Congo Actualité n. 248

LES FORCES DÉMOCRATIQUES ALLIÉES – ARMÉE NATIONALE POUR LA LIBÉRATION DE L’OUGANDA (ADF/NALU)

1ère Partie – Un aperçu historique du groupe

 

 

 

SOURCES:

– International Crisis Group [ICG] – L’Est du Congo: la rébellion perdue des ADF-Nalu – Briefing Afrique N°93 – Nairobi/Bruxelles, 19 décembre 2012.[1]

– Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République Démocratique du Congo [MONUSCO] – Rapport du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme sur les violations du droit international humanitaire commises par des combattants des Forces alliées

démocratiques (ADF) dans le territoire de Beni, province du Nord-Kivu, entre le 1er octobre et le 31 décembre 2014, Mai 2015.[2]

SOMMAIRE:

a) INTRODUCTION: UN GROUPE ARME PRESQUE COMME LES AUTRES [ICG]

b) GENESE D’UNE REBELLION ENTRE DEFAITE INTERIEURE ET SOUTIEN EXTERIEUR

  1. Le mouvement indépendantiste Rwenzururu [ICG]
  2. L’armée Nationale pour la Libération de l’Ouganda (Nalu) [ICG]
  3. Le mouvement religieux musulman Tabligh en Ouganda [ICG]
  4. Les Forces Démocratiques Alliées – Armée Nationale pour la Libération de l’Ouganda (ADF/Nalu) [ICG]

c) UNE REBELLION DEFAITE MAIS INVAINCUE

  1. Les ADF-Nalu contre l’Ouganda: histoire d’un échec répété [ICG]
  2. Des ADF-Nalu aux ADF: de la lutte contre l’Ouganda à la lutte contre la RDC [ICG]
  3. L’opération Sukola I et les massacres de 2014 dans le Territoire de Béni [MONUSCO]

d) UNE MENACE RENTABLE DONC DURABLE

  1. L’ancrage socioéconomique des ADF [ICG]
  2. Les FARDC: entre business et opérations militaires [ICG]

e) RECOMMANDATIONS

A. INTRODUCTION: UN GROUPE ARMÉ PRESQUE COMME LES AUTRES [ICG]

Dès sa création en 1995, l’ADF-Nalu est le produit des luttes internes ougandaises et de la géopolitique régionale. Il regroupe alors deux mouvements armés opposés au régime de Yoweri Museveni. Repoussés par l’armée ougandaise, ces mouvements trouvent refuge chez le bienveillant voisin congolais où ils fusionnent et forment une rébellion hybride qui nait en RDC et s’y implante, faute d’avoir pu s’établir en Ouganda. Contenues par l’armée ougandaise mais installées dans une région frontalière montagneuse et difficile d’accès, les ADF-Nalu trouvent dans cette zone grise qu’est l’Est congolais un terrain propice à leur survie. Dans un contexte d’effondrement de l’Etat central, ce mouvement se fond alors dans la myriade de groupes armés qui forment la géopolitique rebelle, convulsive et violente de cette région et dans laquelle il évolue toujours aujourd’hui.

B. GENESE D’UNE REBELLION ENTRE DEFAITE INTERIEURE ET SOUTIEN EXTERIEUR

En septembre 1995, à Beni dans la province congolaise du Nord Kivu, Yusuf Kabanda, un des dirigeants de l’opposition musulmane ougandaise armée, et Ali Ngaimoko, commandant de l’Armée nationale pour la libération de l’Ouganda (Nalu), scellent une alliance dénommée les Forces Démocratiques Alliées – Armée Nationale pour la Libération de l’Ouganda (ADF-Nalu). Conclue hors de l’Ouganda avec l’aide des services secrets soudanais et congolais, cette alliance regroupe deux mouvements défaits par l’armée régulière dénommée Force Populaire de Défense de l’Ouganda (UPDF). Sans liens idéologiques ni opérationnels préalables, ces deux mouvements ont en commun d’être opposés au régime ougandais, de se trouver au même moment sur le sol congolais et d’être proches, chacun de leur côté, d’ennemis de Kampala: les régimes soudanais d’al-Tourabi et congolais de Mobutu.

1. Le mouvement indépendantiste Rwenzururu [ICG]

Les racines historiques des ADF-Nalu renvoient au premier mouvement indépendantiste Rwenzururu dont le creuset ethnique est la communauté Bakonzo, une tribu minoritaire de l’Ouest de l’Ouganda.

Avec leurs cousins Nande qui sont de l’autre côté de la frontière en RDC, les Bakonzo forment l’ethnie Bayira. Bakonzo et Nande constituent un groupe ethnique transfrontalier qui entretient des relations très étroites (reconnaissance de la même autorité traditionnelle, rassemblement annuel des notables des deux groupes, etc.) et qui a su tirer profit de sa position transfrontalière en tissant un large réseau commercial. Les Bakonzo sont opposés au gouvernement central de Kampala dès la période coloniale. En 1950, suite au rejet par l’administration britannique de la création d’un district des Bakonzo, le mouvement armé Rwenzururu apparait. Opposés au pouvoir issu de la décolonisation, les Bakonzo créent le royaume de Rwenzururu le 30 juin 1962.

