Congo Actualité n° 110

POLITIQUE INTERNE
La Société Civile – Motion de censure contre le Gouvernement – Décentralisation – Les députés, les «gâtés» de la République?
KIVU
News – Une occupation programmée des terres – Une occupation militaire de l’Est de la RDCongo – La «République Fédérale du Congo» au bout du fusil
MONUC
ÉCONOMIE


ÉDITORIAL

Des nouvelles préoccupantes arrivent toujours de la République Démocratique du Congo (RDCongo).

La Société civile avertit que, si on ne donne pas un nouvel élan à la consolidation de la démocratie, « l’avènement d’un État de droit est en danger en RDCongo ». De plus en plus, l’on parle d’un « gouvernement parallèle », d’un pouvoir centralisé sur la présidence et d’un régime incapable de résoudre les conflits locaux. Le pouvoir se vante d’avoir rétabli la paix sur l’ensemble du territoire national, mais l’insécurité, les massacres, les extorsions, les incendies de villages entiers sont en augmentation. Dans l’est de la RDCongo on annonce un protocole d’accord entre des groupes armés, pour créer un nouveau mouvement politico-militaire dénommé « Mouvement des Fédéralistes Congolais pour la Révolution » (MFCR), dont l’objectif serait de « libérer l’est » et donner naissance à une nouvelle « République Fédérale du Congo » (RFC). On parle de l’occupation des terres par des groupes « kinyarwandophones » provenant du Rwanda voisin et se présentant comme des réfugié Congolais, même sils demeurent inconnus dans les zones dans lesquelles ils arrivent pour s’y installer. Etant armés, on soupçonne une occupation militaire du Kivu pa le Rwanda avec la complicité des troupes de l’ancien Congrès National pour la Défense du Peuple (Cndp) intégrées dans l’armée congolaise et déployées dans le cadre de l’opération Amani Léo actuellement en cours contre les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (Fdlr). Plusieurs observateurs remarquent que les différentes opérations militaires menées contre les réfugiés hutu rwandais considérés, globalement et erronément, tous comme membres du groupe armé des Fdlr ou, pire encore, comme des génocidaires, ont eu comme finalité celle de « nettoyer » le territoire et permettre, de telle façon, le retour des réfugiés tutsi congolais vivant au Rwanda. Victime aussi de ces opérations militaires, la population congolaise autochtone craint que le régime rwandais ne profite de l’opération de rapatriement des réfugiés congolais, pour infiltrer des groupes de civils et militaires rwandais, en vue d’un repeuplement des territoires congolais abandonnés par les Fdlr et les déplacés congolais eux mêmes. Dans ce cas, il ne serait pas exagéré de parler d’une fondation d’une colonie de peuplement rwandais en RDCongo ou d’occupation militaire de l’est de la RDCongo par l’actuel régime rwandais. Cette lecture de la réalité vient à confirmer l’hypothèse selon laquelle les Fdlr ont été dans le passé, sont encore actuellement et seront dans le futur aussi, si on ne prend pas les mesures nécessaires, le prétexte pour assurer au Rwanda une présence en RDCongo, pour continuer à profiter du commerce des ressources naturelles et minières de l’est de la RDCongo. Dans ce contexte, il faut signaler l’ambiguïté de ces projets de collaboration économique entre Pays limitrophes, présentés comme un chemin de pacification de la Région des Grands Lacs, en général et du Kivu, en particulier.

L’absence d’une bonne gestion de la collaboration économique dans les différents projets communs pour le développement pas seulement ne résoudrait pas la crise actuelle, mais serait à l’origine de nouveaux conflits. Pour qu’ils puissent devenir un vrai chemin de paix, la collaboration économique et les projets communs pour le développement devront profiter aux populations respectives, dans le respect réciproque de la souveraineté nationale et des règles internationales du commerce. Jusqu’à présent, la population congolaise n’a jamais pu bénéficier, ne fusse qu’un tout petit peu, des grands contrats miniers qui, en plus, ont entraîné dans les caisses de l’état congolais une perte à gagner équivalente à quelques dizaines de milliards de dollars. Éviter de telles pertes serait suffisant pour payer la dette étrangère et financier le développement de la nation. Pour atteindre un tel objectif, des mesures draconiennes s’imposent: contraindre les multinationales au respect des règles internationales sur le commerce et lutter contre la corruption, en remettant à la justice internationale toutes ces personnalités politiques et militaires, directeurs généraux d’entreprises et hommes d’affaires,…qui sont à l’origine de la souffrance du peuple. La fin de l’impunité permettra l’apparition de nouvelles personnalités politiques, militaires, administratives, industrielles et sociales pas valorisées jusqu’à présent, mais capables quand même de construire un avenir meilleur.

POLITIQUE INTERNE

La Société Civile

Le 8 avril, dans un rapport intitulé « Congo: l’enlisement du projet démocratique », l’institut d’analyse des conflits International Crisis Group (ICG) a affirmé que la construction d’un Etat de droit en République démocratique du Congo (RDC) « est sur le point d’échouer », si un nouvel élan n’est pas donné en 2010, année électorale, à la consolidation de la démocratie.

