Congo Actualité n° 111

L’ASSASSINAT DE FLORIBERT CHEBEYA EN RDCONGO
Les premières versions – Les réactions – L’enquête – Les possibles mobiles – Vers les obsèques –
L’ARRESTATION DE PETER ERLINDER AU RWANDA


ÉDITORIAL

Deux événements ont attiré l’attention des médias ces dernières semaines: le meurtre de Floribert Chebeya, un activiste pour la défense des droits de l’homme, le 1° juin à Kinshasa (République Démocratique du Congo – RDCongo) et l’arrestation de Peter Erlinder, un avocat américain défenseur dans le procès contre Victoire Ingabire, membre de l’opposition, le 28 mai à Kigali (République du Rwanda).

Les deux cas ont eu lieu à la veille de deux échéances importantes: l’assassinat de Chebeya est survenu à la veille des célébrations du 50° anniversaire de l’indépendance de la RDCongo, le 30 juin et l’arrêt d’Erlinder, à la veille des prochaines élections présidentielles au Rwanda, le 10 août.

Défenseurs passionnés des droits de l’homme et de la vérité, les deux avaient une profonde connaissance des problèmes extrêmement sensibles dans la région des Grands Lacs Africains: violations des droits de l’homme, répressions, exécutions, accords politiques et militaires douteux, guerre et génocide, procès judiciaires.

En assassinant le premier et en arrêtant la deuxième, le pouvoir a certainement voulu les empêcher de rendre publiques certaines révélations très embarrassantes et compromettantes, mais en vain, car leurs noms, leurs idées, leurs convictions et leur activité ont été reprises et relancées par d’innombrables institutions politiques, ong et moyens de communication, soit au niveau national qu’international.

Dans les deux cas, le pouvoir a manifesté sa lâcheté, son mensonge et ses contradictions: pour dévier les enquêtes sur un massacre évident, le pouvoir a essayé de le présenter à l’opinion publique comme un crime passionnel et pour discréditer l’image d’une personne intègre, le pouvoir n’a pas hésité de la présenter à l’opinion publique comme une personne déprimée qui veut se suicider. En réalité, il s’agit seulement de raccourcis qui contribuent à démasquer et à révéler la vraie nature de certaines franges du pouvoir, celle de la dictature et de la violence.

Même si casuelle, la proximité des dates, le 28 mai et le 1° juin, peut révéler l’existence d’un plan commun de déstabilisation de la RDCongo et du Rwanda en particulier et de toute la région des Grands Lacs, en général. Probablement, Floribert Chebeya et Peter Erlinder étaient en train d’en découvrir les initiateurs, les planificateurs et les exécutants.

Pour faire mémoire de Floribert Chebeya et manifester solidarité à Victoire Ingabire et à Peter Erlinder, il ne reste que continuer leur lutte et parcourir leur propre chemin: exiger la vérité et la justice, en dénonçant avec courage le mensonge, les intrigues de pouvoir, la longue série des injustices et des violations des droits de l’homme. Seulement la vérité et la justice peuvent mettre fin à ce système d’impunité dont profitent les seigneurs de la guerre et les dictateurs, pour couvrir leurs crimes de guerre et contre l’humanité. Seulement la vérité et la justice peuvent emmener la paix et la réconciliation et rétablir l’État de droit et la démocratie.

Au cours des dernières heures, on apprend que Peter Erlinder a été remis en liberté, officiellement pour des « motifs de santé ». Cette motivation affiche l’inconsistance la plus totale et l’arrogance des déclarations du ministre rwandais des Affaires Étrangers, lors d’une antérieure décision de ne pas accorder la libération demandée par plusieurs instances. Le ministre s’était exprimé de la façon suivante: « Le gouvernement rwandais n’a aucun intérêt pour la détérioration de la santé de Peter Erlinder… Il bénéficiera de toute assistance médicale… Sa famille peut être sûre qu’il est détenu dans des conditions humaines et sûres… « . En réalité, la motivation cache l’inconsistance des accusations formulées contre Erlinder et la capitulation du régime rwandais face à la pression forte et unanime de la Communauté Internationale. La mise en liberté de Erlinder démontre que la pression peut mettre à genou même la dictature la plus sévère. Maintenant, il faut continuer la pression, pour que Victoire Ingabire aussi, accusée pour négationnisme, divisionnisme et collaboration avec une organisation terroriste et soumise, donc, à un régime de liberté surveillée, puisse racheter sa pleine liberté. La même pression doit être exercée sur le gouvernement congolais, pour qu’il puisse accepter l’ouverture d’une enquête internationale et indépendante sur l’assassinat de Floribert Chebeya, avec la participation de juristes étrangers et de membres de la société civile congolaise.