Celui-ci s’autoproclame indépendant le 15 août 1962 et Isaya Mukiriana en devient le roi. Ce premier mouvement insurrectionnel, auquel doit faire face le gouvernement ougandais, tout juste indépendant est violemment réprimé par l’armée. En 1964, Kampala a repris le contrôle de cette partie du pays tandis que les combattants du Rwenzururu se réfugient dans les monts Rwenzori, à la frontière congolo-ougandaise, dans une zone montagneuse difficile d’accès où le mouvement installe son royaume indépendant. En septembre 1967, l’armée détruit le camp où siégeait le roi du Rwenzururu et disperse la population. Le mouvement Rwenzururu se mue en guérilla de basse intensité de 1967 à 1982, avec pour objectif la reconnaissance par le pouvoir central de Kampala du royaume de Rwenzururu. Sa lutte s’achève officiellement le 15 août 1982, date à laquelle Charles Wesley Irema- Ngoma Willingly, l’Omusinga[3] des Bakonzo, rejoint le gouvernement de Milton Obote, qui octroie l’autonomie au royaume de Rwenzururu à défaut d’indépendance.[4]

2. L’armée Nationale pour la Libération de l’Ouganda (Nalu) [ICG]

Le précédent historique du mouvement armé Rwenzururu, un des sécessionnismes de l’indépendance ougandaise, a facilité l’implantation et le développement de la Nalu.

À peine quatre ans plus tard, en 1986, un autre groupe armé opposé à Kampala, la Nalu, s’installe dans l’ancienne zone d’activité du Rwenzururu et noue des contacts avec ses dirigeants et ses ex-combattants.

Après la chute du régime de Milton Obote en 1986 au profit de Yoweri Museveni, le responsable des services de renseignements du régime déchu, Amon Bazira,[5] crée la Nalu. Cette organisation est un rassemblement de fidèles de Milton Obote, mais aussi d’Idi Amin Dada.

En quête de soutiens et fort de ses précédents contacts avec le Rwenzururu, Bazira fait appel à Charles Wesley Irema-Ngoma Willingly, mais le soutien de celui-ci à la Nalu est de courte durée, puisqu’il se rallie à Museveni dès 1988. A sa création, la Nalu est soutenue financièrement et militairement par les pouvoirs congolais et kenyan qui se méfient de Museveni. A partir de 1988, elle est chassée d’Ouganda par l’armée et s’établit dans les territoires congolais de Beni et du Lubero. En plus d’anciens éléments du Rwenzururu, elle récupère des combattants congolais, comme les Maï-Maï Kasindiens[6] installés autour de la ville frontalière de Kasindi entre l’Ouganda et la RDC, au pied des monts Rwenzori. La Nalu intègre aussi dans ses rangs des anciens combattants de la rébellion Simba de 1964 créée par Gaston Soumialot, ce qui en fait un mouvement congolo-ougandais. En 1990, la Nalu entame sa première campagne d’envergure et commet 43 attentats à la grenade à Kampala et Jinga. En août 1993, Amon Bazira est assassiné à Nakuru, au Kenya. La disparition de son fondateur marque la fin de la période d’activité de la Nalu.

3. Le mouvement musulman Tabligh en Ouganda [ICG]

Après la chute d’Amin Dada en 1979, les musulmans ougandais sont opprimés par les régimes de Milton Obote puis de Yoweri Museveni. Dans les années 1980, le mouvement religieux musulman Tabligh[7] utilise cette oppression et l’appui financier du gouvernement soudanais pour recruter au sein de la jeunesse ougandaise et devenir une structure importante dans la communauté musulmane locale. La lutte pour la domination de l’espace religieux qui s’ensuit se traduit par des violences.

Le 22 mars 1991, à Kampala, les membres du Tabligh affrontent ceux du Conseil supérieur des musulmans ougandais (UMSC), faisant cinq morts dont quatre policiers. A la suite de ces violences, les dirigeants du Tabligh, dont Jamil Mukulu qui est à la tête des jeunesses du mouvement, sont emprisonnés de 1991 à 1993. Après leur libération, les membres du groupe, dirigé par Sheikh Sulaiman Kakeeto, s’installent à Hoima, dans l’Ouest de l’Ouganda.

C’est là qu’ils créent, en 1994, le Mouvement des combattants ougandais pour la liberté (UFFM), qui reçoit immédiatement une aide du régime de Khartoum. L’UFMM est aussi connu sous le nom de l’Armée musulmane de libération de l’Ouganda (MULA). Kampala réagit alors en détruisant leur camp d’entrainement en 1995. Suite à la destruction de leur base, les membres de l’UFFM se réfugient dans la ville congolaise de Bunia, proche de la frontière ougandaise, où ils continuent à recevoir un appui de la part du Soudan. Les chefs de la secte Tabligh en Ouganda, dont Sheikh Sulaiman Kakeeto et Jamil Mukulu, s’enfuient au Kenya et en Tanzanie.