L’ICG affirme que « les dirigeants élus en 2006 ont échoué à changer radicalement de gouvernance et à répondre aux aspirations démocratiques de leurs citoyens ». L’ONG, basée à Bruxelles, appelle aussi les partenaires du Congo à « replacer la démocratisation et les réformes institutionnelles au centre de leur dialogue avec le gouvernement du président (Joseph) Kabila.

« Presque quatre ans après la victoire de M. Kabila à des élections considérées comme une avancée majeure pour le processus de paix, le pouvoir est centralisé à la présidence, les contre-pouvoirs sont quasiment inexistants, les libertés fondamentales sont fréquemment menacées, et le régime ne parvient pas à régler les conflits locaux », estime l’ONG, basée à Bruxelles.

Elle soutient en outre que « la présidence a assujetti le gouvernement, le parlement et le pouvoir judiciaire, en profitant de la faiblesse de l’opposition et de la corruption endémique au sein de l’élite ». La présidence a recours à l’intimidation contre les contestataires, révélant ainsi une tendance à l’autoritarisme, ajoute l’ICG. Face au « silence de la communauté internationale », elle appelle « les partenaires du Congo à replacer la démocratisation et les réformes institutionnelles au centre de leur dialogue avec le gouvernement du président Kabila ».

L’ONG affirme également que les « promesses » de M. Kabila de « reconstruire le Congo et consolider la démocratie en appliquant la Constitution et organiser les élections locales n’ont pas été tenues ». L’ICG déplore ainsi l’oubli durant le mandat de M. Kabila de cette « vision commune d’un Congo démocratique qui ouvre la voie à une paix durable et au développement » dans le pays.

«Beaucoup d’institutions, par exemple la nouvelle Commission électorale ou alors la Commission nationale des droits de l’Homme, n’ont pas été créées depuis l’élection de 2006 bien qu’elles auraient dû l’être, puisqu’elles sont prévues dans la Constitution», a expliqué Thierry Vircoulon, directeur du Département Afrique centrale à l’ICG à Nairobi. La question de la décentralisation demeure entière, elle aussi, a relevé l’expert d’ICG.

« A moins que les dirigeants congolais ne fassent de la démocratisation une priorité, les avancées réalisées pour stabiliser le pays et les efforts internationaux consacrés à la préparation d’un avenir meilleur risquent d’être gâchés », prévient l’ICG.

Motion de censure contre le Gouvernement

Le 14 mai, les députés de l’Opposition ont déposé au Bureau de l’Assemblée nationale, avec le soutien de quelques députés de la majorité, une motion de censure contre le gouvernement accusé « d’immobilisme patent » sur les questions de sécurité, au niveau politique et social. La motion a réuni 126 signatures, soit une de plus que nécessaire. « Nous avons fait le plein de l’opposition (90 députés) et il a eu quelques voix de membres de la majorité », a précisé Jean-Lucien Busa, député du Mouvement de libération du Congo (MLC) et initiateur de la motion de censure. Pour être adoptée et entraîner ainsi la chute du gouvernement, la motion doit recueillir 251 voix au sein de l’Assemblée.

«Cette mise en cause de la responsabilité du Gouvernement est avant tout fondée sur l’absence de volonté, désormais avérée du Premier ministre, Chef du Gouvernement, à exercer la plénitude des prérogatives dévolues par la Constitution à cette éminente fonction, au profit d’une structure informelle communément appelée «Gouvernement parallèle». Ce qui entraîne ipso facto, la violation de notre Constitution, de manière permanente.

Pour les signataires,

1. le Premier ministre et son Gouvernement avaient promis de ramener la paix et la sécurité, ainsi que de restaurer l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national.

A ce jour, cet objectif n’a pas été atteint. En effet, malgré les accords signés avec les Gouvernements de l’Ouganda et du Rwanda, et les opérations militaires conjointes de notre armée appuyée par la MONUC, avec les armées de l’Ouganda et du Rwanda, la paix n’est pas revenue dans l’Est du pays. Comme chacun peut le vérifier, tant dans la Province Orientale (Haut-Uélé, Bas-Uélé ou en Ituri) que dans le Nord et Sud-Kivu, des tueries des populations civiles et des viols ou encore des affrontements entre groupes armés se poursuivent, provoquant encore et toujours des déplacements de populations par milliers.

Pendant ce temps, l’exploitation illégale de nos ressources par les pays voisins se poursuit sans désemparer.

2. Le Premier ministre et son Gouvernement avaient également préconisé la bonne gouvernance, pour assurer à notre pays une croissance forte génératrice d’emplois.

Cet objectif est également un échec. En effet, en lieu et place de la bonne gouvernance, nous assistons plutôt à une politique du Gouvernement caractérisée par la mauvaise gestion des Finances publiques, la dilapidation des deniers de l’Etat et la corruption généralisée.

Cette mauvaise gouvernance a conduit à l’aggravation de la misère de nos populations qui vivent aujourd’hui dans des conditions inhumaines. La majorité des habitants de notre pays n’a accès ni à l’eau potable, ni à l’électricité, ni aux soins médicaux, ni à une alimentation suffisante, ni à l’éducation et ni, encore moins, à l’emploi. Et cette énumération est loin d’être exhaustive.

3. le Premier ministre et son Gouvernement s’étaient engagés à finaliser la décentralisation telle que stipulée dans la constitution.

