Congo Actualité n. 198

SOMMAIRE:

ÉDITORIAL: Quand les négociations l’emportent sur l’action

1. LE M23 TOUJOURS MENAÇANT

2. LES NÉGOCIATIONS ENTRE LE GOUVERNEMENT ET LE M23 À KAMPALA

a. Les divergences entre le Gouvernements et le M23

b. Une nième suspension

3. LA REPRISE DES COMBATS ENTRE L’ARMÉE ET LE M23

a. Chronique d’une libération

b. Quoi faire?

 

ÉDITORIAL: Quand les négociations l’emportent sur l’action

1. LE M23 TOUJOURS MENAÇANT

Le 3 octobre, le Mouvement du 23 mars (M23) a menacé, dans un communiqué, de tirer sur tout appareil qui survolera à très basse altitude. Selon le communiqué, «ce mardi, deux hélicoptères peints aux couleurs blanches et portant la mention UN ont survolé, à très basse altitude, notre espace pendant plus de trois heures au départ du sud de la localité de Kibumba en passant par celles de Rugiri, Bukima, Runyoni, Ntamugenga pour sortir par Tongo. Un autre hélicoptère portant les mêmes indications a refait mercredi, le survole de notre espace dans les mêmes conditions d’altitude. Le M23 met en garde les responsables de ces actes de provocation. Ils sont dès lors avertis qu’en cas de récidive, les instructions claires et sans équivoque de notre armée sont celles de s’assurer de la destruction immédiate et sans sommation de ces engins de la mort». Le porte-parole du M23, Amani Kabasha, a affirmé que, «après vérification auprès de la haute hiérarchie de la Monusco, il s’est avéré que ces hélicoptères armés n’appartiennent pas à la Mission de l’ONU en RDC qui, quant à elle, nie avoir opéré de tels vols dans notre espace aux moments indiqués». D’après le M23, il s’agit donc d’un camouflage sous le label de l’ONU des engins des FARDC, pour tromper l’attention de l’armée du M23, en vue d’assurer la couverture des opérations militaires de reconnaissance, d’attaques surprises notamment.[1]

Le 11 octobre, dans l’après-midi, un hélicoptère de la Monusco a essuyé des tirs à partir des positions du M23 dans la région de Rumangabo au Nord-Kivu. Le chef de la Monusco, Martin Kobler, a condamné fermement cet acte et a rappellé que les missions aériennes de la mission onusienne se poursuivront. «Les rebelles du M23 ne nous exclurons pas de l’espace aérien congolais. Nous continuerons à tout mettre en œuvre pour défendre la population civile, y compris par la force si cela s’avère nécessaire», souligne le Représentant spécial du secrétaire général des Nations unies. Pour sa part, le M23 a reconnu qu’il y avait eu un «incident majeur». «Cet hélicoptère est passé à basse altitude dans le camp de Rumangabo vers 16 h00, alors que d’habitude il passe à une dizaine de kilomètres de là à vol d’oiseau», a affirmé le porte-parole militaire du M23, le lieutenant-colonel Vianney Kazarama. Il a déclaré que ses soldats ont pensé que c’était un avion des FARDC qui voulaient relancer les combats. Pour lui, il y a eu erreur des deux côtés, tant de celui de la Monusco que du M23. «Selon mon analyse du terrain, je crois que le pilote a perdu sa ligne et est arrivé sur le camp de Rumangabo», a estimé le porte-parole militaire du M23. L’envoyée spéciale de l’Onu pour la région des Grands Lacs, Mary Robinson, a jugé «inacceptables» les tirs du M23 contre l’hélicoptère de la Monusco et a «condamné ce grave incident qui met en danger la sécurité des troupes de la Monusco».[2]

Le 13 octobre, dans un mémorandum adressé aux autorités de la RDCongo, la Société Civile du Nord-Kivu a invité le chef de l’Etat, Joseph Kabila, et le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, à «déclarer l’état de siège dans les territoires de Rusthuru, Masisi et Nyiragongo, dans le Nord-Kivu, permettre à l’armée nationale de déclencher une offensive armée contre le M23 et ses parrains rwandais et ougandais, rompre les relations diplomatiques avec le Rwanda et l’Ouganda, en rappelant les Ambassadeurs qui y sont accrédités, et retirer la Délégation Gouvernementale aux pourparlers de Kampala». Dans ce mémorandum, Omar Kavota, vice-président et porte-parole de cette structure, affirme que plusieurs militaires rwandais et ougandais ont rejoint, depuis les deux derniers jours, les positions du M23 dans ces territoires. Selon Omar Kavota, le 11 octobre, neuf camions remplis de militaires rwandais et ougandais, avec des munitions, ont franchi en pleine journée la frontière de Bunagana et sont arrivés jusque dans les positions du M23 à Kahunga, Rumangabo, Nyongera et Kitshanga. Omar Kavota ajoute que, le jour suivant, le 12 octobre, un bataillon de l’armée rwandaise, en provenance de Kinigi, dans le district rwandais de Rwengeri, a traversé la frontière jusqu’à Tshanzu, dans les positions du M23. Un autre Bataillon entré par Runyonyi est passé par Shangi (en Groupement Gisigari) pour Rumangabo. Dans le Territoire de Masisi, les agresseurs viennent de s’infiltrer notamment à Mushaki, Karuba et Ngungu (en Chefferie des Bahunde), de zones ayant servi, dans le passé, de caches d’armes du CNDP et partant, du M23. Thomas d’Acquin Mwiti, le président de la société civile du Nord-Kivu, a ajouté que le ministre rwandais de la défense, James Kabarebe, a présidé une réunion à l’hôtel Cerena de Gisenyi, où l’état-major de l’armée rwandaise-RDF et celui du M23 ont finalisé un plan d’attaque. [3]