4. Les Forces Démocratiques Alliées – Armée Nationale pour la Libération de l’Ouganda (ADF/Nalu) [ICG]

En septembre 1995, le commandant Ngaimoko, un dirigeant de la Nalu, et Yusuf Kabanda, un compagnon de Jamil Mukulu, forgent une alliance entre leurs deux mouvements qu’ils

nomment les Forces alliées démocratiques – Armée nationale pour la libération de l’Ouganda (ADF-Nalu). Les combattants musulmans stationnés à Bunia sont amenés par avion à Beni, où ils sont installés avec la Nalu. Ils sont accueillis et encadrés par le colonel Ebamba et le major Mayala.

Durant cette période, les ADF-Nalu recrutent ouvertement avec le soutien du gouvernement congolais, de préférence dans la communauté musulmane de Beni. A cette époque, selon les services de renseignements ougandais, Jamil Mukulu s’installe à Khartoum.

Les ADF-Nalu sont rapidement relocalisées à Rugeti, dans le territoire de Beni, au Nord Kivu, où ils nouent des liens avec la population locale. Lorsque les troupes de l’Alliance des forces démocratiques de libération (AFDL) de Laurent-Désiré Kabila entrent dans le territoire de Beni, les ADF-Nalu, alliées au régime de Mobutu, se retirent dans les monts Rwenzori. C’est en 1996 que cette alliance contre le régime de Yoweri Museveni commence à faire parler d’elle à la frontière congolo-ougandaise. Le 13 novembre, les ADF-Nalu lancent leur première opération militaire en attaquant le poste frontière de Mpondwe et en prenant le contrôle de la ville de Mbwera. A partir du territoire congolais, ils s’infiltrent dans les districts ougandais de Kabarole, Bundibugiyo et Kasese, où leurs premiers objectifs sont des postes de police et des bâtiments administratifs.

C. UNE REBELLION DEFAITE MAIS INVAINCUE

Sans ancrage populaire, l’histoire des ADF-Nalu face au régime ougandais est celle d’un échec répété. Coincé en RDC, le mouvement se «congolise» et vivote entre commerce transfrontalier, prédation locale et démotivation. Il perd sa composante Nalu en 2007 et, après avoir été ignoré pendant plusieurs années, il redevient actif en 2010 à la faveur d’une offensive de l’armée congolaise. Sa lutte se déplace alors du terrain ougandais au terrain congolais.

1. Les ADF-Nalu contre l’Ouganda: histoire d’un échec répété [ICG]

En 1996, les effectifs des ADF-Nalu sont estimés entre 4.000 et 5.000 combattants. Leurs opérations sont concentrées dans les districts ougandais de Kasese et Bundibugo, le long de la frontière avec la RDCongo. A cette période, c’est Yusuf Kabanda qui dirige le mouvement depuis le Lubero, en RDC, Jamil Mukulu n’étant que son second. Chris Munyangongo Tushabe, dit commandant Benz, un sergent déserteur de l’armée ougandaise ayant reçu un entrainement au Soudan, dirige les opérations lancées contre l’Ouganda depuis la RDC.

En juin 1997, la première opération d’envergure des ADF-Nalu vise à s’emparer de la ville de Bundibuyo, mais ils sont repoussés par les forces ougandaises. En 1998, ils mènent des recrutements forcés dans des écoles ougandaises. En 1999, ils attaquent la prison de Katojo.

Accumulant les échecs militaires et incapables de prendre pied en Ouganda, ils s’attaquent alors aux populations civiles, afin de les contraindre à coopérer. Les ADF-Nalu multiplient les attaques sur les villages non protégés par l’armée et la police ougandaises. Ils s’illustrent par des exécutions sommaires, des mutilations, des enlèvements, l’installation de mines anti personnelles dans les champs et sur les axes routiers ruraux. Ils frappent également le centre du pouvoir: Kampala. Le 14 février 1999, les attentats à la bombe dans deux restaurants de la capitale ougandaise sont le point de départ de leur campagne de terreur urbaine. Entre avril et juin 1999, les ADF-Nalu organisent sept attentats à la grenade ou la bombe artisanale à Kampala. Les ADF-Nalu organisent des attentats les 10, 11 et 25 avril 1999 puis les 1er, 7, 8 et 30 mai 1999. Ces attentats font onze morts et 42 blessés. Entre 1998 et 2000, les attaques du groupe ont fait un millier de victimes, déplacé 150.000 personnes, dont 85 pour cent de la population du district de Bundibugo, et fait baisser les revenus fiscaux du district de Kasese de 75 pour cent.