Cette promesse n’a pas non plus été tenue. En effet, aucune disposition constitutionnelle en matière de décentralisation n’est respectée Gouvernement. Non seulement les provinces ne jouissent pas effectivement des 40% de recettes à caractère national leur allouées par la constitution (article 175, alinéa 2) mais, de plus, la mise en place de nouvelles provinces (article 226, alinéa 1), a pris un retard tel, qu’à partir de ce mois de mai 2010, le pays entre dans une impasse constitutionnelle».

Le 19 mai, au cours d’une courte plénière tenue à l’Assemblée nationale, le député de l’opposition François Mwamba a retiré la motion de censure contre le gouvernement Muzito indiquant que les conditions ne sont pas réunies pour l’examiner. Consécutivement à cette déclaration, le président de l’Assemblée nationale, Evariste Boshab a levé la séance puisqu’il n’y avait plus matière à discussion.

Selon le rapporteur de l’Assemblée nationale, la décision de retrait avait été prise au cours de la conférence des présidents. L’opposition évoque la pression exercée par les militants du parti lumumbiste unifié (Palu), qui ne pouvait pas faciliter les débats. Au Palu, l’on estime que la motion contenait de fausses signatures.

Selon le député et président du groupe parlementaire du MLC François Mwamba, la présence dans la salle des centaines de militants (de 300 à 400) du Palu, parti du Premier ministre Muzito, n’a pas offert des conditions susceptibles d’organiser le débat de la motion en toute sérénité.

En effet, les militants du Palu, après avoir cassé les grilles d’entrée du Palais du Peuple pour s’introduire par la force, ont pris d’assaut le balcon de la salle du Congrès dans un grand vacarme, scandant des slogans favorables au Premier ministre Adolphe Muzito. François Mwamba estime que ceux qui n’ont pas signé la motion [la majorité] voulaient la confusion et par conséquent, l’opposition a retiré sa motion.

Selon le parti du Premier ministre Muzito, les raisons d’insécurité avancées par l’opposition sont totalement fausses. Les vraies raisons, d’après le Palu, résident dans le fait que cette motion contenait de fausses signatures. Par conséquent, elle n’avait pas sa raison d’être.

Le député Zénon Mukwakani, président du groupe parlementaire du Palu à l’Assemblée nationale, est clair à ce sujet: «Il y a eu faux en écriture et usage de faux. Il y a eu des signatures de députés absents de Kinshasa. Il y a des noms qu’on a repris deux fois, raison pour laquelle la condition d’avoir 125 signatures n’a pas été remplie».

Une autre cause qui pourrait expliquer le retrait de la motion par l’Opposition, c’est qu’elle s’est rendue à l’évidence qu’elle ne récolterait pas tous les avis favorables des signataires, avec la probabilité que certains d’entre eux se dédisent et retirent leur signature. Dans ce cas, l’on n’exclut pas l’hypothèse que certains d’entre eux auraient été «courtisés» et qu’au résultat du vote, l’on n’aurait pas retrouvé le même nombre (126) de signatures.

Décentralisation

Le 13 mai, Adolphe Lumanu Mulenda, vice- Premier ministre en charge de l’Intérieur et de la sécurité, a indiqué dans une déclaration faite à la presse au nom du gouvernement, que toutes les conditions ne sont pas réunies pour l’installation de nouvelles provinces et entités territoriales décentralisées.

Selon la Constitution du pays promulguée le 18 février 2006, la gestion administrative de la République Démocratique du Congo doit être décentralisée en 26 provinces et les dispositions relatives à leur installation devaient entrer en vigueur endéans les 36 mois qui suivaient l’installation effective des institutions.

Adolphe Lumanu a expliqué que le gouvernement s’est buté à un certain nombre de contraintes, notamment aux plans juridique, économique et financier

Au plan juridique, a indiqué le Vice- Premier ministre Adolphe Lumanu, la plupart des textes législatifs relatifs à la matière, dont un bon nombre de lois organiques sur l’administration provinciale ainsi que celle des Entités administratives décentralisées, sont en cours d’élaboration. Au plan économique et financier, il a évoqué le coût exorbitant de l’opération, qui s’élève à 2.365.000.000 USD (deux milliards trois cent soixante-cinq millions de dollars américains), dont 1.350.000.000 USD pour l’installation de 26 provinces et 1.015.000.000 USD pour les 1.015 Entités territoriales décentralisées prévues, ainsi que les contraintes du nouveau programme conclu depuis 2009 avec les institutions de Bretton Woods pour atteindre en 2010 le point d’achèvement de l’initiative PPTE.

Toutefois, nonobstant ces contraintes et bien d’autres, le Chef de l’Etat a instruit le gouvernement d’examiner en urgence la loi sur les limites des provinces et celles de la ville de Kinshasa, ainsi que la loi sur la programmation de la décentralisation, a affirmé le Vice- Premier ministre.

Le 14 mai, le gouvernement réuni en conseil des ministres sous la présidence du Premier ministre Adolphe Muzito, a réitéré son engagement d’appliquer aussitôt que possible les dispositions des articles 2 et 226 alinéa 1er de la Constitution, qui prévoient la création et l’installation de 15 nouvelles provinces devant porter à 26 le nombre total des provinces en République Démocratique du Congo.