Dans la nuit du 14 au 15 octobre, un accrochage a eu lieu le M23 et l’armée congolaise, à Kanyamahoro, près de Kibumba, à une quinzaine de kilomètres au nord de Goma. Les deux parties s’accusent mutuellement d’avoir attaquer en premier. Une source de la Monusco a indiqué que l’accrochage avait duré une vingtaine de minutes et qu’il avait résulté de la rencontre de « deux patrouilles », une du M23 et une autre des FARDC sur la ligne de front. Selon la Société Civile, c’est le M23 qui a attaqué les positions des FARDC, mais il a été repoussé et la localité de Kanyamahoro est restée sous contrôle de l’armée régulière. Le chef rebelle du M23, Bertrand Bisimwa a donné 48 heures aux forces loyalistes congolaises de quitter la localité de Kanyamahoro.[4]

Depuis le 10 octobre, une centaine de familles ont fui les exactions du M23 dans les localités de Kibumba et Buhumba, une trentaine de km au Nord de Goma. Elles accusent les rebelles de préparer une guerre et d’imposer aux hommes des travaux forcés. La rébellion obligerait notamment les hommes à construire des tranchées près de la frontière rwandaise. Ces déplacés ont trouvé refuge à 10 km de la capitale du Nord-Kivu, dans la localité de Kanyaruchinya, contrôlée par l’armée congolaise. L’un d’eux arrivé à Kanyaruchinya le lundi raconte: «Ces rebelles nous prenaient par la force pour aller creuser des trous de fusilier là où ils devront se protéger. La nuit tombante, ils prennent tous les hommes et les amènent vers la frontière entre la RDC et le Rwanda, là où se trouve la colline de Hehu. Sur place, nous devons encore creuser des tranchées que nous couvrons par la suite avec des tôles et de l’herbe». Le même déplacé affirme que les rebelles installent des armes sur des collines de Hehu ainsi qu’au niveau du bureau du territoire de Kibumba.

Ces familles qui ont fui Kibumba et Buhumba disent craindre la reprise des combats. Elles indiquent aussi que le M23 empêche tout mouvement de la population. Ces déplacés affirment avoir réussi à s’échapper en passant par la frontière rwandaise. «Ceux qui passaient par la grande route étaient obligés de retourner à Kibumba», confie un déplacé.[5]

Le 16 octobre, le Caucus des députés nationaux du Nord-Kivu a demandé au gouvernement congolais de prendre au sérieux la menace d’une «attaque imminente» du Rwanda contre la RDCongo. Dans une déclaration rendue publique à Kinshasa, ces députés invitent le gouvernement à «poursuivre l’offensive militaire et diplomatique, en vue de récupérer la zone occupée par les supplétifs du Rwanda, le M23». Ils appellent par ailleurs la Monusco à activer sa brigade d’intervention et la communauté internationale à condamner fermement les actions du gouvernement rwandais. Dans ce document, les élus réclament également que la commission tripartite RDC-Rwanda-HCR identifie les populations venues du Rwanda et installées à Jomba, dans le territoire de Rutshuru, au début du mois d’octobre. Les députés du Nord-Kivu exigent également la fin des pourparlers entre les rebelles du M23 et le gouvernement congolais à Kampala. Selon eux, ces discussions sont une «distraction» et une «dépense supplémentaire» pour le gouvernement congolais.[6]

Le 18 octobre, dans la matinée, le M23 a tiré contre un hélicoptère de la Monusco dans la région de Kibumba, dans le territoire de Rutshuru, dans le Nord Kivu. Le chef de la mission onusienne, Martin Kobler, et l’envoyée spéciale du secrétaire général de l’Onu pour la région des Grands Lacs, Mary Robinson, ont vivement condamné cette nouvelle attaque du M23 contre un hélicoptère non armé de la Monusco, la deuxième en moins d’une semaine.[7]

Le 19 octobre, le général autoproclamé du M23, Sultani Makenga, aurait annoncé, sur une radio locale, son intention d’interdire toute circulation des casques bleus, à Rutshuru, à 75 km de Goma. Des sources concordantes affirment que la tension est perceptible dans la cité de Kiwanja et au chef lieu du territoire de Rutshuru, où le M23 aurait installé un important dispositif militaire à la hauteur de la base de la Monusco.[8]

Le 20 octobre, des mouvements de troupes font craindre une reprise des affrontements. L’armée congolaise renforce ses positions sur l’axe Goma -Kibumba. Ce week-end, la population avait vu passer quatre bataillons FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) en direction de la ligne de front. Le M23 renforce aussi ses positions sur l’axe Kibumba – Kiwanja. Là, on parle de véritables fortifications, de pièces d’artillerie enterrées dans le sol. À Kiwanja, qui est l’un des verrous pour Goma, où se trouve et le M23 et la Monusco, on assiste à un renforcement des positions de part et d’autres. Le M23 avec des pièces d’artillerie lourde pointées vers une base onusienne. Et la Monusco, elle, y a dépêché ces derniers jours quelque 300 éléments de la nouvelle brigade d’intervention rapide appuyés par des chars. Le M23 prévient que si la Monusco attaque ses positions ou soutient les FARDC, le M23 répliquera.[9]