Le gouvernement ougandais déploie tout d’abord des troupes dans les centres urbains le long de l’axe menant de Fort-Portal à Kasese. Cette première réponse est sans grand effet, les ADF-Nalu utilisant les monts Rwenzori comme sanctuaire et les forces ougandaises n’étant ni équipées ni

préparées pour un affrontement en moyenne et haute montagne.[8] Avec l’accord du président congolais de l’époque, Laurent-Désiré Kabila, l’Ouganda déploie des troupes au nord de la province du Nord Kivu dès fin 1997. En décembre 1997, l’armée ougandaise a déployé deux bataillons sur le territoire congolais en collaboration avec les forces congolaises. Ce déploiement est formalisé par un accord sur la sécurité des frontières signé le 27 avril 1998.

Le 9 novembre 1999, avec le concours d’anciens combattants Rwenzururu, l’armée ougandaise lance une large opération de ratissage des monts Rwenzori: l’opération Mountain Sweep. Durant cette opération, un grand nombre de combattants ADF-Nalu, mais surtout certains de leurs

commandants sont capturés ou tués.

Le 14 janvier 2000, le général Kazini annonce que l’objectif de l’armée de couper les ADF-Nalu de leur soutien logistique soudanais en RDC est atteint.

Coupés de leurs soutiens soudanais, les ADF-Nalu se réorganisent et se rapprochent de groupes armés opérant sur le territoire congolais: le Rassemblement congolais pour la démocratie-Goma (RCD-Goma) au Nord Kivu et le Mouvement révolutionnaire congolais (MRC) en Ituri, tous deux alliés au Rwanda. Ils se financent en recourant au banditisme et déplacent une partie de leurs troupes vers l’Ituri. Ils prennent aussi contact avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe rebelle opposé au régime de Paul Kagame. En 2001, une tentative de négociation avec le gouvernement ougandais, qui s’est doté d’une loi d’amnistie pour les combattants des groupes armés en 2000, échoue. A partir de cette année, l’armée estime que les ADF-Nalu ne comptent plus qu’une centaine de combattants et ne représentent donc plus une menace significative.

2. Des ADF-Nalu aux ADF: de la lutte contre l’Ouganda à la lutte contre la RDC ]ICG]

Fin des opérations contre l’Ouganda: la Nalu dépose les armes

En décembre 2005, les Nations unies et les Forces armées de la RDC (FARDC) lancent l’opération North Night Final contre les bases des ADF-Nalu. Les principaux camps sont détruits et environ 90 combattants sont tués. Toutefois, ayant été prévenus, les dirigeants s’échappent et disparaissent dans les monts Rwenzori. C’est la première fois que Kinshasa se retourne contre le mouvement qu’il a contribué à créer dix ans auparavant.

Leurs activités redeviennent significatives en 2007 mais les opérations d’infiltration de l’Ouganda sont toutes contrées par l’armée. Le 15 mars 2007, l’armée ougandaise tue deux combattants des ADF-Nalu dans le district de Mubende. Le 23 mars, elle en tue deux autres dans le district de Bundibuyo. Le 27 mars, elle en tue 34 et fait prisonniers cinq commandants.

En mars 2007, les ADF-Nalu prennent langue avec la Monuc (la Mission de l’ONU en RDCongo) afin de négocier leur reddition. Si ces négociations échouent, les revers militaires de mars et avril et l’amnistie de sept prisonniers du groupe en novembre ont un impact fort sur les combattants. Deux cents d’entre eux se rendent le 4 décembre. Sept membres du groupe, qui se présentent comme les derniers chefs de la composante Nalu, abandonnent également le combat et bénéficient du programme de désarmement, démobilisation, rapatriement, réinstallation et réinsertion (DDRRR) de la Monuc.

A partir de cette date, Jamil Mukulu, qui était déjà chef militaire des ADF, devient alors le seul dirigeant du groupe. Les ADF-Nalu cessent alors d’exister en tant qu’alliance de deux mouvements. Le 17 mars 2008, le président ougandais reconnait l’existence du royaume de Rwenzururu, répondant ainsi à une des principales revendications des anciens combattants Rwenzururu de la composante Nalu.

A partir de juillet 2008, les ADF tentent de relancer des négociations avec le gouvernement ougandais, qui se dit prêt à entamer un dialogue. Les négociations démarrent finalement en août 2009, mais n’aboutissent pas.

Les ADF combattent en RDC: les opérations Rwenzori et Radi Strike

Le 25 avril 2010, l’attaque du camp militaire de Niyaleke, près de Beni, par une coalition ADF et Maï-Maï relance les opérations contre les ADF dans les territoires de Beni et Lubero.

Le 25 juin, les FARDC déclenchent l’opération Rwenzori. Présentée comme une action unilatérale,

elle est préparée par les FARDC en collaboration avec la Monusco. Cette offensive permet aux troupes congolaises de prendre plusieurs camps des ADF ainsi que de couper plusieurs de leurs lignes logistiques.