«C’est une exigence constitutionnelle à laquelle le gouvernement de la République n’a ni le droit ni l’intention de se dérober», a affirmé la porte parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga, ministre de la Communication et des médias, dans le compte rendu de la réunion du conseil. Il a ajouté qu’en dépit des contraintes juridiques, du coût exorbitant de l’installation des institutions provinciales et des exigences du nouveau programme conclu avec les institutions de Bretton Woods pour atteindre en 2010 le point d’achèvement de l’initiative PPTE, le gouvernement confirme l’irréversibilité du processus de la décentralisation et «s’engage à exécuter le chronogramme d’installation des nouvelles provinces dès qu’il sera coulé en forme légale par le Parlement».

Le 15 mai, les sénateurs originaires de l’Equateur ont affirmé leur adhésion totale à la mise en place immédiate des 26 provinces tel que dispose la Constitution du pays.

Le sénateur Adambu Lomalisa a lu la déclaration: «les sénateurs de l’Equateur confirment leur adhésion totale à la mise en place immédiate, dès ce jour, des cinq nouvelles provinces issues de l’ancienne province de l’Equateur. Il s’agit de nouvelles provinces de l’Equateur, de la Mongala, du Nord-Ubangi, du Sud-Ubangi et de le Tshwapa».

Le 15 mai, vingt cinq députés provinciaux sur les 96 que compte l’assemblée provinciale de la Province Orientale ont déclaré prendre acte du démarrage effectif des provinces du Bas Uele, Haut-Uélé, Ituri et de la Tshopo, issues du découpage territorial de la Province Orientale à dater de ce 15 mai 2010. Ainsi, la Province Orientale, dans sa configuration actuelle y compris ses institutions, cesse d’exister».

Les députés, des « enfants gâtés » de la République?

Textes de loi mal préparés, absentéisme, soupçons de corruption… Les députés ont mauvaise presse.

Avec l’équivalent de 4.250 dollars par mois (payés en francs congolais), auxquels s’ajoutent, pour certains membres de commissions, 1.700 dollars de primes «pour le carburant et le téléphone», les députés congolais comptent parmi les privilégiés de la République.

Un membre du gouvernement rétorque sur un ton ironique: «Nos députés sont des enfants gâtés».

Les Ministres, il est vrai, ne touchent «que» 2.700 dollars, plus 900 dollars d’allocation logement et 1.100 de frais de fonctionnement.

Gilbert Kiakwama kia Kiziki, de la Convention des démocrates chrétiens (CDC, opposition), ne cache pas son indignation: «Nous ne roulons pas sur l’or. Si l’on regarde bien les choses, les deux tiers des ministres devraient être en prison. Il n’y a qu’à voir les maisons qu’ils ont construites. Rien à voir avec leurs salaires!».

Beaucoup de Congolais ne comprennent pas pourquoi, alors que la plupart d’entre eux tirent le diable par la queue, les «honorables» se battent pour une augmentation de leurs indemnités.

Jean Bamanisa, étiqueté indépendant mais proche de la majorité, explique que les salaires ont été fixés en 2007, à l’époque où un dollar valait 500 francs congolais, contre 900 francs aujourd’hui. «Nous avons perdu presque la moitié de notre pouvoir d’achat », assure-t-il.

Chaque mois, les députés déduisent de leurs indemnités environ 1.400 dollars pour rembourser les traites de leur véhicule. Certains en ont pris deux… «Comme vous le constatez, il ne nous reste plus rien pour subvenir à nos besoins ou pour répondre aux sollicitations de nos électeurs », assure Bamanisa.

Les indemnités, selon un ministre qui a requis l’anonymat, ne sont que la partie visible des revenus des députés. Le reste est constitué par un fonds spécial d’intervention qui comble leur manque à gagner. Ce que réfutent les membres de l’Assemblée nationale. Selon eux, le fonds spécial d’intervention n’est pas un complément du salaire, mais plutôt une caisse destinée à la résolution de problèmes d’ordre personnel ou humanitaire que rencontrent les élus. La différence est subtile.

Le gouvernement leur reproche aussi de refuser de payer l’impôt sur le revenu. «La question n’est pas de payer ou de ne pas payer, se défend François Muamba Tshishimbi, du Mouvement de libération du Congo (MLC, opposition). Ce que nous n’acceptons pas, c’est la décision du gouvernement de nous imposer sur les 4.250 dollars alors que cette somme comprend les indemnités de transport et de logement».

Les députés – qu’ils soient de la majorité ou de l’opposition – exigent d’être payés avant d’adopter une loi. Un député de la majorité reconnaît que «l’argent circule toujours dans l’hémicycle lorsqu’il y a de gros enjeux». Comme en mars 2009, au moment de l’affaire Kamerhe – le président de l’Assemblée poussé à la démission – et, ensuite, à l’occasion de l’élection de son successeur, Évariste Boshab Mabudj.

À chaque session parlementaire, l’Assemblée nationale se transforme en théâtre: des députés de l’opposition montent au créneau pour lire des motions de défiance contre des ministres rédigées parfois par leurs collègues de la… majorité! «C’est vrai, hélas», soupire Muamba Tshishimbi. Le but est de faire peur aux membres du gouvernement avant d’aller leur proposer le retrait de la motion contre des ­espèces sonnantes et trébuchantes. Même si les sommes restent dérisoires, explique un habitué des coulisses de l’Assemblée, «cela marche à tous les coups». Et les plus heureux dans l’affaire sont les indépendants, car ils ne sont pas tenus à une discipline de parti.

