Congo Actualité n. 294

SOMMAIRE

ÉDITORIAL: LE DIALOGUE FACE AU DÉFIS DE L’URGENCE DE L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE

  1. LA REPRISE DU DIALOGUE
    1. Les recommandations de la Communauté Internationale
    2. Les avertissements provenant du Parlement
    3. L’ordre de succession des élections
    4. La question du calendrier électoral
    5. Vers un accord politique: lequel?
  2. LA COMMISSION ÉLECTORALE « OFFICIALISE » LE REPORT DE L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE

 

ÉDITORIAL: LE DIALOGUE FACE AU DÉFIS DE L’URGENCE DE L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE

 

 

 

 

1. LA REPRISE DU DIALOGUE

 

a. Les recommandations de la Communauté Internationale

 

Le 12 septembre, l’Envoyé spécial des Etats-Unis dans la région des Grands Lacs, Thomas Perriello, a fait savoir qu’il fallait organiser rapidement les élections. Après une rencontre avec le président de la Commission électorale nationale indépendante, il a déclaré que «il faut faire tout ce qui est faisable pour respecter l’esprit de la constitution, afin que les élections se tiennent le plus rapidement possible». Thomas Perriello a notamment insisté sur la tenue de l’élection présidentielle: «Nous avons discuté des questions techniques, pour voir comment passer rapidement aux élections, en particulier l’élection présidentielle. Il y a un intérêt particulier sur cette question».[1]

 

Le 12 septembre, par la voix de Said Djinnit, l’envoyé spécial de l’ONU pour les Grands Lacs, le groupe de soutien à la facilitation a réaffirmé sa position, à savoir que les discussions devraient se passer dans le cadre de la Constitution et de la résolution 22-77, comme les participants l’avaient eux-mêmes accepté. Il a rappelé que «les meilleurs élections sont celles qui se tiennent en temps voulu et la résolution du Conseil de sécurité a envisagé et a privilégié la tenue des élections dans les délais voulus par la Constitution. Mais aujourd’hui, à la lumière de ce que nous avons entendu de la Céni et des différents experts de l’ONU et de l’OIF, il est clair que, malheureusement, les élections ne pourront pas être organisées en temps prévu. C’est pour ça que ce dialogue est à la recherche de solutions pour trouver des arrangements pour tenir les élections aussi proche que possible des délais constitutionnels. Ce dialogue s’inscrit dans la droite ligne du respect de la Constitution de ce pays, mais aussi conformément à la résolution 22-77. Et nous encourageons très fortement les parties à cheminer dans ce cadre, le cadre qu’elles ont elles-mêmes convenu».[2]

 

b. Les avertissements provenant du Parlement

 

Le 15 septembre, à l’ouverture de la session parlementaire de septembre, le président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo, et son collègue de l’Assemblée Nationale, Aubin Minaku, ont recadré le dialogue, en rappelant à ses participants qu’ils n’ont pas qualité pour changer quoi que ce soit à l’ordre institutionnel actuel et que leurs « résolutions » devraient se conformer aux prescrits de la Constitution. Dans son discours d’ouverture devant le Sénat, Léon Kengo a affirmé: «Le Dialogue politique n’étant ni un Parlement, ni une Assemblée constituante, nous espérons qu’il agira dans le cadre de ses limites. C’est cela le vœu de la population, qui tient au respect de sa Constitution et des institutions qui en sont issues». D’autre part, Aubin Minaku a rappelé que «avant, pendant et après le Dialogue, tout doit se faire conformément à notre Constitution» et il a réaffirmé que «le respect de la loi fondamentale du Pays signifie respecter tout le Corpus constitutionnel, de bout en bout, dans sa lettre comme dans son esprit. Respecter la Constitution signifie respecter les prérogatives constitutionnelles de chaque institution de la République, du Gouvernement comme du Parlement, de la Commission Electorale Nationale Indépendante comme du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication, etc».[3]

 

c. L’ordre de succession des élections

 