Le 31 juillet, à la veille de la visite du ministre de la Défense à Beni, les ADF distribuent des tracts dénonçant les exactions des FARDC contre les populations civiles et accusant aussi le président Joseph Kabila de ne pas respecter des accords qu’il aurait conclus avec les ADF où il les autoriserait à séjourner en RDC en échange de leur non-ingérence dans les affaires congolaises.

En dépit des annonces de victoire faites par le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, l’opération Rwenzori continue en 2011. En faits, les opérations anti-ADF s’enlisent: l’armée congolaise subit des revers et les ADF contre-attaquent. A la fin de l’année 2011, toujours invaincus, les ADF se rapprochent de divers groupes armés (les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda – FDLR, le Front Patriotique de Résistance de l’Ituri – FPRI et les Patriotes Résistants Congolais – Pareco) et cherchent à se renforcer. L’opération Rwenzori lancée par le gouvernement congolais en 2010 a permis à l’armée de prendre le contrôle de certains réseaux commerciaux entre la RDC et l’Ouganda, mais pas de venir à bout de ce groupe.

Au début 2012, le groupe lance une attaque infructueuse contre les positions de l’armée congolaise à Mukoko, près d’Oïcha, dans le territoire de Beni, et, le 20 mars, les FARDC et la Monusco annoncent le déclenchement de l’opération Radi Strike. Cette nouvelle action s’avère problématique

dès ses débuts[9] et trop courte pour avoir un impact. L’opération s’arrête le 11 avril 2012 lorsque Joseph Kabila annonce la suspension de toutes les opérations militaires au Nord Kivu à la suite de la rébellion du M23.

Néanmoins, l’opération Radi Strike a rendu la cohabitation des ADF avec la population plus difficile. C’est pour cela que les ADF sont devenus plus méfiants et violents à l’encontre des individus soupçonnés de collaborer avec les FARDC. Une enquête du Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) a montré qu’au premier semestre 2012, 40 personnes ont été enlevées par les seules ADF. Sur l’axe routier menant d’Erengeti à Nadui, les ADF n’autorisent les déplacements qu’entre 9 et 16 heures. Seules les personnes qu’ils connaissent et qui les approvisionnent sont autorisées à se déplacer en dehors de ces horaires et ils n’hésitent pas à assassiner tout contrevenant.

3. L’opération Sukola I et les massacres de 2014 dans le Territoire de Béni [MONUSCO]

Le 16 janvier 2014, les FARDC et la MONUSCO ont lancé l’opération militaire Sukola I, menée conjointement contre les ADF. Cette opération a permis de récupérer plusieurs positions tenues par le groupe, notamment plusieurs camps situés entre les localités de Mbau et Kamango et la frontière ougandaise. En avril 2014, le camp de Medina, considéré comme la principale base de Jamil Mukulu, situé en pleine jungle, au point kilométrique 40 entre Mbau et Kamango, a également été pris par les FARDC. Toutefois, des résidents de Beni ont déclaré avoir constaté un accroissement de la violence par les ADF à partir de septembre 2014, suite au changement intervenu dans le commandement FARDC des opérations contre les ADF. Les attaques contre les civils se sont intensifiées alors que s’ouvrait à Beni, le 1er octobre 2014, un procès contre des militaires des FARDC et des combattants des ADF accusés d’avoir tué, le 2 janvier 2014, le Colonel FARDC Mamadou Ndala qui était Commandant des opérations militaires au Grand Nord de la province du Nord-Kivu et chargé de l’opération Sukola 1.

A l’issue de ses enquêtes, le BCNUDH est en mesure de confirmer qu’entre le 1er octobre et le 31 décembre 2014, lors d’attaques sur 35 villages du territoire de Beni par des combattants des ADF, au moins 237 civils ont été victimes d’exécutions sommaires, 47 autres d’atteintes à leur intégrité corporelle, deux victimes de viol, au moins 20 civils ont été enlevés, et un nombre indéterminé de maisons ont été pillées et détruites.

Les attaques contre les populations civiles dans le territoire de Beni ont été menées de manière systématique, avec une grande brutalité. Selon les enquêtes du BCNUDH, les auteurs ont ciblé de manière indiscriminée hommes, femmes et enfants. Leur modus operandi leur a permis de tuer un maximum de personnes dans un temps très réduit. Les assaillants étaient divisés en différents groupes mobiles composés de six à plusieurs dizaines d’individus et ont eu recours à des méthodes qui rendent l’alerte lente. La majorité des attaques a en effet eu lieu au coucher du soleil, lorsque les populations rentraient des travaux champêtres. La plupart des victimes a été tuée par machettes, haches et marteaux, afin de faire peu de bruit. Les informations collectées par le BCNUDH ont révélé que les assaillants ont visé principalement la tête des victimes, ne leur laissant aucune chance de survie. Plusieurs victimes ont été décapitées, après avoir été ligotées. Les assaillants ont, dans certains cas, fait usage d’armes à feu à l’encontre de personnes qui tentaient de fuir, probablement dans le but de les tuer le plus rapidement possible et de les empêcher de donner l’alerte.