Mais comment en est-on arrivé là? Certains analystes notent que beaucoup de députés n’ont pas d’autre métier, ni de patrimoine personnel, et cherchent à engranger de l’argent par tous les moyens. Muamba Tshishimbi a une autre perception du phénomène: «La faute incombe à la majorité. Nous avions voté une loi sur le financement des partis qui permet à l’opposition, à partir d’un certain nombre de députés, d’accéder à la cagnotte afin d’éviter de telles situations. Mais son application a été reportée à la prochaine législature!».

KIVU

News

Le 6 mai, des combattants rebelles des FDLR ont assiégé pendant plus de 24 heures la carrière minière de Kalenda, à 60 kilomètres de Kasese, dans le territoire de Punia, au Maniema. Les assaillants étaient une cinquantaine et bien armés. Ils étaient venus de Walikale avec l’intention de tout piller dans la cité. A la fin de leur opération, les assaillant emporteront 2 tonnes de cassitérite (40 colis de 50 kilos chacun), plusieurs sacs de manioc et de riz, des bidons d’huile de palme et un appareil de communication phonique. Pour le transport du butin, ils ont pris de force 40 personnes pour la cassitérite 30 femmes pour les vivres. L’attaque de Kalenda est la deuxième en l’espace de trois mois dans cette contrée. La dernière avait eu lieu le 9 avril 2010 contre une autre carrière minière à trois heures de marche de Kalonda.

Le 6 mai, des hommes en armes ont fait irruption dans la localité de Rubare (Butare?) en territoire de Rutshuru aux heures vespérales. Après avoir vandalisé une maison d’habitation, violé une maman et ses filles, torturé le papa, ils avaient emporté tous les biens de grande valeur tels téléphones portables, argent, habits, etc. A la sortie de la parcelle, ces hommes armés s’entaient trouvés nez à nez avec une patrouille de la Police Nationale Congolaise. Pensant qu’ils s’agissaient d’une faction des Fardc de passage dans la zone, les policiers ont voulu établir un contact de routine. La réponse des hommes en armes et en tenue militaire Fardc a été plusieurs tirs en direction des policiers, tuant un policier sur le champ et un autre grièvement blessé qui lutte aujourd’hui entre la vie et la mort dans un centre de santé de la place. Un peu plus loin, ces mêmes hommes en armes et en tenue militaire Fardc ont mis le feu sur deux camions transportant des vivres en provenance de Rutshuru. Plusieurs sacs de farine de manioc et des haricots ont été réduits en cendres.

Le 9 mai, un mini bus de l’Agence de voyage Arc en Ciel a été pris d’assaut par des hommes en uniforme au niveau des escarpements de Ngomo, sur la route Bukavu-Uvira. Une personne a été tuée et une autre blessée au cours de l’attaque. L’attaque de ce mini-bus transportant des passagers en provenance du territoire d’Uvira vers Bukavu est la deuxième en l’espace d’une semaine, après celle d’un camion pillé le mardi 4 mai sur le même tronçon routier. D’après les témoignages de plusieurs chauffeurs, il est difficile de faire la différence entre des bandits agresseurs et les militaires loyalistes. Par ailleurs, le porte-parole des opérations Amani leo, le capitaine Olivier Hamuli, a déclaré que les combattants FDLR, les démobilisés, et autres bandits portent des uniformes des FARDC lorsqu’ils attaquent les populations.

Le 9 mai, un nouveau courant politique ou rebelle, c’est selon, dit CNDP-Rénové, aurait vu le jour à Goma au Nord-Kivu et n’attendrait plus que sa sortie officielle. On ne comprend pas s’il s’agit d’un nouveau parti politique ou d’un nouveau groupe rebelle en gestation.

Les habitants du village de Bajuvi, Chefferie de Bukumu, territoire de Nyiragongo et ceux du quartier Super Match, toujours en Territoire de Nyiragongo, dénoncent depuis le 6 mai, une nouvelle vague d’entrée massive des militaires rwandais en provenance de Gisenyi au Rwanda. Une fois sur le territoire congolais, ces militaires rwandais prennent une destination inconnue.

Le député national Lusenge Bonane a dénoncé des massacres sélectifs des Nande du Nord-Kivu par une armée «Kinyarwandophone».

Au Sud du Territoire de Lubero, plus précisément dans les villages ou cités de Katondi, Kitsombiro, Ndoluma, Mambasa , Alimbongo, Matembe, Kaseghe, Bwatsinge, Mighobwe, Kirumba, Kayna, Bulotwa, Kanyabayanga, Luofu, Miriki, Kamandi, Bingi, plusieurs maisons ont été incendiées.

Ailleurs sur le tronçon Kamandi, Kikuvu, Kirumba, plusieurs attaques et pillages ont été signalés au point que les habitants du milieu disent adieu chaque fois qu’ils quittent leur maison pour aller au champ ou au marché. Ainsi, chaque sortie de la maison est-elle devenue un adieu possible ! Voir les siens revenir sains et saufs du champ relève aujourd’hui d’un miracle et procure une immense joie.