L’ASSASSINAT DE FLORIBERT CHEBEYA EN RDCONGO

Le 2 juin, Floribert Chebeya Bahizire, 47 ans, l’un des plus respectés militant des droits humains en RDC, président de l’ONG congolaise des droits de l’homme «la Voix des Sans-Voix» (VSV), a été retrouvé mort, dans sa voiture sur une route à la sortie de Kinshasa.

Les premières versions

Le vendredi 28 mai, selon l’organisation «la voix des sans-voix», un dénommé « monsieur Michel, non autrement identifié, se réclamant de l’inspection générale de la police » s’était rendu à la VSV pour remettre à M. Chebeya un courrier accusant réception d’une lettre de l’ONG demandant à l’Inspection « son intervention pour l’humanisation des conditions carcérales » en RDC.

En l’absence du responsable, le visiteur est parti mais M. Chebeya lui a téléphoné pour le faire revenir afin qu’il donne le courrier à un autre membre de la VSV, ce qu’il a fait.

Le lundi 31 mai, Floribert Chebeya avait reçu une convocation l’invitant à se rendre à l’inspection générale de la police pour y rencontrer le général Numbi inspecteur général de la police congolaise.

Le mardi 1er juin vers 17h, il se rend à l’IGP. Il parle au téléphone avec son épouse et lui dit que le rendez-vous est fixé à 17h30. Un peu plus tard son épouse inquiète lui envoie un texto pour savoir s’il a été reçu. Elle reçoit une réponse indiquant qu’il n’a pas pu rencontrer l’inspecteur général et qu’il a décidé de se rendre à l’UPN, l’université pédagogique nationale. «Je sais » a t-elle expliqué à Okapi, la radio de l’ONU, «que mon mari ne fait pas comme cela et qu’il n’avait aucun programme pour se rendre à l’UPN». Mardi 1er juin au soir, vers 21h00, le téléphone de Floribert Chebeya ne répond plus et celui de son chauffeur non plus.

Le mercredi 2 juin en fin de matinée, la police retrouve le corps de Floribert Chebeya sans vie dans sa voiture et le transporte à 12h30 à la morgue.

Floribert Chebeya, a été retrouvé « sans vie, allongé sur le siège arrière de (sa) voiture, apparemment sans trace visible de violence », a déclaré le général Jean de Dieu Oleko, inspecteur provincial de la police pour la ville de Kinshasa. Egalement membre de la VSV, Fidèle Bazana, le chauffeur qui conduisait la voiture de M. Chebeya n’a pas été retrouvé, a ajouté le policier. Selon une version postérieure de la police, Floribert Chebeya avait été retrouvé les mains liées derrière le dos, le pantalon et le sous-vêtement rabaissés sur les genoux. Toujours selon la version de la Police, à côté de lui étaient déposés une boîte de stimulants aphrodisiaques, des bouts d’ongles féminins, une mèche de cheveux et des préservatifs.

Pour les associations congolaises et internationales de défenses des droits de l’homme, cette mort est pour le moins suspecte, surtout quand on sait que Floribert Chebeya se sentait menacé. Entre le lieu de la disparition et la découverte du corps «le lien c’est la police, remarquent plusieurs défenseurs des droits de l’homme. C’est pour cela que nous pensons qu’elle est impliquée dans la mort de Floribert Chebeya».

Le jeudi 3 juin, après un premier refus, deux membres de la famille de Floribert Chebeya, trois responsables onusiens ainsi que deux de ses anciens collègues ont finalement pu voir son corps à la morgue principale de Kinshasa. Ils n’ont pu observer que le visage cependant, le reste de sa dépouille étant couverte d’un drap qu’il leur était interdit de soulever. Joint par téléphone, Dolly Ibefo, directeur exécutif adjoint de la Voix des Sans Voix, a indiqué que du sang se trouvait dans la bouche, les narines et les oreilles du défunt. Son cou était légèrement gonfle a-t-il ajouté, et il avait une bosse au-dessus de l’œil droit. Famille et collègues attendent désormais l’autopsie. Contrairement à la version des faits rapportés par la police, le corps de Floribert Chebeya montrerait bel et bien des signes de traumatisme qui semblent indiquer qu’il a été victime d’un assassinat.

Les réactions

Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon a appelé le gouvernement congolais à ouvrir une enquête approfondie, transparente et indépendante sur la mort du défenseur des droits de l’homme et a également proposé l’aide de la Mission des Nations Unies pour conduire ces investigations, si les autorités congolaises en expriment l’intention.

Dans son discours au conseil des droits de l’homme de l’Onu à Genève, l’enquêteur Philip Alston, rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires de l’Onu, n’a pas hésité à affirmer que les circonstances dans lesquelles Floribert Chebeya avait été tué laissaient fortement penser à une responsabilité officielle. « La participation » des autorités congolaises dans l’assassinat de Floribert Chebeya, apparaît « vraisemblable », a estimé le Philip Alston.