Le 21 octobre, le chef de bureau intérimaire de la Monusco au Nord-Kivu, Axel Quéval, a révélé que la brigade d’intervention de l’Onu s’est déployée depuis la semaine dernière à Kiwanja à 75 km au nord de Goma, dans le territoire de Rutshuru. Ce déploiement a été décidé en vue de renforcer la présence de la mission onusienne dans cette partie sous occupation du M23. Il vise aussi à assurer efficacement la protection des civils.[10]

2. LES NÉGOCIATIONS ENTRE LE GOUVERNEMENT ET LE M23 À KAMPALA

a. Les divergences entre le Gouvernement et le M23

Le 16 octobre, l’envoyée spéciale du secrétaire général des Nations unies pour les Grands lacs, Mary Robinson, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour la DCongo et chef de la Monusco, Martin Kobler, le secrétaire exécutif de la CIRGL, Alphonse Ntumba Lwaba, ainsi que le ministre congolais des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda, sont arrivés à Kampala, où les discussions sur le document final proposé par la médiation continuent d’achopper sur les questions du désarmement, de l’amnistie et de la réintégration du M23 dans l’armée nationale. Le M23 rejette avec force toute idée de désarmement de ses militaires et veut une amnistie totale et collective pour tous ses combattants, alors que Kinshasa, de son côté, est favorable à une amnistie au cas par cas. Le M23 exige que tous ses soldats soient réintégrés dans les FARDC et qu’ils restent déployés dans l’est de la RDCongo, tandis que Kinshasa souhaite que les soldats du M23 qui pourraient être réintégrés dans l’armée régulière soient affectés loin des territoires de l’Ituri, du Nord et du Sud-Kivu. Le gouvernement congolais avait transmis à la médiation ougandaise deux listes comprenant une centaine de membres du M23 exclus de toute mesure d’amnistie, d’intégration dans l’armée nationale et d’intégration dans les Institutions politiques, car déjà radiés de l’armée, ou recherchés par la justice congolaise et internationale ou récidivistes, ayant été membres de rébellions précédentes (l’AFDL, le RCD et le CNDP) et déjà réintégrés dans l’armée plusieurs fois. L’option de l’amnistie « temporaire » pour tous et de l’intégration du M23 dans les FARDC accompagnée d’une affectation dans l’Est de la RDCongo, comme le préconise le président ougandais, médiateur des négociations, ne semblent pas rencontrer l’assentiment de la délégation de Kinshasa. Mary Robinson aurait émis le souhait de voir les discussions se terminer rapidement.[11]

Le 18 octobre, les points de blocages entre les deux parties n’ont pas changé, notamment sur la question de l’amnistie des chefs rebelles sous le coup de sanctions des Nations Unies. Le Gouvernement congolais refuse de leur accorder une nouvelle fois l’amnistie. Il veut éviter le cycle infernal: rébellion, accord de paix suivi d’une nouvelle rébellion. En face, le M23 ne veut pas d’un accord qui propose comme seule option la prison. Il faut donc trouver une voie de sortie. Parmi les options envisagées, il y a celle de leur exil, mais il faut trouver des pays prêts à les recevoir. Certains membres de la délégation du M23, Kambasu Ngeve et René Abandi, auraient voulu parler aussi des postes, politiques et militaires, à pourvoir au niveau local, provincial, national et international, mais la délégation du gouvernement congolais s’est opposée à cette démarche qui mènerait à une sorte de partage du pouvoir. Dans l’après midi, les envoyés spéciaux de la communauté internationale se sont rendus à Kigali pour y rencontrer le président Paul Kagamé.[12]

Le 19 octobre, les négociations achoppent encore sur le sort des commandants du M23. Selon François Mwamba, membre de la délégation gouvernementale à Kampala, la liste des membres du M23 a exclure d’une éventuelle amnistie a été examinée par les deux parties et réduite. Il n’y a maintenant sur cette liste que les commandants visés par des sanctions internationales de l’Onu ou des Etats-Unis, ou accusés de crimes de guerre par Human Rights Watch, une Ong pour la défense des droits de l’homme. Le gouvernement congolais aurait accepté que ces commandants soient remis entre les mains de la communauté internationale qui, selon plusieurs sources gouvernementales et diplomatiques, serait en train de réfléchir à des pistes pour organiser leur exil.[13]

Le 20 octobre, le gouvernement congolais aurait accepté le principe de l’amnistie pour la grande majorité des troupes du M23, sans l’envisager, toutefois, pour les commandants sous sanctions internationales. Pas d’accord, le M23 a continué à revendiquer une amnistie générale et refusé la possibilité de l’exil. Vianney Kazarama, porte parole militaire du M23, a affirmé que «on ne réclame pas le retour des réfugiés Congolais pour accepter de partir nous mêmes en exil».

Dans la soirée, un haut responsable congolais présent à Kampala a déclaré que « on s’achemine lentement mais sûrement vers un échec. Face aux concessions du gouvernement, le M23 met sur la table de nouvelles revendications », indiquant que le M23 avait « refusé la dernière proposition » de la médiation ougandaise, avalisée par Kinshasa.