Le 10 mai, lors d’une manifestation organisée à Uvira (Sud Kivu) dans le cadre de la semaine mondiale d’action contre la prolifération des armes légères, les ONG locales ont déploré la recrudescence des cas de tueries, vols et braquages à mains armées dans la région d’Uvira, Fizi et dans les hauts plateaux et ont dénoncé la détention illégale des armes par des civils.

A travers les médias du Sud Kivu, ces ONG ont demandé aux détenteurs illégaux d’armes de les remettre aux autorités compétentes et au gouvernement congolais de ratifier le traité sur la traçabilité des armes légères au mois de juin prochain à New York.

Le représentant de cette coalition d’ONG, Joseph Mugereke Kisahira explique:

“Bientôt il y aura une réunion biennale des Etats à New York du 14 au 18 juin 2010. Nous lançons un appel pressant à nos autorités de pouvoir ratifier ce traité sur le commerce des armes. Qu’on fasse le traçage et le marquage de ces armes de sorte que, s’il y a des crimes qui sont commis, qu’on sache repérer qui a commis ce crime là”. Cette prolifération d’armes est à l’origine des cas de vol à mains armées, des assassinats, et de l’émergence des milices.

“Tant qu’il y aura la circulation incontrôlée des armes parmi la population les activités du développement seront bloquées”, a estimé Joseph Mugereke.

Une centaine de jeunes des hauts plateaux d’Uvira, au Sud-Kivu ont annoncé leur déploiement dans plusieurs villages comme combattants d’autodéfense populaire. Le mouvement s’appelle «Tusaidiane», (NDLR: aidons-nous, en swahili) et est déjà en action dans certaines localités de ce territoire. Ces jeunes se déploient dans les localités de Nabugera, Magunda, Masango et Chanzovu. Selon leur porte-parole, Joël Namunene, de l’ancien groupe armé Zabuloni, l’objectif est de défendre les populations civiles locales et leurs biens face aux attaques récurrentes des combattants rwandais des FDLR et des militaires FARDC déployés dans le cadre de l’opération militaire Amani Leo menée contre les FDLR.

Les populations locales de Lubero accusent des militaires FARDC issus des ex-groupes armés de plusieurs exactions et cela augmente la méfiance vis-à-vis de ces militaires. C’est pourquoi elles plaident pour leur redéploiement dans d’autres provinces du pays. Beaucoup d’éléments indisciplinés des FARDC sont accusés de perpétrer des pillages, des attaques, des incendies, et des tueries à Kanyabayonga, Muhanga, Mbingi, et Kasuo. Par ailleurs, la société civile dénonce les attaques des convois des véhicules et des villages par des hommes en armes, des incendies et des pillages, notamment au sud-ouest du territoire de Lubero.

«Lorsque vous laissez sur place les mêmes gens qui avaient tué, violé et pillé, est-ce vous croyez que les gens vont toujours avoir confiance en eux?»: ces termes traduisent la crise de confiance entre la population et quelques unités FARDC déployées dans ce territoire.

Une occupation programmée des terres par des faux-réfugiés «congorais» provenant du Rwanda

Depuis le 24 avril, les Chefs Coutumiers, les Autorités Politico-administratives ainsi que les Acteurs de la Société Civile du Nord Kivu sont informés par le Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR), l’ONU-HABITAT, le STAREC (Programme de Stabilisation et de Reconstruction de l’Est du Congo), la CNR (Commission Nationale pour le Réfugiés, antenne de GOMA) et le Ministère Provincial des Affaires Foncières de l’arrivée imminente de 53 000 «réfugiés congolais» vivant au Rwanda.

Chaque Territoire du Nord-Kivu a ses hôtes, excepté le Territoire de Beni qui est déjà occupé par des clandestins en armes dans plusieurs villages le long de la frontière ougandaise.

Les données statistiques pour les autres territoires ont été reçues de Kigali, selon le Coordonnateur Provincial de la CNR :

– Territoire de MASISI: 23.441 «Congolais» candidats au retour ;

– Territoire de RUTSHURU: 15.226

– Territoire de WALIKALE: 551;

– Territoire de LUBERO: 805 (Il y a déjà plus de 1000 à Kanyabayonga, Kasugho, Manguredjipa, Kirumba)

– Ville de GOMA: 148

– Ville de BUTEMBO: 8

Depuis plus d’une année, selon le CNR, les rwandais entrent au Nord-Kivu par petits groupes, d’abord sous la protection du CNDP, aujourd’hui sous la protection des militaires Amani Leo, etc. Au moment où l’on avance le chiffre de 53 000, plusieurs villages du Nord-Kivu sont déjà occupés par des assaillants armés qui répondent à un commandement militaire et politique parallèle, mais aussi par des femmes, des enfants, et des vaches, comme c’est le cas à Biakato, Boga, autour de la ville de Bunia, etc.

Le 10 mai, les habitants de la Chefferie de Watalinga organisait une marche pacifique contre l’occupation de leurs terres suivie d’une journée ville morte. Cette action spontanée de la population prévenait contre toute tentative d’occupation programmée de leurs terres par de faux réfugiés qui proviendraient du Rwanda ou d’ailleurs. Selon la population, ce retour de «Congorais» réfugiés vivant au Rwanda ressemble plutôt à une arrivée d’une colonie de peuplement rwandais au Nord-Kivu. Il s’agit d’une occupation militaire après une conquête militaire. Les incendies et tueries dans les endroits devant accueillir ces «retournés» constituent la preuve de l’occupation militaire de la région. Pour les observateurs, l’intensité des tueries des congolais par des assaillants Kinyarwandaphones dans une région où l’ONU est toujours engagée et d’où le Gouvernement congolais a rappelé tous les officiers dotés d’esprit nationaliste, est le signe probant du complot que l’histoire appréciera au moment venu.