Le 12 septembre, dans une interview, Patrick Muyaya, député du PALU, Président du Réseau des jeunes parlementaires, participant au dialogue en tant que « personnalité », a affirmé: «Il faut faire une démarcation entre les problèmes techniques liés à l’organisation des élections et les problèmes politiques qui sont en lien avec la fin du mandat de Joseph Kabila. Si aujourd’hui on veut organiser des bonnes élections, c’est impossible que cela se passe en respectant le délai constitutionnel. Le fichier électoral est critiqué tant par la Majorité que par l’Opposition. Du point de vue technique, ce n’est pas possible d’organiser les élections dans le délai. Il faut maintenant se mettre d’accord pour résoudre les problèmes politiques. Ce qui est clair c’est que, aujourd’hui, on ne peut plus respecter le délai constitutionnel. Cela implique des conséquences: il faut établir les responsabilités. À ce propos, la responsabilité d’organiser les élections incombe d’abord au gouvernement. C’est pourquoi, il doit s’expliquer, pour que le peuple sache pourquoi ces élections n’ont pas été organisées dans le délai. Le gouvernement peut avoir des raisons. En outre, au cours du Dialogue, il faut trouver un consensus qui nous permettra de donner des indications au peuple sur quand il va voter, comment il va voter et comment on va financer les élections».[4]

 

Le 12 septembre, lors d’une conférence de presse, le porte-parole de la majorité, André Alain Atundu, a affirmé que aller dans le sens de la résolution 22-77 et favoriser la présidentielle ce serait contraire à la logique institutionnelle de l’Etat. Il a aussi souligné que la démocratie se construit du bas vers le haut. Selon lui, «l’intention réelle c’est de normaliser la démocratie dans notre pays, en faisant des élections de la base au sommet, parce que l’implantation de la démocratie et de l’autorité de l’Etat se mesure plus par les locaux que par le sommet de l’Etat. Et en général, le sommet de l’Etat, s’il n’est pas soutenu par une base, ses décisions se limitent parfois à un effet d’annonce sans prise sur la réalité… Commencer par des élections locales et provinciales apparaît plus logique, mieux à même de consolider l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national. Il paraît donc superfétatoire que de se battre comme des chiffonniers pour commencer absolument par la présidentielle, alors que logiquement celle-ci devait couronner le processus électoral».[5]

 

Le 12 septembre, le sénateur Florentin Mokonda Bonza (Opposition) a affirmé qu’il faut organiser d’abord les élections présidentielles couplées aux élections législatives nationales et les élections locales après. Il en donne les raisons: «On ne peut pas commencer par les élections locales, parce qu’il y a plusieurs circonscriptions qu’il faut déterminer. Pour les élections locales, la circonscription (électorale), c’est le groupement. Or il se fait que différents ministres de l’Intérieur, qui se sont succédé, ont créé des groupements fictifs. Les nouvelles villes, qui ont été créées, voire les communes empiètent sur l’espace de plusieurs groupements. Et il y a des contestations partout dans les différentes provinces». Donc, selon le sénateur Mokonda, il faut d’abord mettre de l’ordre dans les groupements, qui sont des entités territoriales décentralisées (ETD) à la base, reparties en chefferies et secteurs, lesquels sont subdivisés en groupements et villages.[6]

 

Le 13 septembre, au lendemain de l’annonce de la suspension de la participation de l’opposition aux travaux du dialogue, le facilitateur Edem Kodjo a invité les parties prenantes à ce forum à ne pas perdre de temps, à aplanir leurs divergences et à trouver rapidement un consensus: «Je lance un appel solennel à tous les participants au dialogue pour que le chemin du compromis soit le chemin que nous décidons de parcourir ensemble. Le temps ne joue pas pour nous et nous n’avons pas le droit de jouer avec le temps».

Le point de désaccord entre la majorité et l’opposition est l’ordre de prochains scrutins. La majorité souhaite que les prochaines échéances électorales commencent par les élections locales et se terminent par la présidentielle. L’opposition souhaite que la présidentielle soit organisée en priorité.

Le co-modérateur de l’opposition au dialogue, Vital Kamerhe, a rappelé la position de sa composante: «Toutes les élections sont constitutionnelles. Mais nous refusons la séquence qui commence par les élections locales et monte vers la présidentielle». Vital Kamerhe a indiqué que l’organisation des élections locales va nécessiter un long processus. «Notre cartographie au niveau de la décentralisation pose problème: des groupements qui se chevauchent, des conflits entre groupements, des conflits interethniques, la complexité même de la tâche. Nous risquons de tomber dans un long processus et finalement ne pas répondre aux attentes du peuple congolais», a expliqué l’opposant. Il a fait savoir que l’opposition n’était pas opposée à ce que l’élection présidentielle soit couplée à d’autres scrutins. Vital Kamerhe a une fois de plus expliqué les raisons du retrait momentané de la composante Opposition au Dialogue: «Nous sommes dans un cadre extraconstitutionnel. Les gens n’ont pas marché pour les locales. Le problème majeur est la non organisation de la présidentielle dans le délai. C’est pourquoi, dans la séquence des élections, nous souhaitons accorder une attention particulière à la présidentielle. Nous sommes à la recherche d’un compromis».