Plus tard, les pourparlers ont été suspendus. Du côté du M23, on dénonce la mauvaise foi de la délégation gouvernementale qui aurait quitté la pièce après une altercation avec Roger Lumbala, le vice-président de la délégation rebelle, empêchant la finalisation de l’accord. Du côté de Kinshasa, on condamne l’obstination du M23 sur les questions d’amnistie et de réintégration. Plusieurs observateurs onusiens craignent maintenant une reprise des combats. [14]

b. Une nième suspension

Le 21 octobre, le ministre congolais des Affaires étrangères et chef de la délégation gouvernementale, Raymond Tshibanda, a affirmé: «Nous espérions arriver à une issue qui aurait certainement ramené la joie et l’espoir d’un avenir meilleur sur les collines du Kivu. Je dois malheureusement dire que nous n’avons pas trouvé en face de nous des interlocuteurs aussi déterminés à ce que nous aboutissions à un accord. Nous restons en tant que délégation du gouvernement prêts à poursuivre cet effort car nous considérons que la quête de la paix doit être un effort permanent et soutenu», précisant que le gouvernement n’était pas prêt à «un accord à tout prix». «L’accord que nous recherchons doit être un accord qui conduit à une paix durable et qui préserve les intérêts de la nation congolaise», a indiqué le ministre, avant de quitter Kampala pour rentrer à Kinshasa. La délégation congolaise à Kampala a également accusé la facilitation ougandaise d’exiger de la RDCongo d’user de sa souveraineté, pour solliciter l’annulation des sanctions de l’Onu et des Etats-Unis d’Amérique contre certains membres du M23.[15]

Selon le ministre porte-parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga, la délégation du gouvernement s’est opposé à toute proposition susceptible de constituer une violation de la Constitution ou d’encourager la récidive et l’impunité. C’est notamment le cas de l’Amnistie qui, pour le gouvernement, ne peut en aucune manière concerner les crimes de guerre, les actes de génocide et les crimes contre l’humanité; en ce compris les violences sexuelles et le recrutement d’enfants et qui, même pour les faits de guerre et l’insurrection, doit être assortie de conditions dont le non respect entrainerait automatiquement la caducité de l’Amnistie. C’est aussi le cas de l’intégration éventuelle des éléments ex-M23 dans les FARDC, qui n’est envisageable qu’au cas par cas, sur base du dossier individuel de chacun, et dans le strict respect des lois de la République, notamment la loi sur les FARDC et celle sur le Statut du militaire. De ce qui précède, il résulte que, pour le gouvernement, plusieurs éléments M23 ne peuvent, sous aucun prétexte, être intégrés ou réintégrés dans les FARDC. Le gouvernement  a toutefois réaffirmé sa détermination à poursuivre ses efforts jusqu’à la pacification totale du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.[16]

Le 21 octobre, dans un communiqué, l’ONU exhorte Kinshasa et le M23 à conclure rapidement leurs négociations de paix par un accord. Les envoyés spéciaux de l’Onu et de la communauté internationale «s’inquiètent de l’instabilité de l’est de la RDCongo et espèrent que des progrès supplémentaires peuvent être faits dans les jours qui viennent sur les questions importantes en suspens», indique ce communiqué de la Monusco. Les envoyés spéciaux «mettent en garde contre tout acte de provocation et exhortent les parties à faire preuve d’une retenue maximale sur le terrain, pour permettre la conclusion de leur dialogue», ajoute le texte. Les envoyés spéciaux et la Communauté Internationale «exhortent une nouvelle fois le M23 à cesser immédiatement toute forme de violence et d’activité déstabilisatrice et pressent ses membres de se dissoudre immédiatement et définitivement et de déposer les armes, conformément à la résolution 2098 du Conseil de sécurité de l’ONU», adoptée en mars. Le communiqué est publié au nom de l’envoyée spéciale de l’ONU pour les Grands Lacs, Mary Robinson, de son homologue américain, Russ Feingold, du coordonnateur européen pour la région des Grands Lacs, Koen Vervaeke, du représentant spécial de l’Union africaine, Boubacar Diarra, et du chef de la Monusco, Martin Kobler.[17]

Le 21 octobre, les Etats-Unis ont déploré la suspension des négociations entre le gouvernement congolais et le M23. «Les Etats-Unis regrettent que des progrès plus importants n’aient pas été accomplis en vue de la conclusion d’un accord à Kampala», a déclaré la porte-parole adjointe du département d’Etat Marie Harf. Celle-ci a ajouté que «les Etats-Unis étaient inquiets que le M23 retarde volontairement le processus et ne négocie pas de bonne foi». Marie Harf a souligné «les efforts faits de bonne foi par le gouvernement de la RDC pour négocier un accord final». Washington appelle maintenant le M23 à «démontrer sa volonté de parvenir à une solution pacifique dans cette crise, en signant un accord qui permettrait un désarmement et une démobilisation immédiats du M23 et selon lequel les chefs de la rébellion impliqués dans des violations des droits de l’homme devraient rendre des comptes». «Nous estimons qu’un accord de principe complet doit être signé dans un futur très proche», a ajouté Marie Harf. Soutenu par la communauté internationale, Kinshasa refuse d’accorder l’amnistie à quelques 80 dirigeants du M23, et s’oppose à ce que ces hommes puissent faire de nouveau partie des Forces armées de la RDC (FARDC). Marie Harf a redit que l’accord final ne devait pas permettre d’amnistie pour les chefs du M23, une demande déjà formulée plus tôt dans la journée par l’envoyée spéciale de l’ONU pour la région des Grands Lacs, Mary Robinson.[18]

Le 23 octobre, lors d’une conférence de presse à Kinshasa, l’envoyé spécial des Etats-Unis pour la région des Grands Lacs, Russel Feingold, a affirmé que son pays soutenait la position prise par Kinshasa de ne pas accorder une amnistie générale aux éléments du M23, et en particulier aux commandants coupables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité et, donc, sous sanctions internationales.[19]