Une occupation militaire de l’est de la RDCongo

L’analyse de la réalité démontre que l’Est du pays est sous une occupation militaire par le Rwanda et l’Ouganda.

Selon le règlement de La Haye de 1907, «un territoire est considéré comme occupé lorsqu’il se trouve placé, de fait, sous l’autorité de l’armée ennemie». Dans son dictionnaire, le professeur Basdevant précise que l’occupation est un «terme employé pour désigner la présence de forces militaires d’un État sur le territoire d’un autre État, sans que ce territoire cesse de faire partie de celui-ci ».[1]

Les deux définitions ci-haut de l’occupation militaire cadrent bien avec la situation qui sévit dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, du Maniema et Orientale.

Pour les populations civiles, il n’y a pas encore de signe d’unité (Umoja wetu), de paix (Amani Leo) au Sud de Lubero, à Beni, Boga, Kamango, Kibotoko, au Masisi, Mwenga, Dungu, Kibosho, etc. Par contre, pour ces populations souffrantes, la soi-disant guerre aux FDLR qui menaceraient la sécurité du Rwanda n’était qu’un alibi pour conquérir le Kivu. Depuis que cet alibi a permis l’entrée des troupes rwandaises au Kivu, les populations congolaises n’ont plus de répit et elles découvrent à leurs dépens que c’est elles les cibles des troupes rwandaises.

La Monuc et la Communauté Internationale qui sonnaient des fausses alertes à chaque fois qu’un rwandophone tombait malade, ont choisi d’adopter un profil bas maintenant que les civils congolais sont égorgés comme des chèvres par les FARDC nouvelle formule. Encore plus, la Monuc a attendu la recrudescence des tueries des congolais pour commencer son retrait du pays. En même temps, les gouvernants congolais utilisent les médias pour dire que la paix est revenue sur toute l’étendue du territoire national. Seuls quelques députés continuent la lutte au parlement national.

Dans les entreprises publiques, les cadre congolais sont remplacés et mis sur la liste d’attente d’une nouvelle affectation. Bref, on peut dire sans peur de se tromper qu’aujourd’hui 4 provinces de la R.D. Congo sont sous occupation militaire rwando-ougandaise. Pour maquiller cette occupation militaire, les autorités administratives restent en place à condition qu’ils répètent comme des perroquets ce que les nouveaux maîtres leur demandent de dire: «la paix règne au Kivu». Que les occupants brûlent leurs maisons, les perroquets politiques répètent toujours le même refrain: «la paix règne au Kivu».

Assurés de cette fidélité des perroquets congolais et du silence de la communauté internationale représentée au Congo par la Monuc, les occupants s’adonnent à une épuration ethnique dans les 4 provinces précitées. Les évêques catholiques de la R.D.Congo ont déjà parlé d’un « génocide silencieux » dans leur déclaration « La R.D. Congo pleure ses enfants, elle est inconsolable ( cf, Mt 2, 18) publiée à Kinshasa le 13 novembre 2008. Aujourd’hui, le génocide congolais n’est plus silencieux. Il est public ! Ce qui manque, c’est le courage des congolais pour le dénoncer et l’arrêter.

En dix ans, la Monuc n’a pas su ou voulu éviter la balkanisation de la R.D.Congo. Les preuves sont multiples. Chaque fois que l’armée congolaise repoussait les miliciens du CNDP, la Monuc s’interposait pour imposer un cessez-le-feu suivi du dialogue. Pendant le dialogue, Kinshasa rappelait pour consultation l’officier militaire qui avait montré ses preuves au front contre le CNDP. Cette consultation devenait par la suite une mutation.

Aujourd’hui, quand les sociétés civiles des provinces martyres demandent que les militaires coupables de tueries soient traduits en justice et mutés de l’Est du pays vers d’autres provinces, on leur dit que le temps de la mutation est révolu. Par contre les mêmes FDLR qui ont servi d’alibi pour céder l’Est du pays au Rwanda sont délocalisés en catimini du Kivu vers l’Ouest et le Sud du pays. Et si le même alibi des FDLR produisait les mêmes effets à l’Ouest qu’à l’Est?

La «République Fédérale du Congo» au bout du fusil?

Un projet de protocole d’accord a été élaboré et devrait être signé par les mouvements et groupes armés de l’Est. C’est-à-dire le CNDP et autres groupes armés dont les Maï-Maï. Le protocole n’exclut pas la Société civile, car l’objet de ce protocole d’accord est de «libérer l’Est» de la RDC.

La signature qui devrait intervenir à Goma porterait création d’un mouvement politico-militaire dénommé: «Mouvement des Fédéralistes Congolais pour la Révolution , MFCR». Sa branche armée se dénommerait «Forces armées de la RFC (Forces armées de la République Fédérale du Congo).