De son côté, le co-modérateur de la majorité, Alexis Thambwe Mwamba, a fait savoir que sa composante était prête à reprendre les travaux du dialogue. Il a demandé au facilitateur de remettre toutes les parties prenantes autour de la table pour trouver un compromis. Selon lui, le dialogue nécessite des concessions des parties qui sont en discussion.[7]

 

Le 13 septembre, le délégué de la Commission épiscopale nationale du Congo (CENCO), l’Abbé Donatien Nshole, a déclaré que «mettre l’élection présidentielle au second plan, c’est énerver sérieusement un article verrouillé de la constitution». Le secrétaire général adjoint de la CENCO a rappelé que les prélats catholiques avaient déjà alerté l’opinion sur le danger qui guettait les travaux du dialogue en ce qui concerne le chronogramme des scrutins. Pour lui, la présidentielle ne peut pas être organisée après les locales; vu l’exigence de l’article de la constitution qui verrouille le délai de la tenue de ce scrutin. En effet, l’article 73 de la constitution est ainsi libellé: «Le scrutin pour l’élection du Président de la République est convoqué par la Commission électorale nationale indépendante, 90 jours avant l’expiration du mandat du président en exercice». Le secrétaire général adjoint de la CENCO dit ne pas être surpris par l’option prise par les délégués de l’opposition, qui ont suspendu leur participation à ces négociations politiques pour réclamer l’organisation de l’élection présidentielle avant toute autre élection. «Ce n’est qu’une coïncidence que l’opposition soutienne la même position [que la CENCO]. C’est-à-dire que, pour la CENCO, toutes les élections sont constitutionnelles et doivent être organisées. Mais, la préséance doit être donnée à l’élection présidentielle», affirme l’Abbé Donatien Nshole.[8]

 

Le 13 septembre, le Co-modérateur de la Majorité présidentielle, Alexis Thambwe Mwamba, a déclaré à la presse que son camp politique était prêt à faire la concession relative à la tenue prioritaire de l’élection présidentielle. Le ministre de la Justice a souligné que toutes les parties au dialogue sont unanimes pour la refonte totale du fichier électoral telle proposée par la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante), à savoir 16 mois +1 jour.[9]

 

Le 14 septembre, le député national de la majorité présidentielle, Henry Thomas Lokondo, a affirmé que l’élection présidentielle couplée aux législatives devraient précéder les autres scrutins. En se référant à la résolution 2277 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, il a affirmé: «Le Conseil de sécurité a donc décidé par sa résolution 2277 que l’ordre des élections doit commencer par l’élection présidentielle et législatives. Le Conseil avait pris cette résolution conformément à notre constitution et à la charte africaine de la démocratie, des élections et de la bonne gouvernance». Pour Thomas Lokondo, les participants au dialogue devraient s’en tenir à la résolution 2277, qui est un « texte contraignant »: «Il ne faut pas s’attarder sur les choses qui sont claires comme l’eau de la roche. Ce que nous devons avoir à l’esprit est qu’une résolution du conseil de sécurité des Nations Unies est un texte qui a valeur juridique contraignante contrairement à une recommandation de l’assemblée générale de l’ONU». Henri Thomas Lokondo, a rappelé que cette valeur contraignante des résolutions du conseil de sécurité a été consacrée dans le droit international par l’article 25 de la charte des Nations Unies. Ce texte stipule: «Les Membres de l’Organisation conviennent d’accepter et d’appliquer les décisions du Conseil de sécurité conformément à la présente Charte».[10]

 

Le 14 septembre, la majorité et l’opposition qui participe au dialogue se sont mises d’accord sur la séquence des élections. Les deux parties ont convenu que la présidentielle, les législatives nationales et provinciales aient lieu le même jour. Ces élections seront couplées aux locales si les moyens techniques et financiers le permettent. En cas contraire, les locales seront organisées plus tard, quand les moyens le permettront.

Les deux camps étaient en réunion depuis ce matin au Grand Hôtel Kinshasa autour du Facilitateur Edem Kodjo. Pour cette dernière ligne droite, la MP avait dépêché à cette réunion de crise ses caciques à savoir Thambwe Mwamba, Aubin Minaku, Ramazani Shadari et Léonard She Okitundu en face de Vital Kamerhe, Jean-Lucien Bussa, Samy Badibanga et José Makila.