Plusieurs attaques ont été commises avec la participation de femmes et d’enfants – des garçons aussi bien que des filles – qui accompagnaient les assaillants. Selon les témoignages de rescapés, pendant que les hommes tuaient les civils, les femmes et les enfants pillaient les cases et emportaient la nourriture, le bétail et d’autres biens (tels que des vêtements et des ustensiles de cuisine) facilement transportables. Selon certains témoignages, dans quelques cas, des enfants auraient été contraints de trancher la gorge de victimes qui avaient été préalablement neutralisées par des combattants des ADF. Les assaillants ont incendié plusieurs villages après les attaques et certaines victimes ont ainsi été brûlées vives dans leur habitation.

A quatre reprises, les assaillants ont disséminé de nombreux tracts, en anglais et en swahili, dans les localités d’Oicha, Mayimoya, Beni et Eringeti, avertissant les populations de futures attaques. Dans l’un de ces tracts, il était écrit en swahili: «Vous les populations, nous allons vous tuer parce que vous nous avez beaucoup provoqué. De même pour les FARDC avec qui nous vivions à l’époque sans problème. (…) Ne soyez pas surpris de voir que nous tuons les enfants, les femmes, les vieillards (…). Au nom d’Allah, nous n’allons pas vous laisser». Cet élément démontre le caractère prémédité des attaques, présentées comme des représailles envers les populations civiles suite aux opérations militaires menées par les FARDC, ainsi qu’envers certains chefs de localités qui n’auraient plus obéi aux ADF.

Réaction des autorités congolaises

Entre octobre et décembre 2014, à Beni, dans le cadre d’opérations de ratissage et d’enquêtes lancées par les autorités pour faire la lumière sur les massacres commis dans le territoire de Beni entre le 1er octobre et le 31 décembre 2014, on a arrêté au moins 300 personnes, dont au moins 33 militaires des FARDC.

Parmi les civils, il y avait notamment des personnes accusées de collaboration avec les ADF, des commerçants locaux et des membres du parti politique d’opposition RCD/K-ML, considéré par le gouvernement congolais comme un allié des ADF.

Dès le 3 novembre 2014, les autorités du territoire de Beni ont instauré un couvre-feu entre 18h30 et 6 heures, sur l’ensemble du territoire de Beni, compte tenu du modus operandi des assaillants, attaquant plutôt à la tombée de la nuit. La mesure aurait contribué à limiter le risque pour la population d’être prise par surprise par les assaillants dans des lieux non sécurisés.

A Beni, compte tenu de la gravité des incidents, les FARDC ont intensifié les offensives conjointes avec la MONUSCO, notamment avec les manœuvres Mayangose, Umoja I, II et III, entre les mois de novembre 2014 et janvier 2015. Pendant la période couverte par ce rapport, ces opérations ont conduit au démantèlement de plusieurs camps des ADF, notamment ceux de Braida, Issa, Canada, Pilote et Musana. Lors de ces opérations, des combattants des ADF auraient été tués, des armes de guerre auraient été saisies et plusieurs documents portant indications de mouvements de combattants auraient été découverts.

Actions prises par la MONUSCO

Dès le début de la série d’exactions commises à grande échelle contre les populations civiles, la MONUSCO a renforcé sa présence dans le territoire de Beni, ainsi que son dispositif d’appui aux FARDC à travers des opérations conjointes.

Ainsi, le 29 octobre 2014, une compagnie malawite de la Brigade d’Intervention a été déployée en renfort à Beni. En outre, les patrouilles aériennes diurnes et nocturnes se sont multipliées. Entre octobre et décembre 2014, au moins 60 patrouilles de reconnaissance aérienne ont ainsi été effectuées, tandis que les hélicoptères d’attaques MI-24 et MI-27 ont effectué au moins 21 sorties pour soutenir les opérations au sol. En moyenne, 130 patrouilles nocturnes motorisées, militaires et policières, ont été effectuées entre octobre et décembre 2014. A partir du 8 décembre 2014, la Mission a fait intervenir ses drones afin d’obtenir plus d’information sur les positions des combattants des ADF. Toutes ces mesures ont contribué à une diminution notable des attaques après décembre 2014 dans le territoire de Beni.

Le milieu naturel difficile, ainsi que la grande mobilité des combattants ADF, ont posé des défis à la Force de la MONUSCO qui a mis en place un numéro vert, en collaboration avec les FARDC et les autorités locales, afin que les populations puissent les alerter en cas d’attaques.

L’arrêt de Jamil Mukulu

Jamil Mukulu a été arrêté le 20 avril 2015 par les services de sécurité tanzaniens à Kagezi, à la frontière entre le Kenya et la Tanzanie. Interpol avait émis à son encontre un mandat d’arrêt à la demande de Kampala. Il est accusé de crimes contre l’humanité et de meurtre de masse. Il a été extradé vers l’Ouganda le 10 juillet 2015, en vue de son procès à Kampala.

