngiambukulu – Forum des As – Kinshasa, 25.10.’16

[6] Cf Radio Okapi, 29.10.’16; RFI, 30.10.’16

[7] Cf RFI, 24.10.’16

[8] Cf RFI, 26.10.’16

[9] Cf Radio Okapi, 26.10.’16; AFP – Africatime, 26.10.’16

[10] Cf RFI, 26.10.’16; Le Potentiel – Kinshasa, 27.10.’16

[11] Cf RFI, 26.10.’16; Le Potentiel – Kinshasa, 27.10.’16

[12] Cf RFI, 28.10.’16

[13] Cf RFI, 26.10.’16; Radio Okapi, 27.10.’16

[14] Cf RFI, 28.10.’16

[15] Cf Radio Okapi, 29.10.’16

[16] Cf RFI, 26.10.’16; Le Potentiel – Kinshasa, 27.10.’16

[17] Cf Radio Okapi, 27.10.’16

[18] Cf Poly Muzalia, BBC Afrique, Kinshasa, 27.10.’16; RFI, 28.10.’16

[19] Cf Will Cleas Nlemvo – Actualité.cd, 27.10.’16

[20] Cf Radio Okapi, 27.10.’16

[21] Cf Radio Okapi, 31.10.’16

[22] Cf RFI, 08.10.’16

[23] Cf Radio Okapi, 10 et 13.10.’16; AFP – Africatime, 10.10.’16

[24] Cf AFP – Africatime, 16.10.’16

[25] Cf AFP – Politico.cd, 20.10.’16

[26] Cf Actualité.cd, 27.10.’16

[27] Cf La Prospérité via Congosynthèse.com, 26.10.’16

[28] Cf Stanys Bujakera – Actualité.cd, 28.10.’16

[29] Cf Will Cleas Nlemvo – Actualité.cd, 01.11.’16