L’Union européenne, les Etats-Unis, la France, le Royaume Uni, la Belgique, la Suisse ainsi que de nombreuses ONG, dont Human Rights Watch, Global Witness, Amnesty international, Protection International, le Réseau des ONG européennes pour l’Afrique Centrale et beaucoup d’autres ont réclamé aux autorités congolaises une « enquête internationale et indépendante », « impartiale et transparente » sur ce meurtre.

L’enquête

Selon les déclarations de Christophe Mukalay Mulongo, conseiller en communication de John Numbi, les tentatives de Floribert Chebeya pour joindre John Numbi ont été vaines. « Son agenda est très chargé », explique-t-il, en assurant que Floribert Chebeya n’a « pas été reçu par l’inspecteur général de la police John Numbi ». Selon ce conseiller en communication, Chebeya n’a « jamais été convoqué par Numbi […] Le jour où Chebeya a disparu, le général Numbi était en réunion avec le ministre de l’Intérieur à l’extérieur de la ville afin de préparer les manifestations du 30-Juin. Il n’a donc pas pu le recevoir ».

Le 5 juin, l’enquête s’est accélérée à Kinshasa autour de l’assassinat du militant des droits de l’Homme, Floribert Chebeya. Plusieurs agents de la police congolaise ont été entendus dans les locaux du Conseil national de sécurité. Certains auraient même avoué le meurtre de Floribert Chebeya.

Selon des sources de la Sécurité congolaise, les suspects sont tous officiers et agents de la direction des renseignements généraux et des services spéciaux de la police nationale. Ils seraient sept, dirigés par le colonel Daniel Mukalayi, et auraient avoué le meurtre de Floribert Chebeya.

Selon les mêmes sources sécuritaires, c’est eux qui avaient accueilli mercredi 2 juin l’activiste des droits de l’homme, lors de son arrivée à l’inspection générale de la police.

Floribert Chebeya était soupçonné de mener campagne auprès des ONG de défense des droits de l’homme pour empêcher la venue du roi des Belges au Congo-Kinshasa à l’occasion du 50e anniversaire de l’indépendance. Les autorités voulaient l’empêcher de continuer son action. A la demande de la hiérarchie de la police, il fallait donc le dissuader et l’amener dans une démarche contraire même au moyen des tortures mais cela a mal tourné. «Il n’y avait aucune intention de le tuer», aurait déclaré le principal suspect, le colonel Daniel Mukalayi.

Mais selon plusieurs collaborateurs du patron de «La Voix des Sans-Voix», cette thèse ne tiendrait pas. Certains affirment que l’activiste travaillait sur des dossiers autrement plus sensibles comme sur les massacres perpétrés au Bas-Congo notamment début 2007 et sur une série d’arrestations arbitraires et de disparitions forcées. Le nom du colonel Mukalay apparaîtrait plusieurs fois dans les enquêtes de Floribert Chebeya.

Le 6 juin, dans un message lu à la télévision nationale, le ministre de l’Intérieur Adolphe Lumanu a annoncé que « le conseil supérieur de la défense a décidé de la suspension à titre conservatoire de l’inspecteur général de la police nationale John Numbi, afin qu’une enquête puisse être menée en toute sérénité (…) par la justice congolaise » et que « les premiers éléments d’enquête ont abouti à l’interpellation et à l’arrestation de certains officiers de la police », a-t-il ajouté, sans préciser leur nombre.

Selon une source sécuritaire, le général John Numbi aurait été suspendu par le conseil supérieur de la Défense, car suspecté d’être mêlé au meurtre. Selon la même source, plusieurs autres suspects, tous officiers et agents de la Direction des renseignements généraux et des services spéciaux de la police, auraient été arrêtés. Le colonel Daniel Mukalay, chef des services spéciaux de la police, « est passé aux aveux et a mis en cause » le général Numbi, a indiqué une source proche de la présidence. Le colonel Mukalay « a révélé que lui n’avait aucun intérêt dans cette affaire, qu’il n’ était qu’un exécutant et que l’autre (le général Numbi, ndlr) voulait se protéger contre la révélation de choses crapuleuses », a ajouté la source proche de la présidence sans autres précisions.

L’inspecteur divisionnaire adjoint, Charles Bisengimana a été désigné pour exercer à titre intérimaire les fonctions d’inspecteur général de la Police nationale congolaise.

Le Réseau national des ONG des droits de l’homme de la Rd Congo (Renadhoc) salue la décision du Conseil supérieur de la défense de suspendre à titre conservatoire l’inspecteur général de la Police nationale, mais cette plate-forme exige plus: que John Numbi soit plutôt l’objet d’une arrestation préventive et que le chef de l’Etat, Joseph Kabila autorise, sans tarder, le début d’une enquête internationale sur la mort de Floribert Chebeya.

Le président de l’ONG Les Amis de Nelson Mandela, Robert Ilunga Numbi, a affirmé que le ministre de la Justice et Droits humains, Luzolo Bambi, est d’accord pour que des médecins légistes américains et hollandais soient impliqués dans le cadre d’une enquête internationale indépendante.