D. UNE MENACE RENTABLE DONC DURABLE

L’implantation des ADF en RDC s’est révélée durable non pas grâce à leur nombre ou leur supériorité militaire mais grâce à leur insertion socioéconomique dans le milieu local et l’ambiguïté des opérations militaires censées les déloger. En effet, à cause de l’enlisement des opérations militaires, les officiers ont pu s’impliquer davantage dans l’économie locale et ses trafics lucratifs.

1. L’ancrage socioéconomique des ADF [ICG]

Du fait de leur composition, de leur présence dans un territoire riche en ressources naturelles et à l’instar de leurs prédécesseurs, les ADF-Nalu se sont insérées dans l’économie transfrontalière depuis leur création. Le mouvement Rwenzururu et la Nalu avaient développé des relations commerciales, notamment avec Enoch Nyamwisi.

Lorsque les ADF-Nalu se sont formées, ces relations ont continué. Durant l’opération Mountain Sweep, certains officiers ougandais ont eux aussi été soupçonnés de faire du commerce avec le groupe, via leurs alliés congolais, en particulier des éléments du RCD-KML.[10]

Actuellement, les ADF disposent d’un large réseau de financement dans la région de Beni et Butembo en RDC grâce aux liens qu’ils ont tissés avec les populations locales et au commerce transfrontalier du bois et des minerais.

Des documents trouvés lors de la perquisition au domicile de Jamil Mukulu à Nairobi, en août 2011, ont démontré que les ADF seraient impliquées dans le commerce du bois et de l’or. Dans la zone sous leur contrôle, les ADF imposent une taxe de 300 dollars par tronçonneuse pour la coupe du bois ainsi que des amendes allant jusqu’à 500 dollars pour ceux qui ne s’acquittent pas de cette taxe. D’après les informations recueillies par Crisis Group, parmi ceux qui sont impliqués dans le commerce illégal du bois dans cette zone et qui paient cette taxe aux ADF, il y a aussi des officiers de l’armée congolaise.

Grâce à leurs revenus, les ADF se fournissent en produits manufacturés en passant par des intermédiaires qui font les achats à leur place. Toutefois, les acheteurs ne sont pas toujours volontaires: les ADF utilisent aussi parfois les menaces d’enlèvement ou de représailles sur les familles pour contraindre certains à jouer ce rôle.

Dans l’Est de la RDC, ce système d’échanges permet à tous les groupes armés de s’approvisionner et de réinvestir et à certains acteurs économiques locaux de tirer profit de leur présence.

2. Les FARDC: entre business et opérations militaires [ICG]

Selon un schéma reproduit dans tout l’Est de la RDC, l’armée congolaise a fait des opérations militaires contre les ADF une occasion de prédation. Des complicités commerciales entre officiers congolais et ADF, y compris avec les autorités locales ougandaises, sont régulièrement évoquées.

En 2010, l’opération Rwenzori aurait été l’occasion pour les officiers supérieurs de l’état-major des FARDC à Butembo d’intimider les commerçants nande de la ville et de prendre le contrôle du commerce du bois de coupe. Le bois d’œuvre exporté depuis la RDC vers l’Ouganda est ensuite exporté vers des pays tiers sous le label produit en Ouganda. Ceci permet de ne pas payer de taxes d’exportation. La société civile accuse aussi les FARDC de rançonner les populations lors des opérations anti-ADF et les soupçonne d’être à la base des attaques contre les véhicules des commerçants transportant de fortes sommes d’argent.

E. RECOMMANDATIONS

Au regard de ce qui précède, le BCNUDH recommande instamment:

Aux autorités congolaises:

– De prendre des mesures urgentes afin de mettre fin aux attaques de civils dans le territoire de Beni et de protéger pleinement et efficacement les populations;

– De mener des enquêtes promptes, indépendantes, crédibles et impartiales sur les violations des droits de l’homme et les violations du droit international humanitaire commises dans le territoire de Beni et, dans l’hypothèse où les éléments constitutifs de crimes sont réunis, de traduire en justice tous les auteurs présumés de ces violations, y compris les militaires des FARDC qui seraient impliqués à quelque niveau que ce soit et indépendamment de leur rang;

– De prendre des mesures visant à faire cesser toute exploitation illégale des ressources naturelles dans le territoire de Beni qui alimente les conflits armés dans la région.

A la communauté internationale:

– D’apporter l’appui nécessaire aux autorités congolaises en vue de poursuivre les responsables présumés de violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire;

– D’encourager les pays signataires de l’Accord cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région des Grands Lacs à mettre en vigueur leurs engagements, notamment ceux relatifs au retour dans leur pays d’origine des ex-combattants ayant déposé les armes et reconnus non responsables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

Selon International Crisis Group, la lutte contre les ADF ne doit plus être envisagée seulement comme une campagne militaire mais aussi comme une opération de renseignement.