Dans les premières déclarations récoltées, Kinshasa est accusé de ne pas respecter ses engagements, particulièrement ceux pris à Goma. En vue de la proclamation de la République Fédérale du Congo, RFC, des structures sont déjà prévues, notamment la présidence du mouvement ( Présidence de la République), la Coordination (Primature), le Collège des Fondateurs (le Sénat), l’Assemblée des représentants, (Assemblée nationale), Le commandant en chef des Forces armées, …

Il s’agit d’un projet qui s’inscrit clairement dans la ligne droite de la balkanisation de la RDC. Les forces occultes n’ont pas décoché et la guerre est en train de changer tout simplement de terrain.

Décidément, ces informations méritent d’être creusées. Elles interviennent juste au moment où le «vent électoral» souffle sur la région des Grands Lacs avec des attentats répétés à la dynamite au Rwanda, des intimidations politiques au Burundi et une insécurité généralisée en RDC.

MONUC

Le 14 mai, une délégation du Conseil de sécurité de l’ONU, composée de 15 membres et conduite par l’ambassadeur de France Gérard Araud, est arrivée à Kinshasa pour échanger avec les autorités congolaises sur l’avenir de la mission onusienne en RD Congo (Monuc).

Le gouvernement congolais a annoncé qu’il souhaitait voir les soldats de l’ONU se retirer progressivement de la RDCongo à partir du 30 juin prochain, date à laquelle l’ex-Congo belge fêtera le cinquantenaire de son indépendance, jusqu’à fin décembre 2011 et non août 2011, comme il le souhaitait jusqu’ici.

Mais la majorité des membres du Conseil de sécurité avait jugé cette date -août 2011- prématurée.

En effet, dans un rapport remis récemment au Conseil, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon avait indiqué qu’ « une stratégie de retrait responsable » de la composante militaire de la Monuc doit reposer sur l’existence au Congo « d’un Etat de droit et d’institutions de sécurité viables », ce qui n’est pas encore le cas. Il avait aussi précisé qu’un retrait total de la Monuc serait lié à l’achèvement d’une série d’objectifs stratégiques, parmi lesquels figurent la protection des civils, y compris contre les violences sexuelles, l’augmentation du nombre de policiers formés et la réduction de la menace posée par des groupes armés comme les rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et de la rébellion ougandaise de l’Armée de la résistance du seigneur (LRA), toujours actifs dans l’est.

Le communiqué du gouvernement évoque par ailleurs «un consensus» sur la «transformation» de la Monuc d’une «mission de maintien de la paix à celui d’une mission chargée de la stabilisation et la consolidation de la paix», avec « le transfert de certaines de ses tâches vers les agences spécialisées ».

le chef de la délégation du Conseil de Sécurité, Gérard Araud, a déclaré que « La MONUC ne restera pas indéfiniment en RDC, elle partira en laissant derrière elle une situation stable. A l’heure actuelle, la situation sécuritaire en RDC reste fragile, il y a donc encore nécessité de garder la MONUC aujourd’hui sur le sol congolais », en soulignant que le départ de la MONUC doit se faire progressivement, dans un contexte de paix. Déployée dans l’Est du pays, la Monuc fait l’objet de virulentes critiques des populations locales qui la considèrent inefficace.

ÉCONOMIE

Selon l’Observatoire Gouvernance et Transparence (OGT), la République démocratique du Congo, largement et durement touchée par la fraude et le pillage de ses ressources, a perdu entre 1999 et 2004 plus de 10 milliards de dollars USD, une somme qui lui aurait permis de payer sa dette extérieure évaluée à près de 12 milliards de dollars US et multiplier des projets de développement économique. Cette constatation devra pousser à la mise en place d’«un système de suivi et de certification des minéraux» exportés depuis la région des Grands Lacs

Au cours d’un point de presse à Bunia, l’observatoire britannique de pétrole Platform a révélé que les contrats signés avec des compagnies pour l’exploitation de pétrole sur le lac Albert entraînent un manque à gagner de plus de 10 milliards de dollars à l’Etat congolais. D’après les résultats des recherches de cet observatoire, ces contrats profitent à certains hommes politiques proches du pouvoir central au détriment de la population congolaise. En plus, Platform redoute l’insécurité qui résulterait de la coopération entre ces compagnies pétrolières et certains groupes armés dans la région.

Selon Taimour Lay, chercheur de l’observatoire britannique Platform, l’accord de partage de production signé en 2006 entre la RDCongo et la compagnie britannique Tollow Oil et l’entreprise sud africaine Heritage Oil, octroie plus de 50% de bénéfice à ces deux compagnies pour une production de 20 000 barils par jour. Cet accord entraîne un manque à gagner de plus de 10 milliards de dollars américains pour le gouvernement RDcongolais, indique encore le chercheur.

Selon le rapport, deux alliés du pouvoir de Kinshasa ont obtenu, dans l’accord de partage de production qui lie Sud Oil et Pétrolium Congo, plus de 3 milliards de dollars pendant 20 ans.

De son côté, Lambert Mende, porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication et Médias, a indiqué que ces contrats ont été annulés depuis deux ans.

« À chaque nouveau crime ou horreur nous devrions opposer un nouveau petit geste d’amour et de bonté que nous aurons conquis en nous mêmes ».

Etty Hillesum, Westerbork, le 3 juillet ’43