Toutefois, Flory Kabange Numbi, procureur général de la RDCongo, a déclaré: « Nous ne conduirons pas d’enquête conjointe, puisqu’il s’agit d’une enquête souveraine ».

 

Le 7 juin, pressé par la communauté internationale de mener une « enquête indépendante » sur le meurtre de Floribert Chebeya, le gouvernement de RDC a accepté la venue d’experts légistes des Pays-Bas pour participer à l’autopsie du corps du militant des droits humains.

Le ministre congolais de l’Intérieur Adolphe Lumanu a donné son accord à la venue de quatre experts néerlandais, dont un médecin légiste, son assistant et un logisticien.

Les experts néerlandais, dirigés par le Dr Franklin Van de Groot, doivent arriver jeudi soir dans la capitale congolaise, pour pratiquer l’autopsie vendredi dans la journée et quitter la RDC dans la soirée, a-t-on indiqué à l’ambassade des Pays-Bas.

« Il feront des prélèvements et les analyses se feront aux Pays-Bas », a-t-on ajouté de même source.

D’après une source au ministère de l’Intérieur, les Etats-Unis ont sollicité l’envoi d’experts du FBI, et cette demande va être « examinée » par les autorités congolaises.

Jacob Balushi, président de l’Observatoire congolais des droits humains, a réclamé « la création d’une commission d’enquête mixte pour garantir l’indépendance, la transparence et l’impartialité » des investigations.

Le 10 juin, le procureur général de la République (PGR), Flory Kabange Numbi, atteste la thèse de meurtre concernant la mort de Floribert Chebeya, en précisant que le cas d’assassinat présuppose la préméditation.

Avocat de la Voix des sans voix à Bruxelles, Jean-Claude Ndjakanyi affirme que «tout indique que Floribert est tombé dans un piège soigneusement préparé. Il était surveillé par les services spéciaux depuis quelques semaines. Il a été convoqué dans les locaux du chef de la police. Si le général Numbi, comme on l’a dit, n’était pas à son bureau l’après-midi du 1er juin, pourquoi ses services n’ont-ils pas prévenu Floribert que le rendez-vous était annulé? Son meurtre a été maquillé en crime passionnel. Et le corps de son chauffeur a disparu… Tous ces indices donnent à penser que l’assassinat a été prémédité en haut lieu. La venue en RDC d’experts légistes des Pays-Bas, pour participer à l’autopsie du corps de Chebeya, est un premier pas dans le bon sens, car aucun des hôpitaux de Kinshasa n’est équipé pour réaliser correctement l’autopsie et faire les prélèvements nécessaires. Les experts légistes néerlandais risquent, toutefois, de travailler sous une pression intense. J’ai tenté de faire transférer la dépouille aux Pays-Bas, en vain. Nul ne sait, en outre, dans quelles conditions a été conservé le corps de Floribert. Plus personne n’y a eu accès à la morgue, investie par la garde présidentielle de Kabila.

Le 11 juin, après l’autopsie réalisée par des médecins légistes congolais et néerlandais, l’ambassade des Pays-Bas en RDC affirme, dans un communiqué, que « aucune cause de la mort n’est encore établie de façon certaine. Tout en n’excluant pas l’usage de la violence, l’autopsie n’indique, jusqu’ici, aucun signe de violence excessive » sur le corps. L’équipe néerlandaise était conduite par le docteur Frank van de Goot aidé d’un assistant et d’un photographe. La partie congolaise était représentée par le docteur Tshomba Honda, Interniste Expert medico-légal.

L’ambassade néerlandaise annonce la poursuite des recherches complémentaires approfondies dans plusieurs instituts aux Pays-Bas. Le rapport final sur les conclusions de l’autopsie est attendu d’ici à 3 ou 5 semaines. Ce rapport sera d’abord communiqué au procureur général de la République pour les besoins de l’enquête, selon la même source. C’est à l’issue des investigations menées par ce dernier que les résultats de ce rapport seront transmis à la famille du défunt.

« Nous sommes convaincus et sûrs que l’enquête va aboutir à cela: Floribert Chebeya a été torturé dans les locaux de la police et il en est mort », a affirmé un porte-parole des ONG congolaises, André-Marie Kayembe qui a ajouté: «Floribert, considéré désormais par les ONG locales de droits de l’homme comme « un martyr », sera inhumé au cimetière de la Gombe à Kinshasa, le 30 juin, anniversaire du Cinquantenaire de l’indépendance de l’ex-Congo belge».