Le 23 octobre, l’expert des Nations Unies au bureau du facilitateur des pourparlers entre le gouvernement et le M23, Geoffrey Mapendere, a présidé une rencontre des délégués des deux parties à Kampala (Ouganda). Le Gouvernement n’a retenu que quatre membres à Kampala, dont le général Delphin Kahimbi et des experts de la sécurité militaire. La délégation du M23 est composée de doze personnes, dont Sendugu Museveni, ancien président du groupe rebelle Pareco, Joël Malembe, un jeune étudiant bien connu à Goma et le colonel Manzi. Selon l’envoyé spécial de radio Kivu1, encore une fois, la question de savoir qui va intégrer les FARDC ou la politique congolaise, sachant que le gouvernement reste catégorique et ferme sur sa décision d’exclure tous ceux qui sont sur les listes publiées et accusés de différents forfaits allant de ne pas être Congolais, crimes de guerre et contre l’humanité…a été un point de non convergence qu’il faudra réexaminer dans les prochains jours.[20]

Le 25 octobre, le président du M23, Bertrand Bisimwa, a envoyé une lettre au médiateur ougandais, Yoweri Museveni, en proposant un tableau d’accord prévoyant, selon lui, le cantonnement des troupes du M23 au Nord-Kivu, dans les zones de retour des réfugiés et, enfin, le désarmement et la démobilisation. Voici un extrait de la lettre de Bertrand Bisimwa au président Yoweri Museveni: «…Notre Mouvement n’est pas demandeur de l’intégration au sein des forces armées de la République Démocratique du Congo d’autant plus que la majorité de ses soldats le sont devenus par nécessité sécuritaire et n’avaient pas pour vocation de servir sous le drapeau, ce sont de citoyens qui se battent pour la sécurisation de leurs milieux d’origine et le retour de leurs parents réfugiés dans les pays voisins depuis une vingtaine d’années. S’agissant particulièrement du cantonnement et pour une meilleure sécurité des réfugiés retournés dans les zones actuellement sous contrôle de notre Mouvement, nous exigeons que nos troupes soient cantonnés dans les mêmes sites avec les retournés ainsi que le Général Laurent NKUNDA MIHIGO retenu au Rwanda depuis le 22 janvier 2009 et qui devra être ramené au pays pour y vivre comme citoyen ordinaire».

Dans la même correspondance, Bertrand Bisimwa ajoute: «En vue d’assurer un accompagnement soutenu du Dialogue de Kampala, le M23 sollicite la participation des délégués des états de la sous-région des Grands-Lacs aux cotés des Envoyés spéciaux des Nations-Unies, de l’Union Européenne, des Etats-Unis d’Amérique, de l’Union Africaine ainsi que le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations-Unies en République Démocratique du Congo».[21]

3. LA REPRISE DES COMBATS ENTRE L’ARMÉE ET LE M23

a. Chronique d’une libération

Le 25 octobre, des combats ont repris, vers 4h00 du matin, entre les FARDC et le M23 à Kanyamahoro, près de Kibumba, à environ 25 kilomètres au nord de Goma. Les deux camps s’accusent mutuellement d’avoir attaqué les premiers. Une source de la Monusco a indiqué que c’était la rébellion qui a pris l’initiative. Un officier de l’armée régulière a indiqué que la Monusco avait commencé à appuyer les troupes gouvernementales. «Nous les soutenons avec une partie des éléments de la brigade d’intervention et des hélicoptères sont prêts à appuyer (l’opération) si nécessaire », a confirmé la source de la Monusco.

En fin de matinée, l’armée congolaise a pris le contrôle du centre de Kibumba. Une partie de cette localité reste cependant occupé par le M23 qui aurait, entre-temps, reçu des renforts. Les combats se sont intensifiés dans l’après-midi autour de la colline de Hehu, entre Kibumba et la frontière avec le Rwanda. Selon certaines sources, les militaires contrôlent une bonne partie des groupements Kibumba et Buhumba, sur l’axe Goma-Rutshuru. Cependant, selon les mêmes sources, plusieurs centaines de combattants venus du coté de Kabuhanga, vers la frontière avec le Rwanda, auraient rejoint le M23, intensifiant ainsi les combats. Les habitants des groupements Kibumba et Buhumba ont fui leurs villages, certains vers Gasizi, à l’est, et d’autres vers Rugari, au nord. D’autres encore, qui avaient fui vers le Rwanda, seraient bloqués à Kitotoma, où les militaires rwandais ont bloqué la frontière. Une cinquantaine d’hommes en armes, les uns en civil et d’autres en tenue militaire ont fait une incursion dans le village de Rubare, à une vingtaine de kilomètres au sud de Kiwanja. Ces hommes ont attaqué une position du M23 et pillé quelques boutiques, avant de retourner dans la brousse.[22]

Des engins explosifs sont tombés en territoire rwandais, a affirmé un officier de la Monusco, sans pouvoir dire qui, des deux belligérants, les avait tirés. Accusant l’armée congolaise de « viser des civils », le général Joseph Nzabamwita, porte-parole de l’armée rwandaise, a indiqué que trois obus étaient tombés au Rwanda et qu’une réfugiée congolaise avait été blessée par des tirs d’armes légères venus de l’autre côté de la frontière. «Les soldats rwandais sont prêts à mener « une opération chirurgicale » en RDCongo si de nouveaux engins explosifs tombent au Rwanda», a mis en garde Eugène Richard Gasana, ambassadeur du Rwanda auprès de l’Organisation des Nations-Unies (ONU).[23]

Le 26 octobre, les affrontements ont continué, dès l’aube, au niveau de Kibumba. Un officier supérieur de l’armée a révélé l’ouverture d’un nouveau front dans la région de Mabenga, sur le front nord de la zone sous contrôle du M23, et à environ 80 km au nord de Goma, où l’armée s’est récemment renforcée. Selon un expert militaire, cette nouvelle offensive pourrait servir à diviser les forces du M23, l’attaquer par le nord et le sud pour tenter d’affaiblir la rébellion et à terme l’obliger à désarmer par la force et la faire reculer. Des sources sur place indiquent qu’à Kahunga, à l’entrée de Kiwanja  sur la route de Mabenga, les combats opposent les FARDC aux rebelles du M23. Au même moment, un groupe des Maï-Maï a tenté de conquérir les positions du M23 au Nord de Kiwanja, profitant de l’effectif réduit des rebelles. En effet, le M23 a dégarni ses bases de Kiwanja pour renforcer Kibumba où ils combattent contre les FARDC depuis le jour précédent.