Les officiers du mécanisme de vérification conjointe de la frontière qui sont déployés à Goma par la CIRGL devraient porter une attention particulière aux réseaux économiques et logistiques transfrontaliers des ADF et travailler avec le groupe des experts des Nations unies pour produire une étude précise de ces réseaux. C’est sur la base de celle-ci qu’une stratégie de lutte contre ce groupe doit être définie.

Ce travail de renseignement conjoint devrait permettre d’identifier les individus engagés dans les réseaux de soutien des ADF, aussi bien en RDC qu’à l’extérieur, et de les inscrire sur la liste des personnes qui appuient des groupes armés. A ce titre, ils devraient faire l’objet de sanctions onusiennes. En effet, le gel des avoirs et l’interdiction de voyager entraveront leur capacité d’effectuer des transferts d’argent, de collecter des fonds à l’étranger et de mobiliser des membres de la diaspora en Afrique et dans l’hémisphère nord. Par ailleurs, ce travail devrait aussi permettre d’identifier les militaires congolais et ougandais complices de ses réseaux et leur identité devrait être communiquée aux autorités de ces deux pays pour des sanctions appropriées. Tant que ce travail de renseignement n’est pas effectué, aucune opération militaire ne devrait être déclenchée.

Entre-temps, Kampala et Kinshasa devraient procéder à des rotations régulières des officiers déployés dans cette région.

Dans l’attente de la définition d’une stratégie précise de lutte contre les ADF, les combattants qui veulent se rendre devraient pouvoir bénéficier d’un programme de DDRRR, ce qui permettrait d’offrir une perspective de démobilisation et de réinsertion pour les membres des ADF n’ayant pas commis de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

[1] Cf http://www.crisisgroup.org/~/media/Files/africa/central-africa/dr-congo/b093-lest-du-congo-la-rebellion-perdue-des-adf-nalu.pdf

[2] Cf http://www.ohchr.org/Documents/Countries/CD/ReportMonusco_OHCHR_May2015_FR.pdf

[3] L’Omusinga est le titre du roi des Bakonzo d’Ouganda et des Nande de la RDC.

[4] Le 15 août 1982, Charles Wesley Irema-Ngoma Willingly rejoint le gouvernement de Milton Obote comme chef des anciens du district de Kasese. L’administration ougandaise dans le royaume autonome de Rwenzururu devient alors le monopole des Bakonzo. Le royaume est finalement reconnu par le gouvernement ougandais en 2008. Le 19 octobre 2009, Charles Wesley Mumbere, fils de Charles Wesley Irema-Ngoma Willingly, est officiellement couronné Omusinga du royaume de Rwenzururu.

[5] Né en 1944, Amon Bazira fait partie de l’opposition à Amin Dada. A la chute de ce dernier en 1979, il est nommé directeur adjoint des services de renseignements ougandais dans le régime Obote 2. De 1980 à 1982, il mène les négociations avec le mouvement sécessionniste Rwenzururu. En 1986, à la chute d’Obote, il crée l’Armée nationale pour la libération de l’Ouganda (Nalu).

[6] Les Maï-Maï Kasindiens apparaissent au cours des années 1980 dans les contreforts des monts Rwenzori. Ils sont avant tout une milice qui entretient l’insécurité le long de la frontière afin de dissimuler les activités illégales de commerçants nande et ougandais (commerce du café, ivoire, drogue et armes).

[7] La secte Tabligh est un mouvement musulman apparu en 1920 dans le sous-continent indien qui prône une interprétation très littérale et orthodoxe de l’islam. Il y a deux tendances opposées: la première est non-violente et pacifique, la seconde est plutôt radicale, fondamentaliste et violente. Cette secte s’est implantée dans les années 1970 en Ouganda aussi. Au départ, elle était très minoritaire dans la communauté musulmane ougandaise.

[8] Les monts Rwenzori culminent à 5.109 mètres d’altitude. Longs de 120 kilomètres et larges de 65 kilomètres, ils sont composés de six massifs séparés par des vallées.

[9] Au sein de la Monusco, la coopération entre officiers indiens et troupes népalaises se serait avérée difficile.

[10] Le Rassemblement congolais pour la démocratie/Kisangani-mouvement de libération (RCD-KML) est un groupe armé qui est apparu à la suite des divisions du RCD à Kisangani en 2000. Il est dirigé par Mbusa Nyamwisi, un nande et frère d’Enoch Nyamwisi, et a été intégré en 2003 au gouvernement de transition. Son dirigeant a été ministre dans les gouvernements de Joseph Kabila de 2006 à 2011 et est un député très critique du pouvoir depuis la dernière élection. Le groupe a une forte base ethnique nande et est actuellement le principal parti politique des territoires de Beni et du Lubero dans la province du Nord Kivu.