Le chef de la police de Kinshasa, Jean de Dieu Oleko, a été placé en résidence surveillée pour avoir « brouillé » les pistes au début de l’enquête sur la mort de Floribert Chebeya. Le 2 juin, le jour où M. Chebeya a été découvert mort à l’arrière de sa voiture, il avait déclaré que la victime était « apparemment sans trace visible de violence ». Mais les résultats préliminaires de l’autopsie ont indiqué que l’usage de la violence n’était pas exclue dans la mort de M. Chebeya. Un militant de l’ONG la Voix des Sans-voix (VSV) aussi avait pu voir son corps à la morgue et constaté qu’il y avait « du sang sur la bouche, le nez et les oreilles, et un gonflement au niveau du front et du cou ».

Le 14 juin, au cours d’un point de presse à l’Espace Matonge, situé au Quartier Matonge à Bruxelles, l’avocat bruxellois de la VSV, Jean-Claude Ndjakanyi, a affirmé que Chebeya a été attiré dans un «traquenard» échafaudé par l’Inspecteur général de la Police nationale John Numbi Banza Tambo. Chebeya a donc été tué dans l’enceinte de l’inspection générale de la police pour la simple raison que personne ne l’a revu en vie après ce rendez-vous.

Selon des sources dans la capitale congolaise, un mystérieux officier de la police nationale congolaise oeuvrant au sein du département des renseignements généraux a envoyé un courrier électronique sous forme d’«aveu» à plusieurs diplomates en poste à Kinshasa. Selon cet officier non autrement identifié, une dizaine de policiers étaient présents «le jour de l’assassinat».

«Nous avions reçu un coup de fil de l’Inspecteur général de la police nationale congolaise, John Numbi, qui a donné les ordres au colonel Mukalay d’exécuter monsieur Chebeya Floribert. Quant au chauffeur, son corps a été jeté dans le fleuve vers Kinsuka», affirme-t-il. Le mystérieux officier de police de conclure : «Moi, j’ai exécuté les ordres donnés par mon chef le colonel Daniel et le colonel Daniel a reçu l’ordre du chef l’IG, John Numbi».

Selon certains observateurs, les perplexités augmentent si on devait constater une relation entre le coup de fil de John Numbi au colonel Daniel Mukalay et la présence de John Numbi, dans le même jour, à la ferme présidentielle de Kingakati, dans la banlieue de Kinshasa.

Les possibles mobiles

Des questions restent sans réponses. Qui l’avait convoqué au bureau de l’Inspecteur général (IG) de la police nationale? Qui est le fonctionnaire de police qui l’a reçu ce mardi 1er juin à 16h30 à l’IG? Qui était présent? Qui l’a tué? Pourquoi? Qui a transporté son corps jusqu’au quartier Mitendi? Qui a déposé des préservatifs, mèches de cheveux, ongles artificiels et autre Viagra trouvés dans la voiture du défunt? Qui est le policier qui a découvert le corps ? Dans quelles circonstances ? Pourquoi la charge de faire les premières constations a été confiée aux policiers et non à des magistrats instructeurs du parquet ? Qui a commandité cet assassinat? Qu’est devenu le corps de Fidèle Bazana Edadi, chauffeur et membre de la «VSV» encore porté disparu?

D’après certaines déclarations de ses proches, ces derniers jours, dans le cadre des célébrations du cinquantenaire de l’indépendance de la RD Congo, prévues le 30 juin 2010, Floribert Chebeya avait fait fabriquer des calicots et des banderoles exigeant une amnistie pour les 51 détenus politiques condamnés dans l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila, le père de l’actuel président Joseph Kabila, tué à Kinshasa le 16 janvier 2001. Ces prisonniers ont toujours été exclus des lois d’amnistie.

En effet, le 16 janvier 2010, anniversaire de l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila, la Voix des sans-voix (VSV), l’association de Floribert Chebeya, avait demandé au Parlement congolais, dans un communiqué, « une loi d’amnistie impartiale » dont pourraient jouir les condamnés et au Conseil de sécurité des Nations unies « la mise sur pied d’une enquête internationale » similaire à celle qui a été mise en place après l’assassinat du Premier ministre libanais Rafic Hariri. Un mois plus tard, en février 2010, Chebeya écrivait à John Numbi, chef de la police et homme de confiance du président congolais, pour lui demander l’amélioration des conditions de détention des prisonniers.

En guise de réponse, Chebeya reçut la visite, le 31 mai dernier, d’un certain commandant Michel qui l’invitait à rencontrer Numbi dès le lendemain. « C’est une lettre datée du mois de février dans laquelle Chebeya demandait l’humanisation des conditions de détention dans la prison centrale de Kinshasa, dont le général Numbi a accusée réception, qui servit d’invitation à la rencontre », explique ce responsable de la VSV.