Dans l’après midi, le porte-parole des FARDC, le colonel Olivier Hamuli, a annoncé que les FARDC ont repris la localité di Kibumba et que les rebelles opposent encore une petite résistance sur la colline de Hehu à la frontière avec le Rwanda. L’officier congolais invite le M23 à déposer les armes. Le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, a dit espérer que Kiwanja et Rutshuru passent à leur tour sous le contrôle de l’armée congolaise.

Un officier de la Mission de l’ONU (Monusco), a cependant indiqué que l’armée ne s’était emparée que d’un quartier de la ville, près de la Mosquée.

Interrogé, le président politique du M23, Bertrand Bisimwa, a dénoncé une «propagande», assurant que les FARDC n’étaient «pas à Kibumba» et qu’ils avaient plutôt subi une cuisante défaite.

L’armée soupçonne fortement que le M23 continue à bénéficier du soutien du Rwanda. «La situation est confuse. Le Rwanda tire sur nos éléments (…) Nos sources indiquent l’engagement de l’armée rwandaise», a expliqué l’officier des FARDC. Le porte-parole de l’armée rwandaise, le général Joseph Nzabamwita, a toutefois assuré que les accusations de tirs n’étaient qu’une «fausse rumeur». Il a ajouté que «une autre «bombe est tombée hier soir à 17h20 dans le village de Cyamabuye (…) dans le secteur de Busasamana, au Rwanda, tuant une réfugiée congolaise (…) et blessant un garçon rwandais. Aujourd’hui, deux autres personnes (ayant franchi la frontière) ont été blessées par balle», a-t-il ajouté.[24]

Le 27 octobre, des scènes de liesse ont été observées dans les rues de Goma. Des milliers de gens sont sortis de leurs maisons pour laisser exploser leur joie dès l’annonce de la prise de Kibumba par les FARDC. «C’est pour nous une libération, après des mois sous le joug des rebelles qui tuaient sans fois ni loi. Que les FARDC poursuivent vers Kiwanja et libèrent l’ensemble du territoire de Rutshuru; que les militaires M23 qui ont tués, violés et massacrés des paisible citoyen, soient poursuivis par la justice», ont déclaré des jeunes femmes commerçantes de Kibumba. «Les rebelles étaient inquiets, et certains nous disaient qu’ils n’allaient pas tenir longtemps face aux Fardc. Ils fuyaient les lignes des fronts et ceux qui le pouvaient, ôtaient la tenue cherchant refuge dans la population», témoigne Hakiza, un jeune habitant non loin de la colline de Heu, à Kibumba.[25]

Le 27 octobre, le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, a annoncé que, à Kibumba, les FARDC ont découvert deux fosses communes. «Nos troupes, qui étaient en train de faire le ratissage dans les environs de Kibumba, viennent de découvrir deux fosses communes pleines des corps des gens; civils ou militaires, cela reste encore à préciser», a déclaré Julien Paluku.

Selon des sources militaires, la découverte de ces fosses communes contenant des ossements d’adultes et d’enfants a été effectuée au niveau des grottes situées dans les environs e la zone appelée «Trois Antennes». Julien Paluku a par ailleurs invité «la Monusco ainsi que la communauté internationale à mener une enquête pour qu’on puisse établir les responsabilités par rapport à ceux qui seraient des auteurs de ces exactions», estimant qu’il s’agit là «des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité. Et si c’est une catégorie des populations qui a été visée sur une base ethnique, c’est un crime de génocide». «Si c’est le M23, car c’est lui qui gérait cet espace, qu’il soit rapidement traduit en justice et que la Cour pénale internationale soit saisie», a poursuivi le gouverneur Paluku.

En attendant, d’après un communiqué lu à la télévision nationale (RTNC) par le général Léon-Richard Kasonga, porte-parole des FARDC, une commission d’enquête a été mise en place au niveau du ministère de la Défense nationale.

«J’ai vu trois emplacements, entre Kibumba et le volcan Nyiragongo. Ces emplacements étaient dans l’ombre, dans des endroits très humides», a affirmé un témoin, joint par téléphone depuis Kinshasa. «J’ai vu trois ou quatre crânes d’enfants, des sous-vêtements et des vêtements de femmes. Par endroits, il y avait des insectes, ce qui veut dire qu’il n’y avait pas que des os. Il y avait parfois de la terre meuble: je n’ai pas voulu marcher, parce qu’on peut s’enfoncer», a-t-il ajouté. «Plus loin, a-t-il encore dit, il y a un gros précipice où des gens disent que pas mal de corps ont été jetés. Je n’ai pas pu vérifier. Mais des fosses, il est bien possible qu’il y en ait un peu partout ailleurs».[26]

Le 27 octobre, selon un officier de la Monusco, les combats continuent encore un peu à Kibumba, à environ 25 km au nord de Goma et d’autres combats sont en cours sur le deuxième front sur l’axe Mabenga-Kahunga, situé plus au nord.