Satisfait de l’accord, le facilitateur Edem Kodjo a annoncé que les travaux du dialogue vont reprendre le jeudi 15 septembre dans l’après-midi.[11]

 

Le ministre de la Justice et co-modérateur du dialogue pour la majorité, Alexis Thambwe, a affirmé que toutes les composantes étaient d’accord sur le fait qu’il fallait une refonte totale du fichier.

Le co-modérateur de l’opposition, Vital Kamerhe, a ajouté que la commission électorale allait faire une proposition de calendrier électoral, mais que ce calendrier était à convenir.

À propos de l’après 19 décembre et la fin du deuxième et dernier mandat constitutionnel du président congolais, le ministre Thambwe a déclaré que «la majorité est pour le respect strict de la constitution. Joseph Kabila restera au pouvoir et il y aura un nouveau gouvernement avec la majorité et l’opposition». Son co-modérateur Vital Kamerhe a confirmé qu’il y aurait un nouveau gouvernement, sans se prononcer sur le sort du président Kabila.[12]

 

Vital Kamerhe s’est montré heureux après avoir trouvé le compromis avec la MP sur la priorité accordée à la présidentielle dans la programmation des élections: «Ceci nous ouvre la voie à un calendrier électoral qui va indiquer clairement la date de la tenue de la présidentielle couplée avec les législatives nationales et les provinciales. Ceci nous ouvre la voie à un calendrier qui va mentionner avec exactitude la date de passation de pouvoir entre l’ancien président de la république, qui ne sera pas candidat à sa propre succession, et le nouveau président qui sera élu».[13]

 

Thambwe Mwamba a déclaré que le gouvernement prend l’engagement de financer le processus électoral. Selon Alexis Thambwe Mwamba, pour financer le cycle électoral, la RDC ne peut pas compter sur l’apport des partenaires internationaux, car «nos partenaires promettent souvent, mais ne réalisent pas». Il a précisé que «la RDC va financer seule l’ensemble du processus électoral» et que «le Gouvernement va y mettre tous les moyens». Et ce, malheureusement, au détriment du social: «C’est un défi pour notre pays. Nous sommes majeurs et nous ne voulons pas de chantage. Nous allons revoir l’ensemble des priorités nationales. Nous allons bloquer la construction des routes. Nous allons bloquer le réaménagement des chemins de fer. Nous allons réduire le nombre d’écoles nouvelles et d’hôpitaux nouveaux. Nous vous annonçons solennellement que ces élections nous allons les financer. C’est un défi que nous nous sommes fixés, que le président de la république à fixé à son gouvernement».[14]

 

d. La question du calendrier électoral

 

Le 16 septembre, le travail en commissions a pris du retard, ne permettant pas de clore les débats. Deux commissions, «sécurité» et «confiance et équité» ont terminé leurs travaux et leurs recommandations ont été adoptées en plénière. La troisième commission, celle sur « les élections », devait encore discuter sur la question du calendrier électoral. La Céni et la majorité ont parlé de « contraintes techniques« , la délégation de l’opposition de « délais politiques« . Les discussions se sont poursuivies. En ce qui concerne le sort de l’actuel Président de la République, si l’opposition représentée au dialogue pourrait accepter le maintien au pouvoir de Joseph Kabila au-delà de la fin de son deuxième et dernier mandat constitutionnel, elle dit vouloir des garanties de son départ et de l’application de l’accord. Remaniement de la Céni et gouvernement d’union national, cela semble acquis. Mais pour le reste, primature à l’opposition et comité de suivi international des travaux de la commission électorale, la majorité refuse, parlant de respect de la Constitution et de souveraineté nationale.[15]

 

Le 16 septembre, dans un communiqué publié en fin de soirée, le facilitateur du dialogue Edem Kodjo a annoncé que la plénière du 17 septembre se penchera sur l’accord politique qui devra sanctionner la fin du Dialogue.[16]

 

Le 17 septembre, la commission « Elections » a terminé ses travaux. Ses membres se sont mis d’accord sur les principaux axes que sont la refonte totale du fichier électoral pendant une durée qui correspond à la formule 16 mois+1 jour et l’inauguration du cycle électoral par la triplette présidentielle, législatives nationales et provinciales. Mais ils n’ont pas tranché sur l’épineuse question du calendrier électoral. Juste avant la pause, le président de la commission électorale a dit aux délégués qu’il ne donnerait que «des indications», mais pas de date précise pour les scrutins à venir. En sortant, le chef de la délégation de l’opposition au dialogue, Vital Kamerhe, a d’ores et déjà dit que «sans date, pas de signature de l’accord» aujourd’hui.