Nombreuses sont les causes qui pourraient être à la base du meurtre d Floribert Chebeya. Il avait l’intention de déposer plainte et de se constituer partie civile à propos de la répression menée en 2007 par la police nationale, contre le mouvement politico religieux Bundu dia Kongo, au Bas Congo, qui avait fait des dizaines sinon des centaines de morts. A propos de l’Est du pays, Chebeya avait également critiqué très vivement les opérations militaires menées conjointement avec l’armée rwandaise contre les rebelles hutus, des opérations négociées directement par John Numbi et l’actuel ministre de la Défense rwandais James Kabarebe. à l’occasion du 30 juin, il s’apprêtait à demander l’amnistie de 51 détenus, condamnés à mort pour avoir été reconnus coupables de l’assassinat de Laurent Désiré Kabila, et d’autres dossiers étaient en préparation… Entre les deux tours des élections présidentielles, c’est John Numbi qui mena les opérations militaires contre la résidence de Jean-Pierre Bemba et c’est lui encore qui, quelques mois plus tard, n’hésita pas à chasser le la capitale les milices de Bemba qui avaient refusé de désarmer, utilisant pour ce faire, en pleine ville, armes lourdes et roquettes. Le général Numbi a toujours été considéré comme un proche du chef de l’Etat, membre puissant du «clan des Katangais» et il était très respecté par les Rwandais.

Vers les obsèques

La famille de Floribert Chebeya informe, dans un communiqué signé par Flory Nyamwoga Bayengeha, membre de la famille, que suite à une décision du Procureur Général de la République, prise après la réalisation de l’autopsie, le corps de Floribert vient d’être mis à sa disposition.

Un membre de «La Voix des Sans Voix», qui a dit détenir l’information de source familiale, a affirmé que les obsèques de Floribert Chebeya vont avoir lieu les 25 et 26 juin 2010. La levée du corps de la morgue de l’Hôpital Général de Référence de Kinshasa (ex-Mama Yemo) est en effet annoncée pour le vendredi 25 juin, tandis que l’inhumation est prévue le 26 juin 2010.

S’agissant du programme détaillé des funérailles, il devrait faire l’objet d’une concertation entre la famille biologique du défunt et sa famille associative. Apparamment, les dates précédemment arrêtées par le collectif des organisations non gouvernementales de défense des droits de l’homme au sujet des obsèques, à savoir le 28 juin pour la levée du corps et le 30 juin pour l’enterrement, sont abandonnées. Certaines sources pensent que la famille biologique de Chebeya aurait subi des pressions pour ne pas gêner les festivités commémoratives du 50ème anniversaire du pays.

L’ARRESTATION DE PETER ERLINDER AU RWANDA

Le 27 mai, le gouvernement américain a reproché aux autorités rwandaises de « prendre des actions inquiétantes » et de restreindre les libertés à l’approche de l’élection présidentielle du 9 août. « L’environnement politique à l’approche de l’élection a été entaché d’une série d’actions inquiétantes prises par le gouvernement du Rwanda, qui constituent des tentatives de restreindre la liberté d’expression », affirme le secrétaire d’état adjoint aux Affaires africaines, Johnnie Carson sur le site internet du département d’Etat. Le site précise reprendre des propos tenus devant une commission parlementaire à Washington.

« En quelques mois, le gouvernement a suspendu deux journaux, annulé le permis de travail et refusé le visa à une chercheuse de Human Rights Watch et arrêté (puis libéré conditionnellement) la dirigeante de l’opposition Victoire Ingabire », dénonce le diplomate. « En dépit de plusieurs tentatives, deux partis politiques -le Parti vert et les FDU (Forces démocratiques unifiées, de Ingabire)- n’ont toujours pas réussi à se faire enregistrer », poursuit l’ambassadeur Carson qui, par ailleurs, fait état de « dissensions » au sein du parti au pouvoir, le Front patriotique rwandais (FPR).

« Nous avons exhorté les hauts dirigeants rwandais à respecter les libertés d’expression, de presse, d’association et de rassemblement », ajoute-t-il. « Nous avons appelé le gouvernement rwandais et tous les partenaires régionaux et internationaux à travailler ensemble pour garantir des élections libres, équitables et transparentes », rapporte-t-il. « Nous convenons, dans le contexte de l’événement le plus tragique de l’Histoire récente –le génocide– que le besoin de sécurité, de stabilité et de réconciliation est crucial. Mais la stabilité à long terme sera mieux promue par une gouvernance démocratique et le respect des droits humains », conclut-t-il.

Le 28 mai, la police rwandaise a arrêté l’un des défenseurs de l’opposante Victoire Ingabire, l’avocat américain Peter Erlinder, accusé pour «négation et occultation du génocide» des Tutsi de 1994. « C’est quelqu’un qui nie le génocide, dans ses écrits et ses discours. Pire que ça, il est devenu un organisateur des négationnistes », a pour sa part accusé le procureur général du Rwanda Martin Ngoga. « Si le négationnisme (du génocide des Tutsi) n’est pas puni dans son pays, il l’est chez nous au Rwanda. Et en venant ici, il le savait bien », a-t-il ajouté. En vertu d’une loi votée en 2003, il est passible d’une peine de 10 à 20 ans de prison.