Dans la matinée, au cours de violents combats pendant lesquels un casque bleu tanzanien a été tué, les FARDC ont repris Kiwanja, à environ 80 km au nord de Goma. Les habitants de cette localité saluent le retour des FARDC dans leur cité, les encourageant à poursuivre les rebelles jusque dans leur dernier retranchement. Le Représentant spécial du secrétaire général de l’Onu en RDC, Martin Kobler, a visité la cité deKiwanja. Tout en félicitant les forces armées de la RDC ainsi que les casques bleus déployés dans cette zone pour le travail abattu, Martin Kobler a aussi encouragé la recherche d’une solution politique à cette crise, par la reprise des pourparlers entre le gouvernement congolais e le M23 à Kampala.

Le M23 a menacé, dans un communiqué, de se retirer des négociations de Kampala si la médiation ougandaise n’obtient pas une «cessation immédiate des hostilités». Dans le cas contraire, le M23 a promis d’organiser une «contre-offensive de grande envergure contre toutes les positions ennemies». Dans le même communiqué, le M23 indique aussi qu’il «refuse de combattre dans la cité de Kiwanja et s’en retire sans combat», laissant la «gestion sécuritaire de Kiwanja et de Rutshuru aux forces de la Monusco». Après la reprise de la cité de Kiwanja par les FARDC, plusieurs combattants du M23 ont commencé à déposer leurs armes et à se rendre dans les bases de la Monusco. Dans l’après-midi, les FARDC ont repris la cité de Rutshuru-centre aussi. L’information a été donnée par le Porte-parole des FARDC au Nord-Kivu, le colonel Olivier Hamuli, précisant que le M23 n’a pas opposé beaucoup de résistance. Bruno, un habitant de la ville, s’est dit « très content ». « C’est une grande manifestation: des femmes, des hommes, des enfants ont étalé des pagnes dans la rue, ils ont jeté des fleurs sur les soldats pour les remercier de leur soutien… C’est magnifique! », s’est-il réjoui. « Maintenant, les tirs sont du côté de Rubare, à 6 km d’ici », a-t-il précisé.[27]

Le 28 octobre, l’armée congolaise a poursuivi son avancée au Nord de la ville de Goma. Un major (commandant) de l’armée a affirmé que la localité de Rubari est tombée entre les mains des FARDC. Rubari est à une dizaine de kilomètres de Rutshuru. Des sources locales rapportent aussi que les militaires congolais ont fait leur entrée à Rumangabo vers 11 heures locales, sous les acclamations des habitants de cette localité qui abrite une importante base militaire. Rumangabo est situé à une quarantaine de Km au Nord de Goma. Les combattants du M23 s’étaient retirés du secteur avant l’arrivée de l’armée. Les rebelles se seraient retirés vers Runyonyi, près de la frontière avec le Rwanda. Par ailleurs, le porte-parole de l’armée congolaise au Nord-Kivu, le colonel Hamuli, annonce que tout le groupement de Kibumba est désormais complètement contrôlé par les FARDC. En début de soirée, un calme relatif règne dans le territoire de Rutshuru. Le porte-parole de l’armée congolaise au Nord-Kivu, le colonel Olivier Hamuli, affirme que les rebelles du M23 se sont retranchés vers Bunagana et Runyonyi à la frontière entre la RDC, le Rwanda et l’Ouganda.

Il annonce également la réouverture de la route entre Goma et Rutshuru désormais sécurisée parles FARDC. Le colonel Olivier Hamuli promet aussi que les FARDC vont bientôt attaquer les rebelles du M23 dans leur retranchement. Il invite la rébellion à se rendre à l’armée ou à la Monusco. Des sources locales rapportent que le M23 a délaissé d’autres localités du territoire Rutshuru qu’il contrôlait. Il s’agit notamment de Rubare, Kako, Kalengera, Biruma, Tchengerero et Katalé.

L’ensemble du territoire de Nyiragongo ainsi que 95% du territoire de Rutshuru sont, ainsi, désormais entre les mains des forces régulières. Par ailleurs, des scènes de liesse sont signalées dans la partie du territoire de Rutshuru où sont présents les militaires congolais. C’est notamment à Rumangabo, Katalé, Rubare, Kiwanja, Kako, Kalengera et Tchengerero.[28]

Le 28 octobre, par vidéo – conférence, le chef de la Monusco, Martin Kobler, a déclaré au Conseil de sécurité de l’ONU que le M23 a abandonné presque toutes ses positions, qu’il est quasiment fini en tant que force militaire et que cela marque presque la fin militaire du M23.[29]

b. Quoi faire?

Le 26 octobre, dans un communiqué conjoint, l’envoyée spéciale du secrétaire général des Nations unies dans la région des Grands Lacs, Mary Robinson, et le représentant spécial du secrétaire général de l’Onu en RDCongo, Martin Kobler, ont appelé «toutes les parties à observer un maximum de retenue et à reprendre les négociations à Kampala».

La chef de la diplomatie de l’Union européenne, Catherine Ashton, a pressé dans un communiqué les rebelles «à s’engager d’urgence pour une solution pacifique basée sur les dispositions prévues dans les pourparlers de paix de Kampala récemment suspendus». Elle a appelé également «tous les acteurs de la région à empêcher une escalade et une internationalisation du conflit».

Washington s’est déclaré «inquiet» et la porte-parole du département d’État, Jen Psaki, a appelé «toutes les parties à s’abstenir d’actions menant à une escalade».

Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, a rappelé que «une solution durable à l’instabilité chronique dans la région des Grands Lacs ne pourra être trouvée que dans un cadre régional tel que prévu par l’accord-cadre d’Addis-Abeba, d’après lequel les pays de la région se sont engagés à ne soutenir aucun groupe armé dans l’Est congolais».[30]

Le 28 octobre, la France et les Etats-Unis ont appelé les Forces Armées de la RDC et les rebelles du M23 à revenir à la table des négociations, car la reprise des combats fait craindre une régionalisation du conflit. De passage à Paris, Russel Feingold, envoyé spécial des Etats-Unis pour la région des Grands Lacs, a déclaré que «il faut que les combats s’arrêtent. J’espère que le président (de la RDC, Joseph) Kabila et d’autres en RDC réalisent que même s’ils sont confortés militairement par les derniers événements, il y a d’énormes risques à continuer comme ça, en pensant que la solution militaire est l’unique réponse». Il a donc affirmé qu’une solution militaire n’était pas envisageable: «Il est risqué de croire que la réponse militaire est la solution. Cela risque d’entraîner d’autres forces dans cette affaire, ce qui pourrait conduire à une guerre à l’échelle nationale, qui ne serait une bonne chose pour personne».[31]

Le 28 octobre, le ministre de la Défense de la RDCongo, Alexandre Luba Ntambo, a appelé les rebelles du M23 à se rendre volontairement et à désarmer, car l’armée congolaise ne reculerait devant rien, pour défendre le territoire national. Interrogé sur ce que l’armée était prête à faire pour traquer le M23, le ministre a déclaré que «il n’y a pas de limite en ce qui concerne la défense des institutions et du territoire national», sans donner davantage de précisions. «Le M23 est un mouvement rebelle, une force négative (…). Je ne crois pas que quelqu’un puisse se lever et nous dire où s’arrêter», a-t-il ajouté. À propos des négociations avec le M23, Luba Ntambo a assuré: «nous n’avons pas fini avec Kampala (…) nous sommes toujours ouverts à des solutions pacifiques. Nous voulons restaurer l’intégrité du territoire, défendre les institutions et la souveraineté nationale, le plus pacifiquement que nous pouvons».[32]

 

29 octobre 2013: 17ème anniversaire de l’assassinat de Mgr. Christophe Munzihirwa
Archevêque de Bukavu
 
La veille de son martyre, Mgr. Munzihirwa avait envoyé ce message aux fidèles de Bukavu:
 
«Bien chers frères, défendons-nous avec courage, mais conservons notre dignité de chrétiens, n’encourageant jamais toute discrimination raciale, tribale ou ethnique, car celui qui touche à un être humain, image de Dieu, il touche à Dieu lui-même. Courage, défendez votre dignité».

 


[1] Cf Xinua – Kinshasa, 4.10.’13 (via mediacongo.net)

[2] Cf Radio Okapi, 11.10.’13

[3] Cf Radio Okapi, 13.10.’13; 7sur7.cd – Goma, 13.10.’13

[4] Cf AFP / Belga, Goma, 15.10.’13 (via mediacongo.net); 7sur7.cd – Goma, 16.10.’13

[5] Cf Radio Okapi, 17.10.’13

[6] Cf Radio Okapi, 17.10.’13

[7] Cf Radio Okapi, 18.10.’13

[8] Cf Radio Okapi, 20.10.’13

[9] Cf RFI, 21.10.’13

[10] Cf Radio Okapi, 21.10.’13

[11] Cf Radio Okapi, 16.10.’13

[12] Cf RFI, 19.10.’13

[13] Cf BBC – Afrique, 19.10.’13

[14] Cf BBC – Afrique, 20 et 25.10.’13 ; AFP – Jeune Afrique, 21.10.’13 ; RFI, 21.10.’13

[15] Cf Radio Okapi, 21.10.’13

[16] Cf Le Potentiel – Kinshasa, 22.10.’13

[17] Cf AFP – Kinshasa, 21.10.’13; Radio Okapi, 22.10.’13

[18] Cf AFP – Washington, 22.10.’13

[19] Cf Radio Okapi, 23.10.’13

[20] Cf Angelo Mobateli – Le Potentiel – Kinshasa, 25.10.’13

[21] Cf Radio Kivu1 – Goma, 25.10.’13

[22] Cf AFP – Goma, 25.10.’13; Radio Okapi, 25 et 26.10.’13

[23] Cf AFP – Goma, 25.10.’13; AFP – Kigali, 26.10.’13 (via mediacongo.net)

[24] Cf AFP – Kampala, 26.10.’13; RFI, 26.10.’13; Radio Okapi, 26.10.’13; AFP – Goma, 26.10.’13; AFP – Kinshasa, 28.10.’13

[25] Cf Xinhua – Goma – Africatime, 28.10.’13

[26] Cf Radio Okapi, 28.10.’13; AFP – Kinshasa, 28.10.’13

[27] Cf AFP – Goma, 27.10.’13; Radio Okapi, 27.10.’13; AFP – Africatime, 28.10.’13

[28] Cf AFP – Kinshasa, 28.10.’13; Radio Okapi, 28.10.’13

[29] Cf AFP – New York, 29.10.’13 (via mediacongo.net)

[30] Cf AFP – Kampala, 26.10.’13; RFI, 26.10.’13; Radio Okapi, 26.10.’13; AFP – Goma, 26.10.’13;

[31] Cf AFP – Kinshasa, 28.10.’13; Reuters – Paris, 28.10.’13 (via mediacongo.net)

[32] Cf AFP – Kinshasa, 28.10.’13