Pour la Céni, l’élaboration du calendrier électoral reste la prérogative de l’assemblée plénière de la commission électorale. En tout cas, si les résolutions de la commission « Élections » sont adoptées, la Céni conservera toutes ses prérogatives, mais «on ne peut pas leur laisser un chèque en blanc», dénonce un délégué de l’opposition. Le jour avant, la Commission électorale avait déjà partagé avec quelques délégués de la majorité, de l’opposition et de la société civile le calendrier qu’elle entend adopter, mais avec une date (fin 2018) déjà contestée par la délégation de l’opposition et plusieurs délégués de la société civile, dont la Cenco, la conférence épiscopale. «La population n’acceptera jamais une élection en 2018», a confié un participant.[17]

 

La question de la détermination de la date de la tenue de la présidentielle oppose Majorité présidentielle et Opposition au Dialogue. Le camp présidentiel soutient qu’il revient à la CENI de fixer le calendrier électoral alors que l’opposition estime que ce dialogue ne servira à rien si le peuple congolais n’est pas fixé sur la date du scrutin présidentiel. La Majorité présidentielle soutient que la publication du calendrier électoral est une compétence exclusive de la CENI alors que l’opposition soutenue par la CENCO insiste pour que la date du scrutin soit inscrite clairement dans l’accord politique. La CENI exposera ce lundi 19 septembre 2016 à ce sujet à la cité de l’UA.

Selon Léonard She Okitundu, délégué MP, «le calendrier électoral ne peut être fixé que lorsque le processus de la révision du fichier électoral sera terminé. Sans fichier électoral, vous ne pouvez pas fixer le calendrier Électoral. Vous ne pouvez pas fixer la date des élections aujourd’hui, tant que vous n’avez pas encore terminé le processus de révision du fichier électoral».[18]

 

Dans une interview, le président de la CENI, Corneille Nangaa, a confirmé que «la publication du calendrier électoral procède de l’Article 9.5 de la loi portant organisation et fonctionnement de la CENI. Seule la CENI a la compétence de publier un calendrier électoral. Ce que la CENI attend du Dialogue, ce sont des indications en termes d’options qui lui permettront de publier ce calendrier. Les discussions avancent au niveau du Dialogue et il y a déjà une tendance vers un accord qui ferait en sorte que la CENI organise trois ou quatre scrutins en même temps. Dès que l’option est levée, nous allons, dans les heures ou les jours qui suivront, publier le calendrier électoral. Néanmoins au niveau du Dialogue, nous avons dit que nous allons partager avec les parties prenantes les contraintes légales et opérationnelles qui nous permettent de déterminer le nombre des jours nécessaires avant l’arrivée du scrutin».[19]

 

e. Vers un accord politique: lequel?

 

Le 13 septembre, le Co-modérateur de la Majorité présidentielle, Alexis Thambwe Mwamba, a évoqué la possibilité de l’organisation d’une transition pour gérer la période du « glissement ». La grande interrogation reste à savoir la manière dont vont fonctionner les institutions de la République et leurs animateurs.

Si toutes les parties semblent d’accord pour que l’actuel Chef de l’Etat reste en fonctions au-delà de son second et dernier mandat pour conduire cette période transitoire, ce n’est pas le cas de la Primature qui fait l’objet de convoitises politiciennes émanant aussi bien de la majorité que de l’opposition.

Des sources concordantes laissent entendre que l’opposition revendique le contrôle de la Primature. Raison avancée: le gouvernement n’a pas su dégager les moyens pour l’organisation des élections.

L’actuel Co-modérateur de l’opposition, Vital Kamerhe, est fort cité pour succéder à Matata à l’hôtel du gouvernement. Pour les « faucons » de la mouvance présidentielle, le poste de Premier ministre leur revient de plein droit, conformément à l’esprit de la Constitution qui veut que la majorité gouverne. Alexis Tambwe Mwamba serait l’oiseau rare pour occuper le Matignon congolais pendant la transition. D’après les mêmes sources, la course à la Primature serait la goutte d’eau qui aurait fait déborder le vase le lundi à la Cité de l’UA. Des tractations ont été entamées pour un compromis de nature à apaiser toutes les parties.[20]

 

Le projet de l’accord politique qui devra sanctionner la fin du Dialogue est encore en pleine confection, mais on en connait déjà la mouture.