Président de l’Association des avocats de la défense auprès du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), l’avocat américain était arrivé au Rwanda pour participer à la défense de Mme Ingabire, accusée elle-même de nier le génocide. Peter Erlinder aurait pu défendre et faire innocenter Victoire Ingabire.

Professeur de droit dans une université d’Oklahoma, Peter Erlinder accuse Paul Kagamé et le Front patriotique rwandais (FPR) d’avoir orchestré l’attentat du 6 avril 1994 contre l’avion qui transportait les présidents rwandais et burundais. À la fin du mois d’avril 2010, aux noms des veuves des deux présidents, il avait déposé une plainte pour mort suspecte devant un tribunal fédéral d’Oklahoma. Cette plainte a été reçue comme une provocation à Kigali car de plus en plus nombreux sont les Américains qui commencent à s’interroger sur la nature du régime rwandais et qui se demandent pourquoi leur administration a toujours bloqué toute enquête du TPIR concernant cet attentat.

En outre, l’arrestation de Peter Erlinder est survenue quelques jours après que, au nom du gouvernement américain, le secrétaire d’Etat adjoint aux Affaires africaines, Johnnie Carson, ait exprimé, le 25 mai, devant une commission parlementaire à Washington, ses craintes quant à la liberté d’expression au Rwanda à l’approche du scrutin présidentiel du mois d’août.

Le 1er juin, l’Observatoire International des Avocats exprime sa plus vive préoccupation concernant l’arrestation de l’avocat Peter Erlinder à Kigali, capitale du Rwanda, et appelle à sa libération immédiate et sans condition. L’Observatoire rappelle aussi que l’indépendance des avocats est l’un des principaux baromètres de la démocratie et de l’effectivité de l’Etat de droit.

Le 2 juin, la police rwandaise a affirmé que Peter Erlinder a « tenté de se suicider ». Selon le porte-parole de la police, Eric Kayiranga, « lorsque les services compétents sont allés le chercher (le matin du 1er juin) pour le conduire au Parquet en vue de la suite de son interrogatoire, ils ont été surpris de constater qu’il se portait très mal, après avoir avalé différents médicaments, une cinquantaine de comprimés, contre l’hypertension, la dépression ou le cholestérol, dans le but de se suicider. Ils l’ont aussitôt conduit à l’hôpital où il a reçu tous les soins nécessaires. Après avoir récupéré des forces, il a reconnu lui-même qu’il voulait se donner la mort, au regard de la gravité des faits qui lui sont reprochés ». L’hypothèse d’une « tentative de suicide » de l’avocat américain a été mise en doute par ses défenseurs. En faisant appel à la « compassion » des autorités rwandaises, les Etats-Unis ont appelé le Rwanda à libérer Peter Erlinder.

Le 7 juin, malgré les pressions américaines, le tribunal de Gasabo, dans la ville de Kigali, a refusé la mise en liberté sous contrôle judiciaire de Peter Erlinder, en prolongeant sa détention provisoire de 30 jours.

Maître Kennedy Ogetto, l’un des quatre avocats de l’accusé, a précisé que, selon le tribunal, la « libération sous caution avait été refusée », au motif de la gravité du crime allégué et par crainte que le prévenu ne profite de sa remise en liberté pour échapper à la justice. Il a ajouté que la défense avait immédiatement notifié à la cour son intention de faire appel de cette décision.

L’opposante Victoire Ingabire, cliente de Peter Erlinder actuellement sous contrôle judiciaire dans l’attente de son procès pour « négationnisme », était présente à l’audience, de même qu’un représentant de l’ambassade des Etats-Unis à Kigali. Peter Erlinder est apparu très affaibli.

Après le prononcé de la décision du juge, Me Peter Erlinder a été immédiatement transféré à la prison de Kimironko, située à 12 kilomètres à l’est du centre-ville de Kigali.

Il a été officiellement accusé de « négation du génocide et publication d’articles menaçant la sécurité nationale », mais il a plaidé non coupable. Il est notamment connu pour défendre des personnalités rwandaises considérées par la justice rwandaise et le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) comme les principaux planificateurs du génocide de 1994. Parmi ses clients figure, notamment, le colonel Theoneste Bagosora, ancien chef de Cabinet du ministre rwandais de la Défense, désigné comme « le cerveau du génocide ».

Dans un communiqué, le gouvernement rwandais a déclaré qu’il « respectait la décision » prise par le tribunal. Le communiqué ne fait cependant aucune référence à la « tentative de suicide » de Erlinder, dont la police rwandaise avait fait état le 3 juin et qui n’a pas été confirmée de source indépendante ou proche de l’avocat.

Louise Mushikiwabo, ministre rwandaise des Affaires étrangères et porte-parole du gouvernement, affirme que « la poursuite engagée contre Peter Erlinder n’est pas une tactique politique », mais « un acte de justice ». « Peut-être que M. Erlinder pensait que sa nationalité, sa stature académique, son profil dans les médias le protégeraient », poursuit la ministre. « Il n’a pas compris que ceux qui nient le génocide – qu’ils soient riches ou puissants – sont considérés par les Rwandais comme de grands criminels qui s’acharnent à déstabiliser notre nation », ajoute le texte.

Le 8 juin, vingt-cinq avocats de la défense au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) ont appelé à des pressions onusiennes en vue de «la libération immédiate» de leur confrère, Erlinder. Ils exigent «la levée de toute restriction de sa liberté d’aller et venir, et l’abandon de l’ensemble des poursuites exercées contre lui».

Pour eux, «l’arrestation de Peter Erlinder est directement et indissociablement liée à l’exercice de ses missions et de ses mandats devant le TPIR et à son implication dans une défense active et intransigeante au service de la manifestation de la vérité».

Le 10 juin, la chambre d’appel du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a demandé aux autorités rwandaises la «nature exacte et le fondement» des leurs accusations contre Peter Erlinder, détenu à Kigali.

Le TPIR avait initialement prétendu que l’arrestation de l’avocat Erlinder n’était pas liée à ses activités au TPIR. Pourtant, il apparaît dans l’acte d’accusation contre P. Erlinder qui est écrit en kinyarwanda qu’il est poursuivi justement pour son travail à Arusha.

Le point 7 de l’acte d’accusation est ainsi formulé:

«Alors que le génocide a été préparé par les interahamwe du temps du MRND, que des listes de Tutsi et de Hutu qui devaient être tués avaient été établies, dans le procès Militaires I, au TPIR Carl Peter Erlinder a nié et minimisé le génocide en démontrant qu’il n’avait pas été préparé et qu’il n’a pas été perpétré par les militaires qu’il défendait, que ceux-ci luttaient pour l’intégrité territoriale; ces éléments n’étaient pas suffisants pour nier le génocide ou le relativiser, et il a continué à le faire dans d’autres procès…» (traduction libre).

Le 15 juin, le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a demandé, sur conseil de l’ONU, «la libération immédiate» de Peter Erlinder. Le tribunal affirme qu’en dépit des assurances données par le Procureur général du Rwanda, Martin Ngoga, il est apparu que Peter Erlinder était poursuivi en partie pour ses déclarations dans le cadre du procès de Ntabakuze. Erlinder défend au TPIR le major Aloys Ntabakuze qui, condamné à la perpétuité en première instance, attend son procès en appel. «Le Bureau des Affaires juridiques (de l’ONU) a conseillé au TPIR de faire valoir l’immunité pour le professeur Erlinder sans délai et de demander en conséquence sa libération immédiate», écrit le greffe du tribunal, dans une note verbale adressée au ministre rwandais des Affaires étrangères. «Le TPIR, par la présente, notifie aux autorités rwandaises que le professeur Erlinder a droit à l’immunité et demande, ainsi, sa libération immédiate», indique la note verbale. Les avocats plaidant devant le TPIR jouissent, en effet, de l’immunité dans l’accomplissement de leur mission au tribunal international.

Un juge du tribunal de grande instance de Gasabo, à Kigali, avait rejeté le 7 juin, la demande de libération provisoire de Erlinder, une décision dont le TPIR a obtenu copie. Selon la note verbale du tribunal international, le texte de la décision montre que «la poursuite a fait des références spécifiques à des mots et déclarations du Professeur Erlinder dans son dossier au TPI ».

Le 17 juin, Peter Erlinder a été libéré « pour raison de santé » et pratiquement sans conditions. Il est désormais libre de rentrer aux Etats-Unis, à la seule condition de laisser une adresse au Rwanda, afin que la justice puisse le contacter, si nécessaire. Les pressions s’étaient accentuées au fil des jours et elles ont manifestement convaincu le régime de Kigali de faire machine arrière.

Connu pour ses critiques au gouvernement rwandais actuel, Erlinder accuse souvent le TPIR de couvrir les crimes commis en 1994 par le Front Patriotique du président Paul Kagame.

Certains observateurs voient derrière cette affaire une tactique politique de Kigali. Le président Kagamé aurait cherché à tester au sein de l’administration américaine le rapport de force entre ceux qui continuent de le soutenir et ceux qui critiquent de plus en plus durement son régime jugé autocratique. Des éléments appuient cette thèse. Pourquoi en effet avoir arrêté Peter Erlinder cinq jours après son arrivée à Kigali? Une expulsion dès son entrée au Rwanda aurait permis d’éviter les turbulences et surtout la mobilisation qu’a suscité ce type d’affaire.

« La politique ne voit pas les larmes des hommes et donc elle ne peut pas construire l’avenir d’un peuple ».

(+ Giancarlo Brigantins – Corsera 7.11.2007)