Il est quasiment acquis que le gouvernement de transition sera dirigé par la composante Opposition et surtout que Joseph Kabila restera en fonction jusqu’à l’installation du nouveau président élu. Les délégués de l’opposition insistent pour que soit inscrite dans l’accord l’impossibilité d’organiser un probable référendum qui toucherait la constitution ou ses articles clés pendant la période transitoire. Ils soulignent également l’importance de signifier clairement dans le document final que l’actuel président ne sera pas candidat à la prochaine présidentielle. Par ailleurs, une des grandes idées de cet accord serait la transformation du Groupe international de soutien à la facilitation en une instance de suivi de l’accord politique. En ce qui concerne le calendrier électoral et la restructuration de la CENI, des échanges sont encore en cours.[21]

 

 

2. LA COMMISSION ÉLECTORALE « OFFICIALISE » LE REPORT DE L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE

 

Le 17 septembre, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a saisi la Cour constitutionnelle pour solliciter un report de la convocation du scrutin pour l’élection présidentielle. La durée de ce report n’a pas été annoncée.

L’article 73 de la constitution dispose que le scrutin pour l’élection du président de la République est convoqué 90 jours avant l’expiration du mandat du président en exercice. Le mandat du président Kabila doit expirer le 19 décembre 2016.

Selon le président de la CENI, Corneille Nangaa, «la plénière de la commission électorale a noté que dans son calendrier global publié en février 2015 il était prévu la convocation du scrutin pour l’élection présidentielle le 20 septembre. La plénière a constaté aussi qu’elle est en train de constituer justement l’électorat avec la révision du fichier électoral. Ce travail étant en cours, la plénière s’est vue devant cette impasse et s’est référée à la haute cour quant à ce».

La commission électorale estime qu’avant la refonte totale du fichier électoral, elle ne peut pas convoquer le corps électoral et donc le scrutin. Toutefois, un des experts électoraux de la Cenco, la conférence épiscopale, craint que, avec ce geste précipité, la Céni soit d’ores et déjà «sortie de son rôle constitutionnel». Selon cet expert ainsi que plusieurs constitutionnalistes, elle aurait dû convoquer le corps électoral, puis demander le report. Evidemment, ce sera à la Cour constitutionnelle de trancher et de dire si cette saisine est régulière ou non. Entre temps, c’est précisément pour exiger cette convocation que le rassemblement de l’opposition, des mouvements citoyens et des organisations de la société civile ont appelé à manifester le 19 septembre.

Dans son calendrier publié en février 2015, la CENI avait prévu d’organiser l’élection présidentielle le 27 novembre 2016. Mais en mars dernier, Corneille Nangaa avait fait savoir que des « contraintes techniques » ne permettaient pas à son institution d’organiser les élections dans le délai.

Il avait annoncé que la CENI allait introduire une requête à la Cour constitutionnelle pour obtenir «une petite extension».[22]

[1] Cf Radio Okapi, 14.09.’16

[2] Cf RFI,13.09.’16

[3] Cf Le Phare – Kinshasa, 16.09.’16

[4] Cf Stany Bujakera Tshiamala – Actualité.cd, 12.09.’16

[5] Cf RFI,13.09.’16

[6] Cf Le Potentiel – Kinshasa, 14.09.’16

[7] Cf Radio Okapi, 13.09.’16

[8] Cf Radio Okapi, 14.09.’16

[9] Cf Eric Wemba – Le Phare – Kinshasa, 14.09.’16

[10] Cf Radio Okapi, 14.09.’16

[11] Cf Radio Okapi, 14.09.’16

[12] Cf RFI, 14.09.’16

[13] Cf Actualité.cd, 14.09.’16

[14] Cf Actualité.cd, 14.09.’16; Radio Okapi, 15.09.’16

[15] Cf RFI, 16.09.’16

[16] Cf Patient Ligodi – Actualité.cd, 16-09.’16

[17] Cf RFI, 17.09.’16

[18] Cf Actualité.cd, 17.09.’16

[19] Cf Actualité.cd, 17.09.’16

[20] Cf Eric Wemba – Le Phare – Kinshasa, 14.09.’16

[21] Cf Patient Ligodi – Actualité.cd, 16-09.’16

[22] Cf Radio Okapi, 17.09.’16; RFI, 17.09.’16